Suite.
CHAPITRE 24.
Habillée d'une robe en armoisin blanc, bordée de broderies et fendue de la poitrine jusqu'en bas, pour laisser voir la jupe en voile de damas, Mary, de retour en Angleterre, se tenait dans le bureau de son frère. Cela ne lui fut pas difficile, car son aîné lui avait toujours offert libre accès. Elle avait seulement attendu que celui-ci sorte chasser avec sa
"putain aux yeux de grenouille", pour y pénétrer.
Comme la plupart des sujets Anglais, elle n'appréciait guère la future reine, Anne Boleyn, qui fut l'une de ses dames d'honneur à la cour de France.
À peine entrée, l'épouse de Charles Brandon inspecta les lieux du regard. La pièce favorite de son frère avait changé d'aspect. Nouvelle décoration, mobilier à base de bois laqué sombre, et nouvel agencement. Sur deux des murs libres, des esquisses au fusain. Si la bibliothèque avait changé de place, elle se révélait toujours aussi fournie. Dans la cheminée qui lui faisait face, des bûches craquaient sous le feu qui les dévorait lentement.
La duchesse ne perdit pas de temps à étudier la décoration. Contrairement au roi, humaniste et cultivé, elle n'avait aucun goût pour l'art.
Elle fit quelques pas. Plutôt que d'effectuer un quadrillage minutieux de la pièce, elle préféra s'en remettre à son instinct.
Mary s'installa devant la table de travail. Celle-ci était encombrée d'une masse de dossiers, de recueils, de feuilles volantes, dont la lettre de démission du chancelier Thomas More qui avait obtenu de son souverain d'être relevé de ses fonctions, se prétendant malade et atteint de vives douleurs à la poitrine.
Les différents tiroirs contenaient un fatras similaire. La jeune femme sourit. Elle et son frère avaient beau être l'opposé l'un de l'autre, elle connaissait parfaitement son fonctionnement. Le désordre qui jonchait son bureau était inversement proportionnel à la clarté de son esprit, pourtant obsessionnel et paranoïaque, autoritaire et despotique. Mais ce désordre était un leurre. D'ailleurs, ce bureau lui-même en était un. Elle n'y trouverait pas ce qu'elle cherchait.
Mary: La bibliothèque peut-être? Henri annote beaucoup d'ouvrages... Non, encore un endroit trop évident pour lui. (Pensée).
Finalement, elle se releva et tourna lentement sur elle-même pour jauger la pièce.
Les dossiers! Où diable son frère pouvait-il cacher ces fameux dossiers?
Elle examina chaque statue, chaque bibelot. En vain. Dans un angle, le bar à liqueurs ne lui livra aucun secret. Elle en profita tour de même pour se servir un verre dont elle prit une gorgée. Son regard errait, à la recherche d'un indice. Elle ne voyait rien et reprit une lampée.
Mary: Pense à Henri. Mets-toi à sa place. (Pensée).
Son expression se fit plus vive.
Mary: Ce n'est pas un indice que je dois chercher, mais au contraire, une absence d'indices! (Pensée).
Immédiatement, son attention se focalisa sur le mur du fond. Un mur nu, parfaitement quelconque. Si elle connaissait bien son aîné, ce ne pouvait être que là.
Mary sourit, posa son verre sur la table basse et gagna ledit mur. Elle se mit à le sonder des mains, sans trouver aucun levier ou renfoncement caché, aucun mécanisme secret.
Pourtant, ce ne devait pas être une chose trop compliquée. Si le cabinet particulier du monarque se trouvait bien derrière cette cloison, comme elle l'espérait, son accès ne devait pas être trop difficile car il devait s'y rendre plusieurs fois par jour.
Elle finit par poser la main sur la fresque de pierre taillée décorant le manteau de la cheminée.
Un déclic se fit entendre et le pan de mur qui l'intéressait s'effaça, laissant apparaître un carré de lumière douce... Le
studiolo.
Postée sur le seuil, la princesse ne repéra aucun verrou, ce qui l'étonna de la part de son frère, plutôt précautionneux de nature. En effet, lorsqu'il se rendait à
Hever Castle, un havre de paix entouré d'eau et de verdure au cœur de la campagne du Kent pour chasser, rendant ainsi visite aux parents d'Anne Boleyn, il faisait poser des serrures partout.
Sans plus y penser, la voix libre, elle entra.
Là aussi, du bois aux tons foncés mais aucun objet de décoration. Au centre du cabinet, un faldistoire ayant l'air très inconfortable. Sur toute la surface des murs, des milliers de dossiers, soigneusement étiquetés et rangés dans des compartiments coulissants. Ils s'empilaient dans la pièce jusqu'au plafond.
Il y avait tant à lire. Et à apprendre. Mais la jeune femme était venue dans un but précis. Le seul problème était que les indications qui figuraient sur la tranche des casiers lui étaient incompréhensibles et que le mode de classement paraissait irrationnel. Mary savait toutefois que ce n'était qu'un subterfuge de plus de la part d'Henri. Il lui fallut à peine cinq minutes pour percer la clé alphabétique.
Elle savait à présent où chercher. Faisant pivoter le fauteuil, elle le rapprocha ensuite pour atteindre un tiroir contenant une série de dossiers bleues qui traitaient des accords commerciaux de sir Richard Gresham, un marchand Londonien renommé, qui avait négocié au bénéfice de son roi des prêts étrangers.
Voilà qui devrait satisfaire son amant sans trop dévoiler les affaires politiques de son frère. La jeune femme soupira de contentement. Elle saisit le premier document qu'elle ouvrit afin de mémoriser les informations qu'il contenait.
Le mercantilisme anglais prenait surtout la forme d'un contrôle du commerce international. Une large gamme de régulations fut mis en place pour encourager les exportations et décourager les importations. C'étaient les ordres du roi. Les
Navigation Acts interdisaient aussi aux étrangers de faire du commerce intérieur sur l'île.
Sa tâche accomplie, elle rangea le tout, veillant à ne laisser aucun indice de son intrusion.
Elle avait fini. Mais au lieu de sortir, elle se mit à chercher un autre type d'information.
Une série de registres d'un rouge sang. Classés
"Très secret" selon le code couleur en vigueur. Ces dossiers, il y en avait douze. Ils concernaient les
Yeomen Warders.
Contrairement aux autres Puissances, l'Angleterre n'entraînait pas d'armée professionnelle digne de ce nom. Uniquement les troupes nécessaires à la sécurité des Tudor. Des garnisons basées à Berwick, Calais et Carlisle, comptant quelques centaines de soldats. Peu d'hommes donc, mais triés sur le volet, parfaitement éprouvés. Et parmi eux, l'élite, les douze gardes secrets du roi, dont les identités restaient mystérieuses même au sein de la cour.
Sans s'intéresser aux autres, Mary se jeta sur celui de Mendoza, qui se révéla étonnamment succinct. Y figuraient quelques lignes concernant sa jeunesse passée dans le domaine familial en Catalogne, son tour du monde sous les ordres de Magellan, et son retour à Barcelone. Sans plus de détails, suivaient la date de son arrivée en Angleterre, les grandes lignes de sa carrière de soldat et sa nomination comme capitaine. Un résumé de ses missions, toutes réussies. Le détail était référencé dans un autre registre. Une note ajoutait qu'il était à cet instant même en service sur le continent. Un nom de code suivait, que la jeune femme ne parvint pas à décrypter. C'était tout ce qui concernait l'Espagnol.
Elle parcourir les onze dossiers restants, mais les aboiements de la meute, suivis d'un bruit de cavalcade dans la cour l'avertissait du retour d'Henri.
Mary: Idiote! (Pensée).
Elle n'avait plus le temps à présent. Elle se hâta de mettre les registres en place, prenant soin d'en conserver l'ordre. Mary aurait dû les survoler tous, les uns après les autres, et sans attendre. Au lieu de cela, sotte qu'elle était, elle n'avait pu se retenir de consulter en détail celui du Catalan. Pour rien, en plus! Le dossier ne contenait aucune information vraiment intéressante. Et elle ne connaissait même pas l'identité des autres.
Son frère avait sans doute d'autres notes, encore plus secrètes, mais elle n'avait pas le temps de les trouver. Il lui faudrait revenir.
D'un bond, elle jaillit hors de la pièce secrète et actionna le mécanisme de fermeture. La duchesse n'eut que le temps de plonger sur la banquette d'angle et de saisir le verre qu'elle s'était servi. Il était temps car la porte venait de s'ouvrir et Henri entra, la mine songeuse. Mary scruta ses traits. Il ne s'était rendu compte de rien.
Perdu dans ses pensées, il fit encore trois pas avant d'aviser sa présence. S'il éprouva de la surprise à voir sa cadette lui rendre visite durant son absence, celle-ci ne transparut pas sur son visage.
De haute taille et bien bâti, le roi ne passait pas inaperçu. Malgré la rondeur de sa physionomie, il avait des traits délicatement sculptés sur une peau très blanche et très colorée à la fois. La fossette familiale au menton, il disposait de l'altière beauté dévolue à la descendance des York et des Lancastre.
"Passé quarante ans, un homme est responsable de son visage" disait Léonard de Vinci.
Mary jeta un œil à sa tenue: casaque de drap d'or,
sayon à longues basques en fils d'or, disparaissant sous la veste dogaline rutilante qui élargissait ses épaules déjà imposantes.
Mary: Toujours aussi impeccable, mon cher frère.
La duchesse ne bougea pas pour aller à sa rencontre, mais leva son verre pour le saluer. En retour, Henri lui adressa un petit signe de tête poli.
Henri: Petite sœur! Je suis content de te voir, chère Mary. Que me vaut le plaisir?
Mary: Ce matin, je me suis réveillée avec l'envie de te voir, alors me voici.
Henri: Et je m'en félicite. Cela faisait trop longtemps que nous ne nous étions vus. Que fais-tu de ta vie, ces derniers temps?
Mary: Rien de plus que d'habitude. Tu me connais, je vais et je viens, au gré de mes envies. Je me balade.
Espérant entendre un autre discours, son aîné soupira:
Henri: Mary... Quand cesseras-tu tes frasques pour te consacrer à ton devoir, le bien-être de ta famille?
La jeune femme quitta sa pose alanguie et haussa le ton:
Mary: Inutile de te lancer dans tes pitoyables discours, je ne les connais que trop. N'espère pas me changer, Henri, je te l'ai déjà dit!
Il était dangereux de s'adresser au roi de la sorte. Brutal dans sa politique comme dans sa vie privée, souvent en proie à la paranoïa, Henri ne tolérait aucune forme de résistance. Pour imposer sa suprématie, il n'hésitait pas à faire exécuter tous ceux qui se trouvaient sur sa route. Il était en revanche beaucoup plus modéré envers ses sœurs et plus précisément avec sa cadette.
Henri: Oh, loin de moi cette idée, petite sœur. Il y a bien des années que j'ai cesser d'espérer te voir agir de manière sensée et responsable. Mais ce n'est pas parce que père te passait tous tes caprices que je vais m'interdire de te dire ce que je pense. Reviens parmi les tiens, viens tenir ta place à
Westhorpe Hall auprès de ton époux et de tes enfants. Un jour ou l'autre, tes agissements irresponsables causeront grand tort à la famille Tudor, et je ne peux me le permettre.
Haussant les épaules, Mary répondit:
Mary: Tu me prêtes plus d'importance que je n'en ai.
Henri: Mais si tu es importante! Tu es une princesse, ne l'oublie jamais. Et peut-être la mère du futur roi. Tu sais que mon fils illégitime* ne pourra jamais prétendre au trône. En revanche, mon neveu*, ton fils, a une possibilité réelle qu'il le devienne un jour si je ne parviens pas à épouser Anne. C'est ainsi! À toi revient l'honneur de l'éduquer comme il se doit.
Mary: Quel honneur, en effet! Mais moi, je me refuse à renoncer à ma liberté. Hors de question que je te laisse m'emprisonner ainsi!
Henri: Je n'ai aucun désir de te museler. Je ne veux que ton intérêt, qui n'est d'ailleurs pas incompatible avec celui de notre famille. Le tout est de trouver un équilibre acceptable entre tes besoins et les miens.
À brûle-pourpoint, Mary demanda:
Mary: Au fait, tu sais où est passé Mendoza? J'ai passé la matinée à le chercher.
Henri: L'ambassadeur? Mais ma chère Mary, cela fait plus de trois ans qu'il est retourné en Espagne!
Mary: Pas l'ambassadeur,
maître pantoufle!* Je te parle de son neveu. Tu l'as envoyé en mission?
Henri: Ce que je fais de mes hommes ne te regarde pas. Et laisse Mendoza en paix!
Mary: Tu as peur que je le pervertisse, ton fameux
Yeoman?
Henri: Exactement. Il m'est bien trop utile pour être
gâché dans et par tes bras. Et je te rappelle que tu n'es pas censée parler de son véritable rang. Il n'est pour tous que le capitaine de la Garde.
La jeune femme balaya la remarque de la main. Elle vida son verre d'un trait et se leva pour aller se resservir, un sourire malicieux au coin des lèvres.
Mary: Merci de tes bons conseils, mon frère.
Henri: Tu sais très bien ce que je veux dire, Mary, alors ne joue pas l'innocente, pas avec moi! Et permets-moi d'ajouter qu'il est temps que tu t'assagisses. Cesse donc de jouer les coureuses de rempart, tu ne fais que gâcher ta vie!
Mary: Garde ta morale pour toi, Henri. Tu es mal placé pour me dire quoi que ce soit sur ce sujet. Toi aussi, tu aimes les plaisirs de la chair... (Pensée).
Elle répliqua:
Mary: Je ne suis pas venue pour un sermon! Je veux juste être libre de faire ce qu'il me plaît.
Le roi soupira avant de poursuivre:
Henri: Laisse tomber.... Nous ne parviendrons jamais à nous accorder sur ce point. Laisse-moi au moins ajouter une chose: si tu as besoin de moi, sache que je suis là. C'est tout.
La duchesse faillit dire le fond de sa pensée mais se ravisa au dernier moment.
Mary: Merci. Cela m'a fait plaisir de te voir, grand frère.
Henri: Moi aussi. Attends, prends au moins cela.
Le souverain ouvrit l'un de ses tiroirs de son bureau pour en sortir une bourse pleine, contenant trois cent dix-huit livres* qu'il jeta à la duchesse. Celle-ci saisit l'argent au vol, et soupesa le sac en adressant un large sourire à son mécène.
Mary: De quoi apaiser ta conscience, Henri? Pourquoi pas? En tout cas, je boirai à ta santé dès ce soir!
Ils s'étreignirent. Malgré leurs différends, malgré leurs différences, le frère et la sœur se portaient une sincère affection.
☼☼☼
Une fois la jeune femme partie, Henri se rassit à son bureau. Malgré ses positions toujours aussi rebelles, il avait prit plaisir à la revoir. Cependant, son instinct le titillait. Quelque chose sonnait faux.
Pourquoi Mary avait-elle choisi le moment de son rendez-vous avec sa maîtresse pour le visiter? Elle savait que la chasse n'était qu'un prétexte pour passer plus de temps avec Anne, et Henri ne pensait pas qu'elle avait pu l'oublier. Ils avaient tout de même été élevés ensemble et sa cadette était loin d'être aussi écervelée qu'elle voulait bien le paraître. Elle se servait même très bien de ce subterfuge.
Le monarque finit par se lever et se fixer devant le mur vide, son regard scrutant le sol. Henri poussa un soupir et se baissa pour saisir quelque chose qui reposait par terre.
Il se rassit à son bureau, pensif. Pourquoi Mary avait-elle pénétré dans son cabinet particulier? Oh, elle avait été suffisamment habile pour ne pas laisser de trace de son passage, et il avait bien failli de pas se rendre compte de son intrusion. Seulement voilà, il y avait le cheveu qu'il avait ramassé sur le plancher. Un simple cheveu à lui, placé à quelques centimètres du bas de la porte et qui était tombé de son perchoir.
Abandonnant le poil roux sur sa table de travail, il songea:
Henri: Les choses les plus simples restent les plus efficaces...
À l'évidence, sa cadette était venue pour trouver des informations, mais lesquelles? Il y avait une telle masse de renseignements dans ces dossiers qu'il ne risquait pas de le deviner.
Henri: Petite sœur, à quoi tu joues encore? (Pensée).
Il décida de vérifier les lieux. Il ouvrit l'œil et parcourut minutieusement la pièce secrète. Mary avait tout remis bien en place. Par acquit de conscience, le roi vérifia si elle n'avait laissé aucun piège quelconque. Non qu'il pensât qu'elle en soit capable. Consulter ses précieux dossiers sans demander son accord, soit. Qu'elle l'ait fait avec habileté lui ressemblait bien. Mais la jeune femme ne pouvait pas aller plus loin. Cette injure serait difficilement pardonnable, même pour elle.
Il allait devoir changer ses mesures de protection, prendre de nouvelles précautions en matière de sécurité. Quelque chose d'efficace, mais sans excès, avec la pointe d'esthétisme qui était sa marque.
Henri: Non... (Pensée).
Henri se tapota songeusement les lèvres. Le meilleur moyen d'en savoir plus sur sa sœur était de la laisser libre de ses mouvements. Si elle prenait l'habitude de venir consulter les documents secrets, le roi finirait par comprendre ce qu'elle avait en tête. Il pourrait alors prendre les mesures nécessaires pour protéger ses affaires d'état et sa cadette.
Ainsi rassuré, il sortit du cabinet et en ferma l'accès. Il se rassit à son bureau, un verre de vin à portée de main. Il se carra dans son fauteuil et se mit à réfléchir à la suite. Il se demanda si les manigances de Mary avaient un rapport avec l'une des missions en cours.
Des douze hommes d'élite qu'il dirigeait, il n'y en avait actuellement que quatre en service. Et sur ces quatre-là, trois avaient démarré leur mission depuis déjà plusieurs mois... L'une d'elle prendrait au moins un an, rien que pour l'infiltration. Elle se déroulait au Pale, région d'Irlande où la domination Anglaise était sans opposition, et c'était Derrick Coyle, le meilleur des douze- meilleur même que Mendoza- qui en était chargé. Non, il n'y avait aucune connexion possible. Ne restait que la mission de l'Espagnol venait de débuter. Et s'il y avait un rapport, ce qui n'était pas prouvé, alors la France était impliquée.
Henri se retint de briser son verre. Depuis longtemps, il aurait dû faire surveiller sa cadette, et de près! Seulement voilà, profitant d'un instant de faiblesse de sa part, lors de son retour sur l'île après la mort de Louis XII, Mary lui avait arraché la promesse de ne jamais épier ses faits et gestes. Et le roi avait mis un point d'honneur à tenir sa parole. La jeune veuve en avait profité pour épouser secrètement le duc de Suffolk, sans le consentement de son frère qui avait d'autres projets matrimoniaux pour elle. Théoriquement, ce mariage avec une princesse royale sans l'accord du roi avait rendu Charles Brandon coupable de trahison. À cette époque, Henri entra dans une colère noire en l'apprenant.
Pour ce qui concernait le problème actuel, devait-il en parler à Thomas Cromwell, son nouveau chancelier? Ou alors à Charles Brandon en personne? Il doutait que cela serve à quelque chose. Le duc chérissait son épouse, et, depuis leur mariage, lui avait passé tous ses caprices et toutes ses frasques. Tout costaud qu'il était, il s'avérait incapable de résister à sa femme chérie.
Henri leva ses jambes pour poser les pieds sur son bureau et se renversa dans son fauteuil. Il y avait longtemps qu'il voulait voir Mary s'intéresser aux affaires de la famille, mais de cette manière, il y avait de quoi s'inquiéter.
Néanmoins, son trouble ne dura pas. Il reprit une position plus conventionnelle et convoqua son conseil. Il y avait une foule de problèmes à régler, bien plus concrets au demeurant que ceux que pouvait poser sa sœur. Chaque chose en son temps. Le cas de Mary ne serait pas oublié.
À suivre...
*
*Fils illégitime: Henry FitzRoy (15 juin 1519 – 23 juillet 1536), 1er comte de Nottingham et 1er duc de Richmond et Somerset, est le fils du roi d'Angleterre et de sa maîtresse, Elizabeth Blount. Il est le seul fils illégitime reconnu par Henri VIII, d'où son nom provenant de l'expression française fils du roy.
*Neveu: Henry Brandon (encore un Henry!) né en 1523, il devient 1er comte de Lincoln à deux ans seulement mais il décède sans enfants en 1534.
*Maître pantoufle: Sot. Idiot.
*318 livres: (155 479,74 livres actuelles). C'est la somme dépensée par leurs parents, Henri VII et Élisabeth d'York, pour les funérailles de leur sœur Élisabeth Tudor (1492-1495).