Merci à vous
Tu pourrais bien en avoir encore plus envie à cause de ce chapitre Atlanta. Mais ne t'inquiète pas, c'est prévu qu'il finisse par se prendre une beigne
Bonne lecture ^^
Chapitre 4 : Renverser la vapeur
A Pattala, un perroquet au plumage vert semait une pagaille monstre au sein de l'Ordre du Condor. L'animal, qui se reposait sur l'épaule de Mendoza, s'était soudainement animé avant de s'envoler en poussan tde grands cris. Depuis, il piaillait en appelant son maître, sourd à toutes tentatives pour le calmer ou le convaincre d'au moins revenir sur le sol. Mendoza, dépité, ne savait plus trop quoi faire et se passait la main sur la figure au moment de l'arrivée d'Isabella. Cette dernière se posta aux côtés du marin et leva les yeux vers le cacatoès qui tournait sur lui-même.
-Qu'est-ce qu'il a ? Certains commencent à s'inquiéter à cause de ses cris.
-Tao !Tao ! Tao ! Indali !!
-Je ne sais pas exactement, soupira le marin, mais je crains qu'il ne soit arrivé quelque chose à Tao et Indali. Et d'une manière ou d'une autre, Pichu le perçoit.
-Mais... Ils se trouvent quelque part, entre l'Inde et l'Espagne. Non ?
Les deux adultes échangèrent un regard inquiet. Malgré tout leur savoir-faire, ils étaient bien incapable de porter secours aux enfants, trop loin d'eux. D'autant plus qu'ils n'avaient aucun moyen de connaître leur position exacte. Isabella fut la première à se reprendre et essaya de se montrer optimiste. Tout espoir n'était pas encore perdu.
-Ils sont jeunes, mais Tao est un enfant très intelligent, et Indali est combative. Elle apprend vite et bien. Je suis sure qu'ils trouveront un moyen de s'en sortir.
-Je me reproche de les avoir laissés partir.
Des bruits de pas se firent entendre derrière eux. En se retournant, ils virent Athanaos arriver, toujours engoncé dans son costume de l'Ordre du Sablier. L'homme allait de mieux en mieux à mesure que les semaines passaient, se remettant des dégâts que les radiations avaient causé à son corps. Il recommençait même à avoir quelques cheveux sur son crâne. Le père d'Esteban essayait d'avoir l'air serein, mais on pouvait lire l'inquiétude sur son visage.
-Je m'inquiète pour mon petit Esteban. Qu'est-il allé faire avec son amie ?
-Je ne sais pas, regretta Mendoza.
Le perroquet cessa de piailler et alla se réfugier dans les bras d'Athanaos, son petit corps tremblant encore de l'accès de panique qui s'était emparé de lui. L'apaisement de l'animal pouvait être un signe de bon augure, ou tout simplement indiquer son épuisement après l'émotion ressentie. Athanaos caressa le plumage de l'oiseau qui poussa quelques sons appréciateurs. Les trois adultes restèrent un moment silencieux, s'interrogeant sur le devenir des quatre enfants qui s'étaient lancés seuls, à l'aventure. Et dont ils n'avaient aucune nouvelle depuis.
***
-Monstre ! Qu'avez-vous fait, Ambrosius !
Attachée aux accoudoirs et aux pieds de son siège, Zia peinait à retenir ses larmes. Elle avait observé de loin la chute de l'héli-porteur, et reconnu l'engin volant de son ami. Elle n'avait pas besoin de l'avoir vu pour savoir que Tao était à l'intérieur, et elle s'inquiétait pour lui. Esteban était celui qui avait propulsé le petit appareil vers le sol, mais elle ne lui en voulait pas. Elle se faisait bien assez de reproches à elle-même à cause de son impuissance, et ressentait une rage encore plus forte envers Zarès. Non content de la manipuler, il pouvait en plus l'empêcher d'agir contre lui-même grâce au même petit boîtier qui l'avait obligée à se retourner contre Esteban.
-Je n'ai fais que me débarrasser d'un nuisible. Tao aurait de toute façon refusé de se joindre à nous. Et j'estime lui avoir laissé suffisamment de chances comme cela.
Ambrosius avait quitté son costume de Zarès, n'en n'ayant aucune utilité puisque Zia était en son pouvoir et qu'il pouvait manipuler Esteban rien qu'en menaçant de faire du mal à la jeune fille. Le Condor avait dû se poser, faute de lumière solaire, le scientifique avait été tenté d'obliger Zia à utiliser ses pouvoirs pour soulever l'oiseau géant. Mais il avait rapidement oublié cette idée, pensant bien qu'elle ne tiendrait pas le coup. Elle était la corde qui lui permettait de tenir Esteban sous son joug, la sacrifier ne servirait à rien.
-Il ne vous menaçait pas !
-Il aurait fini par le faire.
Ambrosius sortit, sans adresser un seul mot à Zia. Tant qu'elle aurait son casque, elle ne pourrait pas utiliser ses pouvoirs, et il avait plusieurs fois vérifié la solidité de ses liens de crainte qu'elle ne se libère autrement. Zia le constata par elle-même, essayant de se tirer de là. Mais elle ne le pouvait pas. Sans ses pouvoirs, elle redevenait la jeune Inca fragile sur laquelle Esteban avait veillé tout au long de leur aventure au Nouveau Monde. Et elle ne le voulait pas. Parce que tant qu'elle était prisonnière, celui qu'elle aimait serait contraint de faire des choses terribles dans l'espoir de la protéger. Cette situation la faisait souffrir plus que les liens qui la retenaient.
Esteban avait, quant à lui, été enfermé dans une cellule située dans la partie basse de la machine. Connaissant l'animal, Ambrosius pensait bien qu'il essaierait de libérer Zia durant la nuit, et avait paré à cette éventualité. Le jeune garçon avait été sorti du Condor et emprisonné pour la nuit. Il ne pourrait en sortir qu'à l'aube,uniquement pour manœuvrer l'oiseau doré. Le regard que s'étaient lancés les deux hommes au moment où Ambrosius refermait la porte de la pièce disait tout de l'animosité qui les opposaient. Le jeune garçon n'étant pas en mesure d'exprimer plus clairement la hargne qu'il ressentait, il était resté muet comme une tombe, avant de se replier sur lui-même.
***
Taoremua dans le sommeil qui avait succédé à son évanouissement. Les longues heures nocturnes qu'Indali et lui avaient passé à piloter l'héli-porteur au lieu de dormir les avaient rattrapéi mpitoyablement. Entendant des sons étouffés, le Naacal ouvrit les yeux, et poussa un cri de stupeur en apercevant une énorme truffe plaquée contre la vitre. Rem arquant les deux énormes pattes, elles aussi collées à la paroi, et le grand corps poilu auquel elles étaient rattachées, Tao eu le réflexe d'attirer Indali dans ses bras pour la protéger. L'Indienne encore endormie marmonna quelque chose dans son sommeil, mais ne se réveilla pas. Fasciné, le Muen observa l'ours retomber sur ses quatre pattes et le contempler d'un œil curieux. Il reporta son attention sur Indali et vit que son front était luisant de sueur, et senti qu'elle tremblait dans son sommeil. Elle s'éveilla en sursaut lorsque l'ours poussa un grognement puissant.
-AAAAAAAAH !!
Indali émergea en hurlant et Tao, agissant par instinct, empoigna le levier de l'héli-porteur pour le faire démarrer. L'engin crachota, émit un bruit étrange mais parvint à s'élever dans les airs à la grande terreur de l'ursidé qui détala sans demander son reste. Une fois dans les airs, le Naacal fit voler son appareil plusieurs minutes à basse altitude, voulant s'assurer que sa création n'avait rien de trop grave. Il se félicita d'avoir suivi les plans de ses ancêtres qui avaient réellement une science extraordinaire. Voyant que la fille à ses côtés était pâle, il se rappela que c'était sa première aventure et surtout la première fois qu'elle accomplissait une chute aussi vertigineuse. Rajoutez à ça l'attaque du Condor et la vue des deux engins volants gigantesques côte à côte...
-Tu te sens bien ?
-... Oui. Je n'ai plus quatorze ans, Tao.
-Oh. Devant la sécheresse de la réponse de son ami, il préféra se taire.
-... C'est un miracle que nous soyons en vie.
-Pas un miracle, un prodige de l'Empire de Mu !
Indali eu un semblant de rire, constatant que l'aventure qu'il venait de vivre n'avait en rien entamé la fierté légitime de Tao envers ses ascendants. Il fallait un génie extraordinaire pour concevoir des machines pareilles. Et un génie tout aussi impressionnant pour être capable de les reproduire bien que la civilisation créatrice se soit éteinte il y a des millénaires. Un silence s'installa, et ça ne devait pas convenir à Tao puisqu'il reprit la parole.
-Tu sais... Selon le texte que j'ai trouvé, les héli-porteurs étaient utilisés pour les repérages lors de la guerre entre Mu et Atlantide. Ils devaient être rapides, maniables et surtout très solides. Les machines de guerres de l'époque pouvaient être...
-Aussi redoutables que le Grand Condor et la machine Olmèque ?
-Ouais... Solaris aussi, il l'était. Alors c'est pour ça... Il fallait encaisser le choc en cas d'impact.
Le regard de Tao se perdit quelques instants dans l'horizon, tandis qu'il repensait à son vaisseau qui avait attendu des siècles, enfermé dans le Cap de la Lune, et qui les avaient porté ses amis et lui jusqu'au Nouveau Monde. Sacrifié au large du pays des Incas, le navire avait démontré sa puissance redoutable et n'avait sans doute pas été utilisé au maximum.
-J'étais en train de rêver, lorsque l'ours m'a réveillée.
-Mmm ? De l'avis de Tao ça devait plus être un cauchemar, mais il ne fit aucun commentaire.
-C'est étrange, j'ai vu le Grand Condor. Et la Machine Olmèque. Ensemble comme tout à l'heure. Mais cette fois, ils attaquaient un endroit. C'était flou, je n'ai pas pu voir où c'était mais... Je sais que je connais le lieu.
-Ce n'était qu'un mauvais rêve. Nous ne nous attendions pas à ça, et nous n'avons pas vraiment eu le temps de comprendre grand chose avant l'impact.
-On a vu Esteban. Mais pas Zia.
-J'ai peur de savoir où elle se trouve. En tout cas, pour qu'il nous ait attaqué ainsi, c'est qu'on se sert d'elle pour le manipuler. Esteban ne s'en serait jamais pris à nous ! Ambrosius la retient forcément !
-Dans la machine Olmèque ?
-A moins qu'il n'ai un repaire en Espagne... Oui.
Tao ramassa le Cube, qui était tombé au moment où il s'était emparé du levier de commande, et l'activa. La Terre reparut et les deux amis repérèrent le Condor. Ce dernier était à l'arrêt, et ils supposaient que la machine Olmèque l'était tout autant. Le Naacal avait bien envie de tenter de rejoindre les deux engins volants malgré les risques, ne serait-ce que pour savoir s'il pouvait aider ses amis ou non. Mais est-ce qu'il pouvait vraiment le faire avec Indali à ses côtés ? Il avait affirmé à Mendoza qu'il veillerait sur elle. Et il pouvait facilement imaginer qu'elle refuserait de rester dans un coin, le temps qu'il essaie d'aider Esteban et Zia. Elle avait son caractère.
-Tao, regarde !
Alors qu'il pensait, la Terre avait commencé à se séparer pour adopter une toute autre forme. Celle d'une femme adulte semblable à Zia. Rana'Ori, l'impératrice de Mu venait de se matérialiser par lumino-projection via la création de son descendant. Les deux la contemplèrent, ahuris face à cette vision d'un être ayant vécu des millénaires avant eux. Certes, ils savaient qu'elle était encore vivante. Mais entre savoir et constater, il pouvait y avoir tout un monde. L'impératrice s'amusa de leur étonnement et plaisanta en demandant s'ils avaient vu un fantôme.
-Majesté !
-Oh, je t'en prie Tao, appelle moi Rana'Ori. Ou princesse si tu y tiens. Je suppose que c'est la fameuse Indali qui se tient à côté de toi. Esteban et Zia m'ont tant parlé de vous deux. Hihihi !
L'impératrice ne précisa pas en quels termes les deux élus avaient parlé de leurs amis, et les concernés n'osèrent pas lui demander. Par contre, l'esprit curieux de Tao se remit en marche et le jeune homme commença à déverser un flot de questions.
-Maj... Pardon, princesse. Est-ce que c'est vrai que toutes les Cités d'or sont réunies dans la dimension où vous vous trouvez ? Même la dernière ? Et Tseila est réellement intacte ? Qu'est-ce qu'il y a d'autre là-bas ? Et, au fait, quel est ce lieu où...
-Chut. Ta princesse souhaite s'exprimer. Alors respire, merci, intervint Indali en plaquant son index sur la bouche de son ami.
-En d'autres temps, je répondrais peut-être à tes questions, jeune Tao. Mais j'ai hélas de terribles informations à vous communiquer. Sans doute, Esteban et Zia vous ont-ils expliqué ce qui les a ramené dans votre dimension ?
A l'air interrogateur des deux jeunes gens, la princesse comprit que, pour une raison ou une autre, les Élus n'avaient rien dit à leurs amis. Tao ouvrit la bouche, mais préféra se taire. Le malaise qui l'avait transpercé le soir où ses amis étaient revenus, et les mauvais pressentiments qui l'habitaient depuis lui revinrent en mémoire. Il posa l'héli-porteur dans la campagne française, voulant se concentrer pour entendre la suite.
-Tout ce qu'ils nous ont dit, c'est que vous les aviez renvoyé à Pattala, fit Indali.
-C'est cela, en quelque sorte.
-Hein ? S'exclama le Naacal.
-Tao, la dimension où je me trouve actuellement est... Spéciale. Hors de l'espace et du temps. Et de part son statut particulier, certaines choses s'y déroulent différemment. Nous ne vieillissons plus, nous les Muens et les Atlantes qui se sont réfugiés ici à la mort de nos deux mondes.
-Esteban et Zia n'avaient pas grandi non plus en six mois, tu te souviens Tao ?
-C'est vrai. Je suis légèrement plus grand qu'Esteban maintenant, héhé ! Mais... Il s'est passé quelque chose, durant ces six mois. C'est cela ?
-Plus ou moins. En réalité, ils n'en sont pas à leur premier retour dans votre dimension. La première fois qu'ils m'ont quittée, ils ont atterri trente ans dans le futur. Ce qu'ils y ont vu les a choqué, au point qu'ils sont revenus avec la ferme intention de retourner à l'époque où ils sont partis.
-Mais qu'est-ce qu'ils y ont vu ? Interrogea Tao.
-Ça... Je ne pense pas être la mieux placée pour pouvoir vous le dire. Eux seuls peuvent réellement vous l'expliquer.
-Mais... C'est en lien avec ce qu'il se passe maintenant, non ?
-Bien sûr. Mais il y a plus grave encore. Leur retour aurait pu amorcer l'émergence d'un nouvel avenir, plus lumineux. Moins désespéré. Mais ce n'est pas ce qu'il se produit. Leurs actions n'ont fait qu'empirer la situation. Votre horizon s'obscurcit.
-Comment ça ?
-C'est simple Indali, intervint Tao, Esteban et Zia sont revenus dans le présent alors que si j'ai bien compris, ils n'étaient pas sensés y être. Leur présence à notre époque bouleverse le court des choses. C'est un peu comme si tu mettais un barrage sur un fleuve. Il sera forcément détourné vers un lieu autre que son embouchure première.
-Mais là, le fleuve va vers la mauvaise direction. Oh Tao... Et si le rêve que j'ai fais était réel. Et si le Condor et la Machine Olmèque allaient réellement...
-N'ait pas peur, le Naacal pris les mains de son amie dans les siennes, ça va aller. Il y a forcément une solution pour empêcher le pire.
-Pattala... C'est Pattala qui va être attaqué...
-Indali, Tao a raison, il n'est pas encore trop tard. Écoutez, ça va être un peu compliqué. Le voyage temporel effectué par Esteban et Zia impliquaient de bouleverser l'avenir entier, et ils auraient dû en payer le prix. Vos futurs vous ont offerts leur vie enfin que vos amis n'aient pas à effectuer ce sacrifice. Avant qu'ils ne meurent, je leur ai assuré que cela n'aurait aucun impact sur vous deux, dans le présent. Vous n'aurez rien à payer. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que ce sacrifice vous permette de pressentir des choses.
-Nos malaises ? Interrogea Indali.
-Oui, et vos craintes. Par je ne sais quel phénomène, vos esprits ont senti le danger, au point que vous êtes partis. Et cela aussi, a son importance.
Les deux amis comprirent, ou du moins pensaient avoir saisi. Dans le futur provoqué par Esteban et Zia, ils seraient restés à Pattala.Et si le rêve d'Indali était réel, alors ils auraient subit la double attaque du Condor et de la Machine Olmèque. En se sacrifiant pour leurs amis, les eux-mêmes du futur leur avait également ouvert de nouvelles voies.
-Et maintenant ?
-Maintenant, mon cher Naacal, c'est à vous de décider de ce que vous voulez faire. Dans ma dimension, je ne peux qu'entrevoir des possibilités, des pistes... Mais je demeure incapable de distinguer tous les événements nécessaires à la naissance d'un futur favorable. Je ne puis que vous souhaiter bonne chance. Toutes mes pensées vont vers vous, et vers les Élus.
Le Cube s'éteignit, abandonnant Tao et Indali sous la lumière des étoiles et de la lune. Chaque membre du duo se laissa retomber sur son dossier, soufflé par toutes ces révélations. Une part du mystère était levé, mais le voile était toujours présent. Il leur était facile de deviner que, quel que soit le futur, il était horrible. Et il y avait fort à parier qu'Ambrosius y était lié. Le Naacal activa son outil et fit réapparaître la Terre. Le Condor était resté à la même place. Le garçon paru songeur et indécis.Indali s'aperçut qu'elle avait toujours ses mains serrées dans les siennes. Émue, elle les retira lentement avant de poser une main sur son épaule.
-Il faut que nous rejoignons Esteban et Zia. Ils ont besoin de nous.
-Ça va être dangereux.
-Aussi dangereux que traverser une partie de l'Asie et de l'Europe dans ton héli-porteur ? Que frôler l'habitacle du Condor alors que ce dernier est en train de nous attaquer ? D'accord, je ne suis pas habituée à ce que nous venons de vivre, mais je ne peux pas me permettre de flancher. Esteban et Zia ont besoin de notre aide !
-Oui, Tao réalisa qu'il avait peut-être eu tort de s'inquiéter comme il l'avait fait pour elle, je ne sais pas encore comment on va pouvoir le faire, mais on les sauvera. Mais je me demande...
-Oui ?
-Pourquoi ils ne m'ont rien dit ?
La question méritait d'être posée. Le lien qui unissait Tao aux deux enfants élus était si fort que le secret qu'ils avaient eu pour lui était incompréhensible. Et maintenant qu'il en savait un peu plus sur ce qui tracassait ses amis, il commençait à se faire des idées.
-Tu crois que j'ai fais quelque chose dans l'autre futur ?
-Non, ce n'est pas forcément cela. Tao, il a pu se produire de nombreux évènements en trente ans.
-Je me suis peut-être allié avec Ambrosius qui a réussi à me manipuler et...
-Tao, essaie de trouver un moyen de prévenir Mendoza. Ou réfléchit à comment nous pourrions venir en aide à Esteban et Zia.
La jeune fille sentait bien que si elle le laissait faire, son ami allait se triturer les méninges jusqu'à ne plus supporter toutes les questions qu'il se posait. Elle aussi s'interrogeait sur le pourquoi des actions du jeune couple, et sur le secret qu'ils avaient maintenu même auprès de leur meilleur ami. Mais la menace qui planait était trop importante pour qu'ils perdent du temps en conjectures. Ils auraient tout le temps d'interroger leurs amis dés qu'ils les auraient libérés des griffes d'Ambrosius. Aux côtés de l'Indienne qui avait prit le contrôle du véhicule, Tao commença à réfléchir à autre chose qu'aux raisons qui avaient conduit ses amis à le laisser de côté.
***
Quelques jours plus tard. Sud-Ouest de l'Inde, peu avant le crépuscule.
Elle voyait des ruines fumantes partout. Des maisons avaient été écrasées et explosées par une masse impressionnante, et des corps gisaient ça et là. Des sillons traçaient encore le passage que la chose ayant attaqué l'endroit avait tracée sur le sol. Zia reconnaissait l'endroit. Il s'agissait de l'Ordre du Condor. Même le Temple Mémoire n'avait pas été épargné par les ravages de la machine. Et ces corps recouvraient le sol. Privés de vie.
-Bien sûr, s'exclama la voix d'Ambrosius à travers la brume de son rêve, c'était peut-être un peu prémédité de ma part de vous obliger à transporter le Condor, ne fut-ce que sur quelques kilomètres supplémentaires. J'aurais juré que vos immenses pouvoirs, couplés à ce développeur de capacités, vous permettraient de réaliser cette action.
Elle n'avait pas vu l'attaque, comme si son esprit avait refusé cette vision. Mais elle commençait à distinguer les corps. Mendoza et Laguerra, gisant côtes à côtes, ils n'avaient même pas pu se défendre. Gaspard était un peu plus loin. Mais elle ne voyait nulle trace d'Athanaos. Et encore moins de Tao et Indali. Étaient-ils morts à cause du Grand Condor ?
-Enfin, vous avez survécu. Et ces heures de sommeil ont dû vous faire du bien. J'espère que vous pardonnerez l'enthousiasme dont j'ai fait preuve, mais nous sommes presque arrivés. Nous remonterons bientôt vers le Nord-Ouest. Vers Pattala.
Émergeant péniblement de ces visions qui la harcelaient depuis la nuit, Zia ne releva pas les yeux vers le scientifique. Ce dernier avait bien failli la tuer en voulant amplifier la puissance et la portée de ses pouvoirs, voulant l'obliger à porter le Grand Condor par la force de son esprit. Et il n'avait pas même l'air ne fusse-ce qu'un peu désolé de la souffrance qu'il lui avait imposé. Encore exténuée à cause de ce traitement, elle pouvait à peine remuer sa tête qui lui causait de grands maux. Elle pensa à Esteban et se demanda s'il avait vu la tentative d'hier soir. Si oui, elle imaginait très bien dans quel état il se trouvait actuellement. Elle aimerait pouvoir être à ses côtés pour le soulager. Et rien que sa présence à lui serait un baume pour son âme.
Maniant la Machine Olmèque en plein vol, Ambrosius était toujours sans son costume de Zarès. Il ne ressentait aucun regret face à la douleur qu'il avait infligé à la jeune fille. Il était simplement dépité de ne pas avoir réussi sa petite expérience. D'autant plus que malgré sa nuit de repos, Zia ne semblait pas avoir beaucoup récupéré.
-Vous pouvez parler, non ? Que je puisse faire entendre votre voix à...
Soudain, la porte de la salle s'ouvrit. Sous le choc, le scientifique vit apparaître sous ses yeux celui qu'il croyait avoir vaincu précédemment. Tao se tenait devant lui, bras croisés et le toisant fièrement, avec un petit air malicieux en plus. Tremblant de rage, mais aussi d'une certaine fierté, l'homme roux pointa un doigt accusateur vers l'adolescent.
-Toi. Toi !
-Surpris de me voir Ambrosius ? Tu devrais pourtant savoir que la science de mes ancêtres est capable de produire des choses étonnantes.
-D'Esteban ou de Mendoza je me serais attendu à pareille chose ! Mais je n'aurais jamais pensé te voir débarquer ainsi sans...
-Ouais je sais, tu me connais trop bien Ambrosius... Habituellement, je serais venu avec un plan. Ou je me serais reposé sur la technologie de mes ancêtres, peut-être sur mon engin volant. C'est pour ça, que je ne l'ai pas fait. Hihihi.
Le Naacal s'était fouillé l'esprit pour savoir ce que son ami brun ferait à sa place... Avant que l'épisode de leur assaut dans la base Olmèque de Menator ne lui revienne en mémoire. Indali l'avait traité de fou lorsqu'il lui avait annoncé qu'il allait placer l'héli-porteur au-dessus de la base afin de sauter dans les airsj usqu'au toit. La jeune fille avait obtenu gain de cause, et elle s'était posée sur le haut de l'immense tête, afin de laisser son ami sortir. Elle était très inquiète, mais l'idée de Tao nécessitait qu'elle reste dans l'héli-porteur, proche de la base, mais dissimulée aux yeux d'Esteban et d'Ambrosius. Son ami lui avait promis qu'elle saurait à quel moment elle devrait intervenir.
-Oh, reprit Ambrosius, et je peux savoir ce que tu comptes faire à présent ? Me sauter dessus ?
Tao laissa son regard dériver brièvement vers Zia. La jeune fille avait légèrement levé la tête, le fixant avec un mélange d'effroi et d'inquiétude. Et il devinait aussi son épuisement, bien qu'il ne sache pas ce que le petit homme lui avait fait subir exactement. Une part de lui était heureux d'avoir deviné juste, mais une autre aurait préféré avoir tort. Son amie semblait si mal en point. Et qu'est-ce que c'était que ce casque qu'elle portait sur la tête ?
-Tu ne réponds pas. Tu me déçois. Zia, à toi de...
Une alarme retenti puissamment, annonçant que la base allait se scinder dans cinq minutes et qu'il fallait l'évacuer de toute urgence. Le scientifique poussa un cri de frustration qui se transforma en rage lorsque Tao bondit sur lui pour lui arracher la commande sur laquelle il s'apprêtait à appuyer. La situation lui échappait, il ne savait comment. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être admiratif face à ce jeune esprit si brillant. Une toute petite part de son esprit était encore attaché à Tao, petite lueur héritière du puissant soleil qu'avait été l'Empire de Mu. Qu'aurait donné l'alliance de leurs deux merveilleux esprits réunis ?
-Nous aurions pu faire tellement de choses ensemble.
-Il fallait y réfléchir avant, Ambrosius.
-Mais j'y songe depuis que je t'ai rencontré mon enfant. Toi et moi valons mieux que tous ces rois corrompus qui ne désirent que conquérir le monde, en asservissant ceux qui n'ont pas la possibilité de se défendre contre eux.
-Parce que tu n'utilisais pas des personnes sans défense pour atteindre ton but toi ? Et Athanaos ? Et les villageois indiens que tu maintenais en esclavage ? Et Zia ?! Qu'est-ce que tu lui as fait ?! Réponds ! Qu'est-ce que tu lui as fait subir ?!
-Tout cela c'était pour le bien du plus grand nombre. La science se doit parfois d'accomplir des sacrifices... Qui peuvent paraître terribles, j'en conviens. Quant à notre petite sorcière, eh bien j'essaie simplement d'exploiter au maximum ses capacités.
Tao serra les poings et les dents pour s'empêcher de purement et simplement exploser de rage. Mais comment avait-il pu être aussi aveugle et ne pas voir toute la félonie de celui qu'il avait tellement apprécié. Est-ce qu'il y avait un jour eu quelque chose de bon chez Ambrosius ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui plaire chez lui ?
-Tu n'es qu'un hypocrite Ambrosius, tu ne vaux pas mieux que ces souverains qui ne cherchent que la gloire, ou que les conquistadors qui détruisent tout un peuple.
-Tu admets toi-même que...
-Tais-toi !Intelligent comme tu l'es, tu devrais savoir qu'il y a des milliers de manières de profiter des peuples. Il ne suffit pas d'avoir du pouvoir ou de la puissance ! Je ne veux plus entendre les mots d'un monstre qui était prêt à utiliser de jeunes enfants dans ses ateliers, à failli nous tuer Esteban et moi à Lalibela, s'est moqué du sort de la Terre à Chambord et enfin n'hésite pas à torturer une jeune fille juste pour arriver à ses fins. Tu trahis la science Ambrosius ! Tu trahis la volonté du peuple de Mu en pervertissant son héritage !TU ME DEGOÛTES !!
Le cri venait du fond du cœur et Zia eu même l'impression qu'il se répercutait sur les murs. Le vaisseau olmèque trembla et commença à se pencher, comme pour signifier la fin de la discussion. Et comment pourrait-elle continuer de toute façon, le Naacal venait très clairement d'exprimer ce qu'il ressentait envers son ancien mentor. Ce dernier resta immobile pendant quelques secondes, avant que son visage ne se couvre d'une haine pure et simple. Ce fut sur un ton terriblement calme qu'il déversa des paroles pleines de venin.
-Je te dégoûte, Tao, parce que tu es encore jeune et plein d'illusions malgré ton esprit brillant. Tu crois encore en des choses qu'il n'est plus permis de croire lorsque l'on atteint mon âge. Et, tu sais, à seize ans je ne me serais jamais imaginé là où je suis aujourd'hui. Qui sait où tu seras toi, dans quelques années ? Enfin, si tu survis à ce que tu as provoqué, bien entendu.
Les parties de la machine Olmèque commencèrent à se dessouder, la séparation n'allait plus être longue. Et lorsque cela serait fait, elles s'effondreraient toutes vers le sol. Sans un seul regard pour eux, Ambrosius abandonna Tao et Zia à leur sort. Une fois le scientifique parti, la voix faible de la jeune Inca s'éleva dans la pièce.
-Tao, est-ce que ça va ?
Tao était encore tremblant de la colère qui s'était emparée delui et l'avait poussée à vider son sac sur Zarès. Il y aurait des conséquences, les deux le savaient très bien. Ils n'auraient jamais dû le laisser partir en France. Enlevant d'abord le casque qui enserrait le crâne de Zia, il l'observa quelques secondes, avant de sortir une bombe de la manche de son poncho et de l'envoyer contre l'une des vitres formant les yeux de l'appareil olmèque. Il n'avait pu n'en fabriquer qu'une, mais celle-ci était suffisamment efficace. Ouvrant ainsi un passage vers l'air libre.
-Oh Tao... Je suis désolée... Pardonne-nous...
-J'allais quand même pas laisser Ambrosius se servir de vous à sa guise.
-Nous aurions dû... Te...
-Zia, chut. Plus tard. Indali va arriver. Mais... Dis-moi. Zia, est-ce que... Non, plus tard aussi. Il faut que nous sortions de là avant.
La salle où ils se trouvaient tanguait de plus en plus et Tao dû maintenir Zia contre lui afin qu'elle ne glisse pas en le lâchant. La dernière partie de son plan était en marche, ce n'était pas le moment de perdre son amie. Serrés l'un contre l'autre, les deux enfants virent bientôt pénétrer L'héli-porteur avec une jeune indienne à l'intérieur. Indali se contenta d'ouvrir la portière pour permettre à ses amis de pénétrer à l'intérieur, et l'état de Zia lui inspira suffisamment d'effroi pour qu'elle oublie sa colère contre le Naacal. Le trio fut rapidement hors du centre qui continuait sa chute vers le sol. Serrée entre ses sauveurs, Zia commençait à dodeliner de la tête en grimaçant.
-Zia, tient bon s'il te plaît. Si Esteban te voit inconsciente, il va paniquer.
-Mais qu'est-ce que Barbe-Rouge lui a fait Tao ?
-Je... N'ai pas vraiment pris le temps de lui demander. ZIA !
La jeune inca venait de s'effondrer dans les bras de Tao, pile au moment où Indali parvenait à placer l'heli-porteur en face du Grand Condor. Pendant de terribles secondes, Tao craignit d'être arrivé trop tard pour sauver son amie, avant d'entendre le souffle de sa respiration. Comme si ça ne suffisait pas, une ouverture apparue sur le front de la machine Olmèque. Une ombre rouge s'envola, sans se préoccuper du petit héli-porteur réfugié sous l'une des immenses ailes de Condor, ni du rapace géant lui-même. Avant qu'Indali ou Tao ne réagisse, le Condor filait déjà à la poursuite de l'engin. Malheureusement, le soleil était déjà trop bas dans le ciel et l'oiseau suivit le mouvement de l'astre qui lui conférait sa force et sa rapidité. S'ils ne l'entendaient pas, Tao et Indali pouvaient très bien imaginer les hurlements de rage et de frustration poussés par Esteban en cet instant précis. Un temps semés par l'appareil en orichalque, les deux enfants avaient bien conscience qu'ils finiraient par rattraper leur ami. Ils auraient pu essayer de rattraper Ambrosius, mais l'état de Zia était trop inquiétant, et ils l'avaient déjà pratiquement perdu de vue.
-Tao ?
-Oui ?
-Ce que tu viens de faire, ne me le refais plus jamais ! Déjà que tu avais dans l'idée de sauter dans les airs jusqu'à la machine Olmèque, mais en plus tu as pris d'énormes risques. Et si je n'avais pas pu vous rejoindre à temps.
-Mais je savais que tu y arriverais, Indali, tenta le Naacal d'un ton enjôleur.
-...
-Tu maîtrises très bien l'héli-porteur, tu sais. Je suis fier de toi.
-Je maintiens ce que j'ai dit, répliqua l'Indienne d'un ton dur, ne me refais jamais ça.
Mais un léger sourire montrait qu'elle avait été sensible aux paroles de son ami. Le couple arriva bientôt auprès du Grand Condor, et tous remarquèrent que le bec était ouvert et que la silhouette d'Esteban s'éloignait de l'oiseau doré. Tao se précipita à la poursuite de son ami qui finit par trébucher sur un caillou et s'affaler sur le sol. Le Naacal parvint à le rattraper et à le saisir par les épaules avant qu'il ne reparte dans sa course effrénée et perdue. Zarès n'était plus visible dans le ciel, et ils n'avaient aucun moyen pour le localiser. Ce qui n'empêchait pas l'Atlante de se débattre.
-Esteban...
-Fiche-moi la paix Tao !
-Esteban, tu ne pourras jamais le rattraper. Et même si par hasard tu y arrivais, il est trop fort pour toi. Et s'il te remet la main dessus on fera quoi, hein ?
-M'en fiche !
-Mais arrête, puisque je te dis que...
-Tu te moques de ce qu'il a fait à Zia ou quoi ?!
Le coup de poing sur le crâne parti comme une flèche et sonna à moitié Esteban qui mit quelques secondes à réaliser que son ami venait de le frapper. Mais il en eu pleinement conscience lorsqu'il croisa son regard furieux. Emporté par son impulsivité, il venait de blesser Tao.
-T'en as d'autres des comme ça ?! Je m'inquiète pour vous depuis que vous avez filé avec le Grand Condor et vous ai suivis jusqu'en Europe, puis jusqu'en Inde juste pour vous aider ! Et après je me fiche de ce qui arrive à Zia? Non mais tu me prends pour qui ? Ou pour quoi ?
-Tao, je t'assure que je ne pensais pas...
-Qu'est-ce que je vais faire de si terrible dans trente ans pour que vous ne me fassiez plus confiance ? Rana'Ori vous renvoie ici et vous vous lancez sur les traces d'Ambrosius comme ça ! Sans rien me dire ! La voix de Tao faibli un peu sur la fin de sa lancée.
-Quoi ? Oh, non Tao, c'est pas ça du tout ! Je te jure que ce n'est pas une question de confiance !
-Alors quoi ?
Esteban aurait voulu interroger son ami sur ce qu'il savait exactement et sur la manière dont il en avait eu connaissance. Mais il voyait bien dans le regard de Tao qu'il attendait des réponses. Et que, fidèle à lui-même, il avait commencé à envisager le pire. Une vague de culpabilité l'envahit, et il commença à penser que Zia avait raison. Ils auraient mieux fait de le dire. Alors, il décida der aconter toute l'histoire à Tao. Leur retour à Zia et lui trente ans dans le futur, et ce qu'ils y avaient découvert, il passa sous silence les différentes morts de leurs amis précisant simplement qu'ils n'étaient plus là, leur décision de venir au plus proche de la date de leur départ afin de les aider. Et, son ami n'avait pas besoin qu'il lui raconte, la suite il ne la connaissait que trop. Il leva timidement les yeux vers son ami pour voir sa réaction. Au moins, l'incertitude avait disparu de son regard. Le Naacal fini par soupirer, pris d'un accès de lassitude.
-Alors toi... Le pire c'est que ça m'étonne même pas qu'elle t'ait suivi. Et je suppose que vous pensiez vraiment nous protéger.
-Oui, je sais. Je n'aurais pas dû. Nous aurions dû vous en parler. Vous nous faisiez confiance.
Tao essaya d'avoir l'air fâché.
-Oui,vous auriez dû. Vous pensiez vraiment pouvoir disparaître comme ça, sans qu'on ne se pose pas de question. Mais surtout, Esteban, tu peux m'expliquer comment vous vous êtes fichus dans la tête que vous deviez nous protéger ? Hein ?
-Mais Tao, vous aviez tellement souffert.
-Non !
-Si !
-NON ! C'est les nous du futur qui ont souffert à cause de ce conflit déclenché par Ambrosius. Mais les nous du présent eux n'ont pas encore connu ça ! Nous aurions pu nous préparer à son attaque si vous nous l'aviez dit plus tôt ! Et maintenant il est en Inde, sans que nous ne sachions exactement où il se trouve ni quelle est sa destination !
Tao se rendit compte qu'il élevait un peu trop la voix contre son ami qui avait cru bien faire. Mais c'était bien le problème avec Esteban, il voulait toujours bien faire. Et Zia aussi. C'était pour ça qu'il avait attendu quelques jours avant de se lancer à leur poursuite. Il se rendit compte que son ami espagnol était au bord des larmes. La remontrance l'avait davantage secoué qu'il ne l'aurait pensé. Le Naacal posa les mains sur les épaules de son ami, essayant d'oublier les dernières paroles que Zarès lui avait lancé et qui lui revenait en mémoire.
-C'est bon Esteban. Ce n'est pas encore terminé, nous pouvons toujours nous défendre.
-Tu n'as pas vu Tao, tu n'as pas vu ! C'était tellement triste là-bas. Et Indali et toi, vous étiez...
-Ça n'arrivera pas, puisque maintenant nous savons à quoi nous en tenir.
Les deux garçons échangèrent un regard qui se voulait confiant enl'avenir. Même si Zarès leur avait filé entre les doigts, ils avaient au moins remporté une petite victoire. Mais tout n'était pas encore gagné, car leur adversaire avait rejoint la base des quelques personnes qui lui restaient fidèles en Inde. Et ces derniers avaient recensé les personnes capables de se battre au sein du groupe, ainsi que l'emplacement de certains bâtiments plus importants que d'autres. La seule chose qu'ils ignoraient encore, c'était l'emplacement des artefacts Muens. Mais ça ne faisait rien. S'ils détruisaient l'Ordre dans son intégralité, ils auraient tout le temps pour les chercher ensuite.