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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 02 04 2017, 19:12
par Seb_RF
Voici de l’inédit spécial Nonoko!
Chapitre 9 partie 2:
La porte de la cabine où se reposait Isabella s’ouvrit brusquement. Cela faisait déjà trois heures qu’elle somnolait en attendant que la chaleur diminue au dehors. Dans sa demi-conscience, elle ne bougea pas, se contentant de prendre note dans sa tête de l’irruption de Mendoza, qui se décidait enfin à voir ce qu’elle devenait depuis le matin. Elle l’entendit se débarrasser de sa cape et se verser un verre, avant de se laisser tomber sur une chaise. Elle craignait qu’il ne reparte aussitôt après avoir pris un peu de repos, mais de longues minutes s’écoulèrent sans que rien ne vienne troubler sa quiétude. Elle était sûre qu’il la contemplait et le simple fait d’imaginer ses yeux posés sur elle l’emplissait d’un parfait contentement. Puis il se leva, et s’approcha. Elle s’efforça de rester immobile même lorsqu’elle sentit sa main se poser sur son ventre, même lorsqu’il se pencha vers elle, mais elle ouvrit brusquement les yeux quand son souffle vint caresser sa joue.
I : Te voilà donc enfin….la leçon est finie ?
Surpris, il stoppa net son geste et se redressa.
M : tu ne dormais pas ?
I : Non, je somnolais simplement, avec cette chaleur accablante…Et toi, pas besoin de repos après cette journée assommante en compagnie de notre ami Gonzales ?
M : C’est plutôt toi qui a eu besoin de repos après ton escapade avec lui.
I : Oh, tu nous as vu partir ce matin ? Je croyais que tu étais trop occupé pour t’en apercevoir. Le pauvre avait hâte de visiter la ville, et moi je voulais me dégourdir un peu les jambes. Nous t’avons laissé faire tout le travail, excuse-nous…
M : A-t-il apprécié la visite au moins ?
I : Nous n’avons pas vu grand’chose ensemble, je l’ai entraîné dans une auberge puis je l’y ai laissé, j’espère qu’il ne s’est pas perdu ensuite.
M : Il n’est pas encore revenu.
I : Il finira bien par revenir…Il doit s’entretenir avec toi d’un sujet de la plus haute importance.
Elle s’étira et se cala en position assise. Mendoza prit une chaise et s’installa perpendiculairement au lit, appuyant ses pieds contre le cadre de bois.
M : De la plus haute importance, tu m’intrigues…. si tu m’en disais davantage ? Je me demande vraiment pourquoi il t’a confié cela…tu as joué de ton charme ?
I : Même pas, il est déjà fou amoureux. Mais j’ai promis que tu ne le jetterais pas par-dessus bord.
M : Tu fais des promesses à ma place maintenant ?
I : De toute façon, tu n’as rien à craindre de lui, n’est-ce pas ? A tel point que tu me laisses profiter de sa charmante compagnie à ma guise.
Mendoza esquissa un sourire.
M : Cela ne me dérange pas en effet…tant que tu le laisses finir la visite tout seul. Bon, tu ne m’apprends pas grand’chose de nouveau, il s’évertue depuis le début à jouer les séducteurs. Mais que veut-il, à part toi ?
I : Un trésor.
Elle avait prononcé ce mot négligemment, en regardant au plafond, mais elle glissa un œil en coin pour surprendre la réaction de Mendoza. Comme à son habitude, il resta impassible ; seul un léger plissement qui lui fit froncer imperceptiblement les sourcils trahit une réaction, mais sa voix ne laissa percevoir ni intérêt, ni surprise, une certaine ironie tout au plus.
M : Un trésor… Que je dois l’aider à trouver, bien sûr.
I : Exactement.
M : Et il t’en a dit un peu plus, je suppose, sur ce fameux trésor.
Isabella acquiesça, et raconta tout ce qu’elle avait appris dans la matinée, en s’efforçant de garder un ton neutre, même si elle avait depuis réfléchi au récit de Gonzales et si certains points la touchaient. Quand elle eut fini, Mendoza garda le silence un bon moment, puis interrogea abruptement sa compagne , qui s’était laissée aller à imaginer le jeune Gonzales sur le bateau du retour d’Amérique, aux côtés de son père et de la jeune femme qu’il s’était choisie. Quels sentiments l’animaient à ce moment-là vis-à-vis de ce couple qui n’avait manifestement pas son approbation ?
M : Que penses-tu de cette histoire ?
Il fallut quelques secondes à Isabella pour revenir à l’instant présent et répondre.
I : Comment ça ce que j’en pense ? Tu ne songes tout de même pas à accorder du crédit à cette histoire à dormir debout ? Je t’ai dit que je l’avais planté à l’auberge quand il m’a appris que Ruiz l’avait embauché pour retrouver le trésor, enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre. Si tu veux mon avis, apprends-lui à se débrouiller vraiment tout seul et laisse-le aller en Sicile, il constatera qu’aucun trésor ne l’attend et abandonnera ses projets ridicules, à moins qu’il n’insiste pour rencontrer Esteban et qu’il lui demande de le conduire vers les cités d’or… Crois-moi, plus tôt on se débarrassera de lui, mieux on se portera. Surtout moi, je n’ai pas l’intention de supporter trop longtemps ses regards appuyés.
M : Je croyais que tu trouvais sa compagnie charmante.
Elle le foudroya du regard.
M : Si tu n’y étais pas sensible, tu ne réagirais pas ainsi. Et tu ne serais pas si pressée de le voir s’éloigner. Tu as raison, je vais me débarrasser de lui le plus vite possible, aussi je ne vais pas attendre qu’il soit en mesure d’aller seul en Sicile. Et je t’avouerais que je lui fais tellement peu confiance que je le crois capable de prétendre avoir trouvé le trésor pour insister sur la nécessité d’obtenir l’aide d’Esteban. Je ne sais pas ce qu’il lui veut, mais je suis quasiment certain que ce trésor n’est qu’un prétexte. Mais je n’ai pas l’intention de le laisser s’immiscer dans nos affaires ni dans celles des enfants. Je partirai dès demain pour la Sicile avec lui.
I : Tu es sérieux ?
M : Je n’en ai pas l’air ? Tu resteras avec Alvares, vous terminerez les transactions puis vous irez à Oran, nous vous rejoindrons là-bas. Nous répartirons les cargaisons autrement. Une fois que j’aurai guidé Gonzales jusqu’en Sicile, je n’aurai plus besoin de lui donner de leçons, il se contentera de nous suivre comme il peut sur son navire, et si cela ne lui convient pas, il démissionnera peut-être. Je pourrai facilement recruter un meilleur capitaine pour Ruiz.
I : Une minute, je ne suis pas d’accord !
M : Pourquoi ? Gonzales te manque déjà ? Notre escapade en Sicile ne sera l’affaire que de quelques jours, rassure-toi.
I : Je ne plaisante pas ! Je ne veux pas que tu partes ! Tu sais que les côtes de Sicile ne sont pas sûres !
M : Je ne plaisante pas non plus. Mais je te promets que je ne le passerai pas par-dessus bord, si c’est ça qui t’inquiète. Tu lui as donné ta parole.
I : Comment oses-tu….
M : Je sais que je vais te manquer. Mais je sais aussi que tu ne t’inquiètes pas uniquement pour moi.
I : Alors va-t’en !
M : C’est exactement ce que je vais faire. A très bientôt, Isabella.
L’instant d’après, il avait quitté la cabine, sans qu’Isabella ait pu réagir. Elle était tétanisée, incapable de comprendre comment ils avaient pu en arriver là. Il avait dit qu’il ne plaisantait pas : pouvait-il donc lire en elle comme à livre ouvert ? Elle était furieuse qu’il puisse soupçonner qu’elle était sensible à l’intérêt que lui portait Gonzales, mais elle était encore plus furieuse contre elle-même parce qu’elle se rendait compte qu’il avait raison et qu’elle était incapable de le cacher. Tout cela était si stupide ! Elle aimait Mendoza, elle portait son enfant, et cet amour était réciproque, alors pourquoi une telle situation était-elle possible ? Elle commençait à réaliser qu’il la laissait seule alors qu’il savait dans quel état d’angoisse cela risquait de la plonger. Elle se leva brusquement, et projeta à terre la chaise sur laquelle il était assis quelques minutes plus tôt, mais le ridicule de son geste stoppa net sa colère. Certes, elle lui en voulait, mais qui était-elle pour le juger, alors qu’elle était incapable de maîtriser ses propres sentiments ? S’ils étaient sujets à de telles réactions après quelques jours à peine passés en compagnie de Gonzales, alors Mendoza avait raison, il valait mieux le décourager tout de suite. Elle soupira, puis haussa les épaules. Il avait pris sa décision, elle savait qu’il était inutile d’essayer de le faire changer d’avis. Il ne restait plus qu’à espérer que l’expédition se solde par un succès et que Gonzales disparaisse de leur vie.
Quand elle sortit sur le pont, le soleil commençait à décliner et sa morsure était un peu moins intense. Mendoza était en train de parler avec Alvares. Isabella feignit de les ignorer et s’accouda au bastingage pour tenter de saisir sur son visage le souffle de la brise marine. Elle se dit qu’elle profiterait de son escale en solo à Oran pour se trouver des vêtements plus appropriés en prévision des prochains mois, car elle commençait à se sentir sérieusement comprimée de partout. Elle connaissait un bon tailleur qui saurait lui faire une tenue sur mesure selon ses désirs, et elle se voyait déjà déambuler dans le souk à la recherche de la tunique idéale. La voix de Mendoza la tira de ses réflexions.
M : Tout est arrangé. Gonzales est enfin rentré, je lui ai fait part de mon intention, en lui indiquant que c’était à prendre ou à laisser. Il a eu l’air surpris, mais il s’est empressé d’accepter en se fendant d’une courbette de remerciement. L’idiot ! Je lui ai dit que ce trésor m’intéressait prodigieusement mais que je n’avais pas l’intention de passer des mois à faire des plans sur la comète. Il sait pour ton état à présent, j’ai pris ça pour prétexte à ma hâte d’être fixé sur l’existence de ce trésor. J’en ai profité pour mettre Alvares et Fuentes au courant, ils resteront avec toi sur la Santa Catalina. Et pour ce soir, je t’ai épargné la peine de dîner en nombreuse compagnie, prétextant que tu étais légèrement indisposée. Nous dînerons en tête à tête. A présent excuse-moi, j’ai encore quelques détails à régler.
Elle n’avait pas eu le temps d’ouvrir la bouche qu’il était déjà parti, mais cela l’arrangeait bien, car cela la dispensait de trouver une réplique acerbe pour protester contre le manque de délicatesse de son compagnon. Puis elle se dit qu’après tout il avait fait preuve de délicatesse en anticipant d’éventuels regards inquisiteurs et des questions indiscrètes. Au moins elle pourrait changer de tenue sans que tout le monde se demande pourquoi elle abandonnait soudain son corset si seyant. Et elle ne reverrait pas Gonzales pour le dîner, c’était un soulagement, car elle n’aurait pas su quelle attitude adopter. Elle aurait quelques jours pour y penser désormais, jusqu’au retour du jeune métis, ou pour s’efforcer d’oublier ce dernier. Tout ce qui comptait vraiment, c’était le tête-à-tête qui l’attendait, et qu’elle avait bien l’intention de mettre à profit pour effacer les malentendus qui avaient failli gâcher cette journée.
A suivre...
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 05 04 2017, 19:07
par Seb_RF
Chapitre 9 partie 3:
Le lendemain à l’aube, le San Buenaventura appareillait pour la Sicile. Mendoza n’avait pas fermé l’œil de la nuit afin de goûter au maximum le plaisir d’avoir à ses côtés le corps doublement précieux d’Isabella, qui lui avait offert les délices de sa compagnie jusqu’à ce que la fatigue la submerge. Au moins avait-il cet avantage sur Gonzales : celui de porter sur sa chair le parfum de sa bien-aimée, et d’emporter avec lui le souvenir de leur tendresse partagée. Cela le consolait de devoir la quitter contre son gré, même s’il était persuadé de la nécessité de cette expédition. Au milieu des manœuvres de départ, il songeait pourtant que sa brusque décision n’était pas loin d’être une folie, un pur coup de tête qui révélait des motivations douteuses. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine exaltation à partir ainsi à l’aventure, malgré les risques, ou peut-être justement à cause d’eux. Depuis qu’il naviguait sur la Santa Catalina, il n’avait pas éprouvé une telle joie à prendre le large, sans doute parce qu’il savait que les trajets ne le conduisaient que de port en port, avec à chaque fois la même routine marchande. Seule la présence d’Isabella à ses côtés apportait un peu de piment. Quelques tempêtes de temps à autre apportaient bien leur grain de sel, de même que la menace latente des pirates ottomans qui s’aventuraient parfois jusqu’aux parages de l’Espagne, et qui avaient ravagé quelques années auparavant Minorque, réduisant la population en esclavage. Aussi la Santa Catalina, malgré sa capacité marchande, était-elle un navire rapide, qui, manié par la main experte de son capitaine, pouvait échapper à la plupart des bateaux pirates qui auraient pu se trouver sur sa route, ce qui n’était arrivé que très rarement. C’est ce qui avait fait en grande partie la réputation de Mendoza. Par prudence toutefois, il ne naviguait que rarement au-delà de la Sardaigne, et évitait les parages de la Sicile, trop proches des dangereuses côtes africaines dominées par les ennemis de l’Espagne. La Sicile elle-même, bien qu’étant sous domination espagnole, n’était pas une terre sûre, car la mauvaise gouvernance de l’île avait dressé la plupart des habitants contre la présence étrangère . Pourquoi alors avait-il décidé de régler le problème posé par Gonzales en acceptant de le conduire jusqu’à son hypothétique trésor ? L’attrait de l’or qui le fascinait tant autrefois n’avait-il pas inspiré son choix ? Devançait-il les ennuis qu’il anticipait en raison de la présence pesante de son rival, ou cherchait-il à se soustraire pendant qu’il le pouvait encore à ses devoirs et responsabilités envers Isabella ? Vivait-il là ses derniers moments de véritable liberté ? Sans doute sa décision était-elle la conséquence de toutes ces motivations confusément mêlées dans son esprit et dans son cœur. Il était encore temps de renoncer cependant, il lui suffisait de donner ses ordres. Mais déjà Gonzales s’approchait, sa carte au trésor en main, l’air ravi.
G : Le temps semble être de la partie, avec des conditions pareilles nous serons vite à destination, n’est-ce pas ?
M : Sans doute…tout dépend de ce que le San Buenaventura a dans le ventre, j’ai pu constater qu’il peinait à suivre la Santa Catalina, mais ce n’était peut-être qu’une question de pilotage.
G : Assurément avec un pilote tel que vous ce navire donnera toute la mesure de ses capacités !
M : Et il a intérêt à en avoir de bonnes, au cas où nous croiserions la route de quelques pirates…
G : Ne me dîtes pas que vous avez peur ?
M : Avec vous à mes côtés, certes non ! Allons, passez-moi cette carte, afin que je règle les derniers détails de l’itinéraire.
Gonzales s’exécuta de bonne grâce, et attendit que Mendoza ait examiné à nouveau la carte pour le questionner.
G : Alors ? qu’a décidé le grand pilote ? Je m’en remets entièrement à vous, cela va sans dire.
Mendoza l’invita à se pencher avec lui sur le document, qui représentait de façon sommaire deux triangles ouverts dont les pointes se touchaient presque. Au-dessous du triangle de gauche figurait un cercle , à droite duquel une ligne était tracée à partir du triangle. Un point placé sur la ligne et accompagné d’un T majuscule semblait indiquer la région où chercher. Un deuxième schéma se trouvait en dessous du premier. Mendoza pointa les deux triangles.
M : Celui qui a dessiné cette carte a été on ne peut plus clair : il a figuré le détroit de Messine, avec l’Etna, ce qui confirme qu’il s’agit de la Sicile. C’est votre grand-mère qui vous avait donné cette information, c’est bien cela ?
G : Oui, et j’en ai conclu que le T désignait la ville de Taormina. Quant au schéma du dessous, je suppose qu’il nous servira quand nous serons près de ce site, et qu’il nous indique de façon plus précise le lieu du naufrage.
M : J’ai ma petite idée à ce sujet…
G : Vous connaissez cette côte ? J’étais sûr que vous étiez la personne idéale !
M : Ne vous emballez pas, nous n’avons quasiment aucune chance de trouver quelque chose avec un schéma si grossier.
G : Mais vous disiez à l’instant…
M : Nous verrons bien sur place, si nous y arrivons. Je ne vous apprends rien en vous faisant remarquer que votre trésor est fort mal situé. Vous savez que notre bon empereur est en conflit avec ce cher François 1er et que ce dernier a fait appel aux services du charmant Khaïr ad Dîn, plus connu sous le nom de Barberousse. Nous avons donc de fortes chances de le croiser, s’il se dirige vers les côtes françaises pour apporter du renfort au roi de France. Il passera évidemment par le détroit de Messine, en venant des côtes africaines. Il est de toute façon hors de question que nous fassions le tour de l’île par le Sud, nous naviguerions là aussi en eaux dangereuses. Mais nous ne pourrons pas éviter de passer au large des îles Egades en abordant la Sicile par le Nord.
G : Et les pirates sont à craindre de ce côté-ci également ?
M : Tout juste…mais existe-t-il un coin de Méditerranée qui soit vraiment sûr ? A partir du moment où nous prenons la mer, nous nous exposons à mille dangers, n’est-ce pas ? J’espère que vous êtes né sous une bonne étoile.
G : Et vous-même ?
M : En douteriez-vous ? J’ai bien l’intention de retrouver Isabella Laguerra à Oran dès que possible, c’est-à-dire dès que nous aurons constaté que ce trésor n’existe pas.
G : Je vous comprends…mais s’il existe ?
M : Dans ce cas, nous aviserons. Mais comment comptez-vous sonder le fond ?
G : Allons, capitaine, vous vous seriez lancé dans cette expédition sans savoir si je disposais du matériel approprié pour une telle recherche ? Vous n’allez pas me faire croire que vous avez fait preuve d’une telle imprudence….
Mendoza le regarda droit dans les yeux.
M : En effet, je n’ai pas plus que vous l’habitude de laisser les choses au hasard. Pendant votre escapade à Majorque j’ai pu constater que vous aviez tout prévu. Il me restait à savoir à quel usage était destiné ce matériel entreposé dans la cale du San Buenaventura.
G : Et quand Isabella Laguerra vous a rapporté notre conversation, vous avez tout de suite fait le rapprochement…
Il se mit à rire.
G : Bien joué, Capitaine !
M : Mais je doute que cela suffise.
Gonzales reprit son sérieux.
G : Vous avez raison, mais c’est tout ce que j’ai pu embarquer dans un premier temps. Si nous trouvons quelque chose, je compte sur Ruiz pour nous aider, il me l’a promis, mais j’ai bien peur que cela soit encore insuffisant, c’est pourquoi je me disais que vos jeunes amis pourraient…
M : N’y comptez pas.
G : Mais si…
M : Cela ne les intéresse pas, je vous assure.
G : Mais cela vous intéresse…
M : Ecoutez Gonzales, je vais être clair : je ne vous conduis là-bas que pour vous faire comprendre que vous perdez votre temps, et accessoirement pour voir ce que vous avez dans le ventre, comme ce navire. Je suis assez curieux de savoir si vous avez les qualités requises pour plaire à une femme comme Isabella Laguerra, à part le fait que vous avez un beau minois et un regard de braise.
Gonzales resta interdit quelques instants, jaugeant son rival pour tenter de savoir s’il était vraiment sérieux. Le sourire de Mendoza le convainquit qu’il valait mieux repartir sur un autre terrain s’il voulait reprendre l’avantage. Il baissa la tête, l’air penaud.
G : Je suis désolé, je prenais cela comme un jeu au départ, mais à présent que je sais ce qu’elle représente pour vous…je vous assure que je ne vous importunerai plus. Tout ce qui compte pour moi, c’est de pouvoir secourir mes sœurs et ma mère, et si nous pouvions mettre la main sur ce trésor, ce serait une chance inespérée ! Je vous en serais éternellement reconnaissant !
M : Si nous revenons sans encombres de cette expédition, alors vous pourrez déjà m’être éternellement reconnaissant. Et à présent, excusez-moi, je vais prendre un peu de repos. La mer est calme, vous devriez vous en sortir. Prévenez-moi au moindre souci.
Il rendit la carte à Gonzales, qui cachait tant bien que mal sa contrariété en gardant la tête baissée, et s’éloigna dans un mouvement de cape.
Dans les jours qui suivirent, aucun incident majeur ne fut à déplorer ; le trajet se déroula sous un ciel serein. Les îles Egades furent prudemment contournées, et le San Buenaventura resta à distance prudente des côtes de Sicile jusqu’aux abords des îles Eoliennes. Placées sous l’égide du Dieu des Vents depuis l’Antiquité, ces sept îles volcaniques dressaient leurs roches arides dans l’orageuse mer Tyrrhénienne, qui était particulièrement fantasque au moment des fortes chaleurs estivales. Quand ils arrivèrent dans ses eaux en effet, le temps était menaçant, aussi Mendoza décida d’attendre le moment propice pour longer la côte de la Sicile par une nuit calme et un ciel dégagé, afin d’éviter le risque d’être pris dans de violentes bourrasques, et celui d’arriver en vue du détroit de Messine en plein jour, afin de s’assurer le maximum de discrétion : inutile de se faire remarquer par les navires ennemis de Barberousse s’ils étaient encore dans les parages. Tout se déroula comme prévu, ce qui leur permit d’aborder le passage du détroit dans des conditions optimales. Il ne leur restait plus qu’à prier pour ne pas tomber nez à nez avec l’ennemi en plein milieu du détroit, et à éviter les dangers qui guettaient les navires peu avertis. En effet ces eaux étaient hantées par les deux monstres légendaires naufrageurs de bateaux, Charybde aux tourbillons mortels et Scylla la dévoreuse, qui avait englouti six marins de la flotte d’Ulysse : les courants particulièrement forts formaient parfois des tourbillons ou entraînaient les voiliers contre les rochers où ils se brisaient. En marin expérimenté, Mendoza connaissait ces pièges et savait les éviter. Comme les conditions étaient favorables cette nuit-là, il en profita pour partager son savoir avec son co-pilote, l’avertissant qu’il le laisserait manœuvrer lors du retour. Au petit matin, ils arrivèrent en vue de Taormina. La ville étalait ses couleurs au-dessus des falaises qui plongeaient dans la mer. Les roches jaunes des gradins du théâtre antique de cette ancienne colonie grecque s’illuminaient les unes après les autres sous les premiers rayons de soleil. Au loin, la silhouette du géant Etna se découpait sur l’horizon. Mendoza demanda à revoir la carte. Le second schéma représentait trois points au-dessus desquels apparaissait un quatrième, décalé sur la droite, et dans le prolongement d’une pointe fine qui aboutissait à une ligne verticale. Les points se trouvaient tous à droite de cette ligne, et à gauche on retrouvait le cercle figurant à l’évidence l’Etna.
G : Alors, qu’avez-vous appris de nouveau ? Je parie qu’en fait vous savez depuis le début où nous allons, vous semblez très bien connaître ces eaux.
M : Non, pas tant que ça, mais j’ai une excellente mémoire. Et vous-même, n’avez-vous pas étudié toutes les cartes des routes maritimes ?
G : Toutes ? Si j’avais pu, je l’aurais fait. Disons qu’on ne m’a pas laissé le loisir d’étudier ce que je désirais, et que j’ai rattrapé mon retard quand je suis revenu en Espagne. Mais il est certain que mon savoir ne peut rivaliser avec le vôtre.
M : Nous allons devoir faire encore un peu de route, le long de la côte. Apparemment votre naufragé a voulu indiquer un point situé entre Taormina et Catane, mais il ne s’est certainement pas rendu à Catane, et a jugé plus utile de localiser son trésor par rapport aux îles du Cyclope, vous savez, ce fameux Polyphème qui a jeté des rochers dans la mer pour essayer d’écraser Ulysse qui venait de lui crever son œil unique. Ce sont les trois points que vous voyez là. Ils sont situés plus au sud de Taormina, là où la côte est formée de roches volcaniques. Quand nous les apercevrons, il nous faudra repérer une bande de terre s’avançant dans la mer, au bout de laquelle se trouvera probablement un rocher, ou une petite île. Le lieu du naufrage. C’est assez simple, mais assez sommaire. Il n’y a aucune autre indication.
G : Parfait ! Espérons que la suite de notre expédition se déroule aussi bien que cela a été le cas jusqu’à présent ! Franchement, la chance nous sourit, Mendoza, vous ne trouvez-pas ?
M : En effet….on croirait déjà tenir ce trésor en main…
A suivre...
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 05 04 2017, 23:17
par Yodakoala Akaroizis
Franchement, bravo. Vous faites du bon boulot !
Sinon (je ne sais pas la suite mais c'est peut-être un spoil) :
je pencherai pour un piège, un guet-apens : la dernière phrase de Mendoza évoque mon pressentiment, tout est trop parfait, ce serait bien trop simple pour trouver un trésor. Sa grand-mère, son excuse de sauver sa famille...
J'espère que Mendoza ne fera pas venir les enfants dans cet manœuvre douteuse pour ma part...
Ou bien c'est un vrai trésor, et je me trompe. Mais ce Gonzalo cache quelque chose qui est important pour la fin du Tome, c'est sûr.
Et continuez surtout !
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 06 04 2017, 19:38
par IsaGuerra
Alors déjà : Je kiffe ce chapitre, il est tout simplement d'enfer
La (pseudo) délicatesse de Mendoza pour annoncer à l'équipage qu'Isabella et lui attendent un enfant, elle m'a tellement fait rire
Par contre j'ai imaginé un truc et voilà ce que ça donne :
Depuis que Gonzales à parler de son père et de sa femme des Amériques : je peux pas m'empêcher d'imaginer que la femme c'est la mère d'Isabella et que du coup le père de Gonzales c'est Fernando. Par conséquent, Isabella et Gonzales seraient demi-frère/demi-sœur...
Bon je sais ça tient pas la route : d'abord Gonzales est amoureux d'Isabella donc ce serait un peu chelou et surtout la fameuse femme en question est morte avant de donner naissance.
Mais je peux pas oublier que, de ce qui est dit dans le tome 1, comme quoi Fernando aurait eut pas mal d'enfants ici et là...
Mais je sais que je délire totalement.
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 06 04 2017, 21:01
par nonoko
Aka, Isa, sympa vos commentaires et vos hypothèses très imaginatives!
Bon, je pense que vous n'êtes pas au bout de vos surprises...

Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 06 04 2017, 21:36
par Ra Mu
nonoko a écrit : 06 04 2017, 21:01
Bon, je pense que vous n'êtes pas au bout de vos surprises...
MIAM!
[ Image Externe ]
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 08 04 2017, 14:02
par nonoko
Petite suite....Chapitre 9 Partie 4
Ils dépassèrent donc Taormina pour descendre plus au Sud. Même si la mer était d’un calme parfait sous la chaleur de juillet, Mendoza sentait monter la tension au sein de l’équipage. Tous savaient parfaitement qu’ils étaient à présent dans une zone peu sûre, et s’ils n’avaient rien dit lorsqu’il s’agissait de se serrer les coudes pour passer le détroit de Messine, les langues se déliaient peu à peu. Ils avaient jusque là fait confiance à Mendoza, dont ils connaissaient la réputation, mais ce dernier ne leur avait parlé que d’une mission à assurer pour le compte de Vicente Ruiz à Taormina. Un marin à l’air bourru se décida enfin à aborder le pilote quand il fut clair que Taormina n’était pas la destination finale. Il lui fut répondu tranquillement que la mission consistait à explorer les fonds marins le long de la côte bordant la région de l’Etna pour le compte d’un géographe désireux d’établir de nouvelles cartes permettant de faciliter la navigation et d’éviter de dangereux écueils. Malheureusement, cette personne n’avait pas le pied marin et espérait que les connaissances de Mendoza et Gonzales suffiraient pour établir des relevés qu’il exploiterait ensuite. Il s’intéressait en particulier aux abords des îles du Cyclope qui avaient été formées par les rejets volcaniques de l’Etna, et où les coulées de lave rendaient les fonds particulièrement traitres. A l’évidence, le marin bourru ne fut guère satisfait de ces explications, mais comme Mendoza ne daigna pas fournir plus de détails, il dut s’en contenter, avec pour seule consolation la promesse que Ruiz leur donnerait un petit supplément sur leur salaire dès leur retour à Barcelone, comme prime pour les risques encourus. L’homme partit informer ses camarades en maugréant. Plus tard dans la journée, ils aperçurent une sorte de cap étroit qui plongeait son arête rocheuse dans la mer, et en face duquel se dressait un bloc noirâtre imposant, sorte d’îlot pelé constellé de trous irréguliers. En le dépassant, ils virent au loin les îles du Cyclope.
G : On dirait que nous sommes arrivés à destination…qu’en pensez-vous ? Cet îlot m’a tout l’air d’être celui que nous cherchons.
M : Puisque vous le dites, commençons donc les recherches. Mais je vous préviens : je n’irai pas plus loin, même si nous ne trouvons rien ici. Et nous repartirons dès ce soir. Vous n’avez plus qu’à espérer que votre matériel vous soit de quelque utilité.
G : Je vais donner l’ordre qu’il soit préparé. Pendant ce temps, revenez près de l’îlot, s’il vous plaît, capitaine Mendoza. Et ne jetez pas l’ancre : nous allons explorer le périmètre le plus important possible pendant ces quelques heures.
Le marin s’exécuta aussitôt et quelques instants plus tard le San Buenaventura faisait face au rocher, à bonne distance cependant. Des profondeurs de la cale, les hommes d’équipage avaient remonté à grand peine un treuil qu’ils reçurent l’ordre d’arrimer le plus solidement possible. Sceptique, Mendoza laissa faire Gonzales, en veillant à ce que le navire ne dérive pas trop. Il était partagé entre le rire et la colère devant cette opération qui lui semblait vouée à l’échec. Il s’attendait à devoir intervenir à tout moment pour empêcher que le navire ne soit endommagé. Un cordage au bout duquel était accroché un grappin beaucoup plus petit qu’une ancre de caraque fut lancé par-dessus bord, et les hommes déroulèrent le cordage au moyen du treuil. Satisfait, Gonzales s’approcha de Mendoza.
M : Vous comptez remonter vos lingots avec ce grappin ?
G : Ne vous moquez pas, je vous en prie, j’espère simplement pouvoir ramener une preuve de la présence d’une épave.
M : Vous allez ramener surtout beaucoup d’algues. Et si le grappin se coince dans une roche, vous pourrez dire adieu à votre treuil. Je trancherai moi-même la corde. Vous avez de la chance que la mer soit calme, sinon je ne vous aurais pas laissé faire.
G : Je vous remercie de votre compréhension, je vous demande simplement de faire quelques manœuvres afin que nous balayions la zone.
M : La zone, hum…mais si votre épave s’est écrasée contre ce bloc rocheux…
G : Les courants ont dû la faire dériver avant qu’elle ne sombre tout à fait, vous ne croyez pas ? Allons, je compte sur vous, capitaine ! La fortune est à portée de main, ne l’oubliez pas !
Mendoza soupira. Dans quelques heures, cette ridicule exploration prendrait fin, et Gonzales renoncerait à ses rêves de fortune en Sicile. Il prit donc son mal en patience tandis que le grappin plongeait sans relâche, mais infructueusement. Enfin le soleil se mit à décliner, il était temps de renoncer. Gonzales s’évertuait à encourager ses hommes qui s’exécutaient de mauvaise grâce et n’étaient pas dupes : ils n’avaient accepté de croire les explications de Mendoza sans discuter qu’en raison de la promesse d’une récompense, et ils étaient pressés de repartir la toucher. Mendoza allait héler Gonzales pour lui dire d’arrêter quand il fut pris de court par un des marins, qui s’exclamait, comme cela avait été le cas des dizaines de fois dans l’après-midi, « Oh, la belle rouge ! » en voyant remonter un paquet l’algues ; mais cette fois, il ajouta d’un ton mi déçu, mi intrigué « ah ben non, v’là du bois c’te fois ! ». Aussitôt Gonzales se précipita pour arracher le morceau fiché dans le grappin et se mit à l’examiner fébrilement, sous le regard narquois du marin et du reste de l’équipage. Quelques murmures firent lever la tête du métis, et chacun put remarquer dans ses yeux une lueur inhabituelle ; les murmures cessèrent brusquement. Gonzales se dirigea à pas lents vers Mendoza et lui tendit le morceau de bois. Le pilote le prit et l’examina à son tour, puis il le rendit à Gonzales.
M : Cela ne prouve rien. Une barque de pêcheur, sans doute ?
G : Dans un bois pareil ? L’avez-vous bien regardé, Capitaine ?
M : Essayez encore.
Une nouvelle fois, le grappin plongea. Quand il fut remonté, un fragment en terre cuite pendait à une de ses pointes. L’équipage avait compris, et des murmures d’excitation s’élevèrent.
G : Besoin d’une nouvelle preuve ?
M : Oui.
Mendoza enleva sa cape, ses bottes et sa tunique et se dirigea vers le treuil. Il s’enquit de la longueur exacte de la corde, qui mesurait quarante-cinq mètres, et estima, au vu de ce qui restait enroulé, que la dernière découverte avait dû se produire vers trente mètres de fond. Puis il se retourna vers Gonzales, qui l’avait suivi, à la fois irrité et plein d’espoir.
M : Je vais jeter un œil. Mais ne vous attendez pas à ce que je remonte avec un lingot d’or.
G : Vous n’allez pas plonger ! C’est ridicule !
M : Je songe à me reconvertir dans la pêche au corail rouge en Sardaigne, je ne vous l’ai jamais dit ? Une activité fort lucrative, vous devriez envisager cette possibilité de faire fortune. Mais cela demande un entraînement dont je doute que vous soyez capable.
Et, sans plus faire attention à Gonzales, il donna l’ordre de faire descendre à nouveau le grappin, afin de s’assurer une sécurité ; il tirerait au besoin sur la corde pour remonter plus vite. Puis il plongea. La lumière du soleil avait nettement baissé d’intensité, et il savait que la luminosité serait très réduite passé vingt mètres de profondeur, mais il voulait en avoir le cœur net. Très vite, la température de l’eau baissa, tandis que la pression devenait insupportable, mais Mendoza savait comment gérer ce phénomène. Au bout de quinze mètres, son corps se mit à descendre en coulant, et il se concentra sur les battements de son cœur, afin de contrôler son envie d’inspirer. Ses poumons réclamaient de l’air, mais il touchait presque au but : il commençait à distinguer les contours d’une masse reposant sur le fond. Une masse qui s’étalait bien au-delà de son champ de vision. Il crut reconnaître les contours bombés de récipients en céramique qui formaient comme un tapis de boules brisées, et chercha à repérer des formes qui pourraient faire espérer que des caisses étaient échouées là, et que le morceau de bois provenait de l’une d’elles. Mais déjà sa vue diminuait, il fallait remonter. Il vit le grappin dériver légèrement, entraîné par les mouvements en surface du San Buenaventura, et se coincer : il fit un dernier effort pour tenter de vérifier la nature de ce qui retenait les pointes métalliques et s’approcha. Alors qu’il n’était plus qu’à deux mètres au-dessus de l’objet, le grappin bondit brusquement vers lui. Le marin eut tout juste assez de présence d’esprit pour s’empêcher de respirer sous le coup de la surprise et de la douleur, et pour agripper une pointe du grappin qui filait désormais vers la surface. Quelques instants plus tard, il était hissé à bord de la caravelle. Ses bras et ses jambes le brûlaient sous l’effet du manque d’oxygène, et il ne percevait plus que le souffle de la brise marine sur son visage ; aucun son ne lui parvenait ; il avait fermé les yeux et quand il les rouvrit, il lui fallut plusieurs secondes pour commencer à voir autre chose qu’un voile à l’aveuglante luminosité, celle du ciel maintenant laiteux qui s’étalait au-dessus de sa tête. Une douleur aigue lui transperçait le bras droit. Il chercha à se redresser et sentit qu’on le soutenait. Il commença à percevoir l’agitation autour de lui ; les hommes d’équipage s’affairaient à la manœuvre, comme pris de panique. Il réalisa que Gonzales lui parlait. C’était lui qui le soutenait, un bras dans son dos. Il comprit qu’il lui adressait des excuses et lui demandait s’il pouvait se lever. Pour toute réponse, Mendoza s’exécuta et se remit debout tant bien que mal avec l’aide de Gonzales. Ses jambes étaient encore engourdies et la tête lui tournait, mais il se concentra pour reprendre ses esprits : il devait comprendre ce qui se passait. C’est alors qu’il aperçut au loin, sur la droite du San Buenaventura, un navire, suivi d’un autre, de beaucoup d’autres : une flotte entière semblait foncer droit sur eux . L’équipage avait réagi promptement, et le San Buenaventura filait à toutes voiles pour tenter de mettre le plus de distance possible entre eux et ce qui ne pouvait être qu’un ennemi redoutable. La voix de Gonzales lui parvint, pressante.
G : Laissez-moi vous soigner, Mendoza.
Il le regarda sans comprendre, puis se souvint que la pointe du grappin avait failli lui arracher le bras. Mais sa seule préoccupation concernait la course du navire. Le temps tournait à l’orage, le vent s’était levé, facilitant leur fuite, mais favorisant également leurs poursuivants, équipés de navires bien plus rapides. Rapidement, Mendoza observa les manœuvres.
G : Ne vous inquiétez pas, j’ai donné les ordres nécessaires, à cette allure nous serons vite hors de leur portée.
M : Depuis quand sont-ils apparus ?
G : Eh bien, c’est difficile à préciser, je ne suis pas sûr que la vigie les aient aperçus tout de suite, j’ai bien peur que tout le monde ait été plus intéressé par ce qui se passait sous l’eau que sur l’eau. Quand nous avons remonté ce bout de poterie…
M : Vous voulez dire que quand vous avez tiré la corde pour remonter le grappin, Barberousse était déjà à nos trousses…
G : C’est-à dire que…
M : Pas la peine de vous fatiguer, ils nous ont vus bien avant que nous les voyions, sans quoi vous n’auriez pas si précipitamment donné l’ordre de remonter le grappin.
G : Je vous fais remarquer que vous ne les avez pas vus non plus avant de plonger. Si vous n’aviez pas pris ce risque inutile…
Mendoza l’interrompit pour donner de nouveaux ordres, promptement exécutés. Le vent s’engouffra dans les voiles et le San Buenaventura fit un bond en avant.
M : J’ai cru comprendre que vous vous proposiez de me soigner. J’espère que vous avez quelques talents en médecine.
G : Meilleurs que mes talents en navigation ? Je vous rassure, j’ai une vocation contrariée de médecin. Si mon père…
M : Vous me raconterez votre vie plus tard. Allons-y, je vous prie.
Gonzales fut surpris par la soudaine lassitude de la voix de Mendoza, qui avait pourtant donné avec force ses ordres à l’équipage. Sans plus attendre il l’entraîna vers sa cabine.
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 08 04 2017, 17:03
par Chaltimbanque
Bon ! J'ai enfin fini par trouver le temps de lire les parties 2 et 3 du chapitre 9 (et pendant ce temps, la partie 4 est arrivée... un peu comme Zorro !

)...et c'était vraiment top !!
Gonzales ne finit pas de m'intriguer par ses motifs pour le moins troubles et une histoire personnelle (réelle, ou inventée, ou un peu des deux ?) qui se veut plutôt émouvante (vis-à-vis de Laguerra) mais qui me laisse un goût amer. Une vraie anguille, celui-là, et il y en a décidément une sous roche !
Tu as fait du très bon travail en décrivant les sentiments très contradictoires (et qui s'étalent sur un très large spectre d'émotions) d'Isabella: entre tentation et fidélité, colère (vis-à-vis d'elle même et de Mendoza) et inquiétude, tout cela s'imbrique parfaitement dans un subtil mélange, et je suis curieuse de voir ce qui va finir par en résulter.
Ah oui, deux petites phrases intéressantes, "perdues" au milieu de longs paragraphes et/ou dialogues pour en diminuer l'impact...
- "Je ne plaisante pas ! Je ne veux pas que tu partes ! Tu sais que les côtes de Sicile ne sont pas sûres !"
- " Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine exaltation à partir ainsi à l’aventure, malgré les risques, ou peut-être justement à cause d’eux."
Ma foi, voilà deux bonnes raisons de croire que Mendoza va se heurter à quelques menues difficultés.
"Il ne restait plus qu’à espérer que l’expédition se solde par un succès et que Gonzales disparaisse de leur vie."

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que cela va être plus facile à dire qu'à faire !
D'ailleurs, tout le passage décrivant le San Buenaventura sur la route à suivre jusqu'en Sicile est magistralement réussi - un vrai mini-chapitre de géopolitique de l'époque ! Le petit clin d'oeil à l'Odyssée (Charybde, Scylla et Polyphène) m'a fait sourire jusqu'aux oreilles, et c'est une vraie bouffée d'air marin que de "voir" Mendoza à la barre du navire.
Bref, que du bonheur ! Donc bravo, bravo, et bravo encore !

Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 08 04 2017, 20:32
par nonoko
Merci Chaltimbanque! En voilà une lecture attentive!
Oui, j'aime bien semer des petites phrases qui en disent long...
Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs
Posté : 09 04 2017, 18:05
par Seb_RF
Chapitre 9 partie 5:
Gonzales avait habilement soigné sa plaie, Mendoza devait le reconnaître. Il avait refusé de laisser Gonzales lui faire des points de suture, et l’autre n’avait pas insisté, se contentant de dire qu’il les ferait plus tard, au besoin. La blessure lui laisserait en souvenir une belle cicatrice sur le biceps, mais pour l’instant elle était enserrée dans des bandes de linge propre qui maintenaient en place quelques herbes que Gonzales avait appliquées en plus de l'onguent qu’il avait délicatement étalé sur le bras du capitaine, après l’avoir nettoyé avec soin. Mendoza n’avait pu s’empêcher de remarquer à voix haute que cela lui rappelait les cataplasmes de Zia, et il s’était immédiatement reproché intérieurement d’avoir évoqué la jeune femme devant son infirmier. Il s’attendait à des questions indiscrètes, mais à son grand soulagement le jeune métis lui confia qu’il avait appris ce genre de soin de l’autre côté de l’océan, et qu’il se passionnait pour les plantes médicinales depuis tout petit. Il tenait ce goût de sa grand-mère, qui lui avait enseigné bien des secrets utiles. Mais s’il ne posa pas les questions qui lui brûlaient les lèvres à propos des trois jeunes amis de Mendoza, c’est parce qu’il désirait encore plus ardemment que le marin lui confie ce qu’il avait vu dans les profondeurs : inutile de risquer de le braquer à nouveau en abordant un sujet qui fâche. Quand il eut fini le pansement, il invita donc Mendoza à prendre un peu de repos, lui assurant qu’il pourrait se débrouiller à la manoeuve seul, et qu’il l’appellerait en cas de problème. Comme il s’y attendait, le marin refusa, arguant de l’urgence de la situation, et se leva pour quitter la cabine. C’est ce moment que Gonzales choisit pour évoquer le second morceau de bois.
G : Attendez ! Je viens avec vous ! Il faut que je mette à l’abri le second fragment de l’épave que le grappin a remonté en même temps que vous, tout à l’heure.
Aussitôt, Mendoza s’arrêta.
M : Alors, il s’était bien fiché dans quelque chose…
Il revit le grappin coincé, puis projeté brusquement dans sa direction alors qu’il tentait de distinguer avec certitude la nature de la masse sombre qui s’étendait sous lui, et dont les contours se confondaient avec les autres masses qui lui semblaient à ce moment-là danser devant ses yeux comme autant de bancs d’algues agitées par les courants marins. Il se rappela vaguement avoir vu quelque chose au bout d’une des pointes qui fonçaient sur lui. Puis il y avait eu cette vision furtive…Simple effet de son imagination ou de l’ivresse des profondeurs ? L’information que venait de lui donner Gonzales laissait entrevoir une autre possibilité. Celui-ci avait perçu l’intérêt soudain de Mendoza ; il comprit qu’il avait vu juste : le marin avait trouvé la preuve qui lui manquait.
G : Vous avez vu ce que vous vouliez voir, n’est-ce pas ?
Sans se retourner, Mendoza lui répondit par un laconique « oui », puis quitta la pièce. Gonzales sourit avec satisfaction : jusque-là, tout ne s’était pas trop mal passé, et il était persuadé qu’il ne manquait plus grand chose pour que Mendoza adhère complètement à son projet. Certes il restait bien des obstacles, mais la chance ne lui avait-elle pas souri depuis leur départ de Majorque ? Un mouvement de roulis plus marqué que les autres le ramena soudain à la réalité. A l’évidence, l’orage les rattrapait ; il ne restait plus qu’à espérer que ce n’était pas le cas de Barberousse.
Il Sorti sur le pont, Gonzales reçut immédiatement, sous la forme d’une violente rafale en pleine figure, la confirmation que le San Buenaventura était en passe d’essuyer un grain. Déjà Mendoza s’activait pour redresser le navire, balloté par le brusque changement de direction du vent. Des grondements sourds parvenaient en vagues successives, et le ciel laiteux virait au noir, illuminé à intervalles réguliers d’éclairs intenses. En se retournant, le jeune métis constata que leurs poursuivants ne les avaient pas lâchés, et que l’écart s’était réduit. Il profita d’une relative accalmie pour questionner le pilote.
G : Que comptez-vous faire pour les semer ? Nous risquons d’être pris dans une tempête.
M : C’est exact. Vous voyez ce rideau qui ferme l’horizon ? Je compte sur lui pour nous débarrasser de nos poursuivants.
G : Vous espérez traverser la tempête sans dégâts ?
M : Il le faudra bien. Si nous cherchons un abri vers les côtes, nous nous mettons à la merci de Barberousse. Et le San Buenaventura n’est pas assez rapide.
G : Mais peut-être ne s’intéressent-ils pas à nous ?
M : Alors pourquoi sont-ils toujours là ? Espérons que la tempête les décourage, il y a assez à piller sur les côtes de Sicile.
G : Ils nous lâcheront sûrement aux abords de Taormina.
M : C’est exactement là où nous sommes. Et maintenant, excusez-moi, on m’attend à la barre. J’ai donné l’ordre de maintenir le cap à l’est, afin que nous ne dérivions pas vers la côte. Si vous voulez être utile, relayez efficacement mes ordres. Et je vous conseille de vous arrimer solidement, vous êtes trop fluet pour résister à une lame.
G : Vous oubliez que j’ai traversé l’océan moi aussi ! Je n’en suis pas à ma première tempête !
M : Mais vous n’étiez pas aux premières loges ! Bonne chance, Gonzales !
Quelques instants plus tard, la tempête était sur eux, impitoyable, les chassant d’abord vers l’ouest. A la barre, le timonier, aidé de Mendoza et d’un gabier, s’efforçait de maintenir le cap. Puis la brise se déclara plein Nord, favorisant leur fuite en avant. Aussitôt Mendoza bondit vers le pont pour ordonner de nouvelles manœuvres à la voilure, afin de profiter au maximum de cette chance inespérée, qui risquait toutefois de leur coûter une voile ou un mât, tant les bourrasques contraires s’affrontaient dans le ciel et offraient tantôt leur résistance, tantôt leur aide au navire tendu à craquer de toutes parts. L’horizon avait pris la couleur d’un bronze obscur et semblait en avoir la consistance : on aurait dit que le San Buenaventura se heurtait à un mur, ou une porte à demi close dont un battant le frappait dans un sens, le projetant à l’ouest, tandis qu’une formidable poussée par derrière le forçait à s’écraser sur l’autre battant resté fermé, mais qu’il fallait réussir à ouvrir cependant, pour trouver le salut. Le tangage était infernal, et le navire menaçait à tout instant de basculer sur le flanc. Pourtant il tint bon. Les vagues, qui n’avaient d’abord donné à la surface de la mer que l’apparence du dos d’un dragon couvert d’écailles luisantes, formaient à présent des montagnes et des vallées d’où surgissaient en rugissant des hydres terrifiantes s’abattant avec fracas sur le pont, prêtes à engloutir leurs proies. Mais les hommes vaillamment accomplissaient leur devoir, fidèles à leur poste, titubant, glissant et tombant vingt fois, et se relevant toujours. Alors, la trombe s’abattit sur eux, noyant le pont. Le San Buenaventura se rua en avant, surgissant des flots comme un animal blessé qui tente d’échapper à la meute de chiens qui lui déchire les flancs. Un des mats craqua et pencha dangereusement, provoquant une tension sur un cordage : si une voile venait à s’arracher, le navire risquait de devenir tout à fait incontrôlable. Depuis un moment, Gonzales avait perdu Mendoza de vue. Il n’entendait qu’une cacophonie où se mêlaient les cris du bosco et le fracas du tonnerre, mais il parvenait encore à distinguer la voix du pilote. Il le vit soudain réapparaître devant lui, surgissant des ténèbres, le corps ruisselant. Le capitaine lui donna un ordre bref avant de redescendre en titubant vers la barre. Gonzales hésita un bref instant, incertain d’avoir bien compris, puis il s’exécuta, faisant ramener les voiles. Le navire vira dangereusement de bord, livré à la fureur des assauts des bourrasques venues de l’est. Désormais, plus rien de l’empêchait de dériver comme une coque vide pour finir par se fracasser contre un de ces îlots de lave qui hérissaient la côte telles les cornes d’un taureau arqué, prêt à embrocher dans sa fureur la caravelle en perdition. Le sang du jeune métis se glaça ; il tenta de clarifier son esprit saisi soudain par la terreur ; il était pourtant sûr d’avoir donné un ordre correct, celui que Mendoza lui avait transmis. Mais lui-même avait-il été bien compris du bosco ? Il avait crié de toutes ses forces, mais le hurlement de la tempête n’avait-il pas couvert sa voix, déformé ses paroles ? Il jeta un regard éperdu en contrebas, s’attendant à voir surgir Mendoza. Soudain, il crut être devenu sourd. Le ciel s’illumina de vermeil, le tonnerre suivit de peu l’éclat aveuglant, qui dessina les contours d’une nuée terrible. Cette fois, ils n’en réchapperaient pas. Un semblant de silence s’installa, qui semblait annoncer l’imminence de la catastrophe. Il fallut quelques minutes à Gonzales pour réaliser que le roulis avait diminué d’intensité, et que le seul le tangage animait à présent le navire qui continuait son assaut des vagues devant lui. Il comprit alors d’où venait cette impression de relatif silence : le vent d’est était brusquement tombé. Il ne sentait plus sur son visage la gifle de la pluie, qui s’était transformée en caresse. La houle s’apaisait, et le San Buenaventura bondissait vers le Nord, tandis que la nuée qui le menaçait un instant auparavant s’éloignait, comme aspirée par une bouche invisible. Gonzales prit une profonde inspiration, puis expira lentement. Sur le pont, chacun avait compris, et poussait des cris de soulagement. Gonzales donna l’ordre de redéployer les voiles afin de profiter du vent qui les éloignait du danger, puis il descendit s’assurer qu’il avait pris la bonne décision. Le sourire que lui adressa Mendoza le rassura immédiatement. Ce dernier quitta la barre pour le rejoindre. Gonzales remarqua alors que le bandage sur le bras du pilote avait pris une teinte rosée, et ressemblait plus à une loque détrempée de sang, d’eau de mer et de pluie. Mendoza se retourna pour s’adresser au timonier.
M : Maintenez le cap comme prévu, Rodrigues, droit sur le détroit !
R : A vos ordres, capitaine !
Gonzales ne put retenir sa surprise.
G : Le détroit ? Vous comptez le franchir dans la foulée ?
M : Et pourquoi pas ? Nous n’allons pas laisser perdre un vent si favorable !
G : Mais…il fait quasiment nuit ! Et les vents sont capricieux ! Qui sait si un nouvel orage…
M : Nous avons bien franchi le détroit la nuit dernière, je ne vois pas où est le problème. Avez-vous vu si nos poursuivants étaient toujours à nos trousses ? Je ne veux pas risquer de les laisser nous rattraper. Si la tempête n’a pas eu raison d’eux, espérons que le détroit les retiendra.
Il passa devant Gonzales pour remonter sur le pont. Le ciel se dégageait peu à peu. La vigie était remontée à son poste. Mendoza héla l’homme pour lui demander de le prévenir s’il apercevait une voile ennemie. Gonzales l’avait rejoint, perplexe.
G : Vous êtes sûr que nous ne ferions pas mieux de mouiller à l’abri avant le détroit, ou à son début ?
M : Pour nous faire attaquer demain ? Vous voulez nous servir sur un plateau à Barberousse ? C’est très aimable à vous…
G : Franchir ce détroit dans ces conditions est une folie ! Les hommes ont besoin de repos, et vous-même…
M : Ne vous préoccupez-pas de moi. Je vous rappelle que c’est vous qui devez nous faire franchir le détroit cette nuit, comme prévu.
G : Mais…
M : Que craignez-vous ? Je resterai à vos côtés, mais je suis sûr que vous êtes tout à fait capable de vous en sortir. Rodrigues est un brave homme, même si j’ai connu de meilleurs timoniers, et il n’a pas froid aux yeux.
G : Je n’ai pas peur ! Qu’il en soit fait selon vos ordres, Capitaine Mendoza ! Mais auparavant, laissez-moi vous recoudre, votre blessure saigne !
A cet instant, la vigie signala une voile à l’horizon. Si la tempête avait découragé le gros de la flotte, un navire avait persisté à les poursuivre.
M : Nous avons affaire à un joueur…mais je doute qu’il nous suive dans le détroit, il a plus intérêt à s’arrêter pour ravager la côte qu’à nous poursuivre indéfiniment. Allons, Gonzales, votre petite séance de chirurgie attendra ! Resserrez-moi simplement ce bandage, n’importe quoi fera l’affaire ! Et dépêchez-vous, nous avons un détroit à franchir ! Tout le monde à son poste !
Il s’éloignait déjà quand Gonzales le retint brusquement par son bras valide. Regardant le pilote droit dans les yeux, le jeune métis ouvrit alors son pourpoint et déchira un morceau de sa chemise qu’il enroula par-dessus le bandage sanglant, en serrant bien afin de stopper l’hémorragie.
G : Voilà, Capitaine, mais sitôt le détroit franchi, vous n’échapperez pas à la suture ! et que cela ne vous effraie pas, je suis un excellent chirurgien !
M : Merci, Gonzales, j’ai hâte de voir toute la mesure de vos talents ! Et maintenant, à vous de jouer !
G : Au fait…comment avez-vous su…tout à l’heure, dans la tempête…quand le vent d’est est tombé…vous aviez anticipé la manœuvre !
M : L’expérience, mon cher Gonzales, l’expérience….
A suivre...