EstebanxZia a écrit : ↑26 oct. 2019, 00:06
C’est vraiment intéressant je crois que je ne pourrai pas dormir à cause qu’en j’ai hâte à la suite
Tu peux aller dormir, désormais.
Chapitre 7: Quand le Ciel s'Embrase
« Voyons voir...si je me souviens bien, c'était comme ça... »
Tao toucha d'autres symboles sur le panneau de verre, les fit glisser sur le côté, semblant y lire des instructions que ses amis ne comprenaient pas. Il dut s'y reprendre à deux fois, mais au bout d'une minute, l'ascensionneur s'ouvrit devant eux, montrant la voie.
« Et voilà! Je vous avait bien dit que ce serait facile. »
« – C'est sans doute pour ça que ça t'as pris une bonne minute pour nous ouvrir. »
Tao fit la moue, n'appréciant guère voir ses efforts ainsi taquinés. Roulant des yeux, il s’avança le premier dans le grand tube de verre, et presque aussitôt celui-ci se mit en route, l'emportant dans les airs vers le plafond.
« Tout de même... », dit Zia, le regardant monter ainsi. « Ça me fera toujours tout drôle de revenir sur nos pas. On ne s'imagine jamais qu'on va y retourner! »
« – Sans doute. »
La porte s'ouvrit à nouveau, et Zia y entra à son tour, se faisant emporter dans un tourbillon de tissu orange. Esteban détourna pudiquement le regard, plus par politesse qu'autre chose, et attendit quelques secondes le temps que le courant d'air se calme.
« Cité d'Or, Cité d'Orrr! Esteban content? »
Il se contenta de hausser les épaules, regardant Pichu voleter autour d'un air enjoué. Qu'il était bon de ne jamais avoir à penser plus loin que le bout de son bec.
« Un peu. », répondit-il. « Allez, ne reste pas derrière, tu t'exciteras plus tard. »
Esteban s'engouffra à son tour dans le tube de verre, alors que Pichu prenait un peu d'avance sur lui. Il ferma les yeux, essaya de ne pas penser au sol qui se déroba soudainement sous ses pas, à son corps ballotté par le vent puissant qui le souleva en l'air, à la hauteur à laquelle il s'élevait peu à peu. Ferme les yeux, n'y pense pas. Compte lentement, n'aie pas peur. Ne pense pas au vent qui s'arrête brusquement, à la chute que tu encours si jamais le mécanisme se casse et que le vent s'évapore. N'y pense pas, n'y pense pas…
« Esteban? »
Il hésita à ouvrir un œil, mais les mains de Zia sur ses épaules l'y poussèrent. Il n'avait même pas remarqué le sol qui était reparu sous ses pieds.
« Tout va bien. On y est. »
Il lui fallut un bon moment pour sortir de son état de panique passagère, mais heureusement, il y parvint. Il fallait croire que certaines choses ne changeraient jamais.
Tout autour d'eux, il n'y avait qu'un épais brouillard blanc qui recouvrait le paysage comme de la neige. Esteban fit quelques pas hésitants, mains tendues devant lui pour ne pas se heurter à un mur, et se dit qu'on attendrait certainement de lui qu'il y fasse quelque chose. Mais au même moment, un bruit étrange attira son attention.
« ...vous entendez? »
Les enfants regardèrent autour d'eux, tentant de trouver la source de ce lent clapotis qui leur parvenait aux oreilles. Mais il n'y avait pas d'eau en vue, rien que du brouillard.
Tout du moins, le croyaient-ils.
« Regardez! En haut! »
Ils levèrent la tête, et se figèrent sur place.
À plusieurs mètres au-dessus d'eux, le plafond bougeait. Un plafond rouge, mouvant, qui par moments envoyait de grosses gouttes fumantes dans leur direction. De la lave en fusion! Ils se trouvaient tout juste sous le volcan, et allaient se faire brûler vifs!
« ...quelque chose ne va pas. »
Paniqué, Esteban regarda Zia, qui elle n'avait pas bougé. Elle fixait cette mare de lave d'un air curieux, nullement pressée par la menace du magma bouillant qui pourrait tomber à tout moment.
« Je vais te dire ce qui ne va pas: on va tous finir en volailles rôties si on ne déguerpit pas au plus vite! »
« – Aahh! Pas rôties! Alerte, alerte!! »
Pichu se réfugia dans les bras de Tao, qui lui non plus n'avait pas bougé, regardant frénétiquement autour de lui en quête d'une sortie. Mais Zia se contenta de sourire.
« Mais non, voyons. Regardez: on ne craint absolument rien. »
Elle leur montra un petit caillou qu'elle avait ramassé dehors. Elle le lança en l'air aussi fort que possible, et il finit par retomber au sol, chassant un peu de brouillard dans son impact.
« C'est bien ce que je pensais... »
« – Quoi donc? Qu'est-ce que tu penses? »
« – Regarde autour de toi, et tu comprendras. »
Tout autour, le brouillard se dissipait peu à peu, chassé par la chaleur de la lave. De fins filets de vapeur s'en échappaient, descendant vers eux pour ramener l'éclat de l'orichalque au paysage, révélant les murs et les ailes de la Cité tout autour d'eux.
Comme un oiseau d'or sortant de son œuf, elle se dévoilait, sortait du brouillard. Les murs aux reflets de cuivre se dressaient peu à peu, s'étendaient hors du flou et de l'inconnu, les oiseaux de jade prenaient leur envol tout autour d'eux. Sous un ciel de feu qui chassait cette blancheur fantomatique, Badalum reprenait vie, comme illuminée par le soleil.
Une impression qui ne cesserait jamais d'être magique.
« Je ne comprends pas. », dit alors Tao. « Pourquoi est-ce que la Cité est
sous la lave? Et... »
Il regarda le plafond incandescent, regarda une bulle de magma qui éclatait, et retombait vers le haut.
« Et normalement, la vapeur
monte, elle ne descend pas. Qu'est-ce qui se passe? »
« – Moi aussi, ça m'a frappée. Mais l'explication est simple. »
Zia lança le caillou à nouveau, et se concentra pour le maintenir en l'air. Il flotta, continua de monter, avant de soudainement échapper à son contrôle et retomber vers le plafond de lave.
« La Cité est bâtie sur un volcan. Mais depuis tout à l'heure, je n'arrivais pas à sentir la terre sous nos pas...car elle n'y est pas! »
Elle sourit, frappée d’ingéniosité. Et lentement, Esteban comprit également.
« Donc...le volcan est à l'envers? »
« – Presque. C'est nous qui sommes la tête en bas. »
Tao eut un frisson de panique.
« Mais on va tomber! Comment est-ce qu'on peut être en train de marcher au plafond? »
« – Je ne sais pas. Mais lorsqu'elle se replie, la Cité est retournée, et un mécanisme la maintient ainsi. C'est sans doute comme ça que l'on arrive à marcher. »
Elle fit quelques pas vers la place centrale, regardant autour d'elle. Ses cheveux tombaient vers ses pieds, montrant qu'il y avait bel et bien une force invisible qui les maintenait dans le bon sens.
« Est-ce que c'est comme ça que les gens imaginaient l'autre bout du monde? », se demanda Esteban. « Des villes entières de gens qui marchent à l'envers? »
« – Quels idiots, vraiment. Mais ce n'est pas de la superstition, cette fois: c'est simplement un autre prodige de mes ancêtres! »
Au moins Tao s'était vite remis du choc. Esteban roula des yeux, avant de le suivre à travers les ailes de la Cité.
Elle n'avait pas changé. Sous le feu de la lave (sur le feu?), elle rayonnait d'un éclat roux qui donnait à ses oiseaux l'allure de phénix surgissant de leurs cendres, prenant leur envol vers un ciel de crépuscule. Ils étaient visiblement sous la terre, les tours d'or cachées dans la poche de lave, et pourtant on y voyait comme en plein jour. De temps à autre, un filet de vapeur leur descendait dessus, avant de se faire happer par cette gravité artificielle et de rebrousser chemin, comme une nuée de poissons argentés.
Si la pensée de tomber vers le haut infligeait encore un rien de vertige à Esteban, au bout d'un moment il parvint à se rassurer, voyant que ses amis marchaient, sautaient sans crainte. Il lâcha donc le pan de mur auquel il se tenait fermement, et se mit en route, non sans une dernière hésitation. Il fallait faire confiance au peuple de Mu: jamais les Cités ne leur feraient de mal. Du moins, pas intentionnellement.
Ne sachant que faire, il décida de suivre Zia, dont les découvertes seraient certainement plus intéressantes que Tao et sa lecture des runes gravées de part et d'autre. Elle semblait savoir où elle allait, avec toutefois quelques tâtonnements.
« ...tu penses qu'on va avoir plus de succès que la dernière fois? », s'aventura-t-il à demander.
« – Je ne sais pas. Nous n'avons rien trouvé de concluant, mais...je ne m'y attendais pas. Sans doute nous faut-il visiter les sept Cités afin de trouver ce que l'on cherche. »
« – Ça me semble une perte de temps. Pourquoi ne pas nous avoir tout dit dès le départ? On n'aurait pas à y revenir une nouvelle fois... »
Elle se contenta de sourire.
« La dernière fois, nous étions jeunes et insouciants. Mais maintenant, nous devons faire mieux. »
« – Comment ça, faire mieux? »
Elle ne répondit pas, et descendit un large escalier sans l'attendre. Il la suivit, et sa mémoire lui joua quelques tours avant qu'il ne reconnaisse l'endroit.
La fabrique de Condors était éteinte, désormais. La gigantesque vasque en son centre était vide de tout orichalque, et les barres de cristal inertes. Aucun Condor n'avait vu le jour depuis leur dernière visite, et ils n'avaient pas à se demander à qui la faute.
Ils avaient été si stupides.
Zia prit le chemin de droite, suivant le canal vers une autre pièce. Au bout de quelques marches, ils purent voir la provenance du métal: trois tubes de verre suspendus en l'air, qui brillaient d'étincelles dorées. Seuls deux d'entre eux contenaient quelque chose: de purs monceaux d'orichalque liquide, scintillant de mille feux. Le troisième était vide, le verre brisé.
« C'est donc ici qu'Ambrosius a dérobé la matrice d'orichalque... »
Les deux autres flottaient toujours, mais elles avaient cessé de goutter dans le canal, ce qui mettait un terme à toute future production. Zia contempla ce spectacle, une main sur son cœur comme si elle se rendait compte de ce que ce vol avait entraîné.
« Les hommes sont prêts à commettre d'horribles atrocités au nom du pouvoir. », dit-elle. « Voler, tuer, profaner ne sont que routine. »
Esteban baissa la tête. Leur parcours serait-il toujours entravé par la cupidité des adultes? Leur chemin toujours semé des embûches du pouvoir et de la convoitise? Il ne savait plus quoi penser, lui qui était si familier avec ce monde-là, au point que lui-même se mette à penser de même.
« On n'y peut rien. », dit-il. « C'est le monde où nous vivons. »
Zia se tourna vers lui, silencieuse pendant un moment.
« Ce n'est pas vrai. »
Il leva les yeux, interloqué.
« On peut toujours y faire quelque chose. », continua-t-elle. « On peut réparer le mal qui a été fait. On peut effacer nos erreurs, et celles des autres. »
« – Je veux bien te croire...mais comment? »
Elle sourit, de sa manière si énigmatique. Puis, elle chercha sous sa robe, et tira des plis de son jupon un petit cylindre en fer. Esteban ouvrit de grands yeux.
« Tu avais ça sur toi depuis tout ce temps!? »
« – Ne sois pas bête. », rit-elle. « Je la gardais dans le Condor. »
Elle dévissa le couvercle, et lui montra le contenu: un morceau d'orichalque liquide, pareil aux deux autres qui se trouvaient ici.
« Mais...où est-ce– »
« – Les alchimistes l'ont retrouvée dans le fort de Patala. Quand j'ai parlé à Athanaos de notre intention de revenir aux Cités, il me l'a confiée pour que je la ramène à sa place. »
Elle posa la boîte par terre, et se recula. Elle prit une profonde inspiration, et la matrice d'orichalque se souleva lentement de son carcan de fer, flottant dans l'air. Esteban la regarda faire avec appréhension; au bout d'un moment, il se rendit compte qu'elle avait du mal. La matrice retomba dans la boîte, et elle rouvrit les yeux.
« ...tout va bien? »
« – Oui. C'est juste que...vu que nous marchons à l'envers, j'ai un peu de mal à me repérer. »
Elle se massa la tempe, comme prise d'une migraine. Esteban se rapprocha, et lui tint la main.
« Tu veux que je le fasse? »
« – Non, il ne faut pas la toucher à mains nues. Qui sait comment elle réagira. »
Elle sortit la couronne de sa poche, et la coiffa.
« Par contre...si tu pouvais m'éviter de tomber, je t'en serais très reconnaissante. »
« – D'accord. »
Il se posa derrière elle, et la prit par la taille alors qu'elle réessayait. Le diadème semblait amplifier ses capacités, et lui donner une meilleure perception de ses alentours. Esteban se contenta de la tenir solidement, pour ne pas qu'elle défaille dans ses bras, durant les quelques secondes que l'opération dura. Heureusement, rien de mal ne se passa, et elle se releva indemne.
« Ce n'était rien de bien difficile. », sourit-elle, retirant la couronne.
La matrice d'orichalque, désormais remise à sa bonne place, reprenait peu à peu vie, la machinerie tout autour s'activant pour la connecter au système. Zia regarda l'orichalque se remettre à goutter tout doucement dans le canal, les trois matrices se synchroniser.
« Tu fais des progrès. », commenta Esteban. « Au début, tu ne pouvais même pas la mettre sans t'évanouir. »
« – Une fois qu'on s'y habitue, c'est assez simple. »
Taquine, elle la posa sur la tête d'Esteban, qui ne bougea pas. Il cligna des yeux, s'attendant à recevoir les mêmes dons que Zia, mais rien ne se passa.
« ...décevant. »
« – Ah bon? Dommage. »
Il la retira, et la lui redonna.
« Je crois que ça ne fonctionne que sur les princesses de Mu. Désolé, votre Majesté. »
« – Allons, relevez-vous, mon brave. Gardez vos ronds de jambe pour le banquet royal. »
Ils s'échangèrent un petit rire, contemplant toujours la remise en marche du système. Toutefois, Esteban gardait l'esprit pensif, ce qui ne passa pas inaperçu.
« Tu es fâché? », demanda Zia.
« – Fâché? Non, jamais. »
Il détourna le regard, cherchant ses mots.
« Peut-être...un peu jaloux. », avoua-t-il.
« – Tu sais bien que toi aussi, tu as des dons extraordinaires. Même s'ils sont différents. »
« – Hein? »
Pensait-elle vraiment que c'était
ça qui l'inquiétait?
« ...ce n'est pas ce que je veux dire. »
Il regarda le métal doré se mettre à couler lentement, former une petite rivière vers la vasque.
« Alors quoi? Tu sais bien que je n'aime pas te voir si préoccupé. »
« – C'est juste que... »
Il soupira.
« Tu sais toujours quoi faire. Tu es venue ici avec un but, et tu l'as accompli; alors que moi... »
Qu'il se sentait si mal de se plaindre! Mais elle le regardait, désormais; il n'avait pas le choix.
« Moi, je ne sais rien de ce que je dois faire. J'ai l'impression de tourner en rond, et je me demande où est-ce que cette quête nous mènera. »
Il se sentait coupable de ne pas être au même niveau qu'elle, qui avait toujours été son égale. Et maintenant, voilà qu'il l'embêtait avec ses problèmes! Il se détourna, voulut repartir, mais la main de Zia sur son épaule l'arrêta.
« Esteban. »
Il se força à la regarder.
« Tu te trompes. Moi non plus, je ne sais pas où l'on va. »
« – Pourtant, tu sais ce qui va arriver, non? »
« – Au contraire. Je ne peux pas prédire l'avenir, Esteban. Si je le pouvais, tu penses bien qu'on n'en serait pas là. »
Son sourire avait disparu, et Esteban s'en sentit à nouveau coupable. Mais elle ne le lâcha pas.
« Moi aussi, j'ai peur de l'avenir. Je ne sais pas dans quoi est-ce qu'on se lance. Mais je sais qu'il nous faut avancer, sinon on ne le saura jamais. »
Elle se baissa, et ramassa le cylindre de fer vide, le referma.
« Je n'ai pas de grand plan de prévu. Je n'ai pas plus d'influence sur l'avenir que toi. Mais j'essaie de faire tout mon possible pour qu'il nous arrive de bonnes choses. »
Elle l'invita d'un geste à sortir, et il la suivit.
« Tu nous a pourtant sauvés plus d'une fois. »
« – Toi aussi, tu nous a sauvés. Tao aussi, Mendoza aussi, tout le monde nous a aidés. On s'aide les uns les autres, tu te souviens? On ne peut pas demander à une seule personne de sauver tout le monde. »
Les doigts d'Esteban effleurèrent le fourreau du poignard.
« ...je me souviens. »
Elle le regarda, et sembla remarquer cette expression qui lui assombrissait le visage. Lentement, elle lui prit la main, éloignant ses doigts de l'arme.
« N'y pense plus, Esteban. Contente-toi de faire ce que tu fais de mieux, et tu y verras plus clair. »
« – Dans des moments pareils, je me demande encore ce que je sais faire. »
Zia sembla réfléchir pendant un moment.
« Je pense que tu as besoin de te changer les idées. », dit-elle.
« – Comment ça? »
« – Tu as beaucoup de potentiel que tu ne sais pas utiliser, et j'ai besoin d'aide pour des choses que je ne sais pas faire. Est-ce que tu saisis? »
Esteban cligna des yeux.
« ...un peu. »
« – Parfait. »
Et elle lui mit la boîte vide dans les bras.
« Je sens qu'il y a tant à faire dans cette Cité qu'on va devoir y rester plusieurs jours. Est-ce que tu veux bien ramener ça au Condor, et nous rapporter quelques couvertures? »
« – ...c'est donc ça, mon potentiel inexploré? »
Elle eut un petit rire.
« Je plaisante, enfin. Je ne serai pas ce genre de princesse, tu sais bien. »
Elle voulut reprendre la boîte, mais Esteban se détourna, faisant la moue.
« Que tu crois, Princesse. Tu en as décidé ainsi, et en tant que ton simple écuyer, je me dois d'obéir. »
« – Esteban, reviens. C'était pour rire! »
« – Que nenni! Je prends mon devoir très au sérieux, tu sais. En tant que Héros de la prophétie, je me dois d'aider les autres, car j'ai la noble destinée de porter le linge des rois de Mu. Alors en avant, pour la gloire de l'Empire! »
Et il sortit d'un pas militaire si comique que Zia ne put se retenir d'éclater de rire. Et en effet, il eut un petit sourire lui aussi, car si sa destinée se limitait vraiment à ce genre de courses, alors il aurait besoin de s'entraîner.
C'était toujours mieux que de tourner en rond.
« Tu ne vas pas croire ce que j'ai trouvé! », lui dit Tao, surgissant d'apparemment nulle part. « J'ai étudié le mécanisme qui nous maintient au sol, et je crois savoir comment il fonctionne! »
« – Tu m'en vois ravi! », répondit Esteban, la main sur son pauvre cœur surpris.
« Et ce n'est pas tout! J'ai vérifié les inscriptions sur les murs du temple au nord, et elles concordent avec celles de mes livres! Il me faudra un peu de temps pour les étudier, mais d'ici quelques jours, je pense pouvoir les déchiffrer entièrement. »
« – Je ne sais pas si on a apporté assez de provisions pour plusieurs jours... »
« – Oh, c'est pas un problème. Tiens. »
Il fouilla dans sa manche, et en tira des sortes de baies dorées. Esteban haussa un sourcil.
« Qu'est-ce que c'est? »
« – J'en sais rien. On en a trouvé qui poussaient sur un mur. Pichu et moi on a goûté, et elles sont comestibles. »
Esteban hésita à en prendre une, l'examinant. Il la mangea au bout d'un moment, et ne sentit rien de spécial sinon un petit goût de cerise.
« Est-ce qu'il y a un jardin ici aussi? »
« – Je ne sais pas. Je crois bien qu'elles n'étaient pas là la dernière fois. »
Ils regardèrent autour d'eux, et en effet, ils virent qu'entre les murs d'or et les oiseaux de jade, quelques plantes avaient poussé depuis leur dernière visite.
« C'est quand même incroyable que même à cette altitude, il y ait de la vie. »
« – Ou alors, la Cité est vivante. Comme la cité-jardin, tu te rappelles? »
« – Quand je te dis qu'on ne manque pas de choses à découvrir! »
Tao lui tapota le dos, et retourna à ses recherches, pour décoder un autre morceau de runes. Esteban le regarda faire, puis continua sa route vers le Grand Condor, posé au dehors. Sur le chemin, il remarqua d'autres petites plantes sur les murs, dont il cueillit les fruits en passant. Au moins la question des provisions était réglée.
Il se dit au moins que s'il n'arrivait pas à accomplir la volonté des Cités d'Or, il pourrait toujours se reconvertir en cueilleur de cerises. De toutes les perspectives qu'on lui offrait, celle-ci était sans doute la moins improbable.