"Sa Machine Ailée" et autres histoires

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Sandentwins
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

Ca dépend de si tu veux lire tout de suite, ou attendre plusieurs jours pour une meilleure traduction.

Ou alors. Ou alors je peux écrire de petites scènes coupées en français pour fournir that sweet Athanaos content. Rien de très long, juste quelques chips avant le repas. Des petits moments heureux.
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Amaya »

Personnellement, je suis trop curieuse pour attendre.

on parle d'Athanaos !

Mais, si tu mets je ne manquerai pas de relire une seconde fois.

j'ai une mémoire de poisson rouge

Voit avec Xia :lol:
" Esteban, ne soit pas triste, ne soit pas inquiet. Tu as, toi aussi, ta propre route à continuer. Pour devenir vraiment grand, vois-tu mon enfant, un fils doit dépasser son père."

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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Xia »

Même si je dois attendre plusieurs mois, je préfère un texte en français clair plutôt que le semblant de traduction de nous propose Google :shock:
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

Nah, rassure-toi, ca prendra pas autant de temps. Si vous y tenez, je peux commencer dès maintenant, j'ai arrangé un découpage assez équilibré.
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Amaya »

Perso, j'ai fini donc je te transmets mon point de vue. Je peux le relire au fur et à mesure de tes posts avec le bon français. Aucun problème là dessus, comme je te l'ai déjà dit !
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

Tant mieux, car c'est maintenant que ca se passe.

:condor: Nos Chemins sous la Lune - 1-3 :condor:

Il n'a aucune idée de ce qu'il fait ici.

Il a eu une dure journée. Une dure semaine. Et un dur tout le reste. Il ne veut pas rester à rien faire à part se demander où sa vie va l'emmener. Il ne veut plus s'enfuir loin d'une menace qui pourrait ne plus exister. Il veut juste un peu de stabilité. Quelque chose à quoi se repérer.

C'est peut-être ça qui l'a amené au Temple du Soleil.

Il n'est qu'un pauvre hère, sans aucune autre possession qu'un bateau brisé, quelques cartes et les vêtements qu'il porte. Il est arrivé dans ce village après une longue et fatigante traversée de la mer houleuse. Il n'est même pas capable de prétendre avoir vécu une vie libre de tout vice. Il sait donc qu'il n'aura pas du tout les bonnes grâces du Dieu Soleil, mais il s'en fiche. Pour le moment, il veut juste un peu de paix.

Il dépose quelques pièces d'or sur l'autel en guise d'offrande, et baisse la tête afin de prier en silence. Il y a d'autres gens ici, pour la plupart natifs de cette terre. Certains ont l'air malades; certains l'air affamés. Certains ont l'air de n'avoir plus rien que leurs vieux os. Et Athanaos ne se sent pas à sa place ici, il se dit qu'il n'a pas à venir ici à moins d'être aussi pauvre et misérable que ces victimes qui ont tout perdu. Il a l'air d'un étranger, d'un intrus dans la paix sacrée de ce temple, et il sait qu'on le regarde bizarrement. Mais il n'en fait rien, et continue de prier. Pour quelle raison, il n'en sait rien. Mais ça lui semble la bonne chose à faire.

Il ne sait pas combien de temps il passe ici. Le temps n'est plus son affaire, et de toutes façons il n'a nulle part ailleurs où aller. Ça faisait déjà deux jours qu'il dormait dehors, perdu dans un pays dont il ne parlait pas la langue, où tout le monde se méfiait des gens comme lui, où personne ne pourrait le retrouver. C'était à la fois une bonne et une mauvaise chose, dans l'équilibre précaire de son esprit agité.

Une douce voix le sortit de ses pensées, et il releva la tête. Devant lui, une des jeunes filles du temple lui présentait un bol, parlant doucement en quechua. Il regarda autour de lui, et vit qu'on offrait aussi à manger à d'autres. Des malades et des sans-abri, qui n'avaient plus qu'Inti pour leur venir en aide. Le prenait-on pour l'un d'entre eux? Il ne savait pas qu'en penser, mais pour le moment il n'allait pas dissimuler sa faim. Il accepta poliment la nourriture, s'essayant à un remerciement confus dans son grec natal. La vestale ne comprit sûrement pas, mais lui sourit tout de même, un sourire chaleureux qu'il lui rendit vite. Puis elle s'en alla, ne lui prêtant pas plus d'attention qu'à quiconque d'autre.

Quoique, après tout ce qu'il a vécu, un peu de bonté ne lui faisait pas de mal. Et aussi impersonnelle qu'elle était, il l'appréciait.

~~~~~

Elle ne suivait guère ce que ses amies racontaient, mais savait d'avance que ce n'était guère intéressant. Pouvait-on inventer plus vide histoire? Elle l'a déjà entendue une dizaine de fois, et ce n'était rien d'aussi excitant que ce qu'elles pensaient. Comme quoi, il ne se passait vraiment rien de nouveau, entre ces murs.

Elle se concentra sur la jeune plante en face d'elle, taillant délicatement les feuilles de ce plant de tomate. Ce n'était qu'un bébé, mais il grandirait vite dans les mois à venir, surtout avec un tel soleil. Elle se sentait fière de l'aide qu'elle avait apportée aux jardins. Elle aimait s'occuper de telles choses, pour se sentir utile. Et sans nul doute se rendait-elle plus utile que les autres, même si elle ne voulait pas le dire. Elle n'en avait pas besoin, après tout, car tout le monde pouvait bien le voir. Ceux qui disent sans cesse qu'ils sont mieux que les autres sont ceux qui en doutent le plus, et ont besoin de se rassurer; mais elle n'était pas aussi arrogante.

« Killa, le seau d'eau est vide. Tu veux bien aller en chercher? »

Enfin une chance d'aller marcher un peu! Elle ne passerait jamais une telle occasion.

« Volontiers. »

Elle prit le seau que Sumailla lui tendait, et se mit en chemin d'un pas enjoué. Le ruisseau était l'affaire d'une petite marche, mais elle en aurait le temps de rêvasser et de penser aux choses. Quand bien même elle était diligente dans son travail, tout le monde avait besoin d'un peu de distraction, et elle n'y faisait pas exception.

Le ruisseau était un endroit calme et verdoyant où elle aimait se rendre. Plus d'un artiste se sentait inspiré sous l'ombre des arbres à composer quelque poème. Et par une telle chaleur, il faisait bon de se rafraîchir, ce qui expliquait pourquoi elle prit son temps un peu plus que d'habitude. Regardant son reflet dans l'eau paisible, elle prit le temps de rajuster les quelques ornements dans ses cheveux. Une vestale du soleil devait être un exemple de dignité et de tenue, et elle devait faire de son mieux.

Alors qu'elle remplissait le seau, elle entendit des éclaboussures en aval. Quelque chose de lourd venait de tomber à l'eau. Elle leva brusquement la tête, craignant la présence d'une bête sauvage, et resta immobile une seconde. Alors une main sortit de l'eau et s'accrocha aux racines d'un arbre, avant d'essayer de s'extirper de la rivière. Laissant le seau, elle courut l'aider.

« Est-ce que tout va bien? Que s'est-il passé? », demanda-t-elle, inquiète.
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L'étranger appela à l'aide, et elle lui attrapa le bras pour le ramener sur la terre ferme. Ils crachotèrent de l'eau et dirent quelque chose de confus, la regardant.

Elle ne savait pas qui était cet étranger, ou ce qu'il faisait là. Mais pour le moment, il avait besoin d'aide, et c'était tout ce qui comptait.

L'homme avait des yeux d'or liquide, et des cheveux de la couleur du bois de palme. Elle se souvint l'avoir vu visiter le Temple l'autre jour, et s'était demandé d'où pouvait bien venir un peuple aux yeux si brillants. Qu'est-ce qu'il faisait encore là?

« Est-ce que tout va bien? », répéta-t-elle.

Il cligna des yeux, et dit quelque chose qu'elle ne comprit pas. Elle n'a jamais entendu cette langue auparavant, et pourtant elle a vu son lot d'étrangers. Peut-être était-il plus étranger que ce qu'elle croyait de l'étrange.

Il toussa encore plus d'eau, et elle lui offrit son aide pour se relever. Il a dû glisser sur la mousse humide en essayant de boire à la rivière. Il n'était vraiment pas d'ici, n'est-ce pas? Même les enfants savaient faire attention près de la rivière.

« Venez. Je sais où vous pourrez vous sécher. »

Il ne comprit pas, donc elle lui indiqua par gestes de la suivre. Ce qu'il finit par faire, toujours avec cet air perdu qu'elle trouva adorable le temps d'un instant. S'assurant qu'il la suivait, elle le ramena au village, pour qu'il puisse se trouver du feu.

Elle ne se souvint du seau d'eau que bien après la tombée de la nuit, mais les quelques réprimandes valaient bien un moment de rêvasserie.

~~~~~

Athanaos adorait raconter des histoires. C'était comme ça, c'était sa nature. Où il y avait une foule, il y avait une histoire. Une occasion d'avoir leur attention était toujours une bonne occasion, et il ne manquait jamais la chance d'étonner et d'émerveiller son public. Tout pouvait se raconter: ses voyages, les endroit qu'il a vus, les gens qu'il a rencontrés. Tout pouvait inspirer et impressionner, et devenir de bons moments.

Mais il ne trouva pas sa chance ici. Il y avait certes un public; mais il parlait une langue dont il ne connaissait que quelques mots disparates. Et bien sûr, aucun de ces gens n'avaient jamais entendu celles qu'il parlait couramment, ce qui plus d'une fois amena des rencontres cocasses. C'était compliqué de s'exprimer par gestes, et il n'était pas suffisamment artiste pour dessiner ce qu'il voulait dire.

Et bien sûr, pour un extroverti dans son genre, c'était une horrible solitude à supporter. Il aurait aimé avoir quelqu'un à qui parler pour qu'il ne se sente pas si seul dans son naufrage.

Il resserra sa cape sur ses épaules, pour se protéger du vent qui se levait. Soupirant à s'en fendre le cœur, il marcha sur un chemin au hasard, suivant la direction que ses pieds voulaient prendre. Il n'avait nulle part où aller, après tout. Il pourrait certes traverser le pays jusqu'à trouver une colonie européenne, ou même quelqu'un qui parlait sa langue, mais il était mentalement et physiquement épuisé par son voyage. Et mieux valait qu'il reste là où l'Ordre ne pourrait pas le retrouver. Tout ça réuni ne lui donnait pas la meilleure des perspectives à envisager.

Sans savoir pourquoi, il se mit à fredonner.

Au début, c'était juste pour se donner un petit bruit de fond. Mais alors que le vent montait et couvrait sa voix, et vu que personne ne l'entendait de toutes façons, il décida d'y ajouter quelques mots.

« Rayonne tant que tu vis, et apaise ton chagrin… Rien n'est éternel, car le Temps demande son dû... »

C'était une petite ballade qu'il avait inventée, à partir d'un étrange poème trouvé dans des ruines anciennes qu'ils exploraient. À la manière dont on l'avait écrit, il avait suggéré dans un trait d'humour qu'il s'agissait peut-être d'une chanson, et l'idée est restée. Il a même inventé un air pour l'accompagner, même si c'était quelque chose qu'il gardait pour lui. Il ne pensait pas avoir une voix de chanteur.

« Rayonne sans regrets, continue ton chemin… N'aie pas peur de l'avenir, car je veillerai dessus... »

La route devant lui était déserte, menant hors du village. S'il la suivait, il pourrait se rendre où il voulait. Il se souvenait de la vieille phrase qui disait que tous les chemins mènent à Mu, et dans un sens c'était vrai. Mais même s'il trouvait où aller, à quoi cela le mènerait-il? Qu'est-ce que ça lui apporterait? Il ne ferait que croiser ses ex-frères de l'Ordre, et tout recommencerait à l'infini. Et il ne voulait pas continuer comme ça.

« Rayonne, souviens toi, je reste dans ton cœur… Ma vie s'est terminée, mais l'espoir survivra... »

Il s'assit sur un rocher, sans rien avoir d'autre à faire que de penser. Il était coincé, coincé ici pour de bon; pas car il ne pouvait pas bouger, mais car il n'avait pas le choix. Et il s'en sentait mal, ce qui ne laissa pas sa mélodie indifférente.

« Rayonne, mon amour, et laisse couler tes pleurs… Profite de la vie, je t'attendrai là-bas... »

Il termina sa ballade sur un soupir, fixant l'horizon ensoleillé devant lui. C'était joli, il devait l'admettre. Peut-être pas aussi joli que tout ce qu'il a vu dans sa vie, mais il n'avait pas à comparer. Les choses étaient comme il voulait, qu'il se plaigne ou non.

Ç’aurait pu être pire, après tout. Il aurait pu se faire capturer, ou s'être noyé. On aurait pu le trahir avant l'heure, et se servir de son sang d'Atlante pour fabriquer de l'orichalque rouge. Ça pouvait toujours être pire, et il était content que ce ne soit pas le cas.

Le chuchotement de voix tout près attira son attentuon. Il se retourna, et croisa le regard d'un groupe de jeunes femmes qui le fixaient. Elles portant des robes bleu pâle familières et portaient du bois sous leurs bras.

Lorsqu'il les vit, elles rigolèrent et s'éloignèrent sur le chemin du village. Mais l'une d'entre elle n'avait pas encore détourné les yeux.

Des yeux d'argent, pâles comme la lune. Lorsqu'il la reconnut, il se releva vite, bras en avant.

« Attendez! »

Elle s'en alla pour partir, sans doute effrayée par sa réaction soudaine, mais il était plus rapide. Il lui toucha le bras, essayant de ne pas lui faire peur, et elle le regarda à nouveau.

« Je... »

Il ne savait pas quoi dire, ou pourquoi il avait fait ça. Elle n'y comprendrait rien de toutes façons, pas vrai? Mais il avait quand même besoin de dire ce qu'il avait sur le cœur.

« Je voulais vous dire...merci. Pour m'avoir aidé, hier. À la rivière. »

Il parlait lentement, et pourtant elle resta confuse. Bien sûr. À quoi il s'attendait? Il savait que ça ne servait à rien, mais une partie de lui gardait espoir.

Il posa une main sur son cœur, et la tendit lentement vers elle. Il inclina la tête, espérant que l'universalité de sa posture lui ferait comprendre.

« Merci. »

Quand il releva la tête, elle fronçait toujours les sourcils. Il se dit qu'il le faisait mal; mais elle toucha alors son propre cœur, et tendit la main comme il l'avait fait.

« ...merci? »

Sa voix était hésitante, et son accent définitivement faux. Mais en ce moment, Athanaos s'en ficha. Il ne put retenir un sourire, car même si la langue restait un obstacle qui le séparait du monde, quelqu'un avait fait l'effort d'essayer de lui parler. Ce n'était rien du tout, mais ça l'aida beaucoup à se sentir mieux.

« Merci. », répéta-t-il doucement.

Elle ne comprenait pas vraiment, mais elle essayait, et c'était ce qui lui importait. Il n'avait pas eu qui que ce soit pour discuter depuis longtemps, donc même la plus petite conversation unilatérale lui faisait du bien.

Mais il se dit que ce n'était pas très juste. Ce n'était pas juste qu'il comprenne mais qu'elle non. Elle avait l'air gentille, et en aucun cas il ne la coincerait au rang d'interlocutrice confuse. Et puis c'est pas comme s'il connaissait qui que ce soit d'autre au village.

Il montra du doigt le petit fagot de branches qu'elle portait sous son bras. Interloquée, elle le lui tendit, avec une certaine réticence. Il le prit en main, et répéta son geste de gratitude, pour essayer d'en expliquer le concept.

« Merci. »

Les yeux de la jeune femme passèrent de son visage à sa main, puis au bois, puis à sa main encore. L'instant d'après, elle cligna des yeux en comprenant, et eut un petit rire. Il ne put s'empêcher de sourire à son tout, car il devait sûrement avoir l'air idiot là maintenant.

Elle désigna le fagot, et il le lui rendit. Elle le prit, et répéta son geste de la main, parlant lentement.

« Agradiseyki. »

Il essaya de répéter ce mot, mais sa prononciation était sûrement fausse, car il n'obtint d'elle qu'un souffle amusé. Il s'en sentit assez mal, et en tira une tête bien triste. Mais elle ne s'arrêta pas là, et répéta plus lentement, jusqu'à ce qu'il y arrive. Eh bien, pas mal, non? Il venait d'apprendre un nouveau mot! Ça eut vite fait de lui rendre sa bonne humeur.

Mais une fois cette petite leçon terminée, la communication redevint impossible, et tous deux furent quelque peu mal à l'aise. Elle regarda de côté, vers la route du village, puis vers lui. Elle avait sûrement des choses à faire, et il se sentait égoïste de la retenir. Il se contenta donc de sourire, et lui indiqua de continuer ses tâches.

« J'espère vous revoir bientôt. », dit-il.

Elle répondit quelque chose dans un ton similaire. Puis, après un moment se silence, elle retourna au temple.

Athanaos continua de sourire, décidant de reprendre à la fois sa marche et sa ballade.



Il y aura en tout 10 segments, le prochain est pour bientôt.
Modifié en dernier par Sandentwins le 28 juil. 2019, 13:52, modifié 1 fois.
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Xia »

Hâte de lire ;)
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Amaya »

Je te conseille la lecture de cette fan fic :lol: :x-):
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

:condor: Nos Chemins sous la Lune - 4-7 :condor:

Les premières fois que Killa a croisé cet étranger, ce n'était que pure coïncidence. Mais après leur dernière rencontre, où elle s'est autorisée à entrer dans son monde le temps d'un nouveau mot, elle n'aurait plus su prétendre à la coïncidence.

Elle n'a jamais connu quelqu'un comme lui. Quelqu'un de si différent de ce qu'elle connaissait, même des autres pays. Et elle se mentirait à elle-même si elle prétendait ne pas être intéressée. Cet homme avait d'étranges manières, parlait une langue incompréhensible, et avait une allure intrigante. Le souvenir de ses yeux d'or la suivait bien après leur rencontre, comme une énigme en quête de réponse qui la tiraillait jusqu'à ce qu'elle la résolve. Et même si elle avait des devoirs et des obligations à respecter, cette énigme avait pris sa place au fond de son esprit.

Dans son temps libre, elle marchait innocemment dans le village, sous prétexte de cueillir des herbes ou admirer des vues revues. Elle parcourait la foule d'un discret regard, espérant voir une cape rouge ou des cheveux bruns au détour d'un chemin. Bien sûr, elle devait faire attention et ne pas s'attirer les remarques des autres vestales; sa curiosité ne devait pas s'emparer d'elle. C'était là tout ce qu'il y avait: de la curiosité, point à la ligne.

La prochaine fois qu'elle le vit fut par un matin ensoleillé, sur le chemin de pierres qui menait à la montagne. Elle cherchait des fleurs médicinales près des rochers, lorsqu'elle le vit se tenant sur les lourdes marches de pierre, les yeux tournés vers l'horizon. Elle fit de son mieux pour rester silencieuse, afin de pouvoir le regarder, ses cheveux flottant au vent. Il ne s'était pas rasé depuis un moment, il semblait, car ses joues semblaient grisées; mais ça lui donnait un petit air sauvage qu'elle aimait bien tout de même.

Pendant une minute, rien ne se passa. Il se tint là, immobile, comme s'il attendait. Elle se demandait ce qu'il faisait, et pourquoi. Mais au moment où elle s'apprêtait à partir, il bougea enfin; il se pencha en avant, saisit les pierres sous ses mains, et poussa sur ses jambes pour se tenir sur les mains. Elle ouvrit de grands yeux devant un tel spectacle, qui ne dura pas: l'instant d'après, il tomba à terre, son dos heurtant le sol avec un bruit de douleur.

Elle ne put retenir le rire qui lui échappa.

Il se releva, la regardant comme s'il venait tout juste de la remarquer. Elle se couvrit la bouche et essaya de se taire, mais son sourire la trahissait. Elle n'y pouvait rien, c'était si drôle! Un homme si grand et imposant, dans une position si ridicule! Qu'elle se sentait cruelle, mais cruelle!

L'homme se releva, époussetant ses vêtements avec un petit sourire en coin. Il rigolait aussi, et la désigna du doigt en disant quelque chose qu'elle ne comprit pas. Mais elle en saisit tout de même l'essentiel.

Elle prit un air hautain, et se tint sur la pierre où il se trouvait. Puis, le fixant d'un œil supérieur, elle se baissa et se tint en parfait équilibre sur ses mains, pour lui clouer le bec. Et ça marchait! Son expression choquée, alors qu'elle descendait les marches de pierre, n'avait pas de prix. C'était juste un petit tour qu'elle avait mis au point durant son temps libre, et elle en cueillait maintenant les fruits. Sa robe ne glissa même pas alors qu'elle marchait vers la terre battue, pour retomber sur ses pieds dans une pirouette gracieuse. Elle le regarda alors avec ce même sourire de défi, les bras croisés, sa supériorité prouvée. Et une fois encore, son visage valait tout l'or du monde.

Il siffla, applaudit d'admiration. Elle s'inclina comme une danseuse après une représentation, avec élégance, et l'entendit rire. Il regarda autour d'eux, puis désigna un arbre au loin, pencha ses mains vers le bas. Son doigt alterna entre eux deux, et elle comprit alors qu'il voulait faire la course. Eh bien soit! Jamais elle ne refuserait un défi.

Ils prirent leur départ là où les marches de pierre En un rien de temps, elle était à nouveau sur les mains, les jambes en parfait équilibre. Il essaya de la suivre, mais n'avait pas tout son entraînement, et ses pas tremblaient un peu. Elle marchait lentement et avec attention, presque pour le provoquer, mais surtout pour lui donner une chance. Comme elle s'y attendait, il tomba au sol, et elle resta à sa place pour l'attendre. Sa voix sonnait comme un grognement de plainte, et elle en rit un peu plus.

« Allez, relevez-vous! Vous pouvez y arriver. », encouragea-t-elle.

Il essaya de se relever, frottant son dos là où il était tombé. Pendant un moment, elle crut qu'il s'était fait mal, et se laissa tomber à son niveau pour voir s'il allait bien. C'est alors qu'il sourit, et se remit sur ses mains pour la dépasser.

« Mais quel tricheur! »

Jamais elle ne le laisserait gagner avec de tels coups bas! Elle le suivit rapidement, avec la ferme intention de gagner. S'il voulait être sérieux, elle serait aussi sérieuse que possible! Elle le rattrapa rapidement, le regardant d'un œil noir, mais dans sa hâte ce fut à son tour de s'emmêler les mains et de tomber au sol. Ouille, la douleur.

Même si ce type était un tricheur, il savait ce qu'était le fair-play. Cette fois-ci ce fut à son tour de s'arrêter et de l'aider, lui offrant une main pour la relever. Quelle forte poigne! Encore un peu et il la soulevait en l'air.

« Merci. », dit-elle, époussetant sa robe. « Ef...charistò. »

Il sourit, apparemment heureux d'entendre sa langue maternelle. Avant de laisser aller sa main, toutefois, il l'entraîna gentiment, pour marcher vers l'arbre. À pied, cette fois-ci; elle l'apprécia volontiers.

Ils se contentèrent de marcher vers la ligne d'arrivée, calmement et sans que personne ne tombe sur ses fesses. Un agréable changement où personne ne se salirait plus que maintenant. Et pour être honnête, elle le préférait ainsi.

Ils franchirent la ligne ensemble, et échangèrent un regard. Cet homme était quelque peu frimeur, mais il avait le même esprit de compétition qu'elle. Après des années au sommet, cette petite course lui avait fait du bien. Peut-être que ce ne serait pas si mal d'apprendre à le connaître, non? Il avait l'air si seul. Et s'il ne parlait pas quechua, il aurait du mal à s'intégrer.

Lentement, elle porta la main à son cœur.

« Je m'appelle Killa. »

Elle parla lentement, pour qu'il comprenne. Il la regarda pendant un moment, absorbant l'information. Puis posa la main sur son cœur à son tour.

« Je me pelle...Athanaos. »

Quel nom étrange! Elle n'en a jamais entendu de tel.

« Athanaos. », répéta-t-elle, détachant les syllabes.

Il acquiesça avec un sourire. Elle le lui rendit, et le salua de sa main.

« Je suis ravie de vous connaître, Athanaos. »

« – Je suis...ravi connaître, Killa. »

Il hésitait un peu, mais il apprenait. Cela lui donna quelques idées sur comment passer un peu plus de temps avec cet étranger si intriguant, et peut être en savoir plus sur son monde.

~~~~~

La vestale chercha dans son panier, et cette fois-ci elle en tira un long épi de petits grains dorés comme il en a vu grandir sur ces hauts plants alentour.

« Sara. », énonça-t-elle clairement.

Il le prit en main, l'observa. Il n'en a jamais vu cuisinés, et la texture était étrange. Mais ça avait l'air délicieux.

« Sara. », répéta-t-il. « Maïs. »

Elle sourit, acquiesça.

« Vous faites bien. »

« – Merci. »

Il sourit à son tour, avant d'y goûter à pleines dents...et de presque le recracher une seconde plus tard, car il venait de mordre droit dans le cœur. Killa eut un petit rire face à tant de naïveté.

« Ne mangez pas plante. », dit-elle en mots simples. « Mangez graines. Comme ça. »

Et elle mangea son propre épi, lui montrant comment goûter aux délices de ces petits grains. En effet, c'était plus facile ainsi, et il sourit de sa propre bêtise. Il aimait l'amuser, voir ce petit sourire en coin décorer son visage, mais il ne le dirait à personne et certainement pas en face.

« C'est bon. », dit-il après quelques bouchées.

En toute honnêteté, la nourriture de ce pays était délicieuse. Cela faisait quinze jours qu'elle lui apportait quelque chose de nouveau chaque jour, pour lui enseigner autant de mots que possible. C'était si gentil de sa part d'aider ainsi un pauvre homme comme lui, et le faisait se sentir deux fois mieux. En retour, il faisait de son mieux pour apprendre autant de mots que possible, afin d'avoir une vraie conversation avec elle. Car il sentait bien qu'elle avait beaucoup de choses intéressantes à dire.

Quand il était seul, il écoutait les gens, essayait de voir quels mots et phrases revenaient le plus souvent. Et quand il était avec elle, alors qu'elle en avait fini avec ses tâches quotidiennes, il lui demandait et elle expliquait. Il désignait des choses, qu'elle nommait; il dessinerait dans le sable ou les graviers, et elle essayerait de deviner ce qu'il voulait dire à travers son talent artistique incertain. Ce n'était pas la meilleure méthode au monde, mais ça marchait pour eux; en deux semaines, il avait appris le nom de pas mal de plantes, d'animaux, d'aliments et d'outils qu'il pouvait trouver au village. Il savait saluer quelqu'un, se présenter, les rudiments de la politesse et quelques questions utiles. Et à voir comment il ne parlait pas un mot il y a encore peu de temps, c'était un progrès conséquent!

Toutefois, il se sentait mal, car il ne pouvait rien lui offrir en retour. Il a pensé à lui apprendre une autre langue, mais il ne voyait pas en quoi elle pourrait un jour avoir besoin de parler grec, latin, espagnol, français ou chinois, donc il oublia vite cette idée. Il n'avait rien de précieux à lui offrir en cadeau, et elle refuserait certainement, humble comme elle était. Donc la chose la plus logique à faire était de faire de ce moment de la journée un moment plaisant qu'elle aimerait passer en sa compagnie. Et le meilleur moyen d'y parvenir était de la faire rire.

Alors qu'ils mangeaient, il ramassa une brindille au sol, et lui tapota l'épaule pour avoir son attention. Une fois sûr de l'avoir, il fit tenir la brindille en équilibre sur son nez comme un phoque, réussissant à la maintenir droite. Elle cligna des yeux de confusion, une expression perdue mais si amusante qui le fit sourire. Mais c'est alors que la brindille tomba de son nez; d'un geste, elle la rattrapa avant qu'elle ne touche le sol.

« Tiens. Vous avez perdu ça. »

Elle remit la brindille dans sa poche, la tapotant. C'est alors qu'il perdit son sérieux, et se mit à rire aux éclats.

Il ne savait même pas pourquoi! Un petit quelque chose rendait son timing juste parfait, et il l'adorait. Si elle continuait ainsi, aucune de ses bêtises ne pourrait dépasser le comique des petites actions de Killa. Et pour être honnête, ce ne serait pas un problème, car elle avait l'air d'aimer le faire rire aussi. C'était rien de bien difficile.

Elle sourit, ramassant une autre brindille similaire. Athanaos prit la sienne en main pour les comparer; et avant qu'ils ne s'en rendent compte, ils se mirent à se battre comme avec de petites épées. Sans raison autre que l'envie d'être idiots, ils frappèrent leurs épées comme des escrimeurs en plein tournoi. Et c'était bel et bien idiot! Mais ils s'en amusaient, et très vite se mirent à rire à nouveau. Parfois, ce qui n'avait pas de sens était drôle, et tous deux le savaient.

« Bien, bien. », dit-elle après un moment de combat. « Posez l'épée. Mangez. »

« – Je mange. », acquiesça-t-il, revenant à son repas de maïs et de soupe aux légumes.

Et c'était un très bon repas. Il devrait apprendre à le préparer, ne serait-ce que pour apporter un peu de couleur et de joie dans sa vie. Lui apprendrait-elle, s'il demandait gentiment?

Du coin de l’œil, il la vit faire de petits mouvements avec son épée, toujours d'humeur à se battre.

~~~~~

« Maintenant, mettez votre bras en avant. Comme ça. »

Killa suivit son conseil, et répéta le geste, perçant la grosse feuille devant elle.

« Comme ça? »

« – Comme ça. N'ayez pas peur. »

Elle acquiesça, et recommença. Cette fois l'épée perça plus droit, sans hésitation.

« C'est bien, vous vous y prenez bien. », assura Athanaos. « N'oubliez pas. Gardez les jambes écartées. Pliez les genoux. »

« – Je ne peux pas vraiment les écarter plus. »

Elle s’élança à nouveau, cette fois avec un mouvement tranchant; la feuille se retrouva déchirée, presque coupée en deux. 

« Vous faites des progrès. Maintenant retournez à votre position de départ. »

Elle s'exécuta, hésitant sur la manière d'orienter ses pieds. Mais ce n'était pas dur à apprendre, surtout avec un aussi bon maître.

En remerciement de son aide linguistique, Athanaos avait voulu lui apprendre à se battre à l'épée, suivant leur petit duel de brindilles l'autre jour. Elle n'en voyait pas l'intérêt, mais il lui confia que ça pouvait toujours se rendre utile. En cas de danger, elle saurait se défendre elle et ses amies. Et bien qu'elle trouve toujours les épées étranges, elle avait tout de même accepté, ne serait-ce que pour avoir un autre regard dans le monde d'Athanaos.

Un monde qu'elle découvrait lentement. Il ne parlait guère de ses origines, mais elle savait qu'il avait vu de multiples pays et traversé mers et océans, certains dont elle apprenait tout juste l'existence. Elle adorait la manière dont ses yeux brillaient dès qu'elle lui en demandait des détails, et la façon dont sa voix vibrait quand il lui disait tout. Il essayait de construire son histoire avec les mots qu'il connaissait, et avait visiblement du ma, car il avait tant à dire, tant à raconter. Et elle adorait écouter ces histoires d'un autre monde.

Elle perça son épée à nouveau, et la feuille fut découpée en deux. Il applaudit, la ramassant et observant la coupure.

« Vous êtes douée! »

« – Merci. », s'inclina-t-elle. « J'apprends du meilleur, après tout. »

Il sourit, et reprit l'épée dans sa main pour un moment, l'échangeant contre la feuille coupée. À son signal, elle la lança en l'air, et il la trancha d'un geste souple. Quelle curieuse façon de faire de la salade! Elle applaudit avec un bruit admiratif, pour le flatter quelque peu.

« Maintenant, je saurai me défendre si un arbre m'attaque. »

Il s'esclaffa à cette remarque, se tenant ure son épée comme sur une canne.

« Au pire, je peux vous défendre. »

« – Ah, vraiment? Pouvez-vous me défendre contre...les piranhas? »

Elle piocha un simple poisson dans son panier, et l'agita devant lui. Il fot mine d'être terrorisé, et prit son épée en main.

« N'ayez crainte, gente dame! Je vous sauverai de ce diable des mers! » 

Et il le toucha du bout de sa lame, d'une manière qui brisait totalement son allure de preux chevalier, tout son acte héroïque disparu au profit de gamineries. Et comme prévu, elle en rit aux éclats.

« Oh, mon brave guerrier! Vous m'avez sauvée de ce maléfique poisson-chat, au péril de votre vie! »

« – C'est un honneur de vous aider, ma belle dame. »

Il rengaina son épée, s'agenouilla devant elle, et baisa sa main comme un noble de la cour. Devant tant de ridicule, elle rit davantage encore. C'était juste trop!

« Qu'est-ce...qu'est-ce que vous faites, voyons? », put-elle souffler entre deux rires.

« – C'est comme ça qu'on montre son respect à une dame, en Europe. »

Elle parvint à contenir son rire, à le réduire à de petits souffles amusés.

« Vous n'êtes plus en Europe, enfin. Relevez-vous donc. »

Elle tira sa manche jusqu'à ce qu'il se relève. Puis, elle posa les mains sur sa poitrine, et les lui offrit, tête baissée.

« C'est comme ceci que l'on respecte une dame, ici. »

Il prit ses mains, l'air confus.

« Suis-je la dame, dans ce cas? »

« – Vous n'avez jamais dit le contraire. »

Il s'esclaffa, et acquiesça, car elle n'avait pas tort.

« Comme vous le voudrez. »

Et il lui offrit ses mains, s'inclinant respectueusement. Elle fit mine d'être délicate, avant d'accepter sa requête.

« Il vous faut encore apprendre de nos coutumes. », dit-elle. « Si vous tenez à rester. »

Il la regarda.

« Vous...voulez bien m'apprendre, dans ce cas? »

Ça la fit sourire.

« Bien sûr. »

Elle laissa aller ses mains, et reprit l'épée à sa ceinture.

« Mais d'abord, apprenez-moi à me battre. »

« – Avec plaisir, noble dame. »

Il s'inclina profondément, et reprit la leçon.

~~~~~

« Comment s'appelle celle-là? »

Il tourna la tête, pour voir celle qu'elle désignait.

« Celle avec les trois étoiles? Nous l'appelons Orion. Un chasseur légendaire qui fut tué par un scorpion envoyé par les dieux.

« – Un chasseur? Comme c'est exotique. »

« – Pourquoi? Comment l'appelez-vous? »

« – La constellation de la Tortue. »

« – Une tortue? Je ne vois aucune tortue. »

« – Juste ici! »

Elle lui montra la carapace, les pattes et la tête de l'animal. Athanaos plissa les yeux et inclina la tête, essayant de les voir.

« Je suppose que...si on la regarde comme ça, on dirait une tortue? »

« – C'est une tortue. »

« – Peut-être pour toi. Mais moi je vois l'arc et la massue du chasseur, juste là. »

Elle roula des yeux, mais essaya tout de même de voir ce qu'il montrait.

Athanaos a un jour entendu dire que s'il comprenait une culture, il comprendrait ses gens. Un proverbe qui s'est avéré vrai, car au cours de ses voyages il a beaucoup appris des cultures du monde et de leurs aspects uniques, de ce qu'elles avaient de nouveau et d'intrigant. Mais bien qu'il comprenne la différence qu'elles avaient avec son propre savoir et ses valeurs, il y aurait toujours quelques points de discorde de temps à autre. Cette nuit-là n'en était qu'un exemple parmi tant d'autres. Il a proposé à Killa de se rendre sur la colline pour observer les étoiles ensemble, car cette nuit serait très claire, et elle a accepté de se faufiler hors du temple pour le rejoindre dans ces hauteurs. Et maintenant qu'ils s'y trouvaient, allongés dans l'herbe sous la chaleur de l'été, ils s'amusaient à comparer les noms qu'ils donnaient aux constellations du Sud.
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« Et celle-là? La recourbée? »

Athanaos se rassit, essayant de mieux la voir.

« Je crois que...c'est le Scorpion? »

« – Le Scorp- c'est un serpent! Où vois-tu un scorpion? »

« – Mais regarde! Tu as le dard, les pinces juste là. Je sais qu'il faut vraiment faire un effort pour les voir, mais il est là! »

« – Là, tu es juste ridicule. »

« – Mais c'est vrai! Je te dis que c'est un scorpion. »

« – Et je te dis que je vais te mettre un scorpion dans la bouche d'ici cinq secondes si tu n'admets pas que j'ai raison. »

D'un air hautain, il lui lança un regard de défi.

« Tu n'oserais pas. »

Elle ricana. Et avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, elle l'avait plaqué dans l'herbe.

« Attention! », dit-elle, assise sur son torse. « J'ai dans la main un scorpion venimeux, et je n'ai pas peur de m'en servir! Oh non, il s'échappe! Il te grimpe dessus! »

Et elle se mit à lui chatouiller les côtes, imitant la démarche effrénée d'un scorpion. Athanaos éclata de rire, essayant de la faire tomber, mais elle le tenait trop solidement.

« Quelle agonie! », rit-il. « Quelle douleur, quelle souffrance! Que quelqu'un m'achève!! »

« – Tu n'auras pas cette pitié, faux prophète! Tu t'es attiré les foudres du dieu du ciel! »

Elle glissa ses doigts sous ses aisselles et chatouilla, jusqu'à ce que le pauvre homme ne pleure et se torde de rire.

« Arrête! Arrête, je t'en prie, je me rends! J'exige un procès équitable! »

« – Tu te rends donc? Très bien, je me montrerai clémente. »

Elle retira ses mains, mais le maintint au sol.

« Je ne t'exécuterai pas...du moins, pas aujourd'hui. »

Athanaos força son expression de soulagement.

« Les étoiles soient louées. »

Et puis, il sourit comme un idiot.

« En particulier le grand scorpion dans le ciel. »

« – Ah non, là tu l'as cherché! »

Et elle se remit à le chatouiller. Il essaya à peine de se débattre; à la place, il glissa ses mains sur elle pour la chatouiller en retour. Évidemment, elle était plus sensible que lui, et c'était si drôle de la voir se tortiller comme un ver pour se défaire de lui. Très vite, ils en vinrent à se battre à coups de plaquages, de petits bonds et de mains chatouilleuses, ponctuées de roulades qui les rendirent très vite couverts d'herbe et épuisés.

Ils y restèrent un long temps. Quand ils s'arrêtèrent, limités par leur poumons criant fatigue, ils se rendirent compte de ce qu'ils faisaient et se relevèrent lentement, s'éloignant l'un de l'autre. Ce n'était pas une façon de se comporter! Ils essayèrent de se remettre en ordre, d'épousseter l'herbe dans leur cheveux et de calmer la sueur et le rouge qui leur montaient à la peau.

Mais malgré tout, ils continuaient de rire, en petits souffles fatigués. Ils se regardèrent, mais leurs yeux s'éloignèrent à nouveau.

« On n'a qu'à dire que...c'est à la fois un serpent et un scorpion? », offrit-il après un silence gêné.

Elle hocha rapidement la tête.

« Nous pouvons l'appeler...un serpion? Katasira? »

« – Bonne idée. »

Il sourit, assez timide. Et avec tout autant de rouge aux joues, elle lui rendit ce sourire.
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Message par Sandentwins »

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« T'as l'air distraite, Killa. Qu'est-ce qui va pas? »

Sumailla parlait avec inquiétude, touchant gentiment le bras de son amie. C'était une petite fille toute d'excitation et de joie faite, avec des cheveux frisés qui lui donnaient l'air d'un adorable bébé alpaga.

« T'arrêtes pas de regarder autour...tu as la fièvre? »

« – La fièvre…? », demanda-t-elle, confuse. « Non, pas que je le sache...je vais bien, je te promets. J'ai simplement quelques...soucis en tête. »

« – Je me demande bien quel genre de soucis. »

Killa ne répondit rien, rinçant le drap dans l'eau.

« Tu sais que je m'inquiète pour toi. »

« – Et pourquoi donc, je te prie? »

« – Parce que je suis ta petite sœur, et que les petites sœurs s'inquiètent. »

Killa eut un petit rire, appréciant la dévotion de sa « sœur ».

« Eh bien, en tant que grande sœur, je t'assure que tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Je vais bien, je t'assure. »

« – Si tu le dis. »

Elles ne dirent rien d'autre, se contentant de frotter le linge. Du moins, jusqu'à ce que Sumailla ne parle de sa petite voix aiguë.

« Mais dis-moi, n'est-ce pas le charmant étranger là-bas? »

« – Où ça? »

Killa releva la tête à une vitesse incroyable, avant de réaliser la stupidité d'un tel geste. Sumailla éclata de rire devant sa réaction.

« Je vois bien à quoi tu penses, maintenant! »

« Tais-toi. », marmonna-t-elle, gênée. « Je n'ai pas envie de voir des rumeurs se répandre. Il n'y a rien entre nous. »

« – Pour l'instant~ »

« – Non, pas 'pour l'instant' non plus. Il n'y a rien, c'est tout. »

Elle rinça le vêtement avec vigueur, comme pour calmer quelque chose en elle. Sumailla se demanda pourquoi, s'il n'y avait rien, elle tenait tant à le nier.

« Tu sais que...si tu veux aller avec lui, il te faudra quitter le culte du Dieu Soleil. »

« – Ce n'est pas ce que je veux! », s'exaspéra-t-elle. « Mon devoir passe avant tout. Avant ma vie s'il le faut. »

Puis, plus calmement:

« Je l'ai accepté quand j'ai rejoint le Temple. »

La romanesque Sumailla se sentait mal de ne rien pouvoir faire pour sa meilleure amie. Qu'il était dur d'imaginer une si jolie histoire d'amour cesser d'exister avant même de commencer! Qui savait ce qu'elle aurait pu donner? Qui savait ce à quoi Killa renonçait en refusant d'admettre ses sentiments évidents?

« Mais vous pouvez être amis. Rien ne vous en empêche, pas vrai? »

Killa en réfléchit un moment.

« Je suppose... »

Elle contempla pensivement les coutures d'une robe qu'elle lavait.

« Je n'ai rien à perdre, après tout. Pourquoi pas? »

« – À la bonne heure! »

Fière d'avoir aidé, Sumailla tapota l'épaule de son amie, et emporta son panier de linge, laissant Killa seule avec ses pensées.

~~~~~

Athanaos ne savait pas pourquoi il s'était mis à cueillir des fleurs. Mais ça semblait une bonne chose à faire.

Il avait déjà un joli petit bouquet rose en main, et en cueillait d'autres dans un buisson. Il n'avait rien de précis en tête, et pensait juste faire un joli cadeau. L'expression de sa gratitude envers celle qui avait été si gentille avec lui depuis son arrivée ici.

Il savait qu'elle sortirait bientôt se promener. Le soleil commençait à se coucher, et ce ne serait pas la première fois qu'ils se rencontreraient dans cette belle prairie où les fleurs poussaient en nombre. À l'idée de la revoir, il avait un agréable mal de ventre. Il ne savait pas pourquoi, pour être honnête. Mais il ne s'en posait pas la question. C'était juste naturel.

Il s'assit sur un rocher plat, et fredonna en l'attendant. Caressant les pétales des fleurs, appréciant le bruissement des feuilles dans la brise. Il ferma les yeux, écouta ce doux son, chantonnant des syllabes sans sens. Le bruissement se fit plus fort, quand bien même le vent n'avait pas changé; il ouvrit les yeux, et vit quelqu'un qui venait. À la vue de cette robe bleue familière, son visage s'illumina.

« Bonjour, gente dame. »

Athanaos offrit le bouquet, tentant de rester distingué. Elle le regarda d'un œil bizarre.

« C'est vraiment gentil de ta part, mais...tu sais qu'elles sont vénéneuses, pas vrai? »

Athanaos lâcha le bouquet, tentant de rester distingué.

« ...maintenant je sais. »

Killa rigola, secouant la tête.

« Viens donc, herboriste du dimanche. Allons te laver les mains avant que tu ne les mettes à ta bouche. »

Elle lui prit le bras, et l'amena au ruisseau non lion. Malgré son attitude contrôlée, Athanaos avait l'air pâle.

« Qu'est-ce que je risque? »

« – Tant que tu n'en as pas mangé, tu t'en sortiras. Tu ne t'es pas touché la bouche ou les yeux, au moins? »

« – Non, et heureusement. »

Une fois qu'il eut de l'eau sous la main, il frotta les siennes avec frénésie, peu enclin à l'idée de se faire empoisonner par sa propre stupidité. Killa sourit sans raison en le regardant faire.

« J'apprécie l'attention de ton geste. Mais la prochaine fois, ne touche pas aux plantes que tu ne connais pas, d'accord? »

« – Je m'en souviendrai, ne t'en fais pas. »

Il se sécha les mains dans un pli de sa cape.

« C'est dommage...j'aurais voulu t'offrir quelque chose. Quelque chose que tu pouvais avoir sur toi. »

« – Tu n'en as pas besoin. Ta seule générosité est un noble sentiment. »

« – Pas même un bouquet de fleurs? »

Elle fit mine de réfléchir.

« Un petit, alors. Je préfère qu'il reste des fleurs dans les champs pour que tout le monde en profite. »

« – Alors...tu voudrais bien venir profiter des fleurs avec moi? »

Cette question sembla amener un peu de rose à ses joues. Elle détourna son regard pendant un moment, avant d'acquiescer.

« Ce serait bien. »

Il sourit, et lui offrit sa main. Elle hésita pendant un moment, mais finit par accepter de la tenir. Ses doigts s'enroulèrent délicatement autour des siens, une prise solide et chaleureuse qui fit battre son cœur un peu plus fort. Et il sembla le remarquer.

« C'est...c'est trop de se tenir la main? », demanda-t-il, avec la voix d'un enfant pris en train de faire quelque chose de mal.

Une fois encore, Killa réfléchit. Il se demanda ce qui pouvait bien la préoccuper, ce qui se cachait derrière ses sourcils froncés. Quelles pensées fourmillaient dans son esprit, derrière ses beaux yeux d'argent.

« ...non. », dit-elle enfin. « C'est assez. »

Et elle lui rendit son sourire. 

Ils se relevèrent du rivage, et marchèrent vers les buissons fleuris. Elle ferait bien de lui apprendre lesquelles il pouvait toucher, et lesquelles pouvaient le tuer s'il essayait de les ramasser. Ou alors ce serait un moment de silence, de contemplation de ces floraisons d'été, où il n'y aurait nul besoin de se parler. Ils s'assiéraient dans l'herbe,admirant la lente danse des pétales dans le vent, le vol des oiseaux entre les arbres, la danse maladroite des insectes entre les corolles, dans la chaleur de ce jour ensoleillé. Peu importe où l'après-midi irait, il l'apprécierait tout autant.

Même après qu'ils eurent quitté la rivière, elle lui tenait toujours la main.

~~~~~

« Qu'est-ce que tu fais? »

Killa répondit d'un sourire.

« Tu n'as jamais vu un siku? »

« – Là j'en vois un. »

Il regarda ses doigts finir d'attacher les morceaux de roseau ensemble avec de la ficelle colorée. Elle rajusta leur position, prenant soin de bien les aligner.

« Tu sais à quoi ça sert? », demanda-t-elle d'un air joueur.

« – C'est...un peigne très épais? »

Ça la fit pouffer de rire.

« Tu me vois me peigner les cheveux avec ça? »

« – Enfin, les dames se peigneraient avec tout et n'importe quoi, si elles en avaient l'occasion. »

Elle lui tapota le nez, ce à quoi il répondit par une imitation d'une lente agonie.

« Mais je te pardonne. Car son but n'est pas d'être vu et admiré. »

« – Même s'il est très joli? »

« – Sa vraie beauté ne se limite pas à ses apparences. »

Il haussa un sourcil à cette phrase cryptique. Elle resserra la ficelle d'un nœud solide et coupa les extrémités d'une longueur plus pratique, avant d'admirer son œuvre malgré ce qu'elle venait juste de dire.

« Mais ça reste joli. », dit-il.

« – C'est vrai. »

Elle lui sourit.

« Mais attends de l'entendre. »

Elle le porta à ses lèvres, et souffla doucement. À la surprise d'Athanaos, les roseaux se mirent à jouer de la musique.

C'était un son lent et aigu comme celui d'une flûte en bois, mais avec quelque chose de plus enchantant et exotique. Il ferma les yeux, soupirant doucement, écoutant la belle mélodie ces roseaux et du vent. C'était une musique calme, qui rappela à Killa sa maison, les hauteurs de la montagne, son enfance. Alors qu'elle jouait, elle se souvint de la douce musique que sa mère lui jouait, les chansons qu'elles chantaient ensemble. C'est elle qui lui a montré comment couper les roseaux et en faire une petite flûte, un art qu'elle suivait avec révérence. C'était quelque chose d'intime, de cher pour elle, et jouer devant un public la rendait toujours nerveuse.

Toutefois, elle ne sentit rien de tel alors qu'Athanaos écoutait. Il était calme et silencieux, ses yeux clos et sa tête entre ses mains, étendu dans l'herbe comme un félin au repos alors qu'elle jouait et le divertissait de cette mélodie dans son cœur. C'était juste une petite ballade, et elle n'avait en rien le talent d'un joueur de siku expert, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier. Lorsque la chanson toucha à sa fin, il ouvrit à nouveau les yeux, et applaudit avec le sourire.

« C'était magnifique! J'ai adoré. »

Elle s'en sentait quelque peu gênée, mais surtout flattée.

« Ce n'était rien, vraiment. »

« – Ne dis pas ça! C'était génial! S'il te plaît, tu peux le refaire? »

« – Bon, d'accord... »

Elle afficha un sourire comploteur.

« Mais cette-fois, il te faudra chanter avec moi. »

Elle l'avait bel et bien pris par surprise.

« Chanter? Bon, bien...d'accord. Qu'est-ce que tu veux que je chante? »

« – Tout ce que tu veux, je suis sûre que tu trouveras. »

Il sourit, et s'assit près d'elle.

« Donne-moi le la. »

Elle s'exécuta volontiers.

Cette fois, sa mélodie était un peu plus plus sûre, plus confidente. Il écouta la mélopée des roseaux pendant un moment, pour prendre connaissance des mesures. Et lorsqu'il trouva le bon tempo, il se mit à chanter sur la mélodie, dans sa langue natale.

Elle ne comprit pas ce qu'il chantait, mais sa voix était absolument délicieuse. Elle sonnait comme un trésor dans ses oreilles, et comme une merveille pour son âme. Bien sûr, elle n'était pas parfaite non plus, et il hésitait sur les mots à chanter et sur le rythme de ses syllabes; mais elle ignorait volontiers ces détails. N'était-ce pas merveilleux de pouvoir créer une si jolie musique ensemble? Elle n'a jamais joué en duo avec qui que ce soit en dehors des cérémonies préparées et répétées; le fait qu'ensemble ils aient une si bonne harmonie malgré leur première fois la rendait heureuse.

La musique ralentir, et s’arrêta. Elle rouvrit les yeux, n'ayant pas réalisé qu'elle les avait fermés, et le regarda. Il souriait d'une manière un rien rougissante.

« C'était magnifique. », murmura-t-elle. « Tu as une si belle voix. »

Il détourna le regard, une main sur la nuque.

« Voyons, c'est...ce n'est rien. »

« – Mais c'est la vérité. »

Il eut un petit rire, ses joues rougissant quelque peu.

« Tu devrais chanter plus souvent. », offrit-elle. « Même si je ne comprends pas tes paroles, j'adorerais les écouter. »

« – C'est si gentil de ta part... »

Il lui sourit à nouveau.

« Je pourrais t'apprendre les paroles? On chanterait ensemble. »

« – Ensemble? C'est à dire que...je n'ai pas une aussi belle voix. »

« – Mais j'adorerais l'entendre. »

Très doucement, il posa une main sur la sienne.

« Je t'assure. J'adorerais t'entendre chanter. »

Ses manières étaient si tendres, si timides. Et pourtant elles la rendaient toute nerveuse, son cœur battant plus fort encore. Elle détourna d'abord le regard, ne sachant pas comment réagir. La main d'Athanaos était chaude, plus chaude que tout ce qu'elle avait pu connaître, comme un doux rayon de soleil qui lui caressait les doigts. Peut-être que c'est ce qui la rassura, et ce pourquoi elle ne se retira pas.

« Je suis juste...un peu nerveuse à l'idée de chanter. »

« – Alors je pourrais t'apprendre? Je ne suis pas non plus un expert, mais je connais quelques trucs. »

« – Tu es trop aimable... », sourit-elle.

Lentement, elle laissa ses doigts s'enlacer autour des siens.

« Est-ce qu'on continue? », demanda-t-elle, prenant son siku en main.

« – Toujours, belle demoiselle. »

Ils inspirèrent. Elle joua, il chanta, et tous deux vécurent quelque chose de nouveau aujourd’hui.
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~~~~~

« Athanaos, n'y pense même pas. »

« – Athanaos, penses-y bien fort. »

Il jeta un regard noir à l'homme en face de lui, un solide guerrier Inca barré de cicatrices de ses anciens combats. Tout autour, une petite foule de célébrants s'était assemblée, et tous avaient l'air excités de voir ce qui allait se passer. Et entre eux se tenait une vestale fatiguée, qui avait essayé de retenir Athanaos pendant si longtemps qu'elle s'en ennuyait, maintenant.

« Je te le dis. », insista-t-elle. « La chicha n'est pas comme tes boissons européennes. C'est trop fort pour toi, tu ne peux pas en boire tant. »

« – Qu'est-ce qui te l'affirme? On va bien voir ça. »

Ses yeux lancèrent plus d'éclairs encore à son opposant.

« Écoute-la donc, étranger. », répondit-il. « Sinon, tu seras trop faible pour continuer à jacasser. »

« – C'est ce que tu crois. »

La foule s'écarta alors pour laisser passer un jeune homme qui portait sous ses bras deux grosses jarres d'un doux jus doré qui sentait le maïs et l'alcool. Il devait y avoir pour quinze pintes de chicha dans chacune d'elles! Il les posa sur la table, où elles firent un sacré bruit au milieu des applaudissements de la foule.

« Athanaos. », insista Killa. « Crois-moi, personne ne peut voire autant sans se rompre l'estomac. Et même l'excuse de la célébration ne t'aidera pas. »

« – Mais j'ai été mis au défi! Et tu sais bien que je ne refuse jamais un défi. »

Il prit la jarre dans ses mains, et le grand guerrier en fit de même. Ils en versèrent un peu sur le sol comme de coutume, se regardant toujours. Puis, sous les cris de la foule, ils se mirent à boire.

« Je ne cautionne pas ça. », soupira Killa en s'éloignant de ce manège.

Athanaos était solide. Son adversaire l'était encore plus, certes, mais lui était un marin! Il avait connu sa part de nuits esseulées en mer, avec la bière et le vin pour seule compagnie! Un peu de jus de maïs ne lui faisait pas peur. On l'avait mis au défi, et il remporterait ce duel, que seuls des esprits saouls pouvaient inventer. De plus, ça amusait les gens lors des fêtes des récoltes! De quoi Killa s'inquiétait-elle? 

Toutefois, alors que leurs gosiers haletants avalaient pinte après pinte, il se mit à penser que peut-être ne s'inquiétait-elle pas pour rien. Il avait bu bien moins de bière de maïs que son adversaire, dont la foule chantait le nom et les louanges. Pas besoin d'être prophète pour savoir comment cela se finirait.

Mais il ne pouvait pas perdre. Son honneur était en jeu! Se préparant lors d'une pause de son adversaire, il se hâta d'avaler autant de liquide qu'il pouvait, non sans qu'il ne lui dégouline du menton. Il sentit son estomac s'alourdir à chaque gorgée, et sa tête ne se potait guère mieux. Ses entrailles criaient pitié, ses poumons s’essoufflaient; mais dans un dernier assaut de détermination, il finit de boire et laissa la jarre s'écraser au sol.

La foule choquée ouvrit de grands yeux. Et puis tout le monde l'applaudit et l'acclama. Alors, c'était qui le faiblard, hein? C'est qui le petit Européen? Dans ta face, tout le monde! Son honneur était sauf!

Mais sa dignité n'aurait pas droit au même sort. Sentant la bière vouloir quitter son corps d'une manière ou d'une autre, il courut loin d'ici, pour la relâcher derrière un buisson dans un concerto de bruits de gorge. Sa victoire était décidément de courte durée. Au moins elle en valait la peine.

« J'espère que tu as apprécié ton triomphe, ô grand amateur de chicha. »

Il leva faiblement la tête, assez pour voir la silhouette de Killa adossée à un arbre, les bras croisés et le visage hautain.

« Crois-moi, les vomissements ne sont que le début. Tout cet alcool va finir par te tuer. »

« – Alors ce sera une mort honorable. »

Il sourit de triomphe, mais sa fierté se fit rejeter en même temps qu'un autre gallon du contenu de son estomac. Killa roula des yeux, détournant le regard.

« Certainement. », commenta-t-elle. « La plus honorable de toutes. »

Quand la cacophonie eut cessé, elle se contenta de se relever.

« Je vais te trouver quelques herbes. Crois-moi, tu vas passer une horrible nuit. »

« – N'ai-je pas le droit à un peu de considération? Même vos plus grands guerriers n'ont pas pu me battre à cette épreuve! »

Elle pouffa.

« Peut-être. Mais tu peux le prouver par d'autres moyens que...ce que tu essayes de faire en ce moment. »

Toutefois, elle lui décocha un sourire agréable.

« Mais j'avoue que tu m'as impressionnée. Tu sais te battre, en effet. »

« – Je serais prêt à le refaire, si tu me le demandais. J'aime prouver ma valeur. »

Elle secoua la tête.

« Tu n'as pas besoin de me faire tes preuves. »

Il lui rendit son sourire, sentant son ventre se remplir de papillons. À moins que ce ne soit la bière.

« Retourne te purger. », dit-elle simplement. « Je vais te chercher de quoi te laver. Autrement, tes vêtements vont puer le maïs pendant des jours. »

Il allait dire quelque chose, mais sa bouche se trouva à nouveau occupée. Au final, il lui fallut une heure pour évacuer toute cette bière, ainsi que le peu de dignité qui lui restait encore.



Tout de suite moins romantique, le Naos...mais bon, on l'aime quand même.

Petit bonus:
Quand il s'agit de planifier votre vie amoureuse à peine débutée, Sumailla est votre femme de main idéale.<br />Le premier à reconnaître la référence gagne un cookie.
Quand il s'agit de planifier votre vie amoureuse à peine débutée, Sumailla est votre femme de main idéale.
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:condor: Le meilleur personnage de toute la série, c'est la mère d'Esteban.:condor:

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