MCO one-shots ou "instants volés"

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IsaGuerra
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par IsaGuerra »

Chaltimbanque a écrit : 22 avr. 2017, 14:55 Tu as le droit d'écrire, toi aussi, et en plus tu le fais plutôt bien. ;)
Merci, même si tu débrouille beaucoup mieux que moi.
Encore une fois super passage :-@ :-@ :-@

Je m'en voudrais d'abîmer une aussi jolie poitrine. (Et la petite phrase de suite qui va bien)
-> 1ere réaction : oh non ! elle a pas osé ??!!! :lol: :lol:

De son côté, Isabella prenait un malin plaisir à narguer les deux soldats restants qui, ayant vu leurs confrères se faire battre ou assommer par une femme - humiliation suprême
-> ça, ça n'a pas changé dans certain cas

cela n’empêcha pas Isabella de lui asséner un redoutable coup de pied à l’entrejambe
-> Lol :lol: je rêve de faire ça à mon délégué... :roll:

Mendoza se rendit soudainement compte qu'il avait accordé une confiance littéralement aveugle à Isabella
-> L'amour est aveugle... Vous ne trouvez pas ?
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DeK
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par DeK »

Moi qui avais d'abord pensé que Laguerra serait celle dont il fallait le plus se méfier en duel.
À la lecture de cette fin de 3ème partie, je vais changer d'avis : des deux, c'est le marin le plus dangereux ! :x-):

J'aime beaucoup la façon dont tu écris les scènes de combat, c'est fluide, rythmé et prenant. Bref un bien joli passage. ;)

PS : Tu pourras me prêter ton épée pour que j'apprenne à l'instar de Laguerra cette Mort Trouble ?
Modifié en dernier par DeK le 22 avr. 2017, 19:02, modifié 1 fois.
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nonoko
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par nonoko »

Combat magistral, chère amie! J'adore la chute avec l'échange de bons procédés et cet enthousiasme communicatif. Décidément, j'aurais dû t'enrôler à la fois pour les passages en mer et les scènes de combat! ;)
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Akaroizis
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par Akaroizis »

Oh la la ! C'est quoi cette partie de one-shot de fou ? :-@

Quel combat ! On se croirait spectateur de la scène, on capte les moindres détails de ces combats en épée, et plus particulièrement lors du duel entre le marin et son adversaire, qui s'avérait redoutable ;)

Nonoko a raison, il y a beaucoup de valeureux(euses) écrivain(e)s sur ce forum ! Faut juste trouver le nom que vous donnerez à votre start-up d'écrivains citédoriens... Plume d'Or ? Feuilles d'Or ? Lettres d'Or ? A vous de choisir ! :x-):
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
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Chaltimbanque
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par Chaltimbanque »

IsaGuerra a écrit : 22 avr. 2017, 15:40 Encore une fois super passage :-@ :-@ :-@
Merci Isa ! :D
DeK a écrit : 22 avr. 2017, 18:39 Moi qui avais d'abord pensé que Laguerra serait celle dont il fallait le plus se méfier en duel.
À la lecture de cette fin de 3ème partie, je vais changer d'avis : des deux, c'est le marin le plus dangereux ! :x-):
J'aime beaucoup la façon dont tu écris les scènes de combat, c'est fluide, rythmé et prenant. Bref un bien joli passage. ;)
Oh, je pense qu'ils se valent...et si jamais on a droit à une scène (dans la future saison) où ils se battent ensemble, je plains leurs adversaires (enfin, presque !) :x-): Et merci ! :D
nonoko a écrit : 22 avr. 2017, 18:43 Combat magistral, chère amie! J'adore la chute avec l'échange de bons procédés et cet enthousiasme communicatif. Décidément, j'aurais dû t'enrôler à la fois pour les passages en mer et les scènes de combat! ;)
Un grand merci à toi, chère amie ! ;) Mais tes passages en mer et autres scène de combat sont tout aussi réussis, si ce n'est davantage ! :D
Akaroizis a écrit : 24 avr. 2017, 09:07 Oh la la ! C'est quoi cette partie de one-shot de fou ? :-@
Quel combat ! On se croirait spectateur de la scène, on capte les moindres détails de ces combats en épée, et plus particulièrement lors du duel entre le marin et son adversaire, qui s'avérait redoutable ;)
:D :D
Merci Gab, d'autant que j'ai bloqué pendant un sacré moment avant de pouvoir arriver à quelque chose qui me satisfasse. ^^


Allez, c'est parti pour la suite!

De Fureur et de Larmes (partie 4...on est presque au bout !)


Après avoir laissé Mendoza et Laguerra seuls face aux soldats Français, Pedro, Sancho et les trois enfants s’étaient rués à toute vitesse dans le sombre dédale des rues de Dieppe. Manquant de se faire repérer à plusieurs reprises par les gardes déployés dans toute la ville, ils n’avaient eu d’autre choix que de bifurquer à de nombreuses reprises, tant et si bien qu’ils n’avaient à présent plus la moindre idée de l’endroit où ils se trouvaient. Trempés jusqu’aux os, ils approchaient l’angle de la dernière ruelle dans laquelle ils s’étaient engagés lorsque parvint à leurs oreilles la voix courroucée d’un énième capitaine, menaçant ses hommes de les priver de leur prochaine solde s’ils ne rattrapaient pas les fugitifs. Ils stoppèrent brusquement leur course, puis se consultèrent du regard avant de faire demi-tour et de repartir à toutes jambes dans la direction opposée, le sang battant à leurs tempes. Ils ne purent cependant parcourir qu’une vingtaine de mètres avant qu’une nouvelle poignée de la garnison dieppoise n’apparaisse au loin. Freinant aussitôt des quatre fers, ils faillirent se faire tomber les uns les autres, une douloureuse sensation de brûlure vissée à leurs poitrines.
— C’est pas vrai ! s’écria Pedro. Où on va pouvoir aller, maintenant ?!
A peine avait-il posé cette question rhétorique qu’un murmure, à peine audible parmi les coups de tonnerre et le clapotis incessant des gouttes de pluie, se fit entendre sur leur gauche.
— Psst, étrangers ! Par ici !
Les cinq amis se retournèrent dans la direction d’où venait la voix, les yeux plissés pour tenter d’y voir plus clair à travers la forte pluie. Ils ne distinguèrent cependant rien d’autre qu’une forme masculine sombre, enveloppée d’un long manteau noir, plaquée contre le mur d’une maison. La voix insista, pressante.
— Si vous n’voulez pas vous faire prendre par les gardes, suivez-moi !
Esteban ne comptait pas se le faire dire deux fois, et s’apprêtait à obéir lorsque Sancho le retint par l’épaule.
— Att-attends, Esteban ! On ne sait p-p-pas qui c’est !
— Sancho a raison ! approuva Zia. C’est peut-être un piège !
— Peut-être, concéda Tao, mais les gardes se rapprochent et si on reste là, on se fera capturer de toute manière ! Moi, je suis d’accord avec Esteban, on y va !
Pedro, Sancho et Zia n’eurent même pas le temps de protester que les deux garçons s’étaient déjà lancés à la suite de l’inconnu. Tout en maudissant leur sort et l’impétuosité des enfants, ils se précipitèrent à leur tour dans l’étroit passage qui leur avait été indiqué. Un peu plus loin, un escalier s’enfonçait vers les tréfonds de Dieppe, et ils en dévalèrent les marches ruisselantes quatre à quatre, manquant de trébucher à plusieurs reprises. Dans le ciel, l’orage avait redoublé d’intensité et de violence. De véritables trombes d’eau glacée se déversaient à présent sur la ville portuaire, entraînées par les puissantes bourrasques venues du large. L’immense majorité des habitants s’étaient donc réfugiés – et à bon escient - dans leurs demeures, peu enclins à supporter les désagréments d’une averse aussi violente.

Arrivés au bas de l’interminable escalier, les cinq amis débouchèrent sur une cour circulaire de taille moyenne, complètement fermée, et dont ils ne pouvaient partir qu’en rebroussant chemin. L’homme au manteau noir qu’ils avaient suivi n’était, quant à lui, plus visible nulle part.
— C’est un cul-de-sac ! s’écrièrent les trois enfants en même temps.
— J’ai un mauvais pressentiment, gémit Pedro, peu à son aise dans cet environnement inconnu.
— Dommage que vous n’l’ayez pas eu plus tôt…
Après un vif sursaut, les deux marins et les enfants firent volte-face pour constater que leur mystérieux guide, qui s’était soigneusement dissimulé dans l’ombre, n’était plus seul. A sa droite comme à sa gauche, deux autres hommes se tenaient debout. Ils se mirent à rire d’un air mauvais tout en se frottant les mains ou en faisant craquer les os de leurs phalanges. Leurs vêtements, dépareillés par endroits, ainsi que les nombreuses cicatrices dont leurs visages étaient recouverts témoignaient d’une vie dure et peu recommandable.
— Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous nous voulez ?!? demanda Esteban, plein d’aplomb.
L’homme sourit, dévoilant ses dents jaunes mal entretenues, et les cinq compagnons de voyage reconnurent tout d’un coup l’individu contre lequel Mendoza s’était emporté à l’auberge de L’Alcyon Bleu.
— Mon nom ne vous r’garde pas, et on n’veut rien d’autre qu’la récompense promise pour vot’ capture. C’est pas contre vous. Si vous n’me créez pas d’histoires, j’vous promets qu’mes amis ici présents ne vous f’ront pas d’mal. On s’content’ra simplement d’vous « escorter » jusqu’aux quartiers d’la garnison.
— Ben voyons ! Et vous croyez qu’on va se laisser faire bien gentiment ? railla Pedro, avec un courage qui lui venait d’il ne savait où. Allez, les enfants, on s’en va !
Esteban, Tao et Zia, sidérés par le comportement inhabituel du marin, l’observèrent avec des yeux ronds alors que lui et Sancho fonçaient vers les brigands qui leur barraient l’accès à l’escalier par lequel ils étaient arrivés dans cette maudite cour. En leur for intérieur, les seconds du capitaine Espagnol étaient tout sauf rassurés, mais ils avaient conscience qu’il fallait au moins essayer de partir. Mendoza leur avait confié les enfants, et ils ne voulaient pas le décevoir. De toute façon, ils n’avaient plus grand-chose à perdre. L’homme au manteau noir claqua des doigts, et ses acolytes se postèrent immédiatement de part et d’autre des marins pour se saisir d’eux sans ménagement et leur asséner des coups de poings si puissants qu’ils en émirent des râles de douleur et perdirent presque instantanément connaissance.

Affolés, les enfants crièrent à pleins poumons.

Pendant que deux des brutes qui s’en étaient pris à Sancho et Pedro s’occupaient de ligoter les corps inertes des marins, leurs comparses s’approchèrent des trois enfants d’un pas lent et menaçant. Esteban et Tao eurent beau se débattre, ils furent rapidement maîtrisés, ne faisant pas le poids face à leurs antagonistes. Zia recula jusqu’à se retrouver acculée contre l’un des murs de la cour tandis que l’homme au manteau noir s’avançait vers elle. Lorsqu’il fut suffisamment proche, il remarqua le médaillon du soleil qu’elle portait autour de son cou. Mû par sa convoitise, il le lui arracha brutalement, se moquant éperdument de la brûlure infligée au passage par le cordon de cuir.
— Non ! Rendez-le-moi !
Il l’ignora, puis se saisit de l’avant-bras de la jeune fille, enfonçant dans sa peau ses ongles sales. Zia cria une fois encore avant de sentir sa voix s’étrangler dans sa gorge lorsqu’elle comprit que l’homme en noir, agacé par la résistance qu’elle lui opposait, s’apprêtait à la frapper pour la faire taire. Tout son corps se raidit. Son cœur battant à tout rompre, elle ferma les yeux, serra les dents, puis attendit le coup qui allait lui être infligé.
Il ne vint jamais.
En lieu et place de cela, la jeune Inca entendit une détonation se répercuter dans toute la cour, suivie d’un puissant cri de douleur. L’homme en noir relâcha sa prise sur son bras. Vint ensuite le son caractéristique d’un fouet que l’on faisait claquer, puis le hurlement de rage que poussa une voix grave et familière en montant à l’assaut.
Zia comprit immédiatement ce qui l’avait sauvée, et rouvrit les yeux pour constater la vitesse avec laquelle Mendoza et Isabella avaient fondu sur les brigands, tels des rapaces sur leurs proies. Leurs épées virevoltaient en tous sens, frappant leurs adversaires avec une précision méticuleuse. Deux d’entre eux avaient d’ores et déjà été mis hors d’état de nuire. A côté d’elle, l’homme en noir était courbé en deux, expirant aussi fort qu’un bœuf à l’agonie. Zia remarqua alors qu’il serrait sa main droite de toutes ses forces, essayant – sans succès - de freiner le flot écarlate qui se déversait de l’endroit où la balle crachée par le pistolet de Laguerra avait pénétré, puis percé, la chair. La jeune fille profita de l’occasion pour récupérer son médaillon, puis rejoignit Esteban et Tao à quelques mètres de là. Usant de sa dague, Esteban s’affairait à trancher les liens qui retenaient Pedro et Sancho, pendant que le Naacal, aidé de Pichu, s’occupait de les réveiller.

Absorbés par les duels qu’ils menaient tambour battant, Mendoza et Isabella ne remarquèrent pas immédiatement la manière dont l’homme au manteau noir tentait de s’éclipser le plus discrètement possible en longeant les murs de la cour.
S’en prendre à des enfants !! Bande de lâches !!! fulmina le capitaine Espagnol alors qu’il venait d’esquiver un coup de poignard particulièrement dangereux et bien placé.
Tout en se redressant, il s’écarta sur le côté pour laisser son adversaire basculer vers l’avant, entraîné par son propre poids. Sentant la présence d’Isabella derrière lui, il se retourna prestement pour se saisir du pistolet de la jeune femme. D’un bref moulinet du poignet, il fit tourner l’arme à feu en l’air pour la saisir par le canon et se servir de la crosse comme d’une massue. Le coup qu’il porta alors sur la nuque de son antagoniste ne laissa aucune chance à ce dernier. Il s’écroula aux pieds du marin, hors de combat. Dans le même laps de temps, Isabella avait bondi en arrière pour échapper à l’impressionnant coup de taille que son opposant avait entamé à hauteur de son abdomen, puis répliqué en s’accroupissant brièvement avant de lancer sa jambe en travers des pieds de son ennemi, qui perdit l’équilibre. Affalé sur le sol, il eut à peine le temps de voir l’aventurière réitérer un nouveau coup de pied – au niveau de son visage, cette fois – avant de sombrer dans les abîmes insondables de l’inconscient.
Attention ! cria Esteban en désignant l’homme qui les avait entraînés dans ce guet-apens alors qu’il avait atteint les premières marches de l’escalier et s’apprêtait à fuir malgré l'insupportable douleur qui transperçait sa main de part en part. Il va s’échapper !
Aussitôt, Isabella déroula son fouet. La lanière de cuir tournoya dans l’air en sifflant avant de s’élancer, impitoyable, vers la cheville droite de sa cible et de l’entraver avec autant d’efficacité qu’un boa constrictor. L’homme en noir s’effondra lourdement sur les marches en poussant un cri de stupeur. Il se retourna difficilement, maudissant la blessure qu’il portait à la main et dont la douleur fulgurante ne faisait que s’intensifier, pour voir l’homme à la cape bleue s’avancer vers lui d’un pas résolu. Il tenta de plaider sa cause – en vain. Mendoza se pencha au-dessus de lui, ses yeux encore emplis de la fureur qu’il avait ressentie en apercevant Zia sur le point de se faire frapper, puis se saisit du manteau noir de l’inconnu au niveau du col pour le soulever légèrement de l’escalier de pierre.
Écoute-moi très attentivement, espèce de misérable chien galeux ! tempêta-t-il en resserrant sa prise, afin d’être certain que son interlocuteur lui accorde toute son attention. Si tu t’avises encore une fois de toucher ne serait-ce qu’à un seul CHEVEU de ces enfants, je me ferais un plaisir de te transpercer le ventre pour en sortir tes boyaux et te pendre avec au premier arbre que je trouverais ! C’EST BIEN COMPRIS ?!?
L’homme balbutia son assentiment, terrorisé. De leur côté, Esteban, Zia et Tao n’en croyaient pas leurs oreilles : jamais encore Mendoza n’avait manifesté devant eux une telle violence dans ses propos. Tao, en particulier, prit soudainement conscience de l’étendue de l’amour paternel que leur portait le marin, même s’il ne le montrait pas toujours de manière aussi ardente. Isabella, Sancho et Pedro, quant à eux, se contentèrent de sourire avec satisfaction en voyant le visage de l’homme en noir se recouvrir d’une expression de pure épouvante. Mendoza, toutefois, n’en avait pas encore terminé avec lui.
— Puisque nous sommes d’accord et que tu fais visiblement partie des individus peu recommandables de cette ville, tu dois certainement en connaître tous les endroits mal famés, n’est-ce pas ?
— Ou-oui, messire !
— Alors, dis-moi : y a-t-il une taverne, quelque part dans les environs, appelée « La Caraque Échouée » ?
L’homme en noir hésita quelques secondes, pris de court par cette étrange question. Les enfants, Isabella et les deux marins se regardèrent mutuellement, eux aussi étonnés par la tournure que prenait cette conversation.
Réponds !!
— Oui, capitaine !! Je sais où se trouve cette taverne ! Je peux vous y conduire !
— A la bonne heure…conclut Mendoza en relâchant sa prise. Et souviens-toi : pas d’entourloupes, sinon…

La menace était claire, et l’homme acquiesça vivement. Après que Zia lui eut fait un bandage pour sa main blessée, il ouvrit la marche, et tous le suivirent, transis de froid, sans prononcer un traître mot. Entre-temps, la pluie avait cessé. Pour s’assurer que leur guide n’oublie pas ses engagements, Isabella faisait régulièrement cliquer le chien de son pistolet - un avertissement qui se passait de paroles, mais d’une efficacité redoutable. Cette fois, ils évitèrent aisément les rondes des soldats et arrivèrent bientôt à l’endroit voulu. Mendoza congédia l’homme au manteau noir, qui s’enfuit sans demander son reste, soulagé d’être encore en vie. Les sept compagnons de voyage le regardèrent disparaître dans la nuit avant de se diriger vers l’entrée de la taverne. Il suffisait de jeter un simple coup d’œil à la devanture de l’établissement pour comprendre que La Caraque Échouée n’avait en commun avec L’Alcyon Bleu que la fonction d’auberge. L’enseigne elle-même n’était plus suspendue qu’à une seule chaîne, renforçant ainsi l’authenticité du nom qui y était inscrit. Des ivrognes gisaient sur le sol, se cramponnant de toutes leurs forces aux bouteilles pratiquement vides qu’ils serraient contre leur cœur. A l’angle de l’édifice, un groupe de femmes gloussaient bruyamment tandis que des hommes glissaient dans leurs paumes tendues quelques piécettes avant de les entraîner à l’écart par la taille, leurs intentions aussi limpides que de l’eau de roche. Isabella éprouva un sentiment de malaise, et se demanda pourquoi Mendoza les avait entrainés dans un tel endroit. Elle l’observa un instant, et vit à la façon dont il se tenait qu’il était, lui aussi, en proie à une certaine méfiance. Lorsqu’ils pénétrèrent dans la taverne, un calme soudain s’abattit sur la pièce principale et tous les regards se tournèrent vers eux. La plupart des personnes attablées-là étaient certes des marins, mais ils n’étaient pas forcément de ceux que le capitaine Espagnol aurait choisi pour constituer un équipage digne de confiance. Du coin de l’œil, il remarqua que certains s’étaient levés pour se poster autour d’eaux, bloquant la porte de La Caraque Échouée. Esteban, Tao et Zia se rapprochèrent instinctivement les uns des autres tandis que Mendoza salua poliment l’assemblée, tout en étant prêt à dégainer son épée une nouvelle fois. Il se dirigea ensuite vers le comptoir de la taverne, fit signe aux autres de le suivre, sortit une pièce d’argent de sa sacoche, puis commanda un verre de rhum. Il s’apprêtait à porter le breuvage à ses lèvres lorsqu’une nouvelle voix – celle du propriétaire des lieux - se fit entendre derrière eux.
— Vous n’êtes pas les bienvenus ici.
Isabella, les enfants et les seconds du capitaine se retournèrent pour observer leur interlocuteur. Il s'agissait d’un homme de taille moyenne aux cheveux bruns, noués en une queue de cheval. A l'oreille droite, il portait un simple anneau d'or. Sur sa joue gauche s’étendait une longue balafre parfaitement cicatrisée, souvenir d’une ancienne estocade, et son menton était agrémenté d’un modeste bouc. Très posément, Mendoza but une gorgée de rhum, puis reposa le verre avant de répondre.
— Je m’attendais à un autre accueil de ta part, Antonio.
Un éclair de surprise passa sur le visage du Français. Personne ne l’avait plus appelé ainsi depuis de nombreuses années.
— Qui êtes-vous ?
— Pour reprendre tes propres termes, un ennemi respectable, répondit le capitaine. M'aurais-tu déjà oublié ? Laisse-moi te rafraîchir la mémoire. Par-delà les mers et les océans, j’ai croisé le fer, fait couler le sang.
Le tavernier recula d’un pas. Non, c’était impossible ! Pourtant, un seul homme était susceptible de connaître ces vers. Le capitaine se retourna enfin pour lui faire face, sourit d’un air énigmatique, puis poursuivit.
Dans la fureur et les larmes, à l’orée du trépas, ai passé un marché…
Presque par réflexe, le Français termina de réciter l’étrange strophe.
Gageant que mon âme et mon honneur à jamais seraient damnés si, le moment venu, à ma promesse je venais à manquer.
Les deux hommes se scrutèrent, immobiles. Tout autour d’eux, le monde semblait s’être arrêté. Un long moment de silence s’écoula dans une tension à couper au couteau. Enfin, à la stupéfaction de tous, le tavernier partit d’un grand éclat de rire avant d’ouvrir ses bras et de donner une puissante accolade au capitaine Espagnol, à grands coups de tapes dans le dos.
— Ça par exemple ! Que je sois envoyé par le fond si je me trompe ! Mendoza !

(A suivre..)
Modifié en dernier par Chaltimbanque le 11 mai 2017, 20:49, modifié 13 fois.
I shall be telling this with a sigh
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And that has made all the difference.


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Ra Mu
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par Ra Mu »

Par-delà les mers et les océans,
j’ai croisé le fer, fait couler le sang.
Dans la fureur et les larmes, à l’orée du trépas, ai passé un marché…
Gageant que mon âme et mon honneur à jamais seraient damnés
si, le moment venu, à ma promesse je venais à manquer.
Joli!
J'aime ces passages qui donnent de la profondeur au récit et où le titre enfin se dévoile.
Bravo l'artiste!
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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Chaltimbanque
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par Chaltimbanque »

Merci, Ra Mu ! :-D
Ce passage était en fait le tout premier à avoir été rédigé. Il est la clé. ^^
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par nonoko »

J'adooooore, tout simplement! :x-):
Un vrai plaisir de lecture, du style, du style, du style et cette strophe! Je la récitais moi-même en la lisant... :-@
En plus j'ai bien ri, ce qui ne gâche rien, quand P.et S.sont mis K.O....Quant à la colère de Mendoza, c'est autre chose que le minable 'tu vas payer, Ambrosius' de l'épisode final...
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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par Akaroizis »

Waouh ! Tu te surpasses, bravo :D
La fin dans l'auberge est splendide, l'on entends presque la voix de Mendoza dire ce petit poème, avec le son d'une petite guitare douce comme tu sais en jouer excellemment ! :-@ Et l'ambiance qui y règne, nous la sentons instantanément.
Vraiment, y'a d'excellents écrivains ici. Vraiment trop beau.
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

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Re: MCO one-shots ou "instants volés"

Message par TEEGER59 »

nonoko a écrit : 30 avr. 2017, 20:05 Quant à la colère de Mendoza, c'est autre chose que le minable 'tu vas payer, Ambrosius' de l'épisode final...
Nous sommes bien d'accord! En lisant ces mots, j'avais l'impression d'entendre "notre" capitaine les prononcer!
Vivi à l'art de cerner les personnages. "Son" Mendoza a plus de profondeur et de corps que le "mien"...
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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