L'Humanité interview de Jean-Luc Francois
Posté : 04 avr. 2013, 22:54
Sujet: L'Humanité interview de Jean-Luc François
Jean-Luc François, le réalisateur de la saison 2 des Mystérieuses Cités d’Or, à découvrir à partir de dimanche à 9h30 sur TF1, raconte ses six ans de travail sur le dessin animé.
Les mystérieuses cités d’or sont de retour, dimanche, sur TF1, à 9h30. Le premier opus, créé par Jean Chalopin et Bernard Deyriès, en 1982, est l’un des grands succès de l’animation française. Dimanche, Esteban, Tao, et Zia, les trois petits héros, repartent à l’aventure, en Chine, accompagnés de leur trouble mentor Mendoza. Rencontre avec le réalisateur de cette seconde saison, Jean-Luc François, qui a signé, entre autres, l’adaptation des « p’tites poules ».
-L’Humanité. Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a proposé de réaliser la suite d’un dessin animé écrit voici trente ans ?
- JEAN-LUC FRANCOIS. J’ai été long à me décider. Je trouvais la démarche très intéressante, mais j’avais un peu peur. Un peu peur à cause du temps qui avait passé, un peu peur parce que c’est une série mythique, un peu peur aussi c’était un gros projet, un peu peur parce qu’il fallait travailler avec les ayants-droits que je ne connaissais pas... Au final, nous avons travaillé presque six ans sur ce projet.
-L’Humanité. Pour vous, quelle est la pertinence de ce projet ?
-JLF. Il est pertinent à partir du moment où nous n’avons pas fait un remake, mais une suite. Quand le projet est bon, qu’il apporte quelque chose, il se suffit à lui-même. Les chaînes françaises ne font plus de dessins animés feuilletonnants. De la même façon, les formats sont aujourd’hui de 13 minutes, quand les Cités d’Or représentent 26 fois 26 minutes. C’est aussi un film d’aventures, un genre moins exploité qu’avant. Quand j’ai revu les épisodes de la première série, ce mélange entre le film d’époque, et la science fiction, c’est un kiff incroyable. Même maintenant, ça continue à me faire rêver. Donc j’imagine un gamin de 12 ans !
-L’Humanité. Quels sont les changements prévus par rapport à la première saison ? Pourquoi ce choix de la Chine comme décor ?
-JLF. Le choix de la Chine, d’après mes souvenirs, s’est fait en concertation avec l’un des créateurs des Cités d’Or, Jean Chalopin. Il habitait y habitait alors. Mais ça a fait consensus assez rapidement. En Chine, il y a tout ce qu’il faut : comme l’Amérique du Sud de la première saison, elle a ce côté exotique, c’est un berceau de la civilisation, avec des monuments, il y a vraiment toute une culture, avec un empereur, des mandarins... En terme de décor, il y a bien sûr la Muraille de Chine, la Cité interdite, mais aussi toutes les régions de province et leurs trésor. C’est « entrée plat dessert fromage, dessert », et même le digestif ! Pour y être allé et avoir tourné là-bas, c’est incroyable ce nombre de paysages, ces déserts, ces montagnes…
-L’Humanité. Vous avez un peu relooké un peu les personnages, notamment Zia, qui est un peu plus audacieuse que dans la première saison…
-JLF. Tout le monde trouvait ce personnage un peu effacé, en retrait par rapport à Esteban et Tao. Sans doute parce que la vision de la femme, et donc de la fille, a évolué en trente ans. Enfin j’espère ! Nous voulions que Zia soit une fille un peu plus moderne, une fille d’aujourd’hui. Même si d’un coup, elle ne devient pas championne des arts martiaux ! Mendoza garde son ambiguité, à la fois proche des enfants, mais avide d’argent. Mais ce qui reste, au-delà de tout, c’est vraiment l’amitié. Ces trois gamins en sont émouvants, ils s’aiment, et sont prêts à tout pour s’aider, se sauver. Sans faire mon « père la pudeur », je trouve très sain et très beau que des valeurs aussi simples et aussi fortes portent une série.
-L'Humanité. Les techniques de dessins animés ne sont pas les mêmes que dans les années 80 . Comment ça se matérialise à l’écran ?
-JLF. Tout le processus de création passe par la palette graphique. Ca arrive encore à Fernando Lira (le directeur artistique, NDLR) de dessiner sur du papier, par nostalgie ! Mais tout passe par l’informatique : avec Photoshop, il a les couleurs tout de suite, le scotch, la gomme, la règle, l’aérographe, les autocollants. Nous avons passé les personnages en 3D, même si à l’écran ils apparaissent en 2D. Mais le style de rendu donne tout de suite un trait plus tendu, plus propre, les personnages n’ont pas de déformation dans l’animation comme dans la première série : Quand vous avez un personnage qui a été sculpté en 3D, sa tête et ses proportions ne bougent plus. On peut déformer pour avoir une perspective très graphique, mais le personnage est toujours le même. Nous avons animé tout en France et en Belgique, ça permet une très belle animation, une activité, une communication entre nous très efficace. On a gagné autant en efficacité qu’en esthétique. Il y a beaucoup de séries dont l’animation est sous-traitée en Asie. Et nos intentions, pour des questions de langue, de culture, ne sont pas forcément toujours comprises, en Coréen, en Inde ou en Chine. Sur les Cités d’Or, nos intentions ont toujours été comprises, ce qui est un luxe incroyable, qui participe au résultat final.
-L’Humanité. Le petit documentaire, à la fin du dessin animé, existe toujours, mais il est beaucoup plus court. PourquoI ?
Nous nous sommes rendus compte que l’ancienne version du documentaire était beaucoup trop longue, et beaucoup trop touffue, pour des enfants. Et les images n’étaient pas toujours en adéquation avec le texte ! Là, nous avons réalisé de vrais reportages, d’une minute et demie, en rapport avec la série. Dans chaque petit film, il y a une information, et une anecdote. De quoi permettre aux enfants de réellement se documenter et satisfaire leur curiosité.
http://www.humanite.fr/medias/nous-n-av ... mai-519456
Jean-Luc François, le réalisateur de la saison 2 des Mystérieuses Cités d’Or, à découvrir à partir de dimanche à 9h30 sur TF1, raconte ses six ans de travail sur le dessin animé.
Les mystérieuses cités d’or sont de retour, dimanche, sur TF1, à 9h30. Le premier opus, créé par Jean Chalopin et Bernard Deyriès, en 1982, est l’un des grands succès de l’animation française. Dimanche, Esteban, Tao, et Zia, les trois petits héros, repartent à l’aventure, en Chine, accompagnés de leur trouble mentor Mendoza. Rencontre avec le réalisateur de cette seconde saison, Jean-Luc François, qui a signé, entre autres, l’adaptation des « p’tites poules ».
-L’Humanité. Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a proposé de réaliser la suite d’un dessin animé écrit voici trente ans ?
- JEAN-LUC FRANCOIS. J’ai été long à me décider. Je trouvais la démarche très intéressante, mais j’avais un peu peur. Un peu peur à cause du temps qui avait passé, un peu peur parce que c’est une série mythique, un peu peur aussi c’était un gros projet, un peu peur parce qu’il fallait travailler avec les ayants-droits que je ne connaissais pas... Au final, nous avons travaillé presque six ans sur ce projet.
-L’Humanité. Pour vous, quelle est la pertinence de ce projet ?
-JLF. Il est pertinent à partir du moment où nous n’avons pas fait un remake, mais une suite. Quand le projet est bon, qu’il apporte quelque chose, il se suffit à lui-même. Les chaînes françaises ne font plus de dessins animés feuilletonnants. De la même façon, les formats sont aujourd’hui de 13 minutes, quand les Cités d’Or représentent 26 fois 26 minutes. C’est aussi un film d’aventures, un genre moins exploité qu’avant. Quand j’ai revu les épisodes de la première série, ce mélange entre le film d’époque, et la science fiction, c’est un kiff incroyable. Même maintenant, ça continue à me faire rêver. Donc j’imagine un gamin de 12 ans !
-L’Humanité. Quels sont les changements prévus par rapport à la première saison ? Pourquoi ce choix de la Chine comme décor ?
-JLF. Le choix de la Chine, d’après mes souvenirs, s’est fait en concertation avec l’un des créateurs des Cités d’Or, Jean Chalopin. Il habitait y habitait alors. Mais ça a fait consensus assez rapidement. En Chine, il y a tout ce qu’il faut : comme l’Amérique du Sud de la première saison, elle a ce côté exotique, c’est un berceau de la civilisation, avec des monuments, il y a vraiment toute une culture, avec un empereur, des mandarins... En terme de décor, il y a bien sûr la Muraille de Chine, la Cité interdite, mais aussi toutes les régions de province et leurs trésor. C’est « entrée plat dessert fromage, dessert », et même le digestif ! Pour y être allé et avoir tourné là-bas, c’est incroyable ce nombre de paysages, ces déserts, ces montagnes…
-L’Humanité. Vous avez un peu relooké un peu les personnages, notamment Zia, qui est un peu plus audacieuse que dans la première saison…
-JLF. Tout le monde trouvait ce personnage un peu effacé, en retrait par rapport à Esteban et Tao. Sans doute parce que la vision de la femme, et donc de la fille, a évolué en trente ans. Enfin j’espère ! Nous voulions que Zia soit une fille un peu plus moderne, une fille d’aujourd’hui. Même si d’un coup, elle ne devient pas championne des arts martiaux ! Mendoza garde son ambiguité, à la fois proche des enfants, mais avide d’argent. Mais ce qui reste, au-delà de tout, c’est vraiment l’amitié. Ces trois gamins en sont émouvants, ils s’aiment, et sont prêts à tout pour s’aider, se sauver. Sans faire mon « père la pudeur », je trouve très sain et très beau que des valeurs aussi simples et aussi fortes portent une série.
-L'Humanité. Les techniques de dessins animés ne sont pas les mêmes que dans les années 80 . Comment ça se matérialise à l’écran ?
-JLF. Tout le processus de création passe par la palette graphique. Ca arrive encore à Fernando Lira (le directeur artistique, NDLR) de dessiner sur du papier, par nostalgie ! Mais tout passe par l’informatique : avec Photoshop, il a les couleurs tout de suite, le scotch, la gomme, la règle, l’aérographe, les autocollants. Nous avons passé les personnages en 3D, même si à l’écran ils apparaissent en 2D. Mais le style de rendu donne tout de suite un trait plus tendu, plus propre, les personnages n’ont pas de déformation dans l’animation comme dans la première série : Quand vous avez un personnage qui a été sculpté en 3D, sa tête et ses proportions ne bougent plus. On peut déformer pour avoir une perspective très graphique, mais le personnage est toujours le même. Nous avons animé tout en France et en Belgique, ça permet une très belle animation, une activité, une communication entre nous très efficace. On a gagné autant en efficacité qu’en esthétique. Il y a beaucoup de séries dont l’animation est sous-traitée en Asie. Et nos intentions, pour des questions de langue, de culture, ne sont pas forcément toujours comprises, en Coréen, en Inde ou en Chine. Sur les Cités d’Or, nos intentions ont toujours été comprises, ce qui est un luxe incroyable, qui participe au résultat final.
-L’Humanité. Le petit documentaire, à la fin du dessin animé, existe toujours, mais il est beaucoup plus court. PourquoI ?
Nous nous sommes rendus compte que l’ancienne version du documentaire était beaucoup trop longue, et beaucoup trop touffue, pour des enfants. Et les images n’étaient pas toujours en adéquation avec le texte ! Là, nous avons réalisé de vrais reportages, d’une minute et demie, en rapport avec la série. Dans chaque petit film, il y a une information, et une anecdote. De quoi permettre aux enfants de réellement se documenter et satisfaire leur curiosité.
http://www.humanite.fr/medias/nous-n-av ... mai-519456
