FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
- nonoko
- Maître Shaolin

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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Akemashite omedetoo! Bonne Année à tous!
Parmi mes bonnes résolutions (qui ne dureront pas..), rattraper mon retard dans la publication du chapitre 21.
Parmi vos bonnes résolutions (ou pas..), rattraper votre retard dans la lecture du chapitre 21. Bon courage et bonne lecture!
Partie 3.
Le voile sombre qu'offrait chaque nuit l'astre lunaire englobait désormais tout la ville et les environs. Les derniers bruits du jour avaient enfin fini de s'estomper et avaient cédé la place à un calme plat propice au sommeil. La plupart des habitants goûtaient un repos mérité, voguant au gré de rêves dorés qui enchantaient leur nuit, mais certains s’enfonçaient dans des eaux troubles et tumultueuses, agitées de larmes, de remords et de crainte. Mariko, vaincue par le chagrin qui l’avait submergée alors qu’elle avait tenté de l’oublier, s’agitait dans son sommeil malgré la présence rassurante de son époux, que la fatigue physique avait entraîné vers des rivages paisibles. Il avait bien songé que la présence de trois étrangers dans sa maison lui faisait courir un risque certain, ainsi qu’à sa femme, mais il n’avait pas eu la force de prolonger sa réflexion, et s’était contenté d’une prière pour regagner la paix intérieure. La présence des étrangers était peut-être une chance, et tout allait s’arranger…demain, il retournerait pêcher, faire ce qu’il avait à faire, sans rien changer à ses habitudes, sans attirer l’attention, et tout irait bien. Mais il faudrait sans doute leur dire…ils pouvaient sûrement l’aider…Dans la pièce principale, seuls deux corps serrés l’un contre l’autre reposaient paisiblement, la poitrine se soulevant au rythme régulier d’une respiration égale. Esteban et Zia s’étaient endormis main dans la main, chacun cherchant dans la chaleur de l’autre le réconfort après cette journée éprouvante. Leur compagnon, même s’il n’avait rien dit, avait ressenti cruellement l’absence de celle sur laquelle il veillait depuis tant de nuits, et qu’il avait dû laisser seule. Et c’est seul qu’il devait affronter les assauts des ténèbres libérées par l’atmosphère endeuillée de la maison de Mariko.
Une immense et imposante silhouette sombre s'agitait, moqueuse, devant ses yeux... Cette ombre prenait plaisir à effrayer sa proie d’une voix grave qui aurait fait trembler n'importe quel homme, elle savait qu'aucune arme ne pouvait terroriser une proie davantage que ses paroles à la justesse blessante et menaçante. Ligoté et à la merci de son prédateur, le petit être priait de toute son âme pour trouver quelque chose qui lui permettrait de rompre ses liens et de s'enfuir. Par chance, ses doigts touchèrent un objet sans aucun doute suffisamment tranchant pour lacérer des cordes, il s'en saisit et s'empressa de trancher ses liens. A peine était-elle debout que la victime se précipita à l'opposé de l'ombre. Elle ne devait pas être rattrapée ! Sous aucun prétexte ! Si cela venait à arriver cela signifiait qu’un point de non retour serait atteint. Courir, courir sans s'arrêter. C'était la seule solution possible. Mais que se passerait-il si la direction prise ne menait qu'à une impasse ?... Pas le temps de réfléchir ! Il fallait d'abord fuir le plus vite possible, se soucier du point d'arrivée était secondaire. Il serait toujours temps de trouver un plan B à ce moment là, enfin il fallait espérer... Une... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Cinq minutes. Cinq minutes pour se retrouver au pied d'une falaise haute d'au moins trente-cinq mètres, la paroi en était si raide et friable qu'il était impossible de l'escalader – de toute façon, il était hors de question de grimper même si ça avait été faisable – et puis longer le mur de pierre ne servirait à rien. Piégé, comme un rat et impossible de faire demi-tour, l'ombre était déjà en vue... Le mauvais sort s'acharnait ! La proie reculait mais se trouva bien vite adossée à la falaise. C'en était fini ! Elle allait le tuer. N’était-ce pas le sort qui attendait toute proie ? La fuite ne faisait que retarder l’issue fatale. Subitement la roche de la falaise devint semblable à des sables mouvants, avant même d'avoir pu réagir, ses pieds et ses mains furent pris au piège puis c'est tout son corps qui disparut dans la roche, impossible de se débattre, ça ne faisait qu'accélérer les choses. Il ferma les yeux, une larme glissa sur sa joue alors que la falaise finissait de l'avaler... Ses paupières papillonnèrent. Quand il les ouvrit il était allongé à plat ventre sur une terre humide dans une sorte de grotte. Il se releva et se mit debout en s'appuyant sur la paroi. La chose ne l'avait pas suivie, il allait donc pouvoir chercher une sortie sans se presser plus qu'il ne l'aurait fait en étant poursuivi. Le couloir dans lequel il se trouvait était éclairé par des torches espacées d'environ huit mètres les unes des autres. Tout allait bien. Enfin jusqu'à la première intersection... Elle était là, dans le couloir de droite. Il n'en fallut pas plus pour que la chasse reprenne. Plus il tentait de lui échapper plus la tâche devenait ardue : A chaque croisement de couloir un nouveau prédateur s'ajoutait à ceux déjà présents! Combien de temps cela allait-il encore durer ? Pas longtemps. Il s'était fait avoir comme un gamin, l'ombre l'avait poussé vers un cul-de-sac ! Face à lui se tenaient pas loin de dix ombres ! Elles se rapprochaient alors que lui ne cherchait qu'une simple issue, une fente dans le mur de terre, un autre miracle... Semblant obéir à ses prières une fissure apparut comme par magie et sans y réfléchir il s'y jeta ; la fissure n'était pas assez large pour qu'une ombre l'y suive. Pendant sa progression dans ce tunnel providentiel, il sentait bien que celui-ci devenait de plus en plus étroit mais la simple petite lueur qu'il voyait le forçait à avancer davantage : une lueur d'espoir... Cela faisait déjà quelques mètres qu'il avançait péniblement en luttant contre les parois se refermant sur lui, lui comprimant la poitrine et l'empêchant de respirer, il tenta d'accélérer le mouvement pour mettre fin à ses souffrances, il ne fit que s'écorcher encore les mains et les mollets sur les parois. Il réussit néanmoins à sortir de la fissure et tout ça pour comprendre que sa lueur d'espoir n'avait en fait été qu'une lueur de désillusion : devant lui et ses yeux redevenus ceux de l'enfant qu'il avait été, ses amis devenus famille tous morts, tués d'une flèche de l'ombre. Il les avait perdus, tous, comme il avait perdu ses proches, tant d’années auparavant. Il était seul, seul face aux ombres. Il voulut hurler mais aucun son ne sortit. Il voulut pleurer mais aucune larme ne vint glisser sur ses joues. Il voulut mourir à leur place mais la mort vient chercher ceux qu'elle désire... Les ombres l'encerclèrent... Un cercle de rire sadique et grave... Il ne put qu'en atténuer le bruit en posant ses mains sur ses oreilles... Il se recroquevilla sur le sol... Il attendit qu'elles en finissent... Mais elles n'en firent rien...
Le front perlant de sueurs froides, il ouvrit les yeux et se redressa.
T : Mon pauvre Tao... Encore et toujours ce même foutu cauchemar depuis dix ans... Pauvre idiot ! Il est mort...
Il battit des paupières. Il perçut le souffle régulier des deux corps allongés. Par chance, ils ne l’avaient pas entendu. Il les envia. Il les contempla un moment, essayant de reprendre son calme, chassant les lambeaux de cauchemar qui remontaient encore à l’assaut. Soudain, son cœur bondit dans sa poitrine. Une ombre se découpait sur le sol en tatamis, à la clarté de la lune. Il retint son souffle, et clairement il entendit une respiration qui se mêlait à celle des fiancés, une respiration légère et lente, qui tentait de se caler sur celle des dormeurs pour se faire oublier. Qui les observait donc ainsi ? Tao ferma les yeux, les rouvrit. L’ombre était toujours là. Lentement, il se recoucha, espérant la faire disparaître. Mais il entendait toujours la respiration de l’être qui se tenait près d’eux. Il tenta de réfléchir. Le maître ou la maîtresse de maison étaient descendus. Peut-être était-il temps pour Tadashi de partir travailler. Quelle heure pouvait-il bien être ? L’aube était sans doute proche. Mariko, ne trouvant pas le sommeil, était peut-être en prière devant l’autel situé derrière eux, à l’autre bout de la pièce. Il suffisait d’attendre, de se calmer, et tout irait bien. Ils étaient en sécurité. Il n’y avait aucune ombre mauvaise, le cauchemar était terminé. Oui, c’était sans doute Mariko ou Tadashi qui se tenaient là. Mais quand Tao entendit comme un frottement semblant indiquer que l’ombre se déplaçait sur les tatamis, il voulut en avoir le cœur net, et se redressa d’un coup. Il voulait chasser de son esprit l’ombre cauchemardesque qui le hantait. Le frottement s’arrêta brusquement. Tao ne vit rien devant lui. Mais l’ombre avait changé de place, et cette ombre se découpait à présent plus nettement. Elle n’évoquait pas la silhouette de Mariko. Quant à celle de Tadashi…Tao n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage. L’ombre bondit sur lui et une main se plaqua sur sa bouche avant qu’il ait pu émettre un son. Il tenta de se débattre, mais on le tenait fermement, tandis qu’une voix murmurait à son oreille quelque chose qu’il ne comprit d’abord pas. La voix était familière, et n’avait rien d’hostile. Il finit par se calmer et comprendre, et regarda, incrédule, le visage de celui qui lui parlait. Ichiro enleva sa main de la bouche de Tao et desserra son étreinte. Ils se contemplèrent un instant. Tao ne put s’empêcher de toucher le visage de son ami. Des larmes lui montèrent aux yeux.
Ic : Je suis bien vivant.
T : C’est impossible…On nous a dit que Yoshi était mort, et puis toi, et te voilà…
Ic : Mariko me croit mort. Elle doit continuer à le croire, pour son bien, tu comprends ?
T : Pour son bien ? Tu es fou ? et qu’est-ce que tu fais là ?
Ic : Moins fort ! Je ne voulais pas vous réveiller, mais puisque c’est fait, c’est peut-être mieux ainsi. Mais il ne faut pas qu’elle nous entende. Viens, il vaut mieux que je parte, je n’ai pas beaucoup de temps.
Il glissa vers la porte d’entrée. Tao le suivit sur le seuil. Ichiro avait fait coulisser avec d’infinies précautions le panneau de bois pour qu’ils prennent place sur les marches extérieures.
Ic : Je suis recherché, je me cache. Seul Tadashi est au courant.
T : Tu es recherché ? Je réveille Esteban, et on file au condor !
Ic : Non, attends, ce n’est pas si simple, je ne suis pas seul, il y a un enfant avec moi, et il est malade. C’est pour ça que je suis venu, il me fallait trouver un moyen de faire baisser la fièvre, ça fait trop longtemps qu’Azami et Tadashi n’ont pas pu venir nous voir, ça devient dangereux…
T : Un enfant malade ? laisse-nous t’aider, tu sais bien que Zia…
Ic : Pas question de vous mettre en danger vous aussi ! Parlez-en à Tadashi d’abord, maintenant je dois partir !
E : Pas sans nous !
Esteban acheva de pousser le panneau coulissant. Derrière lui se tenait Zia.
E : J’ai compris que tu étais pressé, alors allons-y, tu nous expliqueras quand tu pourras.
Ichiro hocha rapidement la tête et se lança dans la nuit, ses amis à sa suite. Zia avait l’impression de vivre un rêve éveillé, et elle doutait même que la soirée qu’ils venaient de passer en compagnie de Mariko et Tadashi ait été réelle. Poursuivait-elle le fantôme d’Ichiro ? Où les entraînait-il ? Elle s’était réveillée en entendant les voix de ses deux amis, et elle n’avait pas été étonnée de reconnaitre celle d’Ichiro, comme si elle avait su qu’elle devait le revoir. Elle avait retiré sa main de celle d’Esteban, ce qui avait provoqué un légère agitation du jeune homme. Puis Tao et Ichiro s’étaient glissés dehors. Elle avait alors décidé de secouer son fiancé pour le réveiller à son tour, lui murmurant qu’Ichiro était là. Il l’avait d’abord regardée sans comprendre, mais elle lui avait intimé d’écouter, et malgré son esprit embrumé par le sommeil il ne lui avait fallu que quelques secondes pour réagir, et se lever. Il ne pouvait s’empêcher à présent de se demander ce qu’il faisait, à suivre un homme qu’il avait cru mort quelques heures auparavant, dans les rues désertes d’une ville qui n’était pas sûre pour eux, alors qu’il avait laissé seules Indali et Marie, sans compter que si Mariko et Tadashi venaient à s’apercevoir de leur absence, ils ne manqueraient pas de s’inquiéter. Ils s’éloignaient de la ville en direction de la côte, évitant soigneusement les rares zones éclairées. La silhouette massive du château se devinait sur les hauteurs. Tout semblait d’un calme irréel, et les bruits de leurs pas résonnaient dangereusement à leurs oreilles. Ils sortirent pourtant de la ville sans rencontrer quiconque, et parvinrent peu après aux abords de la côte. De temps en temps, Ichiro se baissait comme pour ramasser quelque chose. Ils ralentirent leur allure, dépassèrent quelques criques où se balançaient doucement des barques, et parvinrent à une zone où des roches impressionnantes aux formes déchiquetées s’offraient aux assauts de l’océan, quelques mètres en contrebas. Ils n’avaient pas échangé un mot. Ichiro se dirigea vers un promontoire qui se terminait par une masse rocheuse de forme arrondie, comme si les eaux avaient façonné là une perle en équilibre sur une falaise. Dans une anfractuosité se trouvait un petit autel dédié aux divinités marines. C’était là que les pêcheurs de ce faubourg de la ville déposaient leurs offrandes, au milieu de quelques ex-voto plus ou moins patinés par le temps. Ichiro, se retournant vers ses amis, s’adressa à eux pour la première fois depuis leur départ.
Ic : C’est ici que Tadashi dépose un peu de nourriture pour moi quand il le peut. J’essaie de ne pas donner l’impression que les offrandes disparaissent, au cas où quelqu’un ferait attention à cela, mais peu de gens viennent encore par ici. Il n’y a presque plus de pêcheurs, à cause des folies de Shimazu, qui voudrait enrôler toute la population s’il le pouvait. Ce sont surtout les pêcheuses de perles comme Azami qui fréquentent l’endroit.
Z : Azami ? la sœur de Teijo ?
Ic : Oui. Elle aussi m’aide. Mais ne restons pas là. On va descendre, faites attention.
Il contourna la masse rocheuse. Derrière se trouvaient d’autres éperons rocheux qui émergeaient des flots à intervalles plus ou moins rapprochés, l’ensemble formant une masse à la surface irrégulière, parcourue de failles et parsemée de gouffres. Ichiro commença à descendre entre deux rochers qui se terminaient en pointes grossières. Ses compagnons découvrirent que des marches avaient été creusées jusqu’à une plate-forme en contrebas, puis la roche s’abaissait en pente douce. Il fallait cependant prendre garde à ne pas s’éloigner de la paroi, pour ne pas risquer de chuter dans la mer. Ils parvinrent après quelques pas prudents devant une paroi qui leur barrait le passage. Ichiro s’accroupit et sembla tirer quelque chose. Quand il se releva, ils constatèrent qu’il avait ouvert une trappe.
Ic : Approchez, il y a une échelle. Il suffit de se laisser guider. A l’arrivée, ne vous éloignez pas.
Un à un, ils descendirent dans l’obscurité. Esteban posa le premier le pied sur un sol froid et humide. On entendait un grondement étouffé. Il avait beau écarquiller les yeux, il ne distinguait rien autour de lui. Zia se serra bientôt contre lui puis il sentit les mains de Tao qui cherchaient à vérifier qu’il se trouvait bien près d’eux. La trappe se referma, et Ichiro fut bientôt à leurs côtés.
S : Ichiro ? C’est toi ?
La voix, une voix d’enfant, les fit sursauter malgré eux.
Ic: Oui, ne t’inquiète pas. Je suis venu avec des amis.
S : Le feu s’est éteint. J’ai froid.
Ic : Je vais arranger ça. J’ai rapporté ce qu’il faut.
Il dépassa le petit groupe , qui le suivit. Leurs yeux s’étaient habitués à l’obscurité, qui n’était pas complète. La grotte où ils étaient descendus, outre l’ouverture fermée par la trappe, comportait une étroite faille verticale s’ouvrant sur l’horizon de la mer, et laissant filtrer un mince rayon de lune. Ils constatèrent qu’Ichiro s’affairait à rallumer un foyer de l’autre côté duquel se tenait une silhouette recroquevillée sur elle-même, couchée sur le sol. Zia s’approcha. L’enfant frissonnait de fièvre.
Z : Inutile d’allumer un feu. Il faut quitter cet endroit au plus vite. Esteban, tu vas le prendre sur ton dos. Ichiro, donne-moi ce morceau de tissu que tu utilises pour porter le bois ramassé en route. Tu monteras le premier pour aider Esteban. Tao, tu monteras derrière Esteban pour assurer ses arrières.
Tout en parlant, elle palpait les membres de l’enfant ; il gémit. Zia prit l’étoffe grossière que lui tendait Ichiro et demanda à Tao de soulever le corps tremblant, qu’elle maintint sur le dos d’Esteban en nouant le tissu. Elle agissait le plus promptement et le plus délicatement possible, en s’efforçant de calmer le blessé par de douces paroles et des caresses. Quelques instants plus tard, ils étaient à nouveau à la surface.
Ic : Et maintenant ?
La façon dont Zia avait pris la direction des opérations avait surpris Ichiro tout autant qu’il s’était senti soulagé, et il avait obéi sans réfléchir, abruti de fatigue. Cela faisait si longtemps qu’il se cachait dans cette grotte sans savoir comment cela allait finir. L’état de Sora avait brusquement empiré, mais il avait hésité à sortir, il avait attendu deux jours en vain qu’Azami ou Tadashi donnent signe de vie. Il s’en était voulu de ne pas avoir agi plus tôt, mais à présent il se disait qu’il avait bien fait. Ses amis étaient là.
E : On file au condor. Tu nous guides.
Il lui expliqua où ils l’avaient posé ; il leur faudrait presque une heure de marche pour y parvenir. Ils allaient quitter l’abri des rochers quand Ichiro s’immobilisa brusquement, et adressa quelques mots en chuchotant à Zia, qui marchait juste derrière lui.
Ic : Il y a quelqu’un, caché sur la droite. Si ça tourne mal, sauvez Sora.
Z : Je viens, attends !
Il était déjà parti. Zia eut juste le temps d’ordonner à Esteban et Tao de ne pas bouger et se faufila à sa suite le long de la paroi rocheuse, se concentrant pour être prête à intervenir. Soudain, Ichiro s’arrêta net ; ils étaient presque au bout de la paroi. S’il y avait quelqu’un, il devait retenir son souffle à quelques centimètres d’eux. Zia n’eut pas le temps de réfléchir à une stratégie. Ichiro contournait déjà la roche en position d’attaque. Mais il n’y eut pas de lutte, pas de riposte. Seul le halètement du jeune homme trahissait son trouble, en déchirant le silence. Zia eut la certitude d’une autre présence derrière le rocher. Elle s’approcha à pas lents, sans qu’Ichiro n’esquisse le moindre geste. Il était comme pétrifié. A ses pieds, une forme tremblante était recroquevillée, plaquée contre la paroi. Zia se pencha vers elle et la prit dans ses bras pour l’aider à se relever. Elle se laissa faire, comme privée de toute volonté. Quand elle fut debout, Ichiro baissa son bras prêt à frapper. Des pas résonnèrent derrière eux. Tao poussa une exclamation étouffée. Esteban grommela quelques mots.
E : Bon, plus de peur que de mal. Mais ne traînons pas, le petit ne va pas attendre que vous vous expliquiez pour qu’on y aille.
Ichiro acquiesça et se tourna pour partir. Une main le retint.
Mar : Ichiro !
La sœur serrait fermement le poignet de son frère, qui se dégagea en lui prenant la main tout en murmurant : « Plus tard, je t’expliquerai soeurette. Pardonne moi ».
Zia entraîna Mariko à la suite des hommes en lui glissant quelques mots. Oui, son frère était bien vivant. Elle était désolée d’avoir quitté la maison sans lui dire la vérité, mais les choses s’étaient faites dans la précipitation, et elle-même n’en savait pas plus sur la réapparition d’Ichiro. Il y avait urgence à regagner le condor pour soigner un enfant, et mieux valait éviter de parler davantage. Le chemin allait être long, mais tout allait s’arranger. Mariko écouta sans protester et se laissa guider comme dans un rêve. Depuis la visite de ses amis jusqu’au moment où son frère s’était dressé face à elle, tout lui paraissait irréel, et elle ne parvenait pas à croire à la réalité des bruissements de la nuit, des pierres qui la faisaient trébucher et des feuilles qui la frôlaient. Elle entendait à nouveau le chuchotis des voix qui l’avaient fait descendre dans le salon, irrésistiblement attirée par un timbre familier ; elle revoyait les silhouettes flottantes derrière le shoji, bientôt envolées ; elle se souvenait être restée un instant hébétée, indécise, puis, irrésistiblement, elle s’était enfoncée dans la nuit, guettant le groupe fantomatique dans les ténèbres. Comment avait-elle réussi à ne pas les perdre ? Elle préférait ne pas penser au moment où son cœur avait failli s’arrêter de battre, quand elle s’était retrouvée à un carrefour désert, sans savoir quelle rue prendre. Même si elle avait voulu crier, elle n’aurait pu : sa gorge était si serrée qu’aucun son ne pouvait franchir ses lèvres. Elle avait cru apercevoir la queue flamboyante d’un renard, et s’était brusquement engagée dans la ruelle où elle avait disparu. Elle avait débouché sur une friche baignée par la lueur incertaine de la lune. Au loin, un petit groupe filait. Elle ne les avait plus lâchés jusqu’à la côte, mais quand ils s’étaient arrêtés près des roches déchiquetées, elle s’était cachée comme elle avait pu, tout en les guettant pour obtenir la confirmation de ce qu’elle espérait sans y croire. La vue d’Ichiro l’avait terrassée de joie et de douleur. Elle s’était effondrée, et le temps qu’elle reprenne un peu ses esprits elle avait constaté avec horreur qu’elle était seule : ils avaient disparu. Elle avait osé alors sortir de sa cachette, s’était approchée de l’autel creusé dans la roche, avait presque résolu, après une rapide prière, de s’enfoncer dans les ténèbres où sifflait le vent marin, dans l’espoir de retrouver la trace du petit groupe. Leurs voix l’avaient à nouveau rejetée, pantelante, dans un renfoncement obscur, mais elle n’avait pas été assez rapide en regagnant sa cachette. Elle se demandait encore si elle aurait la force de se montrer à ce frère qu’elle pensait mort sans que son esprit bascule dans la folie, tant les questions se bousculaient dans sa tête, quand il l’avait surprise. Mais bientôt, elle saurait. Zia le lui avait assuré. La nuit ne serait pas sans fin.
Le fardeau d’Esteban rendait leur progression plus difficile ; il fallait prendre des précautions pour ne pas faire souffrir l’enfant. Heureusement, ils n’avaient pas à traverser de zones habitées, et les gémissements du petit blessé se perdaient dans la nuit. Enfin, la silhouette imposante de l’oiseau d’or leur apparut, provoquant un mouvement de recul d’Ichiro, surpris malgré lui par cette apparition fantomatique, limbée d’un rayon de lune, dont le bec s’ouvrit comme par magie.
Z : Ne crains rien. Nous sommes en sécurité à présent.
A l’intérieur, tout était silencieux. Marie et Indali, malgré leur inquiétude de ne pas voir revenir leurs amis, avaient cédé au sommeil. Marie s’était retirée dans sa chambre, mais Indali reposait dans la salle principale, la tête sur son bras replié, appuyé sur la table. Malgré leurs précautions, les arrivants la réveillèrent en déposant le plus délicatement possible l’enfant à moitié inconscient sur une des banquettes. Encore à moitié endormie, elle vit Zia s’affairer, quitter la pièce et revenir, tandis que Tao, qui avait remarqué son réveil, venait à elle et lui expliquait doucement la situation, l’enjoignant à regagner sa chambre, ce qu’elle refusa. Elle insista pour apporter son aide à Zia, et elles soignèrent ensemble le blessé. Mariko, aussitôt montée à bord, avait serré son frère dans ses bras sans un mot, et n’avait pas désserré son étreinte pendant de longues minutes. Ichiro l’avait lui aussi entourée de ses bras, doucement, tendrement. Quand ils se regardèrent enfin, le visage de Mariko rayonnait à travers ses larmes, et Ichiro esquissa un sourire, trop conscient encore de la peine qu’il avait causée à sa sœur pour exprimer pleinement la joie qu’il avait à la retrouver.
Mar : Et maintenant, raconte. Je ne te laisserai pas repartir sans que tu m’aies tout dit.
Ichiro se mit à raconter, à l’intention de sa sœur et de ses amis.
Deux semaines avant leur arrivée, Ichiro avait participé à une nouvelle levée de taxes dans un village proche. Depuis le début de l’année, le Daimyo Shimazu avait déjà ordonné à ses soldats de procéder à plusieurs expéditions semblables, car il avait besoin de nouveaux fonds pour financer sa guerre avec le clan Itô. Les paysans des alentours avaient déjà payé un lourd tribut, et il ne restait à certains plus rien que leurs quelques biens personnels et leurs outils. Aussi, lorsqu’ils avaient osé dire qu’ils ne pourraient plus ni travailler ni vivre si on leur enlevait le peu qu’il leur restait, on leur avait rétorqué qu’ils n’avaient qu’à s’enrôler pour servir leur Daimyo. Ainsi ils seraient utiles à quelque chose, et leur mort serait plus honorable que s’ils mouraient simplement de faim. Quand ils avaient répliqué qu’ils ne feraient pas de bons soldats, et qu’il fallait bien quelqu’un pour cultiver les terres et nourrir l’armée, ainsi que le Daimyo, leur bon sens avait été pris pour de l’insolence. Il fallait faire des exemples. Une tête tomba, mais aucun paysan ne se résolut ensuite à céder. Une deuxième tête tomba, puis une troisième. Les soldats commençaient à se sentir mal à l’aise : ils n’allaient pas massacrer jusqu’au dernier ces paysans impuissants, qui préféraient mourir ainsi plutôt que de céder à un ordre absurde et injuste. Sentant un relâchement dans la discipline, un jeune paysan tenta de s’adresser à eux, mais sa tête tomba. Cette fois, ses camarades s’agitèrent, et bientôt tentèrent de s’en prendre aux soldats avec leurs outils ou à mains nues. Ce fut un massacre. Ichirô n’avait pas fait partie de ceux à qui on avait ordonné de couper les têtes, et il se battait à présent pour éviter d’être mis à terre, piétiné et frappé à mort, alors que le spectacle des paysans exécutés impitoyablement l’avait révulsé. Malgré lui, il fit couler le sang. Bientôt, il ne resta plus un paysan debout, parmi ceux qui avaient osé attaquer. Les autres s’étaient enfuis. L’ordre fut donné de brûler le village. Si les paysans voulaient survivre, ils n’avaient plus qu’à supplier qu’on les enrôle dans l’armée, ou se résigner à vivre comme des bêtes dans la forêt, où on les traquerait jusqu’au dernier. Cela avait été crié assez fort pour parvenir aux oreilles des fuyards, qui n’étaient pas allés bien loin et attendaient la suite des événements, tapis dans les fourrés. Quant aux familles, aux femmes, aux enfants, aux vieillards, ils étaient restés cachés à l’intérieur des maisons, et hésitaient à sortir, craignant la réaction des soldats après la répression sanglante de la tentative de révolte. Un soldat s’approcha d’une maison en quête de feu, tandis que ses camarades préparaient de quoi embraser le village. Ichiro était tout près, et s’affairait sans conviction à briser une houe pour en faire une torche. Il vit alors un adolescent sortir de la maison où son camarade s’apprêtait à pénétrer et lui barrer le passage. Tout alla très vite, le sabre fendit la poitrine du garçon qui s’effondra. Aussitôt, un hurlement retentit et un enfant déboula dans les jambes du soldat, le déstabilisant. Il tomba en arrière, et l’enfant se mit à le frapper avec un seau en bois de toutes ses forces. Ichiro se précipita pour l’arrêter. Il se débattait entre ses bras. Le soldat se remit debout. Il était furieux et n’aurait pas eu de mal à se venger de l’enfant si Ichiro ne s’était pas interposé. Ce dernier repoussa le garçon loin de lui dans l’espoir qu’il s’enfuie, mais le petit se jeta sur le cadavre de son frère en pleurant. Le commandant de la troupe arriva et demanda à Ichiro ce qui se passait, mais celui-ci fut incapable d’articuler un mot. Ce qu’il avait voulu éviter allait fatalement se produire, il le savait, et il se sentait terriblement impuissant. Son camarade expliqua la situation à sa place, et reçut immédiatement l’ordre de mettre le feu à la maison puis d’aider les autres à faire de même. « Quant à toi, qu’attends-tu pour exécuter ce traitre ? On ne s’attaque pas impunément aux soldats du Daimyo Shimazu ! » Ichiro n’avait pas réagi. L’ordre avait été aboyé une nouvelle fois. Alors Ichiro avait clairement signifié à son supérieur qu’il ne tuerait pas un enfant. Autour d’eux, les maisons s’enflammaient, les cris s’élevaient et les lamentations emplissaient l’air. Tout paraissait soudain insupportable à Ichiro, il n’avait qu’une envie, quitter cet endroit, pour que son sang cesse de battre à ses tempes jusqu’à le rendre fou. Mais l’enfant…le commandant, excédé devant l’insubordination d’Ichiro, avait levé son sabre. Le jeune homme savait qu’il serait le second à subir la morsure du métal. Il n’avait plus son arquebuse, déposée pour accomplir sa besogne de boute-feu, et ne pouvait compter que sur son seul courage. Son corps bondit en avant, mû par un instinct formidable. Le sabre s’abattit mais glissa sur la mince cuirasse du jeune homme en l’entaillant et s’abattit sur la terre, à quelques centimètres du cadavre du jeune paysan. Ichiro avait réussi à éviter le coup et à arracher du cadavre le petit garçon en pleurs ; il se mit à fuir comme une bête aux abois, serrant contre sa poitrine un paquet de chair vidé de son énergie en même temps que de ses larmes. Il fonça droit sur des maisons en flammes. Il n’avait sans doute dû son salut qu’à l’écran de fumée qui l’avait rapidement fait disparaître à la vue de ses camarades. Il courait sans réfléchir quand il était tombé dans une fosse nauséabonde, heureusement peu remplie. Lui et l’enfant s’étaient cachés là jusqu’à la nuit, puis il avait pris le risque de sortir, même si des soldats pouvaient encore être dehors à surveiller les ruines fumantes. Les lieux étaient déserts. Quand il avait fait sortir l’enfant, celui-ci avait aussitôt couru vers ce qui restait de sa maison. Ichiro avait dû le retenir de fouiller les cendres au risque de se brûler. Il avait cependant trouvé une toupie de bois noircie qui devait trainer aux abords de la maison avant l’incendie, et l’avait tendue à l’enfant. Celui-ci s’en était emparé avidement. Ichiro avait alors pu l’entraîner loin de cette scène de désolation sans qu’il proteste. Ils étaient allés se laver à la rivière sans rencontrer quiconque. Les paysans survivants avaient-ils donc tous rejoints les rangs des soldats ? Où étaient les autres habitants du village ? Ichiro préféra ne plus penser à cela et se concentrer sur leur survie à tous les deux. Quand l’enfant mit les pieds dans l’eau, il poussa un cri qui fit frémir Ichiro. Il comprit vite que le sabre du commandant n’avait pas touché que le sol. La blessure n’était pas profonde, mais assez vilaine pour l’inquiéter. L’enfant, sous le choc de ce qui s’était passé, avait marché et couru sans y prêter garde, ce qui avait contribué à maintenir la plaie ouverte. Leur séjour dans la fosse lui avait donné un aspect repoussant, et Ichiro s’employa à la nettoyer du mieux qu’il put tout en plaquant sa main sur la bouche du garçon pour l’empêcher de crier. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour l’instant. Il se souvint des plantes médicinales qui poussaient dans le jardin de son grand-père. La route était longue pour y parvenir, mais ils ne pouvaient pas rester là de toute façon. Il avait pris l’enfant sur son dos et ils étaient partis. Ils avaient passé la fin de la nuit et les premières heures du jour là-bas, mais Ichiro s’était rendu à l’évidence : la maison de Yoshi n’offrait pas un abri sûr et manquait de tout. S’il était recherché, on ne manquerait pas de venir fouiller là tôt ou tard. Si on le croyait mort, disparu dans l’incendie du village, il ne pouvait malgré tout pas rester là avec un enfant blessé, qui avait besoin de soins et de nourriture. Il avait fini par apprendre que le garçon s’appelait Sora, avait huit ans, et était orphelin de mère. Quant à son père et son frère, il était inutile d’en demander plus à leur sujet. Ichiro avait pris la résolution d’aller demander de l’aide, malgré les risques. S’il avait été seul, il serait parti loin, avec le secret espoir de pouvoir prévenir sa sœur dès qu’il aurait trouvé une relative sécurité. Dans cette région en guerre perpétuelle, quelle chance avait-il de s’en sortir avec un enfant blessé ? Il devait trouver une solution pour lui, puis il partirait. Il partirait…mais pas sans avoir revu Azami, pas sans l’avoir prévenue. Elle saurait l’aider, elle comprendrait, elle ne le rejetterait pas parcequ’il était un traître…Alors il avait décidé de revenir à Kagoshima. Avec le recul, Ichiro réalisait qu’il n’était revenu que parce qu’il craignait de perdre Azami, de ne plus jamais la revoir, au risque de la mettre en danger, de les mettre tous en danger.
Mar : Azami…tu ne m’avais jamais dit…
Ic : On se voit si rarement toi et moi depuis quelque temps…personne n’était au courant…
Mar : Ce n’est pas un reproche, je suis surprise, et heureuse pour toi.
Ic : Moi non plus, je ne te reproche rien, c’est moi qui dois m’excuser de ne plus être aussi présent pour toi depuis que le Daimyo…
Mar : Ne parlons plus de lui ce soir, j’en ai trop entendu !
E : Je ne pensais pas que la situation avait empiré à ce point…tu as agi avec un courage remarquable, Ichiro.
Ic : Je ne sais pas si on peut dire ça…je ne me rendais pas compte de ce que je faisais…je me suis mis dans un beau pétrin…
Z : Tu as sauvé la vie de Sora en même temps que la tienne, c’est tout ce qui compte.
Mar : Tu es vivant, oui, je peux enfin m’en réjouir…même si j’aurais été fière de savoir que tu étais mort en voulant sauver un enfant innocent. Mais…je t’ai cru mort, noyé, et j’ai…j’ai beaucoup souffert.
T : Tu ne nous as pas tout raconté…
Ic : C’est vrai, je te dois des explications, soeurette. Et je…je comprendrais que tu ne me pardonnes pas.
Mar : Tout est pardonné, mais je veux savoir.
Ic : Je me suis caché avec Sora dans le cabanon où les pêcheuses de perles entreposent leur matériel, et j’ai laissé un message dans les affaires d’Azami. Je lui ai donné rendez-vous à la nuit tombée et je lui ai tout raconté. Comme je le pensais, elle n’a pas hésité à nous aider, en nous apportant de la nourriture le lendemain et de quoi soigner Sora. Mais nous ne pouvions pas rester là éternellement. Elle s’était renseignée, j’étais recherché.
Mar : Mais je n’en ai rien su…pourquoi ?
E : Probablement parce qu’on espérait qu’Ichiro commettrait l’erreur de se réfugier chez toi ou d’entrer en contact avec toi et qu’il ne fallait surtout pas donner l’alerte. Tu devais être surveillée sans le savoir.
Ic : Esteban a sans doute raison. Mais si je passais pour mort, tout s’arrangeait, et tu ne risquais aucun ennui. Azami a élaboré un plan : je devais voler une barque des pêcheuses, comme pour m’enfuir loin d’ici, et elle ferait en sorte que je sois surpris et alerterait les soldats. Nous avons imaginé une mise en scène à laquelle ils assisteraient depuis le rivage : je m’approcherais trop près des rochers, comme si je n’arrivais pas à manœuvrer la barque, et nous finirions par chavirer, ce qui n’a pas été trop difficile à réaliser vu que la mer était pas mal agitée ce jour-là. Pour les soldats, Sora et moi disparaissions donc en mer, mais en réalité Azami nous avait confectionné des outres pour nous aider à respirer sous l’eau, le temps que nous rejoignions la grotte.
T : Vous avez chaviré près de la grotte où nous étions tout à l’heure ? Elle communique avec la mer ?
Ic : Oui, seules les pêcheuses de perles connaissent l’existence de l’accès par la mer. C’est un secret que m’a révélé Azami Et seules les pêcheuses de perles sont autorisées à pénétrer dans la grotte par la terre, une fois par an, en compagnie d’une prêtresse..
Mar : Elle a trahi son serment pour toi ! Et vous avez violé un lieu sacré !
Ic : Oui…
Z : Vous avez tous pris des risques énormes…Sora y compris.
Ic : Il aurait pu effectivement se noyer. J’ai cru que nous allions nous fracasser sur les rochers tant les courants étaient puissants. Azami avait laissé un repère pour m’aider à trouver l’entrée de la grotte, mais ce n’est pas pour autant que la tâche a été facile.
Mar : Vous êtes fous ! Vous auriez pu y rester !
Ic : C’est ce que les soldats ont cru en tout cas, et c’est le principal.
T : Mais ils n’ont pas retrouvé vos corps…
Ic : Non, juste des morceaux de la barque, et quelques lambeaux de vêtements. Il faut croire que ça leur a suffi. Et puis, le commandant ne voulait sûrement pas trop remuer cette histoire, par peur de soulever l’indignation des habitants de Kagoshima. Les gens en ont assez, tout peut basculer en un instant, comme au village incendié.
Mar : Nous n’avons rien su de ce crime…On m’a juste dit que tu avais déserté, et que tu avais tenté de fuir par la mer, que tu t’étais noyé…
Ic : Je suis désolé de t’avoir infligé cela…
Mar : Je ne veux plus y penser !
Ic : Il faut pourtant que je te dise encore une chose…et ce n’est pas la plus facile à dire ni à entendre. Tadashi…m’a aidé aussi. Il m’a apporté de la nourriture pour qu’on ne suspecte rien du côté d’Azami, tu comprends, ils feignaient de déposer des offrandes sur le petit autel près du sanctuaire des pêcheuses de perles. De la part de Tadashi, cela pouvait passer pour une offrande afin d’apaiser l’esprit de son beau-frère qui s’était noyé à cet endroit, mais pour Azami…si quelqu’un avait remarqué qu’elle faisait autant d’offrandes, cela aurait paru étrange.
Mar : Tadashi…
Ic : Ne te sens pas trahie, je t’en prie. Il a gardé le secret à ma demande. C’était pour te protéger.
Mar : Me protéger…alors que moi, je me désespérais de ne pouvoir protéger ton âme, et je ne comprenais pas ce qui t’avait poussé à déserter si brusquement, je ne me consolais pas de t’avoir perdu à jamais…
Z : Il faut accepter et pardonner. Cela a dû être terrible pour Tadashi aussi.
E : Oui…porter ainsi un secret en regardant sa femme souffrir sans pouvoir la soulager…
Mar : Et quels étaient vos plans ? Tu comptais rester caché dans cette grotte combien de temps ? Tu avais l’intention de me faire savoir que tu n’étais pas mort ?
Ic : Il fallait que Sora guérisse, qu’il puisse marcher. On n’avait personne à qui le confier dans cet état, mais on pouvait peut-être le placer comme apprenti quand il serait remis sur pied…
Mar : Dis plutôt que vous vous complaisiez dans cette aventure romanesque ! Azami devait bien s’amuser à jouer les sauveuses pour son petit ami, et toi, tu ne voulais pas t’éloigner d’elle, c’est lamentable ! Vous auriez pu confier ce pauvre enfant à un temple, tu serais parti seul comme tu l’avais prévu au départ, avant de penser à Azami !
Ic : Je…tu as raison, j’ai tellement honte…je vous ai fait tant de mal, à toi et à Tadashi…
E : Attends ! Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé ! Toute cette souffrance, vous la devez au Daimyo, et à personne d’autre !
T : Exactement ! Depuis le début, je me retiens de dire ce que je pense de cette brute, mais je me ferais un plaisir de lui détruire son château, d’ailleurs, je me demande pourquoi on ne l’a pas fait depuis longtemps !
Z : Calmez-vous ! Je crois qu’on a tous besoin de digérer ce qu’on a vécu ces temps derniers et cette nuit, et ça ne se fera pas facilement. En attendant, profitons du peu de temps qu’il nous reste avant l’aube pour nous reposer. Il va falloir que Mariko rentre bientôt et mette Tadashi au courant.
E : En espérant qu’il ne se soit pas déjà aperçu de sa disparition et de la nôtre…Je raccompagnerai Mariko dans une heure.
T : J’irai avec toi, par les temps qui courent pas question d’y aller seul.
Z : Mariko, Ichiro, nous allons vous laisser veiller sur Sora. Tu avais raison, Mariko, il n’aurait pas fallu qu’il reste plus longtemps dans cette grotte. Il est parfois difficile de prendre les bonnes décisions, mais grâce à Ichiro, Sora est toujours en vie, et vous pouvez compter sur nous à présent. Nous vous aiderons à surmonter cette épreuve.
Mar : Vous avez déjà fait beaucoup, ils sont en sécurité ici.
E : Oui, il ne reste plus qu’à vous changer les idées ! Rien de tel pour ça qu’une belle fête de mariage !
Ic : Un mariage ? Quel mariage ?
Mar : Oh ! C’est donc cela que vous vouliez m’annoncer hier soir…
Z : Oui, on ne peut pas dire que nous ayons choisi le bon moment, ni la bonne façon…
E : Pas plus que maintenant, je sais ce que tu vas dire, mais au moins c’est fait !
Mariko pouffa de rire, puis s’approcha pour serrer ses amis dans ses bras.
Mar : Je suis si heureuse pour vous. Quelle bonne nouvelle !
Ic : Eh bien, félicitations à vous deux !
E : Merci, ça se passera en Inde, chez un Rajah autrement plus pacifique que votre Daimyo. Vous êtes nos invités, évidemment.
Ic : Nous irons en Inde ? Mais…
E : Tu verras, le vol en condor est une expérience beaucoup plus plaisante qu’une croisière en barque de pêcheuse !
Tao et Indali s’étaient retirés dans le laboratoire pour se retrouver en tête à tête pendant le peu de temps qu’il restait avant de retourner à Kagoshima.
I : Tao…sois prudent. Tu m’as manqué cette nuit.
T : Mais je suis revenu. Ne t’inquiète pas, on raccompagne juste Mariko. Repose-toi, et quand tu te réveilleras tu me trouveras à tes côtés.
I : Qu’est-ce que vous allez faire de Sora et d’Ichiro ?
T : Je suppose qu’Esteban et Zia en ont déjà discuté.
I : Je ne pensais pas être confrontée à tant d’horreurs en venant ici…
T : Les hommes sont les mêmes partout, crois-moi. Mais j’avoue que ce maudit Daimyo est particulièrement détestable.
I : Je me demande si on doit raconter cette histoire à Marie.
T : Toi et Zia, vous inventerez quelque chose pour expliquer la présence de ces passagers inattendus. Marie voulait faire la connaissance des Japonais, elle pourra questionner Ichiro tant qu’elle voudra sur les us et coutumes du pays, et nous, bien tranquilles, on n’aura pas à s’inquiéter pour sa sécurité. C’est une situation idéale, tu ne trouves pas ? Au fait, ça n’a pas été trop dur de la distraire hier soir ?
I : C’est une jeune fille charmante, elle n’a rien laissé paraître de sa déception et nous nous sommes bien amusées.
T : Pff…plus qu’avec moi ?
I : Tu es irremplaçable….
E : Tao, bouge-toi, on y va !
T : A tout à l’heure, Indali…
Parmi mes bonnes résolutions (qui ne dureront pas..), rattraper mon retard dans la publication du chapitre 21.
Parmi vos bonnes résolutions (ou pas..), rattraper votre retard dans la lecture du chapitre 21. Bon courage et bonne lecture!
Partie 3.
Le voile sombre qu'offrait chaque nuit l'astre lunaire englobait désormais tout la ville et les environs. Les derniers bruits du jour avaient enfin fini de s'estomper et avaient cédé la place à un calme plat propice au sommeil. La plupart des habitants goûtaient un repos mérité, voguant au gré de rêves dorés qui enchantaient leur nuit, mais certains s’enfonçaient dans des eaux troubles et tumultueuses, agitées de larmes, de remords et de crainte. Mariko, vaincue par le chagrin qui l’avait submergée alors qu’elle avait tenté de l’oublier, s’agitait dans son sommeil malgré la présence rassurante de son époux, que la fatigue physique avait entraîné vers des rivages paisibles. Il avait bien songé que la présence de trois étrangers dans sa maison lui faisait courir un risque certain, ainsi qu’à sa femme, mais il n’avait pas eu la force de prolonger sa réflexion, et s’était contenté d’une prière pour regagner la paix intérieure. La présence des étrangers était peut-être une chance, et tout allait s’arranger…demain, il retournerait pêcher, faire ce qu’il avait à faire, sans rien changer à ses habitudes, sans attirer l’attention, et tout irait bien. Mais il faudrait sans doute leur dire…ils pouvaient sûrement l’aider…Dans la pièce principale, seuls deux corps serrés l’un contre l’autre reposaient paisiblement, la poitrine se soulevant au rythme régulier d’une respiration égale. Esteban et Zia s’étaient endormis main dans la main, chacun cherchant dans la chaleur de l’autre le réconfort après cette journée éprouvante. Leur compagnon, même s’il n’avait rien dit, avait ressenti cruellement l’absence de celle sur laquelle il veillait depuis tant de nuits, et qu’il avait dû laisser seule. Et c’est seul qu’il devait affronter les assauts des ténèbres libérées par l’atmosphère endeuillée de la maison de Mariko.
Une immense et imposante silhouette sombre s'agitait, moqueuse, devant ses yeux... Cette ombre prenait plaisir à effrayer sa proie d’une voix grave qui aurait fait trembler n'importe quel homme, elle savait qu'aucune arme ne pouvait terroriser une proie davantage que ses paroles à la justesse blessante et menaçante. Ligoté et à la merci de son prédateur, le petit être priait de toute son âme pour trouver quelque chose qui lui permettrait de rompre ses liens et de s'enfuir. Par chance, ses doigts touchèrent un objet sans aucun doute suffisamment tranchant pour lacérer des cordes, il s'en saisit et s'empressa de trancher ses liens. A peine était-elle debout que la victime se précipita à l'opposé de l'ombre. Elle ne devait pas être rattrapée ! Sous aucun prétexte ! Si cela venait à arriver cela signifiait qu’un point de non retour serait atteint. Courir, courir sans s'arrêter. C'était la seule solution possible. Mais que se passerait-il si la direction prise ne menait qu'à une impasse ?... Pas le temps de réfléchir ! Il fallait d'abord fuir le plus vite possible, se soucier du point d'arrivée était secondaire. Il serait toujours temps de trouver un plan B à ce moment là, enfin il fallait espérer... Une... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Cinq minutes. Cinq minutes pour se retrouver au pied d'une falaise haute d'au moins trente-cinq mètres, la paroi en était si raide et friable qu'il était impossible de l'escalader – de toute façon, il était hors de question de grimper même si ça avait été faisable – et puis longer le mur de pierre ne servirait à rien. Piégé, comme un rat et impossible de faire demi-tour, l'ombre était déjà en vue... Le mauvais sort s'acharnait ! La proie reculait mais se trouva bien vite adossée à la falaise. C'en était fini ! Elle allait le tuer. N’était-ce pas le sort qui attendait toute proie ? La fuite ne faisait que retarder l’issue fatale. Subitement la roche de la falaise devint semblable à des sables mouvants, avant même d'avoir pu réagir, ses pieds et ses mains furent pris au piège puis c'est tout son corps qui disparut dans la roche, impossible de se débattre, ça ne faisait qu'accélérer les choses. Il ferma les yeux, une larme glissa sur sa joue alors que la falaise finissait de l'avaler... Ses paupières papillonnèrent. Quand il les ouvrit il était allongé à plat ventre sur une terre humide dans une sorte de grotte. Il se releva et se mit debout en s'appuyant sur la paroi. La chose ne l'avait pas suivie, il allait donc pouvoir chercher une sortie sans se presser plus qu'il ne l'aurait fait en étant poursuivi. Le couloir dans lequel il se trouvait était éclairé par des torches espacées d'environ huit mètres les unes des autres. Tout allait bien. Enfin jusqu'à la première intersection... Elle était là, dans le couloir de droite. Il n'en fallut pas plus pour que la chasse reprenne. Plus il tentait de lui échapper plus la tâche devenait ardue : A chaque croisement de couloir un nouveau prédateur s'ajoutait à ceux déjà présents! Combien de temps cela allait-il encore durer ? Pas longtemps. Il s'était fait avoir comme un gamin, l'ombre l'avait poussé vers un cul-de-sac ! Face à lui se tenaient pas loin de dix ombres ! Elles se rapprochaient alors que lui ne cherchait qu'une simple issue, une fente dans le mur de terre, un autre miracle... Semblant obéir à ses prières une fissure apparut comme par magie et sans y réfléchir il s'y jeta ; la fissure n'était pas assez large pour qu'une ombre l'y suive. Pendant sa progression dans ce tunnel providentiel, il sentait bien que celui-ci devenait de plus en plus étroit mais la simple petite lueur qu'il voyait le forçait à avancer davantage : une lueur d'espoir... Cela faisait déjà quelques mètres qu'il avançait péniblement en luttant contre les parois se refermant sur lui, lui comprimant la poitrine et l'empêchant de respirer, il tenta d'accélérer le mouvement pour mettre fin à ses souffrances, il ne fit que s'écorcher encore les mains et les mollets sur les parois. Il réussit néanmoins à sortir de la fissure et tout ça pour comprendre que sa lueur d'espoir n'avait en fait été qu'une lueur de désillusion : devant lui et ses yeux redevenus ceux de l'enfant qu'il avait été, ses amis devenus famille tous morts, tués d'une flèche de l'ombre. Il les avait perdus, tous, comme il avait perdu ses proches, tant d’années auparavant. Il était seul, seul face aux ombres. Il voulut hurler mais aucun son ne sortit. Il voulut pleurer mais aucune larme ne vint glisser sur ses joues. Il voulut mourir à leur place mais la mort vient chercher ceux qu'elle désire... Les ombres l'encerclèrent... Un cercle de rire sadique et grave... Il ne put qu'en atténuer le bruit en posant ses mains sur ses oreilles... Il se recroquevilla sur le sol... Il attendit qu'elles en finissent... Mais elles n'en firent rien...
Le front perlant de sueurs froides, il ouvrit les yeux et se redressa.
T : Mon pauvre Tao... Encore et toujours ce même foutu cauchemar depuis dix ans... Pauvre idiot ! Il est mort...
Il battit des paupières. Il perçut le souffle régulier des deux corps allongés. Par chance, ils ne l’avaient pas entendu. Il les envia. Il les contempla un moment, essayant de reprendre son calme, chassant les lambeaux de cauchemar qui remontaient encore à l’assaut. Soudain, son cœur bondit dans sa poitrine. Une ombre se découpait sur le sol en tatamis, à la clarté de la lune. Il retint son souffle, et clairement il entendit une respiration qui se mêlait à celle des fiancés, une respiration légère et lente, qui tentait de se caler sur celle des dormeurs pour se faire oublier. Qui les observait donc ainsi ? Tao ferma les yeux, les rouvrit. L’ombre était toujours là. Lentement, il se recoucha, espérant la faire disparaître. Mais il entendait toujours la respiration de l’être qui se tenait près d’eux. Il tenta de réfléchir. Le maître ou la maîtresse de maison étaient descendus. Peut-être était-il temps pour Tadashi de partir travailler. Quelle heure pouvait-il bien être ? L’aube était sans doute proche. Mariko, ne trouvant pas le sommeil, était peut-être en prière devant l’autel situé derrière eux, à l’autre bout de la pièce. Il suffisait d’attendre, de se calmer, et tout irait bien. Ils étaient en sécurité. Il n’y avait aucune ombre mauvaise, le cauchemar était terminé. Oui, c’était sans doute Mariko ou Tadashi qui se tenaient là. Mais quand Tao entendit comme un frottement semblant indiquer que l’ombre se déplaçait sur les tatamis, il voulut en avoir le cœur net, et se redressa d’un coup. Il voulait chasser de son esprit l’ombre cauchemardesque qui le hantait. Le frottement s’arrêta brusquement. Tao ne vit rien devant lui. Mais l’ombre avait changé de place, et cette ombre se découpait à présent plus nettement. Elle n’évoquait pas la silhouette de Mariko. Quant à celle de Tadashi…Tao n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage. L’ombre bondit sur lui et une main se plaqua sur sa bouche avant qu’il ait pu émettre un son. Il tenta de se débattre, mais on le tenait fermement, tandis qu’une voix murmurait à son oreille quelque chose qu’il ne comprit d’abord pas. La voix était familière, et n’avait rien d’hostile. Il finit par se calmer et comprendre, et regarda, incrédule, le visage de celui qui lui parlait. Ichiro enleva sa main de la bouche de Tao et desserra son étreinte. Ils se contemplèrent un instant. Tao ne put s’empêcher de toucher le visage de son ami. Des larmes lui montèrent aux yeux.
Ic : Je suis bien vivant.
T : C’est impossible…On nous a dit que Yoshi était mort, et puis toi, et te voilà…
Ic : Mariko me croit mort. Elle doit continuer à le croire, pour son bien, tu comprends ?
T : Pour son bien ? Tu es fou ? et qu’est-ce que tu fais là ?
Ic : Moins fort ! Je ne voulais pas vous réveiller, mais puisque c’est fait, c’est peut-être mieux ainsi. Mais il ne faut pas qu’elle nous entende. Viens, il vaut mieux que je parte, je n’ai pas beaucoup de temps.
Il glissa vers la porte d’entrée. Tao le suivit sur le seuil. Ichiro avait fait coulisser avec d’infinies précautions le panneau de bois pour qu’ils prennent place sur les marches extérieures.
Ic : Je suis recherché, je me cache. Seul Tadashi est au courant.
T : Tu es recherché ? Je réveille Esteban, et on file au condor !
Ic : Non, attends, ce n’est pas si simple, je ne suis pas seul, il y a un enfant avec moi, et il est malade. C’est pour ça que je suis venu, il me fallait trouver un moyen de faire baisser la fièvre, ça fait trop longtemps qu’Azami et Tadashi n’ont pas pu venir nous voir, ça devient dangereux…
T : Un enfant malade ? laisse-nous t’aider, tu sais bien que Zia…
Ic : Pas question de vous mettre en danger vous aussi ! Parlez-en à Tadashi d’abord, maintenant je dois partir !
E : Pas sans nous !
Esteban acheva de pousser le panneau coulissant. Derrière lui se tenait Zia.
E : J’ai compris que tu étais pressé, alors allons-y, tu nous expliqueras quand tu pourras.
Ichiro hocha rapidement la tête et se lança dans la nuit, ses amis à sa suite. Zia avait l’impression de vivre un rêve éveillé, et elle doutait même que la soirée qu’ils venaient de passer en compagnie de Mariko et Tadashi ait été réelle. Poursuivait-elle le fantôme d’Ichiro ? Où les entraînait-il ? Elle s’était réveillée en entendant les voix de ses deux amis, et elle n’avait pas été étonnée de reconnaitre celle d’Ichiro, comme si elle avait su qu’elle devait le revoir. Elle avait retiré sa main de celle d’Esteban, ce qui avait provoqué un légère agitation du jeune homme. Puis Tao et Ichiro s’étaient glissés dehors. Elle avait alors décidé de secouer son fiancé pour le réveiller à son tour, lui murmurant qu’Ichiro était là. Il l’avait d’abord regardée sans comprendre, mais elle lui avait intimé d’écouter, et malgré son esprit embrumé par le sommeil il ne lui avait fallu que quelques secondes pour réagir, et se lever. Il ne pouvait s’empêcher à présent de se demander ce qu’il faisait, à suivre un homme qu’il avait cru mort quelques heures auparavant, dans les rues désertes d’une ville qui n’était pas sûre pour eux, alors qu’il avait laissé seules Indali et Marie, sans compter que si Mariko et Tadashi venaient à s’apercevoir de leur absence, ils ne manqueraient pas de s’inquiéter. Ils s’éloignaient de la ville en direction de la côte, évitant soigneusement les rares zones éclairées. La silhouette massive du château se devinait sur les hauteurs. Tout semblait d’un calme irréel, et les bruits de leurs pas résonnaient dangereusement à leurs oreilles. Ils sortirent pourtant de la ville sans rencontrer quiconque, et parvinrent peu après aux abords de la côte. De temps en temps, Ichiro se baissait comme pour ramasser quelque chose. Ils ralentirent leur allure, dépassèrent quelques criques où se balançaient doucement des barques, et parvinrent à une zone où des roches impressionnantes aux formes déchiquetées s’offraient aux assauts de l’océan, quelques mètres en contrebas. Ils n’avaient pas échangé un mot. Ichiro se dirigea vers un promontoire qui se terminait par une masse rocheuse de forme arrondie, comme si les eaux avaient façonné là une perle en équilibre sur une falaise. Dans une anfractuosité se trouvait un petit autel dédié aux divinités marines. C’était là que les pêcheurs de ce faubourg de la ville déposaient leurs offrandes, au milieu de quelques ex-voto plus ou moins patinés par le temps. Ichiro, se retournant vers ses amis, s’adressa à eux pour la première fois depuis leur départ.
Ic : C’est ici que Tadashi dépose un peu de nourriture pour moi quand il le peut. J’essaie de ne pas donner l’impression que les offrandes disparaissent, au cas où quelqu’un ferait attention à cela, mais peu de gens viennent encore par ici. Il n’y a presque plus de pêcheurs, à cause des folies de Shimazu, qui voudrait enrôler toute la population s’il le pouvait. Ce sont surtout les pêcheuses de perles comme Azami qui fréquentent l’endroit.
Z : Azami ? la sœur de Teijo ?
Ic : Oui. Elle aussi m’aide. Mais ne restons pas là. On va descendre, faites attention.
Il contourna la masse rocheuse. Derrière se trouvaient d’autres éperons rocheux qui émergeaient des flots à intervalles plus ou moins rapprochés, l’ensemble formant une masse à la surface irrégulière, parcourue de failles et parsemée de gouffres. Ichiro commença à descendre entre deux rochers qui se terminaient en pointes grossières. Ses compagnons découvrirent que des marches avaient été creusées jusqu’à une plate-forme en contrebas, puis la roche s’abaissait en pente douce. Il fallait cependant prendre garde à ne pas s’éloigner de la paroi, pour ne pas risquer de chuter dans la mer. Ils parvinrent après quelques pas prudents devant une paroi qui leur barrait le passage. Ichiro s’accroupit et sembla tirer quelque chose. Quand il se releva, ils constatèrent qu’il avait ouvert une trappe.
Ic : Approchez, il y a une échelle. Il suffit de se laisser guider. A l’arrivée, ne vous éloignez pas.
Un à un, ils descendirent dans l’obscurité. Esteban posa le premier le pied sur un sol froid et humide. On entendait un grondement étouffé. Il avait beau écarquiller les yeux, il ne distinguait rien autour de lui. Zia se serra bientôt contre lui puis il sentit les mains de Tao qui cherchaient à vérifier qu’il se trouvait bien près d’eux. La trappe se referma, et Ichiro fut bientôt à leurs côtés.
S : Ichiro ? C’est toi ?
La voix, une voix d’enfant, les fit sursauter malgré eux.
Ic: Oui, ne t’inquiète pas. Je suis venu avec des amis.
S : Le feu s’est éteint. J’ai froid.
Ic : Je vais arranger ça. J’ai rapporté ce qu’il faut.
Il dépassa le petit groupe , qui le suivit. Leurs yeux s’étaient habitués à l’obscurité, qui n’était pas complète. La grotte où ils étaient descendus, outre l’ouverture fermée par la trappe, comportait une étroite faille verticale s’ouvrant sur l’horizon de la mer, et laissant filtrer un mince rayon de lune. Ils constatèrent qu’Ichiro s’affairait à rallumer un foyer de l’autre côté duquel se tenait une silhouette recroquevillée sur elle-même, couchée sur le sol. Zia s’approcha. L’enfant frissonnait de fièvre.
Z : Inutile d’allumer un feu. Il faut quitter cet endroit au plus vite. Esteban, tu vas le prendre sur ton dos. Ichiro, donne-moi ce morceau de tissu que tu utilises pour porter le bois ramassé en route. Tu monteras le premier pour aider Esteban. Tao, tu monteras derrière Esteban pour assurer ses arrières.
Tout en parlant, elle palpait les membres de l’enfant ; il gémit. Zia prit l’étoffe grossière que lui tendait Ichiro et demanda à Tao de soulever le corps tremblant, qu’elle maintint sur le dos d’Esteban en nouant le tissu. Elle agissait le plus promptement et le plus délicatement possible, en s’efforçant de calmer le blessé par de douces paroles et des caresses. Quelques instants plus tard, ils étaient à nouveau à la surface.
Ic : Et maintenant ?
La façon dont Zia avait pris la direction des opérations avait surpris Ichiro tout autant qu’il s’était senti soulagé, et il avait obéi sans réfléchir, abruti de fatigue. Cela faisait si longtemps qu’il se cachait dans cette grotte sans savoir comment cela allait finir. L’état de Sora avait brusquement empiré, mais il avait hésité à sortir, il avait attendu deux jours en vain qu’Azami ou Tadashi donnent signe de vie. Il s’en était voulu de ne pas avoir agi plus tôt, mais à présent il se disait qu’il avait bien fait. Ses amis étaient là.
E : On file au condor. Tu nous guides.
Il lui expliqua où ils l’avaient posé ; il leur faudrait presque une heure de marche pour y parvenir. Ils allaient quitter l’abri des rochers quand Ichiro s’immobilisa brusquement, et adressa quelques mots en chuchotant à Zia, qui marchait juste derrière lui.
Ic : Il y a quelqu’un, caché sur la droite. Si ça tourne mal, sauvez Sora.
Z : Je viens, attends !
Il était déjà parti. Zia eut juste le temps d’ordonner à Esteban et Tao de ne pas bouger et se faufila à sa suite le long de la paroi rocheuse, se concentrant pour être prête à intervenir. Soudain, Ichiro s’arrêta net ; ils étaient presque au bout de la paroi. S’il y avait quelqu’un, il devait retenir son souffle à quelques centimètres d’eux. Zia n’eut pas le temps de réfléchir à une stratégie. Ichiro contournait déjà la roche en position d’attaque. Mais il n’y eut pas de lutte, pas de riposte. Seul le halètement du jeune homme trahissait son trouble, en déchirant le silence. Zia eut la certitude d’une autre présence derrière le rocher. Elle s’approcha à pas lents, sans qu’Ichiro n’esquisse le moindre geste. Il était comme pétrifié. A ses pieds, une forme tremblante était recroquevillée, plaquée contre la paroi. Zia se pencha vers elle et la prit dans ses bras pour l’aider à se relever. Elle se laissa faire, comme privée de toute volonté. Quand elle fut debout, Ichiro baissa son bras prêt à frapper. Des pas résonnèrent derrière eux. Tao poussa une exclamation étouffée. Esteban grommela quelques mots.
E : Bon, plus de peur que de mal. Mais ne traînons pas, le petit ne va pas attendre que vous vous expliquiez pour qu’on y aille.
Ichiro acquiesça et se tourna pour partir. Une main le retint.
Mar : Ichiro !
La sœur serrait fermement le poignet de son frère, qui se dégagea en lui prenant la main tout en murmurant : « Plus tard, je t’expliquerai soeurette. Pardonne moi ».
Zia entraîna Mariko à la suite des hommes en lui glissant quelques mots. Oui, son frère était bien vivant. Elle était désolée d’avoir quitté la maison sans lui dire la vérité, mais les choses s’étaient faites dans la précipitation, et elle-même n’en savait pas plus sur la réapparition d’Ichiro. Il y avait urgence à regagner le condor pour soigner un enfant, et mieux valait éviter de parler davantage. Le chemin allait être long, mais tout allait s’arranger. Mariko écouta sans protester et se laissa guider comme dans un rêve. Depuis la visite de ses amis jusqu’au moment où son frère s’était dressé face à elle, tout lui paraissait irréel, et elle ne parvenait pas à croire à la réalité des bruissements de la nuit, des pierres qui la faisaient trébucher et des feuilles qui la frôlaient. Elle entendait à nouveau le chuchotis des voix qui l’avaient fait descendre dans le salon, irrésistiblement attirée par un timbre familier ; elle revoyait les silhouettes flottantes derrière le shoji, bientôt envolées ; elle se souvenait être restée un instant hébétée, indécise, puis, irrésistiblement, elle s’était enfoncée dans la nuit, guettant le groupe fantomatique dans les ténèbres. Comment avait-elle réussi à ne pas les perdre ? Elle préférait ne pas penser au moment où son cœur avait failli s’arrêter de battre, quand elle s’était retrouvée à un carrefour désert, sans savoir quelle rue prendre. Même si elle avait voulu crier, elle n’aurait pu : sa gorge était si serrée qu’aucun son ne pouvait franchir ses lèvres. Elle avait cru apercevoir la queue flamboyante d’un renard, et s’était brusquement engagée dans la ruelle où elle avait disparu. Elle avait débouché sur une friche baignée par la lueur incertaine de la lune. Au loin, un petit groupe filait. Elle ne les avait plus lâchés jusqu’à la côte, mais quand ils s’étaient arrêtés près des roches déchiquetées, elle s’était cachée comme elle avait pu, tout en les guettant pour obtenir la confirmation de ce qu’elle espérait sans y croire. La vue d’Ichiro l’avait terrassée de joie et de douleur. Elle s’était effondrée, et le temps qu’elle reprenne un peu ses esprits elle avait constaté avec horreur qu’elle était seule : ils avaient disparu. Elle avait osé alors sortir de sa cachette, s’était approchée de l’autel creusé dans la roche, avait presque résolu, après une rapide prière, de s’enfoncer dans les ténèbres où sifflait le vent marin, dans l’espoir de retrouver la trace du petit groupe. Leurs voix l’avaient à nouveau rejetée, pantelante, dans un renfoncement obscur, mais elle n’avait pas été assez rapide en regagnant sa cachette. Elle se demandait encore si elle aurait la force de se montrer à ce frère qu’elle pensait mort sans que son esprit bascule dans la folie, tant les questions se bousculaient dans sa tête, quand il l’avait surprise. Mais bientôt, elle saurait. Zia le lui avait assuré. La nuit ne serait pas sans fin.
Le fardeau d’Esteban rendait leur progression plus difficile ; il fallait prendre des précautions pour ne pas faire souffrir l’enfant. Heureusement, ils n’avaient pas à traverser de zones habitées, et les gémissements du petit blessé se perdaient dans la nuit. Enfin, la silhouette imposante de l’oiseau d’or leur apparut, provoquant un mouvement de recul d’Ichiro, surpris malgré lui par cette apparition fantomatique, limbée d’un rayon de lune, dont le bec s’ouvrit comme par magie.
Z : Ne crains rien. Nous sommes en sécurité à présent.
A l’intérieur, tout était silencieux. Marie et Indali, malgré leur inquiétude de ne pas voir revenir leurs amis, avaient cédé au sommeil. Marie s’était retirée dans sa chambre, mais Indali reposait dans la salle principale, la tête sur son bras replié, appuyé sur la table. Malgré leurs précautions, les arrivants la réveillèrent en déposant le plus délicatement possible l’enfant à moitié inconscient sur une des banquettes. Encore à moitié endormie, elle vit Zia s’affairer, quitter la pièce et revenir, tandis que Tao, qui avait remarqué son réveil, venait à elle et lui expliquait doucement la situation, l’enjoignant à regagner sa chambre, ce qu’elle refusa. Elle insista pour apporter son aide à Zia, et elles soignèrent ensemble le blessé. Mariko, aussitôt montée à bord, avait serré son frère dans ses bras sans un mot, et n’avait pas désserré son étreinte pendant de longues minutes. Ichiro l’avait lui aussi entourée de ses bras, doucement, tendrement. Quand ils se regardèrent enfin, le visage de Mariko rayonnait à travers ses larmes, et Ichiro esquissa un sourire, trop conscient encore de la peine qu’il avait causée à sa sœur pour exprimer pleinement la joie qu’il avait à la retrouver.
Mar : Et maintenant, raconte. Je ne te laisserai pas repartir sans que tu m’aies tout dit.
Ichiro se mit à raconter, à l’intention de sa sœur et de ses amis.
Deux semaines avant leur arrivée, Ichiro avait participé à une nouvelle levée de taxes dans un village proche. Depuis le début de l’année, le Daimyo Shimazu avait déjà ordonné à ses soldats de procéder à plusieurs expéditions semblables, car il avait besoin de nouveaux fonds pour financer sa guerre avec le clan Itô. Les paysans des alentours avaient déjà payé un lourd tribut, et il ne restait à certains plus rien que leurs quelques biens personnels et leurs outils. Aussi, lorsqu’ils avaient osé dire qu’ils ne pourraient plus ni travailler ni vivre si on leur enlevait le peu qu’il leur restait, on leur avait rétorqué qu’ils n’avaient qu’à s’enrôler pour servir leur Daimyo. Ainsi ils seraient utiles à quelque chose, et leur mort serait plus honorable que s’ils mouraient simplement de faim. Quand ils avaient répliqué qu’ils ne feraient pas de bons soldats, et qu’il fallait bien quelqu’un pour cultiver les terres et nourrir l’armée, ainsi que le Daimyo, leur bon sens avait été pris pour de l’insolence. Il fallait faire des exemples. Une tête tomba, mais aucun paysan ne se résolut ensuite à céder. Une deuxième tête tomba, puis une troisième. Les soldats commençaient à se sentir mal à l’aise : ils n’allaient pas massacrer jusqu’au dernier ces paysans impuissants, qui préféraient mourir ainsi plutôt que de céder à un ordre absurde et injuste. Sentant un relâchement dans la discipline, un jeune paysan tenta de s’adresser à eux, mais sa tête tomba. Cette fois, ses camarades s’agitèrent, et bientôt tentèrent de s’en prendre aux soldats avec leurs outils ou à mains nues. Ce fut un massacre. Ichirô n’avait pas fait partie de ceux à qui on avait ordonné de couper les têtes, et il se battait à présent pour éviter d’être mis à terre, piétiné et frappé à mort, alors que le spectacle des paysans exécutés impitoyablement l’avait révulsé. Malgré lui, il fit couler le sang. Bientôt, il ne resta plus un paysan debout, parmi ceux qui avaient osé attaquer. Les autres s’étaient enfuis. L’ordre fut donné de brûler le village. Si les paysans voulaient survivre, ils n’avaient plus qu’à supplier qu’on les enrôle dans l’armée, ou se résigner à vivre comme des bêtes dans la forêt, où on les traquerait jusqu’au dernier. Cela avait été crié assez fort pour parvenir aux oreilles des fuyards, qui n’étaient pas allés bien loin et attendaient la suite des événements, tapis dans les fourrés. Quant aux familles, aux femmes, aux enfants, aux vieillards, ils étaient restés cachés à l’intérieur des maisons, et hésitaient à sortir, craignant la réaction des soldats après la répression sanglante de la tentative de révolte. Un soldat s’approcha d’une maison en quête de feu, tandis que ses camarades préparaient de quoi embraser le village. Ichiro était tout près, et s’affairait sans conviction à briser une houe pour en faire une torche. Il vit alors un adolescent sortir de la maison où son camarade s’apprêtait à pénétrer et lui barrer le passage. Tout alla très vite, le sabre fendit la poitrine du garçon qui s’effondra. Aussitôt, un hurlement retentit et un enfant déboula dans les jambes du soldat, le déstabilisant. Il tomba en arrière, et l’enfant se mit à le frapper avec un seau en bois de toutes ses forces. Ichiro se précipita pour l’arrêter. Il se débattait entre ses bras. Le soldat se remit debout. Il était furieux et n’aurait pas eu de mal à se venger de l’enfant si Ichiro ne s’était pas interposé. Ce dernier repoussa le garçon loin de lui dans l’espoir qu’il s’enfuie, mais le petit se jeta sur le cadavre de son frère en pleurant. Le commandant de la troupe arriva et demanda à Ichiro ce qui se passait, mais celui-ci fut incapable d’articuler un mot. Ce qu’il avait voulu éviter allait fatalement se produire, il le savait, et il se sentait terriblement impuissant. Son camarade expliqua la situation à sa place, et reçut immédiatement l’ordre de mettre le feu à la maison puis d’aider les autres à faire de même. « Quant à toi, qu’attends-tu pour exécuter ce traitre ? On ne s’attaque pas impunément aux soldats du Daimyo Shimazu ! » Ichiro n’avait pas réagi. L’ordre avait été aboyé une nouvelle fois. Alors Ichiro avait clairement signifié à son supérieur qu’il ne tuerait pas un enfant. Autour d’eux, les maisons s’enflammaient, les cris s’élevaient et les lamentations emplissaient l’air. Tout paraissait soudain insupportable à Ichiro, il n’avait qu’une envie, quitter cet endroit, pour que son sang cesse de battre à ses tempes jusqu’à le rendre fou. Mais l’enfant…le commandant, excédé devant l’insubordination d’Ichiro, avait levé son sabre. Le jeune homme savait qu’il serait le second à subir la morsure du métal. Il n’avait plus son arquebuse, déposée pour accomplir sa besogne de boute-feu, et ne pouvait compter que sur son seul courage. Son corps bondit en avant, mû par un instinct formidable. Le sabre s’abattit mais glissa sur la mince cuirasse du jeune homme en l’entaillant et s’abattit sur la terre, à quelques centimètres du cadavre du jeune paysan. Ichiro avait réussi à éviter le coup et à arracher du cadavre le petit garçon en pleurs ; il se mit à fuir comme une bête aux abois, serrant contre sa poitrine un paquet de chair vidé de son énergie en même temps que de ses larmes. Il fonça droit sur des maisons en flammes. Il n’avait sans doute dû son salut qu’à l’écran de fumée qui l’avait rapidement fait disparaître à la vue de ses camarades. Il courait sans réfléchir quand il était tombé dans une fosse nauséabonde, heureusement peu remplie. Lui et l’enfant s’étaient cachés là jusqu’à la nuit, puis il avait pris le risque de sortir, même si des soldats pouvaient encore être dehors à surveiller les ruines fumantes. Les lieux étaient déserts. Quand il avait fait sortir l’enfant, celui-ci avait aussitôt couru vers ce qui restait de sa maison. Ichiro avait dû le retenir de fouiller les cendres au risque de se brûler. Il avait cependant trouvé une toupie de bois noircie qui devait trainer aux abords de la maison avant l’incendie, et l’avait tendue à l’enfant. Celui-ci s’en était emparé avidement. Ichiro avait alors pu l’entraîner loin de cette scène de désolation sans qu’il proteste. Ils étaient allés se laver à la rivière sans rencontrer quiconque. Les paysans survivants avaient-ils donc tous rejoints les rangs des soldats ? Où étaient les autres habitants du village ? Ichiro préféra ne plus penser à cela et se concentrer sur leur survie à tous les deux. Quand l’enfant mit les pieds dans l’eau, il poussa un cri qui fit frémir Ichiro. Il comprit vite que le sabre du commandant n’avait pas touché que le sol. La blessure n’était pas profonde, mais assez vilaine pour l’inquiéter. L’enfant, sous le choc de ce qui s’était passé, avait marché et couru sans y prêter garde, ce qui avait contribué à maintenir la plaie ouverte. Leur séjour dans la fosse lui avait donné un aspect repoussant, et Ichiro s’employa à la nettoyer du mieux qu’il put tout en plaquant sa main sur la bouche du garçon pour l’empêcher de crier. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour l’instant. Il se souvint des plantes médicinales qui poussaient dans le jardin de son grand-père. La route était longue pour y parvenir, mais ils ne pouvaient pas rester là de toute façon. Il avait pris l’enfant sur son dos et ils étaient partis. Ils avaient passé la fin de la nuit et les premières heures du jour là-bas, mais Ichiro s’était rendu à l’évidence : la maison de Yoshi n’offrait pas un abri sûr et manquait de tout. S’il était recherché, on ne manquerait pas de venir fouiller là tôt ou tard. Si on le croyait mort, disparu dans l’incendie du village, il ne pouvait malgré tout pas rester là avec un enfant blessé, qui avait besoin de soins et de nourriture. Il avait fini par apprendre que le garçon s’appelait Sora, avait huit ans, et était orphelin de mère. Quant à son père et son frère, il était inutile d’en demander plus à leur sujet. Ichiro avait pris la résolution d’aller demander de l’aide, malgré les risques. S’il avait été seul, il serait parti loin, avec le secret espoir de pouvoir prévenir sa sœur dès qu’il aurait trouvé une relative sécurité. Dans cette région en guerre perpétuelle, quelle chance avait-il de s’en sortir avec un enfant blessé ? Il devait trouver une solution pour lui, puis il partirait. Il partirait…mais pas sans avoir revu Azami, pas sans l’avoir prévenue. Elle saurait l’aider, elle comprendrait, elle ne le rejetterait pas parcequ’il était un traître…Alors il avait décidé de revenir à Kagoshima. Avec le recul, Ichiro réalisait qu’il n’était revenu que parce qu’il craignait de perdre Azami, de ne plus jamais la revoir, au risque de la mettre en danger, de les mettre tous en danger.
Mar : Azami…tu ne m’avais jamais dit…
Ic : On se voit si rarement toi et moi depuis quelque temps…personne n’était au courant…
Mar : Ce n’est pas un reproche, je suis surprise, et heureuse pour toi.
Ic : Moi non plus, je ne te reproche rien, c’est moi qui dois m’excuser de ne plus être aussi présent pour toi depuis que le Daimyo…
Mar : Ne parlons plus de lui ce soir, j’en ai trop entendu !
E : Je ne pensais pas que la situation avait empiré à ce point…tu as agi avec un courage remarquable, Ichiro.
Ic : Je ne sais pas si on peut dire ça…je ne me rendais pas compte de ce que je faisais…je me suis mis dans un beau pétrin…
Z : Tu as sauvé la vie de Sora en même temps que la tienne, c’est tout ce qui compte.
Mar : Tu es vivant, oui, je peux enfin m’en réjouir…même si j’aurais été fière de savoir que tu étais mort en voulant sauver un enfant innocent. Mais…je t’ai cru mort, noyé, et j’ai…j’ai beaucoup souffert.
T : Tu ne nous as pas tout raconté…
Ic : C’est vrai, je te dois des explications, soeurette. Et je…je comprendrais que tu ne me pardonnes pas.
Mar : Tout est pardonné, mais je veux savoir.
Ic : Je me suis caché avec Sora dans le cabanon où les pêcheuses de perles entreposent leur matériel, et j’ai laissé un message dans les affaires d’Azami. Je lui ai donné rendez-vous à la nuit tombée et je lui ai tout raconté. Comme je le pensais, elle n’a pas hésité à nous aider, en nous apportant de la nourriture le lendemain et de quoi soigner Sora. Mais nous ne pouvions pas rester là éternellement. Elle s’était renseignée, j’étais recherché.
Mar : Mais je n’en ai rien su…pourquoi ?
E : Probablement parce qu’on espérait qu’Ichiro commettrait l’erreur de se réfugier chez toi ou d’entrer en contact avec toi et qu’il ne fallait surtout pas donner l’alerte. Tu devais être surveillée sans le savoir.
Ic : Esteban a sans doute raison. Mais si je passais pour mort, tout s’arrangeait, et tu ne risquais aucun ennui. Azami a élaboré un plan : je devais voler une barque des pêcheuses, comme pour m’enfuir loin d’ici, et elle ferait en sorte que je sois surpris et alerterait les soldats. Nous avons imaginé une mise en scène à laquelle ils assisteraient depuis le rivage : je m’approcherais trop près des rochers, comme si je n’arrivais pas à manœuvrer la barque, et nous finirions par chavirer, ce qui n’a pas été trop difficile à réaliser vu que la mer était pas mal agitée ce jour-là. Pour les soldats, Sora et moi disparaissions donc en mer, mais en réalité Azami nous avait confectionné des outres pour nous aider à respirer sous l’eau, le temps que nous rejoignions la grotte.
T : Vous avez chaviré près de la grotte où nous étions tout à l’heure ? Elle communique avec la mer ?
Ic : Oui, seules les pêcheuses de perles connaissent l’existence de l’accès par la mer. C’est un secret que m’a révélé Azami Et seules les pêcheuses de perles sont autorisées à pénétrer dans la grotte par la terre, une fois par an, en compagnie d’une prêtresse..
Mar : Elle a trahi son serment pour toi ! Et vous avez violé un lieu sacré !
Ic : Oui…
Z : Vous avez tous pris des risques énormes…Sora y compris.
Ic : Il aurait pu effectivement se noyer. J’ai cru que nous allions nous fracasser sur les rochers tant les courants étaient puissants. Azami avait laissé un repère pour m’aider à trouver l’entrée de la grotte, mais ce n’est pas pour autant que la tâche a été facile.
Mar : Vous êtes fous ! Vous auriez pu y rester !
Ic : C’est ce que les soldats ont cru en tout cas, et c’est le principal.
T : Mais ils n’ont pas retrouvé vos corps…
Ic : Non, juste des morceaux de la barque, et quelques lambeaux de vêtements. Il faut croire que ça leur a suffi. Et puis, le commandant ne voulait sûrement pas trop remuer cette histoire, par peur de soulever l’indignation des habitants de Kagoshima. Les gens en ont assez, tout peut basculer en un instant, comme au village incendié.
Mar : Nous n’avons rien su de ce crime…On m’a juste dit que tu avais déserté, et que tu avais tenté de fuir par la mer, que tu t’étais noyé…
Ic : Je suis désolé de t’avoir infligé cela…
Mar : Je ne veux plus y penser !
Ic : Il faut pourtant que je te dise encore une chose…et ce n’est pas la plus facile à dire ni à entendre. Tadashi…m’a aidé aussi. Il m’a apporté de la nourriture pour qu’on ne suspecte rien du côté d’Azami, tu comprends, ils feignaient de déposer des offrandes sur le petit autel près du sanctuaire des pêcheuses de perles. De la part de Tadashi, cela pouvait passer pour une offrande afin d’apaiser l’esprit de son beau-frère qui s’était noyé à cet endroit, mais pour Azami…si quelqu’un avait remarqué qu’elle faisait autant d’offrandes, cela aurait paru étrange.
Mar : Tadashi…
Ic : Ne te sens pas trahie, je t’en prie. Il a gardé le secret à ma demande. C’était pour te protéger.
Mar : Me protéger…alors que moi, je me désespérais de ne pouvoir protéger ton âme, et je ne comprenais pas ce qui t’avait poussé à déserter si brusquement, je ne me consolais pas de t’avoir perdu à jamais…
Z : Il faut accepter et pardonner. Cela a dû être terrible pour Tadashi aussi.
E : Oui…porter ainsi un secret en regardant sa femme souffrir sans pouvoir la soulager…
Mar : Et quels étaient vos plans ? Tu comptais rester caché dans cette grotte combien de temps ? Tu avais l’intention de me faire savoir que tu n’étais pas mort ?
Ic : Il fallait que Sora guérisse, qu’il puisse marcher. On n’avait personne à qui le confier dans cet état, mais on pouvait peut-être le placer comme apprenti quand il serait remis sur pied…
Mar : Dis plutôt que vous vous complaisiez dans cette aventure romanesque ! Azami devait bien s’amuser à jouer les sauveuses pour son petit ami, et toi, tu ne voulais pas t’éloigner d’elle, c’est lamentable ! Vous auriez pu confier ce pauvre enfant à un temple, tu serais parti seul comme tu l’avais prévu au départ, avant de penser à Azami !
Ic : Je…tu as raison, j’ai tellement honte…je vous ai fait tant de mal, à toi et à Tadashi…
E : Attends ! Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé ! Toute cette souffrance, vous la devez au Daimyo, et à personne d’autre !
T : Exactement ! Depuis le début, je me retiens de dire ce que je pense de cette brute, mais je me ferais un plaisir de lui détruire son château, d’ailleurs, je me demande pourquoi on ne l’a pas fait depuis longtemps !
Z : Calmez-vous ! Je crois qu’on a tous besoin de digérer ce qu’on a vécu ces temps derniers et cette nuit, et ça ne se fera pas facilement. En attendant, profitons du peu de temps qu’il nous reste avant l’aube pour nous reposer. Il va falloir que Mariko rentre bientôt et mette Tadashi au courant.
E : En espérant qu’il ne se soit pas déjà aperçu de sa disparition et de la nôtre…Je raccompagnerai Mariko dans une heure.
T : J’irai avec toi, par les temps qui courent pas question d’y aller seul.
Z : Mariko, Ichiro, nous allons vous laisser veiller sur Sora. Tu avais raison, Mariko, il n’aurait pas fallu qu’il reste plus longtemps dans cette grotte. Il est parfois difficile de prendre les bonnes décisions, mais grâce à Ichiro, Sora est toujours en vie, et vous pouvez compter sur nous à présent. Nous vous aiderons à surmonter cette épreuve.
Mar : Vous avez déjà fait beaucoup, ils sont en sécurité ici.
E : Oui, il ne reste plus qu’à vous changer les idées ! Rien de tel pour ça qu’une belle fête de mariage !
Ic : Un mariage ? Quel mariage ?
Mar : Oh ! C’est donc cela que vous vouliez m’annoncer hier soir…
Z : Oui, on ne peut pas dire que nous ayons choisi le bon moment, ni la bonne façon…
E : Pas plus que maintenant, je sais ce que tu vas dire, mais au moins c’est fait !
Mariko pouffa de rire, puis s’approcha pour serrer ses amis dans ses bras.
Mar : Je suis si heureuse pour vous. Quelle bonne nouvelle !
Ic : Eh bien, félicitations à vous deux !
E : Merci, ça se passera en Inde, chez un Rajah autrement plus pacifique que votre Daimyo. Vous êtes nos invités, évidemment.
Ic : Nous irons en Inde ? Mais…
E : Tu verras, le vol en condor est une expérience beaucoup plus plaisante qu’une croisière en barque de pêcheuse !
Tao et Indali s’étaient retirés dans le laboratoire pour se retrouver en tête à tête pendant le peu de temps qu’il restait avant de retourner à Kagoshima.
I : Tao…sois prudent. Tu m’as manqué cette nuit.
T : Mais je suis revenu. Ne t’inquiète pas, on raccompagne juste Mariko. Repose-toi, et quand tu te réveilleras tu me trouveras à tes côtés.
I : Qu’est-ce que vous allez faire de Sora et d’Ichiro ?
T : Je suppose qu’Esteban et Zia en ont déjà discuté.
I : Je ne pensais pas être confrontée à tant d’horreurs en venant ici…
T : Les hommes sont les mêmes partout, crois-moi. Mais j’avoue que ce maudit Daimyo est particulièrement détestable.
I : Je me demande si on doit raconter cette histoire à Marie.
T : Toi et Zia, vous inventerez quelque chose pour expliquer la présence de ces passagers inattendus. Marie voulait faire la connaissance des Japonais, elle pourra questionner Ichiro tant qu’elle voudra sur les us et coutumes du pays, et nous, bien tranquilles, on n’aura pas à s’inquiéter pour sa sécurité. C’est une situation idéale, tu ne trouves pas ? Au fait, ça n’a pas été trop dur de la distraire hier soir ?
I : C’est une jeune fille charmante, elle n’a rien laissé paraître de sa déception et nous nous sommes bien amusées.
T : Pff…plus qu’avec moi ?
I : Tu es irremplaçable….
E : Tao, bouge-toi, on y va !
T : A tout à l’heure, Indali…
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Enfin des nouvelles de cette fiction : merci et bravo aux sextuplés ou plutôt au sextuor des Cités d’Or.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Tu t'en sors avec toutes ces lectures, Yupanqui? 
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Ben oui!
Même si parfois, il me faut quelques instants pour me remettre dedans et ne pas mélanger avec la tienne.
Surtout quand les publications sont espacées dans le temps : c’est parfois difficile de retrouver immédiatement le fil...
T’as vu mes remarques et corrections pour la tienne ?
Même si parfois, il me faut quelques instants pour me remettre dedans et ne pas mélanger avec la tienne.
Surtout quand les publications sont espacées dans le temps : c’est parfois difficile de retrouver immédiatement le fil...
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« On sera jamais séparés »

- TEEGER59
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Oui, oui. Merci!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
C'est pas faux ! Mais on replonge vite dans l'histoire, tant vos fanfics sont captivantes. ^^yupanqui a écrit : 02 janv. 2019, 22:28 Même si parfois, il me faut quelques instants pour me remettre dedans et ne pas mélanger avec la tienne.
Surtout quand les publications sont espacées dans le temps : c’est parfois difficile de retrouver immédiatement le fil...
On attends la suite, mais on peut attendre !
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !
Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 08/20
Saison 3 : 12.5/20
Saison 4 : pas pire que la 3ème, mais pas mieux... quoique...
Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
Ex : Akaroizis
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Et ben dis donc, Nonoko, tu peux te venter de me retourner le cerveau !
Cette histoire et bourrée de rebondissement, et oui on passe littéralement du coq à l'âne, c'est le jour et la nuit carrément si on peut dire ! Entre une acceptation limitrophe de la mort d'Ichiro et la nuit qui marque une frontière radicale entre les deux évènement !
PS : Pauvre Tao quand même, il aurais cru tout au début réveiller un fantôme, c'et dire le truc quoi !
Enfin bref je me demande ce que réserve la suite en terme de superlatif !
PS : Pauvre Tao quand même, il aurais cru tout au début réveiller un fantôme, c'et dire le truc quoi !
Enfin bref je me demande ce que réserve la suite en terme de superlatif !
Les Mystérieuses Cités d'or
Die geheimnisvollen Städte des Goldes
The mysterious cities of gold
Las misteriosas ciudades de oro
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Die geheimnisvollen Städte des Goldes
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- nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Merci Aurélien, mais comme je l'ai dit plus haut je n'ai fait pour l'instant que reprendre les idées d'Isaguerra, qui est la seule coupable concernant le jeu de yoyo entre la vie et la mort, et qui effectivement a bien fait souffrir le pauvre Tao avec ses cauchemarsAurélien a écrit : 03 janv. 2019, 11:51 Et ben dis donc, Nonoko, tu peux te venter de me retourner le cerveau !Cette histoire et bourrée de rebondissement, et oui on passe littéralement du coq à l'âne, c'est le jour et la nuit carrément si on peut dire ! Entre une acceptation limitrophe de la mort d'Ichiro et la nuit qui marque une frontière radicale entre les deux évènement !
PS : Pauvre Tao quand même, il aurais cru tout au début réveiller un fantôme, c'et dire le truc quoi !![]()
![]()
Enfin bref je me demande ce que réserve la suite en terme de superlatif !![]()
Je voudrais te promettre de ménager ton cerveau pour la suite, mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir tenir cette promesse...
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Alors, bonne patience!Akaroizis a écrit : 03 janv. 2019, 10:31C'est pas faux ! Mais on replonge vite dans l'histoire, tant vos fanfics sont captivantes. ^^yupanqui a écrit : 02 janv. 2019, 22:28 Même si parfois, il me faut quelques instants pour me remettre dedans et ne pas mélanger avec la tienne.
Surtout quand les publications sont espacées dans le temps : c’est parfois difficile de retrouver immédiatement le fil...
On attends la suite, mais on peut attendre !![]()
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Ne t'inquiète pas, justement la suite serait effectivement de bonne augure ! Cela amélioras d'avantage les précision !
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