FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Akaroizis
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Akaroizis »

Ouais j'adore la chute, sans faille. Un peu rapide mais simple et sans détour, sans miracle. ;) Avec un excellent argumentaire humaniste de la part de notre fiston préféré ! :D
Encore une petite erreur de frappe : "vos coutumes, vote mode de vie".
Voter est un droit et même un devoir, mais ici, il n'est pas encore effectif ! :tongue: je vous châtie :x-):

PS : pour ceux qui aiment les bonnes musiques, écouter Human de Rag'n'Bone ! :roll:
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 09/20
Saison 3 : 13.5/20


Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
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Raang
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Raang »

Lectrices, Lecteurs.
Depuis le quasi-début du tome 1, nous avions, entre écrivains échangés des idées par MP, aux fils de discussions, de négociations et de surprises, jusqu’à maintenant nous avions réussi à vous proposer des chapitres de qualité, en gardant le fil de l'histoire et en ayant toujours une idée pour introduire la suite.
Mais, maintenant, nous avons besoin de VOTRE aide.
Nous avons besoin de VOS idées.
Bombardez nous de vos idées pour le prochain chapitre, sur les mésaventures, sur ce qu'il peut arriver par la suite.
Vous pouvez nous envoyer vos idées par MP (pour éviter les spoils si on prends vos idées) ou par le tchat quand on est là.
La survie de la fic n'est pas en jeu, mais sa continuité, si.
Merci de votre collaboration potentielle.
Votre serviteur : Maître Raang (ou Rayan)
"Notre monde a été bâti dans l'or et dans le sang"-Raang alias Rayan, 2017
Mes fanfictions (hors MCO)https://www.fanfiction.net/u/7150764/Raang
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par nonoko »

Je précise qu'il n'est pas nécessaire de proposer des idées pour les aventures de Gonzales, Isabella et Mendoza, il y a de quoi faire pour un bon moment, je dois juste trouver le temps de m'y mettre. ;)
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IsaGuerra
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par IsaGuerra »

C'est pas juste !! Y a que pour eux que j'avais une idée
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par nonoko »

IsaGuerra a écrit : 12 mars 2017, 09:57 C'est pas juste !! Y a que pour eux que j'avais une idée
Tu peux toujours la proposer en MP ;)
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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Seb_RF »

Voici de l’inédit spécial Nonoko!

Chapitre 9 partie 1:


Isabella, accoudée au bastingage, plissait les yeux afin de tenter d’apercevoir la cape de son compagnon mais le soleil était trop éblouissant et le San Buenaventura trop distant de la Santa Catalina ; elle se découragea rapidement. Ils atteindraient bientôt Palma de Mallorca de toute façon ; elle avait hâte de débarquer et d’écouter Mendoza pester contre Gonzales. Lors de la première partie de la traversée, ce dernier avait pris tant de retard sur la Santa Catalina qu’ils avaient dû faire demi-tour pour le rejoindre, et Mendoza était monté à bord. Isabella ne doutait pas que son flegme avait dû être mis à l’épreuve par l’incompétence de leur protégé, qui manifestement montrait peu d’aptitudes à la navigation, vu l’allure poussive de son vaisseau. Elle imaginait fort bien son compagnon tester le jeune métis en le laissant s’engluer dans ses erreurs, qu’il devait rectifier au dernier moment pour que la Santa Catalina ne prenne pas trop d’avance sur le San Buenaventura.
Quelques heures plus tard, attablée en compagnie de Mendoza, Gonzales, Alvares et Fuentes, le second de Gonzales, elle se demandait comment elle avait pu être si impatiente d’entendre le récit de cette traversée épique. Le dîner s’était transformé en une leçon de navigation des plus assommantes où les trois marins expérimentés y allaient chacun de leur conseil et de leur analyse, tandis que Gonzales jouait à l’élève consciencieux avec une hypocrisie si flagrante qu’Isabella avait peine à croire que personne à part elle ne s’en apercevait. Il est vrai que la conversation était si animée entre Mendoza, Alvares et Fuentes, qu’ils prêtaient peu attention à Gonzales, et encore moins à elle. Le jeune homme se contentait d’approuver par des monosyllabes et de hocher la tête de temps à autre entre deux questions de pure forme qui ne semblaient pas du tout l’intéresser mais qui lançaient ses interlocuteurs dans des explications techniques pointues. En revanche, il ne manquait pas de la dévorer de son regard doré, mais cela semblait passer totalement inaperçu, comme s’il avait la capacité de détourner l’attention des personnes qui le gênaient pour créer une sorte de bulle où il s’isolait en compagnie de la personne qui l’intéressait. Elle avait beau lancer des regards chargés d’orage en direction de Mendoza, ce dernier ne réagissait même pas. Elle savait pourtant qu’il avait surpris le manège de Gonzales le premier soir à Barcelone et elle avait été flattée et amusée que sa jalousie ait été éveillée à cette occasion. Et voilà qu’à présent il ne pensait qu’à causer manœuvres, gîte et hauban, parfaitement indifférent aux sourires de moins en moins discrets que Gonzales risquait à l’adresse d’Isabella. Elle décida de mettre fin à la plaisanterie en prétextant avoir besoin de se reposer, ce qui n’était pas entièrement un mensonge, et elle se retira en déclarant qu’elle laissait Gonzales profiter des leçons qui lui étaient plus nécessaires à lui qu’à elle. Le jeune métis fut le seul à sembler affecté par son départ, ce qui ne manqua pas de troubler Isabella. Elle se promit d’avoir une explication franche avec Mendoza, mais elle sombra dans le sommeil avant qu’il la rejoigne, et le lendemain matin il était déjà sur le pont du San Buenaventura quand elle se leva. Les bateaux avaient accosté la veille au soir dans le port de Palma de Mallorca, et Isabella savait que la matinée serait consacrée au débarquement de la cargaison. Elle ne se sentait pas d’humeur à traiter avec les marchands ou leurs commis qui ne manqueraient pas de se présenter ; si Mendoza comptait sur elle pour assurer cette tâche fastidieuse sur la Santa Catalina pendant que lui continuait à prodiguer ses leçons et ses conseils à Gonzales, il avait fait un mauvais calcul. Elle avisa Alvares, l’informa qu’elle allait faire un tour, et descendit à quai. Mais alors qu’elle s’éloignait, elle entendit des pas précipités derrière elle. Une seconde plus tard, Gonzales était à ses côtés.
G : Je n’ai pas encore eu l’honneur de vous saluer ce matin et vous nous quittez déjà ?
I : Avez-vous demandé l’autorisation de quitter votre navire, Capitaine ?
G : L’autorisation ? ah, je vois…vous me désapprouvez d’avoir faussé compagnie à mon mentor.
I : Prenez garde, il semble prendre sa mission tellement à cœur que vous risquez de l’avoir offensé gravement.
G : Craindriez-vous pour ma vie ? cela me ravit au plus haut point. Sachez que pour vous je suis prêt à mourir.
Isabella ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.
I : Ce serait bien cher payer une promenade en ma compagnie…et le San Buenaventura perdrait un capitaine de qualité.
G : Oui, je suppose que le capitaine Mendoza saura garder la tête froide, dans l’intérêt de nos employeurs.
I : Espérons-le en effet, mais je vous trouve bien téméraire.
G : Quand je vous ai vue vous éloigner, c’est mon cœur qui m’en entraîné à votre suite, au mépris de tous mes devoirs !
I : Mendoza n’était pas avec vous ?
G : Un marchand est arrivé à point nommé pour le distraire de ses obligations envers moi…
I : Je vois…eh bien, puisque nous avons tous les deux lâchement abandonné notre navire, tâchons de profiter de notre escapade pour nous amuser un peu, avant de payer le prix de notre trahison. Connaissez-vous Palma ?
G : Non, j’y mets les pieds pour la première fois.
I : Alors, laissez-moi être votre guide, et en échange, vous me distrairez en me livrant quelques petits secrets sur vous. Nous n’avons pas encore vraiment eu l’occasion de faire connaissance.
G : Je serais ravi de satisfaire votre curiosité : que voulez-vous savoir ?
I : Eh bien, de qui tenez-vous ce regard magnétique dont vous abusez pour tenter de me séduire ?
Le jeune homme éclata d’un rire franc. Isabella souriait toujours.
G : Je vous parais donc bien maladroit ?
I : Particulièrement, mais je dois reconnaître que votre technique du baise-main est plutôt au point.
G : Vous me flattez, cela signifierait-il que vous ne me considérez pas comme un importun ?
I : Un importun ? Un intriguant, sûrement. Et qui ne manque pas de culot. Mais je n’arrive pas à déterminer quel but vous poursuivez. Car vous ne vous donnez pas tant de peine uniquement pour me séduire, vous savez parfaitement que vous n’y parviendrez pas.
G : Ah, cruelle, vous prenez plaisir à réduire mes faibles espoirs à néant…mais cela ne fait qu’attiser davantage ma flamme !
I : Trêve de bavardage, Capitaine, que diriez-vous de vous attabler dans cette auberge qui jouit d’une excellente réputation, vous pourrez à loisir me dévorer du regard pendant que je savourerai une petite collation en écoutant vos confidences…
Isabella avait d’abord été contrariée de la présence de Gonzales, même si elle n’en avait rien laissé paraître, mais elle trouvait à présent leur petite escapade à deux fort plaisante. Elle était déterminée à en savoir plus sur son compagnon, et prenait ses esquives comme un jeu auquel elle finirait par le battre : s’il croyait pouvoir jouer au plus fin avec elle, il se trompait. Elle s’attendait à devoir soutenir son regard sans paraître le moins du monde troublée, mais quand ils furent face à face elle ne ressentit plus du tout la gêne qu’elle avait éprouvée précédemment. Les manières de Gonzales lui apparurent cette fois totalement naturelles et charmantes, et elle ne songea bientôt plus qu’à profiter de la quiétude de l’auberge, quasiment vide en ce début de matinée, et de sa fraîcheur, sans avoir à subir le roulis du bateau et la gifle du vent marin.
G : Je vous sais gré d’accepter ma présence à vos côtés.
I : Vous voulez dire que je manque de prudence en acceptant la compagnie d’un homme dont je ne sais rien et qui s’impose à mes côtés.
G : Je ne vous cacherai rien, puisque vous exprimez si franchement votre désir de me connaître mieux. Mais j’espère que mes confidences ne vous éloigneront pas de moi.
I : J’aime la franchise, et si vous faites allusion à l’origine de votre regard doré, je suis prête à tout entendre. Après tout, vous ne faites que satisfaire ma curiosité, et je vous promets que vos révélations n’influenceront en rien l’opinion que je peux avoir de vous.
G : Et si je vous disais que je ne sais pas d’où je tiens ce regard ?
I : Je dirais que ce n’est guère étonnant, car je parierais que vous n’êtes pas en mesure de fournir un certificat de pureté du sang en bonne et due forme. Mais cela m’importe peu, je ne suis pas membre de la Sainte Inquisition….tant que vous savez naviguer, le reste n’a pas d’importance, n’est-ce pas ?
G : Vous êtes très perspicace…mais je sais que je peux faire confiance à une dame de bonne naissance qui passe sa vie en mer, au mépris des conventions et des superstitions.
I : Bientôt vous allez me dire que nous sommes faits pour nous entendre….Allons, ne vous écartez pas du sujet, parlez-moi donc de vous. Je ne crois pas aux hasards, et je suis curieuse de savoir pour quelle mystérieuse raison je me trouve aujourd’hui dans cette auberge à causer avec vous. Et dépêchez-vous, je ne voudrais pas rentrer au bateau sous le soleil de midi.
G : Je ne vous ferai donc pas languir plus longtemps. Effectivement, ce n’est pas le hasard qui m’a mis sur votre route, mais c’est bien ma volonté propre. Ne vous méprenez pas sur mes intentions cependant : j’ai un réel besoin des leçons et de l’expérience du capitaine Mendoza, et j’espère même qu’il pourra m’apporter son aide, d’une autre manière. Mais j’avoue que je ne sais pas trop comment m’y prendre pour aborder ce sujet avec lui, et j’avais pensé que vous pourriez, disons, servir d’intermédiaire….aussi ai-je entrepris de me rapprocher de vous…
I : Voilà une stratégie bien singulière ! si vous croyez qu’en continuant à me couver du regard en toute occasion vous allez rendre Mendoza d’humeur à vous écouter ! Etes-vous naïf, fou, idiot, ou…
G : Amoureux ? Vous aimez la franchise, je vais être franc : vous avez raison, j’agis de façon stupide, car je laisse parler mon cœur, contre mes intérêts. Je devrais être en ce moment à bord du San Buenaventura en compagnie de Mendoza. Je devrais gagner sa confiance, afin qu’il m’aide dans mon entreprise. Et je ne devrais pas essayer de séduire la femme qu’il aime.
Le jeune homme se tut. Isabella ne savait que répondre, ni quelle attitude adopter. Elle aurait dû se lever et quitter immédiatement l’auberge, mais elle ne voulait pas que Gonzales considère cela comme une victoire, et croie qu’elle était sensible à son aveu : partir, c’était se montrer offensée, or on n’est offensé que par ce qui nous touche. La froideur et l’indifférence avaient toujours constitué la meilleure stratégie pour se débarrasser des raseurs. Mais elle n’avait curieusement pas envie d’utiliser cette stratégie aujourd’hui. Après tout, quel mal y avait-il à accepter de plaire ? Pour la première fois, elle se sentait flattée, et ce n’était pas désagréable du tout. Elle finit par sourire.
I : Eh bien, je tâcherai de le convaincre de ne pas vous jeter par-dessus bord, et je ferai tout mon possible pour intercéder en votre faveur le jour où vous lui ferez part de votre requête, encore faudrait-il que vous m’en appreniez un peu plus…
Ce fut à son tour de sourire : il se délectait de la voir céder et renoncer à sa réserve. Il lui fallait continuer à jouer serré, car de ce qu’il allait lui raconter dépendait probablement la réussite de son entreprise. La sincérité était son meilleur atout, si elle sonnait juste aux oreilles de la jeune femme. Isabella reçut ce sourire en plein cœur : elle crut y percevoir la joie naïve de la reconnaissance, tant son interlocuteur paraissait ravi. Elle le trouva plus charmant que jamais et véritablement désarmant.
G : Me voilà donc au pied du mur… je risque bien de vous paraître encore plus fou et idiot après ce que je m’apprête à vous dire, mais peu importe. Je suis sûr que vous saurez me comprendre. Sachez tout d’abord que j’ai fait mon apprentissage sur un navire très tôt, et dans des conditions fort peu plaisantes. Mon père s’est fait recruter pour l’expédition de Pizarro en 1530, et a obtenu la faveur que je l’accompagne comme mousse, sans me demander mon avis. Il voulait tenter sa chance , et pensait que c’était aussi l’occasion pour moi de le faire, malgré mon jeune âge. A l’époque, j’ai eu du mal à comprendre ses raisons, même s’il prétendait agir pour mon bien. Comme vous l’avez deviné tout à l’heure, je ne peux espérer prétendre à un avenir très brillant en Espagne, puisque je ne suis pas de sang pur….je ne parle évidemment pas du sang africain que je dois à mon père, lui-même issu de l’union d’un Espagnol et d’une ancienne esclave, ma grand-mère, mais du sang juif que je dois à ma mère, une fille de converti. Vous n’êtes pas sans savoir que malheureusement des soupçons continuent à peser sur les familles de convertis, même lorsqu’ils ont pu échapper à l’Inquisition, et que peu à peu l’accès aux fonctions publiques et même aux universités s’est vu interdire pour les convertis et leurs descendants. Parfois je regrette que la famille de ma mère n’ait pas choisi l’exil en 1492. Certes je ne serais pas né et vous n’auriez pas le plaisir de m’écouter en ce moment même dans cette auberge de Palma, mais cela m’aurait épargné bien des problèmes. N’avez-vous jamais imaginé ce que serait votre vie si l’un de vos parents était quelqu’un d’autre ? Je suis né Espagnol et métis, mais j’aurais bien pu aussi naître dans l’Empire ottoman ou aux Pays-Bas, si ma mère avait eu la chance d’y vivre. Je vous choque peut-être, et vous paraît être un mauvais sujet de la couronne espagnole ? Disons que j’aspire à vivre dans un pays où mon identité ne serait pas un problème.
I : Qu’est-ce qui vous empêche de tenter votre chance ailleurs ? Vous êtes jeune, le monde est vaste, vous savez naviguer…
G : Le cœur d’un homme est plein de contradictions, senorita…J’ai fait l’expérience du vaste monde grâce à mon père, et je ne peux pas dire que j’aie apprécié cela. Pourquoi ? Parce qu’il a décidé pour moi, et contre mes aspirations ; je n’ai pas l’âme d’un aventurier, et si j’avais pu rester en Espagne, j’aurais tout tenté pour entrer dans l’un des Colegios Mayores, et même à l’Université, même si on en fermait peu à peu les portes aux fils et petit-fils de convertis. Mais mon père était plus pragmatique ; il rêvait de faire fortune, a saisi l’opportunité offerte par Pizarro et s’est dit que je gagnerais à l’accompagner. Nous avons donc laissé ma mère, mes deux sœurs et ma grand-mère paternelle derrière nous. Mon père comptait revenir une fois fortune faite, mais je le soupçonne d’avoir pensé que je ferais ma vie de l’autre côté de l’océan. Mais je m’étais juré de revenir moi aussi, et le plus tôt possible, car j’ai vécu ce départ comme une trahison envers ma mère et mes jeunes sœurs. Et puis, mon père a semblé oublier peu à peu son projet de retour, il en voulait toujours plus, et la fortune lui souriait, il avait obtenu des postes de confiance, et en particulier celui qui consistait à vérifier la pesée des tas d’or et d’argent amassés par les conquistadores. Il s’acheta même une esclave indigène, et se mit en ménage avec elle. Un fils naquit. J’ai alors tout fait pour rappeler à mon père ses engagements envers ma mère, envers mes sœurs. Je l’ai pressé de revenir en Espagne, et je lui ai fait comprendre que je rentrais aussi. Ce que j’avais vu là-bas m’avait suffi. J’avais grandi, il ne pouvait plus rien m’imposer. Il a cédé à condition de ramener avec lui sa nouvelle compagne et son fils. J’aurais rejoint ma mère, il nous aurait doté d’une rente assez confortable pour vivre, et lui aurait continué sa vie de son côté. Il espérait avoir un second enfant, sa compagne était enceinte au moment du voyage. Malheureusement, elle n’est jamais arrivée en Espagne. Mon père m’a tenu pour responsable, après tout, c’était moi qui avais insisté pour ce retour. Plus question dès lors de me donner une somme quelconque. Il reprit sa place à la tête de notre famille, qui comptait désormais un nouveau membre, mon demi-frère, et il s’appliqua à me faire sentir sa préférence pour lui. Evidemment, cela ne fit que renforcer ma détermination à lui prouver que je valais mieux que ce qu’il pensait. Je l’avais déçu en ne me montrant pas à la hauteur de ses espérances en Amérique, en refusant la chance qui m’était offerte de faire ma vie dans un monde qu’il s’évertuait à me présenter comme neuf, mais qui à mes yeux n’avait rien d’idéal : les injustices sont les mêmes partout, et la cruauté des hommes s’exerce de la même façon à travers le monde. Il m’en voulait pour cela, mais il m’en voulait plus encore pour avoir éveillé sa mauvaise conscience et l’avoir forcé à revenir. Sans doute tenait-il plus à cette femme que je ne l’imaginais. Non content de me faire payer pour cette perte, il entreprit de faire payer ma mère et mes sœurs, en se conduisant en véritable tyran domestique. Pas question dans ces conditions de les abandonner. Voyez-vous, je me sens coupable de les avoir abandonnées en suivant mon père, les laisser une fois de plus pour satisfaire mes propres intérêts serait une nouvelle trahison.
I : Pourquoi ne partez-vous pas avec elles ?
G : Tout simplement parce que nous n’en avons pas les moyens…quelle vie suis-je aujourd’hui en mesure de leur offrir ? Vous imaginez bien que ne gagne pas assez pour rivaliser avec la fortune de mon père. Pendant des années elles ont vécu dans la pauvreté, au moins à présent sont-elles à l’abri du besoin, même si mon père se comporte en véritable avare. Comme je reviens régulièrement à la maison, je peux surveiller mon père, et l’empêcher d’aller trop loin. Mais il faudrait que je puisse rendre ma famille totalement indépendante de lui.
Isabella ne savait que penser du récit de Gonzales, qui lui faisait voir son interlocuteur sous un jour inattendu.
I : Et c’est là que je suis censée vous aider ?
G : Exactement.
I : Et comment comptez-vous vous y prendre ? Je ne vois pas comment je pourrais vous aider à faire fortune. Croyez-moi, retournez en Amérique, et emmenez votre mère et vos sœurs.
G : Pour donner raison à mon père ? pour les voir mourir en mer ? et puis, vous savez très bien que les convertis ne sont pas non plus les bienvenus dans les nouvelles colonies. Quant à faire fortune aux dépens des autres, très peu pour moi.
I : Votre conscience vous honore, mais les chemins de la fortune sont souvent peu honnêtes.
G : Vous avez raison, mais je pense pouvoir m’en sortir assez honnêtement. Ecoutez, vous allez me prendre pour un fou, mais je sais où trouver une cargaison entière de lingots d’or, et qui n’appartient à personne.
I : Un trésor ? vous espérez trouver un trésor ?
Elle se mit à rire. La conversation prenait assurément un tour inattendu.
G : Vous voyez, j’en étais sûr, vous ne me prenez pas au sérieux, et pourtant…
I : Pourtant vous possédez une carte qui atteste l’emplacement de fabuleux trésor ! et vous la tenez d’un vieil homme qui vous l’a remise au moment de mourir dans vos bras…
G : Non, je la tiens de ma grand-mère, qui me l’a confiée quelque temps avant sa mort, il y a quatre ans. Et qui la tenait elle-même du seul rescapé du naufrage d’un navire chargé d’or.
I : Et vous vous figurez que je vais vous croire ?
Il défit alors légèrement quelques lacets de son pourpoint pour tirer de sa poitrine une petite bourse en cuir qu’il portait en pendentif, et de laquelle il sortit un document soigneusement plié pour y tenir. Il le tendit à Isabella.
G : Tenez. Elle l’a porté ainsi pendant trente ans.
I : Sans jamais en dire un mot à quiconque ? ni à son mari, ni à son fils, qu’elle a laissé s’embarquer pour le Nouveau Monde en compagnie de son petit-fils alors qu’un trésor était à portée de leurs mains… en Méditerranée je parie.
G : Ils étaient au courant. Mais ils ne l’ont jamais prise au sérieux.
I : On les comprend !
G : Je vous en prie, ouvrez la carte.
Isabella soupira. Elle commençait à s’impatienter. Elle prit le document que lui tendait Gonzales et le posa ostensiblement devant elle.
I : Je n’en ai pas la moindre intention. Dites-moi plutôt où se trouve ce trésor et comment vous comptez le récupérer.
G : Le navire a coulé à quelques centaines de mètres des côtes de Sicile. Et je ne sais pas à quelle profondeur il se trouve.
I : De mieux en mieux ! et personne n’a jamais essayé de récupérer la cargaison ?
G : Le seul survivant était un esclave africain. D’après ma grand-mère, sa priorité était sa liberté, et il avait la tête sur les épaules. Pas le genre à vouloir tout risquer pour un trésor…surtout quand on sait ce dont les hommes sont capables pour en posséder un…
I : Ce que vous dites est valable pour vous je suppose….
G : Ne vous méprenez pas ! C’est vrai, j’ai besoin de cet argent, mais je veux jouer franc-jeu avec vous. Peut-être est-il impossible de le récupérer, peut-être n’existe-t-il même pas, mais je dois savoir la vérité. Et s’il existe une chance de le trouver, je dois la tenter. Mes sœurs sont en âge de se marier, et je veux les aider. Mon père n’a aucune intention de leur trouver un bon parti mais est prêt à accorder leur main à quiconque voudra bien les accepter, sans dot évidemment. Elles méritent mieux que cela.
I : Quel âge ont vos sœurs ?
G : Dix-huit et vingt ans.
I : Et vous croyez que ce trésor chimérique est la solution ?
G : Je ne me fais aucune illusion. J’ai vingt-cinq ans, et je ne ferai sans doute jamais fortune. Quand ma grand-mère m’a confié cette carte, je l’ai prise plutôt comme un talisman ; c’était sa façon de me souhaiter bonne chance, et de me rappeler qu’il y avait toujours un espoir. Elle n’approuvait pas la conduite de mon père, et me confier cette carte, c’était comme me transmettre un héritage auquel j’avais droit, en dépit de mon père. J’avais fini par obtenir un poste de commandement, je commençais à gagner ma vie, je pouvais espérer vivre dignement sans dépendre de mon père, et en aidant ma mère et mes sœurs. Je comptais les rendre indépendantes en peu de temps, mais je me trompais…. Et puis il y a un an, j’ai aperçu cet engin extraordinaire, l’oiseau d’or, sur le port de Barcelone. Vous ne croyez pas aux hasards, n’est-ce pas ? Moi non plus.
Isabella s’était figée et prêtait à présent toute son attention aux paroles du jeune métis. Enfin il dévoilait son jeu. Elle était déçue, mais pas surprise. Il restait à savoir s’il était dangereux.
G : Toute la ville ne parlait déjà que du navire sans équipage qui avait accosté quelques jours auparavant, et de ses trois occupants. Je n’avais prêté tout d’abord qu’une oreille distraite aux rumeurs qui circulaient sur eux et sur leur bateau du diable, mais quand j’ai vu la machine volante...alors tout m’a paru soudain possible. Ces jeunes gens…sont capables d’accomplir des choses extraordinaires, n’est-ce pas, ils possèdent un savoir, des techniques, que nous ignorons ! Et s’ils pouvaient m’aider ?
I : A trouver votre trésor ?
G : Oui ! Rien ne doit leur être impossible ! Vous qui les connaissez…
I : Nous y voilà donc…vous voudriez que Mendoza vous conduise à eux et les persuade de vous aider. Pourquoi ne pas leur avoir demandé vous-même sur le port de Barcelone l’autre jour ?
I : Vous vous moquez…
Il baissa la tête, et afficha un air dépité, puis il murmura :
G : Excusez-moi, j’ai été stupide de penser que vous trouveriez mon histoire crédible.
I : Parce que vous m’avez menti ?
Il se récria en redressant la tête, et Isabella fut frappée de la douleur que son visage exprimait, et qui curieusement en augmentait la beauté. Troublée, elle détourna le regard.
G : Non ! Comment pouvez-vous croire…Pardonnez-moi, je suis le seul à blâmer. Je vous ai mise dans l’embarras, avec mon histoire et ma requête. J’avais tellement envie de me confier à vous…Quand j’ai appris que Vicente Ruiz cherchait un capitaine, j’ai tout fait pour qu’il m’embauche, parce que je savais que je pourrais ainsi approcher Mendoza, et que peut-être j’entrerais plus facilement en contact avec vos amis. Et lors de cette première soirée, quand Ruiz m’a présenté à Mendoza, vous étiez là, et...je vous en prie, aidez-moi, j’ai besoin d’aller vérifier sur place si ce trésor existe, et vous savez fort bien que je n’ai pas eu l’occasion de naviguer jusqu’en Sicile.
Il avait prononcé ces dernières paroles avec toute la sincérité dont il était capable, s’interdisant d’aller trop loin en prenant les mains de la jeune femme, même s’il avait une folle envie de les serrer dans les siennes. Elle parut être sensible à sa supplique et le regarda un long moment avant de répondre.
I : Vous comptez sur Mendoza pour aller jusqu’en Sicile… Ruiz est-il au courant ?
G : Eh bien….cela fait partie des arguments qui l’ont convaincu de m’embaucher.
I : Vous plaisantez ? Bon, j’en ai assez entendu. Si vous réussissez à convaincre Mendoza d’aller vérifier l’existence de cet hypothétique trésor en Sicile, alors vous êtes très fort, capitaine Gonzales. Quant à la possibilité de se servir de nos amis pour le récupérer…je vous laisse apprécier vous-même le degré de probabilité de la chose. Je ne sais pas quelles sont vos véritables motivations, mais laissez-moi vous donner un bon conseil : ne prétendez pas être honnête, cela ne vous sied pas. A présent, veuillez m’excuser, mais je vais rentrer avant que le soleil ne soit insupportable. Je vous souhaite une plaisante visite de la ville.
Elle se leva et sortit précipitamment avant de changer d’avis. Elle avait besoin de réfléchir à toute cette histoire invraisemblable. Elle se traita d’idiote en repensant qu’elle avait promis à Gonzales de l’aider à intercéder en sa faveur auprès de Mendoza. Comment avait-elle pu dire une chose pareille ? Depuis qu’elle connaissait cet homme, elle avait l’impression d’agir de façon irrationnelle en sa présence, et de le laisser aller plus loin qu’elle ne le voulait. Elle avait cru pouvoir garder la maîtrise du jeu, mais elle n’avait fait que s’enfuir pour couper court à la conversation, et elle n’avait finalement appris que ce que Gonzales avait bien voulu lui dire. Et parmi tous les faits que son récit comportait, il en était un qui ne cessait de revenir à son esprit, même si elle s’efforçait de le refouler, et qui la mettait particulièrement mal à l’aise. Comment la jeune esclave enceinte, morte lors du voyage de retour, avait-elle péri exactement ?
Resté seul à l’auberge, Gonzales songeait que décidément, Isabella Laguerra était une femme à sa mesure, et que s’il devait échouer dans son entreprise, il lui resterait la consolation de l’avoir connue.
Modifié en dernier par Seb_RF le 26 mars 2017, 10:46, modifié 1 fois.
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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Ra Mu
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Ra Mu »

Isabella se laisse insensiblement attirer vers l'enfer... ou bien le Paradis: celui où Eve se laisse progressivement tenter par des yeux verts, celui d'un serpent. Ce Gonzalez devient décidément de plus en plus inquiétant, mais il semble que lui aussi se laisse prendre à son propre jeu. Un bien beau texte, Nonoko!
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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TEEGER59
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par TEEGER59 »

Les passages de Nonoko sont toujours excellents!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Raang
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Raang »

édit 2021 : on efface les traces gênantes du passé :')
si certains anciens de l'époque repassent là dessus et se souviennent de ce qu'il y avait ici : je suis en paix avec le projet.


Ah, et je vous aime.
Modifié en dernier par Raang le 09 nov. 2021, 00:30, modifié 1 fois.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Chaltimbanque »

Rayan, je viens de voir ton message. Je comprends ta décision et je n'essaierai pas de te faire changer d'avis. Je veux juste te dire merci pour ce que tu as partagé, et j'espère tout de même que tu va continuer à passer par-ici pour discuter. ;-)
I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I—
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.


"The Road Not Taken" by Robert Frost
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