Re: [FANFIC - SPOILERS SAISON 4] : UNE SUITE POTENTIELLE (Marcowinch)
Posté : 15 juin 2021, 18:51
La 8eme Cité
Chapitre XX : Kitège
Grande Place de la Cité d'Or. Fin d'après midi.
La vigilance de Laguerra et son expérience d'ancienne espionne aidant, Zia et son équipe parviennent à éviter plusieurs patrouilles et continuent leur progression au sein de la place forte...
La jeune femme et les siens sont bien inquiétés un moment quand, arrivant derrière eux, deux sintashtas les aperçoivent. Mais Mendoza et Athanaos, positionnés en arrière-garde, chargent immédiatement chacun un de ces ennemis et réussissent à les neutraliser, l'un de son épée et l'autre de sa lance hindoue, juste avant qu'ils ne donnent l'alerte. La troupe reste immobile quelques instants pour s'assurer de l'absence de nouveau danger, puis elle se remet en marche... Le complexe est calme... Trop : cela en devient oppressant. Les amis, tous les sens en alerte, longent les couloirs dorés parsemés ça et là de salles de gardes et de dortoirs... Fort heureusement ces pièces sont désertes car bien qu'il fasse nuit dehors depuis longtemps, il est encore tôt. Soulagée de ne voir âme qui vive et reprenant son souffle, l'équipe avance à nouveau. Au bout du compte, ses efforts sont récompensés car elle arrive devant une porte donnant vers l'extérieur, qu'elle ouvre et derrière laquelle se trouve son objectif : la grande tour d'orichalque se dressant dans le ciel hivernal...
L'édifice fait bien dans les deux cents pieds de haut et trente mètres de rayon. Sa base est accessible via une longue passerelle, débutant au niveau des compagnons et surplombant le vide. Deux personnes, pas plus, peuvent y marcher de front.
« Regardez ! Dit Zia, brisant le silence : il y a bien des ascensionneurs ! »
En effet, deux longs tubes verts, similaires à ceux de Badalom, sont bien accolés à la structure sur toute sa hauteur.
« C'est très exposé... déplore Laguerra : dès que nous nous engagerons sur ce pont, tout le monde nous verra...
- Exact, confirme Mendoza : nous n'aurons que peu de temps pour agir...
- Avons-nous seulement le choix ? regrette le Prophète Voyageur. Allons-y en courant : nous aurons peut-être de la chance... »
Sur ce Isabella charge son arme à distance puis, pistolet et rapière en mains, elle passe en tête, s'élançant sur le passage doré, suivie de Zia, Mendoza et Sancho, Athanaos restant quant à lui en arrière-garde. L'élan des aventuriers est malheureusement rapidement brisé, à cause du vent : même s'il souffle moins que le Ioujak, il leur envoie de la neige au visage. Outre le fait que cela soit très désagréable, cela limite aussi leur vue. De plus, les bourrasques leur font perdre l'équilibre et manquent à plusieurs reprises de les précipiter droit dans le vide. Au prix de grands efforts, les amis atteignent toutefois les ascensionneurs. Ils remarquent alors que la passerelle se scinde en deux parties, contournant l'édifice puis fusionnant à nouveau pour le relier au côté opposé de la Cité. Malheureusement, ils constatent que les appareils permettant de monter sont inactifs...
« C'est comme à Badalom, affirme t-elle, désignant les inscriptions entourant les cylindres : il faut toucher les bons symboles pour les faire fonctionner...
- Sais-tu à quels endroits appuyer ? » Lui demande le navigateur, tandis que Laguerra fait le guet.
- Hum... Donne-moi juste un instant, Mendoza » lui répond l'inca, qui tente de se remémorer la combinaison employée par Tao. Après quelques instants, cela lui revient et elle se met en quête des pictogrammes correspondants. Mais elle affiche bientôt un air préoccupé...
« Qu'y a t-il ? S'inquiète Athanaos.
- Rien ne correspond, lui répond la jeune femme. Ce n'est pas la langue de Mû !
- En effet, confirme le Prophète Voyageur regardant à son tour les inscriptions. C'est dans la langue de nos ennemis ! Ne te décourages pas, Zia : nous allons bien finir par trouver des analogies...
- des ana..anana.ana quoi ? Bégaie Sancho.
- des ressemblances... » lui explique le capitaine, qui poursuit : « Zia, Athanaos, voyez cela : Laguerra, Sancho, Pichu et moi, allons surveiller les environs.
- Entendu ! » Acquiesce le Prophète Voyageur, s'affairant immédiatement à la tâche.
Durant de longues minutes tout se passe bien : Zia et lui ne sont pas dérangés et ont le temps d'essayer plusieurs combinaisons, sans succès toutefois. Mais soudain, Pichu aperçoit des ennemis s'avancer sur la passerelle opposée !
« Alerte ! Alerte ! Danger ! Babille t-il en agitant frénétiquement les ailes.
- Par la malepeste ! S'exclame le navigateur. Ils nous ont déjà repérés ! Zia, Athanaos : Laguerra et moi allons les retenir, mais dépêchez-vous...
- Sancho, intime le père d'Esteban : surveille l'autre pont ! Préviens-moi si quelqu'un vient aussi de ce côté-là... En attendant je reste aider Zia...
- D'accord ! Acquiesce le loup de mer, nerveux.
Laguerra et Mendoza contournent les ascensionneurs, puis se mettent en garde pour intercepter les ennemis, une douzaine de sintashtas. Dans un seul geste fluide, Isabella vise et abat l'homme de tête d'un tir de pistolet. Elle n'a toutefois pas le temps de recharger et range son arme à distance avant de se mettre en posture défensive, son bien-aimé à ses côtés.
Les ennemis étant encore éloignés, Pichu, imite les techniques d'attaque d'un rapace, pique et se faufile entre les soldats pour gêner leurs tirs et les inciter à tenter de l'attraper. Ses manoeuvres grossières sont pourtant couronnées de succès : le volatile parvient à faire perdre l'équilibre à plusieurs guerriers, les faisant percuter leurs camarades ou chuter du pont.
Une fois leurs ennemis à portée de lames, le couple de bretteurs se fend en avant et le combat s'engage...
Aile nord de la Cité d'Or. Soirée.
Tao et Esteban se serrent l'un l'autre, apeurés. La surprise les a figés et le Soleil Noir est sur le point de faire feu !
« Attendez ! Attendez ! S'écrie soudain Gaspard à l'intention du naacal déchu, en agitant les mains.
- Qu'y a t-il ? lui demande Ta'Harqa. As-tu quelque chose d'important à dire ? Des derniers mots peut-être ?
- Oui, enfin, non, pas mes dernières paroles... Attendez, répète encore le Maître d'armes. Je reconnais que les gamins sont plutôt bornés: ils ne sont jamais raisonnables... Et si nous discutions plutôt entre adultes ? Entre gens civilisés ? Nous avons sûrement quelque chose que vous voudriez, en échange de nos vies...
- Quoi, par exemple ? Reprend son interlocuteur, dubitatif.
- Nous avons caché dans notre grand oiseau d'or des artif...des aracts...des terac.... Bref : des machins muens ! Une matrice d'orichalque, la Pierre d'Ophir, le Médaillon de Rana'Ori, et bien d'autres choses... Tout ça doit bien avoir de la valeur pour vous, non ? Epargnez-nous et ils sont à vous !
- Non, Gaspard ! Hurle Tao, indigné. Nous devons protéger les artefacts des gens comme lui ! »
Tandis que le naacal réfléchit, levant les yeux et se triturant la barbe, l'homme d'armes adresse un léger signe de tête à ses compagnons. Comprenant le message, Esteban, Tao, Indali, Kushi et Pedro reculent de quelques pas, le plus discrètement possible, en direction de l'issue se trouvant derrière eux... Quelques soldats voient bien leur manoeuvre, mais ils n'agissent pas car Gaspard, lui, reste au même endroit. Les sintashtas pensent donc que ce mouvement de recul ne s'explique que par la peur du Soleil Noir...
« Hum... J'ai déjà une matrice et une pierre similaires... reprend finalement Ta'Harqa. Cependant, je dois avouer que posséder le fameux double médaillon de la Princesse me plairait beaucoup ! Il est unique... Ce serait un très beau pied de nez que je ferai à Rana'Ori, après les humiliations qu'elle m'a infligées... Je pourrai le lui montrer quand je la reverrai... Ca serait amusant... Soit ! Donnez-moi ces objets et je vous épargnerai. » Sa voix se veut ferme, mais son ton est bien trop mielleux pour être sincère. « Alors, ajoute t-il, où est-il, votre oiseau d'or ?
- Je vais vous y guider, messire, ce n'est pas très loin, soutient Gaspard en faisant une profonde révérence en direction de son interlocuteur. Mais permettez-moi d'abord, s'il vous plaît, de m'échauffer : nous n'avons pas des protections comme les vôtres et il fait très froid dehors... »
Sans même attendre de réponse, le Maître d'armes se met à se baisser et se relever, enchaînant quelques génuflexions, tout en écartant les bras puis les ramenant sur sa poitrine. « Une...deux...Une...deux...Hop...Hop... » dit-il.
L'attention du naacal étant accaparée par ce cirque, il ne remarque pas que les intrus ont encore un peu plus reculé vers la sortie.
« Est-ce bientôt fini ? s'énerve Ta'Harqa. N'abusez pas de ma patience !
- Oui, plus qu'une ou deux pompes... affirme Gaspard, tout en s'allongeant sur le sol, les pieds en direction du naacal et la tête en direction de l'issue. Vous comprenez, ajoute t-il en s'exécutant : il ne faut pas plaisanter avec ce froid... »
Le maître d'armes effectue ainsi une série rapide puis, d'un coup, il plie les jambes davantage et effectue un splendide bond en avant, attrapant Esteban et Tao au passage et leur criant « fuyez ! ». Dans son élan et alors que tous se mettent à détaler, le Maître d'armes enchaîne, parvenant à assommer d'un coup de poing un sintashta qui se trouvait sur son chemin.
Le naacal, la surprise passée, se reprend et fait usage de son Soleil Noir ! Un rayon jaune en émerge et fuse vers le groupe. Mais les réflexes de Ta'Harqa ne sont pas aussi aiguisés que ceux des amis et il rate son tir. Kushi empoigne deux soldats qui bloquaient leur retraite et les cogne l'un contre l'autre, les étourdissant le temps que les siens s'engagent dans le couloir. Le soleil noir fait feu dans leur direction à plusieurs reprises et les manque à chaque fois d'un rien. Des petites flammèches s'extraient des rayons qui percutent les murs et leur roussissent la pointe des cheveux... Heureusement, ils sont bientôt hors de portée et le naacal cesse alors d'utiliser son arme diabolique.
«Rattrapez-les et tuez-les! » s'exclame le traître, furieux, à l'attention de ses guerriers. Esteban et son équipe s'engagent dans un nouveau corridor, mais ne savent absolument pas où se mettre à l'abri : ils ne connaissent pas les lieux. Suivant aveuglément la chasseresse, ils changent plusieurs fois de direction, privilégiant les passages courts et les embranchements susceptibles d'empêcher leurs poursuivants de gagner du terrain et de les dérouter.
Tout en cavalant, Tao s'interroge à voix haute : « comment mon ancêtre peut-il commander un Soleil Noir ? C'est impossible ! Il n'y a que Zia qui en serait capable...
- On verra ça plus tard, Tao ! Lui intime Esteban. Garde ton souffle ! »
Tournant brièvement la tête, Indali s'inquiète : les enfants courent moins vite que leurs ennemis !
« Ils vont nous rattraper ! dit-elle.
- Je vais essayer de les retarder », lui répond Tao.
Le jeune homme sort prestement de son poncho quelques lampes portatives, qu'il déplie et jette à terre. Leurs poursuivants ne s'attendaient visiblement pas à cela : ils trébuchent sur les objets et tombent par terre, bloquant par la même occasion leurs camarades. « Ahah ! Bien joué, Tao ! » rit le Fils du Soleil. Cette ruse permet en effet aux amis de gagner un temps précieux dont ils profitent, changeant encore de cap et refermant derrière eux toutes les portes qu'ils croisent. Ce faisant ils réussissent au bout d'un moment à semer, au moins temporairement, leurs ennemis.
Leur course effrénée s'achève plus loin, au niveau d'un embranchement, quand Kushi s'arrête et intime à tout le monde d'en faire autant. A l'affut, l'évenque se met à considérer les deux alternatives : un passage à gauche et un deuxième continuant tout droit. « Allons par là, dit-elle, choisissant la seconde option. J'entends du bruit de l'autre côté... » Elle se relève et s'élance à nouveau mais le Prince de Mû, quand il arrive à son tour au niveau de l'intersection, interpelle le groupe et s'engage, lui, dans le couloir de gauche.
« Tu ne m'as pas écoutée, Tao ? lui indique la chasseresse: il y a quelque chose par là.
- Oui, convient le jeune homme, toutefois ce raffut me semble provenir de machines et non pas de soldats : si c'est ce que je crois, un chantier, leur matrice doit s'y trouver !
- Tu es prêt à miser ta vie et les nôtres là-dessus, gamin ? Lui répond Gaspard.
Le jeune homme déglutit, puis acquiesce : « oui ! Si leur matrice est là, nous devons la récupérer !
- Si Tao en est persuadé, ajoute Indali, je lui fais confiance !
- Moi aussi ! soutient Esteban. Allons-y !
- Ah ! Ces gamins ! Termine Pedro, levant les yeux au ciel.
- Soit, cède Kushi, prenant en mains deux de ses couteaux tandis que Gaspard dégaine sa rapière. Si vous insistez...
- Un instant... » dit Pedro. « Je vois quelqu'un là-bas... reprend-il. C'est Zia et Mendoza ! Pssst ! Siffle le loup de mer pour les interpeller. Par ici ! On est là ! »
La jeune inca et le navigateur qui venaient d'émerger d'un embranchement se retournent, voient les compagnons et les saluent en retour avant de se mettre à courir vers eux. Une fois arrivés à leur niveau, Gaspard s'adresse à la jeune femme : « où sont les autres, petite ? Où est le reste de votre équipe ?
- Je l'ignore, répond Zia, gênée, bien qu'Esteban lui sourie et s'approche d'elle : une patrouille sintashta d'importance nous a surpris et nous est tombée dessus ! Nous l'avons bien affrontée, mais ils étaient trop nombreux et sur le point de nous encercler. Nous avons du nous séparer pour ne pas qu'ils y parviennent et nous tuent tous ! Et nous nous sommes retrouvés seuls...
- Si vous venez avec nous, affirme le capitaine, je pense que nous pourrons rattraper les autres !
- C'est d'accord : on te suit, Mendoza ! » avance Pedro sans même consulter le reste de son équipe et commençant déjà à se mettre en marche...
Kushi regarde Gaspard, qui hausse les épaules. Tous deux s'exécutent, emboitant le pas au navigateur. Le Fils du Soleil, ravi de revoir sa bien-aimée, se presse lui aussi vers elle. Tao se montre plus circonspect, réfléchissant encore à ce qui vient de se passer : ca lui paraît louche...Intérieurement, quelque chose le tracasse, mais il n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Il suit tout de même le groupe lui aussi, quelques pas en retrait...
C'est Indali qui, soupçonnant aussi un coup fourré, se met au niveau de son amie : « Zia, lui demande t-elle innocemment tout en marchant, la jeune femme se tournant vers elle. Quand vous étiez sur le point d'être encerclés, étiez-vous près les uns des autres ?
- Oui, lui répond la jeune femme, sur la défensive. Mais les ennemis étaient vraiment nombreux... Il n'y avait rien à faire... Cela aurait-il changé quelque chose dans le cas contraire ?
- Si vous étiez proches et en danger, tu aurais du utiliser ton bracelet de transport... Ainsi, vous seriez arrivés immédiatement dans un lieu sûr... »
L'inca est surprise et elle voit l'hindoue froncer les sourcils... Elle parvient cependant à balbutier : « je... Je... Oui, c'est vrai... C'est bête : je n'y ai pas pensé sur l'instant... C'est vrai que c'aurait été une solution...
- Voyons, Indali ! intervient le Fils du Soleil en se mettant soudain entre elles. Tu ne vois pas que Zia a subi une rude épreuve et qu'elle est fatiguée ? N'en rajoute pas : cela ne rime à rien... Avançons plutôt pour rejoindre les autres au plus vite !
- Esteban, lui répond l'hindoue inflexible, tu ne trouves pas cela bizarre, toi ? Je suis désolé de te dire ça : tu es bête ! Mais c'est normal : c'est l'amour qui t'aveugle ! Poursuit-elle : réfléchis ! Fais abstraction de tes sentiments une seconde... Tu comprendras ! » Le ton de sa réponse étant un peu trop dur, le dernier des atlantes se raidit, réfléchissant à une réplique cinglante.
Il n'a pas le temps de la formuler car Tao, surpris par les paroles de sa compagne, intervient à son tour : « Oh là, Oh là ! Vous deux ! Arrêtez ! Que se passe t-il enfin ? Expliques-nous, Indali, s'il te plaît... »
L'hindoue ne se démonte pas et désigne Zia du doigt, l'intéressée se renfrognant à son tour à ce geste : « je m'en doutais.... lui assène Indali. Tu ne l'as pas fait : tu n'as pas utilisé le bracelet, car tu ne sais pas de quoi je parle... Pourtant, tu ne l'as plus au poignet droit, comme tu te l'y étais pourtant fixé !
- Je comprends ! Explique Tao en se frappant la tête d'une main : bien sûr ! Les sintashtas n'ont pas pu copier le bracelet de transport car Zia ne le portait pas quand ils nous ont capturés au Bourkhan !
- Mais... C'est vrai ! » Réalise Esteban stupéfait, comprenant enfin la supercherie.
Démasquée, la copie de Zia sort de l'encolure de sa robe une sorte de dague. Elle actionne un bouton de la poignée et sa lame se met à vibrer, comme c'était le cas pour la hache de Byzas. Puis, la sintashta se rue sur Indali dans le but de la poignarder ! C'est sans compter sur Gaspard qui intervient, saisissant la jeune femme par les avant-bras et l'empêchant d'accomplir son méfait, tandis que Kushi sort un de ses couteaux et en menace le double de Mendoza, qui venait sournoisement de dégainer son épée.
La copie de Zia se débat, toutefois, parvenant à se dégager et décide de prendre la fuite, empruntant le passage par lequel Esteban et les siens étaient venus. Si Gaspard pense bien la poursuivre, le Fils du Soleil l'en dissuade en posant une main sur son torse : « c'est par là que se trouvent nos ennemis », dit-il simplement. De son côté, le sosie du navigateur effectue quelques passes d'armes, mais voyant que le partenaire de la chasseresse revient en renfort, il décoche un coup de pied à l'évenque, qui l'esquive mais doit pour se faire reculer. Le sintashta profite de l'occasion et du champ libre qui lui est donné, tourne les talons et s'enfuit à son tour.
« Vite, leur intime Tao. Allons dans le couloir de gauche ! Ces deux-là vont trahir notre position ! »
Tous s'exécutent et rapidement, atteignent finalement l'entrée d'une pièce immense. Jetant un œil à l'intérieur, Esteban, Tao et Kushi remarquent que la salle comporte de nombreuses machines et établis, que quatre savants sintashtas sont présents, travaillant visiblement à la confection d'armes, et que le toit de l'atelier semble pouvoir s'ouvrir. Mais ce qui attire surtout l'attention des enfants, c'est un immense cylindre. Un peu en contrebas, il traverse le reste de la pièce et contient de l'orichalque liquide, qui change de forme puis se solidifie sous l'effet de vibrations émises par des arceaux circulaires et mobiles, positionnés à intervalles réguliers.
« C'est bien une fonderie... chuchote Tao à ses compagnons. J'en étais sûr. C'est comme à Badalom. Je vois leur matrice, de l'autre côté de ce tube...»
En effet, les amis la distinguent eux aussi, lévitant au sein d'une protection cylindrique.
Gaspard et Kushi se concertent à voix basse, puis entrent en action, chargeant chacun un des couples de savants. Ces derniers ne sont pas des combattants et leur surprise passée, ils ont vite fait de se rendre et sont rapidement maîtrisés. Gaspard les attache avec des filins qu'il trouve là, tandis que l'évenque vérifie qu'il n'y a plus d'ennemis et que les enfants verrouillent la porte. Cela fait, Esteban se rend au fond de la pièce et, avec précautions, s'empare de la matrice, qu'il range dans un écrin de métal qu'il trouve dans un placard.
Tao, lui, est très intéressé par la console commandant les arceaux. C'est un immense pupitre, encastré dans le mur et avec de très nombreuses touches.
Certaines présentent un petit dessin, pour ordonner la fabrication de l'objet correspondant, mais la plupart ne contiennent qu'un idéogramme en langue sintashta.
« Oh oh ! Indali, Esteban, j'ai une idée ! S'enthousiasme l'ancien naacal en pointant du doigt le clavier. Vous avez vu cet appareil : c'est grâce à lui qu'il y a les vibrations dans le tuyau... Vous vous souvenez de ce que Byzas nous a dit ?
- Quoi donc , Tao ? Lui répond l'Elu.
- Fais un effort, voyons ! Il nous a expliqué que l'orichalque solide redevient liquide s'il est soumis à une certaine fréquence sonore...
- Oui et après ? l'interroge le dernier des atlantes. En quoi ça nous avance ?
- Eh bien, poursuit Tao en levant les bras : les murs, les portes, la Cité toute entière... C'est de l'orichalque... Et dehors, tout autour, il y a ?
- Bah, de la glace et de la neige... soupire le Fils du Soleil agacé et se grattant la tête, car il ne voit pas où son ami veut en venir.
- Eh bien, le taquine son ami, tu es lent cette fois, Esteban ! La glace et la neige, c'est de l'eau, non ? Et qu'est ce que ça donne, le mélange eau plus orichalque liquide, humm ?
- Une explosion ! Saisit le Fils du Soleil. Bien sûr ! C'est génial ! Si nous trouvons la bonne fréquence...
- Nous détruirons la Cité d'Or ! finit Indali, joignant les mains et partageant leur enthousiasme.
- C'est bien beau, tout ça, gamin ! déclare Gaspard en s'adressant à Tao et croisant les bras. Mais comment comptes-tu produire cette chose, cette « fréquence » dont vous parlez ?
- C'est la question, concède l'intéressé, le regard à nouveau fixé sur la machine... Ca ne va pas être simple... J'imagine que cette console peut produire n'importe quel son. Mais il faut le diffuser en dehors du tube et l'amplifier pour le propager sur toute la Cité... J'ignore aussi quelle est la fréquence exacte... Et même si je la découvre, il y a encore trois autres problèmes à résoudre...
- Quoi, encore ? Bougonne le dernier des atlantes.
- Premièrement, les sono-boites et nos médaillons sont eux aussi en orichalque. Ils risquent de devenir liquides. Ce serait dommage que des objets aussi utiles soient détruits. En tant que membres de l'Ordre du Condor, nous devons si possible les préserver... Nous avons également besoin d'un médaillon pour ouvrir la passerelle du condor...
- Dans ce cas, déduit l'Enfant du Soleil, il faudra enclencher la fréquence le plus tard possible. Pour qu'ils n'aient pas le temps d'être affectés.
- Deuxièmement, nous devrons prévenir l'équipe de Zia pour qu'elle s'échappe à temps.
- Pour ça, intervient Indali, Esteban a sa sono-boîte !
- C'est vrai, poursuit le Prince. Enfin, nous n'aurons pas beaucoup de temps pour fuir, avant d'être pris nous aussi dans la détonation...
- Là, c'est toi qui est lent ! J'ai la solution ! Triomphe le Fils du Soleil, bras levé et exhibant son bracelet de transport. Ca nous expédiera dehors et à l'abri en un claquement de doigts !
- Oh oh ! Dans ce cas, c'est réglé ! conclut l'ancien naacal. Cependant il va me falloir du temps pour faire tout ça...
- Nous n'allons pas en avoir beaucoup, les interrompt Kushi : j'entends des pas... Nos ennemis se rassemblent et il n'y a pas d'autre issue...
- Mets toi au travail tout de suite, Tao, l'encourage son ami.
- Viens, dit Gaspard à sa compagne : laissons les enfants s'occuper de ces machins... Allons voir qui arrive..."
Au pied de la Tour. Grande Place de la Cité d'Or. Soirée.
Le combat fait rage : Laguerra et Mendoza se battent comme des diables et ils ont déjà vaincu bon nombre d'assaillants, mais chaque adversaire vaincu laisse la place à un nouveau et ils craignent l'arrivée possible de renforts ennemis.
« Zia, Athanaos, crie l'ancienne espionne tout en esquivant un coup, nous n'allons pas pouvoir les retenir encore très longtemps...
- Je crois que nous y sommes presque ! Lui répond le Prophète Voyageur, sa voix trahissant toutefois une certaine tension.
- Par la malepeste ! Jure Mendoza effectuant une parade suivie d'une riposte qui, hélas, ne porte pas ses effets : ils savent se battre !
- Ath.Athath. Athanaos ! » S'exclame Sancho.
Le père d'Esteban se retourne et s'aperçoit que trois sintashtas les ont contournés pour les prendre à revers et s'engagent sur la passerelle par laquelle ils sont venus.
« Zia, dit-il tout en se préparant au combat à son tour. Tu vas devoir terminer sans moi...
- Je réussirai ! affirme la jeune femme, pour rassurer le Prophète Voyageur. Il ne reste plus qu'un symbole à trouver... »
Sancho vient se mettre à côté d'elle, tandis qu'Athanaos effectue de grands moulinets de sa lance. Par ce geste, il impressionne les nouveaux adversaires qui reculent de quelques pas avant de se reprendre et de le charger. Nullement intimidé, le membre de l'Ordre du Condor tend son arme vers l'avant, comme s'il voulait en transpercer un des deux. Mais c'est une ruse car au dernier moment, il tourne sur lui-même, augmentant ainsi la force de frappe de son arme : sa lance percute le premier ennemi qui, entraîné, heurte à son tour le second. Tous deux, sous l'impact, chancèlent puis tombent dans le vide. Le troisième sintashta hésite une seconde, mais se rue à son tour vers le Prophète Voyageur.
A cet instant précis, Zia appuie sur un dernier symbole et réussit : finalement, l'ascensionneur se met en marche !
« Vas-y, Zia ! » lui crie Athanaos qui a entendu la colonne s'activer.
La jeune femme hoche la tête, puis s'engage dans le cylindre. Ses compagnons reculent l'un après l'autre pour l'emprunter à leur tour et tous s'envolent vers le sommet de la tour, propulsés par la soufflerie.
Ils atteignent bientôt une plate forme circulaire au milieu de laquelle trône un cube d'orichalque, haut de plusieurs mètres. Tandis que ses amis repoussent les sintashtas qui s'engagent eux aussi dans l'ascensionneur, Zia s'approche de cette structure et remarque qu'elle est composée de deux pans bien distincts, susceptibles de s'écarter. L'Elue s'apprête à utiliser son pouvoir pour les y forcer, quand à sa grande surprise, le dispositif s'active de lui-même. Il révèle en son sein une pierre similaire à celle d'Ophir, aux reflets jaunes, verts et blancs et maintenue par un long bras mécanique capable de pivoter. C'est exactement ce qu'il se met à faire, s'articulant pour orienter la pointe du silex vers le sud... Sous le caillou, de l'énergie solaire commence à s'amasser, présage d'un tir imminent...
Machine Olmèque d'Ambrosius. Abords de Kitège. Nuit.
« Oooh ! Elle est magnifique ! S'exclame l'alchimiste, apercevant enfin les contours de la Cité d'Or par les hublots. Une vraie merveille ! Ajoute t-il, les yeux brillants et des reflets dorés sur les lorgnons. Perdue au milieu de nulle part et n'attendant que moi pour m'offrir tous ses secrets ! Et cette fois-ci, pas d'énigme à résoudre ! Pas besoin d'Elus et de fichus médaillons pour en ouvrir la porte ! Tout est là, à portée de main !
- Vous allez bien, Messire ? S'enquiert Donato que le ton de l'alchimiste déroute, pour le moins...
- Oui, oui, se reprend le français. Pardonnez-moi : je m'enflamme... Je m'en rends compte à présent. Mais cette cité, c'est quelque chose ! Poursuit-il. Probablement la dernière en son genre... Je vais nous en rapprocher...
- Pas trop près, Maître, s'il vous plaît, se hasarde Mercator. N'oubliez pas : ses habitants n'aiment pas les visiteurs ! »
Ambrosius tourne la tête vers son apprenti, contrarié car il se demande s'il n'a pas là un couard... Cependant, il reconnaît que les paroles de son disciple ne sont pas dénuées de sagesse.
« Soit, reprend-il, pensif. En revanche, je ne vois pas le Grand Condor dans les parages... Esteban et sa bande ont du le dissimuler... Bah ! Cela attendra !
- Messire, l'interrompt l'assassin. Regardez cette tour, là-bas : une vive lumière vient d'y apparaître !
- Par tous les diables ! » S'exclame l'alchimiste.
Sommet de la tour de Kitège. Nuit.
Zia se rend compte que l'énergie solaire continue de s'accumuler en un unique faisceau, sur le point de toucher la pierre. Se doutant que l'arme va tirer dans les secondes à venir et bien qu'elle en ignore la cible, l'élue décide d'intervenir, pour éviter que des innocents soient blessés ou tués. Elle fait appel à son pouvoir pour arracher la pierre de son support. Ce n'est pas facile, car le bras métallique tient fermement le caillou. Les tempes de l'inca se gonflent et elle ferme les yeux. Au moment même ou elle sent dans son esprit que le support vibre, commençant à céder à ses impulsions, elle entend un bourdonnement sourd : l'arme vient de faire feu ! Soucieuse, elle rouvre les paupières et voit un rayon intense, comme celui qui avait détruit la météorite du Grand Cataclysme, fuser plein sud... Espérant avoir réussi à dévier le tir, elle reprend ses efforts et les intensifie, jusqu'à réussir : finalement le bras métallique craque avant de se disloquer et la pierre vient se poser dans sa main droite. Satisfaite, la jeune femme la range précieusement et se dirige vers l'ascensionneur, pour rejoindre ses amis.
Machine Olmèque d'Ambrosius. Abords de Kitège. Nuit.
L'alchimiste et son équipage n'ont pas le temps de réaliser ce qu'il se passe qu'un éclair jaune frappe leur machine. Sous le choc, celle-ci effectue plusieurs tonneaux, projetant ses occupants en avant, puis en arrière, leur faisant ainsi heurter les parois à plusieurs reprises... L'engin finit heureusement par cesser ce manège, mais il perd de l'altitude et se rapproche dangereusement du sol. Bien que souffrant de plusieurs contusions et ayant un sérieux tournis, Ambrosius parvient à se relever. Après quelques pas chancelants il réussit à reprendre les commandes et parant au plus pressé, stabilise l'appareil. Sur son pupitre, plusieurs voyants rouges vifs se sont allumés, signes d'autant de dysfonctionnements.
« Allons bon ! Bougonne t-il en consultant le rapport d'avaries. Plusieurs systèmes importants ont été touchés !
- Bon sang ! S'enquiert Donato, se redressant péniblement à son tour. Que s'est-il passé ?
- On nous a tiré dessus... lui répond simplement l'alchimiste. Depuis la Cité d'Or et avec une arme très puissante... Elle aurait pu détruire ma machine ! Fulmine le français.
- Dans ce cas, affirme l'assassin, nos ennemis ne savent pas bien viser : nous sommes toujours là... Cela dit, ce n'est pas passé loin !
- Un des trois pieds de notre appareil a tout de même failli être arraché... l'informe le savant. C'aurait pu être pire, mais nous devons atterrir ici-même : je dois procéder à quelques réparations d'urgence.»
Il actionne quelques boutons puis la machine, après avoir encore un peu tangué, lui obéit et se pose, non sans émettre quelques bruits suspects. L'alchimiste se dépêche de revêtir son armure, puis ouvre la porte et en actionne la passerelle. Tout en descendant d'un pas encore mal assuré, il constate avec dépit que des volutes de fumée s'échappent du pied endommagé. Donato le rejoint, voit l'ampleur des dégâts et lui annonce : « Messire, je ne peux vous aider à remettre cela en état : je n'ai pas ce genre de compétences et je risquerai de vous gêner... Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais me rendre à la Cité d'Or... Pour y trouver ma cible et en finir une fois pour toutes avec elle...
- C'est d'accord, lui répond Zarès... Mais, une fois là-bas, ne touchez à aucun artefact: je n'ai pas envie que cette cité se replie et que ses trésors m'échappent... Je vous rejoins dès que j'ai remédié à la situation... »
L'assassin acquiesce, enfile une capuche pour se protéger le visage du froid, puis s'enfonce dans la nuit, se dirigeant à vive allure vers la place forte...
Fonderie de la Cité d'Or. Nuit.
Gaspard et Kushi, armés de leur rapière et couteaux, tiennent en respect les soldats faisant mine d'essayer d'entrer dans la pièce dans laquelle Tao s'active fébrilement, essayant différents réglages... Quand il procède, les arceaux émettent différents sons, sans toutefois produire le résultat escompté. Mais bientôt les deux combattants et leurs adversaires respectifs n'ont d'autre choix que de reculer : Ta'Harqa s'avance dans le couloir, précédé de son sinistre Soleil Noir qui nettoie le passage, de ses rayons enflammés ! Kushi et Gaspard en évitent plusieurs mais l'un des tirs frôle le maître d'armes au niveau de l'épaule droite, lui occasionnant tout de même une légère brûlure. Heureusement, sa forte constitution lui permet de tenir le coup. Prenant sur lui pour ignorer la douleur, le bretteur se replace, craignant toutefois un prochain tir qui, s'il était mieux ajusté, lui serait probablement fatal...
Alors que le Soleil Noir pénètre dans la fonderie, Esteban et Indali n'écoutent que leur courage : ils se postent au niveau de l'embrasure de la porte et quand Ta'Harqa, trop confiant, en franchit le seuil, ils lui sautent dessus, l'atlante s'agrippant à son cou et l'hindoue à son torse ! Surpris, le naacal déchu en perd le contrôle du soleil noir, car incapable de maintenir sa concentration. Il pourrait faire feu au hasard mais il hésite, ne voulant pas risquer de se blesser ou d'endommager les installations. Gaspard profite que l'arme est désormais inoffensive : il empoigne la robe du traître et le tire rudement à l'intérieur de la salle, tandis que Kushi se replace devant la porte pour repousser les sintashtas qui prétendent venir aider leur Empereur. Le naacal ne s'avoue pas vaincu pour autant : il sort un couteau de sa besace et tente de frapper les deux puces qui le gênent. Mais la jeune hindoue lui saisit les bras pour les protéger de sa lame et le Fils du Soleil, quant à lui, change de position, pour arriver dans son dos. Aidés de Gaspard, ils parviennent finalement à eux trois à faire tomber leur ennemi ! Dans sa chute, le chapeau du naacal glisse de sa tête, révélant une couronne d'orichalque qui était cachée en dessous ! Vif comme l'éclair, le dernier des atlantes s'empare de l'objet, qu'il place sur sa tête puis se hâte de s'éloigner de l'homme, et il prend le contrôle de son Soleil Noir !
« Voilà comment tu faisais ! Assène le Fils du Soleil à son ennemi. Je me disais bien que tu devais avoir un truc !
- Rends-moi ça ! » lui ordonne le naacal déchu.
Esteban l'ignore et choisit plutôt de le menacer des rayons du soleil noir, ce qui force son ennemi et ses troupes à reculer. Puis, Indali referme la porte.
« Ce n'est pas fini ! Leur promet Ta'Harqa quand le mur s'abaisse pour les séparer. Il faudra bien que vous sortiez ! Il n'y a pas d'autre issue ! Nous vous cueillerons ! Vous me le paierez !
- C'est ça, c'est ça ! » dit Esteban, d'un air narquois.
Sommet de la tour de Kitège. Nuit.
Après bien des efforts, Mendoza, Athanaos et Laguerra viennent à bout de la vague d'ennemis. Zia ayant récupéré la pierre, les aventuriers se dépêchent d'emprunter l'ascensionneur et redescendent avant l'apparition d'éventuels renforts. Arrivés en bas, Mendoza prend un court instant pour regarder le ciel et se repérer grâce aux étoiles, puis ils empruntent la passerelle menant vers l'est. Une fois parvenus à un endroit qui leur semble sûr, Zia active sa sono-boîte...
« Esteban, c'est moi...
- Oui, Zia, lui répond le Fils du Soleil, content d'entendre sa voix.
- J'ai la pierre ! Poursuit l'inca. Tout va bien de votre côté ?
- Oui. On va avoir des choses à te raconter, mais ce n'est pas vraiment le moment. Nous avons la matrice et notre très cher naacal, plaisante t-il, a un plan pour détruire la Cité ! Il nous faut encore du temps... Je suis sûr qu'on va réussir. Retournez au point de ralliement : nous vous y rejoindrons !
- Entendu ! reprend la jeune femme, heureuse de savoir ses amis sains et saufs.
- Préviens-nous quand vous y serez... lui demande son bien-aimé.
- C'est d'accord » confirme la jeune femme avant de mettre fin à la transmission.
Tout le monde ayant entendu la conversation, les aventuriers se concertent rapidement : « Je pourrai nous transporter grâce au bracelet, leur propose l'inca.
- Oui, dit Isabella, mais c'est un objet précieux et nous n'en avons pas d'autre : je pense préférable de le garder pour plus tard et il me semble possible de regagner le point de ralliement par nos propres moyens, si nous restons prudents... »
Zia réfléchit puis acquiesce, se rangeant à l'avis de la bretteuse...
Mendoza ayant le meilleur sens de l'orientation, il décide de passer en tête et entreprend de les guider vers le sud, vers la porte principale. Laguerra, quant à elle, fermant la marche.
Au bout de longues minutes, le navigateur aperçoit leur objectif. Mais la sortie est gardée par deux sintashtas et huit autres patrouillent plus loin, se rapprochant de leur position et ceux-là semblent avoir des armes à distance : des arbalètes comme celles qu'utilisaient les olmèques de la base de Pyros...
Zia sort alors de sa robe une lampe portative, la dernière qu'il lui reste et la fait léviter jusqu'à une bonne hauteur, puis elle la lance très loin, la faisant heurter violemment l'un des remparts. Le bruit attire l'ensemble des soldats, qui se précipitent dans la direction de l'objet. Profitant de la diversion, les compagnons s'élancent et traversent la zone presque à découvert. Mendoza atteint la porte, qu'il ouvre et laisse passer Athanaos, Sancho, Zia et Pichu. Malheureusement au moment où Isabella s'apprête à franchir le seuil à son tour, des rafales d'énergie frappent l'embrasure juste devant elle, la forçant à reculer : les ennemis les ont repérés ! Quatre gardes se mettent aux trousses de la bretteuse, tout en tirant, l'empêchant de rejoindre son bien-aimé qui lui, se voit contraint de sortir de l'enceinte pour ne pas encaisser les tirs des guerriers restants.
« Laguerra ! Crie t-il inquiet.
- Ca va aller ! Lui promet la bretteuse tout en courant se mettre à l'abri au sein de la Cité. Filez ! Ne m'attendez pas : on se retrouve au point de ralliement !
- Par la malepeste ! Jure le navigateur, n'ayant d'autre choix que de refermer la porte avant de s'enfuir avec le reste du groupe...
Courant aussi vite que possible, l'ancienne espionne a une bonne avance sur ses poursuivants. Elle tâche de la conserver, en veillant toutefois à ne pas aller n'importe où, ce qui pourrait signifier sa perte... Faisant appel à son sens de l'orientation, elle longe l'enceinte par l'est, à la recherche d'un passage pouvant mener à l'extérieur. Elle en remarque finalement un : un pan de rempart moins élevé que les autres et présentant quelques aspérités. Elle prend son élan puis effectue un saut en hauteur et se lance dans l'escalade du mur. Autour d'elle les tirs fusent, mais elle est agile et elle atteint rapidement une hauteur suffisante qui la met hors de portée. Arrivant au sommet, elle se met à courir sur le rebord, priant pour trouver ce qu'elle cherche : un endroit d'où sauter... Elle y parvient finalement, apercevant un coin dans lequel la neige et la glace se sont accumulées, formant un matelas haut de plusieurs mètres. Après avoir évalué la distance et les risques, elle se laisse tomber. A mi-hauteur, elle se retourne d'un mouvement de hanches et utilise son fouet, sa lanière claquant contre le rempart et s'accrochant temporairement à son rebord, ce qui ralentit sa chute. L'aventurière atterrit dans la couche de neige. Elle s'en extrait hâtivement, avant que ses vêtements ne soient trempés, saine et sauve ! Elle finit d'épousseter ses vêtements avec ses gants puis, se met en route vers le sud-ouest, en marchant sur la banquise...
Elle n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres du niveau de la porte principale quand elle voit soudain une figure noire avancer rapidement dans sa direction...
«Cette fois, Isabella, mi amore, c'est la fin ! » Entend-elle.
La bretteuse ne connaît que trop bien cette voix, souvenir d'un passé qu'elle aimerait oublier... « Donato ! » grogne t-elle. En effet, le tueur n'est plus qu'à quelques mètres d'elle ! L'asesino, en bon professionnel, ne se perd pas en palabres : il dégaine sa lame de Tolède ainsi que sa dague et sans attendre que la bretteuse n'ait sorti sa rapière, il s'élance vers elle !
Fonderie de la Cité d'Or. Nuit.
« Je crois que c'est bon ! dit le Prince de Mû, confiant.
- Je l'espère, Tao, lui répond Esteban, qui a toujours la couronne de Ta'Harqa sur la tête : le Soleil Noir perd de l'énergie. Il va bientôt cesser de fonctionner. Nous allons perdre notre moyen de défense le plus efficace...
- Oui, je sais, reprend l'ancien naacal. Mais ça devrait aller : il n'y a plus qu'à tester encore une fois... »
Sur ce, il place un cube d'orichalque dans le tube, puis le jeune homme retourne au pupitre de commandes et pianote sur le clavier. Obéissants, les arceaux commencent à émettre des vibrations et au bout de quelques secondes, tous se réjouissent quand ils voient que le bloc se trouvant à l'intérieur du cylindre devient liquide !
« Bravo Tao ! Dit le Fils du Soleil en l'applaudissant.
- Ahah ! Merci, lui répond le jeune homme. Préviens Zia.»
Esteban acquiesce et active sa sono-boîte : « Zia, nous sommes prêts... Etes-vous sortis de la Cité ?
- Oui, confirme sa bien-aimée. Nous sommes au point de ralliement. Mais Isabella est restée à l'intérieur ! Nous ne savons pas si elle va réussir à nous rejoindre... »
Le navigateur prend alors la parole, sa voix trahissant une anxiété dont il n'est pas coutumier : « Esteban, je ne doute pas qu'Isabella va s'en sortir... Elle est pleine de ressources, tu la connais... Essayez d'attendre un peu, si c'est possible. Elle a sans doute juste besoin de temps... En revanche, si vous êtes en danger ou pensez qu'il est trop risqué de patienter davantage, exécutez votre plan. Ca me coûte énormément, mais je crois qu'Isabella serait d'accord avec moi : détruire cette Cité doit rester la priorité !
- Entendu, Mendoza ! Lui répond le jeune homme. Ne t'inquiète pas : je suis sûr qu'elle va vous retrouver ! Rien ne l'arrête !
- Merci, Esteban », apprécie le navigateur, touché par l'empathie de son ancien protégé, juste avant de couper la transmission.
Tao appuie à nouveau sur quelques touches et le tube de la fonderie se contracte et disparaît dans un soubassement, laissant les arceaux en place et à découvert. Les six aventuriers se pressent vers eux et les font pivoter, pour les réorienter en direction des extrémités de la pièce. Puis ils s'installent tous dans la sorte d'angle mort ainsi formée. Tao confie son médaillon à son frère de coeur, puis le Prince de Mû retourne au pupitre. Il attend de longues minutes, jusqu'à ce que Kushi entende à nouveau des troupes s'approcher. En quelques commandes, l'ancien naacal déclenche l'ouverture du toit, puis il règle au maximum le volume sonore émis par les arceaux.
« Nous ne pouvons plus attendre... Vous êtes prêts ? Demande t-il aux siens.
- Oui, vas-y, Tao ! Répond Indali.
- Disons adieu à cette cité ! » Renchérit le Fils du Soleil.
Tao acquiesce d'un hochement de tête, puis exécute la séquence déclenchant les vibrations et court rejoindre ses amis. Ils se mettent côte à côte, se prenant la main et restent ainsi quelques secondes, s'assurer que le plan fonctionne, que la fréquence se diffuse bien et que les murs d'orichalque de la Cité commencent à fondre...
« Maintenant ! Dit Esteban, en appuyant sur le disque de son médaillon pour activer le bracelet de transport. Entourés d'un halo doré, les compagnons se volatilisent, pour réapparaître en une fraction de seconde à l'emplacement exact où ils avaient laissé le traineau...
Au même instant, Ta'Harqa, Yesubaha et les guerriers sintashtas pénètrent dans la fonderie. Ils sont armés jusqu'aux dents mais sont vite forcés de se couvrir les oreilles de leur mains, en raison de l'incessant bruit strident qui règne dans la salle... A leur grande stupeur, ils voient des coulées d'orichalque se répandre partout autour d'eux, des pans de murs dégoulinants et laissant des trous béants, ce qui permet aux vibrations de se propager encore plus loin, aux pièces adjacentes, puis aux suivantes... A l'extérieur, certains des soldats voient même l'immense tour commencer, elle aussi, à se liquéfier !
Comprenant la situation, le naacal déchu se précipite à l'intérieur de la fonderie pour éteindre le pupitre de commandes et mettre fin au processus, mais le sol est lui aussi affecté par les vibrations : Ta'Harqa dérape, glisse et tombe dans une flaque d'orichalque. Après quelques efforts, il parvient toutefois à se relever et continue vers son objectif mais, alors qu'il n'est plus qu'à quelques mètres, il voit des flocons de neige tomber du toit laissé ouvert.
« NOOOOON ! » Hurle t-il horrifié, tandis que les petits cristaux se posent délicatement sur l'orichalque et que, l'instant d'après, le monde explose...
Fin du chapitre
Laguerra va t-elle survivre à l'assaut de son ennemi ? Nos amis échapperont ils à la destruction de Kitège et à la fureur de Zarès ? Vous le saurez en lisant le prochain chapitre des Mystérieuses Cités d'Or !
Documentaire
Cette aventure est en partie inspirée de la légende de la cité appelée « Kitej » (prononcer Kitezh). Cette ville se situerait dans la région de Novgorod, dans la partie ouest de la Russie...
Elle aurait été bâtie par un Grand Prince de Vladimir, province faisant partie de l'Anneau d'Or et serait plus précisément localisée sur les rives du lac Svetloïar. La cité n'aurait eu aucune fortification : seulement des habitants très pieux. Sur le point d'être attaqués par les mongols, ceux-ci auraient prié et la ville aurait été alors submergée par de l'eau provenant de fontaines surgissant du sol ! Depuis, le lac dans laquelle elle reposerait est surnommé « l'Atlantide russe »...
Selon la légende, par temps calme, on peut entendre le son des cloches de la ville et des chants, et les rumeurs disent que « seuls ceux qui sont purs de cœur et d'âme pourront trouver le chemin pour se rendre à Kitej »...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kitej
Le Scoop de Pichu
« C'est vrai que des vibrations peuvent rendre un métal liquide ? Demande Pichu.
- Ahah, répond la voix off. L'orichalque est un métal légendaire ! Il a des propriétés uniques ! En revanche, il est vrai qu'il est possible de casser des objets avec des vibrations, quand la pression physique qu'elles exercent dure assez longtemps. Par exemple, on peut casser du verre avec un son d'au moins cent-cinq décibels. Il faut aussi atteindre une certaine fréquence et la maintenir... C'est possible avec des appareils élaborés mais ce n'est pas quelque chose qu'un humain doit tenter car il pourrait se faire mal aux cordes vocales.
- Et un perroquet ? Poursuit Pichu.
- Si j'étais toi, je n'essaierai pas : tu perdrais ta voix et tu ne pourrais plus prévenir tes amis ! »
Au revoir... A bientôt !
Chapitre suivant : La Nuit Eternelle viewtopic.php?p=106155#p106155
Chapitre XX : Kitège
Grande Place de la Cité d'Or. Fin d'après midi.
La vigilance de Laguerra et son expérience d'ancienne espionne aidant, Zia et son équipe parviennent à éviter plusieurs patrouilles et continuent leur progression au sein de la place forte...
La jeune femme et les siens sont bien inquiétés un moment quand, arrivant derrière eux, deux sintashtas les aperçoivent. Mais Mendoza et Athanaos, positionnés en arrière-garde, chargent immédiatement chacun un de ces ennemis et réussissent à les neutraliser, l'un de son épée et l'autre de sa lance hindoue, juste avant qu'ils ne donnent l'alerte. La troupe reste immobile quelques instants pour s'assurer de l'absence de nouveau danger, puis elle se remet en marche... Le complexe est calme... Trop : cela en devient oppressant. Les amis, tous les sens en alerte, longent les couloirs dorés parsemés ça et là de salles de gardes et de dortoirs... Fort heureusement ces pièces sont désertes car bien qu'il fasse nuit dehors depuis longtemps, il est encore tôt. Soulagée de ne voir âme qui vive et reprenant son souffle, l'équipe avance à nouveau. Au bout du compte, ses efforts sont récompensés car elle arrive devant une porte donnant vers l'extérieur, qu'elle ouvre et derrière laquelle se trouve son objectif : la grande tour d'orichalque se dressant dans le ciel hivernal...
L'édifice fait bien dans les deux cents pieds de haut et trente mètres de rayon. Sa base est accessible via une longue passerelle, débutant au niveau des compagnons et surplombant le vide. Deux personnes, pas plus, peuvent y marcher de front.
« Regardez ! Dit Zia, brisant le silence : il y a bien des ascensionneurs ! »
En effet, deux longs tubes verts, similaires à ceux de Badalom, sont bien accolés à la structure sur toute sa hauteur.
« C'est très exposé... déplore Laguerra : dès que nous nous engagerons sur ce pont, tout le monde nous verra...
- Exact, confirme Mendoza : nous n'aurons que peu de temps pour agir...
- Avons-nous seulement le choix ? regrette le Prophète Voyageur. Allons-y en courant : nous aurons peut-être de la chance... »
Sur ce Isabella charge son arme à distance puis, pistolet et rapière en mains, elle passe en tête, s'élançant sur le passage doré, suivie de Zia, Mendoza et Sancho, Athanaos restant quant à lui en arrière-garde. L'élan des aventuriers est malheureusement rapidement brisé, à cause du vent : même s'il souffle moins que le Ioujak, il leur envoie de la neige au visage. Outre le fait que cela soit très désagréable, cela limite aussi leur vue. De plus, les bourrasques leur font perdre l'équilibre et manquent à plusieurs reprises de les précipiter droit dans le vide. Au prix de grands efforts, les amis atteignent toutefois les ascensionneurs. Ils remarquent alors que la passerelle se scinde en deux parties, contournant l'édifice puis fusionnant à nouveau pour le relier au côté opposé de la Cité. Malheureusement, ils constatent que les appareils permettant de monter sont inactifs...
« C'est comme à Badalom, affirme t-elle, désignant les inscriptions entourant les cylindres : il faut toucher les bons symboles pour les faire fonctionner...
- Sais-tu à quels endroits appuyer ? » Lui demande le navigateur, tandis que Laguerra fait le guet.
- Hum... Donne-moi juste un instant, Mendoza » lui répond l'inca, qui tente de se remémorer la combinaison employée par Tao. Après quelques instants, cela lui revient et elle se met en quête des pictogrammes correspondants. Mais elle affiche bientôt un air préoccupé...
« Qu'y a t-il ? S'inquiète Athanaos.
- Rien ne correspond, lui répond la jeune femme. Ce n'est pas la langue de Mû !
- En effet, confirme le Prophète Voyageur regardant à son tour les inscriptions. C'est dans la langue de nos ennemis ! Ne te décourages pas, Zia : nous allons bien finir par trouver des analogies...
- des ana..anana.ana quoi ? Bégaie Sancho.
- des ressemblances... » lui explique le capitaine, qui poursuit : « Zia, Athanaos, voyez cela : Laguerra, Sancho, Pichu et moi, allons surveiller les environs.
- Entendu ! » Acquiesce le Prophète Voyageur, s'affairant immédiatement à la tâche.
Durant de longues minutes tout se passe bien : Zia et lui ne sont pas dérangés et ont le temps d'essayer plusieurs combinaisons, sans succès toutefois. Mais soudain, Pichu aperçoit des ennemis s'avancer sur la passerelle opposée !
« Alerte ! Alerte ! Danger ! Babille t-il en agitant frénétiquement les ailes.
- Par la malepeste ! S'exclame le navigateur. Ils nous ont déjà repérés ! Zia, Athanaos : Laguerra et moi allons les retenir, mais dépêchez-vous...
- Sancho, intime le père d'Esteban : surveille l'autre pont ! Préviens-moi si quelqu'un vient aussi de ce côté-là... En attendant je reste aider Zia...
- D'accord ! Acquiesce le loup de mer, nerveux.
Laguerra et Mendoza contournent les ascensionneurs, puis se mettent en garde pour intercepter les ennemis, une douzaine de sintashtas. Dans un seul geste fluide, Isabella vise et abat l'homme de tête d'un tir de pistolet. Elle n'a toutefois pas le temps de recharger et range son arme à distance avant de se mettre en posture défensive, son bien-aimé à ses côtés.
Les ennemis étant encore éloignés, Pichu, imite les techniques d'attaque d'un rapace, pique et se faufile entre les soldats pour gêner leurs tirs et les inciter à tenter de l'attraper. Ses manoeuvres grossières sont pourtant couronnées de succès : le volatile parvient à faire perdre l'équilibre à plusieurs guerriers, les faisant percuter leurs camarades ou chuter du pont.
Une fois leurs ennemis à portée de lames, le couple de bretteurs se fend en avant et le combat s'engage...
Aile nord de la Cité d'Or. Soirée.
Tao et Esteban se serrent l'un l'autre, apeurés. La surprise les a figés et le Soleil Noir est sur le point de faire feu !
« Attendez ! Attendez ! S'écrie soudain Gaspard à l'intention du naacal déchu, en agitant les mains.
- Qu'y a t-il ? lui demande Ta'Harqa. As-tu quelque chose d'important à dire ? Des derniers mots peut-être ?
- Oui, enfin, non, pas mes dernières paroles... Attendez, répète encore le Maître d'armes. Je reconnais que les gamins sont plutôt bornés: ils ne sont jamais raisonnables... Et si nous discutions plutôt entre adultes ? Entre gens civilisés ? Nous avons sûrement quelque chose que vous voudriez, en échange de nos vies...
- Quoi, par exemple ? Reprend son interlocuteur, dubitatif.
- Nous avons caché dans notre grand oiseau d'or des artif...des aracts...des terac.... Bref : des machins muens ! Une matrice d'orichalque, la Pierre d'Ophir, le Médaillon de Rana'Ori, et bien d'autres choses... Tout ça doit bien avoir de la valeur pour vous, non ? Epargnez-nous et ils sont à vous !
- Non, Gaspard ! Hurle Tao, indigné. Nous devons protéger les artefacts des gens comme lui ! »
Tandis que le naacal réfléchit, levant les yeux et se triturant la barbe, l'homme d'armes adresse un léger signe de tête à ses compagnons. Comprenant le message, Esteban, Tao, Indali, Kushi et Pedro reculent de quelques pas, le plus discrètement possible, en direction de l'issue se trouvant derrière eux... Quelques soldats voient bien leur manoeuvre, mais ils n'agissent pas car Gaspard, lui, reste au même endroit. Les sintashtas pensent donc que ce mouvement de recul ne s'explique que par la peur du Soleil Noir...
« Hum... J'ai déjà une matrice et une pierre similaires... reprend finalement Ta'Harqa. Cependant, je dois avouer que posséder le fameux double médaillon de la Princesse me plairait beaucoup ! Il est unique... Ce serait un très beau pied de nez que je ferai à Rana'Ori, après les humiliations qu'elle m'a infligées... Je pourrai le lui montrer quand je la reverrai... Ca serait amusant... Soit ! Donnez-moi ces objets et je vous épargnerai. » Sa voix se veut ferme, mais son ton est bien trop mielleux pour être sincère. « Alors, ajoute t-il, où est-il, votre oiseau d'or ?
- Je vais vous y guider, messire, ce n'est pas très loin, soutient Gaspard en faisant une profonde révérence en direction de son interlocuteur. Mais permettez-moi d'abord, s'il vous plaît, de m'échauffer : nous n'avons pas des protections comme les vôtres et il fait très froid dehors... »
Sans même attendre de réponse, le Maître d'armes se met à se baisser et se relever, enchaînant quelques génuflexions, tout en écartant les bras puis les ramenant sur sa poitrine. « Une...deux...Une...deux...Hop...Hop... » dit-il.
L'attention du naacal étant accaparée par ce cirque, il ne remarque pas que les intrus ont encore un peu plus reculé vers la sortie.
« Est-ce bientôt fini ? s'énerve Ta'Harqa. N'abusez pas de ma patience !
- Oui, plus qu'une ou deux pompes... affirme Gaspard, tout en s'allongeant sur le sol, les pieds en direction du naacal et la tête en direction de l'issue. Vous comprenez, ajoute t-il en s'exécutant : il ne faut pas plaisanter avec ce froid... »
Le maître d'armes effectue ainsi une série rapide puis, d'un coup, il plie les jambes davantage et effectue un splendide bond en avant, attrapant Esteban et Tao au passage et leur criant « fuyez ! ». Dans son élan et alors que tous se mettent à détaler, le Maître d'armes enchaîne, parvenant à assommer d'un coup de poing un sintashta qui se trouvait sur son chemin.
Le naacal, la surprise passée, se reprend et fait usage de son Soleil Noir ! Un rayon jaune en émerge et fuse vers le groupe. Mais les réflexes de Ta'Harqa ne sont pas aussi aiguisés que ceux des amis et il rate son tir. Kushi empoigne deux soldats qui bloquaient leur retraite et les cogne l'un contre l'autre, les étourdissant le temps que les siens s'engagent dans le couloir. Le soleil noir fait feu dans leur direction à plusieurs reprises et les manque à chaque fois d'un rien. Des petites flammèches s'extraient des rayons qui percutent les murs et leur roussissent la pointe des cheveux... Heureusement, ils sont bientôt hors de portée et le naacal cesse alors d'utiliser son arme diabolique.
«Rattrapez-les et tuez-les! » s'exclame le traître, furieux, à l'attention de ses guerriers. Esteban et son équipe s'engagent dans un nouveau corridor, mais ne savent absolument pas où se mettre à l'abri : ils ne connaissent pas les lieux. Suivant aveuglément la chasseresse, ils changent plusieurs fois de direction, privilégiant les passages courts et les embranchements susceptibles d'empêcher leurs poursuivants de gagner du terrain et de les dérouter.
Tout en cavalant, Tao s'interroge à voix haute : « comment mon ancêtre peut-il commander un Soleil Noir ? C'est impossible ! Il n'y a que Zia qui en serait capable...
- On verra ça plus tard, Tao ! Lui intime Esteban. Garde ton souffle ! »
Tournant brièvement la tête, Indali s'inquiète : les enfants courent moins vite que leurs ennemis !
« Ils vont nous rattraper ! dit-elle.
- Je vais essayer de les retarder », lui répond Tao.
Le jeune homme sort prestement de son poncho quelques lampes portatives, qu'il déplie et jette à terre. Leurs poursuivants ne s'attendaient visiblement pas à cela : ils trébuchent sur les objets et tombent par terre, bloquant par la même occasion leurs camarades. « Ahah ! Bien joué, Tao ! » rit le Fils du Soleil. Cette ruse permet en effet aux amis de gagner un temps précieux dont ils profitent, changeant encore de cap et refermant derrière eux toutes les portes qu'ils croisent. Ce faisant ils réussissent au bout d'un moment à semer, au moins temporairement, leurs ennemis.
Leur course effrénée s'achève plus loin, au niveau d'un embranchement, quand Kushi s'arrête et intime à tout le monde d'en faire autant. A l'affut, l'évenque se met à considérer les deux alternatives : un passage à gauche et un deuxième continuant tout droit. « Allons par là, dit-elle, choisissant la seconde option. J'entends du bruit de l'autre côté... » Elle se relève et s'élance à nouveau mais le Prince de Mû, quand il arrive à son tour au niveau de l'intersection, interpelle le groupe et s'engage, lui, dans le couloir de gauche.
« Tu ne m'as pas écoutée, Tao ? lui indique la chasseresse: il y a quelque chose par là.
- Oui, convient le jeune homme, toutefois ce raffut me semble provenir de machines et non pas de soldats : si c'est ce que je crois, un chantier, leur matrice doit s'y trouver !
- Tu es prêt à miser ta vie et les nôtres là-dessus, gamin ? Lui répond Gaspard.
Le jeune homme déglutit, puis acquiesce : « oui ! Si leur matrice est là, nous devons la récupérer !
- Si Tao en est persuadé, ajoute Indali, je lui fais confiance !
- Moi aussi ! soutient Esteban. Allons-y !
- Ah ! Ces gamins ! Termine Pedro, levant les yeux au ciel.
- Soit, cède Kushi, prenant en mains deux de ses couteaux tandis que Gaspard dégaine sa rapière. Si vous insistez...
- Un instant... » dit Pedro. « Je vois quelqu'un là-bas... reprend-il. C'est Zia et Mendoza ! Pssst ! Siffle le loup de mer pour les interpeller. Par ici ! On est là ! »
La jeune inca et le navigateur qui venaient d'émerger d'un embranchement se retournent, voient les compagnons et les saluent en retour avant de se mettre à courir vers eux. Une fois arrivés à leur niveau, Gaspard s'adresse à la jeune femme : « où sont les autres, petite ? Où est le reste de votre équipe ?
- Je l'ignore, répond Zia, gênée, bien qu'Esteban lui sourie et s'approche d'elle : une patrouille sintashta d'importance nous a surpris et nous est tombée dessus ! Nous l'avons bien affrontée, mais ils étaient trop nombreux et sur le point de nous encercler. Nous avons du nous séparer pour ne pas qu'ils y parviennent et nous tuent tous ! Et nous nous sommes retrouvés seuls...
- Si vous venez avec nous, affirme le capitaine, je pense que nous pourrons rattraper les autres !
- C'est d'accord : on te suit, Mendoza ! » avance Pedro sans même consulter le reste de son équipe et commençant déjà à se mettre en marche...
Kushi regarde Gaspard, qui hausse les épaules. Tous deux s'exécutent, emboitant le pas au navigateur. Le Fils du Soleil, ravi de revoir sa bien-aimée, se presse lui aussi vers elle. Tao se montre plus circonspect, réfléchissant encore à ce qui vient de se passer : ca lui paraît louche...Intérieurement, quelque chose le tracasse, mais il n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Il suit tout de même le groupe lui aussi, quelques pas en retrait...
C'est Indali qui, soupçonnant aussi un coup fourré, se met au niveau de son amie : « Zia, lui demande t-elle innocemment tout en marchant, la jeune femme se tournant vers elle. Quand vous étiez sur le point d'être encerclés, étiez-vous près les uns des autres ?
- Oui, lui répond la jeune femme, sur la défensive. Mais les ennemis étaient vraiment nombreux... Il n'y avait rien à faire... Cela aurait-il changé quelque chose dans le cas contraire ?
- Si vous étiez proches et en danger, tu aurais du utiliser ton bracelet de transport... Ainsi, vous seriez arrivés immédiatement dans un lieu sûr... »
L'inca est surprise et elle voit l'hindoue froncer les sourcils... Elle parvient cependant à balbutier : « je... Je... Oui, c'est vrai... C'est bête : je n'y ai pas pensé sur l'instant... C'est vrai que c'aurait été une solution...
- Voyons, Indali ! intervient le Fils du Soleil en se mettant soudain entre elles. Tu ne vois pas que Zia a subi une rude épreuve et qu'elle est fatiguée ? N'en rajoute pas : cela ne rime à rien... Avançons plutôt pour rejoindre les autres au plus vite !
- Esteban, lui répond l'hindoue inflexible, tu ne trouves pas cela bizarre, toi ? Je suis désolé de te dire ça : tu es bête ! Mais c'est normal : c'est l'amour qui t'aveugle ! Poursuit-elle : réfléchis ! Fais abstraction de tes sentiments une seconde... Tu comprendras ! » Le ton de sa réponse étant un peu trop dur, le dernier des atlantes se raidit, réfléchissant à une réplique cinglante.
Il n'a pas le temps de la formuler car Tao, surpris par les paroles de sa compagne, intervient à son tour : « Oh là, Oh là ! Vous deux ! Arrêtez ! Que se passe t-il enfin ? Expliques-nous, Indali, s'il te plaît... »
L'hindoue ne se démonte pas et désigne Zia du doigt, l'intéressée se renfrognant à son tour à ce geste : « je m'en doutais.... lui assène Indali. Tu ne l'as pas fait : tu n'as pas utilisé le bracelet, car tu ne sais pas de quoi je parle... Pourtant, tu ne l'as plus au poignet droit, comme tu te l'y étais pourtant fixé !
- Je comprends ! Explique Tao en se frappant la tête d'une main : bien sûr ! Les sintashtas n'ont pas pu copier le bracelet de transport car Zia ne le portait pas quand ils nous ont capturés au Bourkhan !
- Mais... C'est vrai ! » Réalise Esteban stupéfait, comprenant enfin la supercherie.
Démasquée, la copie de Zia sort de l'encolure de sa robe une sorte de dague. Elle actionne un bouton de la poignée et sa lame se met à vibrer, comme c'était le cas pour la hache de Byzas. Puis, la sintashta se rue sur Indali dans le but de la poignarder ! C'est sans compter sur Gaspard qui intervient, saisissant la jeune femme par les avant-bras et l'empêchant d'accomplir son méfait, tandis que Kushi sort un de ses couteaux et en menace le double de Mendoza, qui venait sournoisement de dégainer son épée.
La copie de Zia se débat, toutefois, parvenant à se dégager et décide de prendre la fuite, empruntant le passage par lequel Esteban et les siens étaient venus. Si Gaspard pense bien la poursuivre, le Fils du Soleil l'en dissuade en posant une main sur son torse : « c'est par là que se trouvent nos ennemis », dit-il simplement. De son côté, le sosie du navigateur effectue quelques passes d'armes, mais voyant que le partenaire de la chasseresse revient en renfort, il décoche un coup de pied à l'évenque, qui l'esquive mais doit pour se faire reculer. Le sintashta profite de l'occasion et du champ libre qui lui est donné, tourne les talons et s'enfuit à son tour.
« Vite, leur intime Tao. Allons dans le couloir de gauche ! Ces deux-là vont trahir notre position ! »
Tous s'exécutent et rapidement, atteignent finalement l'entrée d'une pièce immense. Jetant un œil à l'intérieur, Esteban, Tao et Kushi remarquent que la salle comporte de nombreuses machines et établis, que quatre savants sintashtas sont présents, travaillant visiblement à la confection d'armes, et que le toit de l'atelier semble pouvoir s'ouvrir. Mais ce qui attire surtout l'attention des enfants, c'est un immense cylindre. Un peu en contrebas, il traverse le reste de la pièce et contient de l'orichalque liquide, qui change de forme puis se solidifie sous l'effet de vibrations émises par des arceaux circulaires et mobiles, positionnés à intervalles réguliers.
« C'est bien une fonderie... chuchote Tao à ses compagnons. J'en étais sûr. C'est comme à Badalom. Je vois leur matrice, de l'autre côté de ce tube...»
En effet, les amis la distinguent eux aussi, lévitant au sein d'une protection cylindrique.
Gaspard et Kushi se concertent à voix basse, puis entrent en action, chargeant chacun un des couples de savants. Ces derniers ne sont pas des combattants et leur surprise passée, ils ont vite fait de se rendre et sont rapidement maîtrisés. Gaspard les attache avec des filins qu'il trouve là, tandis que l'évenque vérifie qu'il n'y a plus d'ennemis et que les enfants verrouillent la porte. Cela fait, Esteban se rend au fond de la pièce et, avec précautions, s'empare de la matrice, qu'il range dans un écrin de métal qu'il trouve dans un placard.
Tao, lui, est très intéressé par la console commandant les arceaux. C'est un immense pupitre, encastré dans le mur et avec de très nombreuses touches.
Certaines présentent un petit dessin, pour ordonner la fabrication de l'objet correspondant, mais la plupart ne contiennent qu'un idéogramme en langue sintashta.
« Oh oh ! Indali, Esteban, j'ai une idée ! S'enthousiasme l'ancien naacal en pointant du doigt le clavier. Vous avez vu cet appareil : c'est grâce à lui qu'il y a les vibrations dans le tuyau... Vous vous souvenez de ce que Byzas nous a dit ?
- Quoi donc , Tao ? Lui répond l'Elu.
- Fais un effort, voyons ! Il nous a expliqué que l'orichalque solide redevient liquide s'il est soumis à une certaine fréquence sonore...
- Oui et après ? l'interroge le dernier des atlantes. En quoi ça nous avance ?
- Eh bien, poursuit Tao en levant les bras : les murs, les portes, la Cité toute entière... C'est de l'orichalque... Et dehors, tout autour, il y a ?
- Bah, de la glace et de la neige... soupire le Fils du Soleil agacé et se grattant la tête, car il ne voit pas où son ami veut en venir.
- Eh bien, le taquine son ami, tu es lent cette fois, Esteban ! La glace et la neige, c'est de l'eau, non ? Et qu'est ce que ça donne, le mélange eau plus orichalque liquide, humm ?
- Une explosion ! Saisit le Fils du Soleil. Bien sûr ! C'est génial ! Si nous trouvons la bonne fréquence...
- Nous détruirons la Cité d'Or ! finit Indali, joignant les mains et partageant leur enthousiasme.
- C'est bien beau, tout ça, gamin ! déclare Gaspard en s'adressant à Tao et croisant les bras. Mais comment comptes-tu produire cette chose, cette « fréquence » dont vous parlez ?
- C'est la question, concède l'intéressé, le regard à nouveau fixé sur la machine... Ca ne va pas être simple... J'imagine que cette console peut produire n'importe quel son. Mais il faut le diffuser en dehors du tube et l'amplifier pour le propager sur toute la Cité... J'ignore aussi quelle est la fréquence exacte... Et même si je la découvre, il y a encore trois autres problèmes à résoudre...
- Quoi, encore ? Bougonne le dernier des atlantes.
- Premièrement, les sono-boites et nos médaillons sont eux aussi en orichalque. Ils risquent de devenir liquides. Ce serait dommage que des objets aussi utiles soient détruits. En tant que membres de l'Ordre du Condor, nous devons si possible les préserver... Nous avons également besoin d'un médaillon pour ouvrir la passerelle du condor...
- Dans ce cas, déduit l'Enfant du Soleil, il faudra enclencher la fréquence le plus tard possible. Pour qu'ils n'aient pas le temps d'être affectés.
- Deuxièmement, nous devrons prévenir l'équipe de Zia pour qu'elle s'échappe à temps.
- Pour ça, intervient Indali, Esteban a sa sono-boîte !
- C'est vrai, poursuit le Prince. Enfin, nous n'aurons pas beaucoup de temps pour fuir, avant d'être pris nous aussi dans la détonation...
- Là, c'est toi qui est lent ! J'ai la solution ! Triomphe le Fils du Soleil, bras levé et exhibant son bracelet de transport. Ca nous expédiera dehors et à l'abri en un claquement de doigts !
- Oh oh ! Dans ce cas, c'est réglé ! conclut l'ancien naacal. Cependant il va me falloir du temps pour faire tout ça...
- Nous n'allons pas en avoir beaucoup, les interrompt Kushi : j'entends des pas... Nos ennemis se rassemblent et il n'y a pas d'autre issue...
- Mets toi au travail tout de suite, Tao, l'encourage son ami.
- Viens, dit Gaspard à sa compagne : laissons les enfants s'occuper de ces machins... Allons voir qui arrive..."
Au pied de la Tour. Grande Place de la Cité d'Or. Soirée.
Le combat fait rage : Laguerra et Mendoza se battent comme des diables et ils ont déjà vaincu bon nombre d'assaillants, mais chaque adversaire vaincu laisse la place à un nouveau et ils craignent l'arrivée possible de renforts ennemis.
« Zia, Athanaos, crie l'ancienne espionne tout en esquivant un coup, nous n'allons pas pouvoir les retenir encore très longtemps...
- Je crois que nous y sommes presque ! Lui répond le Prophète Voyageur, sa voix trahissant toutefois une certaine tension.
- Par la malepeste ! Jure Mendoza effectuant une parade suivie d'une riposte qui, hélas, ne porte pas ses effets : ils savent se battre !
- Ath.Athath. Athanaos ! » S'exclame Sancho.
Le père d'Esteban se retourne et s'aperçoit que trois sintashtas les ont contournés pour les prendre à revers et s'engagent sur la passerelle par laquelle ils sont venus.
« Zia, dit-il tout en se préparant au combat à son tour. Tu vas devoir terminer sans moi...
- Je réussirai ! affirme la jeune femme, pour rassurer le Prophète Voyageur. Il ne reste plus qu'un symbole à trouver... »
Sancho vient se mettre à côté d'elle, tandis qu'Athanaos effectue de grands moulinets de sa lance. Par ce geste, il impressionne les nouveaux adversaires qui reculent de quelques pas avant de se reprendre et de le charger. Nullement intimidé, le membre de l'Ordre du Condor tend son arme vers l'avant, comme s'il voulait en transpercer un des deux. Mais c'est une ruse car au dernier moment, il tourne sur lui-même, augmentant ainsi la force de frappe de son arme : sa lance percute le premier ennemi qui, entraîné, heurte à son tour le second. Tous deux, sous l'impact, chancèlent puis tombent dans le vide. Le troisième sintashta hésite une seconde, mais se rue à son tour vers le Prophète Voyageur.
A cet instant précis, Zia appuie sur un dernier symbole et réussit : finalement, l'ascensionneur se met en marche !
« Vas-y, Zia ! » lui crie Athanaos qui a entendu la colonne s'activer.
La jeune femme hoche la tête, puis s'engage dans le cylindre. Ses compagnons reculent l'un après l'autre pour l'emprunter à leur tour et tous s'envolent vers le sommet de la tour, propulsés par la soufflerie.
Ils atteignent bientôt une plate forme circulaire au milieu de laquelle trône un cube d'orichalque, haut de plusieurs mètres. Tandis que ses amis repoussent les sintashtas qui s'engagent eux aussi dans l'ascensionneur, Zia s'approche de cette structure et remarque qu'elle est composée de deux pans bien distincts, susceptibles de s'écarter. L'Elue s'apprête à utiliser son pouvoir pour les y forcer, quand à sa grande surprise, le dispositif s'active de lui-même. Il révèle en son sein une pierre similaire à celle d'Ophir, aux reflets jaunes, verts et blancs et maintenue par un long bras mécanique capable de pivoter. C'est exactement ce qu'il se met à faire, s'articulant pour orienter la pointe du silex vers le sud... Sous le caillou, de l'énergie solaire commence à s'amasser, présage d'un tir imminent...
Machine Olmèque d'Ambrosius. Abords de Kitège. Nuit.
« Oooh ! Elle est magnifique ! S'exclame l'alchimiste, apercevant enfin les contours de la Cité d'Or par les hublots. Une vraie merveille ! Ajoute t-il, les yeux brillants et des reflets dorés sur les lorgnons. Perdue au milieu de nulle part et n'attendant que moi pour m'offrir tous ses secrets ! Et cette fois-ci, pas d'énigme à résoudre ! Pas besoin d'Elus et de fichus médaillons pour en ouvrir la porte ! Tout est là, à portée de main !
- Vous allez bien, Messire ? S'enquiert Donato que le ton de l'alchimiste déroute, pour le moins...
- Oui, oui, se reprend le français. Pardonnez-moi : je m'enflamme... Je m'en rends compte à présent. Mais cette cité, c'est quelque chose ! Poursuit-il. Probablement la dernière en son genre... Je vais nous en rapprocher...
- Pas trop près, Maître, s'il vous plaît, se hasarde Mercator. N'oubliez pas : ses habitants n'aiment pas les visiteurs ! »
Ambrosius tourne la tête vers son apprenti, contrarié car il se demande s'il n'a pas là un couard... Cependant, il reconnaît que les paroles de son disciple ne sont pas dénuées de sagesse.
« Soit, reprend-il, pensif. En revanche, je ne vois pas le Grand Condor dans les parages... Esteban et sa bande ont du le dissimuler... Bah ! Cela attendra !
- Messire, l'interrompt l'assassin. Regardez cette tour, là-bas : une vive lumière vient d'y apparaître !
- Par tous les diables ! » S'exclame l'alchimiste.
Sommet de la tour de Kitège. Nuit.
Zia se rend compte que l'énergie solaire continue de s'accumuler en un unique faisceau, sur le point de toucher la pierre. Se doutant que l'arme va tirer dans les secondes à venir et bien qu'elle en ignore la cible, l'élue décide d'intervenir, pour éviter que des innocents soient blessés ou tués. Elle fait appel à son pouvoir pour arracher la pierre de son support. Ce n'est pas facile, car le bras métallique tient fermement le caillou. Les tempes de l'inca se gonflent et elle ferme les yeux. Au moment même ou elle sent dans son esprit que le support vibre, commençant à céder à ses impulsions, elle entend un bourdonnement sourd : l'arme vient de faire feu ! Soucieuse, elle rouvre les paupières et voit un rayon intense, comme celui qui avait détruit la météorite du Grand Cataclysme, fuser plein sud... Espérant avoir réussi à dévier le tir, elle reprend ses efforts et les intensifie, jusqu'à réussir : finalement le bras métallique craque avant de se disloquer et la pierre vient se poser dans sa main droite. Satisfaite, la jeune femme la range précieusement et se dirige vers l'ascensionneur, pour rejoindre ses amis.
Machine Olmèque d'Ambrosius. Abords de Kitège. Nuit.
L'alchimiste et son équipage n'ont pas le temps de réaliser ce qu'il se passe qu'un éclair jaune frappe leur machine. Sous le choc, celle-ci effectue plusieurs tonneaux, projetant ses occupants en avant, puis en arrière, leur faisant ainsi heurter les parois à plusieurs reprises... L'engin finit heureusement par cesser ce manège, mais il perd de l'altitude et se rapproche dangereusement du sol. Bien que souffrant de plusieurs contusions et ayant un sérieux tournis, Ambrosius parvient à se relever. Après quelques pas chancelants il réussit à reprendre les commandes et parant au plus pressé, stabilise l'appareil. Sur son pupitre, plusieurs voyants rouges vifs se sont allumés, signes d'autant de dysfonctionnements.
« Allons bon ! Bougonne t-il en consultant le rapport d'avaries. Plusieurs systèmes importants ont été touchés !
- Bon sang ! S'enquiert Donato, se redressant péniblement à son tour. Que s'est-il passé ?
- On nous a tiré dessus... lui répond simplement l'alchimiste. Depuis la Cité d'Or et avec une arme très puissante... Elle aurait pu détruire ma machine ! Fulmine le français.
- Dans ce cas, affirme l'assassin, nos ennemis ne savent pas bien viser : nous sommes toujours là... Cela dit, ce n'est pas passé loin !
- Un des trois pieds de notre appareil a tout de même failli être arraché... l'informe le savant. C'aurait pu être pire, mais nous devons atterrir ici-même : je dois procéder à quelques réparations d'urgence.»
Il actionne quelques boutons puis la machine, après avoir encore un peu tangué, lui obéit et se pose, non sans émettre quelques bruits suspects. L'alchimiste se dépêche de revêtir son armure, puis ouvre la porte et en actionne la passerelle. Tout en descendant d'un pas encore mal assuré, il constate avec dépit que des volutes de fumée s'échappent du pied endommagé. Donato le rejoint, voit l'ampleur des dégâts et lui annonce : « Messire, je ne peux vous aider à remettre cela en état : je n'ai pas ce genre de compétences et je risquerai de vous gêner... Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais me rendre à la Cité d'Or... Pour y trouver ma cible et en finir une fois pour toutes avec elle...
- C'est d'accord, lui répond Zarès... Mais, une fois là-bas, ne touchez à aucun artefact: je n'ai pas envie que cette cité se replie et que ses trésors m'échappent... Je vous rejoins dès que j'ai remédié à la situation... »
L'assassin acquiesce, enfile une capuche pour se protéger le visage du froid, puis s'enfonce dans la nuit, se dirigeant à vive allure vers la place forte...
Fonderie de la Cité d'Or. Nuit.
Gaspard et Kushi, armés de leur rapière et couteaux, tiennent en respect les soldats faisant mine d'essayer d'entrer dans la pièce dans laquelle Tao s'active fébrilement, essayant différents réglages... Quand il procède, les arceaux émettent différents sons, sans toutefois produire le résultat escompté. Mais bientôt les deux combattants et leurs adversaires respectifs n'ont d'autre choix que de reculer : Ta'Harqa s'avance dans le couloir, précédé de son sinistre Soleil Noir qui nettoie le passage, de ses rayons enflammés ! Kushi et Gaspard en évitent plusieurs mais l'un des tirs frôle le maître d'armes au niveau de l'épaule droite, lui occasionnant tout de même une légère brûlure. Heureusement, sa forte constitution lui permet de tenir le coup. Prenant sur lui pour ignorer la douleur, le bretteur se replace, craignant toutefois un prochain tir qui, s'il était mieux ajusté, lui serait probablement fatal...
Alors que le Soleil Noir pénètre dans la fonderie, Esteban et Indali n'écoutent que leur courage : ils se postent au niveau de l'embrasure de la porte et quand Ta'Harqa, trop confiant, en franchit le seuil, ils lui sautent dessus, l'atlante s'agrippant à son cou et l'hindoue à son torse ! Surpris, le naacal déchu en perd le contrôle du soleil noir, car incapable de maintenir sa concentration. Il pourrait faire feu au hasard mais il hésite, ne voulant pas risquer de se blesser ou d'endommager les installations. Gaspard profite que l'arme est désormais inoffensive : il empoigne la robe du traître et le tire rudement à l'intérieur de la salle, tandis que Kushi se replace devant la porte pour repousser les sintashtas qui prétendent venir aider leur Empereur. Le naacal ne s'avoue pas vaincu pour autant : il sort un couteau de sa besace et tente de frapper les deux puces qui le gênent. Mais la jeune hindoue lui saisit les bras pour les protéger de sa lame et le Fils du Soleil, quant à lui, change de position, pour arriver dans son dos. Aidés de Gaspard, ils parviennent finalement à eux trois à faire tomber leur ennemi ! Dans sa chute, le chapeau du naacal glisse de sa tête, révélant une couronne d'orichalque qui était cachée en dessous ! Vif comme l'éclair, le dernier des atlantes s'empare de l'objet, qu'il place sur sa tête puis se hâte de s'éloigner de l'homme, et il prend le contrôle de son Soleil Noir !
« Voilà comment tu faisais ! Assène le Fils du Soleil à son ennemi. Je me disais bien que tu devais avoir un truc !
- Rends-moi ça ! » lui ordonne le naacal déchu.
Esteban l'ignore et choisit plutôt de le menacer des rayons du soleil noir, ce qui force son ennemi et ses troupes à reculer. Puis, Indali referme la porte.
« Ce n'est pas fini ! Leur promet Ta'Harqa quand le mur s'abaisse pour les séparer. Il faudra bien que vous sortiez ! Il n'y a pas d'autre issue ! Nous vous cueillerons ! Vous me le paierez !
- C'est ça, c'est ça ! » dit Esteban, d'un air narquois.
Sommet de la tour de Kitège. Nuit.
Après bien des efforts, Mendoza, Athanaos et Laguerra viennent à bout de la vague d'ennemis. Zia ayant récupéré la pierre, les aventuriers se dépêchent d'emprunter l'ascensionneur et redescendent avant l'apparition d'éventuels renforts. Arrivés en bas, Mendoza prend un court instant pour regarder le ciel et se repérer grâce aux étoiles, puis ils empruntent la passerelle menant vers l'est. Une fois parvenus à un endroit qui leur semble sûr, Zia active sa sono-boîte...
« Esteban, c'est moi...
- Oui, Zia, lui répond le Fils du Soleil, content d'entendre sa voix.
- J'ai la pierre ! Poursuit l'inca. Tout va bien de votre côté ?
- Oui. On va avoir des choses à te raconter, mais ce n'est pas vraiment le moment. Nous avons la matrice et notre très cher naacal, plaisante t-il, a un plan pour détruire la Cité ! Il nous faut encore du temps... Je suis sûr qu'on va réussir. Retournez au point de ralliement : nous vous y rejoindrons !
- Entendu ! reprend la jeune femme, heureuse de savoir ses amis sains et saufs.
- Préviens-nous quand vous y serez... lui demande son bien-aimé.
- C'est d'accord » confirme la jeune femme avant de mettre fin à la transmission.
Tout le monde ayant entendu la conversation, les aventuriers se concertent rapidement : « Je pourrai nous transporter grâce au bracelet, leur propose l'inca.
- Oui, dit Isabella, mais c'est un objet précieux et nous n'en avons pas d'autre : je pense préférable de le garder pour plus tard et il me semble possible de regagner le point de ralliement par nos propres moyens, si nous restons prudents... »
Zia réfléchit puis acquiesce, se rangeant à l'avis de la bretteuse...
Mendoza ayant le meilleur sens de l'orientation, il décide de passer en tête et entreprend de les guider vers le sud, vers la porte principale. Laguerra, quant à elle, fermant la marche.
Au bout de longues minutes, le navigateur aperçoit leur objectif. Mais la sortie est gardée par deux sintashtas et huit autres patrouillent plus loin, se rapprochant de leur position et ceux-là semblent avoir des armes à distance : des arbalètes comme celles qu'utilisaient les olmèques de la base de Pyros...
Zia sort alors de sa robe une lampe portative, la dernière qu'il lui reste et la fait léviter jusqu'à une bonne hauteur, puis elle la lance très loin, la faisant heurter violemment l'un des remparts. Le bruit attire l'ensemble des soldats, qui se précipitent dans la direction de l'objet. Profitant de la diversion, les compagnons s'élancent et traversent la zone presque à découvert. Mendoza atteint la porte, qu'il ouvre et laisse passer Athanaos, Sancho, Zia et Pichu. Malheureusement au moment où Isabella s'apprête à franchir le seuil à son tour, des rafales d'énergie frappent l'embrasure juste devant elle, la forçant à reculer : les ennemis les ont repérés ! Quatre gardes se mettent aux trousses de la bretteuse, tout en tirant, l'empêchant de rejoindre son bien-aimé qui lui, se voit contraint de sortir de l'enceinte pour ne pas encaisser les tirs des guerriers restants.
« Laguerra ! Crie t-il inquiet.
- Ca va aller ! Lui promet la bretteuse tout en courant se mettre à l'abri au sein de la Cité. Filez ! Ne m'attendez pas : on se retrouve au point de ralliement !
- Par la malepeste ! Jure le navigateur, n'ayant d'autre choix que de refermer la porte avant de s'enfuir avec le reste du groupe...
Courant aussi vite que possible, l'ancienne espionne a une bonne avance sur ses poursuivants. Elle tâche de la conserver, en veillant toutefois à ne pas aller n'importe où, ce qui pourrait signifier sa perte... Faisant appel à son sens de l'orientation, elle longe l'enceinte par l'est, à la recherche d'un passage pouvant mener à l'extérieur. Elle en remarque finalement un : un pan de rempart moins élevé que les autres et présentant quelques aspérités. Elle prend son élan puis effectue un saut en hauteur et se lance dans l'escalade du mur. Autour d'elle les tirs fusent, mais elle est agile et elle atteint rapidement une hauteur suffisante qui la met hors de portée. Arrivant au sommet, elle se met à courir sur le rebord, priant pour trouver ce qu'elle cherche : un endroit d'où sauter... Elle y parvient finalement, apercevant un coin dans lequel la neige et la glace se sont accumulées, formant un matelas haut de plusieurs mètres. Après avoir évalué la distance et les risques, elle se laisse tomber. A mi-hauteur, elle se retourne d'un mouvement de hanches et utilise son fouet, sa lanière claquant contre le rempart et s'accrochant temporairement à son rebord, ce qui ralentit sa chute. L'aventurière atterrit dans la couche de neige. Elle s'en extrait hâtivement, avant que ses vêtements ne soient trempés, saine et sauve ! Elle finit d'épousseter ses vêtements avec ses gants puis, se met en route vers le sud-ouest, en marchant sur la banquise...
Elle n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres du niveau de la porte principale quand elle voit soudain une figure noire avancer rapidement dans sa direction...
«Cette fois, Isabella, mi amore, c'est la fin ! » Entend-elle.
La bretteuse ne connaît que trop bien cette voix, souvenir d'un passé qu'elle aimerait oublier... « Donato ! » grogne t-elle. En effet, le tueur n'est plus qu'à quelques mètres d'elle ! L'asesino, en bon professionnel, ne se perd pas en palabres : il dégaine sa lame de Tolède ainsi que sa dague et sans attendre que la bretteuse n'ait sorti sa rapière, il s'élance vers elle !
Fonderie de la Cité d'Or. Nuit.
« Je crois que c'est bon ! dit le Prince de Mû, confiant.
- Je l'espère, Tao, lui répond Esteban, qui a toujours la couronne de Ta'Harqa sur la tête : le Soleil Noir perd de l'énergie. Il va bientôt cesser de fonctionner. Nous allons perdre notre moyen de défense le plus efficace...
- Oui, je sais, reprend l'ancien naacal. Mais ça devrait aller : il n'y a plus qu'à tester encore une fois... »
Sur ce, il place un cube d'orichalque dans le tube, puis le jeune homme retourne au pupitre de commandes et pianote sur le clavier. Obéissants, les arceaux commencent à émettre des vibrations et au bout de quelques secondes, tous se réjouissent quand ils voient que le bloc se trouvant à l'intérieur du cylindre devient liquide !
« Bravo Tao ! Dit le Fils du Soleil en l'applaudissant.
- Ahah ! Merci, lui répond le jeune homme. Préviens Zia.»
Esteban acquiesce et active sa sono-boîte : « Zia, nous sommes prêts... Etes-vous sortis de la Cité ?
- Oui, confirme sa bien-aimée. Nous sommes au point de ralliement. Mais Isabella est restée à l'intérieur ! Nous ne savons pas si elle va réussir à nous rejoindre... »
Le navigateur prend alors la parole, sa voix trahissant une anxiété dont il n'est pas coutumier : « Esteban, je ne doute pas qu'Isabella va s'en sortir... Elle est pleine de ressources, tu la connais... Essayez d'attendre un peu, si c'est possible. Elle a sans doute juste besoin de temps... En revanche, si vous êtes en danger ou pensez qu'il est trop risqué de patienter davantage, exécutez votre plan. Ca me coûte énormément, mais je crois qu'Isabella serait d'accord avec moi : détruire cette Cité doit rester la priorité !
- Entendu, Mendoza ! Lui répond le jeune homme. Ne t'inquiète pas : je suis sûr qu'elle va vous retrouver ! Rien ne l'arrête !
- Merci, Esteban », apprécie le navigateur, touché par l'empathie de son ancien protégé, juste avant de couper la transmission.
Tao appuie à nouveau sur quelques touches et le tube de la fonderie se contracte et disparaît dans un soubassement, laissant les arceaux en place et à découvert. Les six aventuriers se pressent vers eux et les font pivoter, pour les réorienter en direction des extrémités de la pièce. Puis ils s'installent tous dans la sorte d'angle mort ainsi formée. Tao confie son médaillon à son frère de coeur, puis le Prince de Mû retourne au pupitre. Il attend de longues minutes, jusqu'à ce que Kushi entende à nouveau des troupes s'approcher. En quelques commandes, l'ancien naacal déclenche l'ouverture du toit, puis il règle au maximum le volume sonore émis par les arceaux.
« Nous ne pouvons plus attendre... Vous êtes prêts ? Demande t-il aux siens.
- Oui, vas-y, Tao ! Répond Indali.
- Disons adieu à cette cité ! » Renchérit le Fils du Soleil.
Tao acquiesce d'un hochement de tête, puis exécute la séquence déclenchant les vibrations et court rejoindre ses amis. Ils se mettent côte à côte, se prenant la main et restent ainsi quelques secondes, s'assurer que le plan fonctionne, que la fréquence se diffuse bien et que les murs d'orichalque de la Cité commencent à fondre...
« Maintenant ! Dit Esteban, en appuyant sur le disque de son médaillon pour activer le bracelet de transport. Entourés d'un halo doré, les compagnons se volatilisent, pour réapparaître en une fraction de seconde à l'emplacement exact où ils avaient laissé le traineau...
Au même instant, Ta'Harqa, Yesubaha et les guerriers sintashtas pénètrent dans la fonderie. Ils sont armés jusqu'aux dents mais sont vite forcés de se couvrir les oreilles de leur mains, en raison de l'incessant bruit strident qui règne dans la salle... A leur grande stupeur, ils voient des coulées d'orichalque se répandre partout autour d'eux, des pans de murs dégoulinants et laissant des trous béants, ce qui permet aux vibrations de se propager encore plus loin, aux pièces adjacentes, puis aux suivantes... A l'extérieur, certains des soldats voient même l'immense tour commencer, elle aussi, à se liquéfier !
Comprenant la situation, le naacal déchu se précipite à l'intérieur de la fonderie pour éteindre le pupitre de commandes et mettre fin au processus, mais le sol est lui aussi affecté par les vibrations : Ta'Harqa dérape, glisse et tombe dans une flaque d'orichalque. Après quelques efforts, il parvient toutefois à se relever et continue vers son objectif mais, alors qu'il n'est plus qu'à quelques mètres, il voit des flocons de neige tomber du toit laissé ouvert.
« NOOOOON ! » Hurle t-il horrifié, tandis que les petits cristaux se posent délicatement sur l'orichalque et que, l'instant d'après, le monde explose...
Fin du chapitre
Laguerra va t-elle survivre à l'assaut de son ennemi ? Nos amis échapperont ils à la destruction de Kitège et à la fureur de Zarès ? Vous le saurez en lisant le prochain chapitre des Mystérieuses Cités d'Or !
Documentaire
Cette aventure est en partie inspirée de la légende de la cité appelée « Kitej » (prononcer Kitezh). Cette ville se situerait dans la région de Novgorod, dans la partie ouest de la Russie...
Elle aurait été bâtie par un Grand Prince de Vladimir, province faisant partie de l'Anneau d'Or et serait plus précisément localisée sur les rives du lac Svetloïar. La cité n'aurait eu aucune fortification : seulement des habitants très pieux. Sur le point d'être attaqués par les mongols, ceux-ci auraient prié et la ville aurait été alors submergée par de l'eau provenant de fontaines surgissant du sol ! Depuis, le lac dans laquelle elle reposerait est surnommé « l'Atlantide russe »...
Selon la légende, par temps calme, on peut entendre le son des cloches de la ville et des chants, et les rumeurs disent que « seuls ceux qui sont purs de cœur et d'âme pourront trouver le chemin pour se rendre à Kitej »...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kitej
Le Scoop de Pichu
« C'est vrai que des vibrations peuvent rendre un métal liquide ? Demande Pichu.
- Ahah, répond la voix off. L'orichalque est un métal légendaire ! Il a des propriétés uniques ! En revanche, il est vrai qu'il est possible de casser des objets avec des vibrations, quand la pression physique qu'elles exercent dure assez longtemps. Par exemple, on peut casser du verre avec un son d'au moins cent-cinq décibels. Il faut aussi atteindre une certaine fréquence et la maintenir... C'est possible avec des appareils élaborés mais ce n'est pas quelque chose qu'un humain doit tenter car il pourrait se faire mal aux cordes vocales.
- Et un perroquet ? Poursuit Pichu.
- Si j'étais toi, je n'essaierai pas : tu perdrais ta voix et tu ne pourrais plus prévenir tes amis ! »
Au revoir... A bientôt !
Chapitre suivant : La Nuit Eternelle viewtopic.php?p=106155#p106155