Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2
Posté : 22 avr. 2022, 22:15
Le chapitre 22 se termine donc enfin, merci de votre patience et bonne lecture.
Partie 8.
L’enfant se tient droit, comme on le lui a demandé, malgré la main qui pèse sur son épaule et le maintient à bonne distance du lit où git son père, celui qu’il a toujours pensé être son père. L’homme a pourtant dit qu’il ne l’était pas. Cet homme, il a envie de le croire, surtout quand il prétend être son vrai père. Il est venu le chercher, il va l’emmener loin d’ici, loin de ce père trop âgé, méchant et colérique, ce père qui les regarde d’un air menaçant, qui croit les impressionner. L’enfant sait qu’il est capable de bondir soudain, dans un accès de rage, et même si la boisson le fait tituber, il frappe toujours aussi fort. L’enfant a peur mais il sent que cette fois, quelqu’un le protège. La voix redoutée gronde, il sursaute. La pression sur son épaule s’accentue.
P : Tu reviens quand tu sais que je ne peux pas me défendre…toujours aussi lâche, à agir dans mon dos…tu veux le bâtard ? La dernière fois, tu l’as pourtant abandonné !
G : Ce n’est pas un bâtard, c’est mon fils ! Et vous savez très bien que je ne l’ai pas abandonné, vous l’avez pris en espérant encore que c’était le vôtre…jusqu’à ce que la couleur définitive de ses yeux se fixe, je suppose…Mais cela ne m’étonne pas que vous l’insultiez ainsi, vous n’avez jamais eu l’intention de l’élever comme votre fils.
P : C’est ce que tu crois…pour lui, je suis son père, hein, Horatio ?
L’enfant ne répond pas. Il ne sait pas ce qu’est un bâtard, mais il a compris que son père le rejetait, violemment, au ton qu’il a employé pour prononcer ce mot. Il n’est pas surpris. Au fond de lui, il a toujours su que cet homme ne l’aimait pas, même s’il voulait croire que la façon dont il le traitait était celle dont tous les pères traitaient leurs enfants.
P : Horatio ! Réponds !
G : Il ne s’appelle pas Horatio. Ce n’est pas le nom que sa mère et moi avions choisi.
P : Sa mère ! Cette trainée, cette catin !
G : Décidément, vous n’êtes capable de vous exprimer que par insultes.
P : Et toi, tu n’es capable que d’insulter ton père par tes actes, tu es comme ta mère, vous n’êtes que des fourbes, des hypocrites..
G : Mère ne vous a jamais manqué de respect, elle n’a jamais rien fait de mal, c’est vous qui l’avez trahie !
P : Jamais rien fait de mal ?! Elle aurait pu nous faire tous condamner ! En la répudiant, je t’ai sauvé, j’ai prouvé ma loyauté envers la couronne !
G : Comme si pratiquer les rites hérités de ses ancêtres était un crime…
P : C’est ainsi ! Tu sais très bien tout ce que j’ai enduré, tout ce à quoi j’ai renoncé pour me faire une place ici ! Elle allait tout ruiner !
G : Bien sûr….Vous l’avez chassée, vous l’avez maudite, comme vous nous avez maudits, Anahi et moi. Je suis heureux toutefois qu’elle soit morte avant d’endurer plus de votre part. Elle n’aurait pas eu la force de se remettre aussi facilement que moi de ses blessures physiques et morales.
P : J’aurais mieux fait de te tuer ! La correction que je t’ai infligée ne t’a pas suffi, mais cela ne m’étonne pas, je pensais bien que tu reviendrais…Prends-le, prends-le, c’est un incapable, une chiffe molle, je n’ai rien pu en faire ! Il paraît que te voilà capitaine, alors fais-lui briquer le pont, fais-en un homme si tu peux ! J’ai jeté l’argent par les fenêtres à essayer de l’élever !
G : Vous disiez cela de moi déjà…
P : Eh ! Reconnais que mon éducation a du bon ! Te voilà en train de tenir tête à ton père !
G : C’est donc cela qui fait la valeur d’un homme ? Je veux que mon fils m’admire, comme je veux être fier de lui.
P : Foutaises sentimentales ! On croirait entendre ta mère…
G : Je sais que vous ne pouvez pas comprendre…encore moins dans votre état. Vos facultés diminuent de jour en jour.
P : Puisque tu es aussi médecin, qu’attends-tu pour soigner ton pauvre père ?
G : J’ai peur de ne pas être assez compétent. Votre maladie ne semble pas commune…
P : Tu parles comme les autres, mais qu’en sais-tu ? Tu ne m’as même pas examiné !
G : Je vois d’ici les rougeurs dans le blanc de votre œil, les taches laissées par les humeurs que vous avez expectorées, celles qui maculent aussi votre peau, le tremblement qui vous agite, les spasmes de vos paupières…mais il est vrai que pour le reste, je me suis contenté d’interroger les médecins qui sont venus ici. Par simple curiosité.
P : Tu veux savoir si je vais crever bientôt, hein ? que t’ont-ils dit, eux ? Ils ne veulent rien me dire, à moi, mais je sens que je vais déjà mieux, je ne suis pas comme ces loques d’Espagnols, je suis Africain, et rien ne peut m’abattre ! tu te souviens, dans le Nouveau Monde ? Jamais malade, ni moi, ni toi !
G : Vous n’avez donc pas besoin de mes soins. Je vous souhaite un prompt rétablissement. Yuma, nous partons. C’est la dernière fois que tu vois ton grand-père. N’oublie jamais qu’il a maudit ta grand-mère, ton père et ta mère, mais pardonne-lui.
P : Yuma ?!
G : Cela signifie fils de chef. Un chef sait pardonner. Il déteste l’hypocrisie. Anahi et moi nous vous avions ouvert notre cœur, nous ne voulions pas vous cacher notre amour. Vous n’avez pas pardonné.
P : Tu parles comme un faible ! Et tu restes un hypocrite ! N’essaie pas de déguiser la vérité !
G : Adieu, père.
P : Va au diable, toi et ton bâtard !
G : J’oubliais : c’est ma mère qui vous a infligé la blessure qui a provoqué votre mal.
P : Ta mère ? C’est ridicule ! comment cette femme…
G : Une femme peut manier les armes et se battre aussi bien qu’un homme, si on lui apprend. Voyez père, vous n’avez pas détruit votre femme, vous lui avez offert la liberté, et bien plus encore. Que cela soit votre consolation, en faisant le mal, vous avez donné une nouvelle vie à quelqu’un qui ne vivait que dans votre ombre, qui se dévouait à vous, qui ne le méritiez pas.
P : Ce n’était pas une femme, ce n’était pas Hava !
G : Comme vous me l’avez répété cent fois, les épreuves forgent un homme…ou une femme. Adieu.
Yuma sent une pression sur son épaule, qui l’invite à se retourner. Alors c’est bien vrai, il part, il ne reverra jamais cet homme, son grand-père. Il le regarde le plus longtemps possible avant d’être poussé vers la porte. Quand il l’a franchie, la main quitte son épaule et cherche la main du petit garçon. Ce contact inédit lui parait étrange. C’est la première fois qu’il sent la chaleur d’une peau contre la sienne, sans que cela soit pour lui infliger une correction. Il lève la tête. Son père le regarde, de ses yeux jaunes qui lui ont paru d’abord si effrayants, mais qui lui paraissent maintenant magnifiques. Lui aussi, il a des yeux à l’éclat singulier, mais son grand-père disait toujours que c’étaient des yeux maudits, quand il était en colère, il le forçait à baisser la tête. Son père lui sourit, d’un sourire sincère qu’il n’a jamais vu sur les lèvres de son grand-père. Il lui rend son sourire sans hésiter.
G : Tu ressembles tant à ta mère…
Partie 8.
L’enfant se tient droit, comme on le lui a demandé, malgré la main qui pèse sur son épaule et le maintient à bonne distance du lit où git son père, celui qu’il a toujours pensé être son père. L’homme a pourtant dit qu’il ne l’était pas. Cet homme, il a envie de le croire, surtout quand il prétend être son vrai père. Il est venu le chercher, il va l’emmener loin d’ici, loin de ce père trop âgé, méchant et colérique, ce père qui les regarde d’un air menaçant, qui croit les impressionner. L’enfant sait qu’il est capable de bondir soudain, dans un accès de rage, et même si la boisson le fait tituber, il frappe toujours aussi fort. L’enfant a peur mais il sent que cette fois, quelqu’un le protège. La voix redoutée gronde, il sursaute. La pression sur son épaule s’accentue.
P : Tu reviens quand tu sais que je ne peux pas me défendre…toujours aussi lâche, à agir dans mon dos…tu veux le bâtard ? La dernière fois, tu l’as pourtant abandonné !
G : Ce n’est pas un bâtard, c’est mon fils ! Et vous savez très bien que je ne l’ai pas abandonné, vous l’avez pris en espérant encore que c’était le vôtre…jusqu’à ce que la couleur définitive de ses yeux se fixe, je suppose…Mais cela ne m’étonne pas que vous l’insultiez ainsi, vous n’avez jamais eu l’intention de l’élever comme votre fils.
P : C’est ce que tu crois…pour lui, je suis son père, hein, Horatio ?
L’enfant ne répond pas. Il ne sait pas ce qu’est un bâtard, mais il a compris que son père le rejetait, violemment, au ton qu’il a employé pour prononcer ce mot. Il n’est pas surpris. Au fond de lui, il a toujours su que cet homme ne l’aimait pas, même s’il voulait croire que la façon dont il le traitait était celle dont tous les pères traitaient leurs enfants.
P : Horatio ! Réponds !
G : Il ne s’appelle pas Horatio. Ce n’est pas le nom que sa mère et moi avions choisi.
P : Sa mère ! Cette trainée, cette catin !
G : Décidément, vous n’êtes capable de vous exprimer que par insultes.
P : Et toi, tu n’es capable que d’insulter ton père par tes actes, tu es comme ta mère, vous n’êtes que des fourbes, des hypocrites..
G : Mère ne vous a jamais manqué de respect, elle n’a jamais rien fait de mal, c’est vous qui l’avez trahie !
P : Jamais rien fait de mal ?! Elle aurait pu nous faire tous condamner ! En la répudiant, je t’ai sauvé, j’ai prouvé ma loyauté envers la couronne !
G : Comme si pratiquer les rites hérités de ses ancêtres était un crime…
P : C’est ainsi ! Tu sais très bien tout ce que j’ai enduré, tout ce à quoi j’ai renoncé pour me faire une place ici ! Elle allait tout ruiner !
G : Bien sûr….Vous l’avez chassée, vous l’avez maudite, comme vous nous avez maudits, Anahi et moi. Je suis heureux toutefois qu’elle soit morte avant d’endurer plus de votre part. Elle n’aurait pas eu la force de se remettre aussi facilement que moi de ses blessures physiques et morales.
P : J’aurais mieux fait de te tuer ! La correction que je t’ai infligée ne t’a pas suffi, mais cela ne m’étonne pas, je pensais bien que tu reviendrais…Prends-le, prends-le, c’est un incapable, une chiffe molle, je n’ai rien pu en faire ! Il paraît que te voilà capitaine, alors fais-lui briquer le pont, fais-en un homme si tu peux ! J’ai jeté l’argent par les fenêtres à essayer de l’élever !
G : Vous disiez cela de moi déjà…
P : Eh ! Reconnais que mon éducation a du bon ! Te voilà en train de tenir tête à ton père !
G : C’est donc cela qui fait la valeur d’un homme ? Je veux que mon fils m’admire, comme je veux être fier de lui.
P : Foutaises sentimentales ! On croirait entendre ta mère…
G : Je sais que vous ne pouvez pas comprendre…encore moins dans votre état. Vos facultés diminuent de jour en jour.
P : Puisque tu es aussi médecin, qu’attends-tu pour soigner ton pauvre père ?
G : J’ai peur de ne pas être assez compétent. Votre maladie ne semble pas commune…
P : Tu parles comme les autres, mais qu’en sais-tu ? Tu ne m’as même pas examiné !
G : Je vois d’ici les rougeurs dans le blanc de votre œil, les taches laissées par les humeurs que vous avez expectorées, celles qui maculent aussi votre peau, le tremblement qui vous agite, les spasmes de vos paupières…mais il est vrai que pour le reste, je me suis contenté d’interroger les médecins qui sont venus ici. Par simple curiosité.
P : Tu veux savoir si je vais crever bientôt, hein ? que t’ont-ils dit, eux ? Ils ne veulent rien me dire, à moi, mais je sens que je vais déjà mieux, je ne suis pas comme ces loques d’Espagnols, je suis Africain, et rien ne peut m’abattre ! tu te souviens, dans le Nouveau Monde ? Jamais malade, ni moi, ni toi !
G : Vous n’avez donc pas besoin de mes soins. Je vous souhaite un prompt rétablissement. Yuma, nous partons. C’est la dernière fois que tu vois ton grand-père. N’oublie jamais qu’il a maudit ta grand-mère, ton père et ta mère, mais pardonne-lui.
P : Yuma ?!
G : Cela signifie fils de chef. Un chef sait pardonner. Il déteste l’hypocrisie. Anahi et moi nous vous avions ouvert notre cœur, nous ne voulions pas vous cacher notre amour. Vous n’avez pas pardonné.
P : Tu parles comme un faible ! Et tu restes un hypocrite ! N’essaie pas de déguiser la vérité !
G : Adieu, père.
P : Va au diable, toi et ton bâtard !
G : J’oubliais : c’est ma mère qui vous a infligé la blessure qui a provoqué votre mal.
P : Ta mère ? C’est ridicule ! comment cette femme…
G : Une femme peut manier les armes et se battre aussi bien qu’un homme, si on lui apprend. Voyez père, vous n’avez pas détruit votre femme, vous lui avez offert la liberté, et bien plus encore. Que cela soit votre consolation, en faisant le mal, vous avez donné une nouvelle vie à quelqu’un qui ne vivait que dans votre ombre, qui se dévouait à vous, qui ne le méritiez pas.
P : Ce n’était pas une femme, ce n’était pas Hava !
G : Comme vous me l’avez répété cent fois, les épreuves forgent un homme…ou une femme. Adieu.
Yuma sent une pression sur son épaule, qui l’invite à se retourner. Alors c’est bien vrai, il part, il ne reverra jamais cet homme, son grand-père. Il le regarde le plus longtemps possible avant d’être poussé vers la porte. Quand il l’a franchie, la main quitte son épaule et cherche la main du petit garçon. Ce contact inédit lui parait étrange. C’est la première fois qu’il sent la chaleur d’une peau contre la sienne, sans que cela soit pour lui infliger une correction. Il lève la tête. Son père le regarde, de ses yeux jaunes qui lui ont paru d’abord si effrayants, mais qui lui paraissent maintenant magnifiques. Lui aussi, il a des yeux à l’éclat singulier, mais son grand-père disait toujours que c’étaient des yeux maudits, quand il était en colère, il le forçait à baisser la tête. Son père lui sourit, d’un sourire sincère qu’il n’a jamais vu sur les lèvres de son grand-père. Il lui rend son sourire sans hésiter.
G : Tu ressembles tant à ta mère…