DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Xia
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Xia »

kally_MCO a écrit : 02 juin 2021, 13:26
Xia a écrit : 01 juin 2021, 19:32 Calmèque : Ménator-le-tyran-blanc, Mendoza-la-mouche-bleue, Mayonnaise, Ambrosius-le-cafard-roux, Marmite
Eh ben moi, je décerne un prix à l'homme-araignée : celui du donneur de surnoms les plus ridicules :lol: :tongue:

Oh mais... c'est une idée où mon hippocampe préférée est en train de presser les olives pour arroser le gaspacho bientôt ? :x-): :x-): :x-):
Il le mérite, ce titre ! :x-):
Euh... je suis ton SEUL hippocampe !
Les olives ? Arroser ? Que quoi ? :')
:tongue:
Il en a d'autres en stock ? :lol: Du genre Esteban-le-niais, Ventre-rond-de-marin, Baleine-de-mouche, Inca-de-pot-confiture ?
A ton avis ? :tongue:
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Anza »

Y'a tt de même un truc qu'il faut que je demande. Va-t-on comprendre à moment donné pourquoi Marinchè drogue Laguerra-père ou ?
Ou est-ce simplement pour pouvoir profiter de son chez lui, ben situé en Espagne ?
J'ai relu pour être certaine de n'avoir rien loupé, mais en l'état je n'ai pas trouvé une once d'explication.
Elle le mène en bateau (ha les Marinchè sont tjs de gdes tragédienne !) et le garde léthargique ds son plumard...
Du coup je me demandais si une vicieuse raison allait apparaître à moment donné ou... pas ? ;)

Sinon en relisant j'ai re-ris à la demande de Rana-Ori : êtes-vous prêt pour cette mission ?
Direct j'entends à chaque fois :

OK... je sors !
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Anza a écrit : 02 juin 2021, 20:12 Y'a tt de même un truc qu'il faut que je demande. Va-t-on comprendre à moment donné pourquoi Marinchè drogue Laguerra-père ou ?
Ou est-ce simplement pour pouvoir profiter de son chez lui, ben situé en Espagne ?
J'ai relu pour être certaine de n'avoir rien loupé, mais en l'état je n'ai pas trouvé une once d'explication.
Elle le mène en bateau (ha les Marinchè sont tjs de gdes tragédienne !) et le garde léthargique ds son plumard...
Du coup je me demandais si une vicieuse raison allait apparaître à moment donné ou... pas ? ;)

Sinon en relisant j'ai re-ris à la demande de Rana-Ori : êtes-vous prêt pour cette mission ?
Direct j'entends à chaque fois :

OK... je sors !
Oui, c'est prévu :tongue:
Tu sais, à un moment donné, tous les petits détails et zones d'ombre/mystères trouveront leur explication, merci d'avoir souligné ça !
Rana'Ori, un sketch doré cette femme ! :x-):

La porte à gauche -->
(Non, à gauche, j'ai dit !)
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Anza
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Anza »

- T'es gentille, mais déjà que je sors de mon plein gré, je choisis ma porte !
Et elle fit voler ses cheveux avec fierté avant de se retourner pour s'apercevoir qu'aucune porte n'existait à droite, ni nulle part ailleurs... d'ailleurs...
- Bon d'accord, admettons,... mais c'est moi qui choisit QUAND je prends cette porte !
Petit silence gêné... avant de se saisir de la poignée.
- Voilà ! Na ! Et je m'en vais "comme un prince" !
L'autre la regarda sortir avec consternation.
"Fais donc ça !"

Heu... c'est pour rire hein ;)
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par TEEGER59 »

Anza a écrit : 02 juin 2021, 20:38 - Voilà ! Na ! Et je m'en vais "comme un prince" !
Pascal Légitimus, sors de ce corps!

:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Anza »

C'est ça :)
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

V. Cyclone émotionnel

Aujourd'hui allait être un bon jour.

Il n'allait pas céder à ses démons familiaux.

L'ombre du vieux Français n'allait pas venir l'importuner.

Il allait avoir Isabella pour lui tout seul.

Cette journée s'annonçait merveilleuse, et personne - pas même Gaspard - ne pourrait la lui gâcher.

Lavé, rincé et complètement lucide en dépit d'une nuit blanche comme neige, Mendoza s'admira un instant dans le miroir. Il plissa les yeux. Les prémices d'une petite barbe assombrissaient la peau de son menton. Il hésita. Il voulait d'instinct s'en débarrasser sur-le-champ, mais un souvenir lui revint et l'arrêta dans son élan. L'épéiste se rappela alors d'un échange entre Laguerra et Nyamita - échange dont il avait retenu quelques détails, malgré lui.

- Ce doit être follement agréable de sentir le frottement d'un début de barbe contre ses cuisses, avait-elle dit dans un sourire malicieux, sachant pertinemment qu'il l'écoutait.

Affichant un demi-sourire, un déluge de fourmillements cheminant le long de ses jambes musclées, il décida d'épargner ces pauvres poils. Ils avaient, après tout, le droit de vivre et de s'épanouir, eux aussi.

C'était stupide. Le capitaine n'avait nullement l'intention de franchir ce cap avec l'espionne de l'Empereur. Du moins, pas pour le moment. Non pas qu'il ne la désirât pas, loin de là. Son envie d'elle réverbérait l'amour qu'il cultivait depuis leur rencontre, en Inde. Aucune femme ne lui avait jamais fait un tel effet, c'était certain. Mais le stratège redoutait les conséquences irréversibles qu'engendrerait le franchissement de cette limite. Leur dispute, ses rires nerveux et l'attitude générale de la jeune femme trahissaient incontestablement ses vives réticences à s'engager dans une relation sérieuse. La fille du docteur était aussi indépendante que caractérielle, et il voyait bien qu'elle n'était pas prête à lui donner ce qu'il voulait, chose qui le préoccupait et éveillait en lui une impatience nerveuse qu'il s'était promis d'apprendre à maîtriser, la veille. L'Espagnole avait beau être franche et téméraire, dès qu'il s'agissait de sentiments humains, cette dernière se fermait comme une huître. Une toute petite huître. Et Juan-Carlos ne pouvait se permettre de sombrer davantage encore dans cet océan là sans savoir où tout cela allait les emmener. Inutile de tenter le Diable, même s'il était déjà trop tard : il avait inconsciemment offert son cœur à Laguerra au moment où leurs regards s'étaient confondus dans le fort, et il songeait déjà à leur futur à deux quand il l'avait rejointe dans la nef. Ressentait-elle la même chose ? Était-elle totalement sincère ? Avait-elle conscience de la jalousie ardente que son amitié improbable avec Gaspard provoquait en lui ?

Sourcils froncés, l'Espagnol à la cape bleue poussa un grognement avant de se rhabiller. Gagnant sa case, il laissa ses pensées dériver vers un autre horizon, proche du précédent. Les élus ne tarderaient pas à réapparaître, il le pressentait. Leur départ pour l'Inde approchait, par conséquent, à grandes foulées. Mais que se passerait-il, une fois là-bas ? Isabella comptait-elle réellement s'y installer ? Le bretteur savait bien qu'elle était loin d'être de ceux qui fuyaient leurs responsabilités et qu'elle avait l'intention d'y retourner dans un avenir relativement proche. Quant à lui, il allait éventuellement devoir rentrer en Espagne - à un moment donné - afin de faire face aux problèmes qu'il y avait laissés. Les régler, revoir ses vieux fantômes. C'était à son corps défendant, mais il n'était plus un enfant. Il rangea alors cette pensée dans un tiroir fermé de son esprit, décidant qu'il était pour l'instant plus sage de songer à l'aide que sa compagne et lui devraient bientôt apporter au jeune savant pour honorer leur promesse. Du reste, ses fidèles marins étaient heureux et cela valait bien tout l'or du monde.

L'heure qui suivit fut dédiée au nettoyage de son épée et au dépoussiérage maniaque de sa cape, qu'il enfila avant de fendre le village. Sur son chemin, il salua brièvement la sœur du roi d'un mouvement de tête. Il eut également la chance - ou l'immense malheur, dans ce cas précis - de croiser Gaspard qu'il gratifia d'un regard noir. En retour, l'officier le foudroya aussi, les yeux plissés.

Mendoza finit par gagner une clairière, perdu dans la forêt épaisse de son esprit. Ses billes noires se mirent à admirer le ciel aux reflets bleutés.

Grossière erreur.

Autour de lui, l'air semblait s'être raréfié. Son cœur s'alourdit considérablement, vacillant entre son estomac et sa gorge serrée.

Ce bleu cristal lui rappelait les iris d'Elio. De son petit frère. De l'homme qu'il avait tué.

- Juan, Juan !

- Laisse moi tranquille, j'ai à faire, figure-toi !

- C'est Irina, sanglota-t-il. Elle ne va pas bien !


Chaque portion de son anatomie se solidifia, engloutie par une marée froide. Le mercenaire repensa à Irina Darine Mendoza, sa sœur jumelle.

- Je l'aime et jamais je ne le quitterai ! Qu'est-ce qu'un bloc de glace taciturne et frustré comme toi peut bien comprendre à l'amour ?!

- Bon sang, Irina, écoute-moi pour une fois ! Cet homme n'est qu'un immonde cafard qui se joue de toi, il ne mérite pas un millième de ton attention !


Puis vint le tour de ses géniteurs. Son ventre se tordit, sa vision devint trouble, son sang bouillonnait. Culpabilité, colère, tristesse... nostalgie, anxiété, et peur le secouaient.

- Tu fais honte à toute la famille ! Je suis ton père, tu me dois respect et obéissance, alors baisse d'un ton ! Je t'ai toujours chéri et défendu, Juan, mais tu as dépassé les bornes de l'acceptable !

- Calme toi, Nataniel !

- Non, Gabriela ! Écoute-moi bien, petit garnement, tu épouseras Aurore Dubois que tu le veuilles ou non !


Il crut distinguer la forme d'un grand arbre. Soudain, le capitaine sentit une masse chaude et svelte s'accrocher à son dos, manquant de le faire tomber. Un parfum floral, rehaussé d'un mélange cerise-cannelle inimitable, éclaboussa ses sens, tandis que des lèvres pulpeuses s'échouaient habilement sur son cou. Par mécanisme, les neurones ankylosés, Mendoza fléchit le corps en avant, envoyant la silhouette de Laguerra valser dans les airs. Cette dernière effectua un salto arrière - qui ne lui demanda aucun effort - avant de regagner la terre ferme avec souplesse et agilité, à trois mètres de lui. Relevant la tête, la señorita souffla sur deux mèches sombres et déplia furtivement les genoux. Une lueur animant son regard, elle déboucla son ceinturon, laissant ses armes adorées tomber au sol, et se rua vers lui en poussant un cri de guerre. Le navigateur eut à peine le temps de retirer sa cape et de se débarrasser de sa propre rapière que le pied d'Isabella s'était déjà planté dans son torse. Une douleur diffuse chauffa cette partie de son corps, et il perdit violemment l'équilibre. Reprenant ses esprits, l'aventurier se redressa sur ses jambes, en position de défense.

Comme à chaque fois qu'elle se battait, la brune se battait éperdument. Puisant intelligemment dans ses ressources, ses capacités, ses atouts. Pleinement concentrée. Portée par l'adrénaline. Oublieuse du reste. Avec vélocité et précision, elle enchaînait les coups de pieds retournés. Afin de contrer ses attaques viriles, elle bondissait gracieusement, le plaquant au sol par moments, se débattant frénétiquement à d'autres. La fille de Fernando se savait inférieure en force brute, mais supérieure en agilité et en vitesse de réaction. Crochets, feintes, coups circulaires ; la meilleure espionne de Charles Quint semblait infatigable. Elle était aussi énergétique que vive d'esprit. L'ancien marin peinait à réprimer son ébahissement. Force était de constater qu'Isabella Laguerra était encore plus redoutable lors d'un combat à mains nues que durant un duel à l'épée - ce qui, jusqu'à lors, lui paraissait impossible. Ce corps mince aux formes prononcées ravissantes recelait une force impressionnante.

Le capitaine s'empara d'un poings menaçant, épuisé. Il la fit tourner sur elle-même avant de la ramener vers lui. Le dos de l'aventurière longeait désormais son torse. Dans un mouvement rapide, il se jeta sur elle, encerclant son bassin de ses jambes pliées. Sa respiration était entrecoupée. Les beaux yeux de la jeune femme cherchèrent les siens. La mimique qui maquillait son visage fin et l'œillade qu'elle lui coula le déstabilisèrent. Son nez effleurant sa peau électrisée, elle murmura :

— Je t'imagine nu, gémissant sous mes caresses.

Cette simple phrase envoya une onde prépotente à son intimité, qu'il sentit vibrer. Tout le sang contenu dans son organisme afflua dans son visage, tandis qu'un tsunami de chaleur l'envahissait. Sans crier gare, Laguerra inversa leurs positions. Ses mains en appui sur le sol, à califourchon sur lui, elle reprit son souffle avant de lui offrir un sourire satisfait. Toujours retourné, Mendoza se redressa légèrement. Il avait perdu.

— Dis-moi, la dernière fois, tu m'as bien dit qu'une partie de ton attention était subjuguée par mon charme ?

Il sourit en hochant la tête.

— Eh bien, cette fois-ci, je n'aurais aucun mal à te croire si tu me dis que la totalité de ton attention y est passée !

La jeune femme éclata de rire, dévoilant une jolie rangée de dents blanches. Elle était belle, tellement belle. Et ce rire qui l'exaltait, remède à tous ses maux, cataplasme de toutes ses peurs, baume cicatrisant qui réchauffait son cœur.

— Il faut croire... Où diable as-tu appris à te battre comme ça, Laguerra ?

Isabella lui révéla spontanément :

— Je suis une espionne, capitaine. La meilleure espionne du roi d'Espagne. J'ai été formée par de véritables prodiges pour gravir les échelons de l'excellence. De la perfection. Puissance, rapidité, résistance : trois outils indispensables. J'ai déjà abattu des dizaines d'hommes sans disposer d'une seule arme. Lors de missions très délicates, je suis contrainte de me contenter du strict minimum - notamment durant celles où je dois obligatoirement endosser et jouer un rôle, changer d'identité. Il faut être souple et parer à toutes éventualités. Alors savoir se battre est crucial. Et puis, mon père m'avait déjà appris à manier un fouet et une épée avec aisance à cette époque là. Tout cela fait partie de moi.

Comme à chaque fois qu'elle évoquait le docteur, la douleur lui mangeait subtilement les traits. Son brun acquiesça, fasciné par son aura. Un sourcil arqué, il lâcha malicieusement :

— C'est tout de même fou qu'il faille toujours se battre, avec toi.

— Avec moi ?

— Avec toi, confirma-t-il en la défiant du regard.

Elle frappa son épaule.

— Espèce d'idiot ! Je te rappelle que c'est toi qui as commencé ! Ne viens pas me reprocher de ne pas être affectueuse si tu me repousses de la sorte quand j'essaie de faire des efforts !

Un rire gras jaillit des cordes vocales de l'épéiste. Ses traits se relâchèrent.

— Très bien, tu marques un point. Excuse-moi, j'étais perdu dans mes pensées et je ne m'attendais pas à un tel élan d'affection, je te pensais furieuse...

Elle se mit à mordiller sa lèvre en jouant avec ses cheveux. Après un petit blanc, l'aventurière répondit dans un haussement d'épaules, souriante :

— Oh, tu n'y étais pour rien. J'ai mal réagi à cause de la fatigue et de ma mauvaise humeur. Et puis, après avoir passé toute une nuit à régurgiter mes tripes, je suis comme neuve.

Sa dernière phrase fut accompagnée d'un rictus nimbé d'ironie. La duelliste avait l'art de l'autodérision, il avait eu l'occasion de s'en rendre compte. Il écarquilla les yeux.

— Sans compter que... je sais que je finirai par l'avoir, mon bain de minuit, ajouta-t-elle à voix basse, rapprochant leurs visages, narquoise.

— Bon sang, Laguerra, mais qu'est-ce qui t'a pris de boire autant ? lâcha Juan, le regard réprobateur.

La bretteuse roula des yeux en faisant la moue.

— Écoute, j'ai fait avec ce que j'avais sous la main. Tout ce que je peux te dire, c'est que si Gaspard avait jusqu'à lors une image sensuelle de ma personne, celle-ci a dû prendre ses jambes à son cou. Paix à son âme.

Et elle pouffa de rire, en bonne gamine insolente. Sarcastique, Mendoza dit dans un sourire crispé :

— Si c'est ce qui t'inquiète, ne t'en fais pas, chaton : je ne crois pas qu'il soit humainement possible de ne pas être attiré par toi. Et cette grosse baleine a beau être détestable, je ne pense pas qu'il soit de ceux qui s'arrêtent à ce genre de choses.

Ce compliment déguisé flatta la brune outre mesure. Elle s'empourpra inconsciemment.

— Alors je tâcherai de trouver autre chose.

La bouche de la jeune alchimiste s'échoua sur la sienne pour lui donner un baiser chaste, qui remua leurs bas-ventres respectifs le temps d'une seconde. Isabella l'observa, guettant sa réaction, hésitante. Le premier réflexe de Mendoza fut de lui offrir un second baiser, bien moins sage cette fois-ci. Quand sa langue rencontra la sienne, la fille du docteur gémit dans sa bouche. L'Espagnol passa les mains derrière son dos et la serra contre lui, le corps frissonnant, l'esprit chaviré. Les lèvres de Laguerra étaient une parfaite illustration du danger : on leur tournait autour, luttant contre la tentation d'y goûter, mais après avoir cédé... l'adrénaline était tellement forte qu'on ne pouvait plus en ressortir. Ils se détachèrent l'un de l'autre, à bout de souffle. Ses paumes gantées glissant sur sa nuque, elle le questionna, bienveillante :

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Je...

De nouveau, le ciel. Le regard translucide d'Elio. Il se raidit avant de fixer sa compagne en déglutissant. La prenant dans ses bras, il plongea son visage dans ses cheveux, les yeux grands ouverts. Le capitaine avait besoin d'elle, c'était plus fort que lui. Son nez et ses lèvres glissèrent délicatement sur l'oreille, puis le cou, de sa compagne. Sentant sa détresse émotionnelle, elle passa les doigts dans ses ondulations brunes - geste qui eut le don de l'apaiser.

— Tu sens bon, tellement bon... chuchota-t-il.

L'Espagnole rit en levant les yeux au ciel. Les mains du navigateur se mirent à caresser sa taille, noyant son ventre d'un feu indomptable. L'expression de la guerrière changea du tout au tout. Sans le savoir, Mendoza avivait l'ardeur d'Isabella, qui dut se soumettre aux volontés de ses pulsions. Bientôt, le dos du marin toucha ce qui lui semblait être un gros tronc d'arbre. Des pupilles dilatées par le désir aimantèrent ses prunelles. Toujours assise sur ses cuisses, la brune le dévisagea longuement avant de glisser une main sous sa tunique. Ce simple contact lui provoqua une décharge électrique, si bien qu'il n'osait pas imaginer l'explosion que provoquerait la rencontre de leurs deux chairs. Déboussolé, il la laissa faire sans rien dire.

Il s'apprêtait à perdre. Une seconde fois.

— J'ai l'impression que ça sera toujours comme ça entre nous, susurra Laguerra dans son oreille gauche.

— Comment ? demanda-t-il, même s'il connaissait déjà la réponse.

Elle ondula sensuellement sur lui, ne tardant pas à sentir une bosse se former dans son pantalon.

— Comme ça. Explosif. Il y a des désirs qu'on ne peut pas contrôler, Mendoza.

Si le Diable en personne avait eu Isabella pour disciple, alors l'élève avait largement dépassé le maître. Sa voix de velours menaçait de le faire sombrer dans l'abysse de la folie éternelle. La température de son corps ne cessait d'augmenter. Son bassin, aussi dur que la roche terrestre, s'embrasa, brûlant ses fesses.

Elle murmura :

— Si tu veux que j'arrête, il te suffit de le dire.

Il tenta de se concentrer sur sa respiration mais l'espionne fit voler sa résolution en éclat. Les joues cramoisies, elle engagea la conquête de son cou. La duelliste en effleura, embrassa, mordilla et aspira chaque recoin. Lâchant un gémissement sonore, l'aventurier voulut lui offrir un baiser mais fut arrêté dans son élan. Laguerra roula sur le côté, se dressa sur ses jambes et l'aida à en faire de même.

— Capitaine Mendoza ! Señorita ! Vous voilà enfin ! s'exclama Nyamita en courant vers eux.

Elle s'arrêta, essoufflée, et lança dans un sourire :

— Navrée de briser votre... intimité, mais...

Son regard accrocha l'entrejambe du stratège avant de se fondre dans celui de l'aventurière. Elles se sourirent discrètement, complices, et la princesse adressa un clin d'œil à celle qu'elle considérait désormais comme une amie précieuse. Laguerra ravala un rire, totalement détendue. À l'aise. Lucide. Maîtresse d'elle-même.

Juan-Carlos eut le plus grand mal à reprendre contenance, contrairement à elle. Mais comment fait-elle ? Par la malepeste, Isabella, tu me rends fou. Dans tous les sens du terme.

— Mon frère désire vous entretenir des mesures qui vont être prises dans les jours qui suivent, capitaine Mendoza. Et il veut que tu sois là aussi, beauté.

— Quel honneur, railla la concernée.

— Dites-lui que je serai là dans un peu moins d'une demi-heure, Majesté, répondit Mendoza avec politesse.

— Parfait ! Faites au plus vite, à tout de suite, les tourtereaux !

Elle s'extirpa du décor végétal. Sourcils froncés, la fille de Fernando demanda à son compagnon :

— De quoi s'agit-il, au fait ?

Il répondit honnêtement :

— Certains habitants du village ont retrouvé des plumes tachetées de sang près de leurs cases. Le roi pense qu'elles appartiennent à une ancienne tribu de...

— Mangeurs d'hommes, de cannibales. Les Munhu Anodya'anhu. J'ai eu l'occasion de faire quelques recherches sur eux. Tao et moi avons également retrouvé des plumes rouges près de notre case cette semaine, compléta la jeune femme, impassible.

Pris de court, le mentor des élus se figea.

— Quoi ?! Et quand est-ce que tu comptais me le dire ? l'interrogea-t-il, tiraillé entre peur panique, contrariété et surprise. Bon sang, Laguerra, ces gens auraient pu vous attaquer tous les deux, et je n'en savais rien ! C'est trop te demander de m'accorder ta confiance ? Comment suis-je censé vous protéger si...

— Du calme, beau brun, tu t'étouffes, fit-elle sur un ton posé, mains sur les hanches, la tête penchée sur le côté. Alors premièrement, je te fais confiance, n'en doute pas. Deuxièmement, je ne t'ai rien dit parce qu'il n'y avait rien à dire : Tao et moi sommes en vie et en un seul morceau, à ce que je sache. Troisièmement, tu es libre de veiller sur Tao, Estéban, Zia, tes hommes, le village et le reste du monde si tu en as envie, mais pas sur moi. Ça fait vingt-quatre ans que je m'en sors très bien toute seule, ce n'est certainement pas maintenant que je vais me mettre à quémander les services d'un chevalier servant. Je sais me défendre et me protéger comme une grande, ne t'inquiète pas pour moi. Je n'ai pas besoin de toi pour ça.

Elle lui pressa le bras avant de récupérer ses armes et de se mettre à marcher en déhanchant son magnifique fessier. Le tourbillon d'émotions et de sensations diverses qui avait submergé le mercenaire quelques minutes plus tôt fut remplacé par un seul et unique sentiment. Un goût amer s'immisça dans sa gorge.

Je n'ai pas besoin de toi.

Isabella et lui n'avaient certes toujours pas entamé la discussion, mais ces quelques mots en disaient déjà long sur l'avenir de leur relation.

*

Toujours sidérés, les porteurs du médaillon s'arrêtèrent devant les portes des deux chambres que la princesse leur avait octroyées. Il y avait trop d'informations à assimiler et les propos tenus par Gloriel ne cessaient de faire bouillonner leurs neurones fatigués.

Le don de télékinésie. Le don de voyance. Le don de communication. Et... le don de guérison. La jeune fille soupira. Et Estéban... qu'a-t-elle voulu dire par "le pouvoir de commander à toutes les forces du ciel" ? Tout cela est si confus et inquiétant...

Plaquant doucement son dos contre le mur en diamant, Zia souffla, ferma les yeux un instant, puis les rouvrit. Elle sourit à son petit brun, qui s'était adossé à la porte de son sanctuaire, et lança pour détendre l'atmosphère :

— Gloriel est une femme amusante, tu ne trouves pas ?

— Hum, sûrement.

L'élu fixait un point imaginaire, l'expression crispée. Sans se départir de son sourire, laissant échapper un rire mélodieux, l'Inca reprit :

— Je me demande comment vont Sancho et Pedro. J'espère de tout cœur que leur nouvelle vie leur convient et qu'ils avancent bien sur leur projet !

— Eh bien moi, j'espère surtout qu'on pourra bientôt rentrer. Il me tarde de raconter tout ça à Mendoza, il faudra faire vite et entamer nos recherches, il n'y a plus de temps à perdre !

Un froncement de sourcils déforma le joli visage de la jeune fille. Elle soupira avant de pincer ses lèvres généreuses.

— Nous lui en parlerons... mais pas dans l'immédiat. Il ne faut absolument pas qu'il se sente obligé de nous accompagner, encore une fois.

— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes, ma Zia ? Bien sûr qu'il doit nous accompagner ! C'est son rôle, on a besoin de lui pour cette nouvelle quête !

— Ça ne l'est pas, Estéban, lâcha-t-elle en secouant la tête. Ça ne l'est plus. Écoute, Mendoza va commencer une nouvelle vie à présent. Il n'est plus forcé de nous suivre ou de nous protéger. Il ne l'a jamais vraiment été. Tout comme Pedro, Sancho ou Isabella avec qui il débute une relation, c'est un homme libre avec des rêves et des sentiments. Il a aussi le droit au bonheur, à l'amour. Il nous a déjà énormément aidés et n'a rien demandé en retour, Estéban, ce serait égoïste et déplacé de notre part de lui imposer cela maintenant - en plus du reste. Si Isabella et lui proposent de se joindre à nous, et ce de leur plein gré, il en sera ainsi. Mais s'ils ont d'autres projets qui leur tiennent à cœur et qui ne peuvent attendre, alors nous ne serons que tous les trois. Et puis... Tao a, de son côté, tout un Ordre à fonder ! Chacun de nous doit suivre la voie qui lui est destinée, choisir sa propre route et parcourir seul son chemin. C'est ainsi.

Le calme bienveillant de l'élue contrastait avec la stupéfaction furieuse de l'Atlante.

— Mais ça va pas ?! Il vient avec nous et ce n'est pas négociable ! On a encore besoin de lui, il est hors de question qu'il nous abandonne maintenant ! Cette quête est une priorité ; Sancho et Pedro sont libres de faire ce qu'ils veulent et - personnellement - je me moque bien des projets de Laguerra, mais Mendoza n'a pas d'autre choix, on n'arrivera à rien sans lui !

La belle magicienne éclata à son tour, complètement incrédule, se décollant de la surface froide :

— Tu n'es qu'un égoïste, Estéban ! Et je te prierais d'être un peu plus respectueux quand tu parles d'Isabella, je te rappelle tout de même qu'elle et Gaspard ont grandement contribué au sauvetage de l'humanité, eux aussi ! Mendoza a son mot à dire dans cette histoire et nous devons avant tout penser à son bonheur personnel au lieu de nous comporter comme des enfants capricieux et ingrats ! Nous avons grandi et mûri, il va bien falloir qu'on apprenne à avancer tous seuls... et puis tu...

La mère du Bako soupira.

— Quoi ? questionna-t-il brusquement.

— Non, rien... C'est juste que j'ai instinctivement pensé à Isabella et Mendoza quand Rana'Ori nous a confié les anneaux et maintenant je...

— Attends... quoi ?! Hors de question ! On ne sait rien de cette femme on ne peut plus louche et suspecte, je ne lui fais pas confiance, lui octroyer le privilège d'être la Porteuse relève de la folie, Zia ! Qui sait ce qu'elle cache ? Personne ! Nous confierons le premier anneau à Mendoza qui viendra avec nous, c'est tout. Nous verrons plus tard pour le second et...

— Qu'est-ce qui te prend enfin ?! s'époumona l'ancienne protégée de la reine d'Espagne. Tu ne penses plus qu'à toi, Estéban ! Et tu ne t'en rends même pas compte ! D'abord Mendoza, et maintenant Isabella dont tu te méfies et que tu accuses sans raison ? Et Tao dans tout cela ? As-tu au moins pensé à lui, à son désir de fonder un nouvel Ordre en Inde ? Je sais bien que la princesse nous a donné une nouvelle mission - peut-être encore plus périlleuse que la recherche des cités d'or -, mais tu pourrais quand même faire preuve d'un minimum de compréhension et de patience ! Il nous faut juste trouver la bonne manière d'aborder le sujet afin de trouver des compromis qui conviendront à nos amis. À tous nos amis.

Le fils du soleil roula des yeux avant de souffler en détournant le regard.

— On verra plus tard pour les projets de Tao. La discussion est close et franchement dépourvue d'intérêt concernant Mendoza. Et en ce qui concerne la señorita Laguerra, je tiens tout de même à te rappeler qu'elle travaillait pour Zarès et Charles Quint en même temps, qu'elle reste une espionne imprévisible et qu'elle est douée pour mentir ! On ne la connait que depuis quelques semaines tout au plus et cette femme ne m'inspire pas. Si Mendoza l'apprécie, alors c'est son problème, pas le mien ! Je persiste à penser que la facilité avec laquelle elle a changé d'avis et de camp est suspecte. Je ne suis pas Tao, moi, je préfère me méfier inutilement que de finir blessé ou déçu parce que j'ai fait confiance à des vermines. Et j'espère sincèrement que je n'aurai pas à vous ramasser à la petite cuillère, Mendoza et toi...

— TAIS-TOI !

Ce n'était pas lui. Ce monstre n'était pas Estéban. C'était impossible. Ravalant un sanglot, Zia se précipita à l'intérieur de sa chambre, verrouilla la porte et se jeta sur le lit. Les vagues de la tristesse roulèrent sur ses joues et elle pressa les paupières.

*

Il courait.

Seul. Le souffle coupé. Le corps alangui. Les yeux exorbités.

Chaque portion de sol touchée était instantanément aspirée par le vide. Il fallait faire vite. Très vite. Trop vite. Respirer, avancer, haleter. Non ! Hurler. Mais ses cris restaient bloqués au fond de sa gorge. Vains, ignorés, étouffés. Ses cordes vocales l'avaient, elles aussi, abandonné.

Il s'arrêta un instant, la poitrine en feu, les cheveux humides. Cette cacophonie infernale assaillait ses tympans, exerçant une monarchie absolue sur le fond sonore. Des rires grinçants se mêlèrent au concert diabolique. Ses pupilles dilatées analysèrent l'endroit d'un bref regard circulaire. Trois volcans, la lave mortelle. Les nuages, le brouillard. Et les tombes, l'eau grise, la fumée.

Bon sang. Il se mit à suffoquer. L'air, où était donc passé l'air ?

Deux chiens enragés émergèrent du lac, se fondirent à la masse dangereuse qui menaçait d'emporter Tao. Il voulut crier, encore, s'égosiller, hurler à s'en d'écorcher la mâchoire, mais rien. Toujours rien.

Seul. Seul. Seul. Son organe vital pompait son sang coagulé avec une hargne lancinante.

Douleur, peur, noirceur. Il s'élança, manquant de se tordre la cheville, et faillit tomber dans l'abysse bleu nuit. Soudain, une vision déchirante lui fendit le cœur : Pichu, son loyal et meilleur ami de toujours, gisait sur un carré de pierre, ensanglanté.

Mort.

Aucun son ne voulut rouler sur sa langue. Tao tomba sur ses genoux, un flot abondant de chagrin noyant son regard flouté. En relevant la tête, il découvrit Estéban et Zia, qui marchaient côte à côte, rayonnants, bien apprêtés. Des couronnes décoraient leurs têtes. Il se rua vers eux et se confondit en une série d'explications silencieuses nécessitant ses bras, désespéré. Ils se regardèrent, impassibles. L'élue leva les yeux au ciel avant de s'éloigner. L'élu le scruta longuement, un rictus moqueur mangeant ses lèvres. Sans un mot, il rit avec force et condescendance, lui tapota l'épaule et partit, lui aussi. Un halo de lumière blanche les fit disparaître.

Sonné, sous le choc, Tao tourna la tête vers la gauche. Cette fois-ci, c'est Sancho et Pedro qui apparurent sous ses yeux. Arrivé à leur hauteur, il se rendit compte qu'ils étaient emprisonnés dans une espèce de grand tube grisâtre. Il frappa, tenta de les aider, d'obtenir leur aide. Mais rien. Toujours rien. Les deux marins arboraient des grimaces d'enfants fainéants. Leurs corps finirent par se désagréger, cendre et poussière supplantant chair et os.

Son corps à lui s'alourdit d'une angoisse palpable. Incompréhension et panique le saisirent alors qu'il cherchait du regard un phare. Un seul. N'importe quoi ! Un, deux, trois... respire. Réfléchis, tu es en vie.

Les traits rigides mais rassurants de Mendoza l'arrêtèrent dans sa course effrénée. Il voulut l'enlacer mais le capitaine l'ignorait royalement, comme s'il ne le voyait pas. Il donnait des ordres à Gaspard qui obéissait sans broncher. Une armée de soldats fantômes se mit à affluer de toutes parts. Tao dévisagea Juan-Carlos. Sa forêt brune avait pris une teinte noire et ses prunelles injectées d'un rouge inquiétant étaient devenues aussi grises que l'eau. Il finit par le repousser avec véhémence. Le visage pâle de Gaspard se crispa de désolation.

— Aide-moi, chuchota Tao, en larmes, tendant une main vers le conquistador.

Ma voix. Enfin...

— Je suis navré, petit, soupira l'adulte avant de s'évaporer avec les autres.

Non, pitié, non, c'est trop dur. Ses larmes redoublèrent.

Un filet de lave glissa sur son bras. Rugissant de douleur, il ouvrit de grands yeux lorsqu'une myriade de chauve-souris s'abattit sur lui. Ses jambes se remirent à fonctionner. Il toussa. Une fois, puis deux, puis trois... La fumée, la cendre et la pluie ne faisaient plus qu'une. Cruelles et oppressantes. La voix aux sonorités aiguës glaça son organisme.

Ambrosius.

Zarès.

Ambrosius... non, Zarès ! Zarès, Zarès, Zarès...

Il se heurta à une nouvelle masse. Un tableau scintillant de bonnes ondes s'offrit à lui. Chaleureux. Réconfortant. Apaisant.

Laguerra.

Une Laguerra aux lèvres rose foncé, et non pas rouge ou couleur saumon. Une Laguerra aux longs cheveux blancs, et non pas bruns. Une Laguerra à l'expression vide.

Une interminable robe noire serrait son corps, embrassant sa poitrine, dévoilant ses bras, sublimant ses hanches. Splendide. Tristement splendide.

Tao s'avança, hésitant. Il prit sa main tout en se mordillant la lèvre inférieure.

— Lague... Laguerra ?

Il se pendit à son cou. Elle ne lui rendit pas son étreinte, se tortillant nerveusement.

— Lâche-moi, mon grand, souffla-t-elle. Allez...

Isabella se libéra de ses bras. Une carrure inconnue les rejoignit. Déboussolé, vidé de toutes ses forces, Tao leva la tête pour croiser le regard du nouvel arrivant.

Un homme aux iris étonnants. Marrons... non, verts... ou bleus, peut-être gris avec des touches de violet... Impossible d'en être sûr. Et sa chevelure qui changeait, elle aussi, de couleur toutes les deux secondes... Brune, puis châtain, blonde par moments...

Un nœud serra le ventre de Tao. L'étrange individu regarda Laguerra.

— Viens, dit-il, ses orbes prenant une teinte bleu-mauve.

La jeune femme fronça les sourcils et, le visage hermétiquement fermé, lui adressa un dernier regard avant de lâcher :

— Je dois y aller.

La main de l'homme arc-en-ciel trouva refuge dans le creux de son dos.

Et il l'emporta.

La déroba, la lui arracha sans difficulté. Tout devint brumeux, son esprit s'embrasa, ses oreilles sifflantes fatalement concentrées sur le son que produisaient les paroles, les appels, les cris de l'alchimiste roux.

Sauve moi, sauve moi, sauve moi... Tao.

Les Porteurs périront. Les Porteurs périront.

Insignifiant. Tu es insignifiant.


— NON !

Le cœur lourd, le torse trempé de sueurs froides, Tao se redressa. Complètement réveillé, il parcourut le petit espace de sa case des yeux, à la recherche de l'aventurière.

— Laguerra ? Laguerra ?

Mais rien.

Encore une fois. Il était seul.

Il déglutit, une boule grossissante remontant sa gorge. Habité d'une frénésie qui tenait de la panique, l'adolescent enfila sa tunique et courut vers l'extérieur. Dehors, aucune trace d'elle. Il se précipita donc vers la case du frère d'Elio et s'y engouffra. Il y découvrit les deux aventuriers. La belle alchimiste s'apprêtait à retirer son ceinturon, tandis que le mercenaire venait de se débarrasser de sa cape. Il pivota ensuite la tête et s'approcha de sa bien-aimée, mais fut interrompu par le savant qui bondit sur Isabella. Elle embrassa le sol de son fessier, sonnée et surprise. Tao se confondit alors en sanglots sonores, humidifiant la chemise de la duelliste, le visage perdu dans sa poitrine pigeonnante. Il sentit ses muscles se contracter et ses bras effleurer son dos, hésitants.

— Qu'est-ce qui t'arrive, mon grand ? l'interrogea-t-elle, se doutant probablement déjà de la réponse.

Mendoza, qui s'était rapproché, posa une main chaude sur son épaule trémulante. Il demanda à son tour, sa voix virile vibrante d'inquiétude et de curiosité :

— Tao ? Tao, parle-nous, que s'est-il passé ?

Le petit génie ne répondit pas, se contentant de humer le parfum lénifiant de la guerrière. Au bout de plusieurs longues secondes, il se calma, prit une profonde inspiration et releva un visage torturé vers le couple de bretteurs.

— Il faut qu'on parte d'ici, qu'on quitte ce village, ce continent, et vite.

Laguerra et Juan se tournèrent l'un vers l'autre, échangeant un regard où crainte et confusion s'enlaçaient tendrement.
Modifié en dernier par kally_MCO le 19 oct. 2021, 16:04, modifié 10 fois.
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— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Anza »

Rage de dent donc insomnie, donc la première à commenter (mais de façon comateuse).
Bon alors, la barbe naissante, où que ce soit, c'est irritant ! C'est sexy mais c'est tout 🤣🤣🤣 qu'on se le dise !
Sinon y

FUCK ! avais écris tout un pavé avec mon tel et... fausse manip, presque tt est effacé. Je recommence demain avec un ordi... l'a pas le courage de recommencer 🤤
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
Perso préféré : Calmèque, cherchez pas, mon psy a jeté l'éponge ! MDR

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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par kally_MCO »

Anza a écrit : 07 juin 2021, 05:20 Rage de dent donc insomnie, donc la première à commenter (mais de façon comateuse).
Bon alors, la barbe naissante, où que ce soit, c'est irritant ! C'est sexy mais c'est tout 🤣🤣🤣 qu'on se le dise !
Sinon y

FUCK ! avais écris tout un pavé avec mon tel et... fausse manip, presque tt est effacé. Je recommence demain avec un ordi... l'a pas le courage de recommencer 🤤
Je suis morte, ma pauvre bichette, je compatis x)
Écoute, Laguerra a des envies... bizarres ! Haha.
Bonne chance, j'espère que le chapitre t'a plu !
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— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: DESTINÉE (- suite non-officielle de la saison 4)

Message par Anza »

Bon, que je recommençasse !
Donc, barbe mal entretenue, bonjour les verrues !
J'ai adoré le cauchemar de Tao (pas au sens "tant mieux pour sa gueule hein", mais la façon de le décrire. C'était très perturbant.
Mendoza et Isabella, 'zont pas fini de se tourner autour ces deux-là ! On dirait deux chiens qui se reniflent le derrière, méfiants mais attirés, intrigués et enivrés l'un par l'autre, presque malgré eux. Un tango à la je t'aime mon non plus ;)
Esteban me casse les castagnettes ! Il a pas complètement tort, mais vindiou !
Sinon, va y'avoir du "Précieux" avec des porteurs d'anneaux ? Une Terre du Milieu et tout et tout ? C'est vrai qu'on a "une sorte d'elfe" dans le décors :tongue:

Donc V'là la Dubois ? Ca arrive... le voile se déchire comme des cirrus.
La suite de flashs en dialogues/souvenirs décousus, ça marche pas mal ! Mais à moment donné, je savais pas "qui parlais", j'ai pas pigé, j'ai dû relire trois fois... en même temps, j'étais à moitié décédée avec ma dent qui essayait d'en finir avec le peu de conscience qu'il me restait !
;)
Yeah !
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
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