FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Allez, encore un petit carré pour le week-end, le chapitre sera fini en 8 parties, il faut déguster en prenant son temps!

Partie 4.

Quelques heures plus tard, Isabella se promenait dans le parc du château en compagnie de Gomez. Le soleil d’automne commençait à décliner. Vaincue par la fatigue, elle n’avait pas résisté au sommeil avant le retour de Liselotte, et cette dernière avait impatiemment attendu son réveil, partagée entre l’envie de raconter son exploit, et la crainte de déplaire. Elle avait longuement préparé sa défense, inutilement. Isabella était trop mécontente contre elle-même de s’être endormie, pour songer à s’emporter contre Liselotte, et ne la félicita pas non plus. La déception fut rude, mais la servante se consola quand sa maîtresse l’envoya avertir Gomez de la retrouver dans le parc. Si elle ne la félicitait pas pour son initiative, elle avait malgré tout besoin d’elle comme intermédiaire. Elle ne se doutait pas qu’Isabella profitait des minutes qui la séparaient de l’entrevue pour faire prévenir l’empereur et le chef de la garde de ce qu’elle faisait. Elle s’était ensuite postée bien en vue près de la fontaine du premier parterre. Elle avait eu tout le temps de l’observer tandis qu’il s’approchait, cherchant à déceler dans sa démarche, son attitude, quelque indice de son état d’esprit. Elle en avait conclu qu’il n’était pas tranquille. Une chose l’intriguait surtout, une légère boiterie qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. Elle le trouva aussi particulièrement engoncé dans son manteau, et il lui parut se pencher en avant avec une raideur inhabituelle pour la saluer. Elle décida de lui en faire tout de suite la remarque.
I : Je suis désolée de vous faire sortir si tard, la fraîcheur est bien vive, mais j’aime à me promener aux derniers rayons du soleil, en solitaire.
Go : Cela ne me dérange pas, au contraire, nous serons plus à l’aise pour parler.
I : Mais votre long voyage semble vous avoir épuisé, et je crains que vous ne soyez tout à fait remis de votre fatigue.
Go : Vous plaisantez ? J’ai mangé, bu et dormi plus que nécessaire en attendant de vos nouvelles, et me voilà tout disposé à satisfaire votre curiosité !
I : Etes-vous sûr ? J’ai cru remarquer que vous boitiez un peu.
Go : Oh ? L’humidité de ce pays, sans doute, ma jambe semble y être sensible. A moins que je ne sois descendu un peu trop vivement de cheval ce matin.
I : Vous étiez pressé d’arriver, je suppose…
Go : Bien sûr ! On l’est toujours quand il s’agit de porter des nouvelles à l’empereur ! Si j’avais su que vous étiez là également, je n’aurais pas manqué de vous rendre visite, mais j’avais cru comprendre que vous iriez avec vos amis…
I : J’ai décidé de rester encore un peu en Europe. Je n’avais pas envie de les embarrasser de ma présence, et puis, je me suis dit que je pourrais apprendre quelque chose, d’une façon ou d’une autre. Mais mon séjour jusqu’à présent a été bien morne, et l’empereur me tient à l’écart de ses affaires, alors que je lui ai fourni plusieurs renseignements, et conseillé de redoubler d’attention dans sa surveillance du Prince, en lui décrivant nos ennemis, leur mode opératoire…et j’ignorais qu’il vous avait mandé pour lui faire un rapport. Je sais qu’il reçoit régulièrement des courriers de son ancien secrétaire, Gonzalo Pérez, qui est maintenant le secrétaire particulier de Philippe. Jusqu’à présent, je pensais que ces courriers ne contenaient rien d’important, du moins c’est ce qu’il m’a laissé entendre.
Go : Eh bien, disons que je me suis permis d’intervenir à titre personnel…quant aux courriers de Gonzalo Pérez, ils ne contenaient pas la vérité.
I : Tiens donc…qu’avez-vous découvert de si important pour venir vous-même en référer à l’empereur ? Un courrier n’aurait pas suffi ?
Go : Ne vous moquez pas ! Mettriez-vous en doute la gravité de la situation ?
I : L’empereur ne m’a pas paru particulièrement alarmé ce matin.
Go : Dites plutôt qu’il n’a pas voulu vous alarmer !
I : Expliquez-vous alors.
Go : Je vois bien qu’il le faut…mais je compte sur votre discrétion. Voyez-vous, j’ai omis certains détails dans mon rapport ce matin.
I : Le rapport que vous avez fait à l’empereur n’était donc que le prétexte de votre venue.
Go : Vous êtes redoutable !
I : Non, c’est vous qui tournez autour du pot sans savoir comment vous allez vous en sortir. Je vous croyais plus fin.
Go : Si nous marchions un peu ? A rester ainsi debout, je crains que vous ne preniez froid.
Isabella acquiesça. Ils s’éloignèrent du château en direction des bosquets. La démarche de Gomez était toujours aussi raide, et il semblait boiter davantage. La jeune femme se demanda s’il ne le faisait pas exprès, ou s’il ne cherchait plus à dissimuler sa boiterie maintenant qu’elle l’avait remarquée. Elle ne se rappelait pas l’avoir vu boiter le matin, mais elle était loin, le jour pointait à peine. Il rompit brusquement le silence qui s’était installé.
Go : Votre frère a été agressé. Une blessure légère. Mais il ne se remet pas comme prévu, il est tombé malade depuis, peut-être à cause de cette blessure.
Elle ne manifesta aucune émotion particulière. Croyait-il vraiment que ce genre de nouvelle l’intéressait ? Toutefois, l’annonce de la maladie piqua sa curiosité.
I : Vous soupçonnez un empoisonnement ?
Go : En quelque sorte….et je n’ai pas envie de subir le même sort.
Elle le laissait patiemment livrer ses informations par bribes, consciente qu’il tentait de jouer avec ses nerfs.
I : Vous avez donc fui.
Go : Cela vous paraît lâche…les symptômes dont souffrent votre frère n’ont rien de plaisant, voyez-vous.
I : Ils n’ont pas l’air si graves, puisqu’il n’est pas mort, à moins qu’il ne le soit à l’heure où nous parlons.
Go : Je ne le crois pas, les médecins n’ont pu se prononcer avec certitude quant à l’issue, ils semblaient penser que le mal progresserait avec lenteur, entraînant une déchéance, pendant des mois, voire plus.
I : Je lui souhaite dans ce cas de mourir le plus rapidement possible. Vous savez que je ne le regretterai pas, pourquoi me raconter cela ? Ce serait une vengeance ?
Go : De nos ennemis, oui, j’en suis quasiment sûr. Ce Gonzales, ou Garrido, peu importe, est peut-être mort, et je n’ai trouvé aucune trace de sa mère, mais j’ai découvert qu’il y avait encore un membre de la famille à Barcelone, le père.
Elle constata avec déplaisir que l’annonce de l’hypothétique mort de Gonzales ne la laissait pas indifférente. Elle se revit dans la taverne, le jour où le jeune métis lui avait fait le récit de sa vie.
I : Je sais, il m’avait raconté son histoire. Son père avait abandonné sa mère pour partir aux Amériques, en l’emmenant avec lui. Ils s’étaient brouillés au retour.
Go : C’est apparemment le cas, effectivement. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de cette Hava quand ils sont partis, sa dernière trace m’a mené à un de ces établissement peu fréquentable des bas-fonds de Barcelone qu’aime à fréquenter votre frère. Il est même probable qu’il ait rencontré cette femme. Quant au père, il a chassé son fils, une histoire de rivalité amoureuse si on en croit les indiscrétions des voisins. J’ai fait surveiller sa maison, et je n’ai remarqué aucune visite suspecte. Par contre, je n’étais pas le seul à la faire surveiller. Impossible pourtant de remonter à la source, ceux qui ont intérêt à surveiller les agissements du père sont encore plus habiles que moi.
I : Hava…
Elle n’avait jamais songé à elle comme une femme abandonnée, trahie, comme si le récit de Gonzales ne correspondait pas à la réalité. Gomez venait de la confronter à cette réalité, et elle en fut contrariée. Elle chassa vite la pensée que cette femme ait pu subir quoi que ce soit de la part de son frère.
Go : C’est fort probable. Son mari a encore un jeune fils. Peut-être veut-elle s’en prendre à lui ? Je n’ai pas voulu attendre toutefois pour vérifier si cette hypothèse est juste.
I : Roberto s’est fait agresser entre temps…
Go : Exactement. Et le père aussi. Légère blessure, là encore, à quelques pas de chez lui. Puis des symptômes similaires à ceux de votre frère. Cette femme semble avoir le goût de la vengeance, si vous voulez mon avis.
Se vengeait-elle de ce que lui avaient fait subir ces deux hommes, Roberto et son mari ? Elle se souvint que Gonzales lui avait raconté que son père s’était remarié aux Amériques et qu’il avait eu un enfant de sa deuxième femme. Chassée, remplacée, violentée, elle avait des raisons de vouloir se venger ! L’idée qu’Hava pouvait être une victime révolta Isabella. Pourquoi Gomez lui racontait-il tout cela ?
I : Tout cela relève de la vengeance personnelle, cela n’a rien à voir avec nous ! Avec l’empereur !
Go : Vous concevez pourtant qu’elle puisse s’en prendre à moi pour avoir gêné les manœuvres de son fils, et peut-être provoqué sa mort.
I : Ce sont vos problèmes ! Si je me souviens bien, vous n’avez été guidé dans cette affaire que par votre propre intérêt, et un esprit de revanche !
Go : Je reconnais que je n’ai pas apprécié que Gonzales me double auprès de Philippe, avec ses manigances pour se mettre le prince dans la poche, en lui faisant miroiter un équipement militaire qui lui permettrait de mettre fin aux guerres menées par l’Empereur, trop coûteuses à son goût, peu efficaces. L’Empereur ne veut pas en entendre parler, mais s’il s’avère que son fils a raison et a fait le bon choix, Philippe pourra arguer de sa victoire pour prendre le pouvoir plus tôt. Il ronge son frein en attendant que son père officialise son titre de Duc de Milan, il en a assez d’être assisté par un conseil de régence sans pouvoir décider seul des affaires de l’Espagne. Malgré toute l’admiration qu’il a pour son précepteur et conseiller Juan de Zuniga, l’ami de son père, il aimerait voler de ses propres ailes.
I : Je suis au courant ! Vous aviez vous-même l’intention de favoriser les projets de Philippe, et comme il vous a préféré quelqu’un de plus compétent, vous essayez de rentrer en grâce auprès de l’empereur en espionnant son fils. C’est pathétique. Mais cela ne m’apprend rien.
Gomez perçut l’irritation de son interlocutrice, qui s’arrêta brusquement. Elle se campa face à lui, bras croisés. Il avait assez joué.
Go : On lui a livré un prototype de ces fameuses machines de guerre à carapace. En parfait état de marche. Vous vous doutez bien de qui il peut s’agir.
Prudemment, il avait décidé de ne plus prononcer le nom d’Hava ou de Gonzales.
I : Voilà donc ce que vous êtes venu annoncer à l’empereur.
G : Oui. Et ni Juan de Zuniga, ni aucun des autres membres du conseil de régence ne sont au courant. Seul Gonzalo Pérez l’est. Et il n’en a rien dit.
I : Un problème de courrier ?
Go : Même s’il se décide à informer l’empereur, cela ne change rien au fait que ce soit un traître. C’est lui qui a organisé la transaction. Il aura du mal à cacher sa responsabilité ou à se disculper.
I : Vous avez une preuve ? Charles Quint lui fait toute confiance, et l’a justement chargé de surveiller son fils….
Go : Quelqu’un le fait chanter. Certaines rumeurs l’accusent d’avoir conçu son fils Antonio alors qu’il avait déjà été ordonné prêtre. On dit aussi qu’Antonio serait le fils du Prince d’Eboli, qui lui aurait demandé d’endosser cette paternité pour éviter à son fils d’être un bâtard. D’autres racontent que Pérez ne serait pas de sang pur, que c’est un descendant de marranes. On n’apprécie pas qu’un descendant de juifs convertis soit aussi proche du pouvoir. Charles Quint n’a jamais ajouté foi à ces rumeurs, et lui accorde toute sa confiance, car il pense que ce n’est que par pure jalousie que certains veulent nuire à la réputation de cet homme, qui soutient sa vision de l’Empire et pense que l’ennemi principal, ce sont les princes protestants, pas Soliman le Magnifique. Moi, je parie qu’une de ces rumeurs est vraie. Quelqu’un sait laquelle, a des preuves et fait pression sur lui. Philippe ne peut rien dépenser sans que le conseil de régence soit au courant, or il a payé pour recevoir le prototype. J’ai des témoins qui affirment avoir été payés pour accompagner Philippe et son secrétaire lors de la réception du prototype.
I : Comment peuvent-ils être sûrs qu’il s’agissait du Prince et de son secrétaire ? Je trouve Philippe bien imprudent de s’exposer ainsi.
Go : Il doit jouer serré, ou les membres du conseil seront au courant.
I : S’ils ne le sont pas déjà, ce sont des imbéciles.
Go : Ne sous-estimez pas Philippe, ni Pérez. Et ne me sous-estimez pas non plus. D’après la description faite par mes témoins, et la façon dont les deux hommes se sont adressés l’un à l’autre, il ne peut s’agir que d’eux, malgré tous leurs efforts pour dissimuler leur identité. N’oubliez pas que j’ai servi Philippe, et qu’il a appris de moi quelques ruses.
I : Tout repose donc sur votre expertise et vos témoins…c’est un peu léger. Et comment Philippe a-t-il trouvé de quoi payer le prototype, et soudoyer les hommes qui l’accompagnaient ? Vous savez bien qu’il n’est pas libre de ses dépenses. Et vous-même, comment avez-vous fait ?
Go : Eh eh, j’ai toujours ma petite réserve…le commerce des médaillons est très lucratif… Pérez, en tant que secrétaire particulier de Philippe, s’est débrouillé pour lui trouver la somme, mais il n’a pas été très discret : j’ai pu le prendre en filature sans qu’il me remarque jusqu’à la boutique d’un joailler. Je le soupçonne d’avoir vendu quelques bijoux, mais je ne sais lesquels : je comptais rendre une visite discrète après la fermeture au joailler en question, histoire de le cuisiner un peu à ma façon, en toute tranquillité, mais la boutique avait été incendiée et le brave homme avait péri avec toute sa famille. Bien sûr, les coupables ont tout emporté avant de mettre le feu.
I : Hava….
Go : C’est fort probable, et c’est très malin : ainsi ils ont l’or et les bijoux !
I : Pérez aurait pu donner les bijoux directement.
Go : Sans doute une exigence de ces bandits, histoire de ne pas s’embarrasser à revendre les bijoux.
I : Bon, si je résume, l’empereur sait que son fils lui a désobéi, que son secrétaire est de mèche, et il garde son sang-froid. Vous a-t-il dit ce qu’il allait faire ?
Go : Mettre au courant le conseil, bien entendu. Ainsi Philippe ne pourra plus rien faire, et tant pis pour Pérez.
I : Vous allez porter le courrier ?
Go : J’ai laissé entendre à sa majesté que ce n’était pas très prudent. J’ai pu être suivi, on a pu découvrir que j’espionnais les affaires de Philippe, malgré mes précautions. Il vaut mieux que je disparaisse quelque temps, d’autant plus que je n’ai pas envie de subir le sort de votre frère.
I : Vous pourriez profiter de l’hospitalité de Charles Quint.
Go : Je préfère agir selon mes méthodes. Je suis une proie trop facile ici. On ne peut compter sur personne. Tenez, votre servante, qui décide de se mêler de ce qui ne la regarde pas….
I : Si vous ne faites confiance à personne, quel crédit dois-je accorder à vos informations ?
Go : Vous vouliez savoir, vous savez. Charles Quint confirmera mes dires, bien entendu, à part ce que je vous ai raconté sur Hava, Roberto et le père de Gonzales.
I : Vous avez dit que cette femme était animée par la vengeance. Mais quel intérêt a-t-elle à fournir des machines de guerre à Philippe et à lui extorquer de l’argent ?
Go : Bah, elle doit avoir ses raisons, et ce n’est pas mon affaire. Je crois en avoir assez fait pour mon pays. A vous de creuser plus avant, si cela vous inquiète tant. Mais si vous voulez mon avis, j’éviterais de chercher à croiser à nouveau la route de ces criminels.
I : J’ai bien peur de ne pas pouvoir choisir…
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

nonoko a écrit : 09 avr. 2022, 14:17 Il y a des personnages qu'on aime haïr... ;)
Oups! Je viens de me rendre compte de mon erreur. J'ai confondu Gomez et Gonzales.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

TEEGER59 a écrit : 09 avr. 2022, 15:12
nonoko a écrit : 09 avr. 2022, 14:17 Il y a des personnages qu'on aime haïr... ;)
Oups! Je viens de me rendre compte de mon erreur. J'ai confondu Gomez et Gonzales.
Deux têtes à claques pour le prix d'une! :x-):
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

Les soldes d'été sont en avance, cette année!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Un peu de lecture avant le week-end, histoire de ne pas faire d'overdose de chocolats de Pâques!

Partie 5.

Le lendemain, Gomez quitta le château de bonne heure. L’empereur avait confirmé à Isabella tout ce qu’il lui avait dit, l’avait assurée qu’il avait pris des dispositions pour mettre de l’ordre dans cette affaire, lui avait rappelé, moins abruptement, qu’elle ne pouvait de toute façon rien faire, ce qu’elle avait reconnu . En fin de matinée, il la fit appeler dans ses appartements : un courrier de Juan de Zuniga venait d’arriver. Les bijoux de la défunte impératrice Isabelle avaient disparu. Les soupçons pesaient sur Gonzalo Pérez, qui niait farouchement. Charles Quint cachait mal son émotion : la disparition des bijoux ravivait le chagrin dû à la perte de sa femme bien-aimée. Toujours en manque d’argent pour mener à bien ses ambitions politiques, il n’avait jamais voulu solliciter sa femme, plus riche que lui, par respect et par amour, et voilà que quelqu’un avait osé commettre un crime qui lui paraissait un véritable sacrilège. Il ne pouvait croire en une telle bassesse de la part de Gonzalo Pérez. Il espérait même que Gomez se soit trompé quand il avait prétendu que le secrétaire était impliqué dans l’affaire. Mais la lettre de Juan de Zuniga semblait confirmer ses craintes. Pire, cela pouvait signifier que son fils était courant, qu’il avait même pris l’initiative de vendre les bijoux, et que Pérez niait tout dans l’espoir de détourner les soupçons sur quelqu’un d’autre, tant que personne n’était au courant de la livraison du prototype. Mais les lettres que l’empereur venait d’envoyer à Madrid, adressées à Juan de Zuniga et à Juan Pardo de Tavera, grand inquisiteur et membre éminent du conseil de régence, ne manqueraient pas de confirmer les soupçons. Au chagrin succéda la colère. Isabella laissa l’empereur s’emporter, impuissante. Le crime était impardonnable, tout accusait effectivement Philippe et son secrétaire, et les bijoux étaient perdus. Une fois revenue dans ses appartements, elle s’allongea pour réfléchir à son aise. Quelques instants plus tard, elle fit appeler Liselotte, et lui demanda de lui apporter la liste de tous les joailliers d’Anvers. Il fallut toute la journée à la servante pour récolter l’information, sans être totalement sûre que la liste soit complète. Quand elle la tendit à sa maîtresse, celle-ci ne la prit même pas. Sans la regarder, Isabella se mit à la questionner.
I : Que ferais-tu si tu avais volé des bijoux ? Tu les revendrais vite, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas si facile…et transporter une grosse somme d’argent est encore plus risqué. C’est moins facile à dissimuler. Bien sûr, on peut te remettre une lettre de change, mais tu dois pouvoir obtenir l’argent quand tu en as besoin.
L : Je suis désolée, je ne comprends pas….
I : Bien sûr. Prépare mes bagages, nous partons pour Anvers.
L : Mais…vous ne pouvez pas partir comme ça…
I : Et pourquoi pas ? Ce n’est pas le bout du monde. J’ai envie de changer d’air.
L : Pourquoi Anvers ?
I : Les boutiques de joaillers, de bijoutiers et les banquiers y sont légion ! Et cette ville revendique une certaine indépendance par rapport au pouvoir impérial.
Charles Quint fut inflexible. Isabella obtint seulement que Liselotte parte mener l’enquête à sa place, accompagnée d’un valet et d’un garde impérial pour toute escorte, tous trois se faisant passer pour de simples voyageurs. Selon l’aventurière, la jeune fille avait plus de chances de tirer des renseignements qu’aucune police.
CQ : Vos efforts pour retrouver les bijoux sont louables, mais votre hypothèse concernant Gomez ne repose sur rien…
I : Je ne fais aucune confiance à un homme qui s’est associé à mon frère. Il est venu vous avertir, soit, mais quel intérêt avait-il à le faire ? Je le soupçonne d’avoir profité de cette halte pour échapper à ses poursuivants, pour brouiller sa piste.
CQ : Si je vous suis bien, il aurait doublé cette fameuse Hava en s’emparant des bijoux que celle-ci devait récupérer…
I : Gomez est motivé par l’argent. Dans ce cas, il a aussi une revanche à prendre, puisque Hava et son fils ont pris sa place dans les manigances autour de Philippe. Le récit qu’il m’a fait laisse croire qu’il ne savait pas de quels bijoux il s’agissait, et que ces bijoux ont été récupérés par les criminels, lors de l’incendie chez le joailler. Son attitude lors de notre entretien dans le parc m’a parue suspecte…
CQ : Epargnez-moi ces sottises ! il boitait légèrement, d’accord, mais de là à croire qu’il cachait quelque chose sur lui…Il n’a plutôt pas voulu reconnaitre qu’il avait mal ajusté sa jambe de bois ! Ecoutez, je vous passe ce caprice, si cela peut vous distraire. Anvers n’est pas loin, vous vous contenterez des lettres que votre servante vous enverra. Je ne couvrirai toutefois pas d’autres dépenses que celles de l’auberge. J’espère qu’en trois jours au plus l’affaire sera réglée. Je vais également faire rechercher Gomez dans toutes les cités de la région, en toute discrétion, bien entendu.
Isabella ravala sa fierté et partit donner ses instructions à Liselotte et ses compagnons de voyage. Quelques heures plus tard, ils s’installaient dans une auberge idéalement située près de la bourse d’Anvers, récemment construite. Le commerce avec le Nouveau Monde et les Indes se développait à toute allure, et la ville avait accueilli de nombreux commerçants et banquiers chassés du Portugal et d’Espagne, quand les souverains catholiques avaient décidé que leur pays devait faire rayonner la chrétienté, et que cela devait passer par une épuration ethnique et religieuse. Ceux qui n’avaient pu fuir s’étaient convertis pour échapper aux persécutions et au bûcher de la terrible Inquisition. Les autres s’étaient réfugiés en grande partie en Flandres et aux Pays-Bas. D’après Isabella, si Gomez cherchait à se débarrasser d’encombrants joyaux, Anvers était la ville idéale. Il pouvait de là s’embarquer pour quelque destination lointaine, ou pousser plus au Nord vers Amsterdam, d’où il était aussi facile d’échapper à d’éventuelles poursuites. Liselotte avait reçu pour mission de visiter chacune des boutiques de joaillers de la ville en prétextant être à la recherche, pour le compte de sa maîtresse, de l’amant de cette dernière qui lui avait subtilisé des bijoux offerts par son mari fort jaloux, dont elle craignait la colère s’il s’apercevait de la disparition des précieux cadeaux. Elle devait décrire Gomez et guetter la réaction de son interlocuteur, qui ne serait guère enclin à avouer avoir reçu la visite d’un tel homme, et encore moins à restituer les bijoux. Isabella avait prévenu Liselotte : le plus important était de savoir analyser la réaction pour savoir si on lui mentait ou non. La jeune fille avait assuré que ce serait un jeu d’enfant, tant elle était habituée à déchiffrer le visage pourtant impénétrable de sa maîtresse. Elle devrait faire vite, car les commerçants se donneraient vite le mot, et la surprise était un élément essentiel dans ce genre d’enquête. Le lendemain de son arrivée, Liselotte avait donc commencé sa mission au petit matin, et en début d’après-midi elle avait presque fait le tour de toutes les boutiques, sans résultat. Flanquée de ses deux compagnons, elle se dirigea vers une taverne pour se restaurer. Le repas fut frugal et maussade. Elle n’avait pas imaginé que répéter tant de fois le même mensonge pût être si embarrassant, et la concentration qu’elle avait déployée pour interpréter les réponses verbales et non verbales qu’on lui faisait lui avait donné mal à la tête. Les deux hommes ne lui adressaient pas la parole et semblaient prendre leur mal en patience, comme s’ils jugeaient ridicule de suivre la servante dans sa vaine quête mais ne pouvaient désobéir malgré leur envie de prendre du bon temps à Anvers. Tout en mangeant, ils guettaient la salle à la recherche d’un visage aimable, d’une croupe sensuelle. La serveuse était une beauté fanée, aux formes affaissées, et les autres convives étaient aussi ternes que l’était leur petit groupe. Le repas touchait à sa fin, quand une femme entra dans la taverne et attira immédiatement l’attention de tous, sauf celle de Liselotte, qui ruminait sa matinée infructueuse. La femme s’était dirigée vers le comptoir, où elle resta quelques instants avant de quitter la taverne, non sans jeter un bref coup d’œil du côté de la table de Liselotte. Les deux hommes échangèrent un regard entendu. Celle-là, c’était une vraie beauté, au moins ! Liselotte n’avait pas levé le nez de son assiette, quand la serveuse s’approcha et l’interpella en lui tendant une lettre.
S : Mademoiselle, on a laissé ça pour vous.
Elle remercia et prit la lettre, intriguée.
L : Vous êtes sûre ? Qui donc vous a remis cela ?
S : La femme qui était là, à l’instant, elle a bien spécifié qu’il fallait vous la remettre à vous, et pas à vos compagnons.
L : La femme ? Quelle femme ?
S : Je ne la connais pas, mais elle doit vous connaître, pour sûr. Si vous voulez savoir à quoi elle ressemblait, demandez-leur, ils n’arrêtaient pas de la regarder !
Ils protestèrent, et la serveuse s’éloigna en riant, tandis que Liselotte exigeait des explications. Elle ne fut guère avancée après la description qu’ils lui firent de l’inconnue, aussi ouvrit-elle la lettre.
Celui que vous cherchez est en affaires avec la banque Mendez-Nassi. Demandez à voir la dona Gracia Nassi, elle vous recevra.

La demeure de la famille Mendez-Nassi offrait une façade élégante. Liselotte était d’abord passée à la bourse d’Anvers pour se renseigner et on lui avait indiqué que si elle souhaitait traiter affaires avec Gracia Nassi, elle la trouverait chez elle. Elle avait donc une piste, mais la façon dont elle l’avait trouvée était suspecte : elle pensait avoir à chercher, et on venait à elle. Gomez était-il derrière tout cela ? Elle s’attendait à le trouver dans le bureau en compagnie de Gracia Nassi, mais cette dernière était apparemment seule. On avait demandé à ses compagnons d’attendre dans l’antichambre, aussi Liselotte n’était-elle pas très à l’aise. La dirigeante de la banque Mendez-Nassi était impressionnante de beauté. Grande, d’un port de tête altier, sa physionomie de statue grecque lui conférait une noblesse indéniable. Elle dépassait de loin toutes les dames que Liselotte avait pu croiser à la cour. Impassible, elle toisait la servante qui tentait de se donner une contenance, ne sachant trop comment elle devait s’adresser à une femme pareille, dans de telles circonstances. Heureusement, son hôtesse parla la première.
GN : On m’a dit que vous cherchiez un homme qui aurait volé votre maîtresse. Il est effectivement venu ici, je l’ai reçu comme je vous reçois. Malheureusement, une acquéreuse s’est présentée aussitôt après la visite de votre voleur, et une occasion pareille ne peut se refuser. Je ne puis vous restituer les biens de votre maîtresse.
L : N’avez-vous pas trouvé cet homme suspect ? Vous avez accepté la transaction sans vous poser de question ?
GN: Il avait l’air parfaitement honnête. Et je savais que je pouvais aisément trouver un nouvel acquéreur pour les pièces magnifiques qu’il m’apportait. Je facilite les mouvements d’argent, je ne suis pas enquêtrice.
L : Pourriez-vous me donner le nom de la personne qui a acheté les bijoux ?
GN : Bien sûr, tout est consigné sur mes registres. Tenez, voici.
Elle l’invita à s’approcher du bureau, sur lequel était ouvert un livre de comptes. A la date de la veille se succédaient les détails des deux transactions. Liselotte fut outrée de découvrir que Gomez avait usé d’un nom d’emprunt : Juan Carlos Mendoza, le mari de sa maîtresse ! Un peu plus bas, elle déchiffra le nom de l’acquéreuse : Hava Gonzales. Ce nom ne lui disait rien, mais sans doute pourrait-on facilement retrouver cette personne. Il était toutefois étrange que cette femme se soit présentée le jour même, comme si elle savait qu’elle pourrait acheter les bijoux. N’était-ce pas là une manœuvre de Gomez pour brouiller les pistes ? Se pouvait-il que Gracia Nassi lui mente, et que les bijoux soient encore chez elle ?
L : Cette femme habite-t-elle à Anvers ? Vous la connaissez peut-être, c’est une habituée ?
GN : Je comprends ce qui vous intrigue, la coïncidence de sa visite, comme si elle savait par avance que les bijoux étaient là. J’ai trouvé cela étrange moi aussi, mais ce qui m’intéresse avant tout, ce sont les affaires, comme je vous l’ai déjà dit. Je n’avais jamais vu cette femme auparavant, et je connais toutes les personnes à Anvers susceptibles de payer une telle somme. Elle n’a pas utilisé de lettre de change, c’est pour cela que je vous ai dit que je ne pouvais rater pareille occasion.
L : Elle a tout réglé en une fois, sur le champ ? Elle portait une telle somme sur elle ?
GN : Oui, je conçois votre surprise. Mais cela arrive parfois.
L : Cela dépasse l’entendement….Et vous ne savez pas où elle loge à Anvers, ni d’où elle vient ? Elle ne vous a rien dit ? A quoi ressemblait-elle ?
GN : Je n’ai pas pour habitude de poser de telles questions à une cliente solvable immédiatement. Ce serait indiscret. Et la discrétion est une grande qualité dans mon métier.
L : Excusez-moi, mais je trouve que vous avez agi à la légère !
La banquière se mit à rire doucement.
GN : De votre point de vue, certainement. Mais de nombreux clients apprécient ma discrétion, parmi lesquels quelques têtes couronnées….
L : Eh bien sachez que ces bijoux appartenaient à la défunte impératrice Isabelle du Portugal, et je doute que notre empereur apprécie votre discrétion dans cette affaire !
A sa grande surprise, Gracia Nassi ne parut nullement déstabilisée par cette nouvelle.
GN : Je suis bien désolée pour l’empereur…J’ai eu l’occasion de lui prêter de l’argent, et je conçois que cette perte représente une somme considérable pour lui.
L : Il ne s’agit pas d’argent !
GN : Et de quoi d’autre ? Vous savez, je ne peux me permettre d’être sentimentale, mes affaires en dépendent. Mais je veux vous aider, puisque je comprends que la situation est grave. J’aurais eu affaire à un voleur et une voleuse, d’après vous ?
L : Exactement ! Cette femme était au courant, à l’évidence, je ne sais comment…
GN : Et quel intérêt avait-elle à racheter les bijoux ? Pourquoi ne les a-t-elle pas tout simplement volés à votre voleur, ce …Mendoza ?
L : Non, Gomez, Mendoza n’est pas son vrai nom.
GN : Tout cela est bien curieux, ne trouvez-vous pas ? Elle a aussi peut-être donné un faux nom…Moi-même, savez-vous, je me fais appeler Béatrice de Luna. C’est mon nom chrétien. Je suis une convertie, comme nombre de nouveaux habitants d’Anvers, mais vous vous en doutiez, le commerce de l’argent nous échoit, c’est le seul domaine où on nous laisse un peu de pouvoir…Allons, rentrez donc chez vous, vous ne pouvez rien faire de plus. Et dites bien à ceux qui vous emploient que je me tiens à leur disposition pour répondre à toutes leurs questions, au cas où ils ne vous croiraient pas. Ah, j’oubliais : Hava Gonzales, si tel est son nom, a le teint mat, d’épais cheveux noirs noués en une lourde natte, c’est une femme d’un certain âge, encore belle, et au regard intense. Mais je doute que ces informations vous soient d’une quelconque utilité.
Liselotte reconnut immédiatement la description de la femme de la taverne, et eut plus que jamais la certitude qu’on se jouait d’elle. Elle fixa un instant son hôtesse, en tentant de déceler si Gracia Nassi était au courant de la façon dont on l’avait guidée jusqu’à sa demeure. La banquière lui rendit son regard et comme Liselotte ne bougeait pas, figée et comme hésitant à prendre congé, elle finit par hausser les sourcils, comme si elle était déconcertée par ce manque manifeste de manières.
GN : Eh bien, je crois que je vous ai tout dit. Oh, si jamais l’empereur veut récupérer le montant de la vente des bijoux, j’ai établi une lettre de change à présenter à mon confrère Ezechiel Pinto à Amsterdam. Peut-être n’aura-t-il pas les fonds disponibles immédiatement…
Liselotte se reprit, remercia la banquière avant de se retirer. Le temps pressait. Comment pourrait-on jamais récupérer cet argent ? Et les bijoux ? Elle avait hâte de rentrer à l’auberge pour écrire à Isabella. Elle héla ses deux compagnons assoupis dans l’antichambre et sortit au pas de course. Une fois dehors, elle expliqua rapidement la situation et ordonna au garde de partir pour Amsterdam, dans l’espoir qu’il puisse empêcher Gomez d’empocher l’argent et disparaître, même si c’était probablement déjà fait, comme son compagnon ne manqua pas de le lui faire remarquer, n’ayant aucune envie de prendre la route si tard, pour une mission qui avait si peu de chances d’aboutir. Il n’avait pourtant pas le choix. Liselotte, restée avec le valet, tenta ensuite de mettre de l’ordre dans les informations qui se bousculaient dans sa tête, tout en marchant vers l’auberge. Retrouver la femme était une nécessité, mais était-ce seulement possible, comme l’avait dit Gracia Nassi ? Et si cette dernière était sa complice ? Si les bijoux étaient encore dans la demeure des Mendez-Nassi ? Elle n’avait aucun moyen de le vérifier, et avait peu de chance de convaincre les autorités de la ville d’intervenir sans une preuve. Si seulement l’empereur lui avait confié un mandat signé de sa main ! Mais il n’avait pas pris sa mission au sérieux, et elle était impuissante alors qu’elle en savait tant ! Même si elle envoyait son deuxième compagnon prévenir immédiatement le souverain, un temps précieux serait perdu. C’était trop bête. Elle, ou lui, pouvait peut-être s’infiltrer parmi les domestiques…mais la demeure n’était pas si grande, la Dona Grassi ne devait pas avoir tant de personnel à son service, et ils risquaient d’avoir du mal à se faire passer pour de nouvelles recrues. Elle la soupçonnait peut-être aussi à tort. Si elle retournait à la taverne, quelqu’un pourrait peut-être lui donner des informations sur cette Hava Gonzales, dire dans quelle direction elle était partie…Apparemment, elle ne passait pas inaperçue…Elle changea brusquement de direction pour mettre son projet à exécution. Son compagnon protesta. Elle continua sans lui prêter attention. Dans une heure tout au plus le jour commencerait à tomber, les rues se videraient peu à peu, il fallait faire vite, ou elle n’aurait aucune chance de trouver des témoins. Quand ils furent arrivés, elle mit rapidement le valet au courant de ses intentions. Il la toisa avec un mélange d’incrédulité et de mépris amusé, mais la promesse d’une récompense eut raison de ses réticences. Pendant qu’il se renseignait, elle écrivit à Isabella, en priant pour qu’il rapporte des nouvelles dont elle pourrait se vanter auprès de sa maîtresse. Elle dut déchanter : si la femme avait bien été remarquée par quelques commerçants de rue, sa piste s’arrêtait dans le quartier du port, et personne n’était capable de dire si elle était entrée dans une maison, ou si elle avait continué jusqu’aux bateaux amarrés le long des quais. Liselotte termina sa lettre et la remit au valet, le priant de partir immédiatement pour Bruxelles. La tête qu’il fit en disait long sur ce qu’il pensait de cette course tardive, mais comme son compagnon il n’avait pas le choix. Il ne restait plus qu’à rentrer à l’auberge. Elle y parvint à la nuit tombée, épuisée. Monter l’escalier jusqu’à l’étage où se trouvait sa chambre fut une épreuve. Elle se trainait dans le couloir, la tête bourdonnante, quand une porte s’ouvrit, quelques mètres avant la sienne. Deux médecins en sortirent, palabrant avec gravité. Ils avaient négligé de fermer la porte, et Liselotte comprit pourquoi quand elle passa devant : un de leurs collègues était encore à l’intérieur, sur le départ lui aussi. Il ajustait sa coiffe, debout près du lit. Liselotte s’apprêtait à continuer son chemin quand un des deux médecins déjà sortis lui barra le passage en voulant entrer à nouveau.
M1 : Pistorius, hâtez-vous ! Ne perdez pas votre temps avec cet affabulateur !
M2 : J’arrive, cher Varus, j’arrive…mais je pense que nous devrions revenir dans quelques jours, pour vérifier…
M1 : Eh ! Si nous sommes payés, pourquoi pas !
Le dénommé Pistorius était à la porte, et s’inclina devant Liselotte, qui attendait patiemment, trop fatiguée pour demander à ce qu’on la laisse enfin passer. Machinalement, elle lui rendit son salut. C’est alors qu’elle aperçut, derrière lui, couché sur le lit, l’homme qu’elle recherchait, Gomez.
Modifié en dernier par nonoko le 15 avr. 2022, 17:57, modifié 1 fois.
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Message par TEEGER59 »

Coucou! J'ai relevé une petite coquille:
nonoko a écrit : 14 avr. 2022, 21:48 I : Que ferais-tu si tu avais volé des bijoux ?
Sinon, j'aime la véracité dans les propos (on sent le travail d'investigation derrière cette histoire) et c'est magnifiquement tourné. Vivement la suite.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Message par nonoko »

TEEGER59 a écrit : 15 avr. 2022, 13:48 Coucou! J'ai relevé une petite coquille:
nonoko a écrit : 14 avr. 2022, 21:48 I : Que ferais-tu si tu avais volé des bijoux ?
Sinon, j'aime la véracité dans les propos (on sent le travail d'investigation derrière cette histoire) et c'est magnifiquement tourné. Vivement la suite.
Bien vu, merci, c'est corrigé! :D Comme quoi, on a beau relire et relire...
Pour le travail d'investigation, merci aussi de le remarquer, c'est vrai que ça a demandé pas mal de recherches, et c'est aussi inspirant, on cherche quelque chose, et on tombe sur une info intéressante qu'on intègre alors que ce n'était pas prévu, comme Dona Grassi. ;)
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Message par nonoko »

Partie 6

Le médecin avait refermé la porte et se dirigeait vers l’escalier. Liselotte crut avoir rêvé, que faisait Gomez ici ? Fort heureusement, il ne l'avait pas vue. Elle rattrapa Pistorius et Varus.
L : Messieurs, veuillez m’excuser, mais…de quoi souffre cet homme ?
P : Vous le connaissez ?
V : Il vaudrait mieux pour vous que ce ne soit pas le cas, enfin, dans l’hypothèse où son délire s’avère être exact ! Ce qui est fort peu probable…
P : N’en soyez pas si convaincu ! Il faudra revenir, et si je dois être le seul de nous trois, eh bien je le ferai, pensez aux conséquences si jamais…
V : Quoi, quoi, dans ce cas, il faudrait déjà l’isoler, mais mon cher confrère, il ne souffre d’aucun symptôme suspect, tout est dans sa tête, il a simplement une peur panique que ce qui est arrivé à ses amis à Barcelone ne lui arrive aussi, mais je ne vois pas comment…
P : Ce ne sont pas ses amis, vous écoutez mal ! Et cela peut très bien arriver si le mode de transmission est celui qu’il redoute.
V : Oui, je vous l’accorde, mais pour l’instant sa fièvre n’est due qu’à l’inflammation de sa blessure.
L : Il est donc blessé ?
V: Ah, oui, rien de bien grave, mais il doit rester alité quelques jours, bien que cela ne lui plaise pas. J’ai cru comprendre qu’il devait partir au plus vite pour Amsterdam.
L : Quand est-ce arrivé ?
V : Hier. Si vous êtes si curieuse, vous n’avez qu’à l’interroger vous-même, nous avons d’autres clients plus importants à visiter, et plus solvables ! A moins que…
L : Oui, je le connais, et je règlerai vos honoraires, si vous me dites de quoi il retourne exactement.
V : Avec plaisir…
P : Ah ! Eh bien allez-y, cher confrère, qui ne croyez point aux affabulations de notre malade !
V : Ce monsieur est persuadé qu’il a été empoisonné et qu’il va mourir à petit feu dans d’atroces souffrances dans un délai indéterminé. A vrai dire, il ne sait s’il s’agit de poison ou d’une maladie pernicieuse, mais deux personnes de sa connaissance ont souffert de symptômes inquiétants après avoir été blessés à l’épée.
P : Un empoisonnement est tout à fait vraisemblable, j’ai étudié des cas similaires. Mais les symptômes qu’il a décrits font aussi penser à une maladie jusque là inconnue qui a fait certains ravages récemment en France, aussi voudrais-je m’assurer qu’il ne s’agit pas de cela, une épidémie est si vite arrivée.
V : Eh bien, cher confrère, nous reviendrons vérifier cela tantôt ! Si mademoiselle accepte de nous régler chaque visite, celle de ce soir y comprise, bien entendu…
L : Bien entendu. Tenez.
V : Pistorius, je compte sur toi pour ne pas en parler à Grossius, il est déjà parti...
Pistorius haussa les épaules et émis un petit grognement qui pouvait passer pour un accord, puis il tourna les talons.
V : Nous reviendrons demain. D’ici là, je vous conseille de ne pas trop vous approcher de votre…ami.
L : Ne vous inquiétez pas, je suivrai votre conseil.
Gomez était donc coincé à Anvers, dans cette même auberge, alors qu’il aurait dû partir pour Amsterdam. Liselotte s’en voulut. Elle n’avait plus aucun moyen de prévenir Isabella et l’empereur, elle avait trop traîné sur le chemin de l’auberge, on lui avait confirmé à son retour que le valet avait récupéré le deuxième cheval à l’écurie. Puis elle réfléchit : il n’y avait plus aucune urgence, il n’allait pas bouger de là et le valet serait revenu bientôt. Elle n’avait plus qu’à attendre, se reposer, avaler une soupe bien chaude…Elle pourrait s’attribuer tout le mérite de l’arrestation prochaine du voleur, et de la récupération de l’argent, à défaut des bijoux. Soudain, un doute l’assaillit : et s’il n’avait plus la lettre de change, si on la lui avait volée ? Les médecins avaient dit qu’il n’avait pas de quoi les payer, s’il avait toujours la lettre, il aurait pu faire valoir cet argument pour leur demander d’accepter d’être payés plus tard. Elle devait en avoir le cœur net, ou elle ne parviendrait pas à fermer l’œil de la nuit. Elle rassembla tout son courage et retourna devant la chambre de Gomez. La porte n’était pas fermée à clé, puisqu’il était alité. Elle toqua par réflexe puis entra sans attendre. Elle crut un instant s’être trompée, tant la pénombre s’était accentuée, la chandelle étant presque entièrement consumée. Il n’avait pas bougé, pas remarqué sa présence, il semblait dormir.
Go : C’est votre habitude de surprendre les gens quand ils sont allongés ?
Elle sursauta malgré elle.
Go : Vous espériez que je dormais ? Que je ne vous avais pas vue tout à l’heure ? Je pensais bien que vous me rendriez visite. Vous n’avez pas perdu de temps ! C’est votre maîtresse qui vous envoie ?
L : Non, je suis venue de ma propre initiative.
Go : Décidément…Vous m’avez suivi jusqu’à Anvers ? Alors, je ne vous ai pas laissé indifférente après tout…
L : Ne vous méprenez pas. Je suis venue à Anvers seule, pour faire des courses pour ma maîtresse, qui est restée au château. Il est vrai cependant que quand j’ai vu que vous étiez alité, j’ai voulu savoir ce qui vous était arrivé, j’ai interrogé les médecins, je me suis inquiétée…et me voici.
Go : Vous vous êtes inquiétée…pour moi…
L : Oui.
Elle se rapprocha du lit, et remarqua les perles de sueur sur son visage. La fièvre.
Go : Je n’en crois pas un mot, vous êtes comme elle, vous êtes comme toutes les femmes…
L : Les médecins ont dit que ce n’était pas très grave…mais que cela pourrait évoluer. Ils ont dit aussi que vous souhaitiez qu’ils reviennent, mais ils ne le voulaient pas car ils n’ont pas été payés, alors j’ai réglé la note, pour cette fois, et je me suis engagée aussi pour les autres fois.
Go : Ils vont revenir ? C’est vrai ?
L : Oui, soyez-en assuré.
Go : Vous avez payé, pour moi ?
L : Oui, j’ai cru comprendre que vous étiez au service de l’empereur, je ne pouvais vous laisser dans l’embarras…on vous a donc volé lors de votre agression ? pourquoi êtes-vous sans recours ? Je vais écrire sans tarder à l’empereur pour qu’il vous vienne en aide…
Go : Non ! N’en faites rien, je vous prie…cela n’en vaut pas la peine, mon sort n’a plus d’importance…
L : Mais il pourrait vous faire soigner par les meilleurs médecins si…
Go : Ils vous ont dit ? Pour la maladie…je préfère que l’empereur ignore cela, ne lui dites rien, je vous en prie….
L : Ce n’est pas encore sûr, vous n’avez peut-être rien contracté de grave.
Go : Si ! Si ! Ils doivent m’aider ! En prenant le mal à la racine, on peut sans doute le stopper, le guérir ! Mais l’empereur, votre maîtresse, non, personne, personne ne doit être au courant, que vous, vous, mon ange, vous allez dire à ces médecins de me guérir, vous allez les payer, n’est-ce pas ?
L : Oui, je ferai comme vous voudrez. Comme je vous plains, et comme je vous admire…vous avez payé de votre personne au service de l’empereur…
Go : Il faut me guérir, jurez-le moi !
L : Je le jure…et je jure que je ferai arrêter ces bandits qui vous ont volé votre argent ! Pourriez-vous me les décrire ?
Go : A quoi bon ? Il ne m’ont volé que quelques pièces, que je gardais en prévision de mon petit séjour à Amsterdam.
L : Oh…
Go : C’est ainsi, que voulez-vous, on ne sait pas par avance ce qu’on va trouver sur celui qu’on veut dépouiller !
L : Bien sûr…c’est un moindre mal dans ce cas…mais je suis étonnée que l’empereur ne vous ait pas récompensé largement pour le service que vous lui avez rendu.
Go : Quel service ? Je n’ai fait qu’apporter quelques nouvelles.
L : Tout de même…depuis l’Espagne…et vous envoyer ensuite à Amsterdam…
Go : Qui vous dit que c’était la suite de ma mission ? Tenez, approchez, je vais vous dire un secret…
Liselotte hésita, se rappelant l’avertissement du médecin, mais elle ne pouvait se dérober. Quand elle fut assez près, Gomez lui agrippa le poignet et l’attira à lui, l’obligeant à se pencher vers son visage.
Go : Prêtez-moi votre oreille, que j’y dépose mon secret…
Elle tourna la tête. Un souffle désagréable vint chatouiller son oreille, tandis qu’il chuchotait.
Go : L’empereur m’a remis une lettre de change…pour un banquier d’Amsterdam…c’est ma récompense…
L : Oh, vous vous êtes moqué de moi tantôt alors !
Go : Oui…et vous savez quoi ? Les voleurs ne l’ont pas trouvée….je l’avais trop bien cachée….
L : Dieu soit loué ! Quelle bonne nouvelle !
Go : N’est-ce pas ? Je pourrai vous récompenser à mon tour de votre générosité…malheureusement, je ne peux pas aller à Amsterdam, pas tout de suite…saurez-vous être patiente ?
L : Oui, mais je me préoccupe davantage de votre santé que de la récompense.
Go : Vous êtes charmante…vous me croyez ? Et si je vous mentais…si je n’avais pas de lettre de change…vous seriez toujours aussi gentille avec moi ?
L : Bien sûr, comment osez-vous insinuer…
Go : Oh, oh, je vous ai fâchée, il ne faut pas…tenez, je vais vous montrer la lettre….
L : Ce n’est pas nécessaire, je vous fais confiance !
Go : Vous ne devriez pas accorder aussi facilement votre confiance si vous voulez jouer les espionnes.
L : Je ne joue pas ! Je suis venue vous aider, et vous…
Go : C’est un simple conseil. Penchez vous davantage.
Il lui prit l’autre main et commença à la guider. Elle se raidit et voulut se dégager.
L : Ce n’est pas nécessaire, vous dis-je, laissez-moi !
Go : N’est-ce pas pour cela que vous êtes venue ? Pour savoir si j’avais la lettre sur moi ? C’est cette diablesse d’Hava qui vous a envoyée ! Pourquoi n’ose-t-elle pas se montrer elle-même, aurait-elle peur de moi ?
L : De quoi parlez-vous, je ne comprends pas, je ne connais pas cette Hava, lâchez-moi !
Go : Tu ne connais pas Hava, vraiment ? Tu as le mensonge et le vice dans le sang, sinon tu ne serais pas ici ! Et si ce n’est pas Hava qui t’envoie, c’est Isabella ! Vous croyez que vous allez pouvoir m’avoir, me tromper ! Tu veux la lettre, hein ? Tu veux l’argent ! Cette dona Grassi m’a trahi, elle m’a vendu à Hava, elles sont de la même engeance, elle a demandé à Hava de récupérer la lettre pour ne pas avoir à me payer, mais j’ai été plus malin, elle ne m’a pas eu, non, et tu ne m’auras pas non plus !
Il lâcha brusquement sa main et chercha quelque chose. Il la tenait toujours de son autre main, et elle se mit à le frapper pour se dégager. Soudain, elle sentit une vive douleur dans son bras. Il venait de la poignarder, mais l’effort qu’il venait de fournir l’avait affaibli, il lâcha prise et elle se recula en gémissant, affolée. Il sembla alors se rendre compte de ce qu’il venait de faire mais était incapable du moindre geste ou de la moindre parole. Elle recula jusqu’à la porte en se tenant le bras et s’enfuit, sans remarquer qu’une ombre se glissait dans la chambre par la fenêtre. L’ombre s’approcha en silence du lit, plaqua une main sur la bouche de Gomez, lui fit lâcher son arme puis l’immobilisa en bloquant ses jambes, et entreprit de fouiller le bas de son corps, jusqu’à ce qu’elle trouve ce qu’elle cherchait. Epuisé, tremblant de fièvre, il n’avait plus la force de se débattre.
H : Eh bien, la voilà enfin…merci de m’avoir montré la cachette, j’ai manqué de temps la dernière fois, les rues sont trop fréquentées à Anvers…Attaque mal préparée, cela arrive, mais je répare toujours mes erreurs. Si j’avais pu te tuer, cela aurait été plus facile…mais la mort va venir, lentement…je dois être patiente…et savourer ma vengeance….Toutefois, tu n’aurais pas dû blesser cette jeune fille dans ton délire…Tiens, reprends une petite dose, pour la peine. Les médecins ne viendront pas pour rien demain !
Il sentit une fine lame lui taillader la peau en quelques vifs mouvements, puis l’ombre s’enfuit par où elle était venue tandis que l’auberge commençait à s’agiter. On venait au secours de Liselotte. Gomez était tétanisé. Tout était fini.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Partie 7.

Deux femmes, confortablement installées au coin d’un feu pétillant, devisaient tranquillement en cette soirée d’automne qui recouvrait Anvers d’un épais brouillard. Leurs profils élégants dansaient dans la lumière des flammes, leurs joues se coloraient sous l’effet de la chaleur réconfortante, leurs bouches souriaient à l’évocation de la journée passée.
GN : Je suis heureuse que tout se soit bien terminé. Vous avez pris des risques inutiles.
H : Dites plutôt que je vous en ai fait prendre. Du reste, votre position est désormais délicate. Pourquoi ne viendriez-vous pas avec moi ? Ce ne serait pas la première fois que vous seriez contrainte de vous exiler pour votre sécurité.
GN : Je vous remercie de la proposition, mais je préfère attendre d’y être vraiment contrainte. Je ne partirai que si Charles Quint m’y force.
H : Il est vrai que quand il saura que vous êtes la personne qui a vendu ses précieux bijoux…
GN : Les bijoux de sa femme, c’est fort différent ! Les hommes ont une fâcheuse tendance à vouloir tout s’approprier…
H : Quitte à spolier les biens d’autrui sans vergogne…mais vous et moi veillons à réparer ce genre d’injustice, fort heureusement !
GN : Je n’ai pas votre courage… Je n’arrive toujours pas à croire que vous ayez osé vous exposer ainsi. Etait-ce vraiment utile ?
H : Non, bien sûr, mais tellement plus excitant ! Quand j’ai su que cette petite fouineuse interrogeait tous les joaillers de la ville, je n’ai pas pu résister. Vous avez très bien joué votre rôle.
GN : Vous avez été un bon professeur. Mais à l’auberge, tout à l’heure, vous auriez pu vous faire prendre, vous n’êtes pas raisonnable.
H : Il est vrai que je ne m’attendais pas à la visite de la fouineuse, mais elle m’a facilité la tâche. Elle avait déjà épuisé ma proie et trouvé la cachette, m’emparer de la lettre a été un jeu d’enfant ! Au fait, les bijoux sont-ils prêts ?
GN : Démontés comme vous le vouliez, prêts à être dispersés parmi notre communauté. Certaines pierres sont en train d’être retaillées, pour plus de sûreté.
H : Puissent-ils faire des heureux…les nôtres en ont bien besoin.
GN : Il ne manquera pas d’acheteurs en France ou en Italie pour les pierres et l’or fondu.
H : Oui, il est heureux qu’il nous reste encore le commerce pour survivre…mais pas celui de nos corps…
GN : Ne pensez plus à cela, cela vous rend triste, et je n’aime pas vous voir ainsi.
H : Si je n’y pense plus, je perds ma raison de vivre, et ce qui fait ma force. Vous disiez tout à l’heure que vous admiriez mon courage, mais cela n’en est pas. Vous aviez raison, c’est de la pure inconscience, de la témérité, de la folie, c’est ainsi que l’on devient quand on a vécu l’insoutenable, et qu’on est déjà morte une fois. Plus rien ne vous effraie, puisque vous êtes devenu celle qui effraie, un fantôme, une âme errante. Vous auriez dû voir la tête de ce pauvre Gomez ! J’aurais pu lui dévorer l’oreille qu’il n’aurait pas poussé un cri !
GN : Vous êtes sans pitié !
H : Ah, ce n’est pas vrai, je la réserve à ceux qui la méritent, tout comme vous.
GN : A ceux qui la méritent…
H : Aux nôtres….
GN : Mais…si le plan du Maître réussit…
H : Gracia, je vous arrête : nous en avons déjà parlé, pourquoi vous tourmenter ? Oui, des innocents périront, mais nous ne pouvons pas tout maîtriser. Nous ferons de notre mieux, et je fais confiance à la science du Maître. Ce sera une grande épuration, mais ce sera l’œuvre de la nature. Certes, nous l’aurons aidée un peu, au début, mais ensuite, elle nous vengera sans que nous levions le petit doigt. Et quand ces imbéciles verront que la prétendue pureté de leur sang ne les épargne pas et que Dieu les abandonne, ils nous supplieront de leur pardonner, ils nous supplieront de revenir les soigner !
GN : Et s’ils nous désignent une fois de plus comme les coupables ? L’Inquisition est capable de nous brûler pour moins que ça !
H : On ne peut éliminer le mal en éliminant le remède.
GN : J’espère que vous avez raison.
H : Le Maître s’occupe de tout . Le remède sera bientôt au point. Oubliez vos scrupules, oubliez vos craintes : nous réussirons, et si des innocents doivent périr, ils ne seront pas morts en vain. Allons, réjouissez-vous plutôt de notre victoire du jour ! Imaginez un peu la tête de nos victimes quand elles réaliseront l’étendue de notre pouvoir…
GN : De votre pouvoir, très chère Hava, de votre pouvoir...je n’ai fait que suivre vos ordres.
H : Et je vous suis infiniment reconnaissante de vous être prêtée au jeu, alors que vous n’y étiez pas obligée.
GN : L’empereur aurait fini par apprendre mon rôle tôt ou tard, de toute façon. Je ne pensais pas toutefois qu’il aurait recours à cette petite espionne, et je ne m’explique toujours pas comment il a pu soupçonner Gomez si vite.
H : Ce n’est certainement pas lui qui a eu des soupçons ! Il a auprès de lui une femme décidément redoutable…une adversaire à ma mesure. Qui mérite une récompense pour la peine qu’elle s’est donnée, en vain…
GN : A quoi songez-vous donc encore, Hava ? Ne commettez plus d’imprudence, ou mon coeur n’y résistera pas !
L’entrevue avec Charles Quint avait laissé à Isabella un goût amer. Cela faisait une heure qu’elle était revenue dans sa chambre, mais elle ne décolérait pas. Elle tournait en rond sans pouvoir sortir, une pluie battante l’empêchant de s’échapper comme à son habitude dans le parc. S’entendre reprocher à demi-mots d’avoir exposé inutilement sa femme de chambre, quand il était évident que sans cette décision, pourtant approuvée par l’empereur, les recherches pour retrouver Gomez auraient pu être bien plus longues ! Ce qui la mettait le plus mal à l’aise, toutefois, c’était qu’Hava dominait toujours la partie. Isabella enrageait de ne pouvoir jouer à armes égales, en raison de son état. Hava avait profité de la naïveté de Liselotte, de son inconscience. La servante avait donné tête baissée dans le piège, et malgré cela Isabella se sentait coupable de ce qui lui était arrivé. Il lui tardait maintenant de quitter le château, la prison où elle s’était elle-même enfermée, de partir loin de l’Europe, loin des problèmes qu’elle voyait s’amonceler et dont elle redoutait à présent qu’ils ne finissent par engendrer une catastrophe pour l’Empire. Elle avait l’impression de perdre la maîtrise de tout : son corps, son esprit. L’enfant qu’elle portait l’empêchait d’agir et de penser à sa guise, et Hava avait un temps d’avance qu’Isabella ne parvenait pas à rattraper. Trois hommes avaient été blessés, des bijoux avaient été volés, un prototype livré, dans quel but ? Hava était derrière chacun de ces actes, mais quelle était sa motivation ? Pourquoi jouait-elle ainsi, pourquoi avait-elle mis Liselotte sur la piste de Gomez, révélant ainsi son implication dans le vol des bijoux, sans même essayer de prendre un faux nom ? Etait-elle si sûre de ne pouvoir être arrêtée ? Les gardes qui avaient fini par se présenter à l’auberge, alertés par la nouvelle de l’agression commise contre Liselotte, et qui avaient par la même occasion mis la main sur Gomez pour le ramener à Bruxelles, avaient évidemment fouillé en vain tout Anvers, interrogé des centaines de personnes sans que cela leur donne la moindre piste concrète. Seule sa signature sur le registre de comptes de Dona Gracia Nassi attestait de la réalité de son passage à Anvers. Pourtant, les témoins qui assuraient l’avoir vue ne manquaient pas, ce qui était d’autant plus rageant. Et d’où lui venait l’argent avec lequel elle avait acquis les bijoux ? Pourquoi ne les avait-elle pas dérobés, à Gomez ou à Dona Gracia Nassi ? Cela surtout semblait étrange à Isabella. Elle avait conseillé à Charles Quint de faire surveiller la banquière. Lui-même avait déjà eu affaire à elle, et n’appréciait guère qu’elle prête de l’argent à toutes les têtes couronnées d’Europe, alors qu’il lui avait proposé de la protéger, elle et sa famille, si elle acceptait de traiter exclusivement avec lui, avec des taux d’intérêt préférentiels. Mais elle avait été intraitable, et sa richesse était d’autant plus insolente aux yeux de l’empereur qu’elle était celle d’une famille de marranes, qui n’essayait même pas de faire profil bas. Isabella fut soudain interrompue dans ses pensées. On toquait à la porte. Elle n’avait aucune envie de donner l’ordre d’entrer, aussi fut -elle contrariée quand la porte s’ouvrit et qu’entra sa nouvelle femme de chambre, une servante sans âge qui manifestement n’entendait pas s’en laisser compter, et prétexta trop fortement son inquiétude pour l’état de sa maîtresse pour justifier son impolitesse.
S : Je vous prie de m’excuser Madame, ce n’est pas l’heure habituelle de mon service, mais comme vous ne répondiez pas j’ai voulu m’assurer que tout allait bien, et que vous n’étiez pas sortie malgré la pluie..
I : Que tenez-vous ?
S : Oh, eh bien, justement, je venais vous apporter ceci…
Elle tendit un petit paquet à Isabella.
I : Ouvrez-le pour moi, vous en mourez d’envie.
S : Très bien…Si Madame le souhaite…
Elle s’exécuta tandis qu’Isabella l’observait, le cœur battant. Le paquet contenait une boîte et une lettre.
I : Posez la lettre sur la console, et ouvrez la boîte.
La femme de chambre poussa un petit cri en découvrant la pierre.
S : Regardez, Madame ! Quelle merveille ! Que c’est délicat ! Monsieur votre mari a beaucoup de goût !
Isabella fronça les sourcils. Comment osait-elle suggérer qu’il avait pu lui envoyer quelque chose, et si c’était le cas, comment osait-il ?! Elle se força à regarder ce qu’elle lui mettait sous les yeux : un petit rubis taillé en forme de cœur, prêt à être serti sur une bague, une broche ou monté en collier.
S : Prenez !
Isabella se détourna et alla droit à la console. Elle resta un instant indécise, le souffle court, puis décacheta la lettre d’un geste brusque, déchirant partiellement le papier, et lut. Sa femme de chambre n’eut ensuite pas le temps de la retenir, toute occupée à chercher où poser le rubis tandis qu’Isabella s’échappait sous la pluie. Elle avait laissé tomber la missive sans un mot.
S : Madame ! Madame ! Revenez ! Tsss…encore une qui perd la tête !
Elle ramassa le papier et lut :
Très chère Pénélope, je vous prie d’accepter ce modeste souvenir prélevé sur les bijoux de la défunte impératrice, gage de l’affection que lui portait son mari, ne doutant pas moi aussi que votre mari vous chérit toujours de la plus tendre façon. Pour ma part, je vous remercie d’avoir pimenté ma mission à Anvers en m’envoyant votre petite fouineuse. Fidèlement vôtre, Hava Gonzales.
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TEEGER59
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

C'est génial!
Dis, j'ai envie d'encastrer Hava contre un mur, c'est normal?
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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