DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

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kally_MCO
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DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

PROLOGUE

Espagne, 15 janvier 1534.

— Allez, bois, ça te fera du bien, Fernando.

Le concerné leva des yeux dévorés par la fatigue vers l'Indienne, qui lui sourit machinalement. Les rides du Docteur étaient plus creusées que jamais, ses cheveux roux parsemés de filets gris étaient en bataille, son corps brûlant et dégoulinant de sueur tremblait, alors qu'il était étendu sur un petit lit. Les murs étaient tous peints en blanc, et il y avait très peu de meubles. Marinché, assise sur une chaise en bois, attrapa le verre posé sur la table de chevet et le tendit au malade, le visage glacé d'une sérénité spectaculaire.

— Bois ça aussi, tu as besoin de dormir.

— Qu'est-ce que c'est ? J'ai déjà bu trois tisanes tout à l'heure, dit-il d'une voix étouffée en réajustant sa couverture.

— Un petit remède que je t'ai préparé pendant que tu conversais avec Calmèque. Bois le, ça va atténuer la douleur et faire diminuer la fièvre.

Les yeux dans le vague, la tête appuyée dans le matelas moyennement confortable, l'ancien alchimiste balaya ses explications et sa proposition d'un geste de la main, ce qui eut le don d'agacer la femme aux longs cheveux noirs.

— Je ne guérirai pas. Je ne veux plus de tes remèdes imbuvables. Laisse moi, s'il le faut, j'attendrai la mort dans ce fichu lit délabré. Tout seul. Ce n'est pas comme si j'avais encore quelque chose à gagner ou à perdre dans ce monde de parasites sans cervelle.

Oh que non, cher Docteur, ton heure n'est pas encore arrivée, songea Marinché, les traits contractés en une grimace, le regard noir.

D'une main fébrile, Fernando sortit de sa poche un papier plié en quatre. Le souffle bloqué, pris de vertiges, il contempla le visage aux caractéristiques inimitables avec une tendre amertume. Elle était si belle... Elle le serait toujours, comme leur fille adorée.

Furibonde, fidèle à elle-même, la jeune femme se leva d'un bond, envoyant valser sa chaise. Les poings serrés, mettant en œuvre ses talents de comédienne dramatique, elle pressa les paupières, une fine larme dévalant sa joue.

— Tu ne comprends donc rien ? Je t'aime, pauvre fou. Je t'aime et tu le sais très bien ! Je ne peux me résoudre à t'abandonner dans les bras de la Mort sans rien faire, à te laisser mourir sous mes yeux... si tu ne le fais pas pour toi, Docteur, alors fais le pour moi. Je t'en supplie, Fernando, c'est tout ce que je te demande... s'il te plaît. Bois ça, guéris toi, accepte mon aide.

Il soupira profondément avant de déposer le petit dessin sur le meuble, sous les pupilles enflammées de l'Indienne, qui serra les poings. Puis, un voile blanc accaparant une bonne partie de son champ de vision, Fernando but le contenu du verre d'une traite. Le goût étrange de la boisson se répandit dans sa bouche. Bientôt, il se laissait de nouveau embrasser par Morphée, bercé par un silence assourdissant.

Pleinement satisfaite, Marinché croisa les bras sous sa poitrine, un sourire commençant à s'épanouir sur son visage mate.

Parfait.

Il avait eu sa dose journalière. Dormait profondément. Et l'Empereur l'attendait sûrement pour leur entrevue.

Après avoir planté un baiser sur les lèvres sèches de Laguerra, elle s'extirpa de la chambre et descendit les escaliers poussiéreux à la hâte, sa longue robe aux couleurs sombres valsant au gré de ses mouvements. La belle Indienne regarda par la fenêtre avant de soupirer, impatiente.

— Ça va pas, Volcanique ?

La question ironique de Calmèque la prit au dépourvu. Marinché se retourna mécaniquement vers lui, le considérant avec un dédain des plus méprisants, avant de le contourner pour empoigner sa sacoche et maquiller ses lèvres, devant le grand miroir qui ornait le mur. Elle lissa ensuite sa robe en soie, sous le regard de l'Olmèque blasé.

— Pourquoi tu ne réponds pas ? T'as perdu ta langue dans la bouche d'un abruti qui a eu le malheur d'être attiré par toi ou quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien qui ne te concerne. Et je te conseille vivement de ravaler tes mots ou...

— Ou quoi ? fit-il en bâillant, nullement intimidé, marchant vers elle.

La jeune femme lui jeta un regard meurtrier.

— Tu es mon serviteur. Tu me dois respect, loyauté et obéissance, espèce de...

— Tout doux, Mayonnaise. Je suis le serviteur du Doc', pas le tiens. Donc à moins que tu ne t'appelles Fernando Laguerra, je ne te dois rien. Alors, décompresse et bois un peu d'eau. Tiens, tant qu'on parle de lui, t'es sûr que tes trucs aux mauvaises herbes l'aident, au moins ?

Relevant le menton, la jeune femme se rapprocha à nouveau de la porte. Froide et hautaine, comme à son habitude.

Insupportable et paranoïaque, aussi, pensa Calmèque en jouant avec sa petite dague, un sourcil haussé, le dos appuyé contre le mur noir.

— Mais bien sûr que ça me concerne, Marmite ! Le Doc' est censé être mon maître et ça fait plus de trois semaines qu'il ne quitte plus son lit puant. Il est enceinte ou quoi ?

Son ton trahissait sa curiosité et une pointe d'inquiétude à l'égard de l'Espagnol.

— Il est malade, ça arrive à tout le monde, idiot. Sans mes remèdes et mes tisanes bien chaudes, il ne serait déjà plus de ce monde.

Toujours plus supportable que de devoir vivre avec toi, se dit alors le petit elfe en secouant la tête.

Il n'avait aucune sympathie, aucun respect et aucune confiance en cette femme agaçante qui semblait se prendre pour Dieu, mais la faire bouillir de rage était plus que jouissif et il s'ennuyait profondément.

— Trêve de bavardages inutiles. Je dois me rendre au palais royal, j'y suis conviée. Un ami du Docteur Laguerra va venir nous rendre visite, mais je ne pourrai pas l'accueillir comme il se doit. Je compte donc sur toi pour t'occuper de lui.

— Heureusement que t'as précisé que c'était un ami du Doc', j'ai pensé avec effroi l'espace d'un instant que t'avais des... amis.

Il fit mine d'être pris de frissons de dégoût, une grimace déformant son visage atypique. Les traits marqués par une irritation de plus en plus aigüe, Marinché souffla longuement, les yeux fermés.

— Il s'appelle Ambroise. Ambroise de Sarle. Mais il préfère qu'on l'appelle Ambrosius. Bon, j'y vais. Tu m'as déjà fait perdre assez de mon temps précieux.

Estime toi heureuse que je t'adresse la parole, espèce de cinglée...

Alors que les doigts de l'Indienne s'apprêtaient à tourner la poignet de la porte, Calmèque questionna, l'air de rien :

— Attends, donc tu t'attends à ce que je joue à le gentille domestique bien sage qui lui sert du thé tout en ondulant des hanches ? Non, mais parce qu'on va avoir un problème... Contrairement à Isabella, je n'ai pas tous les atouts nécessaires pour ce genre de trucs, moi...

Interdite, Marinché, les dents serrées, avança de quelques pas. Dominée par une rage soudaine, elle ouvrit grand les yeux, menaçante.

— Ne prononce jamais, au grand jamais, ce prénom. Tu as compris ? Et surtout pas en présence de Fernando. J'espère avoir été claire.

Décidément, il en fallait peu. Nonchalant, plutôt amusé, il ne répondit pas tout de suite. Exhalant un profond soupir, elle s'éloigna à nouveau, prête à rejoindre le roi d'Espagne. L'Olmèque la fixait toujours, près de l'escalier.

— Je sais que la longueur de mes cheveux t'hypnotise, mais tu pourrais tout de même te montrer plus discret, lui lança la jeune femme avec un sourire narquois, comme envahie par une bouffée d'assurance.

Il lui offrit un sourire similaire.

— Non, à vrai dire, ce qui me fait rêver, moi... c'est le bassin d'Isabella. Ses taches de rousseur, aussi. Et ses jambes...

Sans lui laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit, il monta à l'étage, tenant un minimum à sa vie. Dans ta face, Machinière !

Les bras ballants, réprimant une éruption dont elle savait la lave visqueuse et les dégâts importants, elle quitta enfin la maison. Ce petit impertinent allait, de toute façon, bientôt payer.

Comme tout le monde.

Soudain, une étrange machine interféra dans son champ de vision, alors qu'elle se posait déjà sur le sol. Poussant un petit cri de surprise étouffé, Marinché regardait le scientifique âgé apparaître sous son regard insistant, tout sourire. Ses documents en main, Ambrosius se planta devant elle, rayonnant.

— Déjà ? lâcha l'Indienne, encore sous le choc.

— Je ne désirais pas vous faire attendre plus que cela, ma chère. Nous avons d'ores et déjà perdu beaucoup de temps. Toutes les informations concernant nos adversaires sont en notre possession dorénavant.

Zarès lui tendit la pile de feuilles en question, un énigmatique rictus dévorant une partie de son faciès. Rictus qui se refléta automatiquement sur celui de Marinché, qui les étudiait en silence.

Encore une bonne nouvelle.

— Avez-vous eu le temps de vous entretenir avec Charles de Habsbourg, ma chère ? demanda-t-il, curieux, en se munissant de quelques affaires.

— J'allais y aller, justement. Fernando est à l'intérieur de la maison. Fais bien attention à Calmèque, je me méfie de ce genre de parasites.

Il hocha la tête, sans un mot. Puis, les traits plus durs, Ambrosius lui dit :

— On suit le plan de départ. Mais je ne veux pas qu'on touche à Tao. Est-ce bien clair ? Sa place est à mes côtés.

Son ton sombre et sa posture incitèrent la jeune femme à opiner machinalement, vaguement intéressée par ses propos.

— Et en ce qui concerne les...

— Quoi ?!

L'exclamation agressive de Marinché surprit le savant, qui recula de quelques pas, battant des paupières. Les yeux exorbités, elle semblait bouillonner. Au sens propre du terme.

Eh bien...

— Tu dois faire erreur. Le capitaine et cette serpillière arrogante ne sont pas... elle...

— Oh, c'est de ça dont vous parlez. Mendoza s'est entiché de Laguerra, et la réciproque semble vraie. Un détail sans réel importance, lui expliqua le Français en haussant les épaules.

Le regard assassin, de nouvelles idées et envies destructrices se frayant un passage vers son esprit orageux, elle déclara :

— J'aurai deux mots à te toucher après mon entretien avec sa Majesté. Occupe toi de Fernando et continue tes recherches en attendant mon retour.
Modifié en dernier par kally_MCO le 01 nov. 2021, 22:32, modifié 6 fois.
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: DESTINÉE (- suite non officielle de la saison 4)

Message par manonallemende »

Franchement j’adore !! :x-): Hâte de lire la suite :-@
Isabella Laguerra
Croyez moi, j'ai de bonnes raisons de faire ce que je fais...
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Stance Works 🥰
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Re: DESTINÉE (- suite non officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

manonallemende a écrit : 17 févr. 2021, 17:22 Franchement j’adore !! :x-): Hâte de lire la suite :-@
Merci, Manon ! (;
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: DESTINÉE (- suite non officielle de la saison 4)

Message par TEEGER59 »

Un angle d'attaque différent pour cette suite de la saison 4.
Voilà qui est fort réjouissant.
Laguerra senior à l'air mal en point, Marinché toujours égale à elle-même et Calmèque m'a tuée avec ses sobriquets. Sobriquets destinés à la grande échalote brune: Mayonnaise, Marmite et Machinière :lol:
Hâte de lire la suite.
Modifié en dernier par TEEGER59 le 18 févr. 2021, 13:04, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: DESTINÉE (- suite non officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

TEEGER59 a écrit : 17 févr. 2021, 18:53 Un angle d'attaque différent pour cette suite de la saison 4.
Voilà qui est fort réjouissant.
Laguerra senior à l'air mal en point, Marinché toujours égale à elle-même et Calmèque m'a tué avec ses sobriquets. Sobriquets destinés à la grande échalote brune: Mayonnaise, Marmite et Machinière :lol:
Hâte de lire la suite.
Tout d'abord, merci pour ce gentil retour !
En effet, Fernando est souffrant et l'échange Marinché/Calmèque était hilarant à écrire :tongue: Elle mérite bien pire.
Encore merci à toi, je fais au mieux !
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

I, PARTIE 1.

Mais pourquoi est-ce que tu t'entêtes à vouloir rédiger ce machin ? Il n'y a rien à dire. Pas de mensonge possible. La vraie version des faits ne leur conviendra pas. En somme, te voilà impuissante et coincée, Isabella.

Ses lèvres naturellement rouges formant un pli, sa chevelure retombant dans son dos et sur ses épaules, Laguerra poussa un énième soupir de frustration. Le ciel était recouvert d'un voile opaque bleu pailleté, sombre et lumineux à la fois. Quelques bruits lointains se faisaient entendre, perçant à intervalles de temps irréguliers la bulle de quiétude absolue qui drapait le village. La plupart des bêtes s'étaient, à l'instar des hommes, laissés envoûter par Morphée.

Après le départ quelque peu précipité des élus, dix jours plus tôt, Tao, plus déterminé que jamais à cultiver et à veiller sur l'héritage sacré de ses ancêtres, ses prédécesseurs, avait convenu avec Mendoza et sa compagne qu'ils resteraient à Zimbabwe le temps de se remettre de leurs dernières péripéties. Dire que les loyaux marins du capitaine, désormais totalement libres, étaient ravis serait un euphémisme. Gaspard, quant à lui, profitait pleinement de ces quelques jours de repos aux côtés de la señorita, qu'il considérait dorénavant comme une amie, même s'il nourrissait toujours l'espoir non dissimulé de la voir accepter et partager son amour dans un avenir proche et attrayant. Il faisait curieusement preuve d'une patience admirable avec Isabella, qui différait de toutes les belles femmes qu'il avait tenté de courtiser par le passé. Devoir côtoyer et sympathiser avec le mercenaire aux billes noires intenses exigeait, il allait de soi, des efforts surhumains...

Centre et fière reine de la nuit, la Lune scintillait tel un diamant diaphane.

Assise en tailleur, vêtue de sa longue chemise blanche, la jeune femme froissa deux feuilles de papier qu'elle jeta rageusement contre le mur de sa case. La naacal, qui dormait avec elle depuis une semaine, grimaça dans son sommeil, gesticulant imperceptiblement. Isabella se releva, inspirant et expirant profondément, à un rythme irrégulier. Arpentant le petit espace, elle tira légèrement sur ses cheveux rebelles avant de marmonner une série de jurons.

- Bon sang, bon sang, bon sang !

Loin d'être discrète, la fille de Fernando finit par arracher le jeune savant à son sommeil agité. Papillonnant des cils, il se redressa avec un bâillement, maintenant habitué aux insomnies de la duelliste. Sourcils froncés, tout en cherchant aveuglément des doigts le récipient d'eau, Tao lâcha :

- Encore ton rapport ?

Laguerra stoppa le mouvement frénétique de ses jambes nues. Elle fit volte-face, le visage tiré par la contrariété et un mélange d'émotions conflictuelles que le naacal ne parvenait toujours pas à déchiffrer. Que personne n'arrivait vraisemblablement à déchiffrer.

Quelques filaments de lumière blanche, presque bleutée au yeux du garçon, éclairaient les traits fins de Laguerra. Elle avait le regard injecté de sang, marqué de cernes à la couleur prononcée, les lèvres tremblantes, des plis soucieux qui balayaient la sérénité qui embaumait ses expressions suite à ses retrouvailles avec le navigateur... Il sentit son cœur se serrer.

- Excuse-moi, petit, tu peux te rendormir, répondit-elle dans un souffle, la voix rauque.

Son interlocuteur la sonda intensément du regard, indécis. Mal à l'aise. Tiraillé. L'adolescent ne savait que penser de la bretteuse au corset vermeil. Les événements récents s'étaient enchaînés, la menace planétaire l'emportant sur tout le reste. Ambrosius avait, encore une fois, réussi à échapper à une sanction largement méritée, après s'être montré plus ignoble et cruel que jamais. Ses deux amis, leur quête achevée, ne s'étaient pas gênés pour suivre leur propre route, sans lui. L'humanité entière avait manqué de disparaître de manière irrémédiable, et ce fût sur ses frêles épaules que la plupart de ses compagnons s'étaient appuyés au moment de la construction. Il avait fallu agir vite, bâtir, se presser, combattre. L'heure n'avait pas été aux méditations, aux longues spéculations ou aux questions existentielles.

Tao n'avait nulle envie de connaître la souffrance, née de la déception, d'une autre trahison. Il demeurait, par conséquent, sceptique et partagé face à l'espionne de Charles Quint, même s'il ne désapprouvait plus sa relation étrange avec Mendoza. Bien au contraire.

Pour l'heure, Isabella était une amie qu'il se surprenait à apprécier. La jeune femme était drôle, franche et remarquablement cultivée, vive d'esprit. Pedro et Sancho partageant respectivement les cases de Nyamita et Naïa, Gaspard et Mendoza ayant les leurs, le meilleur ami des élus s'était réfugié dans celle de Laguerra, sur la demande de celle-ci, suite à son deuxième cauchemar. Elle avait promis de ne rien dire, ce fût avec réticence et un soulagement troublant mais libérateur qu'il lui accorda une petite partie de sa confiance.

La duelliste prit place à côté de lui, buvant une gorgée d'eau à son tour.

- Alors ? C'est encore ton rapport qui te met dans cet état ?

Sachant qu'il ne se rendormirait pas de toute manière, Isabella soupira avant de rouler des yeux. La pression qu'accumulait et subissait son corps depuis des semaines se matérialisait en une boule volumineuse qui s'était nichée dans son ventre, crispé à l'instar de ses membres.

- Écoute, je ne comprends toujours pas pourquoi tu...

Toujours le même discours.

- Je ne peux pas fuir mes responsabilités, Tao, expliqua-t-elle, intransigeante. Charles Quint n'est pas n'importe qui. J'avais une mission, et j'ai échoué, même si j'ai défendu ma cause avec honneur face à Mendoza.

Au moment où le nom du marin franchit ses lèvres, Laguerra sentit la boule qui serrait son ventre s'alimenter d'une nuée de culpabilité irrépressible. Le naacal l'observait attentivement, patient et calme. Sa maturité plaisait à l'aventurière, mais n'était guère suffisante dans l'état actuel des choses. Ses perles noires plongèrent machinalement dans ses prunelles hétérochromes.

Les lèvres pincées, le regard fixe, elle poursuivit dans un soupir :

- Je ne donne pas cher de ma peau si je retourne en Espagne sans un rapport complet et des arguments convaincants. En somme, je n'ai plus qu'à rester gentiment cachée dans cette case en attendant que l'Empereur se fasse empoisonner.

Elle plaqua son dos contre le mur, exténuée.

- Mais arrête donc de parler d'échec ! Tu as aidé à sauver le monde, il n'y avait pas d'autres solutions. Et puis, même si on oublie le grand Cataclysme, offrir les artefacts muens à Charles Quint aurait été la pire chose à faire ! Tu sais sûrement mieux que personne à quel point ce souverain est dangereux, avec l'héritage et le savoir de mes ancêtres entre les mains, qui sait ce que votre roi aurait pu déclencher !

Il n'avait assurément pas tort. Laguerra le savait et pourtant, elle ne pouvait se résoudre à l'admettre. Le poids qui alourdissait son crâne, pesait sur sa raison et conscience, se faisait toujours ressentir. Obstinément, douloureusement. Ses nouveaux compagnons de voyage ne savaient rien de sa profession, de sa vie et des obligations que la brune avait envers le roi d'Espagne et elle-même. Les pupilles accrochées au sol, Isabella se mordit l'intérieur de la joue, prête à exploser. Elle n'en fit pourtant rien, se contentant de ramener ses jambes vers elle. Son front vint se poser sur ses genoux collés.

- Je le sais, Tao. Je ne regrette en aucun cas ma décision. Enfin... c'est compliqué. Je devais absolument réussir. En quatre ans, je n'ai connu aucun échec. Je n'ai jamais eu droit à l'erreur. Charles Quint se moquera bien de savoir que j'ai contribué au sauvetage de l'humanité entière, je n'ai aucune preuve à lui apporter et je serai forcée d'accepter toutes les missions qu'il m'imposera, une fois de retour en Espagne, pour compenser. En supposant, cela va sans dire, que tout se passe bien...

- Mais... commença un Tao incertain en plissant les paupières. Tu viens de le dire : tu as toujours été excellente. Un petit échec ne va pas te porter préjudice bien longtemps. Contente-toi d'expliquer à cet idiot que la situation était critique, que Zarès t'a démasquée et qu'on t'a repris les artéfacts. Inutile de t'épancher. Écris le strict nécessaire et attends d'être devant sa Majesté-le-bouc pour déballer tes arguments.

Une moue songeuse sur le visage, il haussa les épaules avant de sourire, ravi de déceler une lueur d'amusement dans les billes de l'aventurière lorsque celle-ci releva la tête.

- C'est loin d'être aussi sim...

- Chut, arrête. Détends-toi un peu ou Mendoza va se retrouver avec une vieille serpillère fade et ridée dans les jours qui suivent. Lui qui m'a avoué adorer ton rire il y a précisément huit jours !

Laguerra laissa échapper un rire nerveux. Nullement surpris par le malaise apparent qui s'était emparé de la jeune femme, le naacal croisa les bras, un drôle d'air flottant sur son expression intriguée.

- En parlant de lui, qu'est-ce qui se passe entre vous deux ?

Nous y voilà.

- Que veux-tu dire ? fit-elle en haussant un sourcil avant d'enrouler une mèche autour de son index.

Il leva les yeux au ciel, bien décidé à obtenir une réponse avant la fin de la nuit, ne se doutant pas que sa simple question venait de déclencher une effusion d'incertitudes et de remords au sein de l'organisme d'Isabella.

- Après le départ de Zia et d'Estéban, vous étiez inséparables... et là, ça fait précisément une semaine que vous vous évitez mutuellement, que vous vous ignorez royalement. Tiens ! Hier par exemple, il t'a saluée et tu l'as fusillé du regard avant de t'éloigner. Ce matin, c'est toi qui lui as dit bonjour et il n'a même pas répondu... J'en déduis donc qu'il s'est passé quelque chose. Une dispute ?

Elle secoua la tête, fuyant le regard insistant de l'adolescent, qui s'était mis à caresser les plumes colorées de son ami. La gorge nouée, la duelliste réfléchit un instant, sa conscience débattant activement avec sa raison qui subissait les objections répétitives de son cœur fracturé.

La belle Espagnole ne pouvait se livrer à personne. La nature de sa relation avec le capitaine constituait un mystère qui ne la dérangeait aucunement, pour l'heure. Les choses avaient changé, ils étaient hors de danger. Retour à la normale. La liberté de l'alchimiste roux qu'elle avait espionné pendant près de cinq mois faisait bouillir son sang, menaçant de faire éclater ses veines. Il était toujours là, présent, comme une ombre prête à se matérialiser en force invincible. Vengeresse. S'ajoutait à cela la confusion engendrée par les vagues houleuses de l'océan Mendoza, ses responsabilités et le tournant inattendu, déroutant, qu'avait pris sa vie.

Si Laguerra était incapable de partager toutes ces choses avec le marin mercenaire auquel elle avait accordé une confiance presque aveugle, alors se confier à Tao était inenvisageable. Il était trop tôt.

Ou trop tard.

Mordillant sa lèvre inférieure, elle fit paraître un pâle sourire.

- J'ai besoin de mon espace. Il a besoin du sien. Nous avons précipité les choses entre nous dernièrement, il est normal qu'on prenne nos distances.

La bretteuse s'allongea sur le dos, ses mèches soyeuses formant un halo sombre autour de son visage tourné vers le plafond.

Loin d'être convaincu ou satisfait par les explications vagues d'Isabella, le jeune savant reprit immédiatement la parole :

- C'est stupide. Insensé. Enfin... vous avez l'air d'être en froid, ne me parle pas d'espace personnel ou autres balivernes de ce genre. J'ai presque quinze ans, toutes mes dents et des neurones fonctionnels, tu sais. Il faut que vous appreniez à communiquer si vous voulez que votre relation dure et marche. Vous faire la tête comme deux adolescents froissés ne va rien arranger, c'est ridicule.

- Alors, cette idée de fonder un nouvel Ordre ? lança la jeune alchimiste sans le regarder.

Tao se renfrogna, incrédule.

- Ne change pas de sujet ! C'est toujours la même chose avec toi, une vraie tête de mule !

- Merci pour le compliment, rit-elle doucement.

- Tu m'agaces.

Après un petit blanc, Laguerra soupira avant d'attraper la main du garçon, hésitante.

- Écoute, j'aimerais vraiment parler d'autre chose. Quelque chose de moins déprimant. Dis-moi, toi, tu fais toujours ces horribles cauchemars, hein ?

Le concerné avala difficilement sa salive, son cœur cognant contre sa cage thoracique, la mine déconfite. Son dos fût parcouru d'une trainée de frissons glacés. Ambrosius, la sueur, les flammes, le sang, les cris incessants... Il faisait chaud, humide, il étouffait.

- Je... j'en fais un peu moins depuis deux jours. Je n'ai... je ne veux pas en parler pour le moment.

Jouant nerveusement avec sa tunique jaune, Tao baissa la tête. La fille du docteur n'était pas de nature câline. Les démonstrations affectives l'incommodaient toujours, elle n'avait pas été programmée pour se fondre dans des effusions d'amour interminables. Isabella n'aimait pas qu'on la touche, ce trait de caractère était ancré en elle depuis l'enfance. Ignorant les moqueries de sa conscience concernant Mendoza, elle vissa ses perles brillantes sur le naacal. Sa fragilité lui donnait l'envie étrange et subite de l'attirer à elle. Mais ne sachant pas comment il réagirait, elle se ravisa et se contenta de lui adresser un sourire maladroit, compatissante.

Avec un léger rire, Tao lui dit, espiègle :

- Tu n'es pas douée pour réconforter les gens, toi.

- Non, en effet. Défaut de fabrication.

Ils émirent des rires synchronisés.

- Si tu veux parler d'amour, je peux envisager d'aborder le sujet Indali avec toi, si tu le souhaites, reprit la brune après quelques instants de silence, un sourire arqué. On m'a dit que tu avais hâte de retrouver cette charmante petite à Patala.

À sa grande surprise, l'adolescent haussa les épaules d'un air désinvolte, une moue déformant sa bouche. Pas de rougissement. Aucun sourire niais. Elle fronça les sourcils.

- Il n'y a rien à dire.

- Comment ça ? s'enquit Laguerra en se redressant, réellement confuse.

- Eh bien...

Il souffla, expirant profondément.

- Elle est gentille. Jolie aussi. La revoir me fera sûrement plaisir. Mais je ne l'aime pas exactement de cette façon.

- Ce n'est pas l'impression que tes amis ont...

- Je sais, soupira-t-il en passant la main dans ses cheveux, surpris de se sentir suffisamment à l'aise pour parler de ça avec Isabella. En fait, je crois que je suis facilement tombé amoureux de l'idée d'être amoureux. Ce que je ressentais pour Zia était bien plus fort que mon attirance pour Indali, par exemple. Mais Zia a visiblement et définitivement choisi Estéban. Je ne veux pas jouer avec les sentiments d'Indali alors que j'ai enfin fait le point avec les miens. Je me sens bien. Mieux. Rester seul ne me dérange pas. Gaspard s'en sort plutôt bien...

Pour la première fois en une semaine, la duelliste éclata d'un rire cristallin. Sonore. Authentique. Son cœur lui sembla plus léger l'espace d'un court instant. Radieuse, elle était radieuse. Cette vue arracha un large sourire au jeune savant, qui se félicita mentalement, avant de secouer la tête. Rester sur ses gardes.

- J'aimerais y arriver, moi aussi. Tu m'impressionnes, Tao.

- Quoi ? Arriver à faire quoi ? interrogea ce dernier, curieux.

- Ça, ce que tu viens de me décrire, explicita Isabella en posant son index gauche sur le torse du naacal. Faire le point sur mes sentiments, comprendre et mettre des mots sur ce que je ressens.

Ceci explique donc cela. Tao hocha vaguement la tête, un éclair de lucidité animant son regard. Les lèvres de la jeune femme s'ouvrirent pour ensuite se refermer. Des bruits de pas vinrent briser la monotonie du fond sonore antérieur. Comme chaque nuit, Laguerra, les sens en alerte, se dressa sur ses jambes en moins de deux nanosecondes. Mimant ses gestes, Tao lui emboîta prestement le pas lorsqu'elle quitta la case pour balayer le secteur du regard. Une fois, puis deux. Les traits durs, son pistolet en main, elle posa un genou par terre, passant ses yeux analytiques sur le sol, avec patience et minutie. Aucune trace de pas n'était visible. Les bêtes dormaient toujours. Pas de silhouette en vue. Rien d'anormal. Grognant sous son souffle, l'espionne du roi serra les poings. Soudain, alors qu'elle venait d'inspecter toute la zone relative à leur case, la fille du docteur s'arrêta avant de ramasser quelque chose.

Tao, qui l'avait suivie et regardée faire, les membres tremblant d'appréhension, la questionna :

- Qu'est-ce que c'est ? Qu'as-tu ramassé ?

- Une plume. Une plume rouge.

Reportant son attention sur le garçon intrigué, elle marqua une courte pause, sentant les battements de son cœur se faire plus frénétiques. C'était bien ce qu'elle pensait. C'était bien ce qu'elle redoutait. Sa mâchoire se crispa, animée par un petit rictus. En bonne comédienne, Isabella releva néanmoins le menton et éluda :

- Rien d'important, en somme. Allons dormir. Toutes ces élucubrations ne nous mèneront à rien, si ce n'est une fatigue physique et émotionnelle considérable.

- Tu te moques de moi ? Laguerra, arrête de me prendre pour un gamin stupide ! Ça fait plusieurs jours qu'on entend des bruits étranges en pleine nuit et ce n'est pas la première fois non plus que tu retrouves des plumes rouges près de notre case, ça cache forcément quelque chose ! C'est peut-être Ambrosius ou que sais-je, on doit en parler à Mendoza et vite.

Devant l'air obstiné et la contrariété apparente du naacal, l'aventurière soupira avant de poser les mains sur ses hanches.

- Tu as raison, ce n'est pas la première fois que cela arrive. Mais ce n'est pas la première fois non plus que nous ne fermons pas l'œil de la nuit, toi et moi. Les bruits entendus peuvent être issus de notre imagination et engendrés par la fatigue. Quant à ces plumes, eh bien... je ne sais pas encore, mais elles appartiennent peut-être à une espèce d'oiseaux dont nous ignorons l'existence. Il nous faut demeurer calmes et rationnels. Si j'en parle à Mendoza, il va s'inquiéter et prendre de grandes mesures inutiles. Il est encore faible et souffrant, Tao.

Ce dernier roula des yeux, les sourcils froncés à l'extrême. Il ne lâcherait pas cette affaire aussi facilement.

- Mais oui, dis plutôt que tu ne veux pas aller lui parler tout court. Tu ne veux pas mettre ta fierté de côté et t'excuser, alors tu te cherches des prétextes. Je vois bien que tu penses aussi que quelque chose cloche !

Un deuxième soupir. Plus sonore que le premier. Laguerra jeta une œillade à la plume qu'elle faisait glisser entre ses doigts satinés. Elle déglutit imperceptiblement. Isabella se garda bien de dire au garçon que la couleur des plumes retrouvées était loin d'être leur couleur originelle. Elles avaient indubitablement été trempées dans du sang.

- De un, je n'ai pas à m'excuser auprès de qui que ce soit. De deux, je te jure sur mon honneur que si le même phénomène se reproduit demain soir, j'irai directement voir Mendoza. Et ce, même si je suis tout à fait capable de gérer ça toute seule.

Sourire aux lèvres, il opina énergétiquement. Il était plus serein. Ils regagnèrent silencieusement leurs places, tentant de chasser leurs démons respectifs afin de profiter de quelques heures de sommeil vitales.

- Oh, et n'oublie pas de faire la paix avec lui. J'ai failli y passer à Kûmlar à cause de Madame et Monsieur qui étaient trop occupés à échanger fougueusement leurs salives pour nous sauver, alors si vous vous séparez, je serai le premier à réclamer des dédommagements, chuchota le jeune savant sur un ton faussement menaçant, le visage tourné vers Laguerra.

Son interlocutrice, prise de court, haussa abruptement les sourcils. Et alors que Tao s'attendait à un regard noir suivi d'une réplique cinglante, la belle brune le surprit à son tour en lâchant un rire grave absolument charmant.

- Je ne pourrai que répondre positivement à tes réclamations. À ta place, je ferais la même chose. Allez, bonne nuit, petit.

Elle finit par fermer les paupières, le ventre douloureusement noué, l'esprit accaparé par l'image de l'Espagnol aux yeux perçants, objet de son désir grandissant...

*

Zia n'était plus que joie, émerveillement et reconnaissance. Tout autour d'elle, dans ce royaume magique, recelait une beauté divine, pure, incomparable. Mesurant la chance qu'elle avait, la belle élue avait contemplé les lieux, l'endroit, le paysage, sans se presser.

Des collines interminables aux couronnes de fleurs délicates et colorées. Une nature vive, verdoyante, en pleine croissance. Un ciel dont le bleu cristal subjuguait et ravissait les pupilles. Les sept cités d'or muennes, enfin réunies, trésors légendaires, dont les architectures différentes mais complémentaires dans un sens rappelaient le long et sinueux chemin parcouru par les aventuriers. L'odeur envoûtante, fruitée, vanillée, inimitable, qui les accompagnait depuis leur arrivée. Les escaliers lisses et dorés, tout comme la table à laquelle Estéban et Zia étaient installés, attendant sagement Rana'Ori.

Tout était si beau, si parfait, si extraordinaire que l'Inca sentit ses yeux verts s'humidifier une nouvelle fois. Quelle chance. Dommage que Tao ne soit pas là.

À sa gauche, Estéban trépignait littéralement d'impatience. Le jeune élu était avide de réponses, consumé par d'éternelles questions, en proie à une curiosité aigüe et curieusement revigorante. À l'instar de son meilleur ami, il se laissait dominer par une soif agréable de connaissances quant à leur quête achevée et les secrets des Anciens.

Il jouait tendrement avec les doigts fins et doux de Zia, leurs mains jointes et cachées sous la grande table de la princesse. Le fils du soleil posa sur elle un regard amoureux, son visage empreint d'une clarté nouvelle. De son pouce, Estéban stoppa la chute d'une perle salée, geste qui fit frémir une Zia rougissante.

Tout sourire, il fit :

- C'est beau, n'est-ce pas ?

- Oh, oui, c'est magnifique, Estéban, acquiesça gentiment l'élue.

- Mais tu sais...

Il se rapprocha d'elle, porta leurs mains entrelacées à sa bouche pour embrasser la sienne et lui susurra à l'oreille :

- J'ai déjà vu bien plus beau.

Une envolée de frissons dévalant son échine, Zia sourit avant d'intimer au brun de s'écarter quand la silhouette élancée de Rana'Ori réapparut. Par correction, Estéban obéit tandis que la princesse, rayonnante, prenait place en face d'eux. Un petit coffret incrusté de pierres précieuses en main, elle dit d'une voix mélodieuse et claire :

- Me revoilà, chers élus. Depuis hier, je ne peux vous cacher ma joie de vous voir si heureux ensemble. Symbolisant l'amour et l'union de deux peuples autrefois en guerre, vous êtes ce que l'humanité actuelle a de plus pur et précieux.

Les joues rosées, les deux concernés échangèrent un sourire. Émue, saisie d'une brusque vague de nostalgie, la princesse inspira profondément avant de reprendre avec bienveillance :

- Avant de me retirer, j'étais en train de vous expliquer que le temps ne s'écoule pas de la même manière ici que sur Terre, planète et dimension des mortels.

Le garçon hocha la tête.

- Oui, en effet. Vous nous disiez qu'une journée passée ici équivalait à cinq jours écoulés sur Terre.

- Et qu'ici, la température s'adaptait naturellement à l'organisme de chacun, ajouta Zia.

Sa chevelure vaporeuse encadrant son visage baigné de grâce et d'élégance, Rana'Ori approuva les paroles du jeune couple d'un sourire éclatant. Puis, poussant de ses longs doigts le coffret blanc vers eux, elle expliqua :

- Effectivement, jeunes âmes libres et virginales. À présent, je désire vous parler des objets que je suis partie chercher.

D'un bref mouvement de la tête, la Muenne invita le fils d'Athanaos à ouvrir la boîte, chose qu'il fit immédiatement. Apparurent alors sous les prunelles scintillantes des élus deux anneaux dorés identiques.

- Les anneaux jumeaux de Gygès.
Modifié en dernier par kally_MCO le 06 nov. 2021, 21:01, modifié 7 fois.
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Xia »

Superbe !!!

Bravo ! J'adore :-@

Hâte de lire la suite !
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par TEEGER59 »

Je rejoins l'avis de Xia.
C'est MAGIQUE!
J'ai adoré l'échange entre Tao et Laguerra.
Il y a de l'émotion, quelques passages amusants. La narration est parfaite, le style fluide, bref, une fanfic de grande qualité!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Le Flamand »

Je ne sais par où commencer. La qualité du scénario, de l'écriture et des échanges entre les personnages est excellente ! Je ne puis que faire l'éloge de ton œuvre. J'ai hâte de pouvoir lire la suite !
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Xia a écrit : 31 mars 2021, 15:10 Superbe !!!

Bravo ! J'adore :-@

Hâte de lire la suite !
Ma chèvre :-@ :tongue:
Merci, c'est adorable !
TEEGER59 a écrit : 31 mars 2021, 15:49 Je rejoins l'avis de Xia.
C'est MAGIQUE!
J'ai adoré l'échange entre Tao et Laguerra.
Il y a de l'émotion, quelques passages amusants. La narration est parfaite, le style fluide, bref, une fanfic de grande qualité!
Merci pour ton retour ! :')
Ça me fait très plaisir, j'ai adoré l'écrire.
Tu me fais rougir, encore merci ❤
Le Flamand a écrit : 01 avr. 2021, 19:49 Je ne sais par où commencer. La qualité du scénario, de l'écriture et des échanges entre les personnages est excellente ! Je ne puis que faire l'éloge de ton œuvre. J'ai hâte de pouvoir lire la suite !
Commence par le début, beau gosse !
Ça y est, je rougis. Sans rire, un grand merci pour ce commentaire élogieux.
En espérant qu'elle te plaise, plumeau ^^
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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