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TEEGER59
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Re: Création en tout genre.

Message par TEEGER59 »

Le mois d’Octobre s'achève, l’automne s’installe, les jours raccourcissent et laissent place au début des fêtes de fin d’année. Aux vacances de la Toussaint en Espagne, on passe aussi en mode Halloween! Mais la fête ne se déroule pas exactement de la même manière qu'en France. La Castanyada est une fête traditionnelle s’exerçant dans toute la Catalogne en famille et entre amis. C’est l’occasion de se réunir pour partager un repas. Le fils du soleil vous propose un petit conte, à la sauce MCO.

:Esteban: : C'était le jour de la Castanyada. Plutôt que courir les rue de Barcelone pour obtenir fruits secs et confiseries, Mendoza avait eu une idée géniale: aller bivouaquer en pleine nature avec Isabella, ma chère Zia et mon "frère" Tao. Ainsi, avant le coucher du soleil, nous avions chargé tout le nécessaire dans le condor et nous partîmes vers la forêt de La Roca Valles, un endroit bien mystérieux situé à six ou sept lieues de la cité couronnée. Arrivés sur place, pendant que les filles préparaient le dîner, Mendoza s'exclama:
:Mendoza: : Par la malepeste!
:Laguerra: : Que t'arrive-t-il, cariño?
:Mendoza: : Nous avons oublié de prendre un soleil noir, mi corazón...
:Esteban: : Celui que je considère aujourd'hui encore comme mon père de substitution se tourna vers Tao et moi:
:Mendoza: : Les garçons, allez donc chercher du bois mort pour faire un bon feu, comme ça nous pourrons faire griller des châtaignes.
:Laguerra: : Excellente idée, capitaine! Qu'en dis-tu Zia?
:Zia: : J'en salive d'avance!
:Esteban: : Alors mon meilleur ami et moi sommes allés chercher des branchages. Plus nous avancions dans la sylve, plus la végétation nous semblait bizarre. Les arbres avaient une couleur grise et les feuilles, avec la lumière de la pleine lune, avaient de drôles de reflets argentés. À force d'avancer en regardant par terre pour trouver du combustible, nous nous sommes égarés. Sans céder à la panique, nous nous sommes mis à crier en espérant que nos amis nous entendraient. Mais malheureusement, nous avions beau appeler, personne ne répondait. Faisant un tour sur lui-même, Tao fit:
:Tao: : Réfléchissons un peu... Hum... Je crois que c'est par là!
:Esteban: : En effet, il y avait un petit chemin qui serpentait au milieu des ronces. Nous nous mîmes à marcher rapidement car nous avions maintenant un peu peur. Au bout d'une demi-heure, il fallait se rendre à l'évidence: nous étions définitivement perdus. Soudain, un hurlement retentit juste à notre droite. En tremblant, mon cher naacal balbutia:
:Tao: : Qu'est-ce que c'est à ton avis? Mon Pichu?
:Esteban: : Sans trop y croire, je répondis: "je crois plutôt qu'il s'agit d'un hibou".
:Tao: : Pichu?... Pichu, c'est toi?
Hou! Hou!
:Esteban: : Le cri lugubre recommença de plus belle. Puis, des craquements de branchages retentirent tout autour de nous.
:Tao: : Mendoza! Laguerra! Zia! Si c'est vous, montrez-vous! Ce n'est pas drôle!
:Esteban: : Pas de réponse. Terrifiés par ces bruits étranges, nous n'osions plus appeler personne. C'est alors que sur le chemin s'avança une drôle de silhouette. C'était une immense et horrible créature! Tout comme le capitaine Gaspard, elle avait deux énormes bras, mais les siens descendaient jusqu'à ses genoux. Le monstre avait des dents pointues et son nez rejoignait ses lèvres. De plus, le géant était entièrement vert et n'arrêtait pas de sauter sur place en faisant "ho, ho, ho!" Tremblants de peur, nous n'osions plus bouger.
:?: : Bonsoir les enfants, vous êtes là pour le jeu?
:Tao: / :Esteban: : Le jeu?
:?: : Oui, le jeu de la Castanyada.
:Esteban: : Sans trop savoir, nous répondîmes oui.
:?: : Ah, tant mieux! Je croyais que personne ne viendrait car c'est vraiment difficile.
:Esteban: : Blanc comme un linge, Tao fit:
:Tao: : Ah bon?
:?: : Oui parce que celui qui perd doit être dévoré.
:Tao: : Dé... Dévoré?
:?: : Oui, dévoré. C'est une variante du jeu de mon cousin fromager, Meule d'or... Vous le connaissez? Meule d'or, si je t'attrape je te mords... Non? Ça ne fait rien... Je vais compter jusqu'à dix et, passé ce délai, je vous cherche. Si je vous trouve, tant mieux parce que cela fait plusieurs mois que je ne mange que du maïs... UN... DEUX... TROIS... QUATRE... CINQ... SIX, SEPT, HUIT! NEUF!! DIX!!!
:Esteban: : Avant que nous ayons eu le temps de réagir, la créature se jeta sur Tao qui hurla à s'en arracher les cordes vocales. Sa gueule se mit à grandir, grandir, grandir encore, et elle avala mon meilleur ami d'un seul coup. C'était horrible... Je me mis à détaler comme un lièvre. Mais déjà le géant était là, juste derrière moi. J'entendais son souffle rauque et sentais son odeur pestilentielle. J'avais beau courir le plus vite possible, le monstre, petit à petit, me rattrapait. Soudain, je sentis ses griffes sur mon épaule et je tombais dans les feuilles mortes. Il m'attrapa le bras et se mit à me secouer comme un prunier...
:?: : Réveille-toi Estéban. Il est l'heure de se préparer pour la messe.
:Esteban: : J'ouvris les yeux... Ouf! C'était un horrible cauchemar et je vis Mendoza qui me tapotait le bras pour que je quitte ceux de Morphée.
:Mendoza: : Aujourd'hui, c'est le 31 octobre. J'ai eu une superbe idée et tout le monde semble d'accord. Ce soir, nous allons bivouaquer dans la forêt de La Roca Valles.
:Esteban: : NOOOOON!!!!!

:condor: :condor: :condor: :condor: :condor: :condor:

:Esteban: : Mendoza m'ayant assuré que mon mauvais rêve n'était pas prémonitoire, je me résolus à les accompagner. Peu de temps après avoir atterri, la nuit tomba sur la canopée. Sous l'influence de la lune, les fougères s'allumaient d'un reflet bleu luminescent, en tout point semblables à la végétation de la grotte du ventre de Bouddha. Notre petit groupe établit son bivouac dans un creux rocheux tapissé d'herbe, à quelques pas d'un ruisseau. Le chant faussement plaintif de deux chouettes qui se répondaient dans les hauteurs de la forêt résonna non loin de notre position. Cela me fit frissonner. Néanmoins, n'ayant pas omis de prendre un soleil noir, Tao et moi fûmes dispensés de corvée de bois. Grâce aux pouvoirs de la couronne subtilisée à la sorcière N'Deye, Mendoza contrôla la petite sphère nerveuse et alluma sans mal un feu afin que les filles puissent préparer une soupe aux potirons. Son épée posée à portée de main, le dos calé contre une souche, il s'autorisa à se détendre... Moi aussi. Tandis que les flammes prenaient force, nous mangeâmes des lamelles de bœuf séché, piochâmes dans des sacs de fruits secs et savourâmes l'eau si fraîche du ruisseau dont nous avions rempli nos gourdes en attendant le potage. Une nuit à la belle étoile dans cet endroit sauvage, loin du confort policé et civilisé de Barcelone, était pour nous bien plus une source de plaisir que d'embarras. Après le repas, se massant machinalement le ventre, Laguerra paraissait songeuse. Elle refusa poliment l'outre que lui tendit Mendoza. Celle-ci contenait du moscatelle, un vin issu du raisin muscat, alors qu'elle adorait ça. La clique anti-Zarès laissa passer le temps en contemplant le ballet des flammes orangées nimbées de bleu pâle dans lequel les fruits à coque grillaient à la braise. C'est alors que Zia brisa le silence:
:Zia: : Dites, c'est la veille du jour des morts. Personne n'a une histoire effrayante à raconter?
:Esteban: : Je fus le premier à me jeter à l'eau... Moi j'en ai une! Lorsque j’étais tout petit, le monastère où je vivais se trouvait à côté d’un cimetière étant donné que cet établissement avait déjà servi de couvent pour une communauté de clarisses, principalement issues de la noblesse. À l’approche de la fête des morts, les enfants orphelins ne cessaient de se raconter des histoires effrayantes à propos de ce cimetière pour se divertir un peu tant cette soirée qui approchait à grands pas les excitait. Quelques jours avant cette fête, les plus âgés commencèrent à parler d’une légende qui était étrangère à toutes celles que l’on avait pu entendre. Intrigués, quelques-uns de mes compagnons d'infortune et moi-même décidâmes d’aller interroger celui qui pouvait nous éclairer sur ce sujet. Après l'office de laudes, nous allâmes demander au père Rodriguez de nous parler de cette légende que seuls les plus vieux connaissaient. À ma demande, un frisson lui parcourut le dos et, d’un air grave, il me répondit:
Père Rodriguez: “Tu veux VRAIMENT connaître la légende de Maria-Blanca, fils du soleil? Très bien, je vais te la raconter, mais si je fais cela, c’est pour te mettre en garde. Voilà: À l’époque où ce lieu saint n’était qu’un couvent pour nonnes, une jeune femme nommé Maria prononça ses vœux de chasteté à contrecœur car elle espérait, en devenant sœur, échapper aux souffrances que pouvait lui infliger l’amour. Elle avait si peur de tomber amoureuse et d’être déçue tant elle avait vu de femmes aux cœurs brisés qu’elle offrit son existence à Dieu. Mais Maria était une très belle femme et un an après avoir prononcer ses vœux, ce qui devait arriver arriva. Elle s'éprit du jeune homme qui s’occupait d’allumer les cierges et de nettoyer ceux-ci à l’aide d’un petit couteau pour récupérer la cire. Leur amour, bien que secret, fut vrai et jamais Maria ne fut déçue. Mais en agissant ainsi, elle avait désobéi à son devoir de chasteté et lorsqu’elle mourut, elle fut condamnée à hanter les lieux où elle avait vécu et à pleurer son malheur. Depuis ce temps, on dit que, le jour anniversaire de sa mort, soit un 27 octobre, si on se trouve dans une pièce non éclairée et qu’on tient un couteau dans une main et une chandelle allumée dans l’autre devant un miroir et que l’on prononce treize fois le nom “Maria-Blanca”, elle apparaîtra dans la glace, portant une robe blanche, remplie de tristesse et de douleur. Mais si je te dis tout cela Estéban, c’est parce que quelques novices et moi avons tenté cette expérience devant le miroir du presbytère et crois-moi, jamais nous n’avons crié aussi fort en même temps lorsque Maria est apparue devant nous. Alors, je te conseille de ne pas en faire autant si tu ne veux pas te trouver en face du vrai visage du désespoir”.
:Esteban: : Sur ce, mes amis et moi, nous décidâmes de faire cette expérience pour en avoir le cœur net. C’est ainsi que nous nous retrouvâmes, le jour du 27 octobre, dans le presbytère, moi devant le miroir avec la chandelle dans une main et le couteau dans l'autre, les autres m'encerclant. Le mot “Maria-Blanca” écrasa le silence treize fois et lorsque que j’eus fini de le prononcer, la plus triste et la plus fantomatique des femmes apparut dans le miroir. Ma peur était si forte que la chandelle et le couteau échappèrent à ma prise et la pièce devint aussi sombre que l’intérieur d’un four. Je n’entendais plus que les cris de mes camarades et mon cœur qui battait la chamade. Heureusement, à travers notre frayeur, l’un d’entre nous eut le bon sens d’allumer les chandeliers et lorsque tout fut clair, la panique cessa et nous sortîmes le plus vite possible de la pièce. Aujourd’hui, j'arpente le monde avec vous depuis que le père Rodriguez nous a quitté. Et je sais que chaque année, un peu avant la fête des morts, pendant que les plus petits se racontent des histoires effrayantes, quelques personnes se rassemblent dans le presbytère et appellent une jeune femme qui n’aura sans doute jamais le repos éternel. Mais qui sait, peut-être qu’un jour une personne aura le courage qu’il faut pour garder une chandelle allumée pour que Maria-Blanca voie le chemin qui la mènera vers l’éternité à travers la noirceur de son désespoir…
:Laguerra: : Cette histoire est effrayante et plutôt triste, Estéban...
:Esteban: : Tout le monde opina et resta quelques instant à fixer les flammes qui dansaient, espiègles, nimbant nos visages d'ombres mouvantes. Mendoza se lança:
:Mendoza: : À mon tour! C’était il y a longtemps, aux alentours de Barcelone. On racontait des histoires sur une certaine dame blanche. Des cochers auraient aperçu, sur la route de la capitale, une jeune fille très belle et qui semblait très pâle, presque fantomatique. Cette jeune fille faisait des signes pour pouvoir rentrer chez elle. Un postillon l’aurait embarquée et lui avait demandé où elle allait. Elle lui donna l’adresse. Alors il la conduisit à l’endroit indiqué car lui aussi se rendait au même endroit. Tout le long du trajet la jeune fille demeurait silencieuse et répondait à peine aux questions que lui posait le cocher qui voulait se montrer sympathique. Il ne réussit qu’à savoir son nom: Alba. Arrivés enfin à destination le conducteur se retourna pour dire à la jeune fille qu’ils étaient arrivés mais… elle avait disparu! Intrigué, le brave homme alla frapper à la porte de la demeure que la jeune fille lui avait indiquée. Une vieille femme...
:Laguerra: / :Esteban: / :Tao: / :Zia: : Rhôôô!
:Mendoza: : Oui, je sais, mais je suis comme Perceval le Gallois! J'aime mettre des vieux dans mes histoires, car c'est hyper mystérieux! Donc, une vieille femme à la mine fatiguée répondit et lui demanda, sur un ton brusque, ce qu’il voulait. Il lui demanda si une certaine jeune fille répondant au nom de Alba vivait ici. La vieille femme parut effrayée mais répondit:
:?: : “Oui, il y avait bien une Alba qui vivait ici il y a bien longtemps. Un jour, alors qu’elle marchait sur le bord de la route, un homme l’embarqua et l’assassina. Elle ne put jamais revoir les siens et depuis ce temps, chaque année, elle revient, sur le lieu de son meurtre et essaie de revenir chez elle afin de connaître le repos éternel”.
:Mendoza: : Elle rôde toujours dans les parages donc faites très attention, les enfants!
:Esteban: / :Tao: / :Zia: : Aaaarrrggghhhhh!
:Esteban: : Soudain, comme giflé par une puissante bourrasque, le brasier virevolta en tout sens avant de s'éteindre tout à fait. Pas impressionnée pour un sou, ma Zia se leva dans la pénombre ambiante et se concentra pour activer le soleil noir, rien que par la pensée. Quand le foyer fut rallumé, elle annonça:
:Zia: : À moi! Voici une histoire horrible, depuis trop longtemps oubliée. On me l'a racontée lorsque je vivais à la cour... C’était une nuit, pareille à celle-ci, emplie de brumes lourdes et épaisses. Alejandro déambulait dans une rue très sombre de Barcelone, comme chaque nuit d’ailleurs. C'était un vagabond insomniaque très sympathique, aimé de tous dans le quartier du Barri Gòtic. Mais cette nuit-là, il ne sentait pas très bien, il avait trop chaud, il étouffait même. Généralement en automne, les nuits sont fraîches, mais là… cette chaleur… Il continuait de marcher quand il découvrit un vieux thermoscope sur le pas de porte d'un vieil alchimiste. Il resta stupéfait en remarquant l'apparition de bulles dans le vase rempli d'eau. Or, ce phénomène n'est possible qu'en cas de fortes chaleurs! Mais nous étions en pleine nuit du 31 octobre… Sa pensée fut brusquement interrompue par le sol qui devenait brûlant lui aussi. Ses bottes, ses semelles fondaient et il se retrouva ainsi collé au dallage qui fondait de plus en plus sur une distance énorme et à une vitesse terrifiante… Puis une sorte de syphon se forma au centre et aspira toute la chaussée jusqu’aux pieds du pauvre Alejandro. Une lueur orangée en jaillit, suivie d’une chaleur encore plus intense… Le malheureux sentait sa peau fondre sur ses joues, ses doigts se transformèrent en gelée noircie, ses yeux coulèrent des orbites, son nez disparu, comme aspiré par le reste du visage… Ensuite, ce fut son corps tout entier qui se transforma en bouillie humaine enfuie sous un fin amoncellement de vêtements! À ce jour, le pavement a été reconstruit et l’histoire d'Alejandro oubliée. Mais, une chose est sûre: il ne faut jamais se promener seul dans les rues de la capitale la nuit du 31 octobre…
:Tao: : Elle est horrible, celle-là! Bravo, Zia!
:Esteban: : L'atmosphère avait changé, la tension qui m'avait étreint en début de soirée se dissipait en vestiges épars, remplacée par un sentiment paisible. Celui d'être ensemble.
:Mendoza: : Et toi, Tao? Tu dois certainement avoir quelque chose à nous narrer...
:Tao: : Eh bien, là d'où je viens, il existe une légende avec un fantôme. C'est mon père qui me l'a racontée avant de mourir. Ça vous dit?
:Mendoza: : Pourquoi pas? Mais les îles Galapagos, lumineuses et ensoleillées, loin dans l’océan Pacifique, semblent être un endroit étrange pour un revenant!
:Tao: : Pourtant, selon mes ancêtres, l’archipel abritait un esprit errant qui ciblait les hommes seuls tard dans la nuit. Cela s'appelle l'histoire de la Gringa sans tête. Selon cette légende, suite à un encalminage de leur navire, un homme et sa femme accostèrent sur l'île principale, bien avant la venue des Espagnols. Gringa, soit dit en passant, est un terme qui faisait référence à une femme venant des terres de l'est. La femme trompa son mari avec un autochtone et ce dernier finit par le découvrir. Jaloux comme un pou, il entra dans une rage folle et tua son épouse en la poussant d’une falaise: alors que la malheureuse dégringolait, sa tête s’accrocha à quelque chose et fut arrachée. L'homme cacha alors le corps de sa moitié en disant à tout le monde qu’elle était partie nager et qu'elle n’était pas revenue. C’était plausible: les courants aux Galapagos peuvent être difficiles. Après cette tragédie, le mari retourna d'où il était venu, mais le fantôme de sa femme resta sur l'île. Leur ancien cabanon, situé sur la plage du cap de la lune, était toujours debout avant que la délivrance du Solaris ne détruise tout, et c’est là qu’elle était généralement vue ou ressentie. Comme je vous l'ai déjà dit, elle était connue comme "la Gringa sin Cabeza" en Espagnol ou "la Gringa sans tête". Elle ne se manifestait que la nuit aux hommes seuls. Chez mes aïeuls, ceux qui l’avaient vue affirmaient qu’elle apparaissait comme une forme sombre et brumeuse, évidemment humaine mais...
:Mendoza: / :Laguerra: / :Esteban: / :Zia: : Sans tête!
:Tao: : Exactement! Malgré tout, il y avait quelque chose en elle qui attirait les hommes qui prétendaient qu’elle pouvait les ensorceler. Certains affirmaient qu’elle avait un parfum comme le palo santo, un arbre parfumé commun sur l'archipel, mais quand elle était en colère, elle sentait la chair pourrie. Parfois, elle accostait les habitants qui dormaient. Le rêveur sentait un poids, comme si quelqu’un était monté sur sa couche, au-dessus de lui. Le poids devenait rapidement oppressant, écrasant le malheureux. Au moment où il se réveillait, le poids et la sensation disparaissaient immédiatement. La Gringa sans tête aimait aussi tromper les âmes solitaires qui se promenaient dans l'obscurité. Elle pouvait les désorienter: quelqu’un qui se promenait sur la plage pouvait soudainement se retrouver en pleine forêt, au milieu de l'île ou sur le haut de la falaise. Parfois, elle séduisait les hommes, essayant de les attirer dans des endroits solitaires. Du temps de mon arrière grand-père, un homme du village s'était enivré, avait emprunté une pirogue et s'était rendu sur une île voisine pour aller à la chasse. Il fut gravement blessé mais survécut. Il raconta qu’il avait bu quand il avait vu l'entité. Elle était apparue comme une belle femme et l’avait envoûté. L'homme avait navigué en pleine nuit pour ramener une tortue géante parce qu’elle le lui avait demandé. Or, cette classe de reptiles est partout présente sur l'archipel. Pas besoin de prendre une embarcation puisque les tortues viennent spontanément sur n'importe quelle plage la nuit pour y pondre leurs œufs. L'homme était soit très ivre, soit très stupide, soit sous l'emprise de ce fantôme. Mes ancêtres prenaient très au sérieux cette histoire. C'est la raison pour laquelle les Galapagos se vidèrent peu à peu de leurs habitants...
:Esteban: : Je me mis à glousser.
:Tao: : Quoi? Qu'est-ce qu'il y a, Estéban?
:Esteban: : Maintenant, je comprends pourquoi tu as voulu quitter les lieux en brûlant tout! Tu avais peur qu'elle s'en prenne à toi!
:Tao: : N'importe quoi!
:Mendoza: : Eh bien, heureusement que Sancho et Pedro n'ont pas eu vent de cette légende lorsque nous avons débarqué sur ton île pour retrouver Estéban et Zia. Ils étaient déjà fort impressionnés avec les iguanes...
:Esteban: : Le feu diffusait une chaleur apaisante. Le bois craquait sous la morsure des flammes, exhalant son odeur de résine. La fumée montait directement pour aller se perdre dans les ouvertures qui perçaient la frondaison des arbres. Mendoza caressa le sol de la pointe de sa botte:
:Mendoza: : Il ne reste plus que toi, mi corazón... Que vas-tu nous relater?
:Esteban: : Se mordillant la lèvre inférieure, Isabella contemplait son compagnon. Son regard était toujours cerné mais il avait recouvré une certaine assurance.
:Laguerra: : Juan...
:Mendoza: : Oui?
:Laguerra: : Tu... tu sais que Barcelone est pleine de secrets et de mystères.
:Esteban: : Sa voix s'éteignit dans un souffle. L'aventurière baissa la tête, avant de reprendre:
:Laguerra: : D'ailleurs, vous tous avez du entendre de nombreux contes et légendes sur certains endroits dit hantés. Des occultistes organisent même des visites pour les moins crédules et les plus téméraires dans les ruelles de la capitale. Mon histoire concerne la fontaine de Canaletes. Elle est célèbre pour la légende qui dit que celui ou celle qui boit de son eau reviendra dans la cité. C'est ainsi que tous ceux qui aiment la ville ou comptent y retourner un jour boivent de cette eau par superstition. Mais il n'y a pas que ça. Mon père m'avait raconté que cette source, située sur Las Ramblas, fut le théâtre où de nombreuses personnes furent témoins de l’apparition d’un fantôme. Durant un temps, un groupe d’hommes courageux décida de monter la garde pendant plusieurs nuits autour du puits. Des dizaines de curieux passaient des heures à attendre pour apercevoir l’entité, comme le racontent encore les habitants du quartier. Cet esprit malin avait la fâcheuse habitude d’effrayer les femmes enceintes qui remplissaient leur seau... Vrai ou pas, en ce qui me concerne, je n'irai certainement pas me désaltérer là-bas durant les sept prochains mois...
:Esteban: : Un silence accueillit cette surprenante confession. Je regardais tour à tour mon incendiaire de cabanes dans les arbres et ma sorcière bien aimée qui, comme moi, avaient bien saisit la teneur de ce propos. Assis l'un en face de l'autre, Mendoza et Laguerra échangèrent un long regard. Les traits hantés d'Isabella s'étaient détendus. Elle avait habilement réussi à annoncer la bonne nouvelle à Mendoza, et ceci d'une manière originale et totalement inattendue. La suite ne l'inquiétait pas outre mesure. Quant au visage de mon mentor, d'habitude si rugueux, il s'était apaisé, délivré de ce masque bestial qu'il arborait au contact du danger. Il fixait les contorsions des flammes sans les voir. Laguerra brisa le silence qui s'était installé autour du feu de camp. Elle pencha la tête sur le côté et sa voix fut comme une caresse:
:Laguerra: : Tu as entendu ce que je viens de dire, Juan?
:Esteban: : Mon modèle de force et de courage leva les yeux pour la fixer. Sa bouche se plissa, indécise. Il finit par murmurer:
:Mendoza: : Un... enfant? Tu me fais marcher, c'est ça?
:Laguerra: Non, cariño. Je suis très sérieuse.
:Esteban: : Tout en parlant, Laguerra se leva. Mendoza esquissa un sourire aussi doux qu'un rayon de lune puis ouvrit grand ses bras. La future maman s'y jeta aussitôt et se lova contre lui. Elle saisit sa main libre qu'elle posa délicatement sur le corset satiné de son ventre encore plat.
:Mendoza: : Un bébé...
:Esteban: : Le regard de mon voleur de médaillon était de nouveau rivé dans les iris soyeux de sa compagne, qui chatoyaient de plénitude, de complicité. Il la serra davantage et huma le parfum de sa chevelure, se nourrissant de la chaleur de son être. Ils restèrent ainsi, sans bouger, sans parler, aucun d'eux n'osant exprimer l'instant magique qu'ils partageaient. De notre côté, alanguis au sol, Tao, Zia et moi-même contemplâmes le ciel rempli d'étoiles, profitant de cette vision qui symbolisait notre liberté...

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Monstrueux Halloween, bande de citrouilles!
Modifié en dernier par TEEGER59 le 31 oct. 2021, 15:20, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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IsaGuerra
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Re: Création en tout genre.

Message par IsaGuerra »

Alors je vais commencer par ton texte :
- Le monstre du cauchemar d'Esteban m'a fait imaginer un mélange de Grinch et des monstres dans Miss Pérégrines et les enfants particuliers, c'est très bizarre comme image (et va savoir pourquoi j'ai imaginé ça)
- "La clique Anti-Zarès", tout simplement poêlant :lol:
- Première histoire : Toujours aussi triste que la première fois que tu nous l'as fait lire.
- Deuxième histoire : J'aime et j'adore la réf à Kaamelott :x-):
- Troisième histoire : C'est quand même "bizarre" de voir une telle histoire racontée par la petite Zia :o
- Quatrième histoire : La deuxième partie, notamment l'instant du rêveur, m'a fait le plus d'effet. L'image va me trotter un moment en tête.
- Cinquième histoire : Tu nous as sorti la meilleure annonce de grossesse de tous les temps ! Ca m'a fait tellement rire que j'ai eu du mal à lire les dernières lignes :lol:

Quant au montage, il est encore une fois très bien réussi ! Et j'ai une belle préférence pour Isabella et Esteban !
« On le fait parce qu'on sait le faire » Don Flack
« Ne te met pas en travers de ceux qui veulent t'aider » Sara Sidle

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Re: Création en tout genre.

Message par Solana »

Je suis faaaaaaan !
Que ce soit de cet OS qui est très intéressant et original, comme de ton montage particulièrement réussi ! Ils sont vraiment effrayants !
Les contes racontés dans ton texte sont vraiment sympas, j'aime beaucoup ! Et la façon dont Isabella annonce sa grossesse... pépite ! Je m'incline c'est vraiment bien trouvé, et tellement subtil... bravo ! Ça m'a beaucoup amusée !
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Re: Création en tout genre.

Message par kally_MCO »

Le montage : Gaspard, ce beau gosse... Non mais c'est vrai, quoi, on connaît la chanson : Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle... => C'EST GASPARD ! Dans tes dents, Isa !
Plus sérieusement : Chaton a ma préférence (et Estéban est magnifique en petit diablotinnn)
Bien joué, championne !

L'histoire halloweenienne :
1 ; Très amusante, pour une fois que le Père Rodrigo ne me donne pas des envies de meurtre. J'en ai encore des frissons...
2 ; Alors, je ne sais pas pourquoi mais... la relire m'a fait éclater de rire, elle est géniale. :-@ :x-):
3 ; Superbe ! Pourquoi est-ce que tous les Alejandro connaissent une fin des plus glauquissimes ? [-|
4 ; TAO ! Sans rire, c'est ma préférée. Le coup du fantôme sans tête, j'adore, mouhahahaah :twisted:
5 ; La version non censurée, ça donnait quoi, déjà ? :tongue:
Très mignon, très romantique, très jolie (et hermosament écrite) fin. GO, ISA ! Maman est fière d'elle !
Mais ma déesse du sadisme s'attendait à bien pire...

Merci pour cette parenthèse hantée, Teeger !

Monstrueuses fêtes à toi aussi :condor:
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: Création en tout genre.

Message par Marcowinch »

Splendide dessin @Teeger59
Du grand art ! :)
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Re: Création en tout genre.

Message par Xia »

Bravo Teeger ! :lol:
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

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Re: Création en tout genre.

Message par Ra Mu »

Teeger, cet Halloween est du bonheur en barre! Tu t'es surpassée! :-@
Après l'effet de surprise, cela vaut le coup de passer du temps sur les détails: Gaspard dans le Miroir et les costume steampunk de notre Jean-Charles national. Ça lui va bien dailleurs. ^^
Un Grand merci pour cette pépite et toutes mes félicitations!
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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IsaGuerra
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Re: Création en tout genre.

Message par IsaGuerra »

Salut la mystérieuse compagnie d'or !
Il y a quelques temps j'ai fait un peu de ménage (dans ma vie et dans mes dossiers numériques) et je me suis rendue compte que j'avais complètement mis un projet de côté, qu'il était littéralement passé aux oubliettes avec deux ou trois autres.
Donc bonne résolution 2022 avant l'heure : Je vais reprendre l'écriture de ma fiction "La flamme de Quetzalcoatl"
Et pour vous faire patienter jusqu'à la publication du prochain texte, je vous laisse un FanArt tout juste fini hier après-midi.

11-Danse de Zia.png
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Re: Création en tout genre.

Message par Marcowinch »

IsaGuerra a écrit : 02 nov. 2021, 17:14 11-Danse de Zia.png
Magnifique :-@ :-@ :-@
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Solana
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Re: Création en tout genre.

Message par Solana »

IsaGuerra a écrit : 02 nov. 2021, 17:14 Salut la mystérieuse compagnie d'or !
Il y a quelques temps j'ai fait un peu de ménage (dans ma vie et dans mes dossiers numériques) et je me suis rendue compte que j'avais complètement mis un projet de côté, qu'il était littéralement passé aux oubliettes avec deux ou trois autres.
Donc bonne résolution 2022 avant l'heure : Je vais reprendre l'écriture de ma fiction "La flamme de Quetzalcoatl"
Et pour vous faire patienter jusqu'à la publication du prochain texte, je vous laisse un FanArt tout juste fini hier après-midi.

11-Danse de Zia.png
Mon dieu de courgettes, la qualité de ce fan art :-@ Il est vraiment spectaculaire, j'aime beaucoup ton style ! Que ce soit Zia ou le décor... tout est superbement réussi ! Bravo ! :-@
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