Chroniques Catalanes II. La reconquista.

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TEEGER59
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par TEEGER59 »

Suite.

Corazones en llamas.

Le soleil entamait sa paresseuse descente vers l'ouest, tremblant dans les transparences de l'air.
Mendoza, trempé au point de pouvoir tordre son pantalon, venait d'achever deux heures de musculation et les étirements qui allaient de pair. Son estomac hurlait encore de faim car il supportait difficilement l'exercice sans satisfaire pleinement sa panse. Sa gorge flambait aussi. En fait, son corps tout entier ressemblait à une torche furieuse. Après s'être désaltéré, d'un ton acerbe, il s'enquit:
:Mendoza: : Et maintenant, moussaillon, on fait quoi?
Estéban rétorqua:
:Esteban: : Eh bien, puisque tu fais le malin, tu te rhabilles et nous allons marcher de nuit, une heure ou deux, ça te fera du bien.
Le capitaine se sentait en forme, certes, mais de là à avoir envie de crapahuter derrière son gendre durant les prochaines heures, il y avait un gouffre. Il aurait tant voulu pouvoir rejoindre les bras de Morphée.
Tout en pestant intérieurement, il remit sa tunique, sa cape et éteignit le feu qu'ils avaient allumé pour le maigre souper. L'élu le regarda faire, un sourire satisfait au coin des lèvres.
:Esteban: : Tu es prêt? Alors voilà le menu: une petite balade sur le mode lansquenet, exercice du limaçon, ça te dit quelque chose?
C'était le rythme des soldats Allemands de Charles Quint. La manœuvre consistait à faire avancer en cercle et au pas cadencé un groupe de mercenaires s’éloignant progressivement de son centre, le tout dessinant sur le sol une forme d’escargot qui justifiait l’appellation de cette évolution. Ces pratiques empiriques se joignaient à l’influence des Anciens pour favoriser l’émergence de mouvements de troupe coordonnés.
Juan grimaça et son regard vindicatif scintilla au-dessus des braises mourantes. Dans son état actuel et malgré l'amélioration de ses capacités, il se savait incapable de tenir cette allure plus de trente minutes. Il se souvint alors de la course du premier jour. Il l'avait terminée à ramper sous les moqueries de l'Atlante.
:Mendoza: : Tu tiens vraiment à me faire tourner en rond?
:Esteban: : Et oui, mais ça ne sera pas pour danser, ma mignonne!
:Mendoza: : Tu veux bien arrêter avec les prénoms féminins. De la part de mon frère, ce comportement ne me surprendrait pas, mais venant de toi...
:Esteban: : Hou! Mais c'est qu'elle se rebiffe, la petite sœur de Miguel!
Mendoza grinça:
:Mendoza: : Estéban... Un de ces jours...
:Esteban: : Oui, c'est ça! Économise ta salive car on y va.
L'époux de Zia bondit au quart de tour, s'engageant sur une piste délimitée d'une rangée d'arbres. Il enfila les toises d'un pas souple qui finit par se transformer en sauts de plus en plus puissants. Sur ses talons, la respiration sifflante, le Catalan cria:
:Mendoza: : Hey! Je croyais que l'on devait marcher.
:Esteban: : J'ai changé d'avis!
L'Atlante bifurqua au coin du bois. Il inspirait fort, les bras vifs, le corps tendu dans sa course. Il distança rapidement le capitaine, cinq, dix, vingt mètres, survolant le sol de ces enjambées jeunes et entraînées.
Incapable d'adopter un tel train, le capitaine devait trouver sa propre allure.

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Filant tout droit sans fléchir ni réfléchir, les dents serrées, il s'accrochait. Ses pieds enflaient, ses talons brûlaient, ses halètement s'étiraient en grognements de bête mais il tenait bon. L'air frais oxygéna correctement ses muscles. Le second souffle arrivait, par-delà la douleur. Au bout de plusieurs minutes, il sentit le rythme de la course s'imprimer en lui, ses foulées gagner en assurance, en amplitude. Son esprit de mit à dériver, prononçant pour lui seul ses paroles:
:Mendoza: : Mode lansquenet ou course de fond, peu importe! Cette fois, je ne finirai pas en rampant.

☼☼☼

Quelques heures plus tard, un vague demi-jour teinta le dôme éternel au-dessus de l'hacienda.

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L’aube douce et pâle, en attendant son heure, sembla toute la nuit errer au bas du ciel.
Cela se produisit tout d'un coup.
Mendoza se réveilla bien plus tôt que d'habitude, les traits maussades, mais sans violence, au milieu d'une literie chiffonnée. Sept heures d'un sommeil au plomb bien trempé, le tout sans mauvais rêves ni réveil nocturne.
Un miracle.
Ses mains se tendirent vers l'arrière pour étirer ses bras endoloris et il soupira d'aise. Il se sentait en pleine forme. Comme ça, tout simplement. Plus aucune trace du martyre qui l'accablait depuis des jours. Son corps était redevenu un allié, dur, bien dessiné. Le sentir répondre à toutes ses sollicitations, après cette intense frustration, cette souffrance qu'il gardait au fond de lui, avait quelque chose de profondément revigorant.
Un poids disparut au sein de son âme en peine. Une porte s'ouvrit dans son esprit tourmenté, la fumée âcre qui aveuglait ses pensées, les corrompait, fut chassée.
Il sortit du lit le plus discrètement possible afin de ne pas déranger Isabella et se traîna dans le petit bâtiment des étuves.
Là, une eau tempérée lui fouetta l'échine quand il s'aspergea avec le broc. Une énergie nouvelle connecta ses premiers neurones et, dans cette tiédeur apaisante, il ressentit une forme de bien-être presque oubliée. Il s'attarda dans le baquet une bonne demi-heure.
Alors qu'un vent frais et agréable traversa le domaine, le soleil se leva, moins batailleur que la veille. L'astre lumineux glorifia la terre et, par la fenêtre de la chambre, flatta d'un voile doré le visage endormi de l'aventurière. Tout à coup, la voix d'Estéban s'éleva au milieu de la cour:
:Esteban: : Mendoza! Lève-toi, gros feignant!
Rien ni personne ne bougea.
:Esteban: : Mendoza! Ne m'oblige pas à venir te chercher! Je commence à en avoir assez de devoir te tirer du lit!
Le capitaine, qui était sortit du bain bien avant la première sommation, s'était hâté pour se rhabiller. À présent, il se tenait derrière lui et ouvrit la bouche en s'exclamant, d'un ton réjoui:
:Mendoza: : Je suis là, espèce de peau de vache!
L'élu fit volte-face, la mine stupéfaite. Il écarquilla les yeux, incrédule et se mit à sourire.
:Mendoza: : Pour ta gouverne, ça fait un moment que je suis debout à t'attendre... Comme tu n'arrivais pas, j'ai décidé de faire un brin de toilette...
Le jeune homme n'en revenait pas de la transformation de son ami. Cette transformation soudaine, qu'il n'espérait plus. Il se frotta les yeux. Non, il ne rêvait pas.
:Mendoza: : Et à l'avenir, je te prierai de baisser d'un ton, s'il te plaît. Tu vas réveiller tout le monde! Alors? Quel est le programme aujourd'hui?
:Esteban: : Et bien, nous allons pouvoir passer à la vitesse supérieure. Tu as retrouvé ta masse musculaire, mais pas encore tes réflexes, ni tes aptitudes. Comment tu te sens?
:Mendoza: : Prêt à en découdre avec toi si tu t'avises encore de m'insulter.
Et le Catalan dévoila son fameux rictus, ce large sourire chargé d'assurance et de menace, celui qui l'avait fait comparer aux hyènes tachetées rencontrées en Afrique.
Le Mendoza d'autrefois était de retour.

☼☼☼

Comme l'avait décidé Estéban, ayant acquis suffisamment d'endurance, le capitaine commença à travailler en vitesse et en résistance.
Celui-ci exultait. Qu'il était bon de sentir son corps aussi fougueux qu'un étalon, de sentir ses muscles brûler d'activité, son cœur battant au même rythme que l'effort sans jamais fléchir. Il se sentait si léger maintenant. L'élu avait eu raison: qu'elle était bonne, douce et enivrante, cette renaissance! C'était bien là la récompense promise par son gendre. Ce moment ineffable chez l'athlète lorsqu'il constate en pleine activité qu'il est au faîte de sa forme. La souffrance musculaire devenait plaisir, enthousiasme, elle sculptait sa carcasse de la plus belle des armures.
L'Atlante avait beau corser ses exercices, l'Espagnol avait passé un cap. La quiétude revint enfin sur ses traits, au grand soulagement de son compagnon et du reste de la famille. Juan avait retrouvé son intégrité corporelle. Restait à travailler les réflexes, la vitesse qui lui faisait toujours défaut et sa maîtrise du combat. Restait à retrouver tout ça.

Fight club.

Un jour de plus passa, marqué par des progrès d'autant plus rapides que Mendoza avait retrouvé une forme physique sans faille. Ce matin, Estéban et lui terminait un exercice de combat rapproché, ne se servant que des coudes et du tranchant de la main. Ils se tournaient autour, se fendaient pour feinter ou frapper, sautillaient pour esquiver, se baissaient, se relevaient pour parer.
Isabella, qui cette fois les avait accompagnés, les regardait, assise par terre, au pied d'un grand chêne. Après une parade maladroite de son époux, elle laissa échapper un rire cristallin, dont le chant moqueur parvint jusqu'aux oreilles du concerné.
Ce dernier se hérissa:
:Mendoza: : Eh bien quoi?
:Laguerra: : Si tu te voyais, Juan... Tu bouges comme un bœuf!
Les sourcils barrés par le courroux, le capitaine rejeta une mèche en arrière et siffla:
:Mendoza: : Et si tu me montrais, puisque tu as la langue bien pendue! Je parie que toi aussi, tu dois être un peu rouillée...
Il n'avait rien d'un bœuf, il le savait. Et s'il était encore loin d'avoir retrouvé la maîtrise complète de ses talents d'antan, il s'en rapprochait. Non pas de kung-fu, mais tout à fait de quoi en remontrer au fils du soleil qui s'était intéressé à cet art martial plus jeune, ou pour démontrer à son épouse ce qu'il en coûtait de le provoquer.
Isabella rit encore. D'un bond souple, elle se redressa sur ses jambes. Habillée d'une ample chemise blanche, d'un pantalon moulant et de ses bottes de cavalière, elle se rapprocha, irradiant de confiance. Sa rapière pendait à sa hanche gauche, son fouet à sa droite.
:Laguerra: : C'est toi qui l'a voulu, mon chéri! Tu ne viendras pas te plaindre du résultat.
Le Catalan la dévisagea sans répondre. Il ne portait que son pantalon et ses bottes. Il se détourna de sa femme, prit le temps de boire, d'essuyer son torse luisant de sueur. Enfin prêt, il revint se placer au centre de la clairière, face à l'aventurière, qui, de son côté, s'était délestée de ses armes. Belle à en faire mal, elle l'attendait les mains sur les hanches, le regard pétillant.
Tout en se frottant les mains, Estéban s'écria:
:Esteban: : Parfait. Voilà qui est tout à fait de nature à me distraire. J'arbitre. Combat à mains nues. Coups vicieux interdits!
Ses yeux plaqués dans ceux de son homme, Isabella susurra:
:Laguerra: : Dommage!
Ce dernier conserva le silence, déjà concentré sur le duel à venir.
:Mendoza: : On va voir, mon amour, si tu rigoles encore tout à l'heure! (Pensée).
Au signal de l'Atlante, l'affrontement débuta. Mendoza adopta une posture ouvertement défensive, une main devant lui, l'autre en retrait de la tête, les jambes fléchies, le torse un peu en avant. Il se mit à tourner autour de la guerrière qui conservait sa position d'attente, mains sur les hanches. Son époux se sentait bien. Alerte. Capable de réagir avec une aisance tout à fait acceptable. Aussi épaisse qu'un ruisseau de miel, l'adrénaline coulait dans ses veines.
Isabella, qui s'était contentée de tourner parallèlement aux cercles de Juan, s'enquit:
:Laguerra: : Tu es prêt?
Il hocha la tête.
:Laguerra: : Alors en garde! Montre-moi ce que tu as dans le pantalon, mon chéri!
Mari et femme se sourirent, sans pouvoir s'en empêcher, partageant la même excitation, la même quête du geste parfait.
Ses mains étaient toujours sur ses hanches et, l'instant d'après, elle était sur lui, déchaînée dans un tourbillon de frappes du tranchant de la main, des pieds et des genoux. Presque aveuglé par ce déluge d'une fluidité époustouflante, l'Espagnol ne put que reculer en parant ou en esquivant. Au moins parvenait-il à contrer les assauts d'Isabella mais celle-ci ne relâchait pas son emprise sur lui. Les traits éclairés de plaisir pur, elle paraissait d'une endurance sans limite. Elle frappait de tous côtés, à la recherche d'une faille dans sa garde.
Elle finit par la trouver.
Après avoir été trompé par une feinte, Mendoza reçut un coup à la pommette, un fouetté de botte dans les côtes. Il para les bras en croix, repoussa la guerrière d'un coup de pied dans la cuisse. Sans attendre, il plongea sur le côté, effectuant une ample roulade qui lui permettait de gagner un répit nécessaire.
Isabella, qui transpirait à peine, ironisa:
:Laguerra: : Déjà fatigué?
:Mendoza: : On va dire prudent...
Il connaissait sa manière de se battre et c'était merveille que de la voir bouger. Les deux duellistes se rapprochèrent l'un de l'autre, les mains le long du corps.
Cette fois, l'aventurière adopta un rythme plus mesuré, laissant au capitaine l'opportunité de placer quelques offensives de son cru. Il se battait comme à son habitude, en silence.
En revanche, de temps à autre, le rire léger de sa femme s'égrenait à la lisière des bois. Et tandis qu'ils évoluaient dans la clairière, le combat s'équilibra.
Le savoir accumulé par le navigateur, acquis au service de Francesco Pizarro, se révéla primordial. Lui permettant de puiser dans le vaste répertoire technique qui était le sien, la défense la plus appropriée au style d'Isabella. La combattre ne pouvait que le faire progresser.
Peu à peu, il retrouva sa maîtrise passée, sa vivacité s'accroissait, de même que l'assurance de ses postures. Tout entier concentré sur le rythme, il respirait le combat. Ses gestes s'enchaînèrent avec une assurance accrue, en réponse aux mouvements de son adversaire, sans qu'il ait besoin d'y penser.
Il allait avoir le dessus et il jubilait.
À l'instant où il allait enfin goûter à la récompense qu'il attendait tant, Isabella augmenta la fréquence de ses attaques, imprimant au combat une accélération subite. Brusquement, contraint à une défensive désordonnée, Mendoza perdit pied et sa concentration vola en éclat. La guerrière détourna son bras, le frappa sèchement sur le côté du cou, en haut de la cuisse et derrière le mollet. Sa jambe balayée, l'Espagnol reçut encore un coup de botte au creux de l'estomac, dont la force l'envoya s'écrouler dans l'herbe, plusieurs mètres en arrière. Sonné par la chute, il resta couché sur le dos, haletant.
Estéban s'écria:
:Esteban: : Stop! On arrête là.

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Le capitaine se redressa lentement sur son séant. Ce n'était pas une correction mais il avait été surclassé. La chose s'avérait évidente. Aux yeux d'un néophyte, le combat eût sans doute semblé à peu près égal, hormis sa conclusion, mais il n'en était rien. Juan en avait pleinement conscience. Sa femme l'avait dominé du début à la fin. Elle n'avait pas eu besoin d'appuyer ses coups, il lui suffisait de toucher. Dans un combat à l'arme blanche, Mendoza aurait été mutilé et vaincu.
Oui, il avait bel et bien été surclassé. Il le savait, elle le savait et Estéban aussi. Une nouvelle blessure pour son orgueil dont il devrait apprendre à s'accomoder.
Un silence plana sur la clairière. L'Atlante regardait le ciel, appréhendant la réaction du vaincu. Celui-ci se remit debout et se rapprocha de son épouse, jusqu'à pouvoir la toucher, le visage vide de toute expression. La chaleur suffocante lissait son corsage d'une transparence discrète, un voile de sueur éclairait ses formes cachées. Elle le toisa en retour, incertaine de son attitude.
:Mendoza: : Ah! Ma Miss Glaçon est de retour! (Pensée).
Mais derrière ses airs de totem inébranlable, il savait que dans cette poitrine battait un cœur généreux, avide de faire le bien. Elle repoussa une mèche sur le côté. Son chignon, parfait avant le combat, ressemblait à présent à une nébuleuse éclatée. Les lèvres du capitaine formèrent un ersatz de risette. Doucement, il finit par sourire franchement et lui dit:
:Mendoza: : Beau combat, bien joué mon amour.

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Isabella le regarda un moment sans rien dire, se tourna vers Estéban qui semblait contempler un point à leur opposé, avant de revenir sur son homme.
:Laguerra: : Toi aussi... Tu t'es bien battu.
L'élu expira de soulagement. Replaçant de nouveau une mèche derrière son oreille, la gagnante rajouta:
:Laguerra: : Mais tu bouges toujours comme un bœuf!
Mendoza adorait la voir faire ce geste et il se rendit compte d'une chose.
:Mendoza: : Je viens de comprendre ton manège, ma belle. Si tu te comportes ainsi avec moi, c'est parce que tu es sur la défensive.
:Laguerra: : Pardon?
:Mendoza: : Oui, je te fais toujours de l'effet et tu veux t'en cacher. Alors face à moi, tu es sur la défensive.
:Laguerra: : Pas du tout! Je ne suis pas du tout sur la défensive!
:Mendoza: : Alors pourquoi tu hausses le ton?
Il se détourna d'elle sur cette tirade. Après un détour pour récupérer sa tunique et sa gourde, il entreprit de descendre jusqu'au fleuve.
Isabella resta un temps sans rien dire, la bouche ouverte. Elle se reprit et aperçut son beau-fils à côté d'elle, son faciès éclairé d'un sourire. Les mains sur les hanches, elle siffla:
:Laguerra: : Tu as un problème, Estéban?
:Esteban: : Pas du tout! Tout va très bien.
Elle le contempla d'un tel air qu'il se sentit obligé de reprendre:
:Esteban: : Euh, je vais peut-être aller retrouver Tao pour voir s'il s'en sort avec Floreana et Agustín.
:Laguerra: : C'est ça, va le voir et tout de suite!

À suivre...
Modifié en dernier par TEEGER59 le 30 janv. 2020, 23:33, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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yupanqui
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par yupanqui »

Oui. Passage viril.
Pas mal.
J’ai du mal à reconnaître le caractère d’Esteban
« On sera jamais séparés » :Zia: :-@ :Esteban:
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Akaroizis
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Akaroizis »

Beau passage.
J'ai bien aimé le duel conjugal ! :x-):
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 09/20
Saison 3 : 13.5/20


Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
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TEEGER59
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par TEEGER59 »

Suite.

Une fois hors de vue des autres, arrivé au bord du Llobregat, Mendoza réalisa un entrechat de gigue victorieuse. Il avait perdu le duel mais remporté la joute verbale. Plutôt satisfait de cette victoire morale qui équilibrait le score, il déposa ses affaires sur le sol et ôta son pantalon. Ayant gardé son caleçon, il fit quelques pas d'élan et un plongeon parfait. L'eau était fraîche mais vivifiante. Il effectua quelques vigoureux allers-retours avant de se laisser aller à faire la planche.
Un peu plus loin sur l'autre rive ombragée d'aulnes et de saules, il entendit Carmina, Miranda, Jesabel et Zia, rassemblées autour du lavoir. Elles frappaient leurs linges à grands coups de battoirs sans s'arrêter un seul instant de rire et de bavarder car le temps était beau, doux et incitait à la gaieté.
Le long du coteau au sommet duquel se profilaient les bâtiments de l'hacienda, les arpents de vigne se chauffaient au soleil...
Les femmes n'étaient pas les seules à profiter de cette météo clémente.
Le palissage étant terminé, l'activité dans le vignoble tournait au ralenti. En rentrant chez elle, Isabella surprit son autre gendre se prélasser dans un champ. Elle le voyait converser avec l'un des deux chats de Zia. C'était avec Canela, ce gros vieux matou qui observait froidement le monde derrière ses yeux mi-clos. L'animal somnolait, le museau contre ses pattes, sur la poitrine du jeune homme.
Allongé parmi les fleurs, l'époux d'Elena lui parlait. Avec condescendance, le chat ébauchait un clignement de paupière. Il lui grattait le cou d'un doigt, lui relevait le menton ou lui chatouillait les vibrisses. Le petit félin secouait alors la tête et se renforçait dans son demi-sommeil.

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Mais lorsque Modesto faisait mine de l'abandonner pour reprendre son livre, il se mettait debout sur ses pattes et le fixait de ses yeux d'aristocrate amené à composer avec le peuple, se refusant de quémander, attendant qu'il reprenne son discours et ses caresses. Et le jeune homme riait, avec des renflements de gorge en lui flattant le dos.
Il regarda sa belle-mère avec tant de négligence quand elle s'approcha, qu'elle en fût piquée. Était-il inconscient ou cherchait-il à la provoquer? Elle eut envie de s'en assurer.
Pendant ce temps, Juan se laissait bercer par l'onde. Curieusement, il ne se sentait nullement ennuyé d'avoir subi cette défaite, qu'il considérait comme honorable. Aujourd'hui, il n'aurait fait qu'une bouchée de ses agresseurs.
Seulement voilà, Isabella s'était révélée meilleure que lui. Si le capitaine n'était pas encore à son niveau, c'était un fait, il avait cependant livré une prestation encourageante. Une pensée parfaite pour l'exhorter à mieux faire. Il travaillerait encore, tenace comme il savait l'être, jusqu'à retrouver sa complète intégrité et pouvoir enfin accomplir sa tâche sacrée: tirer vengeance de ceux qui l'avaient rossé sévèrement et qui avaient tué l'ermite. Et ils étaient nombreux, les auteurs de toute cette douleur qui, à des lieues de là, Dieu savait où, jouissaient du plaisir secret des assassins- un chatouillement sadique dans leur cœur -et se félicitaient de leur impunité. Mendoza les avait condamnés à mort, de compte à demi, pour celui ayant menacé ses enfants, avec son épouse.
:Mendoza: : Isabella...
Il s'était surpris à murmurer son nom lorsqu'il était seul.
:Mendoza: : Isabella. Je ne veux pas que tu te salisses les mains...
:Esteban: : Qu'est-ce que tu dis?
Rejetant la tête hors de l'eau, chassé de sa rêverie par l'arrivée soudaine d'Estéban, le Catalan sursauta:
:Mendoza: : Hein?
:Esteban: : Tu disais quelque chose mais je n'ai pas bien compris.
:Mendoza: : Rien qui te concerne... Qu'est-ce que tu viens faire là?
:Esteban: : Voir comment tu allais. Pas trop froissé par le fait d'avoir été battu par ta femme?
:Mendoza: : Non. Elle était meilleure que moi, n'est-ce pas?
:Esteban: : En effet. Mais rassure-toi, tu as encore une grande marge de progression avant que j'en aie fini avec toi. La façon que tu as d'admettre cette défaite est également très encourageante. Tu es sur la bonne voie, Mendoza, reste dans cet état d'esprit.
:Mendoza: : J'en ai bien l'intention, crois-moi.
:Esteban: : Parfait, alors cesse de fainéanter dans l'eau. Sèche-toi et rhabille-toi, il est temps d'aller remuer un peu tes troupes.
:Mendoza: : Pourquoi ça?
:Esteban: : Je suis allé voir Tao qui revenait d'une petite promenade dans les vignes avec nos enfants. Il m'a annoncé que les dernières pluies ont encouragé le chiendent et la traînasse. Il va nous falloir tirer ces mauvaises herbes à la main si nous ne voulons pas blesser le pied des ceps avec les outils...

☼☼☼

Les claquements du bois résonnaient sous les frondaisons. Après s'être attelés à la fastidieuse besogne du désherbage durant une petite heure, Mendoza et Estéban avaient faussé compagnie aux vignerons pour s'affronter au bâton. Le capitaine transpirait et, dès qu'il tournait la tête, ses cheveux alourdis par la sueur n'arrêtaient pas de tomber et retomber sur ses yeux. À tel point qu'il ne vit pas venir une attaque latérale de l'élu. Heurté à la pommette, il roula dans l'herbe en jurant. Plutôt que de se relever, il tenta de dégager sa vue, mais ses mèches se révélaient trop glissantes et retombèrent aussitôt.
:Esteban: : Bon, tu as fini de te recoiffer? Pendant qu'on y est, tu veux peut-être que je te prête ma poudre de céruse et mon mélange de teinture de cochenille?
:Mendoza: : Très drôle! Ne vois-tu pas que mes cheveux me gênent, je n'y vois plus rien dès qu'ils sont mouillés!
:Esteban: : Alors attache-les, qu'on en parle plus!
Isabella, qui assistait à leur échange, intervint:
:Laguerra: : Tu sais quoi, mon chéri? Je pourrais te les couper. Ça serait bien plus pratique pour toi et, en plus, je préfère quand tu as les cheveux courts.
:Mendoza: : Pourquoi pas?
:Esteban: : Bon, les filles, on peut finir l'exercice, oui? En attendant que ta femme s'occupe de toi, tu n'as qu'à mettre un bandeau!

☼☼☼

Le déjeuner terminé, tandis que l'Atlante vaquait à ses occupations de père, Isabella alla fouiller dans sa coiffeuse pour s'équiper d'un peigne et d'une paire de ciseaux. Elle revint vers son homme, le fit asseoir sur une chaise dans la cuisine. Après lui avoir mouillé les cheveux, elle se mit à le peigner. Après quoi, l'aigre grincement des instruments s'éleva dans la pièce chargée de senteurs aromatiques. Les mèches se mirent à tomber sur le sol.
:Laguerra: : Tu te souviens, quand Paloma est revenue en pleurs alors que nous étions dans le jardin?
Mendoza haussa les épaules.
:Mendoza: : Vaguement... C'était durant la Semaine Sainte, non?
:Laguerra: : Oui, le Vendredi, plus précisément. Et bien, j'ai enfin découvert le fin mot de l'histoire. Pas plus tard qu'aujourd'hui, elle s'est confiée à Pablo qui est venu tout me répéter après le repas. Elle lui a avoué qu'un marchand ambulant l'avait importunée. Cet homme lui aurait fait peur.
:Mendoza: : À quoi ressemblait-il?
:Laguerra: : D'après Paloma, il était grand, avait des cheveux longs, bien plus que les tiens et il portait une boucle d'oreille en argent à l'oreille gauche.
La description frappa Mendoza. Le mal-être croissait en lui. Il sentit ses jambes se dérober et dut faire un effort pour rester bien assis. C'était comme si une lame de fond venait de l'engloutir et de le retourner dans tous les sens, l'empêchant de remonter à la surface. Les pensées qui lui arrivèrent d'un coup lui glacèrent le sang.
Cette fripouille de colporteur faisait partie de ses agresseurs! Sa petite fille était-elle ce fil d'Ariane qui le maintenait à ses tortionnaires?
Il chassa cette idée. Il aurait voulu taper du poing sur la table. Il était assez fort pour la casser en deux mais il se retint. Il se retenait depuis toujours.
Le capitaine tourna les yeux vers sa femme, qui le scrutait.
:Laguerra: : Elle a également dit à son frère qu'elle ne devait son salut qu'à l'intervention involontaire d'Estéban, lorsqu'il était passé sur la route.
:Mendoza: : Surveille un peu mieux nos gamins! Je ne veux plus qu'ils sortent sans être accompagnés d'un adulte!
Un silence pesant s'instaura sur cette tirade assénée d'une sécheresse rebutante, troublé seulement par le cliquetis des ciseaux. L'aventurière paraissait froissée de la dureté exprimée par Juan et ce dernier ne savait comment faire pour renouer le dialogue.
Il lui était impossible de se livrer. De lui dire que ce qui était arrivé était sa faute, uniquement la sienne. Alors il la rejetait sur elle. En réalité, il fuyait ses angoisses et ce sentiment d'impuissance que seul un père peut ressentir quand il sait qu'il n'a pas veillé sur ses proches comme il aurait dû. Le Mal avait trouvé le moyen d'entrer et c'était à lui d'y remédier. Seul.
Comment lui dire tout cela?
Il brûlait du désir de s'ouvrir à elle, de se partager. Cependant, en ce cas précis, son orgueil étouffait les désirs de son cœur et il ne savait quels mots employer pour retrouver le bref instant de complicité qui les avait rapprochés.
Le reste de leur tête-à-tête s'écoula sans qu'une phrase ne soit prononcée. Ce fut Isabella qui finit par briser le silence:
:Laguerra: : Ça-y-est, j'ai terminé. Laisse-moi te regarder... Oui, tu es bien mieux avec les cheveux courts.
:Mendoza: : Merci, Isa...
Et soudain le visage du capitaine s'éclaira d'un sourire agréable, heureux, qui le rajeunissait et qui émiettait son masque de perpétuelle rudesse, adoucissant ses traits. Ses yeux étincelèrent d'une lueur nouvelle.
L'aventurière se détourna un instant, le temps de poser ses ustensiles. D'une voix encore plus rauque qu'à l'accoutumée, elle dit:
:Laguerra: : De rien. Tu me dois un baiser.
Elle se rapprocha de lui, agrippa sa tunique au niveau de sa poitrine et haussa sa bouche jusqu'à la sienne. Juan sentit la caresse de sa langue entre ses lèvres. Il lui rendit son baiser.
:Laguerra: : Ça fait des jours que j'ai envie de toi.
:Mendoza: : Moi aussi, mais avec mon implacable entraînement, je suis trop fatigué. Une fois au lit, je ne peux que dormir...
Ils s'écartèrent l'un de l'autre. L'aventurière lui murmura:
:Laguerra: : Je réclamerai mon dû au moment choisi.

À suivre...
Modifié en dernier par TEEGER59 le 04 févr. 2020, 00:05, modifié 2 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par IsaGuerra »

Ahah je le savais bien que ce marchand à l'allure louche il fallait s'en méfier ! Je le savais je l'avais dit qu'on devait en avoir peur

Sinon joli passage, j'apprécie particulièrement le passage de la coupe de cheveux ^^
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Akaroizis »

Tout le monde l'avait dit, Isa'. :x-):
J'ai bien aimé, mais je ne sais quoi dire d'autre, car on a déjà utilisé beaucoup de superlatifs pour tes fanfics... ^~^
C'est toujours un plaisir de te lire.
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Aurélien »

Alors comme superaltif on peut dire que c'est "adroit, astucieux, étonnant recherché, magistral, suprême enfin sublim quoi ! :D
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par yupanqui »

Oui. Moi aussi je savais que ce prédateur au regard lubrique était derrière tout ça.

Sympa ce petit intermède un peu plus léger du couple Mendoza.
« On sera jamais séparés » :Zia: :-@ :Esteban:
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par TEEGER59 »

Suite.

Ojo del tigre.

Le lendemain, pour la suite de la remise en forme, Estéban modifia une nouvelle fois ses principes d'entraînement. Son beau-père était à présent libre de consacrer la majeure partie de ses efforts à la technique. Ainsi, il put donc se focaliser tout entier sur les mouvements spécifiques. Il exécuta les exercices avec une rage maîtrisée, repoussant ses propres limites.
Il devait bien admettre qu'au moins, il s'était retrouvé, chose primordiale. Prêt à affronter les travers de la vie, prêt à remplir la mission qu'il s'était fixée, son corps étant redevenu une machine bien huilée. À nouveau, il se sentait dangereux et non plus à la merci de la moindre menace, né de son renouveau physique et de l'acceptation de lui-même.
Cependant, plus le temps passait, plus celui-ci finissait par éroder ses élans meurtriers. Même la nuit, en attendant le sommeil, Juan pouvait vaincre et repousser l'image de ses agresseurs. Au soulagement de ses proches, il abandonna alors ses idées de vengeance, retrouvant même une certaine joie de vivre.

☼☼☼

Au pied du Tibidabo, un nouveau relais de poste avait été établi dans un pré en forme de croissant, courbé en bas d'une pente douce peuplée de pommiers. Un ruisseau sinueux irriguait la prairie derrière l'établissement. Celui-ci était composé de trois corps de bâtiments, un hangar et une écurie complètant l'aile principale. Un corral de rondins se dressait accolé à l'écurie, occupé par deux chevaux trapus, un rouan et un aubère.
L'après-midi débutait. Mendoza et Estéban venaient d'enchaîner deux heures de course. Dès qu'il aperçu le relais, l'élu cessa de courir, se frotta le menton et annonça:
:Esteban: : Arrête-moi si tu veux mais je crois qu'on a bien gagné un peu de détente!
L'endroit semblait accueillant. Le capitaine passa la main dans la masse de ses cheveux. Son endurance n'avait jamais été meilleure, il se sentait à peine fatigué des efforts de ce matin et ce simple fait l'emplissait de satisfaction.
Lui adressant un clin d'œil, son gendre reprit:
:Esteban: : Alors, qu'en dis-tu?
:Mendoza: : Je ne dis pas non mais je n'ai rien dans mon aumônière.
L'Atlante fit apparaître dans sa main une pièce d'or.
:Esteban: : Celle-là, je l'ai gardée justement pour une occasion comme celle-ci.
:Mendoza: : Après tout ces efforts et ces sacrifices, j'avoue que je ne cracherais pas sur une bonne bière. Est-ce que mon entraîneur y consent?
L'élu sourit largement et asséna une grande claque sur l'épaule du Catalan.
:Esteban: : Oui, Mendoza, tu l'as bien mérité et je suis fier de toi! D'ailleurs, je déclare ta période de remise en forme achevée, tu n'as pas besoin de moi pour affiner ta technique.
:Mendoza: : C'est fini, alors?
:Esteban: : Oui, je te délie officiellement de ton serment. Par la malepeste, à présent, je peux bien te le dire, je ne pensais pas que tu supporterais mon programme!
Mendoza se rapprocha de lui et, sans crier gare, le gratifia d'un grand coup de poing dans l'estomac. Estéban en eut le souffle coupé. Sous l'effet de la douleur, il se plia en deux et tomba à genoux dans l'herbe. L'Espagnol le toisa de toute sa taille avant d'annoncer:
:Mendoza: : Te souviens-tu, Estéban? J'avais promis que tu paierais pour tout ce que tu m'as infligé... À présent, la dette est épurée, nous sommes quittes. Et crois-moi, tu t'en tires bien.
:Esteban: : En effet... Je... J'imagine que de ta part, j'aurais dû me douter d'une réaction de ce genre.
Il se releva tout en se massant le ventre et poursuivit:
:Esteban: : Admettons que je l'ai mérité. Mais si tu lèves encore la main sur moi, je te casse en deux, beau-père ou pas...
Avec un sourire de fauve, Mendoza argua:
:Mendoza: : Oh oui, tu aurais pu le faire, il n'y a pas si longtemps. Mais à présent, je te conseille de ne pas essayer.
:Esteban: : Tu veux parier?
Ils se contemplèrent un temps, la mine agressive avant d'éclater d'un rire franc. Reprenant leur foulée, ils s'engagèrent dans la pente qui menait au relais.
L'enseigne fixée au-dessus de la porte indiquait "L’huracà".
Le tenancier sortit sur le perron pour les accueillir. Un gros homme au teint rubicond, aux traits avenants surmontés d'une crinière brune. Il essuya ses mains potelées sur le grand tablier qui couvrait sa respectable bedaine et son visage s'éclaira:
:D : Bien le bonjour, messires. Bienvenue dans mon honnête établissement.
Estéban entrait dans l'un de ses domaines de prédilection. Comme il l'avait fait il y a bien longtemps chez Jabbar, il prit la parole d'autorité:
:Esteban: Bonjour à toi, mon ami! Tu parles d'honnête établissement, alors exprime-toi avec la plus grande franchise et nous nous entendrons au mieux... Que vaut ta bière?
L'homme ne parut pas s'offusquer de la question.
:D : J'ai la fierté de la brasser moi-même, señor. Ma Gouleyante, comme je l'ai nommée. Gaillarde, moqueuse et suave, elle coule au fond de la gorge, comme le plus doux des nectars. C'est la boisson de la complainte et de la cantilène. Le liquide ambré des vivants et des morts qui s’esquivent des enclos paroissiaux afin de venir licher dans les caves et les secrets celliers. À peine l'avez-vous terminée que vous vous tenez debout sur une table à en réclamer une seconde! D'ailleurs, chez moi, la coutume veut que la première tournée soit offerte...
Gravissant les trois marches de l'entrée, l'élu s'exclama:
:Esteban: : Ah, mon ami, je crois que je vais me plaire chez toi! Entrons sans attendre et découvrons cette Gouleyante.
L'intérieur était une grande salle rectangulaire. Sur les deux longueurs de la pièce, une série de larges fenêtres à volets ouverts donnaient sur le bas du pré. De la cuisine toute proche s'échappaient des fumets appétissants.
Les deux compagnons se choisirent une table sur l'un des côtés et s'assirent dos au mur.
La clientèle était disparate. Non loin d'eux, un grand vieillard, richement vêtu de velours bleu foncé, était installé en face d'un jeune homme aux cheveux châtains, au visage ouvert et habillé pour sa part d'un simple costume de daim aux tons verts sous une broigne en cuir. Il y avait deux gobelets de vin posés sur leur table. L'aîné parlait doucement et l'autre écoutait attentivement, opinant à différentes reprises.
Deux hommes, des soldats vêtus de jaques rembourrés sous leurs armures et coiffés de leur morion, échangeaient des propos enjoués en choquant régulièrement leurs chopes ou en tirant sur leurs bouffardes fumantes. Leurs grosses barbes s'agitaient tandis qu'ils discutaient de leurs voix bourrues sans se soucier du restant de la salle.
Deux autres consommateurs se tenaient dos au mur, à l'instar de nos héros, mais à l'opposé de la salle. Les cheveux gras, la physionomie renfrognée, l'œil et le poil noir, ils étaient tassés sur leurs chaises, penchés sur leur chope de bière, échangeant des phrases courtes tout en fixant le reste de l'assistance d'un air méfiant.
Reconnaissable à sa livrée, un postillon finissait paisiblement de déguster un morceau de tarte aux fraises. Penché sur une carte, il suivait du doigt un itinéraire tout en prenant des notes dans un petit carnet. Maître du renseignement, les commissionnaires comme lui parcouraient en tous sens l'ensemble de l'Empire, réputés pour leur rigueur professionnelle, leur sens du devoir et leur rapidité d'action.
Le personnel de maison était réduit à son strict minimum et ne comportait aucune présence féminine. Au bout de sa deuxième chope de bière, Mendoza réalisa que puisque son entraînement était achevé, c'en était également fini de son régime draconien. Un assortiment de viandes grésillait au-dessus de la cheminée. Il commanda des brochettes de volaille avec une salade de cresson, noix et échalotes. Estéban opta pour une omelette au lard et un peu de fromage.
La nourriture était bonne. La seconde chope lui ayant suffi, le capitaine délaissa la bière pour l'eau. Contrairement à l'élu qui déclamait l'éloge de la Gouleyante à voix tonitruante tout en enchaînant deux tournées d'affilée.

☼☼☼

Un bruit de cavalcade résonna au-dehors. Le tenancier essuya ses mains sur son tablier, ouvrit la porte et sortit sur le perron pour accueillir ses nouveaux clients.
:D : Bien le bonjour, voyageurs, et bienve... Mais qu'est-ce que vous faites?... Non!
Un claquement retentit, répercuté à trois reprises, suivis de sons plus sourds. Le maître de relais revint dans la salle en titubant et s'écroula, le corps percé de flèches.
Le postillon bondit de sa chaise et se jeta sur l'une des fenêtres de derrière mais au moment où il baissait les épaules pour franchir l'ouverture, il fut atteint en pleine tête d'un carreau d'arbalète. Tel un faquin, il bascula dans l'herbe, raide mort.
Les soldats renversèrent leur table derrière laquelle ils s'abritèrent, s'occupant à bander leurs propres armes de trait.
Les deux hommes installés contre le mur se dressèrent de leurs chaises en dégainant leurs lames. L'air décidé, ils se dirigèrent non pas en direction de l'entrée mais au contraire sur la table occupée par le vieil homme et son accompagnateur. Aucun des deux ne portait d'arme apparente.
Estimant le combat par trop inégal, Mendoza jeta sa chope au visage du premier guerrier. Estéban réagit dans la foulée, sans réfléchir. Il bondit en oblique pour intercepter le second spadassin, le saisissant par le poignet. D'un mouvement de torsion, vif et précis, il le brisa. De son autre main, il arracha l'épée des doigts sans force puis lui asséna un violent coup de tête en plein front. L'autre ne voyait plus rien, foudroyé par la douleur. L'élu serra le poing et cogna sèchement son adversaire. Celui-ci décolla du sol pour retomber sur le dos, sonné.
Pendant ce temps, le capitaine avait empoigné son rival à bras-le-corps et le mit hors de combat en le projetant contre un mur. Sans perdre de temps, il s'élança jusqu'à la porte et se plaça à la droite de l'embrasure.
Un nouveau guerrier au faciès menaçant surgit sur le seuil une hache à la main. Le Catalan l'attrapa par le devant de son pourpoint de cuir et lui fit réaliser un irrésistible arc de cercle dont la course s'acheva contre le même mur, rejoignant ainsi son partenaire dans les vapes.
Un autre malfaisant fit son apparition. L'Atlante l'accueillit en le menaçant de sa dague. Il le repoussa à l'extérieur et se rejeta de côté, juste à temps pour éviter une grêle de flèches. La gerbe mortelle franchit le seuil pour aller traverser la pièce en sifflant, finissant sa course dans le bois du mur opposé.
Le jeune homme, qui avait probablement le même âge que le fils du soleil, se jeta contre la porte qu'il claqua à toute volée avant de la barrer d'une grosse bûche de chêne. D'un hochement de tête, il remercia les deux inconnus de leur intervention. Le vieil homme en avait profité pour se mettre à couvert, derrière le comptoir.
Arbalètes chargées, les deux soldats quittèrent leur abri en poussant des jurons. Le plus petits des deux, arborant moustache et barbe rousse, courut se poster à la fenêtre située à la droite de l'entrée. L'autre, cheveux châtains, se positionna à gauche. Ils tirèrent dans la foulée, provoquant des vociférations de douleur à l'extérieur. Les arbalétriers se baissèrent pour recharger tandis que les assaillants répliquaient de leurs propres traits, sans connaître le même succès.
Tandis que le grand homme à l'allure d'un vieux mage courut barricader les fenêtres de derrière, son jeune compagnon se hâta dans la cuisine afin de condamner la dernière issue. Il chercha également de quoi ligoter les trois mécréants qui pouvaient se réveiller d'un instant à l'autre...
Tout en lissant les poils de sa barbe, le soldat roux s'exclama:
:? : Par la malepeste! Mon vieux Díaz, on est bien poissés!
Son camarade rétorqua:
Diaz: Tu l'as dit, Ortiz. Ça sent la rouscaille!

☼☼☼

Du dehors résonnaient les braillements vindicatifs des assaillants. À l'intérieur du relais, l'action s'était figée.
Excepté Estéban, posté en retrait du côté de la cuisine, les occupants s'étaient tournés d'instinct en direction de l'homme à la cape bleue, subjugués par l'aura d'assurance, de force, qu'il dégageait. Mendoza était parfaitement dans son élément. Les bras croisés devant lui, il leur faisait face.
Imperturbable.

62.PNG

Il ne se sentait pas directement concerné par leurs attentes. Il préférait songer à la tournure que prenaient les événements. Que signifiait cette attaque? Était-il encore une fois la victime de bandits de grands chemins? Ce n'étaient certes pas leurs manières. Ces malandrins attaquaient de préférence les voyageurs sur les routes. Or, les agresseurs du jour ne paraissaient rien d'autre pour le moment qu'une bande d'amateurs. Il aurait été bien plus avisé de leur part d'attendre que leurs proies sortent de l'établissement pour tranquillement les cribler de flèches. Du reste, en y réfléchissant bien, ça ne collait pas. Les deux complices qui avaient dégainé leurs lames dans la salle, lors de leur tentative avortée, n'en avaient pas après lui mais après le vieillard et son acolyte. Le Catalan ne pensait donc pas être la cible principale des guerriers. Non, fort peu probable.
L'intervention du jeune homme mit fin à son analyse.
:?: : J'ai un arc, sur ma selle, et ma dague! Je vais les chercher. Il suffit que j'atteigne l'étable.
Les traits bouleversés, le vieil homme protesta:
:roll: : Non! Ce serait folie!
Le ton et le visage déterminé, son cadet maintint:
:?: : J'y vais! Si nous restons là, ils vont finir par nous avoir. Il leur suffit de nous brûler vifs en utilisant la paille de l'étable. Je tire bien, sans me vanter. Je vais récupérer mon arc et les prendre à revers. Lorsque vous entendrez leurs cris, lancez une charge, c'est notre seule chance.
Comme pour lui donner raison, un grand bruit éclata de l'autre côté de la porte, suivi de voix excitées et d'un grésillement caractéristique. Mendoza et Estéban échangèrent un regard entendu. L'élu leva un sourcil interrogateur à l'intention du capitaine. Ce dernier désigna le plafond du menton. Il aurait agi différemment mais après tout, si cette tête de mule voulait se rendre utile, qu'il prenne ses responsabilités. Son plan était risqué, principalement pour lui-même, mais pouvait offrir une diversion qu'ils pourraient exploiter.
:Mendoza: : Passe par le toit, mon garçon! Estéban va te faire la courte échelle.
L'élu s'exécuta et le jeune obstiné fut hissé vers le haut. Ce dernier agrippa la poutre de soutènement autour de laquelle il s'enroula avec souplesse. Un rétablissement et il se redressait pour ouvrir la lucarne du toit, par laquelle il se glissa sans attendre, alors que la fumée commençait à envahir le bas de la porte.
Au bout de quelques minutes, le vieillard laissa éclater son anxiété. Implorant le Catalan du regard, il s'écria:
:roll: : Ne le laissez pas seul, je vous en prie! Ils vont le tuer et personne ici ne sait ce qu'il représente!
Étaient-ce les paroles, l'expression sincère du doyen? Ou bien le fait évident que les coupe-jarrets, qui n'en avaient pas directement après le capitaine, ne prendraient jamais le risque de laisser des témoins de leur forfait? Cela ne changeait rien, Mendoza était obligé de s'en mêler.
Il inspira et décida:
:Mendoza: : Estéban, j'ai besoin de toi.
Son gendre se contenta d'opiner. Il avait compris.
Ils se positionnèrent sous la poutre et l'Atlante réitéra le même geste. Peu après, l'Espagnol disparut à son tour par l'ouverture du toit.
Le soldat roux demanda:
Ortiz: Et maintenant, que fait-on?
L'élu sourit.
:Esteban: : On patiente... On les empêche d'entrer et on attend.
Ortiz: On attend de se faire frire comme des poulets? Fiente de mouette, c'est ça que tu proposes, Estéban?
D'un ton bonhomme, le fils du soleil assura:
:Esteban: : Oh, non, ça ne durera pas assez longtemps pour ça. Mon ami va se charger de dégager la voie...
Ortiz: Mais oui, bien sûr! Et ma grand-mère, elle lance le javelot à cent mètres!
La coqueluche de Barcelone posa ses mains sur ses hanches et sa figure s'éclaira de malice.
:Esteban: : Un petit pari... ça vous tente, les barbus?

☼☼☼

Le relais avait pour coiffure un toit semblable à deux cartes mises l'une contre l'autre. Mendoza y était perché.
Aucun signe du jeune entêté aux cheveux châtains. Le capitaine se dirigea jusqu'au pignon qui se trouvait au-dessus de l'entrée. Au bord de l'édifice, il s'agenouilla et passa prudemment la tête pour regarder en bas.

63..PNG

Une dizaine de guerriers armés d'arcs et d'arbalètes étaient installés dans un fossé de l'autre côté de la route, à la lisière d'un rideau de pommiers, leur attention bloquée sur la façade. Près de l'écurie, huit autres hommes d'armes entouraient le jeune inconscient, plaqué contre les portes de bois qu'il n'avait eu le temps d'ouvrir. Ainsi, il avait été découvert avant d'atteindre son but.
Le capitaine hésita un instant.
:Mendoza: : Pourquoi risquer ma vie pour un parfait inconnu? Je ne lui dois rien! (Pensée).
Mais quelque chose dans l'attitude de ce garçon, dans son regard insoumis, influa sa décision. Et puis un autre élément le motivait davantage encore.
:Mendoza: : Je suis le capitaine Juan-Carlos Mendoza et je suis un homme de cœur. Je dois être un exemple pour mes enfants... (Pensée).
En Europe, on disait que le courage de l'Italien était un accès de colère, celui de l'Allemand un moment d'ivresse. En ce qui concernait l'Espagnol, cette force d'âme s'apparentait davantage à un trait d'orgueil.
Pour terminer, il se sentait de nouveau complet, redevenu un homme sachant se défendre, même sans arme. Il ne lui manquait plus que la confirmation, le sceau prépondérant du combat réel.
Son regard s'étrécit. S'il était bien de nouveau celui qu'il prétendait être, nul besoin d'aide pour affronter ces vulgaires coupe-jarrets. Sa dextre se porta vers la garde de son épée. Une fraction de seconde plus tard, celle-ci était dans sa main, prête à servir.
Ils ne le virent pas arriver.
Le Catalan sauta directement au milieu des guerriers.
:Mendoza: : Je suis le capitaine Juan-Carlos Mendoza... (Pensée).
D'une fourche de sa main libre, il aveugla les yeux d'un adversaire. D'un revers de sa lame, il para une estocade. Il se mouvait avec une aisance parfaite. Les autres frappaient et n'atteignaient que le vide seul.
Chacun de ses mouvements touchait au but. Un coup de pied latéral sur le genou d'un antagoniste, blessure handicapante. Un coup de tête pour fracturer une cloison nasale, évanouissement temporaire. Esquive, coup de poing dans une mâchoire, saignement immédiat.
:Mendoza: : ... et je suis un homme de cœur... (Pensée).
La lame décrivit un large cercle avant de lacérer une joue. D'un coup de pied arrière, l'époux de l'aventurière fit reculer un larron qui voulait lui percer les reins, puis il plongea sur la droite, passa sous la garde d'un homme armé d'une hache, qu'il larda d'un coup imparable. Un fouetté de botte dans un torse, puis il tourna sur lui-même pour échapper à un coup de taille et riposta en écrasant la glotte de son assaillant du tranchant de la main.
:Mendoza: : Jamais je ne perds courage... (Pensée).
Ses opposants rugissaient mais ne parvenaient pas à l'ajuster. Et Mendoza bondissait au milieu d'eux, le visage étiré d'un sourire féroce, son regard crépitant d'un feu sauvage, indomptable.
:Mendoza: : Mon corps est redevenu une arme... (Pensée).
Il inversa la prise de sa lame avant de blesser légèrement le sicaire au nez cassé, se retourna pour planter son épée dans le pied du guerrier qu'il avait aveuglé.
:Mendoza: : ... mais je ne suis pas un assassin... (Pensée).
Les huit combattants près de l'écurie étaient tous à terre, se tordant de douleur. Leurs comparses postés au bord de la route arrivèrent à la rescousse, se lançant sur l'homme à la cape bleue. Mais au faîte de sa forme, de sa confiance retrouvée, Juan se révélait intouchable.
Son épée s'abattait, latéralement, en diagonale, en revers, en taille, en estoc, coupant, lardant, épinglant ses proies sans leur laisser l'espoir d'échapper à sa morsure. Il mutila une cuisse, trancha trois doigts, ôta une oreille.
:Mendoza: : Je dois être un exemple pour mes enfants... (Pensée).
Mendoza assénait ses coups avec la même prodigalité. Il dansait. Oui, il dansait sa renaissance et, tout autour de lui, ses ennemis tombaient les uns après les autres. Leurs cris de souffrance se succédaient.
Il n'avait plus que deux hommes à combattre. Dans les prunelles de ceux-ci, une crainte révérencielle avait remplacé la soif de tuer. Le capitaine les toisa tous les deux et dévoila ses dents. Les guerriers échangèrent un rapide coup d'œil et détalèrent comme des lapins.
Le Catalan se retrouva seul debout, entouré de ses adversaires restés sur le carreau. Son souffle à peine heurté, il ne déplorait aucune blessure et ne transpirait même pas. Outre le fait d'avoir obtenu la confirmation qu'il attendait, il pouvait se féliciter d'une chose, le fait de n'avoir ôté la vie de personne.
Juan fit tournoyer sa lame, lui faisant effectuer un cercle rapide avant d'en vérifier le tranchant.

64.PNG

Le fil en était toujours aussi impeccable et il la rengaina d'un geste sûr avec une curieuse impression.
Elle paraissait satisfaite de lui, fière d'avoir retrouvé son légitime propriétaire.

À suivre...
Modifié en dernier par TEEGER59 le 10 févr. 2020, 23:41, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par IsaGuerra »

"A nouveau, il se sentait dangereux" → Ah enfin !
"Juan pouvait vaincre et repousser l'image de ses agresseurs" → Cela s'arrange même beaucoup !

Esteban, son comportement avec Mendoza me fait presque mourir de rire :lol:

"Mendoza se rapprocha de lui et, sans crier gare, le gratifia d'un grand coup de poing dans l'estomac" → Enorme sourire de ma part ! :x-): :x-):

Bah dit donc ! Pas moyen de boire une bière tranquille sans se faire attaquer pour les 2 compères !

"Ortiz: Mais oui, bien sûr! Et ma grand-mère, elle lance le javelot à cent mètres !" → :lol: :lol: :lol:

En tout cas joli passage
« On le fait parce qu'on sait le faire » Don Flack
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