A la recherche de l'Empire perdu

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Xia
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

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Chapitre 13 : Les Barbaresques


Janvier 1518, au large des côtes syriennes

— Je n’en reviens pas… Comment est-ce que j’ai pu vous écouter ? murmura Laguerra pour la énième fois.
— Parce qu’au fond de toi, tu sais que c’est la meilleure solution, dit doucement Ambrosius. On ne sait pas où ils sont. Plus vite on sera à Gênes, plus vite la nef sera construite et plus vite on les retrouvera. À pied, nous n’y serions jamais parvenus…
Les ?! Je me moque pas mal de ce qui est arrivé à Havrylo ! Et qui vous dit qu’il n’était pas dans le coup ?! Qu’il n’était pas avec eux ? Vous y avez pensé, à ça ? Il a beaucoup trop insisté pour qu’Isabella l’accompagne au monastère. J’ai toujours trouvé qu’il était louche, ce garçon !
— Sa sœur a connu le même sort. Jamais il n’aurait fait ça, dit Athanaos.
— Sa sœur ! fit Fernando en levant les yeux au ciel. Un tissu de mensonges, oui !
Après avoir cherché sans succès Isabella et Lisowski dans toute la cité de Jaffa, les trois alchimistes avaient dû se rendre à l’évidence : les deux jeunes gens avaient été enlevés. Le sentiment d’impuissance qu’ils ressentaient tous n’avait fait qu’empirer lorsque le Docteur avait appris que les ravisseurs étaient probablement de la même nature que ceux d’Aleksandra.
Malheureusement pour eux, ces razzias semblaient être monnaie courante dans la région et la populace locale n’était guère encline à les aider. Un vieil homme s’était pourtant pris de pitié pour le Portugais et lui avait avoué que la seule chance pour lui de sauver sa fille était de l’acheter à la foire où elle serait vendue comme esclave.
Mais sur quel marché se rendre ? Perekop ? Caffa peut-être ? Ou avait-elle été directement emmenée à Gênes, puisque c’était cette cité qui contrôlait ce sinistre trafic ? C’était cette pensée qui avait finalement décidé Fernando à embarquer – à contrecœur – pour la Sérénissime.
Toujours furieux contre lui-même et ses compagnons, le Docteur ruminait sombrement ses pensées. Athanaos en profita pour examiner discrètement Ambrosius du coin de l’œil. Quelque chose avait changé en lui. Il était incapable de dire quoi et depuis quand, mais le Grec était certain que cette transformation avait eu lieu récemment. Depuis qu’il avait mentionné Hypatie ? Peut-être… La réponse lui traversa fugitivement l’esprit : Aqaba et l’épisode des mamelouks ! Et surtout l’intervention d’Isabella ! Évidemment. En fin de compte, ils n’étaient pas venus pour rien…
— Regarde-moi cela ! Toute cette beauté… Je te l’avais bien dit que nous devions prendre le bateau pour le retour ! fit une voix perçante derrière eux.
Les trois alchimistes se retournèrent vivement pour se retrouver face à un jeune couple. L’homme susurra du bout des lèvres :
— Oui, tu as raison, comme toujours. Nous avons fait tout le périple de l’aller par voie terrestre, mais jamais je n’aurai imaginé voir de telles merveilles ! déclara-t-il, voyant que les membres de l’Ordre du Sablier l’observaient.
Ambrosius leva un sourcil.
— Des citadins qui ne se sont jamais retrouvés en pleine mer ! rit Athanaos, moqueur.
— Où vous rendez-vous ?
— Gênes, marmonna Fernando.
— Oh ! Mais nous également ! Nous pourrons faire le voyage ensemble ! se réjouit l’homme, avant de tourner les talons pour annoncer sa décision à sa femme, ne laissant pas le temps à Laguerra de décliner l’invitation.

Cinq semaines s’écoulèrent sans incident majeur – hormis l’excentrique femme qui ne cessait de vanter ses connaissances acquises lors de sa campagne, entrainant son époux dans son sillage et exaspérant Ambroise de Sarle.
Anna Maria savait pourtant que personne ne l’écoutait, mais elle aimait cela. Quant à Théophraste, il la suivait comme son ombre, la surprotégeant et la rappelant à l’ordre de temps à autre. Chose qu’il ne faisait pas assez souvent au goût des nombreux pèlerins qui les accompagnaient. Il venait d’achever, leur avait-il dit, son Tour du Chevalier, entamé quelques années plus tôt.
— Nous allons franchir le détroit de Messine dans deux jours, annonça le capitaine.
Si cette nouvelle fut accueillie avec joie par les voyageurs, elle ne fut pas au goût de la jeune femme.
— Quoi ? Deux jours ?! Vous ne pourriez pas aller plus vite ? Le temps nous sera clément, j’en suis certaine ! décréta-t-elle, hautaine, comme à son habitude.
— Aller plus vite ?! Eh ma parole, j’aimerais bien ! Je n’ai pas vu ma famille depuis six mois. Mais je n’commande pas encore aux éléments, ma p’tite dame !
Au mot « famille », Fernando ressentit un pincement au cœur. Écoutant discrètement tantôt les discours extravagants de Théophraste et de son épouse, tantôt leurs jérémiades, Isabella sortait momentanément de son esprit. Mais elle venait de revenir en trombe.
— On la retrouvera, ne t’en fait pas, lui murmura Athanaos, en posant la main sur son épaule. Ambrosius a sa boussole et…
— Parce que tu crois vraiment que ses ravisseurs lui ont laissée son épée s’ils l’ont assujettie ?! s’emporta Laguerra.
— Non. Évidemment.
Mais comment lui faire comprendre qu’avec ou sans épée, ils retrouveraient sa fille ?
— Les bateaux voleront un jour, vous verrez ! affirma la Anna Maria, d’un air buté.
Les alchimistes échangèrent un regard amusé. Oui, les bateaux voleront et oui, elle avait raison. Mais non, le pauvre marin ne serait pas là pour le voir.
— Mais bien sûr, ma jolie ! Et puis quoi encore ?! Je serai élu et couronné empereur du Saint-Empire germanique ?!
— Je vous interdis…
— De quoi ?! De te traiter comme une imb…
— Il suffit ! siffla-t-elle.
Sentant le rouge lui monter aux joues, Anna Maria frappa de colère le sol de son pied avant de se figer et baissa les yeux.
— Non de Dieu ! jura-t-elle, sans prêter attention aux pérégrins qui se signaient, horrifiés par son blasphème. Mais elle date de quand cette épave ?!
Elle dégagea sa chaussure avec l’aire de Théophraste, dévoilant une cavité dans les lames de l’antique parquet. L’homme bourru marmonna dans sa barbe :
— P’t-être bien du XIème…
— Du XIème siècle ?! Mais vous voulez tous nous tuer ou quoi ?!
— Eh ! Mais si t’es pas contente, t’as qu’à prendre un canot ! Je n’donne pas cher de ta peau dans la Méditerranée. Deux jours tout au plus !
Elle ouvrit, puis ferma la bouche, à court de réplique. Elle se tourna finalement vers son compagnon.
— Mais dis quelque-chose toi, au lieu de rester là, bouche-bée comme un poisson mort !
— On va tous mourir, bredouilla-t-il dans une voix à peine audible, les yeux rivés vers l’horizon.
— Oh arrête ! Ce n’est pas parce que j’ai fait un petit trou dans le plancher qu’on va couler ! Si encore c’était dans la coque…
— Non pas toi ! Eux !
Tous regardèrent le point qu’il montrait d’une main tremblante dans le lointain. Plusieurs voyageurs s’étaient déjà réfugiés à l’intérieur du bateau.
— Seigneur… Sainte Barbe… Ayez pitié de vos modestes serviteurs… Protégez-nous ! supplia le capitaine en récitant une prière.


Février 1518, Malte, possession aragonaise


Fernando poussa un soupir, plus long cette fois que les autres. Ce n’était pas comme ça qu’ils allaient retrouver Isabella. Il n’aurait jamais dû écouter Athanaos et Ambrosius. Qui sait ? À l’heure qu’il était, il aurait peut-être déjà pu serrer sa fille contre lui.
Cela faisait déjà trois semaines que les passagers de la galère croupissaient tous ici, dans une geôle glaciale, avec pour seul repas un maigre croûton de pain qu’on leur donnait le soir. Ils avaient maigri à vue d’œil, et plusieurs d’entre eux, à bout de forces, avaient rendu l’âme seulement quelques jours après leur arrivée.
Les Barbaresques.
Il avait fallu qu’ils tombent sur les marins les plus redoutés de la Méditerranée. Certains pèlerins appréhendaient tellement leur sort à venir qu’ils s’étaient jetés dans les eaux sombres, où ils s’étaient noyés sous les yeux effarés de leurs compagnons de route. À cette scène, les pirates avaient éclaté de rire et fait couler le galion. Après plusieurs semaines de captivité sur leur navire, ils les avaient débarqués dans le port maltais où plusieurs avaient pensé bénéficier de la protection du roi d’Aragon, du fait de leurs origines espagnoles. Mais ce n’était qu’une illusion.
Au lieu de cela, on les avait vendus comme de vulgaires marchandises.
Le même sort qu’avait dû connaitre Isabella, pensèrent sombrement les alchimistes.
À ses côtés, Ambroise de Sarle n’en menait pas large non plus.
Si, au début, il s’était inquiété pour la jeune fille, il se rendait à présent malade pour une autre raison. Depuis qu’il était enfermé ici, une inquiétude le tenaillait : où donc étaient passées ses mules et qu’en avaient-ils fait ? Elles se trouvaient à côté de lui lors de leur changement de bateau, mais les liens lui entravaient trop les poignets pour qu’il puisse tenter quelque chose. Ce n’est pas les mules à proprement parler qui le préoccupait – il se contrefichait totalement du devenir des pauvres bêtes –, mais plutôt de ce qu’il y avait dessus.
Ses livres – ses précieux livres ! – qu’il avait eu tant de mal à sauver de ce qu’il restait de la nef s’étaient maintenant volatilisés Dieu sait où. Mais surtout… pourquoi n’avait-il pas eu la présence d’esprit de prendre avec lui le Livre des Sept Langages et la pyramide de Mu ?! La boussole était bien dans sa poche. Certes, si le Livre aurait pu tenir – avec d’infimes précautions – contre lui, ce n’était pas le cas de la pyramide. Mais pourquoi ne pas l’avoir mise dans un sac ?! Un baluchon ?! Même s’il n’était pas certain que les Barbaresques l’auraient laissé avec, au moins, il aurait essayé.
La porte s’ouvrit avec brutalité, laissant pénétrer le premier rayon de soleil qu’ils voyaient depuis le début de leur captivité.
Ils clignèrent des yeux et distinguèrent une silhouette sombre, encapuchonnée et vêtue de rouge. Elle n’était pas sans rappeler celle de feu maitre Orang.
— Il y a un rebouteux parmi vous ? demanda-t-elle d’une voix métallique, faisant tressaillir les prisonniers.
Voyant que personne ne répondait, elle poursuivit :
— Mon maitre promet la liberté à celui qui le soignera.
— Moi, fit un homme en se levant avec peine.
— Ton nom ?
— Théophraste von Hohenheim, répondit-il d’une voix craintive, effrayé par la haute stature de son interlocuteur.
Ce dernier le sonda d’un air soupçonneux.
— Mon père est médecin en Souabe, précisa l’autre en devinant ses pensées. J’ai suivi ses traces.
Le géant hocha simplement la tête, n’ayant aucune idée de l’endroit où se trouvait la province dont parlait le guérisseur. Un raclement de gorge attira l’attention de ce dernier.
— J’émets cependant une condition, dit le prisonnier.
— Tu n’es pas en position de marchander. Tu auras la liberté si tu guéris mon maitre. C’est tout.
— J’exige également que ma femme soit libérée, ainsi que ces trois hommes, poursuivit Théophraste, faisant mine de ne pas avoir entendu.
Ambrosius dévisagea ses amis, incrédule. Pourquoi voulait-il les faire sortir d’ici ?
— Non.
— S’il en est ainsi, je refuse, dit-il calmement en se rasseyant. Vous n’aurez qu’à regarder votre chef mourir tranquillement, sans remords, puisque vous aurez tout tenter pour le sauver. Car c’est bien cela ? Il va mourir s’il n’est pas soigné ? Sinon, vous ne seriez pas venu demander de l’aide jusqu’ici…
Le colosse serra les poings de rage. Il fulminait contre lui-même et la lucidité du fakir, tandis que l’autre attendait sa décision, l’air narquois. Bien sûr qu’il avait raison. Bien sûr aussi qu’il tenait, comme tout bon pirate qui se respecte, à ce son chef vive.
D’un autre côté, ce dernier ne connaissait qu’un nombre approximatif de la prise faite au large de Messine. Et avec les morts… Alors quatre de moins… Qui s’en apercevrait ?
— C’est bon ! grogna-t-il. Debout !
Von Hohenheim le suivit, triomphant, vers la lueur du jour. L’ouverture se referma sur les deux hommes dans un grincement lugubre, laissant ses compagnons d’infortune retrouver leur tombeau.

Il les attendait, couché sur sa natte. D’ordinaire, il n’aurait pour rien au monde pris cette position, car il pensait – avec raison – que c’était celle des défunts et que son heure n’était pas encore venue. Mais cette fois-ci, la douleur était intenable.
Qu’il se dépêche !
Son serviteur entra dans la salle du palais, laissant passer un homme derrière lui. Il haussa un cil.
— C’est lui ton médecin ?! Il me parait bien jeune.
Il n’a pas trente ans, j’en mettrais le bras qu’il me reste au feu.
— Je suis parfaitement qual…, commença le guérisseur.
— Ça va, ça va, l’interrompit l’autre. Vois-tu, mon garçon, j’ai là une vieille blessure de guerre qui se réveille de temps à autre. Cette fois-ci, mes médecins ont dit que j’allais y rester.
À ces mots, il dégagea ce qui restait de son bras gauche.
Mon garçon… C’est une drôle de manière de désigner un prisonnier.
Malgré la peur qui le tenaillait, Théophraste saisit délicatement le membre supérieur, comme il l’aurait fait avec un oisillon tombé de son nid.
— Alors ? Selon toi ?
— On vous a mal amputé. Une gangrène s’est installée sur votre moignon.
— Une gangrène ?! s’exclama le patient, ahuri. Mais comment est-ce possible ?
— C’est probablement à cause de la prothèse, Raïs, dit von Hohenheim, humblement en baissant la tête. Prenez ceci tous les soirs avant le repas. Dans six semaines, vous serez totalement remis.
Le malade examina la fiole grise qu’il lui tendait.
— Dis-moi… Tu te promènes toujours avec ça sur toi ? demanda-t-il, méfiant.
— C’est pour les premiers soins. Selon la quantité qu’on ingère, cela soigne tous les maux.
— Je vois…
Il jeta un coup d’œil au géant. Obéissant à un ordre silencieux, celui-ci prit le flacon et en avala quelques gouttes.
— Bien. Razès est toujours vivant, donc j’imagine que tu ne m’as pas donné de poison, constata-t-il en buvant le reste. Je présume que tu m’as reconnu ?
— Vous êtes Arudj Reïs, celui que les Turcs appellent « Bras d’Argent ».
— Ainsi donc, mon nom est connu par-delà les mers ? J’en suis flatté.
— Qui n’aurait pas entendu parler de vous ?
— Finalement, je me suis trompé à ton sujet. Malgré ta jeunesse, tu es doué. Que dirais-tu de demeurer à mon service ?
Il lui sembla entendre la voix d’Anna Maria résonner dans ses oreilles.
Fais attention à ce que tu vas lui dire, il peut te mettre à mort d’une seconde à l’autre.
Théophraste hésitait sur la conduite à tenir. Il préféra rester fidèle à ses habitudes : se dérober. C’était la meilleure chose qu’il savait faire.
— Je n’ai pas fini ma formation, Raïs. Il vous faut un médecin accompli, pas un novice.
— Je vois, fit-il dans un demi-sourire, dévoilant ses dents blanches. Je t’ai promis la liberté. Tu l’auras dans six semaines si je suis guéri. Je n’ai qu’une parole.
Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter les appartements d’Arudj Reïs, le chef rappela son serviteur :
— Combien ?
Voyant que le colosse hésitait à répondre, il durcit la voix :
— Je sais tout ce qui se passe sous mon toit, tu le sais parfaitement. Alors combien ?
— Quatre, maitre.
— Hum… Sur combien ?
— Environ deux cents, répondit Razès.
— Il a demandé la libération de seulement de quatre otages ?!
Le géant haussa les épaules, en signe d’incompréhension. Qui savait-ce qui se tramait dans la tête des Européens ?
— On a fait des prises moins bonnes et on en refera d’autres, dit-il, songeur. Accorde-lui ce qu’il demande. Il m’a sauvé la vie après tout.
— Bien maitre.
Modifié en dernier par Xia le 30 juin 2021, 20:05, modifié 1 fois.
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par nonoko »

Paracelse et (l'un des trois) Barberousse s'invitent dans l'histoire? On sait au moins ce qui va arriver à l'un des ces deux personnages dans quelques mois!
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Chapitre 14 : Avenirs incertains


Février 1518, Kéfé, Sandjak de la Sublime Porte


Des cris fusaient de la foule.
Bien que ce fusse une journée visiblement ordinaire, une masse importante s’était rassemblée sur la place de la cité.
On avait dégagé avec peine assez d’espace pour monter une modeste estrade où seraient bientôt exhibés les trophées ramenés pour l’occasion.
Tu es au Yesir de Caffa, lui avait-on appris sèchement.
Isabella réprima un frisson. Elle serait vendue comme esclave, comme un vulgaire objet échangé contre de la monnaie.
Les « marchandises » attendaient patiemment au bas des marches de la rudimentaire plate-forme de bois, prête à s’effondrer à tout moment. Bien que personne n’était pressé d’en finir, ils étaient étrangement calmes. Tous semblaient s’être fait une raison : ils n’en réchapperaient pas.
La fillette était dans cet état, hypnotique. En apparence du moins. Car intérieurement, elle bouillait de rage. Comment pouvait-on faire un acte aussi inhumain ?! Surtout sur une enfant ! Elle n’était que dans sa huitième année. Mais à sa plus grande horreur, elle constata qu’elle n’était pas la plus jeune. Six ans… C’était l’âge de la dernière.
Mais pourquoi diable avait-elle accepté de suivre Havrylo ?! Pour attendre des excuses ! Si elle avait su, elle s’en serait bien passé… Derrière elle, le jeune homme n’en menait pas large. Elle se doutait qu’il était en train de vivre son pire cauchemar : connaitre le sort de sa sœur. Pendant le trajet qui les conduisait à cette ville maudite, elle avait essayé plusieurs fois de le réconforter. Toujours en vain.
Malgré les chaines qui lui entravaient la peau, Isabella parvint tant bien que mal à se rapprocher de Lisowski :
— Si jamais nous sommes séparés…
— Nous serons séparés, affirma l’autre d’une voix morne.
— Je tenais à te dire merci.
— C’était la moindre des choses. C’est de ma faute si tu te retrouves dans cette situation.
— Mais tout de même, il a dû te coûter, ce mensonge.
Cette phrase, dite sur un ton sincère et léger à la fois, lui arracha un maigre sourire.
— J’ai perdu une sœur… mais j’en ai retrouvé une autre. Aussi étrange soit-elle. Ce n’était donc pas vraiment un mensonge.
— Mais il n’a servi à rien.
— Bien sûr qu’il a servi, puisque tu le sais !
Ce fut à son tour d’esquisser un sourire.
Ils avaient été pris par surprise à leur sortie du monastère Saint Nicolas.
Des cavaliers noirs les avaient capturés et enchainés avant qu’ils n’aient pu tenter quoi que soit. Havrylo avait essayé de se défendre, mais sans succès. Ils étaient beaucoup trop nombreux – sept à cheval contre deux à pied. De son côté, Isabella ne s’en sortait guère mieux – pour ne pas dire pas du tout. Elle avait à peine eu le temps de dégainer son épée que, déjà, on l’empoignait de force, l’obligeant à lâcher son arme. On les avait trainés tous deux jusqu’à une clairière arborée dissimulée derrière les rochers de la falaise. Là, ils avaient découvert, horrifiés, qu’ils n’étaient pas les seules victimes de cette horde de sauvages.
Près de deux heures plus tard, ils étaient liés les uns aux autres et entrainés derrière des chevaux lancés au petit trot. Ce fut une troupe d’une centaine de personnes qui traversa à pied les trois mille cinq cents kilomètres qui les séparait de la ville la plus importante du protectorat. Ils étaient arrivés la veille après plus d’un mois et demi de marche forcée durant lequel ils avaient vus le cœur serré les rangs des futurs esclaves se renflouer.
Isabella avait été choquée de voir que des parents laissaient volontairement les Barbaresques enlever leurs fils. Des chrétiens, ce qui avait révolté Havrylo. L’un des enfants leur avait expliqué une bien étrange coutume : le Devchirmé. Lors de raids dans les campagnes d’Anatolie et des Balkans, l’« impôt sur le sang » réquisitionnait un fils sur quarante. Les familles des trente-neuf enfants non choisis par les envahisseurs devaient financer le voyage du quarantième jusqu’à la capitale. Le garçonnet devait simplement faire halte à Caffa avant de partir pour Constantinople.
Elle pensa à son père.
Savait-il au moins ce qu’il leur était arrivé ? Elle osa supposer que oui. À Jaffa, elle avait délibérément laissé une branche arracher un tissu de son manteau. Mais ses compagnons avaient-ils seulement la présence d’esprit d’inspecter minutieusement les lieux ? Là aussi, elle osa espérer une réponse affirmative. Un détail comme celui-là, aussi minime soit-il, n’aurait pas échapper à Athanaos.
Les voix s’élevaient de plus belle, faisant sortir la jeune fille de sa torpeur. La vente venait de commencer.
La plus âgée fut poussée sur le devant de l’estrade, dévêtue et examinée sous des regards attentifs. Les enchères ne montaient pas, au grand dam des Barbaresques qui commençaient déjà à regretter leur prise. Qu’allaient-ils donc faire d’elle ? Plus le temps passait et plus les chances de la monnayer étaient minces. La femme fut finalement achetée pour trente akçe. Isabella en eut un haut-le-cœur. Cette pauvre créature qui aurait pu être sa grand-mère valait un âne au Portugal !
Les captifs passaient un à un. Elle constatait avec effroi que la moyenne des prix annoncés pouvait atteindre jusqu’à cinq altun, qu’elle équivalait à quatre-vingts ânes.
Ce fut au tour d’une adolescente de se montrer et se dévêtir. Elle la regarda avec une pointe de dégoût. Elle n’aimait pas ce genre de personne. La fille avait à peine quelques années de plus qu’elle, mais elle avait déjà le port altier et les formes d’une femme accomplie et s’en vantait. Sûre d’elle, peut-être en raison de sa grande beauté, elle froissait l’arrogance et ne laissait personne indifférent. Y compris Havrylo qui n’avait cessé de la dévisager durant le voyage. Contrairement au reste de ses compagnons, elle semblait connaître son sort final et s’en réjouissait. Isabella ne s’était pas trompée : la fille n’afficha pas la moindre surprise quand elle fut cédée pour vingt altun à un eunuque blanc. Elle descendit avec grâce les quelques marches de la tribune et suivit docilement son nouveau maitre.
— À toi ! cria-t-on à l’adresse d’Isabella en la poussant devant elle.
— Jamais !
Dût-elle endurer le supplice de la roue, il était hors de question d’aller mourir de honte là-haut devant une centaine d’hommes qui la scruteraient en ricanant. Question de pudeur. En guise de réponse, elle reçut une gifle monumentale qui la fit tomber à terre. Le négociant la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol et approcha son visage menaçant du sien, les yeux injectés de sang. Il n’était pas habitué à ce qu’on lui désobéisse et dut prendre sur lui-même pour ne pas l’asséner de coups. Sinon elle serait bonne à laisser à la rue.
— Tu montes sur la scène, dit-il en articulant exagérément.
— Jamais ! répéta la fillette, la lèvre en sang, en lui crachant à la face.
— Oh ! Mais c’est qu’elle a du caractère, la p’tite ! fit un autre en s’avançant vers elle.
— Ne me touchez pas ! siffla-t-elle.
— Ce n’était pas mon intention !
À ces paroles, il se tourna vers un homme qui se tenait à ses côtés et lui murmura quelque chose qu’Isabella ne parvint pas à comprendre. L’autre hocha la tête avec un sourire mauvais :
— Oui. On en tira un très bon prix là-bas…
Elle blêmit. Dans quel pétrin s’était-elle encore fourrée ?! Elle se tourna, désespérée, vers Lisowski, mais déjà celui s’avançait d’un pas incertain vers la plate-forme.
Elle ne donnait pas cher de leurs avenirs.


Mars 1518, quelque part dans la Méditerranée

Depuis quelques jours, les trois amis humaient l’air de la mer avec bonheur et soulagement.
Le Docteur n’avait jamais imaginé l’effet que pouvait provoquer une prison sur un esprit humain. Rester enfermé pendant plusieurs semaines dans une geôle glaciale l’avait fait sombrer dans une déprime qu’il avait attribué au départ à l’enlèvement de sa fille. Il s’était trompé. Il s’en apercevait à présent : elle était toujours à des dizaines de milliers de kilomètres de lui, mais il se sentait mieux. Il avait presque honte de penser cela, mais Athanaos et Ambrosius lui avaient avoué la même chose, ce qui le réconfortait un peu. Et jamais il n’aurait cru qu’Ambroise de Sarle aurait pu s’inquiéter pour Isabella. Ou pour quelqu’un tout court.
Le « Bras d’Argent » avait tenu sa promesse. Sitôt guéri, le sultan d’Alger les avait fait libérer et ils avaient pu embarquer tous les cinq sur un navire en partance de Gênes.
De son côté, Anna Maria semblait s’être métamorphosée pendant son séjour en prison. Pas seulement physiquement, mais également moralement. La femme égocentrique qu’ils avaient connue sur le bateau à Jaffa avait fait place à une dame s’inquiétant pour le devenir de ses compagnons d’infortune – même si le Grec et le Portugais soupçonnaient que sa captivité n’avait fait que briser une carapace vieille de trois ans. Ils l’avaient constaté lorsqu’ils avaient surpris une conversation sur le quai :
— Combien demandez-vous pour deux cent quatorze personnes ? demanda-t-elle à un marchand.
— Pour ?
Le négociant voyait très bien où elle voulait en venir. Mais il s’agissait d’une Occidentale, et qui plus est, d’une femme. Aussi il était curieux de voir comment elle allait se débrouiller pour lui expliquer qu’elle comptait acheter toute la prise des Barbaresques faite près d’un mois plus tôt.
— Les esclaves qui vous seront présentés dans quelques jours.
Il haussa les épaules.
— Ça dépend s’il s’agit d’hommes ou de femmes. Ou d’enfants.
— Cent quatre-vingt-seize hommes, seize femmes et deux enfants.
Les trois amis se regardèrent, perplexes. Et en plus elle les avait comptés ! L’autre soupira, peu désireux de faire affaire avec elle.
— Disons… mille trois cents ducats.
Anna Maria l’observa, suspicieuse. Elle savait pertinemment qu’il ne lui annonçait pas le véritable prix, mais préféra ne pas prendre le risque de voir s’échapper la liberté de ces hommes et de ces femmes.
— Entendu. Je vous en donne deux mille.
Le marchand manqua de s’étrangler.
— Deux mille… ducats d’or ?
— Oui, vous avez bien entendu. On ne vous en offrira pas plus. Comme cela, je serais certaine que vous ne chercherez pas les vendre à quelqu’un d’autre. Donnez-moi un parchemin et une plume que je vous signe une reconnaissance de dettes. Vous aurez votre argent dès que je serais à Gênes.
Il s’exécuta, ébahi. Deux mille ducats d’or ! Il n’était même pas certain d’en obtenir mille. Il devait reconnaître que cette femme était redoutable dans les négociations.
Les alchimistes se lancèrent une nouvelle œillade. Mais qui était-elle donc pour disposer d’une pareille fortune ?
Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises.
Pendant qu’Ambrosius passait le plus clair de son temps à chercher ses précieuses mules, Athanaos et Fernando voyaient Anna Maria arpenter chaque jour la place du marché et revenir le soir d’un air dépité. Longtemps, les deux amis s’étaient concertés sur ce curieux manège. Ils eurent la réponse quelques minutes avant l’appareillage du navire. Le Docteur avait fini par ramener Ambroise de Sarle de force à la rade, l’obligeant à monter tout en lui assurant – il ne savait comment – qu’ils retrouveraient un jour la pyramide de Mu. Mais alors que le capitaine annonçait le départ imminent du Poséidon, un garçonnet courut vers la jeune femme et lui murmura à l’oreille. Celle-ci, soudain rayonnante, lui emboita le pas, tournant le dos à Théophraste qui l’appelait sans succès. Elle revint peu après, essoufflée, faisant retarder la galère par un nouveau chargement.
— Vous pouvez partir l’esprit tranquille à présent, messire Ambrosius, lui dit-elle en lui tendant les brides de ses trois montures, alors que celui-ci, incrédule, la regardait bouche-bée.
— Mon Dieu ! Mais vous venez de me sauver la vie ! s’écria-t-il, heureux à un point qu’Athanaos et le Docteur crurent qu’il allait se jeter à son cou. Que puis-je donc faire pour vous remercier ?
La jeune femme esquissa une moue :
— En répondant à une question qui m’intrigue. Je vous ai entendu parler d’un navire, celui que vous possédiez il y a quelques temps et qui s’est brisé lors d’une tempête… Ainsi vous comptez vous rendre à Gênes pour le reconstruire… et le faire voler ?
Le sourire d’Ambrosius disparut de son visage aussi vite qu’il était venu. Comment cette femme avait-elle eu vent de leur projet ? Ils avaient pourtant été discrets ! Ce fut Laguerra qui vint à sa rescousse :
— Vous avez mal compris, signora… Mon ami a emprunté la nef à son propriétaire sans le prévenir. Cependant, après la tempête qui l’a détruite, nous sommes dans l’incapacité de la lui rendre. Si nous revenons bredouilles, il nous accusera de vol. C’est pour cela que nous devons aller à Gênes pour en reconstruire une semblable…, expliqua-t-il, invoquant sans le savoir le même mensonge que sa fille avait formulé à l’encontre d’Havrylo Lisowski.
— Je vois… Dommage, j’aurais aimé voir voler un bateau… Si cela peut vous être utile, sachez que mon père est armateur. Il se fera un plaisir de vous venir en aide. Quant à toi, Théophraste, peux-tu nous expliquer comment tu as soigné ce barbare ? J’espère tout de même que tu n’as fait ce que je pense ?!
L’homme s’empourpra. Sa compagne comprit qu’elle avait vu juste et tempêta, hors d’elle :
— Mais enfin ! À quoi pensais-tu donc ? C’est du poison ! S’il s’en était aperçu, tu aurais fait quoi ?!
— Il est guéri…, balbutia-t-il.
— Tu viens surtout de le condamner ! Du vif-argent ! Voilà ce qu’il donne pour soigner ses patients, précisa-t-elle, rouge de colère, à l’adresse des alchimistes.
Vexé, von Hohenheim tourna les talons et descendit dans la Sainte-Barbe du Poséidon, laissant ses quatre compagnons sur le pont. Ce fut seulement à ce moment qu’Athanaos, Fernando et Ambroise découvrirent enfin le véritable visage d’Anna Maria, lorsque le Français posa enfin la question qui leur brûlait les lèvres :
— Pourquoi nous avoir fait libérer ? Nous ne nous connaissons pas.
La jeune femme haussa les épaules.
— J’ai cru comprendre que vous recherchiez quelqu’un… Votre fille, je crois ? murmura-t-elle à l’attention du Docteur.
— Moi, oui. Mais pourquoi eux ? insista celui-ci.
— Disons qu’il faut bien s’entraider entre alchimistes, fit-elle avec un sourire en coin.
Ambrosius manqua de s’étrangler et lança un regard abasourdi à ses amis.
— Vous… vous êtes alchimiste ?! répéta-t-il, hébété. Comme votre époux ?
— Oh, non ! Il n’est que médecin et ne s’intéresse pas à cette science. Et Dieu merci, je ne suis pas sa femme, mais sa cousine. Jamais je ne me marierai, répondit-elle. J’avais envie de parcourir le monde. Mais comme vous devez le savoir, il est impossible pour une femme d’être entièrement libre de ses gestes. Il lui faut constamment un chaperon. C’est là qu’est intervenu Théophraste : lorsqu’il m’a appris qu’il partait faire son Tour du Chevalier, je lui ai demandé – ou plutôt supplié – de m’emmener avec lui. Mais il est plus facile pour un homme et femme de voyager en tant que couple marié. C’est comme cela que j’ai « épousé » mon cousin. Et mon père ne m’aurait jamais laissé partir seule pendant trois ans simplement avec un membre de la famille, expliqua-t-elle avec regret.
— Ingénieux, signorina von Hohenheim…, murmura Fernando.
— Schweitzer, s’il vous plait. Anna Maria Schweitzer.
— C’est tout de même curieux comme patronyme pour une Génoise…
— Je suis certes de la Sérénissime, mais d’origine allemande, comme Théophraste.
Les yeux rivés dans le lointain, elle poursuivit :
— J’espérais trouver là-bas mon Artifex… mais non… Visiblement, le moment n’est pas encore venu… Et vous ? interrogea-t-elle brusquement. Les avez-vous trouvées, vos Lunes ?
— J’avais une Soror Mystica, mais elle n’est plus de ce monde…, murmura Athanaos d’une petite voix, la mort dans l’âme en songeant à ces sombres pensées qu’il essayait d’enfouir au plus profond de lui-même depuis des années.
— Vous m’en voyez désolée mon ami, fit la jeune femme en pressant sa main sur la sienne.
Ambrosius et Laguerra se regardèrent, étonnés. Ils connaissaient leur ami depuis dix ans mais, pourtant, aucun d’eux n’avait entendu le Grec évoquer cette mystérieuse partenaire. Ils attendirent l’explication qui ne vint pas.
Sentant l’attention de la signorina sur lui, Fernando admit qu’il n’avait jamais songé à rechercher la traditionnelle assistante de la Kabbale.
— Et vous, messire Ambrosius ?
Pris de court, celui-ci devint soudainement écarlate. Athanaos et le Docteur riaient sous cape. Comment leur ami allait se dépêtrer de cette situation ? Et surtout, comment allait-il avouer à une femme que l’idée de rechercher une femme alchimiste ne lui avait jamais traversé l’esprit parce qu’il méprisait les femmes tout simplement parce qu’elles étaient des femmes ? Ils devinaient tous les deux qu’Anna Maria le narguait : le regard espiègle qu’elle lui lançait indiquait qu’elle savait parfaitement à quel genre de personnalité elle avait affaire. Ambrosius, lui, n’y voyait que du feu.
De son côté, Ambroise de Sarle se sentait pris au piège. Le si peu qu’il connaissait Anna Maria, il savait qu’elle ne le lâcherait pas tant qu’elle n’aurait pas entendu ce qu’elle voulait. Et ce visage froid derrière son sourire de convenance n’arrangeait rien.
— Je n’y ai pas pensé, finit-il par dire en espérant que cela suffirait.
Modifié en dernier par Xia le 30 juin 2021, 20:19, modifié 1 fois.
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Ra Mu
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Ra Mu »

:Ambrosius: J'avais une Soror Mystica, mais elle n’est plus de ce monde
En voilà un une bonne idée à exploiter, avis aux amateurs! :D

C'est réussi, tu y met plein de références intéressantes, mais je rejoins Nonoko: Isabella agit comme une ado, pas comme une enfant de 8 ans. Peu importe, après tout c'est ton choix.
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Ra Mu a écrit : 02 déc. 2017, 12:32
:Ambrosius: J'avais une Soror Mystica, mais elle n’est plus de ce monde
En voilà un une bonne idée à exploiter, avis aux amateurs! :D

C'est réussi, tu y met plein de références intéressantes, mais je rejoins Nonoko: Isabella agit comme une ado, pas comme une enfant de 8 ans. Peu importe, après tout c'est ton choix.
Merci Ra Mu ! :D

Je précise que mon personnage d'Isabella a évolué au XVIe siècle... pas au XXIe ;)
C'était bien différent à l'époque. Les enfants élevés à la Cour (peut importe laquelle) se devaient d'apprendre pas mal de choses : langues étrangères, bonnes manières de vivre, politique (pour les garçons appelés à régner, quoique les filles aussi :lol: ), et j'en passe...
Mais après, c'est vrai, j'ai peut-être un peu trop exagérer... :oops:

PS : C'est :Athanaos: et non :Ambrosius: ...
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par TEEGER59 »

Soror mystica... :x-):
C'est amusant! Ça me rappelle vaguement quelque chose...
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Akaroizis »

J'adore toujours autant ta fic. Toujours aussi intéressant.

Voilà c'est tout. :roll:
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Merci tout le monde !

Teeger : c'est bien toi avec ta fanfic qui m'a donné cette idée (si c'est à ça que tu pensais) :x-):
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Miime Cheshire
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Miime Cheshire »

J'aime beaucoup cette fan fiction ! (Je me suis permise de la mettre sur un document dans mon pc pour la lire tranquillement), je n'ai pas encore fini, mais c'est très agréable à lire ! Moi qui voulais un "avant" je suis bien servit *^*
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Chapitre 15 : La pyramide de sang


Avril 1518, République de Gênes


— Anna Maria ! Pippo ! s’écria un vieil homme lorsqu’ils mirent le pied à terre.
— Pippo ? demanda le Docteur, intrigué.
— Théophraste. Mais mon père l’a toujours appelé ainsi, son « petit Philippe », expliqua la jeune femme avec un ton taquin.
Elle fit rapidement les présentations.
Comptant parmi les principaux armateurs de la Sérénissime, Karl Schweitzer se montra vivement intéressé lorsqu’Ambroise de Sarle lui fit part de son intention de construire une nouvelle nef à Gênes. Il lui proposa rapidement son aide, pour les remercier « d’avoir pris soin de sa fille et son neveu » – phrase qui arracha une quinte de toux nerveuse à Laguerra.
C’était plutôt le contraire…
Anna Maria prit Athanaos à part et lui glissa :
— Vous m’avez bien dit que vous souhaitiez visiter notre cité ? Voulez-vous que je vous guide ?
Celui-ci se tourna vers elle, l’air interrogateur. Il ne se souvenait pas d’avoir émis cette demande. Mais déjà elle l’entrainait dans les ruelles, sous les regards amusés de Fernando et d’Ambrosius. Si la signorina avait voulu courtiser leur ami, elle n’aurait pas pu s’y prendre autrement.

— Je connais votre République. J’y suis déjà venu.
— Je m’en suis doutée. Mais j’ose espérer que la verrez d’un œil différent dorénavant.
Le dédale sombre des rues de Gênes masquait l’inquiétude qui se lisait désormais sur le visage de la fille de Karl Schweitzer. Et si elle s’était trompée ? S’ils n’étaient pas ceux qu’ils prétendaient être ? Athanaos oui, cela ne faisait aucun doute, elle l’avait bien vu, mais les autres ? Après tout, il serait toujours temps d’aviser le moment venu… Mais pour l’heure, il fallait qu’elle sache.
— Une question me tiraille depuis que nous nous sommes rencontrés sur la première galère, commença-t-elle dès que leurs voix furent hors de portée de toute oreille indiscrète. Je n’ai pas pu en parler avant, en raison de la présence d’Ambrosius…
Athanaos hocha la tête en signe de compréhension. Il avait en effet constaté que les rapports entre les deux alchimistes s’étaient nettement dégradés depuis le départ du Poséidon, près de deux semaines plus tôt. Ambrosius lui en était reconnaissant de lui avoir ramené ses montures, mais cela s’arrêtait là. D’autant plus que Fernando avait eu la mauvaise idée de raconter à Anna Maria la raison pour laquelle son ami avait rechigné à faire le voyage avec Isabella.
Ce à quoi elle avait sèchement expliqué au Français que cette croyance venait du fait qu’on considérait que la présence d’une femme adulte au milieu de nombreux marins détournait leur attention de la mer, et que par conséquent elle était néfaste au voyage. À la suite de quoi, Ambrosius lui avait fait remarquer non sans ricaner qu’elle était la seule femme adulte au milieu de nombreux marins sur le navire, et que par conséquent sa présence était néfaste au voyage. Théophraste avait dû retenir une Anna Maria rouge de colère avant qu’elle ne se jette sur lui.
— Mais en vous, j’ai confiance, mon ami…, dit-elle d’une voix douce.
Je dois lui faire confiance. Il est comme moi après tout.
Elle prit néanmoins une profonde inspiration, avant de poursuivre :
— Comment êtes-vous arrivé en sa possession ?
Le Grec s’arrêta subitement et la dévisagea, l’air grave.
— En sa possession ? De quoi parlez-vous ?
— De la pyramide.
Cette fois, Athanaos se raidit complètement.
Comment était-elle au courant ?! Il voulait bien admettre qu’elle ait surpris une conversation au sujet de la future nef qui volerait, mais la pyramide ? Ils n’en avaient jamais parlé. Hormis Waga Fayat, le fameux bédouin qui la détenait avant eux, le Docteur, Ambrosius et lui, personne ne connaissait son existence.
— J’ignore de quoi vous voulez parler, signorina, murmura-t-il d’une voix blanche.
— Vraiment ? Vous voulez vraiment me faire croire que seul Ambroise de Sarle sait que la pyramide bleue, qui se trouve dans l’une des sacoches de ses mules, est une relique du peuple de Mu ?
L’alchimiste était totalement désemparé. La plupart des personnes qui s’étaient intéressées de près aux écrits de Platon croyait en la légende du continent perdu de l’Atlantide, mais ceux qui connaissaient celle de Mu… eh bien, on pouvait les compter sur les doigts de la main. Lui-même n’en avait jamais entendu parler avant que maitre Orang ait conté son histoire.
— C’est donc pour cela que vous avez cherché ces animaux pendant trois jours ?
Il était tellement pris de court que c’était tout ce qu’il réussissait à articuler.
— Évidemment ! Que croyez-vous donc ? Que je l’aie fait uniquement pour le plaisir de cet… homme.
Anna Maria fit une moue à cette pensée et avoua qu’elle avait malencontreusement manqué de faire tomber ladite sacoche de cuir sur le navire avant l’apparition des Barbaresques. Elle avait rapidement fait le rapprochement entre les étranges dialogues d’Ambrosius – qu’elle avait pris au départ pour des aberrations – et l’objet bleu.
— Sur ma vie, jamais je n’aurais permis qu’elle finisse entre de mauvaises mains… Imaginez donc ce que pourrait faire une âme malveillante avec cela ! Elle pourrait détruire toute forme de civilisation en prenant un contrôle absolu sur l’Humanité. Les Anciens ont toujours pris soin de les protéger. L’Ordre du Sablier a continué à y veiller. Jusqu’à moi…
Il tombait de haut. Que voulait-elle dire par « jusqu’à moi » ? Et pourquoi parlait-elle au pluriel ?
— Comment connaissez-vous l’Ordre ?! Il a disparu depuis dix siècles !
À ces paroles, la jeune femme éclata franchement de rire.
— Comment je le connais ? Parce que je suis l’un des derniers membres ! Et qui vous a dit qu’il avait disparu ?
— Maitre Orang al-Misrî. Un bédouin lui a transmis le… la pyramide en lui disant qu’il ne restait aucun membre.
Athanaos avait failli mentionner le Livre des Sept Langages, mais s’était retenu au dernier moment. Comment être sûr de ce qu’elle avançait ?
— Je vois… Allons réfléchissez, Athanaos ! Comment un nomade aurait-il eu vent d’une organisation secrète soi-disant disparue ? Pourtant, je puis vous assurer qu’elle était bien secrète !
Elle avait raison. Comment avait-il pu ne pas s’apercevoir de l’incohérence plus tôt ?
— Dans ce cas, pourquoi avoir dit cela ? interrogea l’alchimiste.
Anna Maria haussa les épaules.
— Je l’ignore. Peut-être parce qu’au fil du temps, les gardiens de la pyramide de Mu ont oublié qu’il existait d’autres dépositaires issus de l’Ordre…, fit-elle évasivement.
Le Grec ne comprenait décidément plus rien. Il y avait d’autres gardiens issus du « premier » Ordre du Sablier ? Gardiens de quoi ? La jeune femme sembla lire dans ses pensées :
— Suivez-moi.
Elle l’entraina sur la piazza Ferrari face au Palazzo Ducale et à la Curie génoise. Athanaos ne put s’empêcher encore une fois d’admirer l’architecture baroque. À sa grande surprise, la jeune femme le conduisit sur la piazza del Molo et il aperçut le bleu de la Méditerranée au loin. C’est bien ce qu’il lui semblait : ils tournaient en rond. Mais pourquoi ? Anna Maria craignait-elle à ce point qu’on découvre leur destination finale ? Il supposa que oui lorsqu’il la vit s’approcher lentement du port et murmurer à voix basse :
— Ils sont partis… Venez.
Le dos au débarcadère, elle désigna d’un geste le majestueux bâtiment devant eux.
— Voici le Palazzo San Giorgio. Qu’est-ce que vous y voyez ?
Athanaos la dévisagea sans comprendre. À quoi jouait-elle ?
— Des statues…
Elle éclata une nouvelle fois de rire.
— Oui, c’est vrai. Mais encore ? Regardez plus attentivement…
Facile à dire, tout est en trompe-l’œil…
Il fronça les sourcils. La façade du palais était ornée de magnifiques peintures faites un demi-siècle plus tôt. Tout avait été fait pour que l’on ait l’impression de se trouver face à de réelles sculptures. Des effigies de saints particulièrement. Il distingua saint Georges terrassant le dragon, saint Michel après sa victoire sur Goliath, saint…
Ses yeux s’écarquillèrent de surprise.
Non… Impossible…
Le mur du palais était entièrement lisse, mais il venait de discerner une minuscule cavité à la gauche de saint Jean-Baptiste. Elle était invisible à un œil ordinaire qui se promènerait sur le fronton, mais visible à celui qui savait qu’elle se trouvait là.
Et cette cavité contenait une pyramide !
Anna Maria sourit lorsqu’elle vit la stupéfaction se dessiner sur le visage de l’alchimiste et sut qu’il avait compris.
Elle lui fit signe de la suivre à l’intérieur où on la salua respectueusement, demanda de ses nouvelles et s’enquit de son voyage. Elle répondait nonchalamment aux questions qu’on lui posait et entraina Athanaos dans une pièce sobrement décorée, qui contrastait avec les riches parures de l’extérieur. Hormis deux portraits de femmes, dont l’une ressemblait trait pour trait à Anna Maria, les murs étaient entièrement nus, tout comme le reste du salon, en dehors d’une table de bois et de trois fauteuils.
— Le bureau de mon père n’a pas changé depuis mon départ…, murmura la signorina, mélancolique.
Elle précisa quand elle vit Athanaos examiner les toiles :
— Ma mère de sang, Barbara Gagini, et à sa gauche, ma mère de cœur, Aloysia von Hohenheim. La seconde épouse de mon père et la tante de Théophraste.
— Ainsi, Théophraste n’est pas votre cousin ? s’étonna l’Anatolien.
— Pas à proprement parler, non. Mais en adoptant Aloysia, j’ai aussi adopté sa famille. Mais regardez donc…
Elle ouvrit la fenêtre du bureau, se pencha – plutôt dangereusement selon lui – et se retourna avec l’objet qu’il avait entrevu en bas.
C’était bien une pyramide… Elle était d’un rouge de sang, ce qui contrastait avec le bleu azur de celle de Mu. Mis à part ce détail, elle était similaire à sa « sœur » : même forme, mêmes symboles…
— Ma parole, elles sont identiques !
— Non pas tout à fait. Vous ne possédez pas le pyramidion de Mu.
— Le pyramidion ?
— Oui. Regardez bien. La mienne a son « chapeau » comme je l’appelle. C’est un diamant au sommet de la pyramide.
Athanaos resta interloqué. Pourquoi n’avait-il pas remarqué cela plus tôt ? D’un commun accord, les trois alchimistes – et Waga Fayat – s’étaient entendus sur le fait qu’ils détenaient une pyramide, alors qu’en réalité, il s’agissait d’un simple cône.
— Où se trouve-t-il s’il n’est pas à son sommet ? interrogea-t-il.
— C’est une excellente question, mon ami ! À vous de le découvrir.
— Mais à quoi peut-il bien servir ? Y a-t-il un dysfonctionnement s’il est absent ?
— Un dysfonctionnement ? Pas autant que je sache… Avec ou sans pyramidion, la pyramide rouge s’est toujours bien ouverte… Des schémas de construction. Comme la vôtre, j’imagine ?
Le Grec acquiesça d’un signe de la tête.
— Je dois avouer que ma mère n’a pas pu s’empêcher de glisser deux ou trois idées à un de ses amis… Sans lui montrer la pyramide bien sûr, ajouta-t-elle précipitamment en voyant l’inquiétude qui venait d’apparaitre sur le visage de son compagnon. Quant à son utilité, elle est malheureusement difficile à expliquer… Le mieux est que vous la voyez vous-même.
Avec un sourire mi-figue mi-raisin, elle ôta le « chapeau » de l’objet de vermeil et le plaça dans la main de l’alchimiste.
— Faites le vide en vous et… regardez ce qui se passe.
Il s’exécuta, non sans peine.
Depuis combien de temps il n’avait pas fait ça ? Faire le vide… Ne plus penser à rien…
Il fallait tout de même qu’ils se dépêchent sinon Ambrosius et Fernando allaient s’inquiéter… Et où était Isabella ? Depuis le temps… Fais le vide et ne pense plus à rien. Visualise du blanc… C’est toujours bénéfique… Ne plus penser… Le plus vite sera le mieux sinon Ambrosius va débarquer ici… Non, personne ne va débarquer ici parce que personne ne sait que nous sommes ici… Anna Maria a pris soin de brouiller les pistes… Oui, mais il reste les…
TAIS-TOI !
lui cria son esprit
Athanaos mit plus d’une demi-heure à parvenir à calmer son cerveau. Il ne s’était jamais rendu compte à quel point il était toujours sur le qui-vive. Il ouvrit les yeux et vit le regard bienveillant de la signorina posé sur lui.
— Pas facile, hein ? À présent, pensez à la pyramide…
Une étrange sensation envahissait son corps. Plus il « pensait » au cône rouge, plus il avait l’impression de l’« appeler ». Et il sentait qu’elle lui répondait. Mais surtout – et à sa grande surprise –, il voyait qu’elle lui répondait.
Sous leurs yeux, la pyramide de sang s’était mise à scintiller.
— C’est donc cela, la fonction du pyramidion ? Il appelle la pyramide ? demanda l’alchimiste, hébété.
— Exactement. Il appelle sa pyramide à la demande, volontaire ou non, de la personne qui le tient. Quant à l’autre, il peut montrer sa direction, en agissant un peu comme un aimant.
— Les Anciens ont vraiment pensé à tout…, fit-il en se grattant le menton. Vous n’avez jamais songé à rechercher la pyramide de Mu avec ce pyramidion ?
— Pourquoi donc ? dit Anna Maria en haussant les sourcils. Mon rôle est de protéger celle-ci… Et je savais que tôt ou tard elle réapparaitrait. La prophétie est sur le point de se réaliser…
— La prophétie ? Quelle prophétie ?
Malgré son air curieux, la jeune femme garda le silence. Bien qu’il eût envie de lui soutirer d’autres informations, Athanaos jugea inutile d’insister. Après tout, lui non plus ne lui avait pas tout révélé au sujet de leur quête. D’autant plus qu’il était persuadé qu’un jour ou l’autre, il saurait à quoi elle faisait allusion.
Alors qu’elle se penchait dans le vide pour remettre l’objet dans la cavité du mur, il ne put s’empêcher de demander :
— Vous n’avez pas peur qu’elle disparaisse en l’exhibant à la vue de tous ?
— Non. C’est justement en la montrant à tout le monde que personne ne la voie. La pyramide peut se protéger de tout – que ce soit les flammes, les tremblements de terre, les inondations – mais elle ne peut pas se protéger de la convoitise des hommes. Si elle est cachée dans cette pièce, et qu’un jour, des voleurs viennent à la piller, elle n’échappera pas à leurs mains. En revanche, personne n’aura l’idée d’enlever la façade du palais des conservatori del mare !
— Ingénieux, fit-il avec un sourire amusé. Puis-je vous poser une dernière question ?
— Allez-y.
— Nous détenons la pyramide de Mu, dois-je en conclure que vous avez…
— La pyramide de nos ancêtres, compléta la signorina Schweitzer.
Modifié en dernier par Xia le 01 juil. 2021, 13:18, modifié 2 fois.
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