DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

TEEGER59 a écrit : 07 avr. 2021, 17:21
kally_MCO a écrit : 06 avr. 2021, 19:43******
J'ai lu ce chapitre hier soir.
Je ne sais pas pourquoi tu l'as effacé car je voulais aujourd'hui écrire mes impressions.
Tant pis. En tout cas, je n'ai qu'un mot en ce qui concerne ce passage: MAGISTRAL !
Je voulais rajouter une scène, mais ça m'embête parce que ça fait long. Je le republie de suite, désolée...
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Marcowinch a écrit : 06 avr. 2021, 20:36 Un excellent chapitre. Le début m'a bien fait flipper ! :)
Merci !
Tant mieux, j'ai grincé des dents en l'écrivant [-|
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Xia »

kally_MCO a écrit : 06 avr. 2021, 19:43 - Nyati... Myato... Nya... Mino... Tami... Mira... Mar... Amiti... Mar... Marmite !
:x-): :x-): :x-):

Un mariage en vue :-@ :-@ :-@
Mais Pedro a raison : c'est beaucoup trop tôt. On se marie au bout de... deux ans minimum... :x-):


Un excellent chapitre une fois de plus !
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Xia a écrit : 08 avr. 2021, 19:54
kally_MCO a écrit : 06 avr. 2021, 19:43 - Nyati... Myato... Nya... Mino... Tami... Mira... Mar... Amiti... Mar... Marmite !
:x-): :x-): :x-):

Un mariage en vue :-@ :-@ :-@
Mais Pedro a raison : c'est beaucoup trop tôt. On se marie au bout de... deux ans minimum... :x-):


Un excellent chapitre une fois de plus !
Tu me fais rougir, cocotte :tongue: :-@
Mais oui, j'adore ce couple ! Hum, vu ce qui les attend (ou pas), dans un mois, c'est parfait aussi. Et puis, j'ai besoin de joie et d'humour après les passages délicats ^^
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Anza »

Bon... et cette suite ???
;)
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
Perso préféré : Calmèque, cherchez pas, mon psy a jeté l'éponge ! MDR

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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Anza a écrit : 06 mai 2021, 20:36 Bon... et cette suite ???
;)
Sûrement dimanche (mais je ne promets rien, hihi). En attendant, je boucle une discussion Calminché pour le chapitre 4 ou 5 ! :tongue:
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

III. Nouvelle quête, nouveaux mystères

— Et que se passera-t-il une fois que nous aurons trouvé et remis tous les bijoux dans le coffre de la Destinée ?

— Je te trouve bien curieux, jeune ange, répondit Rana'Ori, le regard teinté de malice. Question fort pertinente, mais à laquelle je ne peux pas répondre. Si toutes vos questions trouvent leurs réponses dès maintenant, cette nouvelle quête perd de son sens et de son utilité.

— Pas faux.

Zia émit un rire, admirant la végétation luxuriante qui ornait généreusement la grande terrasse de la dernière princesse de Mu. Après avoir visité toutes les pièces du palais royal et conversé avec un vieux naacal à la mémoire déficiente, le jeune couple s'était laissé entraîner à l'extérieur. La Muenne aux longs cheveux leur avait parlé de la grande guerre de cent ans, des dégâts occasionnés, de son impuissance à elle face aux événements tragiques et - cela va sans dire - de l'élément déclencheur de celle-ci. L'évocation de Tyrias et de Ménator, son père, avait stupéfié les élus, qui avaient instinctivement repensé à Calmèque. Peiné, Estéban n'avait pas osé ouvrir la bouche. La grande blonde avait laissé couler quelques larmes de désespoir étouffé. Fidèle à sa nature sensible et empathique, la jeune Inca lui avait pressé les mains dans un geste tendre, sourire aux lèvres.

Suite à cela, la discussion s'était naturellement orientée vers la nouvelle mission des enfants. Tant de mystères et de nouvelles responsabilités... Si l'élue appréhendait avec une certaine inquiétude l'aventure dans laquelle ils allaient prochainement être plongés, le fils du soleil, lui, semblait plus curieux et impatient que jamais. Il avait hâte de retrouver son frère et Mendoza pour tout leur raconter.

La Muenne s'arrêta subitement de marcher et, après avoir passé les doigts dans la crinière sauvage de son lion qui finit par s'éloigner, sourit en vissant ses iris clairs sur le brun. Il s'appuya contre une petite table en argent blanc. Son amie, elle, se tenait bien droite, les mains jointes.

— Princesse Rana'Ori, vous... enfin, pourquoi nous demander à nous de choisir les deux porteurs des anneaux ? Pourquoi ne pas les désigner vous-même ?

— C'est très simple, ma chère Zia, fit l'amante de Tyrias. Ce n'est pas à moi de le faire, je dois seulement vous les confier afin que vous les remettiez à ceux que vous jugerez dignes de les porter. Vous êtes les élus. Il s'agit là d'une tâche primordiale et je suis éminemment convaincue que vous ferez le bon choix.

— Mais... comment... on peut vraiment choisir n'importe qui ? Et où est-ce qu'il se trouve, ce fameux coffre ? À quoi servent ces deux bagues ? Comment diable sommes-nous censés connaître l'emplacement des autres bijoux fondateurs ou que sais-je ? C'est tout sauf clair, tout ça, si vous voulez mon avis. Je...

— Estéban, l'interrompit Zia, l'air réprobateur.

— Tu parles beaucoup trop, fils du soleil, fit remarquer leur hôtesse en haussant les sourcils avant de contourner le meuble blanc. Tu es curieux, et c'est une bonne chose, mais tu devrais apprendre à faire preuve de patience.

Un mélange d'embarras et de contrariété convulsa les traits de l'élu. Après un petit blanc, la blonde reprit d'une voix cristalline, adressant un léger sourire au garçon dont les bras s'étaient croisés :

— Les porteurs doivent obligatoirement être deux adultes se connaissant. Une fois choisis, tout sera définitif, il n'y aura pas de changement possible. S'ils ne sont pas entre les mains de leurs porteurs, les anneaux jumeaux de Gygès terniront et perdront tous leurs pouvoirs. Tout comme vos médaillons, ils permettent de déverrouiller certaines portes. Vous en apprendrez davantage quant à eux avec le temps et l'expérience, aux côtés de vos élus.

Les yeux verts de la jeune fille sourirent à Estéban et ses lèvres ne tardèrent pas à suivre le mouvement. Mais le fils d'Athanaos ne la regardait même pas, silencieux, la vision accaparée par le sol, comme immergé dans une réflexion intense. Elle fronça légèrement les sourcils. Contrairement à la mère du Bako pour qui le choix semblait plus qu'évident, il paraissait, lui, très dubitatif. Qu'as-tu, mon amour ?

— Quant au grand coffre et à la localisation des six autres vestiges atlantes...

La princesse passa - une nouvelle fois - ses doigts sur la table, dont une parcelle se souleva pour dévoiler une petite carte noire et une clé rouge en forme de cœur enveloppées d'un carré de lumière. Le souffle du ciel azur fit voler les longs cheveux de l'Inca, qui réprima un gloussement lorsque l'Atlante se rapprocha d'elle pour caler quelques mèches derrière son oreille avec une douceur émouvante.

— Ceci devrait vous être utile, déclara la Muenne en tendant la carte et la clé à Estéban. Le coffre de la Destinée doit être trouvé avant ses trésors. Un long chemin vous attend, mes chers enfants. Comme pour la quête des cités d'or, fiez-vous à votre instinct, faites preuve de courage, de bonté et d'esprit. C'est en vous qu'il faudra puiser toutes les ressources nécessaires à l'accomplissement de cette nouvelle mission. Êtes-vous toujours certains de vouloir l'accepter ?

— Bien évidemment, firent les élus sans une once d'hésitation, leurs voix parfaitement synchrones.

Un large sourire fendit la bouche de Rana'Ori. Elle hocha la tête, fouillant les archives, chaque recoin, de sa mémoire, de son esprit, à la recherche d'une dernière indication susceptible d'intéresser le fils du soleil et la petite sorcière. Mais rien. Les visages encore enfantins des porteurs des médaillons du soleil étaient toujours tournés vers elle, et cette vue lui valut un pincement au cœur. Son bas-ventre s'était de nouveau transformé en cage à culpabilité. La blonde avait volontairement omis de mentionner la menace latente mais virulente qui pesait sur leurs compagnons, le danger sans nom qui les attendait, les démons auxquels ils allaient devoir faire face. Le Diable en personne avait retrouvé sa liberté.

Il était de son devoir de les prévenir, mais elle ne pouvait s'y résoudre. Un soupir franchit ses fines lèvres. Lysandre, son fidèle lion, vint se blottir contre sa jambe droite, comme s'il avait senti sa détresse intérieure. Rana'Ori sourit et son sourire se fit plus grand lorsqu'une silhouette s'avança vers eux. Vêtue de fuchsia, un parchemin à la main, elle se planta devant les élus. Un sourire serein vint animer le bas de son visage enveloppé de mèches blanches. Zia la reconnut instantanément, ils avaient déjà eu l'occasion de l'apercevoir sous forme de lumino-projection. Ses prunelles d'ambre contemplaient le nouveau couple.

— Est-ce le bon moment ? lâcha-t-elle de sa voix grave et éraillée.

— De quoi parlez-vous ? intervint immédiatement le petit brun, sourcils froncés.

La princesse attrapa le parchemin que lui tendait Gloriel et reporta toute son attention sur les enfants.

— Il est grand temps de parler de vous, sauveteurs de l'humanité. De vous et des pouvoirs qui vous ont été octroyés.

*

D'abord surpris, interdit, Mendoza ne tarda pas à se laisser aller contre le corps élancé de Laguerra, qui sourit contre ses lèvres. Il sentit chaque cellule de son organisme se régénérer, son contact le raviva, et les martèlements puissants de son cœur lui rappelaient qu'il était bien en vie. Ce cœur qu'il avait tendance à oublier avant leur premier baiser à Kûmlar, suivi de leurs retrouvailles aussi désirées qu'insolites dans la nef du vieux fou. Bientôt, les mains du fils de Nataniel agrippèrent les hanches parfaites d'Isabella tandis que la langue impérieuse de cette dernière enflammait la sienne. Les doigts de la jeune femme tiraient ses mèches brunes, sa main libre jouant avec la naissance de ses cheveux dans sa nuque, et bon Dieu, il désirait qu'elle ne cessât jamais d'exécuter ce geste. Un feu d'artifice prit vie dans le ventre de l'aventurière. Bon sang, mais comment avait-elle fait pour se passer de ça ? Enivrée de cette sensation étrange qu'elle ne pensait plus pouvoir ressentir et qu'il réussissait tout de même à éveiller en elle, la duelliste voulut caresser, embrasser, son torse nu, mais se ravisa. De tous les baisers qu'ils avaient échangés jusqu'à lors, celui-ci était sans conteste le plus fougueux, mais elle avait d'autres préoccupations pour le moment.

S'excuser. Discuter. L'inviter. Ni plus ni moins. Réfléchir, c'était fuir, s'isoler, se disputer encore et encore.

Ses lèvres humides et brûlantes quittèrent la bouche habile du navigateur, qui fronça les sourcils comme un enfant déçu, haletant. Cette vue soutira un mince sourire à Laguerra dont les bras s'étaient croisés dans son cou, ses mains à lui remontant jusqu'à sa taille. Elle souffla, ses yeux rouges piquaient, floutant sa vision.

— Ça, ça m'avait manqué.

— C'est pourtant toi qui mets des barrières inutiles entre nous, rétorqua Mendoza dans un souffle, ses lèvres s'incurvant.

Il leva la main pour attraper son menton, mais Isabella l'en empêcha, les paupières plissées.

— Pas touche à mon visage.

— Je te demande pardon ?

— Je n'aime pas qu'on me touche le visage, expliqua-t-elle en haussant les épaules. Tu es libre de toucher au reste de mon corps si l'envie t'en prend, mais pas à mon visage.

Plissant imperceptiblement les yeux, Mendoza se remémora leur échange à l'intérieur du navire volant, puis leur discussion dans le désert des Chaldis - discussion durant laquelle la bretteuse avait témoigné d'un calme olympien qui devait, à ce moment là, fortement contraster avec son état d'esprit. Sourire aux lèvres, il tenta de lui effleurer la joue. Les dents d'Isabella manquèrent de se refermer sur ses doigts. Ses yeux s'arrondirent.

— Arrête ça ou je te mords, le menaça-t-elle avec un regard noir.

Le navigateur éclata de rire.

— Très bien, très bien...

Il la dévisagea en grimaçant.

— Tu es épuisée, Laguerra.

— Toi aussi, tu as mauvaise mine, soupira la brune, plongeant des prunelles hésitantes dans ses orbes noirs. Mais je ne suis pas venue pour parler de ça. Pas maintenant. Écoute, je suis désolée de m'être emportée de la sorte et d'avoir passé la semaine à t'éviter. Mais comprends-moi, tu m'as brusquée et tu as mal réagi, toi aussi.

Agréablement surpris, son compagnon la sonda du regard avant de hocher la tête. La jeune femme profita de son silence pour admirer ses yeux rivés sur elle. Tout comme elle, le capitaine avait un regard farouche dans lequel peu, très peu, de personnes devaient avoir envie de se perdre - ou même de croiser. Les billes noires-noisettes de Laguerra analysèrent ensuite le pli de sa bouche. Cette façon de sourire avec retenue et malice... L'image d'Elio se superposa brièvement au visage de l'homme à la cape bleue, mais elle chassa bien vite cette drôle de pensée de son esprit. Mendoza n'avait assurément rien à voir avec cette ordure, ce menteur.

— Excuses acceptées, señorita, murmura-t-il.

— C'est tout ?

— Comment ça ?

— Eh bien, j'attends toujours des excuses, pour ma part.

— Des excuses pour quoi ? rit le marin, provocateur.

Sarcastique, l'escrimeuse répliqua :

— Tu sais, il faut être deux pour se disputer. Et puis, toi aussi, tu m'as ignorée. En prime, j'ai eu droit à ton regard-à-fumier.

— Mon regard-à-fumier ? répéta-t-il, réellement confus.

Elle roula des yeux et le regarda, à moitié sérieuse.

— Oui, tu sais, ton regard qui dit « je suis le capitaine Mendoza et je donne l'impression au reste du monde qu'ils ne sont qu'un tas de fumier ». Je le connais, ce regard. J'ai le même, sauf que le mien crie « va crever en enfer, pourriture ».

Nouvel éclat de rire. Isabella était, décidément, loin d'être une femme banale, il ne cessait de le constater depuis plusieurs semaines. Ce fut au tour de la duelliste de froncer le nez comme une gamine et, comme à chaque fois, le mot adorable frappa l'esprit de Mendoza avec force. Il lui dégagea les échardes veloutées qui tombaient sur son beau visage avec un émerveillement qui ferait fondre tous les cœurs de glace comme celui de Laguerra. Troublée, elle déglutit, peinant à soutenir son regard. Ce n'est pas bon. Pas bon du tout.

Un long silence s'éprit de leurs corps. Un silence pesant, lourd de sens et de tension. Une tension électrique. Tentatrice. Et cette alchimie sans nom qui émanait d'eux, noyant leurs regards d'une pluie d'étincelles, accélérant leurs pouls.

— Je suis sincèrement désolé, Isabella, reprit subitement l'Espagnol. Mais il faut que tu saches que je n'ai jamais voulu te donner l'impression d'être du fumier. Loin de là.

Il sourit, sa joue frémissant légèrement.

— D'accord.

La discussion est reportée, c'est toujours ça de pris.

Le bretteur continuait de la scruter.

— Arrête de me fixer comme ça, on dirait que tu vas me faire l'amour sur place, ironisa-t-elle, un sourcil arqué.

— Eh bien, si tu le demandes, il n'y a que nous et l'herbe a l'air confortable...

Laguerra s'esclaffa, son rire grave et cristallin s'envolant dans les airs, et s'échappa de l'étreinte du capitaine. Ils s'installèrent sur le sol. La jeune femme croisa les jambes, tandis que le marin fixait un point au loin. Il songea au merveilleux moment qu'ils avaient passé ensemble, ici, quelques jours plus tôt, pendant que Gaspard essayait de chasser. Ils avaient passé de longues minutes à s'embrasser à pleine bouche, leurs corps imbriqués roulant sur la terre sèche, coupés du monde extérieur. Le fantôme moqueur et tenace de Zarès obscurcit brusquement la rêverie de Juan, qui serra les dents à se les éclater. Ce démon grotesque finirait par payer pour les innombrables torts causés à Isabella, aux enfants, et à tous les malheureux qui avaient pâti de sa soif malsaine de pouvoir. Quel fou. Un fou qu'il s'était juré de tuer un jour.

Ne pense pas à ça.

— Laguerra ?

— Oui ?

— Comment se fait-il que Gaspard et toi soyez subitement devenus les meilleurs amis du monde ?

Ses grands sourcils se froncèrent. Son ton trahissait une vive contrariété saupoudrée d'une réelle curiosité. Jouant avec une longue mèche de cheveux, la fille de Fernando dit avec humour :

— On a fui une base Olmèque ensemble et échappé à une mort imminente. Forcément, cela crée des liens.

Avec plus de sérieux, elle ajouta :

— Et puis, il a vraiment bon fond. C'est sans conteste l'homme le plus obstiné qu'il m'ait été donné de côtoyer. Il est attachant, je l'apprécie. Maintenant arrête de contracter la mâchoire, il ne s'est rien passé entre nous.

Son interlocuteur se rembrunit et se pencha vers elle. Il empeste la jalousie.

— Ces derniers jours, tu as passé le plus clair de ton temps avec lui, alors qu'en parallèle, tu t'évertuais à m'ignorer. Je tiens tout de même à te rappeler qu'il ne te voit pas comme une simple amie.

Isabella souffla en levant les yeux au ciel.

— D'accord, tu veux qu'on se dispute de nouveau ? Écoute, il est lui et tu es toi. Et puis, je pensais que vous commenciez à vous apprécier.

C'était avant qu'il ne passe toute une nuit à gémir ton prénom, couché à moins de cinq mètres de moi, et que je ne lui inflige une rude correction bien méritée avant de lui ordonner de changer de case, neuf jours plus tôt, chaton.

— Disons qu'il a été particulièrement exécrable avec moi cette semaine, éluda-t-il.

Soudain, les voix de Sancho et Pedro se firent entendre, brisant l'intimité des deux aventuriers qui relevèrent la tête. L'Espagnol plissa les yeux, agacé.

— Tu devrais y aller, lâcha la señorita. Et profites-en pour te laver, ça ne te fera pas de mal. Je dois, de toute manière, aller retrouver Tao, de mon côté.

Il opina mécaniquement. Un sourire narquois vint alors incurver un coin de sa bouche, alors que celle-ci se rapprochait de l'oreille de l'aventurière. Elle esquissa un sourire à son tour, les yeux à demi fermés, et se pencha sur lui lorsqu'il planta deux longs baisers sous son oreille gauche avant de se relever.

— Un dîner en tête-à-tête, une promenade au clair de lune et un bain de minuit, ça te tente ? lança Laguerra avec force, les pupilles levées vers un immonde soleil aveuglant. Demain soir ?

— Avec plaisir, dit le mercenaire avec un sourire en se retournant avant de froncer les sourcils, taquin. Mais pourquoi un bain de minuit ? Je ne te savais pas romantique, c'est même tout le contraire... non ?

Sans hésiter, l'Espagnole planta son regard dans le sien et répondit avec franchise :

— Ça n'a rien à voir. Je ne suis pas romantique et ne le serai jamais. Si je te propose un bain de minuit, c'est parce que j'adore me baigner la nuit, que les étoiles seront visibles et que je n'ai pas envie que tu me voies nue au grand jour.

Sa réponse déclencha un nouveau tourbillon d'interrogations, et le mentor d'Estéban ignora les crépitements de son bas-ventre. Pourquoi l'inviter à se baigner avec elle si elle ne désirait pas qu'il la vît nue ? Un sourcil haussé, il humidifia sa lèvre inférieure, silencieux. Sa belle brune au tempérament volcanique était imprévisible et - il fallait l'admettre - n'était pas toujours logique, il l'avait bien compris. Sachant qu'elle ne s'épancherait pas sur le sujet, de toute façon, Mendoza ne posa pas de question supplémentaire. Il aurait bien le temps de reprendre son interrogatoire en suspens plus tard. Pour l'heure, le capitaine était bien trop heureux de retrouver leur complicité et de pouvoir savourer cette demi-réconciliation.

— Très bien, finit-il par lâcher, une lueur de défi illuminant ses iris. Mais ne te fais pas trop d'idées, on ne fera que profiter de l'eau et du ciel, Laguerra.

Trop tard, señor-la-cape.

Provocante, elle enfonça son menton dans la paume de sa main droite, son coude planté dans sa cuisse moulée.

— C'est toi qui en parle, pas moi, rétorqua-t-elle suavement. Et pour qui me prends-tu enfin ? Tu t'adresses à quelqu'un qui a passé toute une partie de sa vie à la cour d'Espagne, tout de même !

Il laissa échapper un rire grave et léger avant d'exécuter une révérence - geste qui amusa l'espionne. Le voir ainsi rentrer dans son jeu renforça son intérêt pour lui. L'ancien marin lui fit un clin d'œil.

— Mes plus sincères excuses, votre Altesse.

— Excuses acceptées, beau brun, sourit-elle sans pouvoir s'en empêcher. Bonne fin de journée, capitaine !

Les yeux fermés, totalement apaisée, la fille du docteur s'allongea par terre, sur le dos, en croisant les bras derrière la tête. Le rire communicatif de l'Espagnol emplit l'air, accompagné de légers bruits de pas, alors qu'il s'éloignait à regret.

— À toi aussi, tête-de-mule !

Ça s'est bien passé. La jeune alchimiste se pinça les lèvres, détachant sa chevelure marron glacé. Elle avait un peu plus de vingt-quatre heures pour faire le point avec elle-même... mais que faire, que dire ? Elle pourrait envisager de lui mentir, mais elle n'en avait ni la force ni l'envie. Impossible. Pas à Mendoza qui s'était toujours montré respectueux à son égard et qui, de surcroît, faisait preuve d'une sincérité touchante. Être honnête et lui expliquer qu'elle ne pouvait répondre à ses questions ? Il risquait de se braquer, d'interpréter son refus catégorique de s'ouvrir à lui et d'identifier leur relation comme un manque de confiance. Mais pourquoi vouloir mettre des mots compliqués sur ce qui était simple et intensément agréable ? Laguerra aimait la légèreté qui les enveloppait depuis leur combat dans ce village Maasaï ; leur relation était entre l'amitié et l'amour, l'attirance et la fusion. Elle savait qu'elle se sentait bien avec lui, qu'elle avait de plus en plus envie de lui vouer son corps et qu'il l'attirait. Elle n'avait, pour le moment, pas besoin de plus. Elle n'avait pas envie de plus. Ou de moins. Hors de question.

Et son devoir de rentrer en Espagne ? Sa future mission ?

Elle grogna sous son souffle, sentant sa bulle de sérénité s'évaporer de nouveau.

*

La nuit venait de tomber sur le royaume de Mutapa, et sa glorieuse capitale. Les rayons lunaires éclaboussaient de leurs pâles sourires arbres, cases, huttes... Les préparatifs avaient bien avancé grâce aux efforts déployés par chacun et l'intégralité du village dormait à poings fermés.

L'espionne du roi marchait dans l'obscurité, seule, sa chevelure détachée et trempée jusqu'aux racines jouant sur ses fines épaules. Le menton relevé, elle admirait le ciel nocturne et ses étoiles majestueuses, spectacle de toute beauté, œuvre d'art incomparable propice à la rêverie, à l'évasion. L'astronomie, quelle science passionnante !

La brune hésita un instant. Dormir au grand air, sous la Lune et ses vassaux, lui ferait assurément un bien ineffable. Toutefois, il était hors de question d'abandonner le jeune naacal, qui dormait déjà depuis plusieurs heures. Elle secoua alors fermement la tête.

De sa main droite, Isabella toucha le haut de son bras gauche. La morsure de ce maudit serpent n'était plus qu'un vague souvenir. Elle sourit légèrement quand l'expression paniquée et pleine de désespoir de son capitaine lui apparut.

Après son échange avec ce dernier, Laguerra avait rejoint Tao pour discuter de quelques détails concernant l'Ordre du Condor. Elle s'était ensuite dépensée en faisant douze fois le tour des différents enclos de Zimbabwe pour enfin profiter d'un bon bain relaxant. L'Afrique était un continent fascinant qu'elle découvrait pour la première fois de sa vie. Les autochtones faisaient preuve d'aménité, ils étaient très chaleureux. Trop chaleureux. Et souriants. La jeune femme n'aimait pas les personnes qui souriaient tout le temps, elle avait toujours la sensation qu'elles étaient fausses.

La señorita contempla la case de Mendoza pendant quelques secondes avant de dévier son regard sur celle de Gaspard, qu'elle savait épuisé. Le mercenaire lui avait souhaité bonne nuit une heure plus tôt, sans l'approcher, l'air narquois. Stoïque, Isabella lui avait adressé un malheureux signe de la main, incrédule et passablement irritée. Ridicule. L'ancien lieutenant de Zarès, quant à lui, avait serré ses deux mains nues dans les siennes, tout sourire. Il lui avait proposé une petite chasse à deux - en insistant sur le deux - et de danser avec lui durant la fête d'anniversaire de sa Majesté. Amusée, la fille du docteur avait accepté sans réfléchir avant de lui conseiller d'aller gagner sa précieuse couche.

L'aventurière finit éventuellement par retrouver la sienne et, cette nuit là, ni elle ni Tao n'entendirent de crépitements.

*

Lorsque l'Aimant
De la Porteuse aura fait couler le sang

Lorsque le Supplice
Du Porteur aura exposé les vices

Lorsque l'ultime Prophétie
Touchera les esprits

Les Flammes longtemps ennemies
Brûleront le parchemin gris
À nouveau seront réunies

Et l'unique Condition de leur terrible activation
Se trouve dans le hurlement de la Désolation.
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Xia »

Que dire ?

J'A-DO-RE !

Une fois de plus, tu nous as écrit un magnifique chapitre et une fois de plus, je n'ai aucun mal à assister (mentalement hein^^) aux scènes.
A mes yeux, c'est ce qui faut pour être une histoire digne d'être lue ;)
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par TEEGER59 »

Je rejoins l'avis de Xia.
Je t'avouerai même que cela fait plusieurs jours de suite que je relis ce chapitre.
kally_MCO a écrit : 11 mai 2021, 16:08 :Laguerra: : Pas touche à mon visage.
:arrow: L'aventurière ne serait-elle pas le pendant féminin de Christian Grey? :x-):
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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kally_MCO
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Xia a écrit : 16 mai 2021, 11:21 Que dire ?

J'A-DO-RE !

Une fois de plus, tu nous as écrit un magnifique chapitre et une fois de plus, je n'ai aucun mal à assister (mentalement hein^^) aux scènes.
A mes yeux, c'est ce qui faut pour être une histoire digne d'être lue ;)
Ma chèvre :-@

MER-CI !
Ton commentaire me touche, merci beaucoup ^^
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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