Le retour des enfants du soleil et de la lune

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nonoko
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par nonoko »

Marcowinch a écrit : 21 avr. 2022, 14:24 Un très bon chapitre !
Plus joyeux que le premier... ;)
J'ai hâte de lire la suite....
Plus joyeux que le premier, c'est vite dit! Mais l'histoire est bien lancée, bien écrite, il n'y a plus qu'à continuer!
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
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Lia
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Lia »

Oui plus joyeux c'était dans le sens où on ne se contentait pas de constater une tragédie pure et simple. Et encore j'ai écrit un chapitre annexe se déroulant dans le futur que les enfants tentent d'effacer et.. J'ai fais pire que le premier chapitre je crois 8-x
Vous allez devoir attendre que l'histoire principale s'achève pour le découvrir.
Je vous laisse avec le chapitre 3, bonne lecture à vous :D

Chapitre 3 : Le Destin en marche

Esteban et Zia étaient repartis aussi brusquement qu'ils étaient revenu. Ils avaient hésité à le faire, pensant trahir leurs amis. Ils auraient au moins pu attendre le retour de Mendoza et d'Isabella prévu le jour suivant... Mais non, ils n'avaient que trop attendus. Les deux enfants ne pouvaient oublier Ambrosius et ce qu'il risquait de provoquer. Puisque Rana'Ori leur avait précisé que leur retour risquait de provoquer des remous dans l'espace-temps et donc, potentiellement, d'accélérer la montée en puissance du scientifique fou. Et s'il attaquait l'Ordre du Condor cinq ans en avance, le petit groupe de Tao n'avait que peu de chance de survivre. Alors, les deux enfants élus faisaient route vers l'Espagne. Esteban était concentré sur la manœuvre du Condor. Partis depuis deux jours, ils avançaient progressivement vers leur destination. Zia avait un bras posé sur le rebord et regardait le paysage défiler, l'air pensive. Parfois, elle jetait un œil en direction du siège vide de l'autre côté d'Esteban et aux banquettes arrières, toute aussi libres pour qui voudrait s'asseoir.

-Tout va bien, Zia ?

-Je pensais à nos amis. A ce qu'ils doivent penser en ce moment-même. Nous leur avons laissé un message pour les rassurer et leur promettre que nous reviendrons vite. Mais ils doivent tout de même se poser des questions sur ce qu'on fait. Non ?

-Nous leur avons aussi dit que c'était lié à la princesse Rana'Ori, nous n'avons pas vraiment menti, après tout elle nous a elle-même renvoyés dans le passé.

-Je me sens tout de même coupable à leur égard. Ils auraient tout fait pour nous aider si nous leur avions dit.

Mais Esteban ne pouvait pas se cacher qu'il se sentait aussi mal que son amie. Ils avaient laissé leurs amis de côté. Pour les protéger, certes, mais quand même. Que devaient-ils penser ? L'affection qu'ils avaient pour eux suffirait-elle pour qu'ils leur pardonnent ? Et comment se passerait leur confrontation avec Ambrosius ? Il s'était lancé dans l'aventure et avait entraîné Zia à sa suite, mais la vérité était qu'il n'avait aucun plan. Tao râlerait en affirmant qu'il n'était qu'un âne obstiné, et il aurait raison. Mais pouvaient-ils réellement se permettre de faire demi-tour ? Il secoua la tête vigoureusement, non ils ne le pouvaient pas. Ils devaient protéger ceux qu'ils ont abandonnés pendant trois décennies entières, coûte de coûte !

-Esteban, tu vas bien ? S'inquiéta l'Inca

-Très bien, ne t'inquiète pas. J'avais juste... Un rayon de lumière dans l’œil. Ce n'est rien.

-Nous devrions peut-être nous poser quelque part. Regarde, le soleil est en train de se coucher, nous ne pourrons bientôt plus voler.

-Nous pouvons continuer encore une heure environ, alors on va le faire.

Le ton était un peu rude, Esteban s'en rendit compte rapidement et demanda pardon auprès de sa bien-aimée. Cette dernière accepta ses excuses, et les enfants continuèrent leur chemin sans échanger la moindre parole. Le jour suivant, avec de la chance, ils finiraient par atteindre l'Espagne, et pourraient commencer leur recherche d'Ambrosius. Ils avaient décidé de commencer par la capitale, Madrid. Après tout, leur adversaire avait manipulé Charles Quint, il devait bien s'être rapproché du roi d'Espagne à un moment ou un autre. Et cela lui avait peut-être pris du temps avant de réussir à le prendre sous son emprise. Ils avaient toutes les raisons de penser qu'Ambrosius était depuis un moment dans le plus gros pays qui composait la péninsule Ibérique. Et Madrid restait l'endroit le plus simple pour espérer l'atteindre. Malheureusement, ils n'avaient pas d'idées quant à l'emplacement précis de sa cachette.

-Penses-tu que le vaisseau Olmèque soit aussi en Espagne ?

-Il n'y a pas de raison pour qu'il n'y soit pas.

Après tout, Ambrosius avait dû en faire sa nouvelle base et son nouveau moyen de transport. Avant de lui laisser cette arme redoutable, Tao avait pris soin de mettre HS toutes les commandes de destruction massive, la transformant donc en simple vaisseau monstrueux, mais moins destructeur qu'il ne pourrait l'être. Le soleil finit par se coucher, et les deux enfants se posèrent le long de la côte. Demain serait le jour où ils devraient commencer leurs recherches, et les enfants craignaient pour la suite des événements. Tant de choses reposaient sur leurs épaules.
Le lendemain matin, ils repartirent vers leur destination.

***

-Ils reviennent, et ils repartent aussitôt. Sans même me prévenir au moment de leur départ ! Mais tu y comprends quelque chose Mendoza ?

Tao tournait en rond, autour du marin espagnol. Voilà quelques jours qu'Esteban et Zia s'étaient sauvés avec le Grand Condor. Mission de Rana'Ori qu'ils avaient écrit sur le message. Et alors ? Ils auraient quand même le lui dire à un moment ou un autre non ? Au départ, il avait pensé qu'ils n'en n'auraient pas pour longtemps, et à vrai dire seuls quelques jours s'étaient écoulés. Mais la frustration d'avoir été mis de côté couplée au mauvais pressentiment qui le tenaillait le rendait encore plus sujet à l'impatience.

-Je ne comprends pas plus que toi, Tao.

-Et où est-ce qu'ils sont bon sang ?!

-Tu n'avais pas installé un dispositif qui permettrait de repérer le Condor, peu importe la distance qui nous séparerait de lui, au cas où quelqu'un viendrait à le voler ?

-Mais... Il n'a pas été volé. C'est Esteban et Zia qui l'ont.

Mendoza se passa la main sur la figure. Tao était un jeune homme très intelligent, peut-être le plus intelligent de sa génération, mais lorsqu'il s'y mettait il pouvait sortir de ces énormités...

-Et bien imaginons qu'ils aient, je ne sais pas moi, besoin d'aide et que nous nous ayons besoin de les retrouver, ce dispositif pourrait nous aider. Non ?

Le regard de Tao s'illumina avant qu'il ne se donne une tape sur le dessus du crâne en se demandant pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt. Sincèrement, Mendoza se demandait aussi comment il avait fait. Certes, Tao était épuisé ces derniers temps et avait dû beaucoup travailler que se soit sur les inscriptions ou pour l'Ordre. Mais l'épuisement et la confiance qu'il accordait aux Élus suffisaient-ils à expliquer son état ? Il n'a pas pensé à utiliser son dispositif qui lui permettait de retrouver le Condor, où qu'il soit sur Terre. Le Naacal s'était dirigé dans son laboratoire, et lorsque le marin le rejoignit, il était en train de triturer une sorte de petit cube.

-Regarde Mendoza. J'ai en fait introduit une sorte de petit disque à l'intérieur du Condor. Tu sais, il y a une sorte de petit sas entre la cabine de pilotage et l'intérieur de l'appareil.

-Et tu peux le repérer grâce à ce cube ?

-Oui. Ce Cube va faire apparaître une lumino-projection du globe terrestre. Je me suis inspiré des cartes que tu m'as prêtée pour la créer. Le Condor va apparaître sous la forme d'un petit point jaune clignotant sur ce globe que je peux agrandir ou réduire. C'est en fait grâce à un système de...

-Tao.

-Oui ?

-Utilise le dispositif, d'accord ?

Le Naacal eut une moue boudeuse, vexé de ne pas pouvoir étaler sa science. Tant pis pour Mendoza. Il activa la lumino-projection qui fit apparaître la Terre sous la forme d'une sphère de la taille de sa main. Les deux hommes fixèrent la représentation réduire de leur planète, et repérèrent finalement l'engin ailé. Le Grand Condor était proche des frontières entre l'Europe et l'Asie, et Tao leva des yeux pleins d'interrogations vers son aîné, mais le marin ne savait rien de plus que son ami. Il n'avait même pas pu revoir Esteban et Zia, puisque les deux enfants étaient partis plusieurs heures avant leur retour à Isabella et lui. Ils avaient certes laissé un message affirmant que Rana'Ori les avaient renvoyé ici pour une raison. Mais...

-Mendoza, tu crois vraiment que c'est la mission la mission de Rana-Ori qui les a poussé à partir avec le Grand Condor, sans prévenir personne ?

-Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu en penses toi ?

-Mmm...

Tao croisa les bras et commença à réfléchir. Quelque chose le perturbait dans cette soudaine disparition. Esteban et Zia agiraient toujours pour le bien, il en était persuadé mais... Depuis son malaise l'autre soir, il avait une sorte d'intuition. La sensation que quelque chose de grave était en train de se jouer, et que ses deux amis étaient liés à tout ça.

-Tao ?

-Il se passe quelque chose.

Et sans un mot de plus, le Naacal éteignit le Cube, sortit de la pièce et se dirigea vers une piste en plein air où trônait une sorte de boule dorée pourvue d'une hélice. L'habitacle était visible de l'extérieur grâce à une vitre en matériaux renforcés d'orichalque. Tao avait parlé à Mendoza de son nouveau projet d'engin volant qui pourrait remplacer le Condor, très utile mais malheureusement unique et utilisable par peu de gens. l'héli-porteur qu'il avait appelé ça. Alors que les deux amis se trouvaient autour de l'engin volant, ils furent rejoint par Indali qui paraissait également soucieuse.

-Bonjour Indali !

-Tao, tu sais où sont Esteban et Zia ?

-Pourquoi ?

-Je ne sais pas... Un mauvais pressentiment ?

Elle aussi ?

-Je vais les rattraper avec l'héli-porteur. Déclara le Naacal de but en blanc.

-Quoi ? Mais Tao, le temps que tu les rejoignes ils seront arrivés en Europe. Protesta Mendoza.

-Ils ont l'avantage de la vitesse, mais j'ai celui de ne pas être soumis au rayonnement solaire de mon côté. L'héli-porteur peut emmagasiner de l'énergie solaire pour améliorer ses performances, mais ne sera pas obligé de se poser en cas de mauvais temps ou durant la nuit.

-Tu n'as jamais fait voler ton engin sur une aussi longue distance. Tu as dit toi-même que tu préférais ne pas en construire d'autres avant d'être sûr que celui-ci soit complètement opérationnel.

-En terme de vol Indali, il est au point. Et n'oublie pas que je l'ai fais voler pendant plusieurs heures durant une semaine.

Tao disait toujours qu'Esteban n'était qu'une tête brûlée, et il avait raison. Mais le Naacal pouvait très rapidement concurrencer son ami lorsqu'il s'y mettait. Et ses deux amis voyaient bien la lueur briller dans son regard qui signifiait qu'il ne changerait pas d'avis. Pas facilement du moins. Et Indali ressentait en son cœur la même urgence à retrouver les deux enfants Élus. Mais Mendoza n'était pas enchanté à l'idée de laisser le jeune garçon partir seul sur la piste de ses amis.

-Tao, malgré toute la confiance que nous avons dans la science de tes ancêtres, et en tes capacités, je ne peux pas te laisser partir comme ça. N'oublie pas que tu as un Ordre à diriger et à construire.

-Mais, il est entre de bonnes mains. Athanaos m'aide et me conseille souvent, il peut prendre les commandes durant mon absence. Et j'ai confiance en Laguerra, Gaspard et toi en cas de danger. Ah, et il faudra donner ses graines à Pichu aussi.

-Ta confiance nous honore, mais...

-Ça ira Mendoza, il ne sera pas seul. Gunjan peut prendre ma place quant aux communications avec les villages aux alentours. Isabella m'a enseigné quelques coups, je saurais me battre si besoin.

Tao ouvrit la bouche pour protester mais un regard de l'Indienne l'en dissuada. Et puis, avoir Indali pour le seconder ne lui déplaisait pas tant que cela. Il se sentait bien aux côtés de la jeune fille qui s'intéressait à ce qu'il faisait et lui posait toujours beaucoup de questions sur ses expériences. Et il se sentait touché lorsqu'elle s'inquiétait pour lui, même s'il ne l'avouerait à personne. Après avoir adressé un clin d’œil à son amie, il reporta son attention vers le marin espagnol.

-Ah tu vois Mendoza. Avec une disciple de Laguerra qui apprend aussi sur la science de Mu et d'Atlantide, je n'ai rien à craindre !

-S'il y avait plus de place dans cet engin, je vous aurais bien accompagné.

-Nooooon, tu serais prêt à laisser Laguerra toute seule avec Gaspard ?

Tao avait voulu plaisanter, mais le regard sombre que lui adressa Mendoza lui fit comprendre qu'il ne valait mieux pas gratter trop longtemps de ce côté-là. Bien que Laguerra ait une préférence plus que manifeste pour le marin à la cape, Gaspard n'avait toujours pas lâché le morceau et c'était parfois source de tension entre les deux hommes à la grande exaspération de la femme pour laquelle ils se disputaient. Par amour et à cause de la mission que Tao lui avait confié, Mendoza devait donc laisser les deux enfants s'en aller seuls à la rescousse de leurs amis. Ils sauraient tous les deux se débrouiller en cas de problème, là n'était pas la question. Et Athanaos serait en effet capable de gérer l'Ordre du Condor le temps que le grand maître revienne. En voyant l'air résolu des deux jeunes gens en face de lui, Mendoza secoua la tête.

-Si le grand maître l'a décidé, je ne peux que m'incliner après tout. Je compte sur toi pour faire preuve de prudence, Tao. Vous serez seuls, et nous n'aurons aucun moyen de vous venir en aide si quelque chose ne va pas. Indali, je compte sur toi pour protéger notre jeune chef.

-Compris Mendoza ! Acquiesça la jeune fille en saisissant son ami par le bras.

-Mais... En fait c'est moi qui veillerait sur elle, non ? Répliqua ce dernier en rougissant légèrement.

***

Deux jours plus tard, Esteban et Zia se trouvaient en Espagne et planaient au-dessus de Madrid. Les jeunes gens restaient en hauteur, suffisamment espéraient-ils pour ne pas se faire remarquer. Les enfants s'éloignèrent de la ville, tentant de scruter les alentours pour essayer de repérer une cachette éventuelle pour la machine Olmèque. Mais cette dernière n'était visible nul part aux alentours, à leur grand désappointement. Évidemment, ils auraient dû s'en douter, leur ennemi ferait le maximum pour rester discret. Ils se décidèrent à sortir, se demandant si Ambrosius se trouvait bel et bien en Espagne. Pouvaient-ils s'être trompés ? Zia s'interrogea et Esteban répondit qu'on ne savait jamais, et qu'ils auraient au moins vérifié.

-Dit Zia, tu saurais retrouver le chemin vers le palais.

-Mmmh... La reine ne sortait pas beaucoup, mais je crois que je saurais m'y retrouver.

Il restait encore quelques heures avant la nuit, les enfants décidèrent donc de cacher le Condor dans un coin aux alentours et de se rendre dans la capitale pour faire les premiers repérages. Comme Zia risquait d'attirer l'attention sur elle à cause de son apparence, la jeune fille dû dissimuler sa robe et ses beaux cheveux sous une cape brune. Main dans la main, les deux amis firent route vers le palais royal en tâchant de rester le plus discret possible et écoutant les rumeurs de la rue. Mais personne ne parlait d'une machine volante étrange, ni d'un petit rouquin qui aurait été vu aux alentours. Ambrosius et sa machine, s'ils étaient ici, n'avaient pas été aperçus.

-Esteban, murmura Zia, tu sais peut-être que le roi Charles Quint n'est pas ici. La famille royale dispose de nombreux châteaux en Espagne et dans les autres territoires leur appartenant.

-Mais, répondit le garçon sur le même ton, le roi d'Espagne a des terres un peu partout en Europe. Tu crois que nous avons le temps de toutes les faire ?

-Des serviteurs restent en permanence dans chacun des châteaux pour les maintenir en état jusqu'au retour du roi. J'y avais quelques proches connaissances qui pourraient nous aider.

Cela n'aurait pas dû étonner Esteban mais... Apprendre que Zia avait eu des personnes suffisamment proches d'elle pour la connaître un peu fit naître un certain trouble chez lui. Il s'en doutait, ça ne devait pas être des amis du moins pas aussi proche qu'elle ne l'était avec Tao ou lui, mais quand même. Il réalisa que la jeune fille lui parlait peu de sa vie d'avant. Il avait respecté son silence, comprenant qu'elle ne souhaitait pas évoquer des souvenirs douloureux et lointains. Mais il ne pouvait éloigner de lui ce sentiment ridicule mais présent. Une part de la vie de celle qu'il aimait lui était inaccessible. Mais le destin de leurs amis devait passer avant tout, alors il n'avait d'autre choix que de laisser cette question en suspend. Lorsque la menace Zarès serait évacuée, ils auraient tout le temps d'en discuter se consola-t-il. Inconsciente des tourments d'Esteban, Zia avait pris la tête de leur petit groupe et les guidait à présent vers l'Alcazar Royal.

Malheureusement, il leur fut impossible de pénétrer dans le château royal espagnol, et ils durent se contenter de faire le tour. Zia en profita pour expliquer à Esteban que si elle avait été très surveillée durant les premiers temps de sa captivité, on avait peu à peu commencé à la laisser errer dans certaines zones du palais. Se rappelant de la douceur et du caractère effacé de la jeune fille lors de leur première rencontre, il n'avait pas de mal à comprendre pourquoi les adultes avaient baissé leur garde. Seule, perdue dans un monde dont elle ignorait tout, sa chère Zia avait dû préférer rester dans le seul endroit qu'elle connaissait, plutôt que de s'aventurer dans cet univers plein de danger.

-Esteban, tu écoutes ce que je te dis ?

-Hein ?

-Tu es dans la lune, mon pauvre. Tout va bien ?

L'esprit embrumé d'Esteban sentit une main chaude se poser sur son front. Cela fit rougir l'Espagnol qui réalisa qu'il s'était laissé entraîné dans ses pensées. Alors qu'ils étaient ici pour changer les choses, voilà qu'il se laissait distraire ! Il recula, et fit un tendre sourire d'excuse à sa bien-aimée, qui haussa un sourcil. L'Inca ne comprenait pas les réactions d'Esteban qui paraissait ailleurs. Ce dernier tenta de s'expliquer maladroitement.

-Je ne sais pas ce que j'ai...

-Tu pensais au futur, n'est-ce pas ?

-En fait... Commença le garçon, gêné de sa réponse.

-Il y a un passage de ce côté. Certains des serviteurs s'en servaient pour descendre à la ville discrètement, sans se faire remarquer.

-Ah...

-C'est étrange, tu sais, tous ces souvenirs qui me reviennent en mémoire. Je n'y pensais plus, depuis que Mendoza m'a emmené sur l'Esperanza. Cette période me paraît si lointaine... Si différente de tout ce que nous avons vécu, ensemble. Et tout risque de s'effondrer à présent...

Zia se laissait elle aussi aller, et sa voix trembla sur la fin. Elle détourna les yeux, mais Esteban eu le temps de voir l'inquiétude dans ses yeux. Ne voulant pas la voir inquiète ou malheureuse, il prit les mains de la jeune fille dans les siennes et essaya de la rassurer.

-Nous ferons en sorte que tout se passe bien. Ambrosius ne sait pas que nous sommes sur ses traces. S'il est ici, nous le trouverons et l'arrêterons.

-Mais... Comment ?

-Ne t'inquiète pas. Nous trouverons bien.

-Oui, je l'espère.

L'objectif était pour l'instant de vérifier qu'Ambrosius se trouvait bien dans le château ou non, et le cas échéant s'il avait été aperçu en compagnie du roi d'Espagne. Esteban et Zia durent attendre le jour suivant leur arrivée pour essayer d'entrer en contact avec une personne à l'intérieur du château. Une servante que Zia avait connue et qui appréciait la jeune Inca. Les deux femmes s'échangèrent des nouvelles, mais la jeune fille resta aussi évasive que possible sur ce qui lui était arrivé depuis qu'elle avait disparue du palais. Inès s'en trouva désolée, mais dû se faire une raison. Elle répondit que non, aucune personne correspondant à la description du personnage qu'elle cherchait n'avait été vue au château. Et aucun engin étrange n'avait été remarqué.

-Une machine volante ? Tu es sûre de toi Zia ? Cela me semble réellement impossible.

Zia resta muette, puisqu'il avait été convenu avec Esteban qu'ils en diraient le moins possible sur les technologies de Mu et d'Atlantide.

-Zia, si tu savais comme je suis heureuse de te revoir.

-Moi aussi Inès. Enfin... Je suis désolée mais...

-Je suppose que tu ne reviendras plus au château, n'est-ce pas ?

Inès faisait preuve de clairvoyance, et cela soulageait Zia que son amie comprenne par elle-même. Âgée de seize ans, l'adolescente savait prendre sur elle, bien que son visage afficha clairement la peine qu'elle ressentait de perdre son amie une nouvelle fois. Mais la place de la jeune fille n'était pas ici, à l'Alcazar. Les deux amies se dirent au revoir et Inès accorda un bref regard à Esteban, qui s'était tenu à l'écart pendant toute la discussion et avait commencé à montrer des signes d'impatience à la fin. Toutefois, il ne fit aucun commentaire désobligeant, conscient que ce passage un peu pénible était également nécessaire. Mais quelque chose lui déplaisait, ils n'avaient toujours pas retrouvé Zarès. Il ne s'était pas attendu à ce que ça soit facile, mais chaque heure qui filait avait tendance à peser lourd sur sa conscience.

Une autre journée se termina, et au matin du jour suivant ils voulurent une nouvelle fois faire route vers le palais royal, décidant que ce serait la dernière fois qu'ils s'y rendaient. Mais alors qu'ils quittaient l'abri sur du Condor et qu'ils faisaient marche vers la ville, une ombre rouge sombre tomba sur Zia et l'attrapa avant de bondir à nouveau. La jeune fille cria et le garçon se figea, effrayé, en reconnaissant leur agresseur. Pendant ce laps de temps, l'assaillant plaça un casque sur la tête de Zia, avant que la jeune fille ne puisse se reprendre et répliquer.

-Za... Zarès !

-Comme nous nous retrouvons, je constate que vous n'avez pas changé les enfants.

-Relâche Zia !

-Oh oui, vous êtes toujours autant attaché l'un à l'autre. Esteban.

Et sans crier gare, Ambrosius s'éloigna en plusieurs bonds puissants, ballottant Zia comme si elle n'était qu'un vulgaire paquet. Esteban poursuivit son ennemi, s'inquiétant de le voir ralentir à chaque fois... Comme si le scientifique voulait qu'il le suive. Puis, lorsqu'ils furent en vue de la machine volante Olmèque posée au sol, Zarès bondit jusqu'au sommet de la monstrueuse tête, et suspendit Zia dans les airs à la grande peur d'Esteban. Heureusement, le scientifique n'était pas assez fou pour purement et simplement lâcher la jeune Inca dans le vide. A la place, il invita Esteban à pénétrer dans l'engin avant de s'y engouffrer avec son otage. Plusieurs minutes plus tard, l'Espagnol entra à son tour et rejoignit Ambrosius dans la salle de commande du vaisseau Olmèque. Cela lui rappelait furieusement le sauvetage de Zia qu'il avait dû effectuer avec Tao en Amérique. Sauf que, lorsqu'ils avaient dû l'arracher des griffes de Ménator, la jeune fille n'était pas assise sur un siège avec un étrange casque sur la tête.

-Te voilà enfin, Esteban.

-Relâche Zia !

-... Espères-tu sincèrement que je vais t'obéir, Esteban ?

Le jeune garçon encaissa la pique acerbe, et serra les poings. Son adversaire le narguait et le rire qu'il entendit ne fit que renforcer la rage qui l'envahissait. Voyant que son ennemi ne répondait pas, Ambrosius reprit la parole, l'air très content de lui-même.

-Vois-tu... Au court de mes recherches sur l'Empire de Mu, j'ai découvert que certains Muens avaient des pouvoirs disons... Spéciaux. Il semblerait que notre adorable sorcière, ici-présente, en ai hérité. Et que les Atlantes, conscients de cette capacité, cherchait à capturer ceux qui la possédaient. Ils avaient même inventé ce casque que tu vois-là.

-Comment ?

-En tant qu'héritier des Atlantes, j'imagine que tu mérites d'avoir un aperçu de la science de tes ancêtres. D'après les textes que j'ai trouvé, c'est particulièrement impressionnant.

Et sans rajouter une parole de plus ou attendre la réponse de son vis-à-vis, le scientifique sortit une sorte de petit boîtier et appuya sur l'un des boutons. L'inca poussa un hurlement de douleur alors que ses yeux se révulsaient. Par réflexe, l'Atlante voulu venir en aide à son amie, mais se retrouva immobilisé. Ambrosius parla d'une voix calme et satisfaite.

-Zia, chère amie, Esteban est bien trop près de moi à mon goût. Repousse-le, veux-tu ?

Aussitôt dit, aussitôt fait, le jeune brun se retrouva propulsé en arrière malgré les gémissements de la jeune fille et les ongles qu'elle enfonçait dans les accoudoirs de son siège. L'Inca avait refusé l'ordre de Zarès, mais il s'était pourtant imposé à son esprit. Sans qu'elle ne puisse rien faire, ses pouvoirs s'étaient activés tous seuls et avaient obéit à l'ordre de leur ennemi. L'expérience laissa la jeune fille haletante et avec un solide mal de crâne. Esteban quant à lui avait souffert de son atterrissage contre le mur, mais ce n'était rien en comparaison.

-Arrête, monstre !

-Oh, à ce que je vois, cela ne se fait pas sans douleur. Mais je serais bon prince, mon enfant. Obéis moi, et je n'utiliserais ce merveilleux casque qu'avec parcimonie. Je ne suis pas un monstre, je ne torturerais pas cette jeune sorcière inutilement.

-Este... Ban... Appela Zia.

-Jamais je ne t'obéirais Ambrosius !

-Vraiment ? Chère amie, que diriez-vous de refaire une démonstration à cet importun ?

-NON !

Cette fois, l'esprit de Zia se cabra de toutes ses forces dans l'espoir de contredire l'ordre d'Ambrosius. Elle ne voulait pas faire de mal à celui qu'elle aimait. Elle ne voulait pas qu'il souffre par sa faute. Et pourtant, malgré tous ses efforts, elle ne pu empêcher Esteban d'être soulevé dans les airs et secoué dans un sens et dans l'autre comme une vulgaire balle que l'on envoyait à gauche et à droite. Elle ne parvenait qu'à le stopper avant qu'il ne se cogne contre un mur. A moins que ce ne soit le scientifique qui ne le veuille pas, elle n'en n'était plus très sure. Elle avait l'impression que sa volonté se pliait face au génie du petit homme roux. Serrant les dents, elle essaya de refouler les vagues de souffrance qui l'envahissait, elle leva les yeux vers son bien-aimé.

-Esteban...

-ZIA !

-M'obéiras-tu, Esteban ? Ou dois-je laisser cet affligeant spectacle se dérouler plus longtemps ?

-C'est bon ! S'il te plaît Ambrosius, arrête de la faire souffrir !

La force qui maintenait Esteban en l'air disparut aussi brusquement qu'elle était apparue, et le corps de Zia s'affaissa sur elle-même. Aussi monstrueux pouvait-il se montrer, Ambrosius faisait au moins ce qu'il disait. Mais ça ne rassura guère le jeune garçon qui venait lui aussi de plier face aux désirs de leur bourreau. S'il pouvait... Mais non, il ne pouvait rien faire. S'il désobéissait, qui sait ce que Zarès ferait subir à la pauvre Zia en retour. Il n'avait pas le choix. Il était frustré au possible, et déçu de lui-même et de ses capacités. Et honteux surtout. Il avait voulu venir, pensant pouvoir gérer la situation et protéger la jeune fille tout en sauvant leurs amis. Et à la place, elle se retrouvait entre les mains de celui qu'ils étaient sensés mettre hors d'état de nuire !

-Zia...

-Elle vit toujours ! Toi, retourne au Grand Condor. Je vais m'élever dans les cieux, et attendre que tu nous rejoignes, ta copine et moi-même. Ce serait dommage de laisser ce bel oiseau d'or cloué au sol, n'est-ce pas ? Un oiseau existe pour voler au milieu des nuages !

-Que veux-tu de nous ?

-Tu verras bien. Oh, prend ceci, cela nous permettra de communiquer entre-nous. Les créations de tes ancêtres sont bien moins massives que celles des Muens, mais impressionnantes malgré tout !

Esteban se contraignit à attraper le « ceci » qui n'était autre qu'un cristal taillé de manière longiligne. Dégoûté par Ambrosius et par lui-même, l'enfant sorti du vaisseau Olmèque en ravalant ses larmes de fureur. S'il avait pu, il n'aurait fait qu'une bouchée du petit homme roux. Mais il ne le pouvait pas. Et il était seul, incroyablement seul. Esteban se rendait compte à quel point la présence de ses amis, et surtout celle de Zia, avait comptée pour lui. Maintenant, il se sentait démuni. Même la vision du Grand Condor ne le réconforta pas. Pire, elle l'attrista encore plus parce qu'il devinait qu'Ambrosius ourdissait quelques projets pour le véhicule doré. Une fois à bord, il posa son front contre le métal froid du tableau de bord.

-Mendoza... Tao... Quelqu'un...

La voix d'Ambrosius le fit sursauter, l'extirpant de son moment d'affliction. Le scientifique réclamait sa présence dans le ciel au plus vite. Sans réfléchir, le jeune homme fit apparaître le levier de commande, et bientôt le Condor s'éleva dans les airs.

-Ambrosius... Comment nous as-tu retrouvés ?

-Oh, d'une manière très simple. Vois-tu, j'arrivais aux alentours de Madrid afin de converser quelques peu avec le bon roi d'Espagne. Il doit arriver aujourd'hui à la capitale, tu vois. J'allais poser ce fantastique vaisseau quelque part, quand j'ai aperçu votre aéronef en forme de rapace. J'ai aussitôt songé que vous ne deviez pas être bien loin, toi ou Zia, puisque vous êtes ceux capable de le piloter. Et je constate ma réussite ! Puis-je savoir où se trouve Tao, mmmh ? Et les trois adultes qui vous collaient aux basques ? Et cette chère Isabella et l'autre inutile ?

-Ils ne sont pas là ! Et même si je savais où ils se trouvaient, je ne vous le révélerais pas !

-Je n'ai guère besoin de tes pauvres lumières, Ô Fils du Soleil. J'ai une très nette idée de l'endroit où tes amis peuvent s'être réfugiés. Car, vois-tu...

Non, Esteban ne voyait pas et ne voulait rien voir. Le ton condescendant d'Ambrosius lui échauffait les oreilles, et il n'aurait rien voulu tant que de lui envoyer son poing dans la figure. Mais il était obligé de subir le monologue du scientifique qui expliqua que, malgré sa disgrâce auprès du Rajah, il avait conservé quelques alliés en Inde. Et que ces derniers lui avaient signalé l'apparition inattendue d'un certain ordre, l'Ordre du Condor. Et que parmi ses membres, se trouvaient Isabella, ainsi que les étrangers ayant participé à l'éviction d'Ambrosius. Esteban senti son cœur sombrer, comprenant que Zarès était parfaitement au courant de l'endroit où se trouvaient ceux qu'ils voulaient protéger. Le silence fut coupé par le ton ravi du scientifique.

-Tu ne dis rien Esteban ? J'en conclu donc que mes pensées sont justes, c'est bien là-bas qu'ils sont. Que dirais-tu d'aller leur rendre une petite visite, tous les deux. Avec nos engins volants, bien sûr.

-NON !!

-Qu'ouis-je ?

Un son plaintif se fit entendre, et la voix de Zia résonna à travers le cristal qu'Esteban tenait dans une main, l'autre tremblant autour du levier de commande du Condor.

-Esteban... Sauve-toi je t'en prie...

-Oh non, ma chère, il ne nous quittera pas. Il craint trop pour ta vie, nous le savons tous deux.

-Esteban !! Abandonne-moi !

***

De leur côté, Tao et Indali se trouvaient également dans les airs, quelque part dans une région du sud de la France. Le Naacal avait sorti son Cube et avait réduit son globe terrestre jusqu'à ce qu'il puisse tenir sur ses genoux. Il indiqua à son amie Indienne, à qu'il avait laissé les commandes, que le Grand Condor se déplaçait et qu'il semblait se diriger vers les frontières de l'Espagne. Les deux amis échangèrent un regard surpris. Esteban et Zia bougeaient... Ils auraient déjà fini ce qu'ils avaient à faire en Espagne ?

-Que veux-tu faire à présent ? Interrogea Indali.

-Ben... On a qu'à les suivre. Enfin, les rattraper surtout, parce qu'ils viennent vers nous.

Le duo, inconscient de l'alliance forcée entre leurs amis et Ambrosius, se dirigèrent vers le Grand Condor. Au bout de deux heures de trajet, ils finirent par apercevoir au loin la silhouette de l'oiseau en orichalque, et furent surpris de distinguer une autre forme à ses côtés. Ils poussèrent ensuite un cri d'effroi en reconnaissant la machine Olmèque, et Tao fut tenté de nier sa présence. Esteban et Zia ne pouvaient pas s'être alliés avec Zarès. Pas après tout ce qu'il leur avait fait ! Mais pourtant, il devait bien se fier à sa vue. Les deux machines volantes planaient bien dans le ciel, côte à côte.

-Tao, qu'est-ce que le Condor fait... ?

Le Grand Condor commença à s'éloigner de la machine Olmèque... Et à prendre de la vitesse. Il filait beaucoup trop rapidement dans leur direction. Choqué, Tao se ressaisi et attrapa le levier de commande de l'appareil pour prendre la suite des opérations. Jamais le Condor qui les avaient porté en son sein durant toute la quête des Cités d'or ne lui avait paru aussi terrifiant. Une carcasse de métal super-rapide capable de causer de gros dégâts à tout ce qu'elle frôlait.

-Éloignons-nous !

L'héli-porteur plongea vers le sol, et le rapace en orichalque piqua à son tour, poursuivant sa proie. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, le Naacal décida de vérifier quelque chose. C'était risqué, surtout avec Indali à ses côtés, mais il ne pouvait pas croire que ses amis soient en train de l'attaquer. Alors, il manœuvra sa création volante pour la faire remonter et la placer le plus près possible du cockpit où se trouvait le pilote. Pris dans son élan, le Condor avait besoin de quelques secondes pour se reprendre. Durant ce laps de temps, l'héli-porteur se plaça au bon endroit, et les deux enfants tentèrent de voir ce qu'il y avait dans l'espace de pilotage.

-Esteban ! Hurla le Naacal.

Soudain, la vitre se rapprocha à une vitesse vertigineuse et percuta le pauvre petit engin qui fut envoyé valser dans les airs. Les larmes aux yeux, Esteban vit l'étrange appareil chuter vers le sol et poussa un cri de désespoir en distinguant les formes de Tao et Indali. Mais Ambrosius lui interdisait formellement de leur venir en aide, croyant sans doute être venu à bout des importuns. D'une voix sombre, il ordonna à Esteban de reprendre sa place aux côtés de la machine Olmèque. Le cœur brisé, l'enfant brun obéi, pleurant et espérant de tout cœur que ses amis parviennent à s'en tirer. Lors de sa plongée, il avait aperçu une forêt, et il avait fait de son mieux pour ralentir au maximum la vitesse du Condor au moment de l'impact. Il ne pouvait qu'espérer à présent...
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout. J'espère que le chapitre vous a plût, la suite arrive prochainement ^^
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Marcowinch »

Un excellent chapitre !
Et avec un suspense insoutenable ! :)
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par isamidala »

Vraiment un chapitre palpitant !!! Bravo🙏🙏🙏
Aides-nous Esteban puisque tu es le Fils du Soleil !
:Esteban: :-@ :Zia:
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Atlanta »

Plus je lis, plus j'aime.
plus je lis, plus je veux la suite.
plus je lis, plus le suspenss est insoutenable
plus je lis, plus j'ai envie d'appliquer le plat de ma main fine sur la joue d'ambrosius à 200 km/h
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Lia »

Merci à vous :D
Tu pourrais bien en avoir encore plus envie à cause de ce chapitre Atlanta. Mais ne t'inquiète pas, c'est prévu qu'il finisse par se prendre une beigne :twisted:
Bonne lecture ^^

Chapitre 4 : Renverser la vapeur

A Pattala, un perroquet au plumage vert semait une pagaille monstre au sein de l'Ordre du Condor. L'animal, qui se reposait sur l'épaule de Mendoza, s'était soudainement animé avant de s'envoler en poussan tde grands cris. Depuis, il piaillait en appelant son maître, sourd à toutes tentatives pour le calmer ou le convaincre d'au moins revenir sur le sol. Mendoza, dépité, ne savait plus trop quoi faire et se passait la main sur la figure au moment de l'arrivée d'Isabella. Cette dernière se posta aux côtés du marin et leva les yeux vers le cacatoès qui tournait sur lui-même.

-Qu'est-ce qu'il a ? Certains commencent à s'inquiéter à cause de ses cris.

-Tao !Tao ! Tao ! Indali !!

-Je ne sais pas exactement, soupira le marin, mais je crains qu'il ne soit arrivé quelque chose à Tao et Indali. Et d'une manière ou d'une autre, Pichu le perçoit.

-Mais... Ils se trouvent quelque part, entre l'Inde et l'Espagne. Non ?

Les deux adultes échangèrent un regard inquiet. Malgré tout leur savoir-faire, ils étaient bien incapable de porter secours aux enfants, trop loin d'eux. D'autant plus qu'ils n'avaient aucun moyen de connaître leur position exacte. Isabella fut la première à se reprendre et essaya de se montrer optimiste. Tout espoir n'était pas encore perdu.

-Ils sont jeunes, mais Tao est un enfant très intelligent, et Indali est combative. Elle apprend vite et bien. Je suis sure qu'ils trouveront un moyen de s'en sortir.

-Je me reproche de les avoir laissés partir.

Des bruits de pas se firent entendre derrière eux. En se retournant, ils virent Athanaos arriver, toujours engoncé dans son costume de l'Ordre du Sablier. L'homme allait de mieux en mieux à mesure que les semaines passaient, se remettant des dégâts que les radiations avaient causé à son corps. Il recommençait même à avoir quelques cheveux sur son crâne. Le père d'Esteban essayait d'avoir l'air serein, mais on pouvait lire l'inquiétude sur son visage.

-Je m'inquiète pour mon petit Esteban. Qu'est-il allé faire avec son amie ?

-Je ne sais pas, regretta Mendoza.

Le perroquet cessa de piailler et alla se réfugier dans les bras d'Athanaos, son petit corps tremblant encore de l'accès de panique qui s'était emparé de lui. L'apaisement de l'animal pouvait être un signe de bon augure, ou tout simplement indiquer son épuisement après l'émotion ressentie. Athanaos caressa le plumage de l'oiseau qui poussa quelques sons appréciateurs. Les trois adultes restèrent un moment silencieux, s'interrogeant sur le devenir des quatre enfants qui s'étaient lancés seuls, à l'aventure. Et dont ils n'avaient aucune nouvelle depuis.

***

-Monstre ! Qu'avez-vous fait, Ambrosius !

Attachée aux accoudoirs et aux pieds de son siège, Zia peinait à retenir ses larmes. Elle avait observé de loin la chute de l'héli-porteur, et reconnu l'engin volant de son ami. Elle n'avait pas besoin de l'avoir vu pour savoir que Tao était à l'intérieur, et elle s'inquiétait pour lui. Esteban était celui qui avait propulsé le petit appareil vers le sol, mais elle ne lui en voulait pas. Elle se faisait bien assez de reproches à elle-même à cause de son impuissance, et ressentait une rage encore plus forte envers Zarès. Non content de la manipuler, il pouvait en plus l'empêcher d'agir contre lui-même grâce au même petit boîtier qui l'avait obligée à se retourner contre Esteban.

-Je n'ai fais que me débarrasser d'un nuisible. Tao aurait de toute façon refusé de se joindre à nous. Et j'estime lui avoir laissé suffisamment de chances comme cela.

Ambrosius avait quitté son costume de Zarès, n'en n'ayant aucune utilité puisque Zia était en son pouvoir et qu'il pouvait manipuler Esteban rien qu'en menaçant de faire du mal à la jeune fille. Le Condor avait dû se poser, faute de lumière solaire, le scientifique avait été tenté d'obliger Zia à utiliser ses pouvoirs pour soulever l'oiseau géant. Mais il avait rapidement oublié cette idée, pensant bien qu'elle ne tiendrait pas le coup. Elle était la corde qui lui permettait de tenir Esteban sous son joug, la sacrifier ne servirait à rien.

-Il ne vous menaçait pas !

-Il aurait fini par le faire.

Ambrosius sortit, sans adresser un seul mot à Zia. Tant qu'elle aurait son casque, elle ne pourrait pas utiliser ses pouvoirs, et il avait plusieurs fois vérifié la solidité de ses liens de crainte qu'elle ne se libère autrement. Zia le constata par elle-même, essayant de se tirer de là. Mais elle ne le pouvait pas. Sans ses pouvoirs, elle redevenait la jeune Inca fragile sur laquelle Esteban avait veillé tout au long de leur aventure au Nouveau Monde. Et elle ne le voulait pas. Parce que tant qu'elle était prisonnière, celui qu'elle aimait serait contraint de faire des choses terribles dans l'espoir de la protéger. Cette situation la faisait souffrir plus que les liens qui la retenaient.

Esteban avait, quant à lui, été enfermé dans une cellule située dans la partie basse de la machine. Connaissant l'animal, Ambrosius pensait bien qu'il essaierait de libérer Zia durant la nuit, et avait paré à cette éventualité. Le jeune garçon avait été sorti du Condor et emprisonné pour la nuit. Il ne pourrait en sortir qu'à l'aube,uniquement pour manœuvrer l'oiseau doré. Le regard que s'étaient lancés les deux hommes au moment où Ambrosius refermait la porte de la pièce disait tout de l'animosité qui les opposaient. Le jeune garçon n'étant pas en mesure d'exprimer plus clairement la hargne qu'il ressentait, il était resté muet comme une tombe, avant de se replier sur lui-même.

***

Taoremua dans le sommeil qui avait succédé à son évanouissement. Les longues heures nocturnes qu'Indali et lui avaient passé à piloter l'héli-porteur au lieu de dormir les avaient rattrapéi mpitoyablement. Entendant des sons étouffés, le Naacal ouvrit les yeux, et poussa un cri de stupeur en apercevant une énorme truffe plaquée contre la vitre. Rem arquant les deux énormes pattes, elles aussi collées à la paroi, et le grand corps poilu auquel elles étaient rattachées, Tao eu le réflexe d'attirer Indali dans ses bras pour la protéger. L'Indienne encore endormie marmonna quelque chose dans son sommeil, mais ne se réveilla pas. Fasciné, le Muen observa l'ours retomber sur ses quatre pattes et le contempler d'un œil curieux. Il reporta son attention sur Indali et vit que son front était luisant de sueur, et senti qu'elle tremblait dans son sommeil. Elle s'éveilla en sursaut lorsque l'ours poussa un grognement puissant.

-AAAAAAAAH !!

Indali émergea en hurlant et Tao, agissant par instinct, empoigna le levier de l'héli-porteur pour le faire démarrer. L'engin crachota, émit un bruit étrange mais parvint à s'élever dans les airs à la grande terreur de l'ursidé qui détala sans demander son reste. Une fois dans les airs, le Naacal fit voler son appareil plusieurs minutes à basse altitude, voulant s'assurer que sa création n'avait rien de trop grave. Il se félicita d'avoir suivi les plans de ses ancêtres qui avaient réellement une science extraordinaire. Voyant que la fille à ses côtés était pâle, il se rappela que c'était sa première aventure et surtout la première fois qu'elle accomplissait une chute aussi vertigineuse. Rajoutez à ça l'attaque du Condor et la vue des deux engins volants gigantesques côte à côte...

-Tu te sens bien ?

-... Oui. Je n'ai plus quatorze ans, Tao.

-Oh. Devant la sécheresse de la réponse de son ami, il préféra se taire.

-... C'est un miracle que nous soyons en vie.

-Pas un miracle, un prodige de l'Empire de Mu !

Indali eu un semblant de rire, constatant que l'aventure qu'il venait de vivre n'avait en rien entamé la fierté légitime de Tao envers ses ascendants. Il fallait un génie extraordinaire pour concevoir des machines pareilles. Et un génie tout aussi impressionnant pour être capable de les reproduire bien que la civilisation créatrice se soit éteinte il y a des millénaires. Un silence s'installa, et ça ne devait pas convenir à Tao puisqu'il reprit la parole.

-Tu sais... Selon le texte que j'ai trouvé, les héli-porteurs étaient utilisés pour les repérages lors de la guerre entre Mu et Atlantide. Ils devaient être rapides, maniables et surtout très solides. Les machines de guerres de l'époque pouvaient être...

-Aussi redoutables que le Grand Condor et la machine Olmèque ?

-Ouais... Solaris aussi, il l'était. Alors c'est pour ça... Il fallait encaisser le choc en cas d'impact.

Le regard de Tao se perdit quelques instants dans l'horizon, tandis qu'il repensait à son vaisseau qui avait attendu des siècles, enfermé dans le Cap de la Lune, et qui les avaient porté ses amis et lui jusqu'au Nouveau Monde. Sacrifié au large du pays des Incas, le navire avait démontré sa puissance redoutable et n'avait sans doute pas été utilisé au maximum.

-J'étais en train de rêver, lorsque l'ours m'a réveillée.

-Mmm ? De l'avis de Tao ça devait plus être un cauchemar, mais il ne fit aucun commentaire.

-C'est étrange, j'ai vu le Grand Condor. Et la Machine Olmèque. Ensemble comme tout à l'heure. Mais cette fois, ils attaquaient un endroit. C'était flou, je n'ai pas pu voir où c'était mais... Je sais que je connais le lieu.

-Ce n'était qu'un mauvais rêve. Nous ne nous attendions pas à ça, et nous n'avons pas vraiment eu le temps de comprendre grand chose avant l'impact.

-On a vu Esteban. Mais pas Zia.

-J'ai peur de savoir où elle se trouve. En tout cas, pour qu'il nous ait attaqué ainsi, c'est qu'on se sert d'elle pour le manipuler. Esteban ne s'en serait jamais pris à nous ! Ambrosius la retient forcément !

-Dans la machine Olmèque ?

-A moins qu'il n'ai un repaire en Espagne... Oui.

Tao ramassa le Cube, qui était tombé au moment où il s'était emparé du levier de commande, et l'activa. La Terre reparut et les deux amis repérèrent le Condor. Ce dernier était à l'arrêt, et ils supposaient que la machine Olmèque l'était tout autant. Le Naacal avait bien envie de tenter de rejoindre les deux engins volants malgré les risques, ne serait-ce que pour savoir s'il pouvait aider ses amis ou non. Mais est-ce qu'il pouvait vraiment le faire avec Indali à ses côtés ? Il avait affirmé à Mendoza qu'il veillerait sur elle. Et il pouvait facilement imaginer qu'elle refuserait de rester dans un coin, le temps qu'il essaie d'aider Esteban et Zia. Elle avait son caractère.

-Tao, regarde !

Alors qu'il pensait, la Terre avait commencé à se séparer pour adopter une toute autre forme. Celle d'une femme adulte semblable à Zia. Rana'Ori, l'impératrice de Mu venait de se matérialiser par lumino-projection via la création de son descendant. Les deux la contemplèrent, ahuris face à cette vision d'un être ayant vécu des millénaires avant eux. Certes, ils savaient qu'elle était encore vivante. Mais entre savoir et constater, il pouvait y avoir tout un monde. L'impératrice s'amusa de leur étonnement et plaisanta en demandant s'ils avaient vu un fantôme.

-Majesté !

-Oh, je t'en prie Tao, appelle moi Rana'Ori. Ou princesse si tu y tiens. Je suppose que c'est la fameuse Indali qui se tient à côté de toi. Esteban et Zia m'ont tant parlé de vous deux. Hihihi !

L'impératrice ne précisa pas en quels termes les deux élus avaient parlé de leurs amis, et les concernés n'osèrent pas lui demander. Par contre, l'esprit curieux de Tao se remit en marche et le jeune homme commença à déverser un flot de questions.

-Maj... Pardon, princesse. Est-ce que c'est vrai que toutes les Cités d'or sont réunies dans la dimension où vous vous trouvez ? Même la dernière ? Et Tseila est réellement intacte ? Qu'est-ce qu'il y a d'autre là-bas ? Et, au fait, quel est ce lieu où...

-Chut. Ta princesse souhaite s'exprimer. Alors respire, merci, intervint Indali en plaquant son index sur la bouche de son ami.

-En d'autres temps, je répondrais peut-être à tes questions, jeune Tao. Mais j'ai hélas de terribles informations à vous communiquer. Sans doute, Esteban et Zia vous ont-ils expliqué ce qui les a ramené dans votre dimension ?

A l'air interrogateur des deux jeunes gens, la princesse comprit que, pour une raison ou une autre, les Élus n'avaient rien dit à leurs amis. Tao ouvrit la bouche, mais préféra se taire. Le malaise qui l'avait transpercé le soir où ses amis étaient revenus, et les mauvais pressentiments qui l'habitaient depuis lui revinrent en mémoire. Il posa l'héli-porteur dans la campagne française, voulant se concentrer pour entendre la suite.

-Tout ce qu'ils nous ont dit, c'est que vous les aviez renvoyé à Pattala, fit Indali.

-C'est cela, en quelque sorte.

-Hein ? S'exclama le Naacal.

-Tao, la dimension où je me trouve actuellement est... Spéciale. Hors de l'espace et du temps. Et de part son statut particulier, certaines choses s'y déroulent différemment. Nous ne vieillissons plus, nous les Muens et les Atlantes qui se sont réfugiés ici à la mort de nos deux mondes.

-Esteban et Zia n'avaient pas grandi non plus en six mois, tu te souviens Tao ?

-C'est vrai. Je suis légèrement plus grand qu'Esteban maintenant, héhé ! Mais... Il s'est passé quelque chose, durant ces six mois. C'est cela ?

-Plus ou moins. En réalité, ils n'en sont pas à leur premier retour dans votre dimension. La première fois qu'ils m'ont quittée, ils ont atterri trente ans dans le futur. Ce qu'ils y ont vu les a choqué, au point qu'ils sont revenus avec la ferme intention de retourner à l'époque où ils sont partis.

-Mais qu'est-ce qu'ils y ont vu ? Interrogea Tao.

-Ça... Je ne pense pas être la mieux placée pour pouvoir vous le dire. Eux seuls peuvent réellement vous l'expliquer.

-Mais... C'est en lien avec ce qu'il se passe maintenant, non ?

-Bien sûr. Mais il y a plus grave encore. Leur retour aurait pu amorcer l'émergence d'un nouvel avenir, plus lumineux. Moins désespéré. Mais ce n'est pas ce qu'il se produit. Leurs actions n'ont fait qu'empirer la situation. Votre horizon s'obscurcit.

-Comment ça ?

-C'est simple Indali, intervint Tao, Esteban et Zia sont revenus dans le présent alors que si j'ai bien compris, ils n'étaient pas sensés y être. Leur présence à notre époque bouleverse le court des choses. C'est un peu comme si tu mettais un barrage sur un fleuve. Il sera forcément détourné vers un lieu autre que son embouchure première.

-Mais là, le fleuve va vers la mauvaise direction. Oh Tao... Et si le rêve que j'ai fais était réel. Et si le Condor et la Machine Olmèque allaient réellement...

-N'ait pas peur, le Naacal pris les mains de son amie dans les siennes, ça va aller. Il y a forcément une solution pour empêcher le pire.

-Pattala... C'est Pattala qui va être attaqué...

-Indali, Tao a raison, il n'est pas encore trop tard. Écoutez, ça va être un peu compliqué. Le voyage temporel effectué par Esteban et Zia impliquaient de bouleverser l'avenir entier, et ils auraient dû en payer le prix. Vos futurs vous ont offerts leur vie enfin que vos amis n'aient pas à effectuer ce sacrifice. Avant qu'ils ne meurent, je leur ai assuré que cela n'aurait aucun impact sur vous deux, dans le présent. Vous n'aurez rien à payer. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que ce sacrifice vous permette de pressentir des choses.

-Nos malaises ? Interrogea Indali.

-Oui, et vos craintes. Par je ne sais quel phénomène, vos esprits ont senti le danger, au point que vous êtes partis. Et cela aussi, a son importance.

Les deux amis comprirent, ou du moins pensaient avoir saisi. Dans le futur provoqué par Esteban et Zia, ils seraient restés à Pattala.Et si le rêve d'Indali était réel, alors ils auraient subit la double attaque du Condor et de la Machine Olmèque. En se sacrifiant pour leurs amis, les eux-mêmes du futur leur avait également ouvert de nouvelles voies.

-Et maintenant ?

-Maintenant, mon cher Naacal, c'est à vous de décider de ce que vous voulez faire. Dans ma dimension, je ne peux qu'entrevoir des possibilités, des pistes... Mais je demeure incapable de distinguer tous les événements nécessaires à la naissance d'un futur favorable. Je ne puis que vous souhaiter bonne chance. Toutes mes pensées vont vers vous, et vers les Élus.

Le Cube s'éteignit, abandonnant Tao et Indali sous la lumière des étoiles et de la lune. Chaque membre du duo se laissa retomber sur son dossier, soufflé par toutes ces révélations. Une part du mystère était levé, mais le voile était toujours présent. Il leur était facile de deviner que, quel que soit le futur, il était horrible. Et il y avait fort à parier qu'Ambrosius y était lié. Le Naacal activa son outil et fit réapparaître la Terre. Le Condor était resté à la même place. Le garçon paru songeur et indécis.Indali s'aperçut qu'elle avait toujours ses mains serrées dans les siennes. Émue, elle les retira lentement avant de poser une main sur son épaule.

-Il faut que nous rejoignons Esteban et Zia. Ils ont besoin de nous.

-Ça va être dangereux.

-Aussi dangereux que traverser une partie de l'Asie et de l'Europe dans ton héli-porteur ? Que frôler l'habitacle du Condor alors que ce dernier est en train de nous attaquer ? D'accord, je ne suis pas habituée à ce que nous venons de vivre, mais je ne peux pas me permettre de flancher. Esteban et Zia ont besoin de notre aide !

-Oui, Tao réalisa qu'il avait peut-être eu tort de s'inquiéter comme il l'avait fait pour elle, je ne sais pas encore comment on va pouvoir le faire, mais on les sauvera. Mais je me demande...

-Oui ?

-Pourquoi ils ne m'ont rien dit ?

La question méritait d'être posée. Le lien qui unissait Tao aux deux enfants élus était si fort que le secret qu'ils avaient eu pour lui était incompréhensible. Et maintenant qu'il en savait un peu plus sur ce qui tracassait ses amis, il commençait à se faire des idées.

-Tu crois que j'ai fais quelque chose dans l'autre futur ?

-Non, ce n'est pas forcément cela. Tao, il a pu se produire de nombreux évènements en trente ans.

-Je me suis peut-être allié avec Ambrosius qui a réussi à me manipuler et...

-Tao, essaie de trouver un moyen de prévenir Mendoza. Ou réfléchit à comment nous pourrions venir en aide à Esteban et Zia.

La jeune fille sentait bien que si elle le laissait faire, son ami allait se triturer les méninges jusqu'à ne plus supporter toutes les questions qu'il se posait. Elle aussi s'interrogeait sur le pourquoi des actions du jeune couple, et sur le secret qu'ils avaient maintenu même auprès de leur meilleur ami. Mais la menace qui planait était trop importante pour qu'ils perdent du temps en conjectures. Ils auraient tout le temps d'interroger leurs amis dés qu'ils les auraient libérés des griffes d'Ambrosius. Aux côtés de l'Indienne qui avait prit le contrôle du véhicule, Tao commença à réfléchir à autre chose qu'aux raisons qui avaient conduit ses amis à le laisser de côté.

***

Quelques jours plus tard. Sud-Ouest de l'Inde, peu avant le crépuscule.

Elle voyait des ruines fumantes partout. Des maisons avaient été écrasées et explosées par une masse impressionnante, et des corps gisaient ça et là. Des sillons traçaient encore le passage que la chose ayant attaqué l'endroit avait tracée sur le sol. Zia reconnaissait l'endroit. Il s'agissait de l'Ordre du Condor. Même le Temple Mémoire n'avait pas été épargné par les ravages de la machine. Et ces corps recouvraient le sol. Privés de vie.

-Bien sûr, s'exclama la voix d'Ambrosius à travers la brume de son rêve, c'était peut-être un peu prémédité de ma part de vous obliger à transporter le Condor, ne fut-ce que sur quelques kilomètres supplémentaires. J'aurais juré que vos immenses pouvoirs, couplés à ce développeur de capacités, vous permettraient de réaliser cette action.

Elle n'avait pas vu l'attaque, comme si son esprit avait refusé cette vision. Mais elle commençait à distinguer les corps. Mendoza et Laguerra, gisant côtes à côtes, ils n'avaient même pas pu se défendre. Gaspard était un peu plus loin. Mais elle ne voyait nulle trace d'Athanaos. Et encore moins de Tao et Indali. Étaient-ils morts à cause du Grand Condor ?

-Enfin, vous avez survécu. Et ces heures de sommeil ont dû vous faire du bien. J'espère que vous pardonnerez l'enthousiasme dont j'ai fait preuve, mais nous sommes presque arrivés. Nous remonterons bientôt vers le Nord-Ouest. Vers Pattala.

Émergeant péniblement de ces visions qui la harcelaient depuis la nuit, Zia ne releva pas les yeux vers le scientifique. Ce dernier avait bien failli la tuer en voulant amplifier la puissance et la portée de ses pouvoirs, voulant l'obliger à porter le Grand Condor par la force de son esprit. Et il n'avait pas même l'air ne fusse-ce qu'un peu désolé de la souffrance qu'il lui avait imposé. Encore exténuée à cause de ce traitement, elle pouvait à peine remuer sa tête qui lui causait de grands maux. Elle pensa à Esteban et se demanda s'il avait vu la tentative d'hier soir. Si oui, elle imaginait très bien dans quel état il se trouvait actuellement. Elle aimerait pouvoir être à ses côtés pour le soulager. Et rien que sa présence à lui serait un baume pour son âme.

Maniant la Machine Olmèque en plein vol, Ambrosius était toujours sans son costume de Zarès. Il ne ressentait aucun regret face à la douleur qu'il avait infligé à la jeune fille. Il était simplement dépité de ne pas avoir réussi sa petite expérience. D'autant plus que malgré sa nuit de repos, Zia ne semblait pas avoir beaucoup récupéré.

-Vous pouvez parler, non ? Que je puisse faire entendre votre voix à...

Soudain, la porte de la salle s'ouvrit. Sous le choc, le scientifique vit apparaître sous ses yeux celui qu'il croyait avoir vaincu précédemment. Tao se tenait devant lui, bras croisés et le toisant fièrement, avec un petit air malicieux en plus. Tremblant de rage, mais aussi d'une certaine fierté, l'homme roux pointa un doigt accusateur vers l'adolescent.

-Toi. Toi !

-Surpris de me voir Ambrosius ? Tu devrais pourtant savoir que la science de mes ancêtres est capable de produire des choses étonnantes.

-D'Esteban ou de Mendoza je me serais attendu à pareille chose ! Mais je n'aurais jamais pensé te voir débarquer ainsi sans...

-Ouais je sais, tu me connais trop bien Ambrosius... Habituellement, je serais venu avec un plan. Ou je me serais reposé sur la technologie de mes ancêtres, peut-être sur mon engin volant. C'est pour ça, que je ne l'ai pas fait. Hihihi.

Le Naacal s'était fouillé l'esprit pour savoir ce que son ami brun ferait à sa place... Avant que l'épisode de leur assaut dans la base Olmèque de Menator ne lui revienne en mémoire. Indali l'avait traité de fou lorsqu'il lui avait annoncé qu'il allait placer l'héli-porteur au-dessus de la base afin de sauter dans les airsj usqu'au toit. La jeune fille avait obtenu gain de cause, et elle s'était posée sur le haut de l'immense tête, afin de laisser son ami sortir. Elle était très inquiète, mais l'idée de Tao nécessitait qu'elle reste dans l'héli-porteur, proche de la base, mais dissimulée aux yeux d'Esteban et d'Ambrosius. Son ami lui avait promis qu'elle saurait à quel moment elle devrait intervenir.

-Oh, reprit Ambrosius, et je peux savoir ce que tu comptes faire à présent ? Me sauter dessus ?

Tao laissa son regard dériver brièvement vers Zia. La jeune fille avait légèrement levé la tête, le fixant avec un mélange d'effroi et d'inquiétude. Et il devinait aussi son épuisement, bien qu'il ne sache pas ce que le petit homme lui avait fait subir exactement. Une part de lui était heureux d'avoir deviné juste, mais une autre aurait préféré avoir tort. Son amie semblait si mal en point. Et qu'est-ce que c'était que ce casque qu'elle portait sur la tête ?

-Tu ne réponds pas. Tu me déçois. Zia, à toi de...

Une alarme retenti puissamment, annonçant que la base allait se scinder dans cinq minutes et qu'il fallait l'évacuer de toute urgence. Le scientifique poussa un cri de frustration qui se transforma en rage lorsque Tao bondit sur lui pour lui arracher la commande sur laquelle il s'apprêtait à appuyer. La situation lui échappait, il ne savait comment. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être admiratif face à ce jeune esprit si brillant. Une toute petite part de son esprit était encore attaché à Tao, petite lueur héritière du puissant soleil qu'avait été l'Empire de Mu. Qu'aurait donné l'alliance de leurs deux merveilleux esprits réunis ?

-Nous aurions pu faire tellement de choses ensemble.

-Il fallait y réfléchir avant, Ambrosius.

-Mais j'y songe depuis que je t'ai rencontré mon enfant. Toi et moi valons mieux que tous ces rois corrompus qui ne désirent que conquérir le monde, en asservissant ceux qui n'ont pas la possibilité de se défendre contre eux.

-Parce que tu n'utilisais pas des personnes sans défense pour atteindre ton but toi ? Et Athanaos ? Et les villageois indiens que tu maintenais en esclavage ? Et Zia ?! Qu'est-ce que tu lui as fait ?! Réponds ! Qu'est-ce que tu lui as fait subir ?!

-Tout cela c'était pour le bien du plus grand nombre. La science se doit parfois d'accomplir des sacrifices... Qui peuvent paraître terribles, j'en conviens. Quant à notre petite sorcière, eh bien j'essaie simplement d'exploiter au maximum ses capacités.

Tao serra les poings et les dents pour s'empêcher de purement et simplement exploser de rage. Mais comment avait-il pu être aussi aveugle et ne pas voir toute la félonie de celui qu'il avait tellement apprécié. Est-ce qu'il y avait un jour eu quelque chose de bon chez Ambrosius ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui plaire chez lui ?

-Tu n'es qu'un hypocrite Ambrosius, tu ne vaux pas mieux que ces souverains qui ne cherchent que la gloire, ou que les conquistadors qui détruisent tout un peuple.

-Tu admets toi-même que...

-Tais-toi !Intelligent comme tu l'es, tu devrais savoir qu'il y a des milliers de manières de profiter des peuples. Il ne suffit pas d'avoir du pouvoir ou de la puissance ! Je ne veux plus entendre les mots d'un monstre qui était prêt à utiliser de jeunes enfants dans ses ateliers, à failli nous tuer Esteban et moi à Lalibela, s'est moqué du sort de la Terre à Chambord et enfin n'hésite pas à torturer une jeune fille juste pour arriver à ses fins. Tu trahis la science Ambrosius ! Tu trahis la volonté du peuple de Mu en pervertissant son héritage !TU ME DEGOÛTES !!

Le cri venait du fond du cœur et Zia eu même l'impression qu'il se répercutait sur les murs. Le vaisseau olmèque trembla et commença à se pencher, comme pour signifier la fin de la discussion. Et comment pourrait-elle continuer de toute façon, le Naacal venait très clairement d'exprimer ce qu'il ressentait envers son ancien mentor. Ce dernier resta immobile pendant quelques secondes, avant que son visage ne se couvre d'une haine pure et simple. Ce fut sur un ton terriblement calme qu'il déversa des paroles pleines de venin.

-Je te dégoûte, Tao, parce que tu es encore jeune et plein d'illusions malgré ton esprit brillant. Tu crois encore en des choses qu'il n'est plus permis de croire lorsque l'on atteint mon âge. Et, tu sais, à seize ans je ne me serais jamais imaginé là où je suis aujourd'hui. Qui sait où tu seras toi, dans quelques années ? Enfin, si tu survis à ce que tu as provoqué, bien entendu.

Les parties de la machine Olmèque commencèrent à se dessouder, la séparation n'allait plus être longue. Et lorsque cela serait fait, elles s'effondreraient toutes vers le sol. Sans un seul regard pour eux, Ambrosius abandonna Tao et Zia à leur sort. Une fois le scientifique parti, la voix faible de la jeune Inca s'éleva dans la pièce.

-Tao, est-ce que ça va ?

Tao était encore tremblant de la colère qui s'était emparée delui et l'avait poussée à vider son sac sur Zarès. Il y aurait des conséquences, les deux le savaient très bien. Ils n'auraient jamais dû le laisser partir en France. Enlevant d'abord le casque qui enserrait le crâne de Zia, il l'observa quelques secondes, avant de sortir une bombe de la manche de son poncho et de l'envoyer contre l'une des vitres formant les yeux de l'appareil olmèque. Il n'avait pu n'en fabriquer qu'une, mais celle-ci était suffisamment efficace. Ouvrant ainsi un passage vers l'air libre.

-Oh Tao... Je suis désolée... Pardonne-nous...

-J'allais quand même pas laisser Ambrosius se servir de vous à sa guise.

-Nous aurions dû... Te...

-Zia, chut. Plus tard. Indali va arriver. Mais... Dis-moi. Zia, est-ce que... Non, plus tard aussi. Il faut que nous sortions de là avant.

La salle où ils se trouvaient tanguait de plus en plus et Tao dû maintenir Zia contre lui afin qu'elle ne glisse pas en le lâchant. La dernière partie de son plan était en marche, ce n'était pas le moment de perdre son amie. Serrés l'un contre l'autre, les deux enfants virent bientôt pénétrer L'héli-porteur avec une jeune indienne à l'intérieur. Indali se contenta d'ouvrir la portière pour permettre à ses amis de pénétrer à l'intérieur, et l'état de Zia lui inspira suffisamment d'effroi pour qu'elle oublie sa colère contre le Naacal. Le trio fut rapidement hors du centre qui continuait sa chute vers le sol. Serrée entre ses sauveurs, Zia commençait à dodeliner de la tête en grimaçant.

-Zia, tient bon s'il te plaît. Si Esteban te voit inconsciente, il va paniquer.

-Mais qu'est-ce que Barbe-Rouge lui a fait Tao ?

-Je... N'ai pas vraiment pris le temps de lui demander. ZIA !

La jeune inca venait de s'effondrer dans les bras de Tao, pile au moment où Indali parvenait à placer l'heli-porteur en face du Grand Condor. Pendant de terribles secondes, Tao craignit d'être arrivé trop tard pour sauver son amie, avant d'entendre le souffle de sa respiration. Comme si ça ne suffisait pas, une ouverture apparue sur le front de la machine Olmèque. Une ombre rouge s'envola, sans se préoccuper du petit héli-porteur réfugié sous l'une des immenses ailes de Condor, ni du rapace géant lui-même. Avant qu'Indali ou Tao ne réagisse, le Condor filait déjà à la poursuite de l'engin. Malheureusement, le soleil était déjà trop bas dans le ciel et l'oiseau suivit le mouvement de l'astre qui lui conférait sa force et sa rapidité. S'ils ne l'entendaient pas, Tao et Indali pouvaient très bien imaginer les hurlements de rage et de frustration poussés par Esteban en cet instant précis. Un temps semés par l'appareil en orichalque, les deux enfants avaient bien conscience qu'ils finiraient par rattraper leur ami. Ils auraient pu essayer de rattraper Ambrosius, mais l'état de Zia était trop inquiétant, et ils l'avaient déjà pratiquement perdu de vue.

-Tao ?

-Oui ?

-Ce que tu viens de faire, ne me le refais plus jamais ! Déjà que tu avais dans l'idée de sauter dans les airs jusqu'à la machine Olmèque, mais en plus tu as pris d'énormes risques. Et si je n'avais pas pu vous rejoindre à temps.

-Mais je savais que tu y arriverais, Indali, tenta le Naacal d'un ton enjôleur.

-...

-Tu maîtrises très bien l'héli-porteur, tu sais. Je suis fier de toi.

-Je maintiens ce que j'ai dit, répliqua l'Indienne d'un ton dur, ne me refais jamais ça.

Mais un léger sourire montrait qu'elle avait été sensible aux paroles de son ami. Le couple arriva bientôt auprès du Grand Condor, et tous remarquèrent que le bec était ouvert et que la silhouette d'Esteban s'éloignait de l'oiseau doré. Tao se précipita à la poursuite de son ami qui finit par trébucher sur un caillou et s'affaler sur le sol. Le Naacal parvint à le rattraper et à le saisir par les épaules avant qu'il ne reparte dans sa course effrénée et perdue. Zarès n'était plus visible dans le ciel, et ils n'avaient aucun moyen pour le localiser. Ce qui n'empêchait pas l'Atlante de se débattre.

-Esteban...

-Fiche-moi la paix Tao !

-Esteban, tu ne pourras jamais le rattraper. Et même si par hasard tu y arrivais, il est trop fort pour toi. Et s'il te remet la main dessus on fera quoi, hein ?

-M'en fiche !

-Mais arrête, puisque je te dis que...

-Tu te moques de ce qu'il a fait à Zia ou quoi ?!

Le coup de poing sur le crâne parti comme une flèche et sonna à moitié Esteban qui mit quelques secondes à réaliser que son ami venait de le frapper. Mais il en eu pleinement conscience lorsqu'il croisa son regard furieux. Emporté par son impulsivité, il venait de blesser Tao.

-T'en as d'autres des comme ça ?! Je m'inquiète pour vous depuis que vous avez filé avec le Grand Condor et vous ai suivis jusqu'en Europe, puis jusqu'en Inde juste pour vous aider ! Et après je me fiche de ce qui arrive à Zia? Non mais tu me prends pour qui ? Ou pour quoi ?

-Tao, je t'assure que je ne pensais pas...

-Qu'est-ce que je vais faire de si terrible dans trente ans pour que vous ne me fassiez plus confiance ? Rana'Ori vous renvoie ici et vous vous lancez sur les traces d'Ambrosius comme ça ! Sans rien me dire ! La voix de Tao faibli un peu sur la fin de sa lancée.

-Quoi ? Oh, non Tao, c'est pas ça du tout ! Je te jure que ce n'est pas une question de confiance !

-Alors quoi ?

Esteban aurait voulu interroger son ami sur ce qu'il savait exactement et sur la manière dont il en avait eu connaissance. Mais il voyait bien dans le regard de Tao qu'il attendait des réponses. Et que, fidèle à lui-même, il avait commencé à envisager le pire. Une vague de culpabilité l'envahit, et il commença à penser que Zia avait raison. Ils auraient mieux fait de le dire. Alors, il décida der aconter toute l'histoire à Tao. Leur retour à Zia et lui trente ans dans le futur, et ce qu'ils y avaient découvert, il passa sous silence les différentes morts de leurs amis précisant simplement qu'ils n'étaient plus là, leur décision de venir au plus proche de la date de leur départ afin de les aider. Et, son ami n'avait pas besoin qu'il lui raconte, la suite il ne la connaissait que trop. Il leva timidement les yeux vers son ami pour voir sa réaction. Au moins, l'incertitude avait disparu de son regard. Le Naacal fini par soupirer, pris d'un accès de lassitude.

-Alors toi... Le pire c'est que ça m'étonne même pas qu'elle t'ait suivi. Et je suppose que vous pensiez vraiment nous protéger.

-Oui, je sais. Je n'aurais pas dû. Nous aurions dû vous en parler. Vous nous faisiez confiance.

Tao essaya d'avoir l'air fâché.

-Oui,vous auriez dû. Vous pensiez vraiment pouvoir disparaître comme ça, sans qu'on ne se pose pas de question. Mais surtout, Esteban, tu peux m'expliquer comment vous vous êtes fichus dans la tête que vous deviez nous protéger ? Hein ?

-Mais Tao, vous aviez tellement souffert.

-Non !

-Si !

-NON ! C'est les nous du futur qui ont souffert à cause de ce conflit déclenché par Ambrosius. Mais les nous du présent eux n'ont pas encore connu ça ! Nous aurions pu nous préparer à son attaque si vous nous l'aviez dit plus tôt ! Et maintenant il est en Inde, sans que nous ne sachions exactement où il se trouve ni quelle est sa destination !

Tao se rendit compte qu'il élevait un peu trop la voix contre son ami qui avait cru bien faire. Mais c'était bien le problème avec Esteban, il voulait toujours bien faire. Et Zia aussi. C'était pour ça qu'il avait attendu quelques jours avant de se lancer à leur poursuite. Il se rendit compte que son ami espagnol était au bord des larmes. La remontrance l'avait davantage secoué qu'il ne l'aurait pensé. Le Naacal posa les mains sur les épaules de son ami, essayant d'oublier les dernières paroles que Zarès lui avait lancé et qui lui revenait en mémoire.

-C'est bon Esteban. Ce n'est pas encore terminé, nous pouvons toujours nous défendre.

-Tu n'as pas vu Tao, tu n'as pas vu ! C'était tellement triste là-bas. Et Indali et toi, vous étiez...

-Ça n'arrivera pas, puisque maintenant nous savons à quoi nous en tenir.

Les deux garçons échangèrent un regard qui se voulait confiant enl'avenir. Même si Zarès leur avait filé entre les doigts, ils avaient au moins remporté une petite victoire. Mais tout n'était pas encore gagné, car leur adversaire avait rejoint la base des quelques personnes qui lui restaient fidèles en Inde. Et ces derniers avaient recensé les personnes capables de se battre au sein du groupe, ainsi que l'emplacement de certains bâtiments plus importants que d'autres. La seule chose qu'ils ignoraient encore, c'était l'emplacement des artefacts Muens. Mais ça ne faisait rien. S'ils détruisaient l'Ordre dans son intégralité, ils auraient tout le temps pour les chercher ensuite.
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Atlanta »

J'ai lu, et je maintiens mon opinion ^^.
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Lia »

Oui, l'histoire n'est pas finie mais je reviens quand même avec une annexe qui se déroule pendant les 30 ans où Esteban et Zia ont été absents. Le chapitre va aborder un thème dur voir possiblement très dur selon le vécu de chacun. N'hésitez pas à faire une pause si besoin et bonne lecture tout le monde. Promit je ne vous oublie pas, la fête à Barbe-Rouge finira par arriver.

Bonne nuit, Pichu

L'Inde venait de fêter le début d'une nouvelle année et Indali était partie passer un peu de temps auprès de sa famille. Tao avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée depuis le départ d'Esteban et de Zia, et pourtant vingt-huit ans seulement étaient passées. Tellement de sang et de larmes avaient coulé pendant cette période, surtout au court des premières années. Lorsqu'il repensait à la formidable quête qui les avait fait voyager à travers le monde, elle lui apparaissait comme un rêve. Et pourtant, elle n'avait pas été une sinécure, ils avaient dû affronter maints dangers. Mais comparé à ce qu'Ambrosius avait infligé aux membres de l'Ordre du Condor, ce n'était rien. Le Naacal regarde le soleil se lever, assis sur les marches du temple mémoire. Cœur même de l'Ordre. Au loin, la nature se réveille, prête à démarrer une nouvelle journée.

Une nouvelle année donc. Douze mois àse demander si Esteban et Zia allaient bien, et s'ils finiraient par revenir à Pattala. Malgré les peurs que ce retour lui inspirait, il avait même demandé à quelques hommes de s'installer près du village de Neshangwee pour guider les deux enfants élus lorsqu'ils reviendraient dans leur monde. Il n'avait rien pu faire pour protéger les victimes de la guerre contre l'Espagne et ses alliés, il pouvait au moins veiller à ce que ses deux meilleurs amis ne soient pas livrés à eux-mêmes dans un monde qu'ils ne connaîtraient plus.

-Mmm... Qu'est-ce que je vais faire moi ?

Durant toutes ces années, il avait eut largement le temps d'étudier les nombreuses inscriptions du temple qui se trouvait derrière-lui, et en avait déchiffrer de nombreuses autres dans le monde. L'Ordre allait bien, la dernière crise remontait à un moment déjà. Moins remuant qu'il ne l'était, Tao prenait davantage le temps parfois de profiter de la vie. Peut-être allait-il faire ça en attendant le retour de celle qui ne l'avait jamais lâché malgré les difficultés. Elle devait revenir ce jour-ci. Alors que ses pensées voguaient vers Indali, un piaillement se fit entendre.Il y avait de nombreux oiseaux dans la forêt avoisinante, mais il reconnaîtrait le cri de celui-ci entre tous.Une petite boule de plumes verte vint à lui et il tendit les mains pour l'attraper.

-Salut mon Pichu, alors comment ça va ce matin ?

-Rrrr...

Le son était affaibli, perceptible mais moins fort qu'il ne le fut. Il y a deux mois, le cacatoès avait attrapé une maladie qui avait failli l'emporter. L'oiseau avait commencé par se montrer plus agressif et boudeur sans que personne n'en comprenne la raison. Puis il s'était mis à tousser et ses yeux avaient considérablement enflé. Pichu avait eut de plus en plus de mal à voler et avait passé des journées simplement posé sur une table et mangeant à peine. L'animal avait fait peine à voir, et le maître aussi. Mais aujourd'hui, le perroquet allait un peu mieux. Même si la grande forme n'était jamais revenue. Il avait vieilli.

-Tu crois qu'ils vont revenir cette année ?

-Rrrr...

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne respires pas fort.

Pichu vint se poser sur l'épaule de son ami, et se frotta la tête contre sa joue. Puis, au bout de quelques secondes il commença enfin à parler.

-... Au revoir. Tao...

Le geste cessa et la créature tomba, rattrapée dans sa chute par Tao qui, malgré toute son intelligence,eut besoin d'un peu de temps pour comprendre pourquoi son petit compagnon à plumes gisait dans ses mains. Ce n'est qu'après deux minutes, qu'il réalisa que, sentant sa fin arriver, Pichu avait utilisé ses dernières forces pour venir saluer celui qu'il avait suivi depuis l'île lointaine où ils vivaient jadis. Avec le perroquet vert, c'était toute son enfance et son adolescence qui s'évaporait. Un grand vide se créa dans son esprit, un espace douloureux dans lequel il se noyait. Son cœur se brisa et sa gorge le serra douloureusement. Il perdit tout contact avec la réalité,et Indali le trouva prostré sur les marches du temple, la petite boule de plumes serrée contre son cœur.

-Tao ?!

Elle se précipita vers lui et son regard se posa sur Pichu. En le voyant aussi inerte, elle compris tout de suite ce qu'il venait de se passer et l'impact que cela avait eut sur l'homme à ses côtés. Peut-être devrait-elle remercier les dieux d'avoir épargné l'animal aussi longtemps. Pour l'instant, elle se contenta d'extirper l'oiseau des mains de son maître, ce qui eut pour effet de faire réagir ce dernier. Elle inséra une main dans la sienne.

-Ça fait longtemps ?

-Je sais pas... Vingt minutes peut-être...

Tao regarda la petite créature qui reposait dans les bras d'Indali. Il avait encore du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. Le Muen détourna les yeux, ne pouvant plus supporter de voir le petit corps. Il repris d'une voix plus faible.

-Il est venu me dire au revoir. Juste avant.

-Oh... Je suppose que c'est qu'il n'a pas connu une si mauvaise vie que ça, à tes côtés.

-Il avait l'air de se remettre...

-Quel âge avait-il ?

-Mmm... Je crois qu'il avait cinquante ans.

-Tant que ça !

-Les perroquets vivent très longtemps.

Un moment passa, puis voyant que Tao ne disait rien et commençait à s'enfoncer dans la mélancolie, Indali repris.

-Tu veux en parler ?

-Qu'est-ce que je dois raconter pour commencer ? Il y a tant de choses à dire.

-Eh bien... Commence par le commencement dans ce cas. Comment l'as-tu connu ?

Tao mit un moment à émerger de ses tristes souvenirs et à les rassembler. Bien entendu, il avait rencontré Pichu sur son île, puisqu'il l'avait déjà lorsqu'Esteban et Zia étaient arrivés. En fait, il avait toujours eut ce perroquet dans son entourage. Au point qu'il n'aurait jamais imaginé qu'il s'en aille un jour sans lui.

-Pichu appartenait à ma défunte mère.Elle l'a trouvé tout bébé, alors qu'elle-même n'était qu'une adolescente. Elle avait seize ans, je crois. Elle l'a appelé ainsi en référence à un ancien objet muen fabriqué pour être particulièrement bruyant.

-Tu parles peu de ta mère.

-Elle est décédée, un peu avant ma naissance. D'après mon père, une épidémie d'origine inconnue qui l'a emportée. Elle et la petite communauté qui vivait avec nous. Il disait que ça avait été le premier signe. Celui indiquant aux descendants de Mu que la fille de l'Est viendrait bientôt.

-Zia ?

-Oui. Des années après la mort de mon père, Zia est arrivée sur mon île. Avec Esteban et les trois marins espagnols. Et c'est là que nous avons quitté l'île, Pichu et moi.

Les deux adultes se levèrent des marches du temple, les jambes endoloris et le cœur encore plus. Indali portant toujours le petit corps de Pichu qu'il n'était pas question d'abandonner aux bêtes sauvages. Elle ne savait pas encore ce que le maître de l'Ordre comptait en faire, et se serait à lui que reviendrait cette terrible décision, mais elle ne l'imaginait pas abandonner son oiseau comme ça. Pas après toute cette vie passée ensemble.

-Donc, Pichu a été le compagnon de ta mère. Jusqu'à ce qu'elle parte.

-Oui. Après, il est resté auprès de mon père. D'après lui, j'ai fait mes premiers pas en essayant de l'attraper pour lui arracher une plume.

Le moment n'était peut-être pas propice, mais Indali ne pu s'empêcher d'imaginer un tout petit Tao haut comme trois pommes trottinant derrière le perroquet en essayant de l'attraper. La scène qu'elle imaginait dans son esprit était si drôle qu'elle s'arrêta pour rire. L'éclat était si incongru que le Naacal se retourna pour la regarder avec des yeux ronds. Essuyant des larmes de rire, Indali reprenait difficilement son calme et commenta.

-J'imagine que tu as dû passer une bonne partie de ton enfance à jouer avec lui.

-Oui. Quand mon père était occupé, il arrivait que je passe des heures à m'amuser avec.

Combien de temps avaient-ils passé en tout à courir dans toute l'île et à l'explorer de fond en comble. Pour agrandir la cabane amorcée par le grand-père de Tao, le père du petit Naacal avait récupéré les différents matériaux composants les maisons des Muens décédés. Mais il avait autorisé son fils à explorer les reliefs desdites habitations à manipuler certains objets parmi les moins dangereux. Et Pichu avait souvent été là, à suivre le gamin ou à le regarder de loin. Acte délibéré ou demande du seul adulte de l'île. Le petit animal n'avait jamais donné de réponse, et en aurait été incapable. Quant au père, il était mort bien avant que son fils ne se pose la question.

-Quand mon père est mort, Pichu ne m'a pas quitté d'un pouce pendant toute une semaine. Et il n'arrêtait pas de m'apporter des fruits et de me donner des coups de bec quand je ne mangeais pas.

Les deux adultes étaient arrivés aux limites du village du Condor. Les habitants les avaient vu passer,mais tous étaient trop occupés pour leur adresser longuement la parole. Et Tao n'avait de toute façon pas envie de parler à quelqu'un, à part à Indali. Il se tourna vers elle et tendit les bras pour reprendre son perroquet contre lui. La femme hésita, mais fini par céder à l'imploration muette de son ami. Tao reprit le fil de son récit.

-Les années sont passées... Comme ça...

-Et ils sont arrivés.

-Oui. Au départ, je pensais le laisser sur l'île. Moi j'étais destiné à partir, mais lui pouvait rester vivre là-bas. Il y a toujours vécu après tout.

Mais Pichu avait suivi Tao et le groupe sur le Solaris, puis à travers tout le territoire de ce qu'on appellerait plus tard, l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud. Des semaines, des mois ou six compagnons qui auraient pu ne jamais voyager ensemble avaient parcouru des centaines de kilomètres à la recherche d'une légende. Toutes ces aventures, Indali avait entendu Tao les raconter des milliers des fois, à Athanaos, Paolo lorsqu'il réclamait des histoires de ses parents, ou à elle-même. Et Pichu était toujours présent, petite sentinelle verte alertant ses amis dés qu'il voyait un danger, ou prenant parfois part directement à l'action.

Le couple arriva bientôt aux pieds du Grand Condor, l'autre oiseau ayant marqué de sa patte la quête des mystérieuses Cités d'or.

-Je te jure, Pichu était énervant parfois. A toujours se poser sur mon baluchon lorsqu'il était un peu fatigué. Et il l'était souvent ! Sauf dans le Grand Condor, évidemment. Il voulait que je le porte quand ça lui chantait surtout.

-Et tu le portais quand même.

-Il le fallait bien. Il n'aurait pas pu nous suivre simplement en marchant.

Tao avait plusieurs fois menacé Pichu de l'abandonner sur le bord de la route, excédé par la manie de son animal de se poser sur son baluchon ou sa tête. Mais il ne s'y était tout simplement jamais résolu. Seul, Pichu aurait eut beaucoup de mal à survivre loin de son île natale. Et disons-le franchement, Tao était trop attaché à son perroquet pour le laisser véritablement derrière lui. Toutes les fois où il avait cru le perdre dans l'aventure étaient restées gravées dans son esprit.

-Pichu...

-Oui... A moi aussi, il va me manquer.

-Merci encore de me l'avoir gardé après qu'il ai rejoint votre village.

-Tes amis et toi veniez de protéger les enfants du village des hommes de Barbe-Rouge, faisiez tout pour nous aider et lui-même venait de traverser la jungle pour leur porter un message. Je pouvais bien participer un peu en m'occupant de lui, non ?

-Tu sais. Je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de le perdre que lorsque Zarès s'en est pris à lui à Chambord. Il a essayé de me protéger.

La scène avait été terrible. Le petit oiseau avait été frappé brutalement par Ambrosius et s'était effondré sur le sol, inerte. A ce moment-là, le jeune Naacal avait immédiatement songé non pas à la mort, mais à une blessure grave. Une blessure qu'il était incapable de soigner du fait de son manque d'expérience et de la pression que leur ennemi faisait planer sur lui. En désespoir de cause, il avait confié son ami vert à Nostradamus... Et qui sait ce qui aurait pu se passer si Esteban et Zia n'étaient pas revenus à temps au palais royal. Heureusement, le perroquet avait repris connaissance quelques heures plus tard, et s'était bien remis au court des jours suivants.

-Nous avons détruit la météorite, après Esteban et Zia sont partis.

Un éclat douloureux passa dans le regard du Naacal. Si au départ il avait facilement accepté la disparition de ses amis, pensant qu'ils ne reviendraient que dans quelques mois voire un an, se rappeler de la brusquerie de leur séparation était devenu douloureux. Esteban et Zia ne devaient pas avoir conscience que leur absence durerait si longtemps, c'était ce qui lui permettait de ne pas leur en vouloir. S'asseyant contre l'une des pattes de l'oiseau métallique, l'oiseau à plumes serré dans ses bras, il soupire. Cette journée semblait marquée par le souvenir, et ceux qu'ils s'apprêtaient à aborder étaient bien parmi les pires. Indali s'installa à côté de lui.

-Et après... Zarès est revenu. Et Mendoza est mort.

Un nouveau silence s'installa, tandis que cette période si sombre ayant duré cinq ans

-Je n'aimais pas trop Mendoza au début,il courait après l'or. Les deux autres aussi, et en plus de ça ils étaient peureux et maladroits. Mais ils sont devenus importants. Je n'aurais jamais imaginé être aussi triste de les voir mourir quand je les aient rencontré.

-Mendoza... Pedro... Sancho... Et même Gaspard et Laguerra.

-Et Maïna...

Le chambardement provoqué par les explosions ayant anéanti le malheureux groupe d'amérindiens n'était qu'un aperçu du choc qui avait parcouru le jeune maître au moment du drame. En tant que chef de l'Ordre du Condor, il était considéré comme une cible principale à abattre par un Zarès ayant définitivement renoncé à lui. Lorsqu'ils voyageaient ensemble, l'enfant lui avait parlé d'une certaine Maïna qu'il avait rencontré tout près de la cité de Tseila. Ambrosius était parvenu à mettre la main sur la jeune femme ainsi que sur plusieurs habitants du village. Et il les avaient envoyé dans l'Europe de l'Est. A un endroit où il avait fait courir des rumeurs concernant la présence d'une arme atlante très dangereuse présente là-bas. Comme prévu, Tao n'avait pas résisté, ne serait-ce que parce que serait trop risqué de laisser les armées européennes mettre la main dessus. Et tout le monde savait comment l'histoire s'était terminée pour les malheureux mayas.

-Au moins durant cette période, Pichu était en relative sécurité.

Les villageois proches du temple mémoire, et donc de l'Ordre du Condor, avaient bénéficié de la protection de ce dernier. En échange, ils recueillaient les blessés et ceux ne pouvant pas se battre. Pichu et Paolo en avaient fait partie et s'étaient souvent retrouvés ensemble chez les parents d'Indali. Ces derniers n'appréciaient guère que leur fille s'implique autant dans ce conflit, mais avaient dû accepter son choix. Sous leur toit, Paolo avait donc trouvé un refuge lorsque sa mère devait le quitter et son premier compagnon de jeu dans la personne de Pichu. Les anecdotes sur le bébé et le perroquet avaient été de vrais bouffées d'air frais pour ceux qui allaient au front.

-Après avoir été mon compagnon d'enfance, il a été celui du fils de Mendoza.

-Mais il revenait toujours vers toi.

Le fameux jour où Maïna était morte, il avait hurlé tellement fort que tout le monde avait cru à une attaque et s'était préparé en conséquence. La panique injustifiée s'était éteinte lorsque les pauvres villageois s'étaient aperçus que personne ne les menaçaient. Mais Pichu s'était montré intenable jusqu'à ce qu'on le ramène auprès de Tao. Le duo avait dû se séparer lorsqu'il avait été question de se rendre en Espagne, le Naacal ébranlé par tous les événements du conflit refusait obstinément que son animal l'accompagne sur ce coup-là. Indali restait persuadée que ça avait été la meilleure décisions à prendre à cet instant précis. Déjà marqué par les morts de Mendoza, Sancho, Pedro, Maïna et un peu celle de Gaspard, il n'aurait jamais supporté perdre Pichu en plus.

Tao vint se serrer à Indali, le perroquet glissant sur son poncho mais se retrouvant bloqué entre leurs deux corps. Indali sentait qu'il était proche de pleurer et passa le bras autour des épaules de son bien-aimé. Ils auraient pu avoir un enfant tous les deux, mais n'avaient jamais pu. Ni vraiment voulu. Il y avait eut l'Ordre à reconstruire, le monde à guider et Paolo à élever. Devenu pupille de l'Ordre du Condor, en remerciement des sacrifices effectués par Mendoza et Isabella, et fils adoptif de Tao et Indali, Paolo était au fond devenu l'enfant qu'ils n'avaient jamais pu avoir. Et ça suffisait. Doucement, l'Indienne posa sa tête sur celle du Muen.

-On a quand même passé de bons moments ensembles, tous les quatre. Tu te souviens quand Paolo avait réveillé ton perroquet avec un tam-tam africain que tu avais ramené. Le boucan qu'ils avaient fait ces deux-là, hihihi !

-Et quand Pichu a renversé un bol d'eau sur la tête de ce pauvre Paolo.

Les deux adultes continuèrent à rire, avant qu'il ne s'estompe. Ce moment leur avait fait du bien, tout comme cette longue discussion entre eux à travers l'histoire du défunt perroquet. Pichu était petit, bruyant et pouvait parfois importuner par sa présence. Mais il avait avait pris une place très importante dans leur vie. Ils restèrent un long moment blottis l'un contre l'autre, à se remémorer des souvenirs des souvenirs doux-amers entrecoupés de long silences. Puis :

-Tao ? Je sais que tu n'as pas la tête à ça mais il va falloir réfléchir...

-A quoi ?

-Eh bien tu sais, on ne peut pas le laisser comme ça. Je veux dire, Pichu. Là, ça va encore mais il va finir par... Tu vois ?

Non Tao, ne voyait pas. Ou il ne voulait pas le voir. Déjà il venait de perdre l'âme de son ami à plumes, et maintenant... Non, c'était impossible. Et pourtant... Il savait, il comprenait très bien la nécessité qu'il y avait de s'occuper du corps du cacatoès. Mais son esprit se rebellait face à la perspective de devoir le faire si vite. Tant d'années passées ensemble, et il devait se séparer de la dépouille maintenant ? Il s'éloigna d'Indali, reprenant le corps du perroquet et le serrant contre sa poitrine, comme s'il craignait que l'Indienne ne lui prennes on ami s'il n'agissait pas assez vite. Ce qui était ridicule, elle avait toujours respecté ses choix et l'avait soutenu envers et contre tout. Qu'est-ce qu'il aurait fait sans elle, il ne le savait pas.

-Je ne sais pas Indali... Je n'y ai jamais réfléchi. Mais je ne peux pas laisser des bêtes sauvages le trouver et le dévorer.

Ça elle s'en serait douté. Même sous la forme d'un corps inerte, Pichu ne méritait pas de subir un tel traitement. Il fallait trouver mieux.

-Tu sais... Ici, en Inde, nous pensons que le corps n'est qu'une enveloppe lourde pouvant retenir l'âme prisonnière après la mort

-Tu crois que les animaux ont une âme ?

La question de l'âme était un sujet philosophique et métaphysique qui faisait se retourner la cervelle des penseurs depuis des siècles, et le ferait sans doute encore longtemps. Même le grandiose peuple de Mu n'avait fourni aucune réponse définitive, que se soit pour l'âme humaine ou animale. Certains animaux ne semblaient pas avoir d'âmes, mais d'autres...D'autres restaient fidèles quoiqu'il arrive aux personnes qui s'occupaient d'eux. Son Pichu avait toujours veillé sur lui, l'avait suivi quasiment partout et avait cherché à le protéger de temps en temps. Et il était venu lui dire au-revoir. Pouvait-on expliquer tout cela simplement avec l'instinct animal ?

-J'ai peur Indali...

-De quoi ?

-De la suite... Ils partent tous...Même mon Pichu est parti. Et toi aussi tu vas partir un jour. Le temps passe et tout le monde me laisse.

-Oh, Tao...

-Et Esteban et Zia qui ne reviennent pas. Peut-être qu'ils m'ont oublié. Ou qu'ils ont vu ce que j'ai fais et qu'ils ne veulent plus me voir.

Tao se retrouva pressé contre le corps d'Indali, ce qui le coupa dans son élan autodestructeur. Le Naacal fondit en larmes dans les bras de l'Indienne, déversant toute la détresse qui l'avait envahie depuis des années et qui se renforçait avec la mort de Pichu. Enfin, le Muen se calma petit à petit, et Indali en profita pour lui faire relever la tête.

-Personne ne va t'oublier Tao, et certainement pas moi. Quant à Esteban et Zia, tu m'as dit que l'autre dimension semblait être un autre monde. Peut-être...Peut-être qu'ils n'ont pas la même perception du temps qu'ici, et qu'ils ont l'impression que ça ne fait que quelques jours qu'ils sont partis dans le monde des Cités d'or.

-Je ne suis pas sur qu'ils veuillent me revoir.

-Moi, je suis sure que si.

-J'aimerais les attendre... Jusqu'à ce soir seulement. On ne sait jamais, peut-être que... Et ça me laissera le temps de me préparer

-Tu as décidé ?

-On va l'incinérer. Comme ça s'il aune âme, elle sera entièrement libre de rejoindre ses ancêtres. Ou de voyager jusqu'aux confins du monde. Qui sait ?

Un espoir peut-être fou, mais un espoir quand même. Celui que ce perroquet qui avait tant voyagé ne disparaisse pas. Après un dernier câlin, le couple quitta l'ombre protectrice du Condor et prépara le nécessaire pour les funérailles du petit perroquet. Ce serait une cérémonie discrète, à très petit comité, deux personnes, et qui était prévue pour le coucher du soleil aux pieds de l'aéronef muen. Les enfants élus ne revinrent pas, mais Tao n'en ressenti pas une grande souffrance tellement il s'y attendait. Ou alors c'était la perte de Pichu qui rendait le reste moins douloureux. Un petit bûcher avait été créé construit et n'attendait que le petit corps à plumes qu'il devait accueillir.

-On y est... Tu veux lui dire une dernière chose, Indali ?

La jeune femme prit délicatement le perroquet des mains de Tao et déposa un baiser sur le bec de Pichu en le remerciant pour tout ce qu'il avait fait et en lui souhaitant un bon voyage. Cette attira des larmes dans les yeux de Tao qui les laissa couler. Indali récita quelques prières, effectua des gestes rituels avant de recouvrir le petit corps d'huile afin qu'il s'embrase plus rapidement. Puis, lorsque la dépouille fut prête, Indali la confia à Tao qui inspira pour reprendre contenance. Il essuya ses larmes et contempla la petite créature qui avait traversé les continents à ses côtés.

-Tu sais, ça n'a pas toujours été facile de te supporter, toi. Avec ta goinfrerie et ta manie de te faire porter le plus souvent possible.

La douceur de la voix démentait la dureté que pouvaient avoir les paroles.

-Mais.. Tu es resté à mes côtés tout ce temps. Toutes ses années depuis ma naissance jusqu'à aujourd'hui. Et tu as été un ami très précieux et fidèle.

Il entendit des petits sanglots sur le côté, Indali était touchée elle aussi. Si elle ne le connaissait pas depuis l'enfance, le petit perroquet avait fait partie intégrante de sa vie à partir du moment où les premiers membres de l'Ordre du Condor étaient venus s'installer à Pattala. Le Naacal reprit d'une voix tremblante d'émotion.

-Alors maintenant, tu peux enfin dormir et te reposer. Te rendre dans l'au-delà des perroquets si jamais celui-ci existe. Je suis sûr que tu y seras très bien, et je viendrais te voir. Si je le peux.

Lentement, Tao s'agenouilla aux pieds du bûcher de taille modeste, juste assez grand pour le perroquet qu'il tenait dans ses bras. Indali et lui l'avait confectionné avec le bois et les feuilles qu'ils avaient trouvé dans la forêt bordant le village du Condor. Il resta agenouillé un moment, avant de faire signe à Indali de s'approcher avec le brasero qui devait embraser le corps de son ami. Enfin, il passa une dernière fois dans le plumage du perroquet.

-Bonne nuit, Pichu.

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*Donne des mouchoirs* merci d'avoir lu jusqu'au bout. J'espère que vous avez apprécié la lecture de cette annexe. A la prochaine :)
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Atlanta
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Atlanta »

C'est un texte réelement émouvant, qui a faillit (faillit) m'arracher une larme.
Man sieht nur mit dem Herzen gut. Das Wesentliche ist für die Augen unsichtbar Le petit prince, le renard
Il n'est pas venu le jour où une femme me donnera des ordres !
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isamidala
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par isamidala »

Voilà j'ai pas pu m'empêcher de lâcher une larme...
Aides-nous Esteban puisque tu es le Fils du Soleil !
:Esteban: :-@ :Zia:
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