[FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Yelen
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

Atlanta a écrit : 30 déc. 2021, 10:09 encore trop bien, mais trop triste...
J'aime la tristesse, que veux tu X)
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Atlanta »

Yelen a écrit : 30 déc. 2021, 12:47
Atlanta a écrit : 30 déc. 2021, 10:09 encore trop bien, mais trop triste...
J'aime la tristesse, que veux tu X)
pô bien
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par soulswavess »

Yelen a écrit : 29 déc. 2021, 21:24
soulswavess a écrit : 29 déc. 2021, 21:12 Mon retour c'est: OUI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

Chapitre 3
CW Anxiété, crise d'angoisse

Tao était déjà réveillé depuis un bon moment lorsqu'il se décida enfin à se lever. Après un brin de toilette, il sortit ; le ciel s'éclaircissait à peine, il s'écoulerait encore une bonne heure avant le lever du jour. Il résolut d'aller retrouver Pichu. Puisque le perroquet avait l'interdiction de s'éloigner, il ne pouvait pas chercher sa nourriture et il fallait donc lui apporter de temps en temps quelque chose à manger. Tao saisit une poignée de céréales dans une jarre posée devant la cabane, et repéra Pichu qui regardait le village d'un air curieux, perché sur un toit. Le garçon siffla brièvement, et l'oiseau vint se poser sur son épaule. Il mangea les graines avec reconnaissance, puis marqua un temps d'arrêt, ses gros yeux ronds fixés sur le visage pensif de Tao. Puis il se mit à lui piquer l'oreille de la pointe de son bec.

- Aïe ! Pichu, arrête ! Qu'est-ce qui te prend ?

- Tao malheurrrreux, Tao malheurrrreux !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Ne fais pas ta mauvaise tête, tu as eu à manger !

En son for intérieur, Tao se sentait humilié. Pichu, bien qu'il fût un perroquet, faisait partie de ceux qui le connaissaient le mieux : ils avaient vécu ensemble, seuls sur une île déserte, pendant de longues années. Pour chacun, la présence et l'amitié de l'autre était indispensable, et Pichu faisait parfois preuve d'une remarquable sagacité. Cette occasion n'échappait pas à la règle. Il avait vite percé à jour la carapace que le jeune garçon avait construite pour cacher la culpabilité qui le rongeait.

Esteban était une tête de mule, impulsif et manquait parfois cruellement de jugeote, mais il demeurait son meilleur ami. Le voir souffrir, et pire encore, lui mentir, était une torture. Tao n'avait, qui plus est, jamais été doué pour les sentiments. Il aimait se réfugier dans les faits et la logique implacable des livres, loin des tourments du coeur humain. Il se remémorait encore l'amertume qui l'avait saisi lorsque Viracocha avait présenté la jolie Maïna comme sa fiancée. Mais Tao mettait un point d'honneur à éviter les effusions de sentiments. Seul sur son île, il avait pris l'habitude de ne parler qu'à son compagnon à plumes, et il avait du mal à s'ouvrir aux autres. Désormais, il connaissait Zia, Esteban, et même Mendoza, Sancho et Pedro. En dépit de sa méfiance envers les adultes, il les savait dignes de confiance et parvenait, petit à petit, à exprimer son ressenti de manière plus naturelle, lorsqu'il en éprouvait le besoin.

Mais la situation présente dépassait de loin le cadre des émotions ordinaires. Il avait, depuis la veille, l'impression que les racines d'un arbre enserraient ses poumons et son coeur, lui rappelant douloureusement les révélations faites par Zia la veille. Il enviait la force de son amie; encore affectée par la mort de son père, elle endurait courageusement la culpabilité pour protéger une personne qui lui était chère. Tao ne faisait que la suivre. Quant à Mendoza... Il était souvent si distant qu'on ne savait jamais ce qu'il pensait. Le jeune garçon le soupçonnait de souffrir d'un problème identique au sien, et espérait qu'avec le temps, il leur partagerait ses états d'âme, quels qu'ils soient. La société espagnole dans laquelle Mendoza avait grandi semblait exiger des hommes une absence totale de sentiments, le moindre excès d'émotions étant vu comme une faiblesse et un manque de virilité. Tao, étranger à ces normes sociales, trouvait cela ridicule. Il constatait bien à quel point il lui était désormais difficile de partager ce qu'il ressentait, alors même qu'il était en compagnie des personnes les plus bienveillantes qui puissent exister.

En laissant ainsi son esprit vagabonder, Tao avait laissé filer le temps. Pichu avait regagné son perchoir et entrepris de lisser son plumage. Le soleil pointait déjà à l'horizon et les villageois commençaient doucement à se rassembler pour les funérailles. Le jeune garçon alla réveiller Esteban et Zia, qui le rejoignirent bientôt dehors. Tao se surprit une nouvelle fois à admirer l'expressivité d'Esteban. On lisait en lui comme dans un livre ouvert : une tristesse aveuglante, d'abord, puis, plus loin, une détermination renouvelée et un amour débordant. Peu adepte des gestes de consolation, Tao se contenta de serrer affectueusement l'avant-bras de son ami avec un regard qui se voulait compatissant. Il échangea un regard avec Zia, qui se mordit la lèvre avec violence ; Tao comprit que le fardeau du secret était lourd à porter, pour elle aussi.

Le village s'était rassemblé sur un petit tertre à flanc de montagne, qui était maintenant éclairé par le soleil levant. Seule ombre au tableau : une pierre tombale dressée en son centre, fraîchement décorée de fleurs. C'était la dernière demeure de Papacamayo. Non loin, Viracocha avait désigné de la main l'endroit où serait enterré Athanaos. Il avait pour l'occasion revêtu des atours de chef, et il portait notamment un bâton de marche décoré que Tao reconnut comme ayant appartenu au père de Zia. Celle-ci semblait l'avoir également remarqué, puisqu'elle détourna rapidement le regard pour chercher Esteban des yeux. Il avait fendu la foule pour aider à creuser la sépulture. Zia et Tao, restés en retrait, contemplaient en silence leur ami ouvrir la terre avec vigueur, ignorant la sueur qui commençait à couvrir son front.

Mendoza, lui, se tenait à l'écart du groupe, comme à son habitude. Tao fut surpris de constater que le navigateur d'habitude si impassible battait furieusement des paupières pour empêcher les larmes de lui monter aux yeux. La mort d'Athanaos l'affectait beaucoup plus qu'il ne voulait bien l'admettre. Ce qui n'avait rien de surprenant, se dit Tao. Mendoza avait rescapé Esteban alors qu'il n'était encore qu'un bébé, bravant le danger pour l'arracher à la tempête qui menaçait de le tuer. Mais il n'avait pas pu sauver son père, même à l'époque. Ce souvenir avait dû le hanter, et la révélation de l'identité du Grand Prêtre n'avait dû en être que plus douloureuse. C'était de plus lui-même qui avait offert à Esteban l'espoir que son père était encore en vie, à l'époque dans le seul but de l'inciter à embarquer avec lui vers le Nouveau Monde. Et voilà que cet unique espoir était réduit à néant, sans même que le principal intéressé ne le sache. Voilà, se disait Tao, les pensées qui devaient animer l'esprit de Mendoza en cet instant. Le jeune garçon voulut d'abord le rejoindre pour lui apporter son soutien, puis se souvint au dernier moment que Zia était censée être la seule au courant de la véritable identité du défunt. Il resta donc où il était, faisant mine de n'avoir rien vu, et reprit son observation de l'assemblée.

Sancho et Pedro, pour une fois silencieux, assistaient à la scène d'un air malheureux. Sancho avait retiré son bonnet et le tenait serré contre sa poitrine, tandis que Pedro triturait nerveusement le col de sa tunique en fixant un point éloigné. Tao comprit bientôt la raison de son tracas : par-dessus la combe dans laquelle le village avait été construit, des nuées entières d'oiseaux semblaient fuir à tire-d'aile. Bien sûr, comment n'y ai-je pas pensé, se morigéna l'héritier de Mü, ils fuient le nuage de fumées toxiques. Il est vrai qu'il ne mettrait plus longtemps à atteindre le village. Son estomac se retourna quand il pensa aux animaux qui avait sûrement déjà dû périr à cause de cette catastrophe. À cause de l'ambition démesurée des Olmèques. La vie éternelle, la soif de l'or, tout cela revenait au même : il n'était question que de pouvoir. La folie de Ménator l'avait poussé au pire, dans l'espoir de faire revivre ses semblables, maintenus en sommeil artificiel. Fernando Laguerra "le Docteur", Marinché, Pizarro, et même Mendoza au début, n'auraient reculé devant rien pour mettre main basse sur les trésors des cités d'or. Et toutes ces personnes dénuées de scrupules avaient, à leur façon, participé à la situation apocalyptique qui était la leur. Bien qu'il l'ignorent encore.

Tao s'était encore plongé dans ses pensées. Il secoua la tête pour se maintenir éveillé, mais un mouvement du coin de l'œil attira son attention. Sortant d'une des maisons du village, des guerriers en tenue d'apparat transportaient un cercueil de pierre richement décoré de motifs mayas. À la vue de ce cortège mortuaire, Tao se figea soudain. Son esprit devint brumeux, ses yeux vitreux. Il avait l'impression d'avoir été frappé par ce rayon lumineux si effrayant, qui avait paralysé Esteban dans la base Olmèque. La partie de son cerveau qui fonctionnait encore turbinait à toute vitesse, et il arriva à la conclusion qu'il était en état de choc. Cela n'arrangeait rien à son état ; Viracocha faisait à présent un discours donc le jeune garçon ne distinguait pas un traître mot. Tout était flou. Tao essaya de bouger, mais son corps ne lui répondait plus. Comment faisait-on, déjà, pour respirer ? Il avait oublié. Son cœur s'emballait et il avait l'impression que son crâne allait exploser. Des murs noirs se refermaient sur son esprit, et ces murs avaient la voix d'Esteban. Tu m'as trahi, disaient-ils. Comment as-tu pu?

Tao tomba à genoux. Dans la foule du village, presque personne ne le remarqua. Mais Maïna, toujours attentive, vola à son secours. Elle l'aida doucement à se relever puis le guida à l'écart. Murmurant des paroles encourageantes en lui passant doucement la main dans le dos, elle l'aida peu à peu à stabiliser sa respiration. Bientôt, Tao put retrouver l'usage de ses sens, bien qu'un peu engourdis. Il y avait longtemps depuis sa dernière crise de ce genre. Vraiment longtemps. À dire vrai, cela n'était presque plus arrivé depuis qu'il avait fait la connaissance d'Esteban et Zia. Il soupira. Maïna avait toujours l'air inquiète.

- Merci, Maïna. Je vais mieux... Je crois que je devrais rejoindre Esteban et Zia, dit-il en essayant de prendre un air assuré.

- Comme tu veux, répondit la jeune maya qui fronçait malgré tout les sourcils. Ne vous surmenez pas, tous les trois. N'oubliez pas que vous partez juste après la cérémonie. Je... Je ne me le pardonnerais pas s'il vous arrivait un malheur.

Elle baissa les yeux. Il était clair qu'elle se sentait impuissante face à la situation. Tao la rassura puis retourna au tertre. Entre-temps, Viracocha avait fini son discours et toute l'assemblée s'était tue pour un moment de recueillement. Certains s'agenouillaient, d'autres joignaient les mains, d'autres encore se contentaient de fermer les yeux. Tao repéra Zia et Esteban, qui priaient côte à côte. Tao les rejoignit silencieusement et observa la scène en silence. Bien qu'il n'eût jamais été fermé à l'existence de dieux, il n'avait pas été élevé dans une croyance particulière et se trouvait bien en peine de savoir quoi faire dès qu'il s'agissait de prier, ou même de tout ce qui touchait de près ou de loin à la religion. Il se contenta donc de penser à Athanaos, et se jura respecter ses dernières volontés, même au péril de sa vie. Le calme ambiant et l'énergie que toutes et tous mettaient à honorer le défunt avait quelque chose d'apaisant. Tao profita de ce moment et le grava dans sa mémoire.

Au bout de quelques minutes, Viracocha rompit le silence.

- Athanaos, Grand Prêtre de la cité d'or de Tseila, n'est pas mort en vain ! Il a péri en voulant sauver notre monde et nous lui devons tous les hommages. C'est pourquoi je vous invite, toutes et tous, à faire des offrandes en son honneur.



Sur ces mots, il arracha le pectoral d'or qu'il portait, symbole de son statut de chef, et le posa au-dessus du cercueil, qui avait entre-temps été mis en terre. Chacun leur tour, les villageois et les villageoises passèrent devant la sépulture, murmuraient un bref vœu de paix pour le défunt et plaçaient une offrande dans la tombe, le plus souvent un bijou d'or qu'ils portaient sur eux. Certains, dépourvus de richesses, déposaient de la nourriture ou une étoffe. Ce qui comptait, comprit Tao, c'était que l'objet ait de l'importance pour eux. Il songea qu'il aurait aimé offrir son vase, mais celui-ci était resté dans les profondeurs de la terre, avec le grand héritage. Il se demandait ce qu'il pourrait trouver comme offrande qui ait du sens, et à voir les regards de ses deux amis, ils se posaient la même question.

C'était maintenant le tour des trois marins. Ils avaient sorti de leurs poches des pépites d'or grosses comme le poing, et semblèrent brièvement hésiter avant de les laisser tomber. Sûrement une partie de leur butin de l'exploration de la cité d'or. Mendoza ôta également ses bracelets de force, qui rejoignirent le reste des offrandes. Ne restaient plus que les trois enfants, qui se concertèrent du regard. Après un instant d'hésitation, Tao s'avança. Il siffla doucement et Pichu le rejoignit. Après lui avoir demandé la permission, le jeune garçon ôta avec précaution quelques plumes au perroquet, puis les fit doucement tomber dans le trou où reposait le cercueil. Elles atterrirent comme au ralenti.

- Le peuple de Mü ne vous oubliera pas, murmura Tao. Puis, alors qu'il allait reculer, il ajouta d'une voix presque inaudible : Votre fils non plus.



Il s'effaça pour rejoindre le reste de l'assistance, Pichu toujours perché sur son épaule. Zia prit sa place devant la sépulture. Elle s'inclina profondément, les mains posées sur la poitrine, puis fit une offrande à son tour, mais Tao ne put pas voir ce qu'elle avait choisi. Bientôt, elle fut de nouveau à côté de lui ; il fit semblant de ne pas remarquer ses yeux humides. Lui-même avait d'ailleurs la larme à l'œil.

Esteban s'approcha le dernier, l'air déterminé. A le voir de dos, Tao remarqua à quel point ses cheveux avaient poussé. Ils lui retombaient désormais avec désordre dans la nuque. Justement, il passait la main dans sa chevelure. Tao jeta un coup d'œil à Zia : celle-ci observait leur ami, les sourcils froncés.

- A ton avis, que va-t-il choisir comme offrande ?, demanda-t-elle d'un air préoccupé.

- Aucune idée, soupira Tao. Espérons juste qu'il ne fasse pas de bêtise...



Les doigts d'Esteban s'affairaient dans sa nuque.

Soudain, son bras droit se mit en mouvement, mais un reflet lumineux aveugla Zia et Tao, les empêchant de voir ce qui se passait. D'où ce reflet pouvait-il bien venir ? Tao cligna des yeux jusqu'à ce qu'il retrouve l'usage de sa vue. Esteban se tenait toujours là, les cheveux au vent. Mais sa nuque était bizarrement nue. Le jeune garçon se retourna. Dans sa main droite, brillait la lame de son poignard. Et dans la gauche, une poignée de boucles brunes, qu'il tenait serrée contre son cœur. Il arborait un sourire triste, que ses larmes ne parvenaient pas à gâcher. Puis, se tournant de nouveau vers la tombe, il murmura quelques mots avant de disperser son offrande au-dessus du cercueil. Le tout n'avait pas duré plus de dix secondes.

Esteban retourna auprès de ses amis après avoir rangé sa dague dans son fourreau. Les villageois se dispersaient lentement, retournant à leurs activités. Tao voulait parler, mais ne savait pas où commencer ; fort heureusement, son ami le devança.

- Je ne savais pas quoi faire, comme offrande, commença-t-il, l'air vaguement gêné. Et puis je me suis rappelé cette discussion qu'on a eue, Athanaos et moi, au pied de la montagne. Quand ... Quand il m'a parlé de mon père.



Esteban ne sembla pas remarquer le regard que s'échangèrent Zia et Tao. Ce dernier ne voyait toujours pas le rapport entre cette discussion et la nouvelle coupe de cheveux de son meilleur ami. En revanche, la culpabilité était revenue se loger de plus belle dans son cœur, et à en croire l'expression de Zia, c'était également son cas.

- Je me souviens encore de la chaleur de sa main... poursuivit Esteban. Lorsqu'il l'a posée sur ma joue, ses doigts ont effleuré mes cheveux. Et puis, la seule chose qu'on ait jamais vue de lui, ce sont ses cheveux. Avec son masque, puis plus tard ses brûlures, on n'a jamais su à quoi ressemblait son visage... Alors, je me suis dit que c'était la chose à faire. En plus, j'avais bien besoin d'une petite retouche capillaire !



Il avait prononcé la dernière phrase sur le ton de la plaisanterie, ce qui fit sursauter ses deux camarades. Tao se demandait combien de temps encore il leur faudrait cacher la vérité. Plus tard ils attendraient, plus cela deviendrait difficile. Mais pourtant, il le fallait... Il en allait de la survie du monde. Il espérait que le poids de la culpabilité deviendrait plus facile à porter avec le temps.

Les funérailles achevées, il était à présent temps pour les trois enfants de se mettre en route. Tao et Zia attendaient nerveusement pendant qu'Esteban échangeait quelques mots avec Mendoza. Enfin, il les rejoignit, et ils se mirent en route. Avec une angoisse non dissimulée, Maïna et Viracocha les accompagnèrent jusqu'au condor, qui était posé sur la place du village. Tao était plus nerveux qu'à l'accoutumée : cette fois, il ne s'agissait pas seulement de protéger le savoir de ses ancêtres, ni même de s'en sortir vivant. Le sort des humains, des animaux et des plantes était entre leurs mains. Cette simple idée lui donnait le vertige, et malgré l'absence de vent, il frissonna.

Arrivés devant le grand oiseau d'or, la petite équipée marqua un temps d'arrêt. Les trois enfants prenaient conscience de la mission qui les attendait. Tao tâta son torse du plat de la main pour y sentir le relief de son encyclopédie, bien cachée sous sa tunique. Depuis qu'il avait dû se séparer de son vase, il se sentait parfois comme nu, et la présence du livre de ses ancêtres le rassurait. Il s'effaça pour permettre à Esteban et Zia de grimper sur le bec du condor, puis l'escalada à leur suite, Pichu voletant derrière lui. Une fois à l'intérieur de la cabine de pilotage, chacun reprit sa place habituelle. Maïna et Viracocha leur criaient des encouragements auxquels ils répondirent par des signes de la main et des sourires qui se voulaient confiants. Enfin, Esteban appuya sur le blason du tableau de bord, et la vitre commença doucement à se relever. Le fils du Soleil s'assit et s'apprêta à faire décoller le condor, mais se ravisa au dernier moment. Il sembla hésiter, puis prit ses deux amis par la main.

- On va s'en sortir, pas vrai ? demanda-t-il.

La force avec laquelle il serrait leurs mains ne suffisait pas à masquer le léger tremblement qui les animait tous les trois.

- Nous n'avons pas le choix, répondit Tao en secouant la tête. Mais ne t'en fais pas, Esteban. J'ai confiance en nous.

- Tu te souviens de ce que je t'ai dit lorsque nous étions aux fers, à bord de l'Esperanza ? ajouta Zia avec un sourire, le premier de la journée. Esteban, le fils du Soleil, est avec moi. Je ne crains donc rien, ni personne ! Eh bien, c'est toujours vrai. Je sais que nous allons réussir.



Esteban lui rendit son sourire. Comme d'habitude, Zia avait trouvé les mots justes pour remettre ses amis d'aplomb. Encore une qualité que Tao lui enviait. S'il avait conscience de sa propre intelligence, il savait aussi qu'il ne suffisait pas toujours d'être rationnel pour être heureux. Mais ce serait un sujet de réflexion pour un autre jour. Pour l'heure, il fallait se concentrer sur la tâche qui leur incombait. Après un dernier salut à Viracocha et sa fiancée - tiens, encore un pincement au cœur -, Tao s'installa confortablement dans son siège et se prépara au départ. Après l'habituel soubresaut du décollage, le condor s'éleva lentement dans les airs. Tao jeta machinalement un coup d'œil par le hublot, et regarda le village rapetisser, jusqu'à ce que Maïna ne soit plus qu'un petit point à peine visible.

- Alors, Tao, fit Esteban, interrompant ainsi son observation, par où doit-on se diriger ?



Tao sortit de sa tunique la carte qu'il avait rapidement esquissée durant la discussion avec Athanaos.

- D'abord, il faut survoler l'île sur laquelle se trouvait la cité d'or. D'après le grand prêtre, l'ouverture secrète est bien dissimulée, donc le plus simple sera probablement d'explorer la côte à pied. Ce qui m'inquiète, en revanche, poursuivit-il, un pli d'inquiétude sur le front, c'est que depuis notre dernier passage, l'île a été quasiment réduite en ruines. L'entrée ne sera peut-être pas accessible...

- En tous cas, il n'y a qu'une façon de le savoir ! répondit Esteban en faisant accélérer le condor.



Bientôt, ils survolèrent le grand lac dans lequel Esteban et Zia avaient plongé depuis la machine Olmèque. Tao eut un frisson en repensant à cet épisode : c'est à cette occasion qu'il s'était retrouvé prisonnier des horribles personnages aux oreilles pointues. Il avait été suspendu au-dessus du vide et traîné sur le flanc de la montagne par Ménator, afin de forcer les deux élus à ouvrir la cité d'or de Tseila. Le jeune garçon frotta discrètement ses avant-bras, où restaient encore quelques traces de ces blessures. Il surprit le regard de Zia, qui le regardait avec peine. Sans doute le souvenir de cette scène était-il encore vif dans son esprit. Elle lui adressa une moue désolée, à laquelle il répondit en souriant. Il savait que ses amis culpabilisaient encore de l'avoir laissé aux mains des Olmèques, mais il tenait à leur faire comprendre que ce n'était en aucun cas de leur faute. Aussi leva-t-il les deux pouces en l'air pour signifier que tout allait bien.

Esteban n'avait rien remarqué de leur échange, occupé à piloter le grand condor. Celui-ci amorçait tout doucement sa descente vers la plage de l'île, où il finit par se poser en soulevant un nuage de sable. Les trois amis descendirent de la cabine de pilotage et glissèrent le long du bec de l'oiseau. Tao mit un certain temps à s'habituer à la lumière : le Soleil était désormais plus haut dans le ciel et il dût cligner des yeux à plusieurs reprises avant de distinguer les contours de l'île avec plus de netteté. Le haut de la montagne s'était totalement affaissé lorsque la cité d'or avait été détruite. Ça et là, des débris et des rochers jonchaient le sol. Les ruines de la grande porte qui menait au repaire du grand prêtre étaient encore visibles, le métal portait les marques de la puissante machine Olmèque. Tao consulta sa carte.

- Bien, d'après les indications... Nous devrions chercher sur la côte est.


Il leva les yeux pour regarder le Soleil levant, puis montra l'est du doigt. Ils avaient atterri non loin de l'endroit indiqué par le prophète voyageur. Toutefois, qui sait combien de temps il mettraient à trouver la porte, et plus important encore, réussiraient-ils à l'ouvrir et à en percer le secret ? Tao laissa échapper un soupir de nervosité. Pichu se posa sur son épaule et frotta sa tête contre son oreille. Ce contact le détendit quelque peu. Il inspira un grand coup et se mit en route vers les éboulements rocheux, qui pouvaient aisément cacher une ouverture invisible depuis le ciel. Esteban et Zia marchèrent à sa suite. Peu de mots avaient été prononcés depuis leur départ, mais ces quelques pas sur la plage l'indiquaient sans le moindre doute : leur recherche avait véritablement commencé.



***

Bonne année 2022 ! Et merci d'avoir lu ce chapitre :)
L'aventure commence enfin, on dirait !
Un énorme merci à @soulswavess pour l'illustration bonus de ce chapitre <3
IMG_20211025_204312_626.jpg
Sans titre 38 (1).jpg
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Marcowinch »

C'est superbe ! Et plein de poésie. :-@
Mais aussi assez triste... :cry: De quoi nouer la gorge... :cry:
J''espère que nos héros auront tout de même des moments joyeux ;)
Continue comme cela, j'ai hâte de lire la suite. :D
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par samic-45 »

Très belle histoire bravo 😊
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Atlanta »

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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

samic-45 a écrit : 04 janv. 2022, 06:19 Très belle histoire bravo 😊
Merci beaucoup ! <3
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

Atlanta a écrit : 05 janv. 2022, 15:11 J'aime toujours ! Mais bon sang, à quand la joie de vivre ? même ton avatar pleure, yelen...
Normalement dans le prochain chapitre ce sera moins triste X)
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Atlanta »

Yelen a écrit : 05 janv. 2022, 15:29
Atlanta a écrit : 05 janv. 2022, 15:11 J'aime toujours ! Mais bon sang, à quand la joie de vivre ? même ton avatar pleure, yelen...
Normalement dans le prochain chapitre ce sera moins triste X)
ooouf !
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