Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.
Posté : 05 juil. 2020, 19:24
Suite.
CHAPITRE 23.
Lorsqu'il s'éveilla, le lendemain matin, la petite fée avait disparu. Le sommeil de Mendoza avait été affranchi de cauchemars. Il s'éveilla frais et dispos mais resta un moment à contempler le plafond.
: Quelle femme! (Pensée).
Il aurait facilement pu s'éprendre d'elle. Voire aspirer à la réciprocité, même si Morgane avait été claire à ce sujet. Mais de toute manière, ce genre d'espérance n'était pas pour lui. Avant, peut-être. Avant. Lorsqu'il était encore un jeune idéaliste, lorsqu'il croyait à l'Amour. Mais il l'avait chèrement payée, cette foi qu'il considérait comme sacrée. Avec pour toute récompense la trahison, la souffrance et se voir laissé baignant son propre sang. Non, il n'avait plus ce genre de croyance. Il ne se fiait à présent qu'à une seule personne, lui-même, et n'avait aucune envie de s'embarrasser d'une liaison sérieuse. Aucun désir, en fait, de s'embarrasser d'une liaison tout court.
D'un bond, il sauta de son lit et fit ses habituels exercices matinaux, de simples étirements avant de faire sa toilette.
☼☼☼
Dans la cuisine, il rencontra Théophraste. En chemise de lit*, la chevelure en bataille, les yeux lourds, le mage avait une mine de déterré. Ce dernier lança:
Théo: Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit! Rox' a eu le dessus et ne m'a laissé aucun répit: je suis griffé de partout!
Ils étaient seuls. L'Espagnol s'assit en face de lui et se versa un bol de lait tiède, accompagné d'une large tranche de pain recouverte de beurre salé. Il dégusta le breuvage et mordit dans sa tartine avant de demander:
: Mais ça ne te gêne pas de coucher avec une amie?
Théo: Non, pas du tout. Écoute, les choses ont toujours été claires entre Rox' et moi. C'est une façon de partager l'amitié qui nous lie, car il ne s'agit que de cela. Et puis, tu sais, ça n'arrive pas si souvent et ça me convient. J'aime ma liberté, vois-tu, et je ne désire pas la sacrifier sur l'autel de l'Amour. Toutefois, qui sait ce que l'avenir nous réserve? Bon, je parle, je parle, mais Morgane t'attend dehors. Ah, au fait, avant de te laisser, j'ai croisé Hans, tout à l'heure. Il s'est déclaré. Le camélia qu'il portait à la boutonnière était éloquent. Selon les mœurs Suisses, il est à présent promis! Et je gage que Macumba porte la même fleur sur elle. Je pense qu'elle s'adaptera facilement aux coutumes du pays. D'ailleurs, les deux peuples ont beaucoup en commun. Hormis une conception bien différente du pacifisme! Je suis un gros bavard, n'est-ce pas? Mais ce n'est pas tout ça. Mon lit m'appelle, ami Mendson. À plus tard!
: Ami... (Pensée).
Ainsi le mage le considérait comme tel.
La réciproque était-elle vraie? Mendoza n'en était pas sûr. Il avait cru en l'amitié. Autrefois. Et le prix en avait été exorbitant. Aujourd'hui, les seuls à vraiment se targuer d'être proches de lui étaient Ciarán Macken, l'Irlandais, ainsi que Sancho et Pedro, deux marins Espagnols avec qui il avait fait le tour du monde. En dépit de la distance, ils étaient restés en contact. Théo allait-il intégrer ce cercle des plus restreints?
Peut-être... S'ouvrir à une nouvelle amitié était une sensation étrange pour Juan. Il avait l'impression de devoir forcer au fond de lui-même une porte poussiéreuse, grinçante et fragile. Il n'était pas certain d'en être capable. Il s'ébroua. Ce n'était certes pas le moment pour de telles pensées. Plus tard. Un jour. S'il parvenait à réussir ce pour quoi il était revenu sur le continent.
Le Catalan prit le temps d'engloutir une assiette contenant une variété de différents fromages, accompagnée de figues et de noisettes, de fondantes galettes de froment et d'une demi-miche de pain aux céréales.
Il gagna ensuite la plate-forme qui l'amena au premier. Il avait l'impression de se trouver dans le chêne d'Allouville en Normandie*. Juan ouvrit la trappe et descendit l'échelle. Dehors se trouvait Morgane. De leur nuit commune, aucun signe. Elle lui sourit:
Morgane: Viens avec moi, dans la clairière. Quelqu'un désire te voir et je crois que cela te plaira.
Au-dessus de leur tête, le soleil continuait à briller d'abondance. Un vent folâtre agitait les arbres. Mendoza emplit ses poumons de l'air de la sylve, si vivifiant. Il avait du mal à croire que quelques jours auparavant, il était assailli par des trombes d'eau glacée.
Un bruit de galopade couvrit le chant des oiseaux. Alerté par cette cavalcade, le Yeoman épia sa maîtresse d'un soir. Elle paraissait toujours aussi détendue. Était-ce un piège? Non.
Il s'agissait juste d'une troupe de chevaux sauvages qui prenait possession de la clairière. Leur éclaireur, un magnifique alezan, se dressa devant Morgane, comme pour la saluer, avant d'aller paître. Bientôt suivi d'une jument blanche, d'un robuste louvet, de plusieurs bais, clairs ou bruns, de quelques tachetés et enfin d'un grand gris. Son Boulonnais.
Le destrier de combat s'écarta de ses congénères et se mit au pas, agitant la crinière vers le capitaine qui s'étonna:
: Mais, comment...?
Il avait du mal à comprendre la présence de l'animal dans ce lieu caché.
Avec un hennissement de joie, celui-ci vint droit sur lui et nicha affectueusement ses naseaux dans le cou de l'Espagnol, qui se tourna vers l'alcine, le sourcil haussé.
Morgane: Une caravane de Gitans en route vers Perpignan est passée à la limite de la vallée. Le cheval a tout simplement rompu ses attaches et nous a rejoints. Lorsqu'il est arrivé sur mon territoire, j'ai sondé son esprit et il avait ton image en tête. Et comme tu peux t'en rendre compte, ton cheval se trouve fort bien ici!
L'étalon se rendit de lui-même vers une couverture, une selle et un harnais, placés à l'écart sur une souche. Il hennit doucement en direction de celui qu'il considérait comme son maître.
Morgane: Il t'attend! Tu as l'après-midi. Ça fait partie de ta convalescence. Profites-en, mais si tu veux rester sous ma protection, ne sors pas de la vallée...
Mendoza ne résista pas. Il avait toujours aimé ces bêtes et avait su monter avant de savoir marcher. À peine sa monture harnachée, ils galopaient tous deux à travers bois.
À suivre...
*
CHAPITRE 23.
Lorsqu'il s'éveilla, le lendemain matin, la petite fée avait disparu. Le sommeil de Mendoza avait été affranchi de cauchemars. Il s'éveilla frais et dispos mais resta un moment à contempler le plafond.

Il aurait facilement pu s'éprendre d'elle. Voire aspirer à la réciprocité, même si Morgane avait été claire à ce sujet. Mais de toute manière, ce genre d'espérance n'était pas pour lui. Avant, peut-être. Avant. Lorsqu'il était encore un jeune idéaliste, lorsqu'il croyait à l'Amour. Mais il l'avait chèrement payée, cette foi qu'il considérait comme sacrée. Avec pour toute récompense la trahison, la souffrance et se voir laissé baignant son propre sang. Non, il n'avait plus ce genre de croyance. Il ne se fiait à présent qu'à une seule personne, lui-même, et n'avait aucune envie de s'embarrasser d'une liaison sérieuse. Aucun désir, en fait, de s'embarrasser d'une liaison tout court.
D'un bond, il sauta de son lit et fit ses habituels exercices matinaux, de simples étirements avant de faire sa toilette.
☼☼☼
Dans la cuisine, il rencontra Théophraste. En chemise de lit*, la chevelure en bataille, les yeux lourds, le mage avait une mine de déterré. Ce dernier lança:
Théo: Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit! Rox' a eu le dessus et ne m'a laissé aucun répit: je suis griffé de partout!
Ils étaient seuls. L'Espagnol s'assit en face de lui et se versa un bol de lait tiède, accompagné d'une large tranche de pain recouverte de beurre salé. Il dégusta le breuvage et mordit dans sa tartine avant de demander:

Théo: Non, pas du tout. Écoute, les choses ont toujours été claires entre Rox' et moi. C'est une façon de partager l'amitié qui nous lie, car il ne s'agit que de cela. Et puis, tu sais, ça n'arrive pas si souvent et ça me convient. J'aime ma liberté, vois-tu, et je ne désire pas la sacrifier sur l'autel de l'Amour. Toutefois, qui sait ce que l'avenir nous réserve? Bon, je parle, je parle, mais Morgane t'attend dehors. Ah, au fait, avant de te laisser, j'ai croisé Hans, tout à l'heure. Il s'est déclaré. Le camélia qu'il portait à la boutonnière était éloquent. Selon les mœurs Suisses, il est à présent promis! Et je gage que Macumba porte la même fleur sur elle. Je pense qu'elle s'adaptera facilement aux coutumes du pays. D'ailleurs, les deux peuples ont beaucoup en commun. Hormis une conception bien différente du pacifisme! Je suis un gros bavard, n'est-ce pas? Mais ce n'est pas tout ça. Mon lit m'appelle, ami Mendson. À plus tard!

Ainsi le mage le considérait comme tel.
La réciproque était-elle vraie? Mendoza n'en était pas sûr. Il avait cru en l'amitié. Autrefois. Et le prix en avait été exorbitant. Aujourd'hui, les seuls à vraiment se targuer d'être proches de lui étaient Ciarán Macken, l'Irlandais, ainsi que Sancho et Pedro, deux marins Espagnols avec qui il avait fait le tour du monde. En dépit de la distance, ils étaient restés en contact. Théo allait-il intégrer ce cercle des plus restreints?
Peut-être... S'ouvrir à une nouvelle amitié était une sensation étrange pour Juan. Il avait l'impression de devoir forcer au fond de lui-même une porte poussiéreuse, grinçante et fragile. Il n'était pas certain d'en être capable. Il s'ébroua. Ce n'était certes pas le moment pour de telles pensées. Plus tard. Un jour. S'il parvenait à réussir ce pour quoi il était revenu sur le continent.
Le Catalan prit le temps d'engloutir une assiette contenant une variété de différents fromages, accompagnée de figues et de noisettes, de fondantes galettes de froment et d'une demi-miche de pain aux céréales.
Il gagna ensuite la plate-forme qui l'amena au premier. Il avait l'impression de se trouver dans le chêne d'Allouville en Normandie*. Juan ouvrit la trappe et descendit l'échelle. Dehors se trouvait Morgane. De leur nuit commune, aucun signe. Elle lui sourit:
Morgane: Viens avec moi, dans la clairière. Quelqu'un désire te voir et je crois que cela te plaira.
Au-dessus de leur tête, le soleil continuait à briller d'abondance. Un vent folâtre agitait les arbres. Mendoza emplit ses poumons de l'air de la sylve, si vivifiant. Il avait du mal à croire que quelques jours auparavant, il était assailli par des trombes d'eau glacée.
Un bruit de galopade couvrit le chant des oiseaux. Alerté par cette cavalcade, le Yeoman épia sa maîtresse d'un soir. Elle paraissait toujours aussi détendue. Était-ce un piège? Non.
Il s'agissait juste d'une troupe de chevaux sauvages qui prenait possession de la clairière. Leur éclaireur, un magnifique alezan, se dressa devant Morgane, comme pour la saluer, avant d'aller paître. Bientôt suivi d'une jument blanche, d'un robuste louvet, de plusieurs bais, clairs ou bruns, de quelques tachetés et enfin d'un grand gris. Son Boulonnais.
Le destrier de combat s'écarta de ses congénères et se mit au pas, agitant la crinière vers le capitaine qui s'étonna:

Il avait du mal à comprendre la présence de l'animal dans ce lieu caché.
Avec un hennissement de joie, celui-ci vint droit sur lui et nicha affectueusement ses naseaux dans le cou de l'Espagnol, qui se tourna vers l'alcine, le sourcil haussé.
Morgane: Une caravane de Gitans en route vers Perpignan est passée à la limite de la vallée. Le cheval a tout simplement rompu ses attaches et nous a rejoints. Lorsqu'il est arrivé sur mon territoire, j'ai sondé son esprit et il avait ton image en tête. Et comme tu peux t'en rendre compte, ton cheval se trouve fort bien ici!
L'étalon se rendit de lui-même vers une couverture, une selle et un harnais, placés à l'écart sur une souche. Il hennit doucement en direction de celui qu'il considérait comme son maître.
Morgane: Il t'attend! Tu as l'après-midi. Ça fait partie de ta convalescence. Profites-en, mais si tu veux rester sous ma protection, ne sors pas de la vallée...
Mendoza ne résista pas. Il avait toujours aimé ces bêtes et avait su monter avant de savoir marcher. À peine sa monture harnachée, ils galopaient tous deux à travers bois.
À suivre...
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