Bon, avant toute chose, je tiens à préciser que ce chapitre n'est pas corrigé. Avec tout le travail que j'ai à faire, mon stage, et mon bazar quotidien, je n'ai plus le temps de faire quoi que ce soit... Mais comme ça fait longtemps que je n'ai rien posté, j'ai décidé de poster ce chapitre, en espérant que les fautes ne sont pas
trop nombreuses, et que vos yeux ne souffriront pas trop...
Oh, et avec un peu (beaucoup) de retard, merci !
smilemma a écrit : 16 avr. 2018, 00:41
Projet très sympathique, j'ai hâte de voir ce que tu nous réserves !
Au passage, je ne crois pas te l'avoir déjà dit mais j'aime énormément ton style d'écriture, le vocabulaire est bien choisi, les phrases s'enchaînent avec fluidité... Bref, te lire est un véritable plaisir
Merci beaucoup ! Je suis heureuse que ça te plaise !
Et (re)merci

Je fais toujours de mon mieux en écriture.
IsaGuerra a écrit : 16 avr. 2018, 17:29
Bon bah... Bravo joli style ^^
Quand j'ai vu cette nouvelle fic', ma première réaction a été un peu dans ce style là :
Ouloulou... Elle nous fait quoi elle ?!! (Bon en même temps à 5h du mat' c'est un chouilla normal

)
Breeeef... Ensuite j'ai lu et jme suis bien marrée
Merci !
Tu sais, ta réaction est tout à fait légitime, j'ai des idées bizarres. ^^
Mais sinon, contente de savoir que ça t'a fait rire.
Xia a écrit : 24 avr. 2018, 19:28
Première lecture, j'me dis :
Nan, elle a pas pu faire ça...
Deuxième lecture :
Nan, elle a quand même pas osé...
Troisième lecture :
Si elle a osé !!!
COMMENT AS-TU PU FAIRE SE SEPARER NOS DEUX TOURTERAUX ??? Ils viennent à peine de se trouver !
Et là, je vois la date : 2018... Ah oui... au bout de cinq siècles de vie commune, c'est vrai qu'ils ont pu se lasser
De quels tourtereaux tu parles, en fait ?

Si tu parles de John et d'Ella, sache qu'ils se connaissent depuis longtemps...
Et puis, au bout de cinq siècles de vie commune, ils ont surtout dû mourir...
Xia a écrit : 24 avr. 2018, 19:28
P.S. : Avant de sortir :
Ella, elle l'a
Ella, elle l'a
Ella, elle l'a
Ella, elle l'a
Ella, elle l'a
Ella, elle l'a
Ella, elle l'a
Ce beau Mendoza
Que nous n'avons pas
Qui la met dans un drôle d'état
Ella, elle l'a Ella, elle l'a
Cette drôle de voix
Cette drôle de joie
Ce don du ciel qui la rend belle
Bien trouvé comme nom...
Bon là je crois que je peux la prendre la porte !
Par contre, là, j'ai pas trop compris...

Mais joli... poème, contente de voir que ce nom t'inspire autant ! ^^
La porte est juste à droite
Xia a écrit : 24 avr. 2018, 20:03
Mais non, mais non...

Parce que, contrairement à ce que dirait quelqu'un, je ne suis pas vieille, je tiens à mes cheveux et je ne compte pas accélérer le processus...
*sifflements innocents*
manonallemende a écrit : 24 avr. 2018, 21:55
alors comment dire... J'aime bien
Bon les mordu de séries policières (enquêtes) j'en suis une sa tout le monde le sais y'a qu'a regarder mon avatar...
Hum hum on s'en fousssss
En tout cas je dit bravo

(toutes les fics que j'écrit sont nul j'ose jamais publier pcq c'est nul

)
Les séries policières, c'est toute ma vie

En tout cas, un grand merci à toi !
* * *
1. Suspect n°1
Je vais lui arracher les membres.
Au sens premier des termes, bien évidemment. Lentement, très lentement, afin de lui laisser le privilège de sentir chaque parcelle, chaque partie de son anatomie se déchirer, le brûler, jusqu'à l'accabler d'une douleur lancinante, qui le fera hurler d'agonie. Un sourire vicieux, empreint de sadisme, étirera alors mes lèvres, et, satisfaite, je me délecterai de la scène, tandis qu'il se recroquevillera sur lui-même, incapable de supporter le poids lourd de la douleur. Puis, d'un geste brusque et dépourvu de douceur, j'empoignerai ses cheveux pour le forcer à me fixer avant de lui cracher au visage ses vingt vérités.
Ella, on dit « ses quatre vérités »...
Cet immonde énergumène, cette enflure qui me fait office d'ex, ce quintuple abruti, n'en a pas
quatre, mais
vingt, et il serait temps que quelqu'un les lui balance à la figure, en espérant que cette initiative suffise à le faire redescendre sur Terre. L'annonce de M. Johnson a été la douche froide. Mon cerveau a mis une bonne douzaine de minutes pour réellement assimiler ses paroles, et comprendre ce qu'elles impliquaient.
Je vais devoir travailler avec lui, et ce pour une durée indéterminée, de surcroît. Mes bras tremblant de colère, j'ai, dans un premier temps, tenté de contenir le flot d'émotions fortes et bien dosées qui m'assaillait. Puis, incapable de réprimer les envies de meurtres qui m'animaient, je me suis défoulée sur ma chaise en la jetant de toutes mes forces - soudainement décuplées - à l'autre extrémité du bureau.
Et mon bureau est loin d'être étroit.
La colère passée, la fureur a pris la relève. Je n'ai même pas pris la peine de me montrer un tant soit peu cordiale quand Indiana a déboulé dans mon espace de travail, une pile de dossiers à la main. Notant mon humeur massacrante, mais ignorant l'origine de cette dernière, ma charmante assistante n'a pas tardé à regagner l'extérieur, craignant une explosion. D'un geste convulsif, je me suis débarrassée de ces maudits papiers, avant de me passer les mains sur le visage. Mon esprit a alors fait place à un défilé de perspectives, et de pensées hétérogènes. Et c'est à ce moment précis que cette information m'est parvenue, me rappelant à quel point le destin aime se jouer de moi : je vais être amenée à revoir cette ordure. Ce menteur. Ce joueur. Cet
abruti.
John.
Je pense que mon organisme n'a jamais atteint de température plus élevée que celle qu'il a atteint à ce moment-là. Je bouillais aussi bien intérieurement qu'extérieurement, et la rage me démangeait les poings, dont l'unique voeu était de défigurer mon ancien -
et futur, comble de l'ironie - collègue. Le taux de haine contenu dans mon corps était à son paroxysme. J'ai beau être habitée d'un calme olympien à l'ordinaire, je n'ai jamais autant eu envie d'égorger quelqu'un -
une personne en particulier - que lorsque mon téléphone a de nouveau émis un vibration, m'indiquant l'arrivée d'un message en provenance du nouvel iPhone d'Hugo - l'assistant de M. Johnson. Y figuraient quelques informations concernant l'enquête et un bref petit « bonne chance, tu en auras besoin ».
Dans le genre pertinent, on peut difficilement faire mieux ! Encore un idiot.
J'ai longuement fixé un point au loin, ma joue droite enfoncée dans ma paume, avant de me résoudre à me dresser sur mes jambes collantées - terme issu de mon imaginaire insolite, et qui désigne une chose, généralement une partie du corps, recouverte de collants. Je me suis plantée devant ma grande fenêtre coulissante, et j'ai exhalé un souffle. Une réalisation s'ancrait progressivement dans mon cerveau, et c'est à ce moment-là que mes nerfs ont cessé de chauffer à outrance. Bien qu'être dans l'obligation de côtoyer cet individu m'inspirait déjà de multiples nausées, j'ai réalisé que la situation n'était pas
si dramatique que ça. Nous allons seulement devoir faire équipe pour résoudre une affaire criminelle, qui semble faire tomber les cheveux de nos confrères. Il ne s'agit pas de mariage, je vais devoir travailler avec lui, et nos « retrouvailles » vont se faire dans un but strictement professionnel. Une fois le casse-tête Roberts résolu, notre collaboration touchera à sa fin, et chacun de nous reprendra le cours de sa vie. Il quittera Los Angeles pour regagner son trou noir - bien que le seul véritable trou noir soit celui contenu dans sa boîte crânienne - et je ferai probablement de même.
Sur ces pensées conclusives, j'ai repris mes occupations, me replongeant dans ce déluge de dossiers éparpillés. Aux alentours de six heures, je suis rentrée chez moi, exténuée moralement. J'ai répondu aux messages d'Audrey avec un entrain semblable à celui d'un enfant qui doit se rendre chez le dentiste, et après une brève conversation téléphonique, j'ai entrepris de me préparer. Je mentirais si j'affirmais ne pas avoir été frappée d'une secousse de surprise en découvrant le nombre d'invités présents, une fois arrivée sur place.
Bon, ce n'est pas comme si Audrey m'avait certifié un milliard de fois qu'il s'agissait seulement d'un « innocent petit dîner familial » ! Nous n'avons manifestement pas la même conception des mots « innocent » et « petit ». C'est donc en tirant une tête de poisson rouge - mes comparaisons sont parfois douteuses, je le conçois - que j'ai pris place à côté de mon frère. Il va sans dire que ce repas était d'un ennui infernal. Souffrant du même mal, Maël a décidé de mettre fin à ce calvaire. Il s'est penché à mon oreille pour me faire part de son plan diabolique. Oubliant momentanément mes idées de vengeance à son égard, j'ai affiché un sourire sournois, et nous avons entamé notre jeu. Le principe était simple : convaincre notre tante Zelda que son fils était amoureux de Maël. Cette idée ne serait bien évidemment pas venue à mon frère si notre tante adorée n'était pas l'incarnation parfaite de l'homophobie - ce genre de mentalité me dégoûte. Pris d'un fou rire inébranlable, nous avons profité du reste du repas, animés par notre immaturité légendaire, tandis qu'une ambiance assez cocasse enveloppait le reste des invités.
Quelle soirée.
Ma bonne humeur ayant refait surface, je n'ai même pas bronché lorsqu'Audrey s'est mise à me pincer les joues pour me souhaiter une bonne nuit, alors que des « aww » fusaient dans toute la pièce.
J'ai juste vingt-quatre ans. Une fois confortablement installée dans ma chambre, je n'ai pas tardé à sortir le dossier
Roberts pour ensuite m'adonner à l'étudier attentivement, ce qui m'a valu une bonne nuit blanche.
J'adore mon métier.
Je retire mes clefs de voiture, lâche le volant, et me munis de ma tablette allumée. Je parcours rapidement mes fichiers, et ouvre celui qui m'intéresse. Autrement dit, celui qui résulte de mes neuf heures de sommeil volées. Fidèle à mes habitudes, j'ai dressé une fiche d'enquête, qui recense les faits et les pistes exploitables, en prenant comme appui les informations collectées par mes collègues, mes recherches personnelles, et mon bon sens.
VICTIME :
Nom : Ambroise Roberts.
Âge : 45 ans.
Profession : Riche entrepreneur. Directeur de plusieurs usines spécialisées dans la fabrication de voitures.
Situation familiale : Pas de conjointe. Pas d'enfant connu publiquement. Vit seul.
Géniteurs : Ellie Roberts (décédée) / Kyle Roberts (décédé).
État de santé : Diabétique depuis l'âge de 15 ans. Pas d'allergie particulière. Myopie.
Physique général : Taille moyenne. Corpulent. Roux. Yeux noirs. Alopécie.
Pas d'ennemi connu. Pas de dépôt de plainte précédant le crime. Aucun problème juridique précédant le crime. Aucun problème financier.
FAITS :
Retrouvé mort chez lui, dans sa chambre, le 3 avril 2018 à 22H15. Pendant une réception donnée chez lui. Son majordome, M. Michel, a appelé la police, après avoir découvert le cadavre de son patron, selon ses dires.
La victime est morte aux alentours de 21H. L'examen de son corps prouve qu'il n'y a eu aucune autre forme de violence précédant le meurtre. Pas d'hématome. Aucune lésion. Poignardé à plusieurs reprises. Perte de sang importante.
L'arme du crime n'a pas été retrouvée. Aucune empreinte. Pas de fenêtre cassée. Aucun cri n'a été entendu. Pas d'appel au secours.
La victime aurait brièvement salué ses invités avant de se retirer pour aller s'enfermer dans sa chambre. Il n'aurait pas été revu depuis. Son majordome l'aurait ensuite retrouvé mort.
Un mouchoir en tissu rose brodé a été retrouvé dans sa main droite. Il était tacheté de sang.
Je range rapidement ma tablette, attrape mon sac à main, et m'extirpe du véhicule. Le vent m'ébouriffe les cheveux, tandis que je fixe l'immeuble qui s'étend devant moi, me surplombant de toute sa hauteur.
Nous y voilà.
Je me trouve actuellement devant le lieu d'habitation de Tom Whitton. Autrement dit, mon premier suspect. Il vit avec son oncle, qui est également son responsable légal, ses parents étant morts il y a plusieurs années. J'ai pour habitude de commencer par examiner la scène de crime, ainsi que le corps de la victime quand il s'agit d'un meurtre, mais j'ai décidé de procéder différemment, cette fois-ci.
Après tout, le changement a du bon. Sans cela, les Français ne se seraient pas inspirés de nous pour faire leur fameuse Révolution française.
Je plisse les yeux, et jette un bref regard alentour.
Évidemment. Mister Morris ne s'est toujours pas décidé à nous honorer de sa présence. La météo n'a pas annoncé d'ouragan ou de tsunami ce matin, alors l'éventualité qu'il arrive à l'heure n'était même pas envisageable. La notion de ponctualité a toujours eu du mal à s'ancrer dans son crâne. Mais je ne vais certainement pas me plaindre de son absence, qui me ravit plus qu'autre chose, bien au contraire. Je n'ai aucunement besoin de son aide, je suis parfaitement capable de mener cette affaire
seule - mais c'est malheureusement une information que n'a pas pu saisir le cerveau fatigué de M. Johnson.
Les hommes.
Je prends une grande inspiration, et me dirige vers l'entrée de l'immeuble. Je pénètre dans le grand bâtiment, la mine grave, et emprunte l'ascenseur - qui, je le précise, n'a pas seulement une fonction décorative, étant donné le nombre incalculable de marches que j'aurais été forcée de monter s'il n'avait pas été pas là. Une fois devant la porte du suspect, j'exerce une pression sur la sonnette. La porte ne tarde pas à s'ouvrir pour dévoiler une carrure plutôt imposante, et un visage sombre, éclairé d'un large sourire chaleureux. Un homme âgé de quarante ans tout au plus me fait face, un air bienveillant plâtré sur le faciès.
En voilà un qui ne risque pas de faire une dépression, c'est rassurant.
— Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?
J'esquisse à mon tour un mince sourire.
— Ella Lewis, agent du FBI. Je viens voir Tom Whitton. J'ai quelques questions à lui poser quant au meurtre d'Ambroise Roberts.
— Oh, je vois, opine-t-il. Entrez, je vous en prie.
— Merci, fais-je poliment avant de pénétrer dans l'appartement.
Il referme la porte derrière lui, et me rejoint, sourire aux lèvres.
— Asseyez-vous, je vous en prie, lance-t-il gentiment en désignant le grand fauteuil noir qui occupe la position centrale de la salle de séjour. Tom est en haut, je vais lui demander de descendre.
J'exécute un faible mouvement de tête en guise de réponse, et après un dernier sourire, il s'en va. Nonchalante, je marche jusqu'au fauteuil, et y pose mon fessier moulé dans mon jean bleu foncé. Ma nuit transparente - oui, parce qu'à ce stade là, on ne peut même plus qualifier cela de
nuit blanche - due à cette affaire qui me laisse de plus en plus perplexe commence à me jouer des tours. Ennuyée, je souffle, et dépose mon sac sur la table basse. Seulement, comme je suis moi, mon bras gauche dévie malencontreusement, et le pauvre vase en plastique qui ornait le meuble tombe au sol.
Ma maladresse me tuera un jour.
Je m'abaisse alors pour le ramasser, mais un filet blanc attire mon attention. Un morceau de papier semble avoir été glissé sous le fauteuil. Sans laisser place à la réflexion, je passe ma main sous ce dernier, et attrape l'objet de ma curiosité. Il s'agit en réalité d'une photo, une photo où figurent une jeune femme souriante, une petite blonde de dix ans tout au plus, et un jeune homme à la chevelure abondante, qui n'est autre que Tom Whitton. Ils présentent une proximité indéniable, et leurs sourires sincères prouvent qu'ils sont épanouis.
Comme c'est mignon.
Je fronce les sourcils quand mes yeux s'attardent sur la date qui est inscrite en bas à droite du cliché.
Étrange... Ces nombres me disent quelque chose. Mes pupilles décident alors de se concentrer sur la silhouette de l'enfant. Elle est vêtue d'une simple robe rose, et ses boucles blondes encadrent deux yeux bleus pétillants. Elle tient une petite poupée de chiffon et un mouchoir dans sa main droite. Des bruits de pas interrompent ma contemplation.
Je m'empresse de remettre la photo et le vase à leurs places initiales, et regagne rapidement la mienne. Matthew Whitton, l'oncle de mon suspect, réapparaît, accompagné de son neveu. Ce dernier m'adresse un sourire timide, visiblement mal à l'aise.
— Bonjour, lance-t-il, incertain.
Je me suis maquillée à la manière de Frankenstein ce matin sans m'en rendre compte, ou quoi ?
— Bonjour. Écoute, je ne vais pas passer par quatre chemins. Je suppose que tu connais la raison de ma présence.
Il acquiesce.
— Oui, c'est en rapport avec le meurtre de M. Roberts, n'est-ce pas ?
— Exactement. Et comme je n'aime pas m'étaler sur les formalités, je vais aller droit au but. Mais avant toute chose, je tiens juste à te prévenir qu'il ait normal que je te pose des questions similaires à celles auxquelles tu as déjà répondu. On peut commencer ?
Il hoche lentement la tête, et vient s'asseoir sur le tabouret en face de moi.
— Je vais aller vous préparer quelques rafraîchissements, annonce Matthew avant de se retirer.
Un silence s'installe alors, pendant que je cherche mon petit carnet. Une fois en main, je repose mon regard sur Tom, qui m'observe avec attention, sûrement impatient de me voir ouvrir la bouche.
— Tu étais un ami proche de M. Roberts, c'est bien ça ?
— Oh, eh bien, nous n'étions pas vraiment amis à proprement parler, mais je le connaissais depuis longtemps. Mes parents étaient proches de lui, ce qui fait que je l'ai connu durant mon enfance.
— Mais tu as bien gardé contact avec lui, et ce même après le décès de tes parents, fais-je remarquer.
Je vois sa pomme d'Adam rouler difficilement dans sa gorge, tandis que la douleur lui ronge les traits. Ce genre d'évocation est toujours dure, et affreusement pénible à entendre, mais je n'ai pas le choix.
C'est pour le bien de l'enquête. Ma déesse intérieure lève les yeux au ciel quand la voix grave et sévère de M. Johnson se met à tourner dans ma tête.
— Oui, euh, nous n'avons pas perdu contact, reprend-il d'une voix faible et peu assurée. J'ai continué à le voir, il me donnait des cours privés, et...
— Des cours privés ? m'étonné-je.
Tiens, je ne savais pas que M. Roberts, en plus d'être l'homme d'affaire le plus réputé de Los Angeles, était professeur particulier ! Aucun des dossiers que m'a fait parvenir le directeur ne mentionnait cette information.
Tom se passe une main sur la nuque, comme embêté, et se détourne un instant avant de reposer ses pupilles noires sur moi. Je plisse les yeux, tandis que ma bouche prend une forme bizarre.
— Oui, enfin... il me donnait quelques petits cours particuliers de physique et de chimie, de temps en temps, quand il n'avait rien d'important à faire... Mais c'est tout.
Son assurance, bien que presque inexistante depuis le début de notre échange, semble s'être envolée pour ne jamais revenir. Et si je suis quelque peu perplexe, je trouve ses réactions, ainsi que son comportement, totalement légitimes. Il n'a que dix-neuf ans, et c'est la deuxième fois qu'il se fait interroger par le FBI pour un crime des plus monstrueux. Beaucoup de mes collègues auraient qualifié ce type de réaction de suspecte, mais c'est vraiment ridicule.
C'est sûr qu'à sa place, ils seraient parfaitement sereins, eux !
Je décide donc de ne pas m'attarder sur ce sujet. Pour le moment.
— As-tu remarqué quelque chose d'anormal dans le comportement de M. Roberts dernièrement ?
Il secoue la tête, un air pensif flottant sur le visage.
— Non, pas vraiment.
— Rien d'autre à signaler ? Aucun signe de nervosité ? Pas de problème en particulier ? Rien que l'on puisse qualifier d'étrange ou d'inhabituel chez lui ?
— Non, je n'ai rien remarqué, répond-il en haussant les épaules. Et puis, il faut dire que je ne le voyais pas beaucoup.
Je scrute mon carnet un instant, pensive, avant de reprendre :
— Bien, alors... Maintenant, j'aimerais que tu essaies de me raconter cette fameuse soirée en introduisant le plus de détails que possible.
— Euh, d'accord, lâche-t-il avec peu de conviction.
Cache ta joie surtout. Il se redresse sur son tabouret, et ses sourcils noirs se froncent légèrement, signe évident qu'il s'apprête à prendre la parole.
— M. Roberts a organisé cette réception pour fêter je-ne-sais-plus-trop-quoi, mais je sais que ça avait un rapport avec son travail. Il m'a alors proposé de passer si je le pouvais, et c'est ce que j'ai fait. Mais bon, comme je m'ennuyais plus qu'autre chose, j'ai décidé de rentrer vers dix-neuf heures et demi, je crois. Je suis donc monté pour le prévenir de mon départ, et je l'ai trouvé seul dans sa chambre, en train de fouiller dans ses affaires. Je lui ai dit que j'allais partir, mais il n'a pas vraiment fait attention à moi. Et je crois que c'est tout, conclut-il, nonchalant. Ensuite, je suis rentré chez moi. J'ai reçu un appel de la police quelques jours plus tard.
Je hoche doucement la tête, plongée dans mes pensées. Ses propos correspondent parfaitement à ce que j'ai pu lire sur le dossier le concernant. En effet, il est bien rentré chez lui aux alentours de dix-neuf heures et demi, beaucoup de témoignages le prouvent, notamment celui de ses voisins et celui d'Anthony Michel. Il a, par conséquent, un alibi parfait, puisqu'il semblerait qu'il ait quitté la maison de la victime presque deux heures avant le meurtre. C'est d'ailleurs pour cette raison que mes collègues ont décidé de ne pas creuser davantage son cas. Mais j'ai la nette impression que quelque chose ne tourne pas rond dans cette affaire.
— Bon... C'est vraiment tout ? Rien ne t'a semblé étrange ?
— Non, euh, tout me paraissait normal.
— Aucune des personnes que tu as croisées ne t'a paru suspecte ? insisté-je, suspicieuse.
Il ne répond pas tout de suite, fouillant probablement dans les archives de ses souvenirs.
Ou bien cherchant tout simplement ses mots avec soin et justesse. Ma déesse intérieure balaie cette possibilité d'un geste de la main imaginaire, m'intimant silencieusement de mettre mon côté parano en veille. Pourtant, ce dernier se rebelle, et je ne peux pas lui en tenir rigueur.
Tom se passe une main fébrile dans les cheveux, tandis que je fronce les sourcils.
— Non, enfin... Je n'ai pas vu grand monde, finit-il par avouer. Il faut dire que je ne connaissais personne, alors... Et quand je suis monté pour dire au revoir à M. Roberts, j'ai juste trouvé M. Michel à l'étage, près de la porte de sa chambre. En redescendant, j'ai aussi aperçu deux de mes camarades de classe, près de l'escalier. Sur le coup, je n'y ai pas vraiment prêté attention, mais bon... Je sais que leurs parents étaient des amis de M. Roberts.
Je me redresse abruptement.
— Quoi ? Tu as leurs noms ?
Il opine aussitôt, comme surpris par ma réaction.
— Oui, oui, c'est Lisa et Tyler Stone. Ils sont frères et soeurs.
Alors que je m'apprête à rebondir, Matthew Whitton décide de réapparaître, un plateau contenant deux verres de citronnade à la main.
— Excusez-moi pour l'attente, j'ai reçu un coup de fil important, explique-t-il en souriant d'un air désolé.
Il dépose le plateau sur la table, et au même moment, le bruit de la sonnerie nous parvient.
— Va ouvrir, Tom.
Ce dernier obtempère aussitôt. Je me mets alors à griffonner quelques notes sur mon carnet, alors que mon cerveau bourdonne de questions sans réponses. Et c'est seulement quand la silhouette de John fait irruption dans la pièce, que je comprends que je ne suis pas au bout de mes surprises.
Et que l'affaire Roberts va être riche en rebondissements.