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Chapitre 1
Le paysage défilait devant la vitre baissée, les courants d'air s'engouffraient dans la voiture faisant virevolter ses cheveux noirs, pour la majorité. Elle s'ennuyait et ne rêvait que d'une chose : D'arrivée à destination et d'aller se cloîtrer dans sa chambre à la demeure pour travailler sans être dérangée. Elle fredonnait doucement le nouvel air créé par Bea Wain, Blue Rain. Il passait très souvent à la radio depuis son enregistrement et elle l'adorait. Elle jeta un coup d'œil à son grand frère encore plongé dans son livre, grâce à cela il n'avait pas cherché une seule seconde à l'agacer pendant tout le trajet. Elle poussa un soupir intérieur quand elle vit son père leur faire signe.
« Qu'est ce qu'il y a papa ?
- Les enfants j'espère que vous comprenez que votre mère et moi faisons ça pour vous protéger.
- Mais, dans ce cas papa, pourquoi maman n'est pas venue avec nous ?
- Elle n'a pas le choix de rester en ville, toutes les femmes sont embrigadée dans les usines.
- Et toi ?
- Pablo je te l'ai déjà expliqué, je dois partir en mission demain matin et il est hors de question que vous restiez en ville. C'est bien trop dangereux pour vous.
- Mais papa...
- Stop ! Chez vos grands-parents vous serez en sécurité. On ne sait pas comment nos ennemis peuvent réagir. Vous n'êtes pas les seuls à être envoyé hors de la ville. »
Sur ces mots, son père reprit son silence et se concentra à nouveau sur la route tandis qu'elle se remettait à observer le ciel. Celui-ci était d'un bleu azur parfait parsemé de bout de coton blanc... Dans l'esprit de la catalane, les faits étaient confus... Comment, ici, elle pouvait y voir un ciel aussi calme et beau alors que d'en d'autre pays plus au nord il était gris des fumées des incendies ou bien envahi par des compagnies aériennes de chacun des pays qui s'affrontaient.
Même dans son pays qui faisait parti de l'un des moins touché par ce conflit la décision avait été prise d'envoyer les jeunes générations en sécurité à la campagne afin de les sauvegarder des éventuels et possibles bombardements.
Après encore une heure de route, la voiture se stoppa devant une grande demeure, la façade était recouverte par des briques de couleurs claires, principalement beige. Les fenêtres étaient de grandes tailles, comme celles d'un château. D'après sa mère, c'était ainsi que Sofia qualifiait la maison de ses grands-parents depuis qu'elle était toute petite.
En posant pied à terre, l'adolescente vit sa grand-mère sortir sur le pas de la porte et entamer la descente des quelques marches qui les séparait encore. Son père s'avançait déjà ouvrant les bras pour enlacer sa chère maman.
« Bonjour maman, tu vas bien ?
- Je vais bien oui, et toi mon petit Carlos ? Vous avez fait bonne route toi et les petits ?
- Oui ne t'inquiètes pas, ça a été calme. »
Les deux petits s'étaient avancés pour embrasser leur abuelita.
« Bonjour grand-mère.
- Qu'est ce que vous avez grandi tous les deux.
- Grand-mère on ne s'est pas vu depuis presque un mois on a pas dû tant changer que ça.
- Oh si ma querida Sofia, crois en ta vieille abuelita vous avez changé. Surtout toi, tu n'avais pas cette mèche bleue la dernière fois que vous êtes venus.
- Arrête je l'ai suffisamment sermonné à ce sujet.
- Oui je me souviens papa mais je te l'ai dit... J'ai juste voulu tester si le mélange jus de chou rouge et de citron que j'utilisais sur mes carrés de tissus fonctionnait également sur mes cheveux. Et ça a marché.
- Heureusement, ça ne restera pas longtemps. Allez sortez vos valises du coffre et montez les dans vos chambre maintenant.
- Oui Mon capitaine !
- Pablo ! »
Les adolescents s'exécutèrent tandis que Carlos rentrait dans la maison avec sa mère.
« Carlos, tu peux me réexpliquer pourquoi tu veux qu'ils passent la fin de leurs vacances d'été ici ?
- Comme tu le sais sûrement, la guerre fait rage plus au nord, l'occupation a atteint la frontière de Navarre il y a quelques temps déjà.
- Oui je le sais bien ça mon fils. Mais Navarre est encore bien loin de notre belle Catalogne.
- Je sais bien maman, seulement qui sait si leur armée ne parviendra pas jusque Barcelone. Maria et moi préférons savoir les enfants en sécurité ici avec toi et papa.
- Je comprends Carlos. Ne t'en fais pas tes niños seront bien protéger ici.
- Je te fais confiance maman. »
Pendant ce temps là, à l'étage, Sofia avait posé sa valise sur son lit et commençait à la vider dans la petite commode en face de la fenêtre de sa chambre. Contrairement à son frère aîné le contenu de son bagage était parfaitement plié, soigné et organisé. Chaque vêtement avait sa place, cela faisait beaucoup rire ses parents car autant sa chambre pouvait être un véritable capharnaüm entre ses cahiers, ses livres, son piano, qui prenait énormément de place, et ses partitions autant son armoire et sa valise étaient toujours impeccable. Elle rangea la pile de robes qu'elle avait emmené et glissa sa valise sous le lit.
Comme il lui restait du temps avant l'heure du dîner la jeune fille attrapa son cahier de musique et se mit sur le petit secrétariat dont elle disposait et voulu tenter de créer un nouvel air. Comme elle n'avait toujours pas le moindre signe de vie de la part de Marisol depuis plusieurs jours, Sofia allait devoir s'occuper l'esprit autrement afin de se l'adoucir. Bien qu'en temps normal la musique lui calmait l'esprit, aujourd'hui Sofia peinait à charmer son inquiétude, elle s'essaya à plusieurs reprises mais rien n'y faisait, à chacun des essais de mélodie qu'elle fredonnait quelque chose la dérangeait et elle arrachait la page de son cahier, la froissait et la jetait derrière elle.
Sofia essaya de se concentrer, elle porta son plumier à sa bouche et se mit à mordre le bout. Elle s'arrêta très vite car il s'agissait là de son nouveau porte-plume, celui que ses parents lui avaient offert pour son anniversaire il y a un mois, le manche était fait de métal sur lequel était gravé de menus dessins quant à la plume celle-ci avait été choisies avec grands soins afin que lorsqu'elle écrivait textes et partitions toutes écritures soient parfaitement lisibles et sans bavure.
Elle préféra alors fixer son regard sur les cadres plaqués au mur au dessus de sa tête, de vieilles photos pour la plupart dont une qu'elle trouvait particulièrement très esthétique ; Il s'agissait de son père, de son oncle Juan et de son grand père et au vu de la tenue des jumeaux la photo avait dû être prise pendant la cérémonie de la remise des diplômes. Les trois souriaient, Juan et Carlos se tenaient au premier plan et leur père affichait une grande fierté pour ses fistons qui avaient fini major de leur promotion, pour lui cela devait être un jour mémorable : La relève était assurée pour une nouvelle génération.
Elle fut tirée de ses pensées par la voix de son père qui l'appelait, elle ainsi que son frère, depuis le bas des escaliers. Sofia posa son porte-plume en sécurité dans son plumier et sortit de sa chambre pour aller le voir. Pablo, encore plongé dans son livre, faillit lui rentrer dedans, son frère s'excusa et la laissa passer devant lui.
« Qu'est ce qu'il y a papa ?
- Je m'en vais, je voudrais vous dire au revoir et vous prendre dans mes bras avant. »
L'homme prit ses deux enfants dans ses bras et les serra très fort contre lui tout en les embrassant.
« Papa ! Tu nous étouffes !
- Pardon. Écoutez les enfants, je sais que vous préféreriez être à la maison, à Barcelone, mais je vous l'ai déjà dit votre mère et moi préférons vous savoir ici.
- Ne t'inquiètes pas papa... On a compris pourquoi. Mais papa ?
- Oui Sofia ?
- Pour la rentrée comment va-t-on faire ?
- Vous serez rentrés pour ça ne t'en fais pas mais pour l'instant profite de tes vacances et surtout de tes grands-parents, ne reste pas enfermée dans ta chambre comme à la maison.
- C'est promis papa.
- Et toi Pablo, s'il te plaît laisse un peu tes livres de côtés tu as besoin de contact humain pas uniquement celui de tes personnages de fiction.
- J'essaierai papa.
- Merci mon garçon. Et une dernière chose, j'aimerais que vous rendiez un service à vos grands-parents.
- Lequel ?
- J'aimerais que vous alliez débarrasser et ranger le grenier, il est en désordre depuis bien longtemps et ils n'ont plus la force de le faire.
- Si on peut les aider oui on peut le faire, en plus cela peut être marrant. »
Suite à cela, Carlos embrassa une dernière fois ses enfants ainsi que sa mère et s'en alla.
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