Second Chance
Posté : 15 avr. 2018, 23:52
Bon, alors voilà, étant donné que je suis dingue d'enquêtes policières, j'ai décidé de me lancer dans ce nouveau projet, et de le partager avec vous ! Il s'agit donc d'une histoire courte, ayant pour thème principal... Tout est expliqué après, de toute façon.
Au départ, il devait seulement s'agir d'un One-Shot, mais mes idées farfelues s'en sont mêlées, et voilà... Ce sera donc une histoire composée de dix chapitres au grand maximum. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas exactement quand je compte rédiger, et poster, les chapitres. Tout dépendra de la pile de devoirs qui m'attend, mais j'ai hâte de m'y mettre !
Bon, assez blablaté, j'espère que ce projet vous plaira !
Bonne lecture !
● CASTING / PRÉSENTATION DES PERSONNAGES
Isabella Laguerra dans la peau d'Ella Lewis.
Juan-Carlos Mendoza dans la peau de John Morris.
Ambrosius dans la peau d'Ambroise Roberts.
Esteban dans la peau de Tyler.
Zia dans la peau de Lisa.
Tao dans la peau de Tom.
Sancho dans la peau de Samuel.
Pedro dans la peau de Patrick.
Gaspard dans la peau de George.
Malik dans la peau de Matthew.
Athanaos dans la peau d'Anthony.
● SYNOPSIS
Ambroise Roberts est retrouvé mort chez lui le 3 avril 2018. Une enquête est alors lancée. Cependant, le FBI se retrouve bien vite dépassé par cette affaire, qui leur semble impossible à résoudre. Indices, faits, témoignages... Rien ne semble vouloir coïncider.
Dépassées par la complexité de l'affaire, les forces de l'ordre n'ont pas d'autres recours que de faire appel à leurs deux meilleurs agents...
... et qui de mieux qu'Ella Lewis et John Morris pour mener une telle enquête ?
Entre secrets, passés révélés, et découvertes ahurissantes, l'affaire Roberts promet bien des rebondissements...
Mais son dénouement donne matière à réfléchir.
● PROLOGUE
ELLA
— Mademoiselle Lewis !
Le son d'une voix stridente vient percer mes tympans, m'arrachant un soubresaut. Je me redresse sur ma chaise en soufflant. Il s'agit encore de mon assistante, Indiana, qui doit sûrement avoir aperçu une araignée dans le couloir. Malheureusement pour elle, je suis tout sauf d'humeur à écouter ses idioties quotidiennes. Ai-je l'air d'être Spider-Girl ? Non, et ça ne fait certainement pas partie des dix choses que j'aimerais faire avant de mourir. J'ignore donc son appel au secours, et me reconcentre sur le dossier que j'étudie depuis ce matin. Les dents plantées dans ma lèvre inférieure, je passe une main dans ma longue crinière brune. Ce que je suis en train de lire me fait hausser les sourcils. Que de sadisme et de folie en ce bas monde. Mark White, âgé de vingt-cinq ans, a tué sa compagne, Lily Andersen, au bout de trois ans de relation, avant de se suicider.
Les psys, ça existe, vous savez.
Mon téléphone vibre, me signalant l'arrivée d'un nouveau message. Persuadée qu'il s'agit d'Audrey, ma mère adoptive, qui désire confirmer - pour la je-ne-sais-combientième fois - ma présence lors du dîner qu'elle organise ce soir, je me contente de régler mon iPhone sur mode silencieux, sans même prendre la peine d'y jeter un léger coup d'oeil. J'ai passé une très mauvaise nuit, et mon réveil forcé - c'est-à-dire mon frère m'extirpant des bras de Morphée en m'aspergeant d'eau froide - n'a en aucun cas arrangé les choses. Évidemment, dans ce genre de situation, beaucoup de personnes auraient eu la brillante idée d'ingurgiter cinq litres de café qui auraient eu le don d'atténuer leur état de fatigue. Le problème ? Je hais le café. Heureusement pour moi, mon côté sadique s'est alors manifesté, m'octroyant un sourire vicieux, et j'ai fini par me consoler en me disant que je me vengerais sur les bijoux de famille de Maël - Maël, alias le crétin qui me fait office de frère aîné.
Je repousse le dossier de White, ainsi que l'immense tas de feuilles qui jonche mon bureau, ennuyée. Tout en jouant avec l'une de mes mèches, je secoue la tête en me disant que cette affaire n'a fait que confirmer - une nouvelle fois - mes certitudes : les relations amoureuses finissent toujours mal, si ce n'est très mal dans certains cas - comme celui-ci. L'amour n'est qu'un stupide cliché de la société. Point.
La porte s'ouvre soudainement, me sortant de ma rêverie, un peu trop brusquement à mon goût. C'est sans grand étonnement que je découvre Indiana, les joues en feu et les cheveux en bataille. Elle s'arrête un instant, visiblement essoufflée, pour reprendre son souffle, avant de se précipiter vers moi. Je me relève, sachant que dès lors qu'elle pénètre mon bureau, elle trouve toujours le moyen de m'en faire sortir, ou de décoller mon joli fessier de la chaise. Un don, j'imagine. Je fronce les sourcils quand je remarque enfin l'imposant bouquet de roses qu'elle transporte.
— Ella !
Ça, c'est du grand Indiana. Si elle m'appelle « Mademoiselle Lewis » le matin, elle passe ensuite la journée à m'appeler par mon prénom, et vice-versa. Ce n'est pas faute de lui rabâcher inlassablement de cesser d'utiliser ce stupide « Mademoiselle Lewis » à chaque fois que l'envie l'en prend. Mais je suppose que ça l'amuse.
— Je viens de courir un marathon rien que pour toi ! m'informe-t-elle.
J'ouvre la bouche pour répondre, mais elle m'arrête de sa main libre, et poursuit :
— Mais ça en valait carrément la peine, puisque maintenant je sais que tu n'es qu'une petite cachottière ! Bon, assez parlé, dis-moi qui est l'heureux élu ?
Quoi ? Confuse, je la fixe sans rien dire. Comprenant sûrement qu'elle vient de me plonger dans un état d'incompréhension totale, Indiana explique :
— Ne joue pas à ça, Ella... Regarde-moi ce magnifique bouquet ! Quel bel homme as-tu envoûté pour qu'il t'offre de si belles roses à dix heures du matin ?
— Attends, ces horreurs sont pour moi ?
Me voilà complètement larguée. Qui a bien pu avoir la bonne - mauvaise ? - idée de m'envoyer des roses à dix heures du matin ? Deux options se dessinent sur le tableau imaginaire qui prend vie dans mon esprit :
Petit un, il s'agit d'un inconnu - un sombre abruti, de toute évidence - qui ignore mon aversion pour ces immondes fleurs.
Petit deux, il s'agit d'une personne de mon entourage, qui désire se payer ma tête.
Je ne sais pas pourquoi, mais mon instinct me pousse à croire que la deuxième option est sûrement la bonne.
Indiana me tend gentiment le bouquet. Je le prends en main, et plisse les yeux en découvrant une petite carte rouge.
— Alors ? Qu'est-ce qui est écrit ? me presse mon assistante.
Je jette vulgairement le bouquet de fleurs au sol, et déplie rapidement la carte. Mes lèvres s'entre-ouvrent et mes sourcils se haussent aussitôt. C'est une blague.
— Ella ! Alors ?
— Rien du tout. Encore un abruti sans vie sociale.
Je froisse le morceau de papier avec hargne, et le jette - sans plus attendre - à la poubelle, au grand dam d'Indiana, qui soupire de résignation. Ce n'est manifestement pas ma journée.
— C'est tout ? demandé-je.
Elle secoue la tête.
— Monsieur Johnson veut te voir.
Interloquée, je fronce les sourcils. Monsieur Johnson, ou plus précisément, le directeur du FBI. Ce n'est pas vraiment le fait qu'il veuille s'entretenir avec moi qui me surprend : j'ai l'habitude, mais je le croyais en mission depuis hier soir. Des terroristes ont envahi un grand immeuble, et détenaient plus de quarante otages, ce qui a nécessité l'intervention de toute la police de Los Angeles, ainsi que celle des fédéraux. J'imagine qu'ils ont réussi à les arrêter, et j'espère que ces crétins iront crever en Enfer.
Coupant court à mes réflexions, une nouvelle silhouette fait irruption dans la pièce. Le visage dénué d'émotion, M. Johnson nous fait face. Il ordonne alors à Indiana de nous laisser seuls. Cette dernière, après m'avoir adressé un sourire encourageant, se retire. Je relève les yeux vers mon patron, attendant qu'il daigne ouvrir la bouche pour m'éclairer quant à la raison de sa venue. Peu de gens - pour ne pas dire personne - osent le regarder, et encore moins dans les yeux, comme je le fais maintenant. Il faut dire qu'il intimide un grand nombre d'individus, mais pas moi, et c'est pour cela qu'il m'estime autant.
— Agent Lewis.
J'incline légèrement la tête sur le côté, déjà impatiente d'en finir avec ces stupides formalités. Pourquoi faire long quand on peut abréger en allant droit au but ?
— Monsieur Johnson.
— J'ai besoin de toi, Ella, concède-t-il de but en blanc.
Les sourcils froncés, je le dévisage, un poil intriguée. Il semble anxieux, et en proie à un certain stress. Or, je ne vois pas pourquoi M. Johnson, le directeur du FBI, serait préoccupé.
— Tu as sûrement entendu parler de l'affaire Roberts, continue-t-il en se rapprochant de mon bureau.
J'opine. Qui n'en a pas entendu parler ? Il s'agit indubitablement de l'affaire la plus médiatisée du siècle, et elle fait l'objet de toutes les discussions du moment. Ambroise Roberts, autrement dit, l'homme d'affaire le plus riche et le plus influent de Los Angeles, a été retrouvé mort chez lui il y a dix jours. Je sais qu'il a été assassiné dans d'abominables conditions, et que tous les enquêteurs et policiers qui travaillent sur cette affaire s'y cassent les dents. Et parfois, au sens propre des termes.
— Je ne vais pas passer par quatre chemins, je suis conscient que tu sais que l'enquête n'avance en aucun cas. Nous n'avons pas la moindre piste, et je sais que si nous continuons sur cette lancée, nous n'arriverons à rien. C'est pourquoi je te confie cette affaire.
Je ne dis rien dans un premier temps. Je ne suis pas vraiment surprise. À vrai dire, je m'en doutais un peu. Je regarde mon patron dans ses mouvements. Il s'est emparé de l'un de mes stylos - mon préféré, en l'occurrence, celui en forme de rouge à lèvres avec une chaîne en argent sur laquelle est gravé mon prénom - et s'amuse à le faire tourner. Que de maturité.
— Tu feras équipe avec John Morris.
Sa dernière phrase me fait tiquer. Des pensées fusent dans mon esprit, qui semble avoir arrêté de fonctionner. Mon coeur rate un battement, et toute forme de couleur quitte mon visage. Mes poings se serrent d'eux-mêmes, phénomène qui se produit aussi chez mes dents.
— Je suis parfaitement capable de mener seule cette mission. Je n'ai pas besoin de M. Morris, riposté-je.
— Ella, énonce-t-il durement. Sur ce coup-là, j'ai besoin du meilleur et de la meilleure. Vous travaillerez ensemble. Fin de la discussion.
Il s'en va, me laissant en plan, moi et mes pensées chamboulées. Je reste stoïque pendant un long moment, les yeux dans le vague.
Non, non, non.
John Morris.
John Morris, alias l'abruti qui me sert d'ex.
Au départ, il devait seulement s'agir d'un One-Shot, mais mes idées farfelues s'en sont mêlées, et voilà... Ce sera donc une histoire composée de dix chapitres au grand maximum. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas exactement quand je compte rédiger, et poster, les chapitres. Tout dépendra de la pile de devoirs qui m'attend, mais j'ai hâte de m'y mettre !
Bon, assez blablaté, j'espère que ce projet vous plaira !
Bonne lecture !
● CASTING / PRÉSENTATION DES PERSONNAGES
Isabella Laguerra dans la peau d'Ella Lewis.
Juan-Carlos Mendoza dans la peau de John Morris.
Ambrosius dans la peau d'Ambroise Roberts.
Esteban dans la peau de Tyler.
Zia dans la peau de Lisa.
Tao dans la peau de Tom.
Sancho dans la peau de Samuel.
Pedro dans la peau de Patrick.
Gaspard dans la peau de George.
Malik dans la peau de Matthew.
Athanaos dans la peau d'Anthony.
● SYNOPSIS
Ambroise Roberts est retrouvé mort chez lui le 3 avril 2018. Une enquête est alors lancée. Cependant, le FBI se retrouve bien vite dépassé par cette affaire, qui leur semble impossible à résoudre. Indices, faits, témoignages... Rien ne semble vouloir coïncider.
Dépassées par la complexité de l'affaire, les forces de l'ordre n'ont pas d'autres recours que de faire appel à leurs deux meilleurs agents...
... et qui de mieux qu'Ella Lewis et John Morris pour mener une telle enquête ?
Entre secrets, passés révélés, et découvertes ahurissantes, l'affaire Roberts promet bien des rebondissements...
Mais son dénouement donne matière à réfléchir.
● PROLOGUE
ELLA
— Mademoiselle Lewis !
Le son d'une voix stridente vient percer mes tympans, m'arrachant un soubresaut. Je me redresse sur ma chaise en soufflant. Il s'agit encore de mon assistante, Indiana, qui doit sûrement avoir aperçu une araignée dans le couloir. Malheureusement pour elle, je suis tout sauf d'humeur à écouter ses idioties quotidiennes. Ai-je l'air d'être Spider-Girl ? Non, et ça ne fait certainement pas partie des dix choses que j'aimerais faire avant de mourir. J'ignore donc son appel au secours, et me reconcentre sur le dossier que j'étudie depuis ce matin. Les dents plantées dans ma lèvre inférieure, je passe une main dans ma longue crinière brune. Ce que je suis en train de lire me fait hausser les sourcils. Que de sadisme et de folie en ce bas monde. Mark White, âgé de vingt-cinq ans, a tué sa compagne, Lily Andersen, au bout de trois ans de relation, avant de se suicider.
Les psys, ça existe, vous savez.
Mon téléphone vibre, me signalant l'arrivée d'un nouveau message. Persuadée qu'il s'agit d'Audrey, ma mère adoptive, qui désire confirmer - pour la je-ne-sais-combientième fois - ma présence lors du dîner qu'elle organise ce soir, je me contente de régler mon iPhone sur mode silencieux, sans même prendre la peine d'y jeter un léger coup d'oeil. J'ai passé une très mauvaise nuit, et mon réveil forcé - c'est-à-dire mon frère m'extirpant des bras de Morphée en m'aspergeant d'eau froide - n'a en aucun cas arrangé les choses. Évidemment, dans ce genre de situation, beaucoup de personnes auraient eu la brillante idée d'ingurgiter cinq litres de café qui auraient eu le don d'atténuer leur état de fatigue. Le problème ? Je hais le café. Heureusement pour moi, mon côté sadique s'est alors manifesté, m'octroyant un sourire vicieux, et j'ai fini par me consoler en me disant que je me vengerais sur les bijoux de famille de Maël - Maël, alias le crétin qui me fait office de frère aîné.
Je repousse le dossier de White, ainsi que l'immense tas de feuilles qui jonche mon bureau, ennuyée. Tout en jouant avec l'une de mes mèches, je secoue la tête en me disant que cette affaire n'a fait que confirmer - une nouvelle fois - mes certitudes : les relations amoureuses finissent toujours mal, si ce n'est très mal dans certains cas - comme celui-ci. L'amour n'est qu'un stupide cliché de la société. Point.
La porte s'ouvre soudainement, me sortant de ma rêverie, un peu trop brusquement à mon goût. C'est sans grand étonnement que je découvre Indiana, les joues en feu et les cheveux en bataille. Elle s'arrête un instant, visiblement essoufflée, pour reprendre son souffle, avant de se précipiter vers moi. Je me relève, sachant que dès lors qu'elle pénètre mon bureau, elle trouve toujours le moyen de m'en faire sortir, ou de décoller mon joli fessier de la chaise. Un don, j'imagine. Je fronce les sourcils quand je remarque enfin l'imposant bouquet de roses qu'elle transporte.
— Ella !
Ça, c'est du grand Indiana. Si elle m'appelle « Mademoiselle Lewis » le matin, elle passe ensuite la journée à m'appeler par mon prénom, et vice-versa. Ce n'est pas faute de lui rabâcher inlassablement de cesser d'utiliser ce stupide « Mademoiselle Lewis » à chaque fois que l'envie l'en prend. Mais je suppose que ça l'amuse.
— Je viens de courir un marathon rien que pour toi ! m'informe-t-elle.
J'ouvre la bouche pour répondre, mais elle m'arrête de sa main libre, et poursuit :
— Mais ça en valait carrément la peine, puisque maintenant je sais que tu n'es qu'une petite cachottière ! Bon, assez parlé, dis-moi qui est l'heureux élu ?
Quoi ? Confuse, je la fixe sans rien dire. Comprenant sûrement qu'elle vient de me plonger dans un état d'incompréhension totale, Indiana explique :
— Ne joue pas à ça, Ella... Regarde-moi ce magnifique bouquet ! Quel bel homme as-tu envoûté pour qu'il t'offre de si belles roses à dix heures du matin ?
— Attends, ces horreurs sont pour moi ?
Me voilà complètement larguée. Qui a bien pu avoir la bonne - mauvaise ? - idée de m'envoyer des roses à dix heures du matin ? Deux options se dessinent sur le tableau imaginaire qui prend vie dans mon esprit :
Petit un, il s'agit d'un inconnu - un sombre abruti, de toute évidence - qui ignore mon aversion pour ces immondes fleurs.
Petit deux, il s'agit d'une personne de mon entourage, qui désire se payer ma tête.
Je ne sais pas pourquoi, mais mon instinct me pousse à croire que la deuxième option est sûrement la bonne.
Indiana me tend gentiment le bouquet. Je le prends en main, et plisse les yeux en découvrant une petite carte rouge.
— Alors ? Qu'est-ce qui est écrit ? me presse mon assistante.
Je jette vulgairement le bouquet de fleurs au sol, et déplie rapidement la carte. Mes lèvres s'entre-ouvrent et mes sourcils se haussent aussitôt. C'est une blague.
— Ella ! Alors ?
— Rien du tout. Encore un abruti sans vie sociale.
Je froisse le morceau de papier avec hargne, et le jette - sans plus attendre - à la poubelle, au grand dam d'Indiana, qui soupire de résignation. Ce n'est manifestement pas ma journée.
— C'est tout ? demandé-je.
Elle secoue la tête.
— Monsieur Johnson veut te voir.
Interloquée, je fronce les sourcils. Monsieur Johnson, ou plus précisément, le directeur du FBI. Ce n'est pas vraiment le fait qu'il veuille s'entretenir avec moi qui me surprend : j'ai l'habitude, mais je le croyais en mission depuis hier soir. Des terroristes ont envahi un grand immeuble, et détenaient plus de quarante otages, ce qui a nécessité l'intervention de toute la police de Los Angeles, ainsi que celle des fédéraux. J'imagine qu'ils ont réussi à les arrêter, et j'espère que ces crétins iront crever en Enfer.
Coupant court à mes réflexions, une nouvelle silhouette fait irruption dans la pièce. Le visage dénué d'émotion, M. Johnson nous fait face. Il ordonne alors à Indiana de nous laisser seuls. Cette dernière, après m'avoir adressé un sourire encourageant, se retire. Je relève les yeux vers mon patron, attendant qu'il daigne ouvrir la bouche pour m'éclairer quant à la raison de sa venue. Peu de gens - pour ne pas dire personne - osent le regarder, et encore moins dans les yeux, comme je le fais maintenant. Il faut dire qu'il intimide un grand nombre d'individus, mais pas moi, et c'est pour cela qu'il m'estime autant.
— Agent Lewis.
J'incline légèrement la tête sur le côté, déjà impatiente d'en finir avec ces stupides formalités. Pourquoi faire long quand on peut abréger en allant droit au but ?
— Monsieur Johnson.
— J'ai besoin de toi, Ella, concède-t-il de but en blanc.
Les sourcils froncés, je le dévisage, un poil intriguée. Il semble anxieux, et en proie à un certain stress. Or, je ne vois pas pourquoi M. Johnson, le directeur du FBI, serait préoccupé.
— Tu as sûrement entendu parler de l'affaire Roberts, continue-t-il en se rapprochant de mon bureau.
J'opine. Qui n'en a pas entendu parler ? Il s'agit indubitablement de l'affaire la plus médiatisée du siècle, et elle fait l'objet de toutes les discussions du moment. Ambroise Roberts, autrement dit, l'homme d'affaire le plus riche et le plus influent de Los Angeles, a été retrouvé mort chez lui il y a dix jours. Je sais qu'il a été assassiné dans d'abominables conditions, et que tous les enquêteurs et policiers qui travaillent sur cette affaire s'y cassent les dents. Et parfois, au sens propre des termes.
— Je ne vais pas passer par quatre chemins, je suis conscient que tu sais que l'enquête n'avance en aucun cas. Nous n'avons pas la moindre piste, et je sais que si nous continuons sur cette lancée, nous n'arriverons à rien. C'est pourquoi je te confie cette affaire.
Je ne dis rien dans un premier temps. Je ne suis pas vraiment surprise. À vrai dire, je m'en doutais un peu. Je regarde mon patron dans ses mouvements. Il s'est emparé de l'un de mes stylos - mon préféré, en l'occurrence, celui en forme de rouge à lèvres avec une chaîne en argent sur laquelle est gravé mon prénom - et s'amuse à le faire tourner. Que de maturité.
— Tu feras équipe avec John Morris.
Sa dernière phrase me fait tiquer. Des pensées fusent dans mon esprit, qui semble avoir arrêté de fonctionner. Mon coeur rate un battement, et toute forme de couleur quitte mon visage. Mes poings se serrent d'eux-mêmes, phénomène qui se produit aussi chez mes dents.
— Je suis parfaitement capable de mener seule cette mission. Je n'ai pas besoin de M. Morris, riposté-je.
— Ella, énonce-t-il durement. Sur ce coup-là, j'ai besoin du meilleur et de la meilleure. Vous travaillerez ensemble. Fin de la discussion.
Il s'en va, me laissant en plan, moi et mes pensées chamboulées. Je reste stoïque pendant un long moment, les yeux dans le vague.
Non, non, non.
John Morris.
John Morris, alias l'abruti qui me sert d'ex.