FANFIC | Pour ceux qui aiment écrire... un défi

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Maël
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Maël »

c'est super cette nouvelle !
Et puis assez original !
Bien trouvé ! Et bien écrit surtout !
C'est pas simple se mettre un climat dans qqch de court et tu es bien arrivé !
Dommage que le texte de Dutique soit passée à la trape... tu le remets ? ou... tu l'avais "écrit directe sur le forum"... si c'est le cas, ce doit être rageant...
Moi hier, je me suis laissé chopée par mon propore jeu... je voulais d'abord écrire qqch de court... et me voilà lancé dans un truc de déjà 10 pages... oupssss... j'ai écrit jusqu'à ce que mes yeux n'en puisse plus... et je ne pensais qu'à la suite de ma débilité ce matin...
lol... c'est tellement long que j'hésite à vous imposer ce truc-là...
:oops:
Nico
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Nico »

Ca va balançe ! ;)

Avec Fab ... on est rodé ! x-)
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Maël
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Maël »

heu... vous êtes sûre... ???

Bon... voici donc :

Je n'ai qu'un mot : courage...

Il avait l’œil vide, les traits tirés, le corps émacié et l’air absent. A peine reconnaissable.
Mendoza ne fut d’ailleurs sûr de son identité que lorsque son maître le nomma sèchement. Un Espagnol de grande taille aux traits bourrus et aux gestes brusques. Il paraissait constamment trouver que son esclave était trop lent et ne cessait de le rosser de coups.
L’autre subissait sans broncher.
Mendoza restait perplexe. Jamais il ne s’était attendu à le revoir un jour, et surtout pas à Lima, cinq ans plus tard.
Il l’avait cru mort, comme tout le monde.
Comment avait-il atterri là ?
Mendoza restait à bonne distance et observait la scène. Le petit homme chargeait sur une carriole des sacs qui paraissaient plus lourd que lui, inlassablement.

Quelques heures plus tard, la nuit tombant, Mendoza retrouva le grand Espagnol attablé dans un bar malfamé devant un godet de mauvais vin. Le navigateur s’assit à la table de l’homme bourru, déposant une bouteille pleine en signe d’introduction.
L’homme leva les yeux, le regard aviné et perplexe.

-Je me nomme Juan Alexandro Mendoza Alvarez, mais on m’appelle Mendoza…

Le gars, plus éméché qu’il n’y paraissait arqua ses sourcils et attrapa la bouteille avec satisfaction avant de se servir.

-Federico… dit-il finalement. Federico Ibanez Cruz…

Mendoza sourit et se servit à son tour.

-Ca fait longtemps que vous avez quitté l’Espagne ? demanda Mendoza afin de commencer la conversation par une banalité.

-4 ans… répondit l’autre laconiquement.

-Moi ça va bientôt faire 7 ans…

S’en suivi une conversation sans intérêt jusqu’à ce que Mendoza en arrive à ce qui l’intéressait.

-Je vous ai vu cet après-midi sur le port. Vous avez un esclave atypique…

L’autre leva vers lui une mine indéfinissable avant de grommeler.

-Mwe… c’est un autochtone un peu bizarre… mais il est solide.

-Vous l’avez dégotez où ?

-On me l’a refilé avec deux autres esclaves y’a quelques mois. Un marchant qui me devait de l’argent… une grosse somme.

-Mmm… fit Mendoza. Et les deux autres esclaves, interrogea-t-il, aussi étranges ?

L’autre fit non de la tête.

-Les deux autres étaient des mayas. L’un des deux est mort. L’autre je l’ai revendu…
Pourquoi ?

-Simple curiosité.

Il marque un temps d’arrêt avant d’enchaîner.

-A vrai dire… je me demandais si vous accepteriez de me le vendre.

L’homme s’arrêta de boire, interloqué.

-La crevette ? Non… il a pas l’air mais c’est un coriace. Je préfère le garder.

Mendoza fit la moue.

-Je vous en offre le double de ce qu’il vaut sur le marcher.

-C’est quoi l’arnaque ?

Mendoza se cala dans son siège.

-Y’en a pas. Il m’intéresse, c’est tout. Et… ,il sortit un peu d’or de l’une de ses poches, j’ai de quoi payer…

Les yeux de l’homme s’arrondir, brusquement happés par l’apparition du bout de métal doré. Un sourire avide se dessina sur ses lèvres.

-Je veux pas savoir pour quelles raisons tordues vous tenez à avoir cet esclave, mais… je crois qu’on va pouvoir s’entendre.



Le lendemain, en début de matinée, Mendoza avait rendez-vous avec Ibanez près du port pour la transaction.
Le grand Espagnol arriva suivi de son esclave dont les mains avaient été liées dans le dos et qui fixait obstinément le sol.
Un étroit collier de cuire pourvu d’un anneau lui enserrait le cou. Une chaîne y pendait. Ibanez la tendit à Mendoza tandis que celui-ci lui remettait son du.

-Voilà, fit Ibanez, la crevette est à vous.

Mendoza sourit alors qu’Ibanez s’en allait, satisfait de cette affaire inespérée.

Sitôt Ibanez éloigné, Mendoza intima à son esclave d’un cou sec sur la chaîne de le suivre et ils se mirent en route.
Moins de dix minutes plus tard, ils arrivèrent à une auberge, ils y pénétrèrent et gagnèrent une chambre miteuse à l’étage.
L’esclave n’avait pas dit un mot, pas levé les yeux un instant, sans doute résigné de son sort et trop éprouvé pour protester.
Mendoza le fit s’assoir sur le seul lit de la pièce, une paillasse peu confortable.
Puis il prit une chaise et vint se placer en face de lui, à sa hauteur, sans un mot, attendant seulement qu’il lève la tête.
Il fallu quelques minutes mais finalement l’esclave leva timidement les yeux vers son nouveau maître avant de se figer dans une expression indéchiffrable.
Il avait écarquillé les yeux, esquissé un mouvement de recul et pris une fugace mine paniquée.
De son côté Mendoza n’avait pas bronché et affichait une mine goguenarde. Le sourire en coin. Satisfait de son petit effet de surprise.
Quelques instants plus tard, l’esclave se détendit un peu et prit une mine désabusée.

-Et moi qui pensais qu’il ne pouvait rien m’arriver de pire… souffla-t-il d’une voix éteinte sur un ton un peu ironique avant de replonger son regard vers le sol. Gêné.

-Je te croyais mort, lâcha finalement l’Espagnol.

-Je le suis…

Mendoza sourit avant de se lever d’un trait.

-Repose-toi. On part demain !

Et la porte se referma, suivi d’un bruit de serrure, laissant l’esclave seul.




Le lendemain, Mendoza pénétra dans la chambre aux aurores. Le soleil se levait à peine. Il jeta sur la paillasse des vêtements propres.

-Enlève-moi ces guenilles et prépare-toi, on part dans une heure. Et… sois présentable ! Attache tes cheveux et lave-toi !



Une heure plus tard, ils étaient tous deux sur le port. Mendoza avait enlevé ses liens à son esclave mais lui avait bien fait comprendre qu’il avait intérêt à se tenir à carreau.
C’était fou comme des vêtements normaux et des cheveux lui donnaient presqu’un air anodin.
Bon, d’accord, il y avait toujours ces oreilles qui dénotaient, mais son atypie physique passait quasi inaperçue.

-J’espère que tu as le pied marin Calmèque… parce que le voyage sera long.

L’Olmèque lui lança un regard inquiet.

-Vous n’avez tout de même pas l’intention de me traîner jusqu’en Espagne ?

-Oh mais si ! Tu es à moi, je te traîne où je veux !

-Non ! Pas question !

Mendoza le toisa sans animosité.

-Un an… Calmèque. Peut-être deux maximum et tu aurais fini par crever sous les coups et les humiliations… c’est ça que tu veux ? Tu veux que je te revende à un « Ibanez » ?

Calmèque se tut et soupira. Son corps n’était que douleur et il savait que Mendoza avait raison, il n’aurait plus tenu physiquement bien longtemps à ce régime.
Qu’est-ce que cet Espagnol lui voulait ?

-Pourquoi ? fit simplement Calmèque.

-Nostalgie répondit l’Espagnol sur un ton de plaisanterie avant d’intimer au petit homme de le précéder et de monter à bord.

Quelques heures plus tard, le navire appareillait et Calmèque regardait la côte s’éloigner avec angoisse.
Mendoza, lui, savourait ce retour vers son pays. Il lança un regard appuyé à son nouveau compagnon. Il semblait désespéré.

-Ne t’en fais pas, le rassura Mendoza. Tu t’y feras.

Calmèque tourna vers lui un visage sceptique.

-Je me demande ce qui aura ma peau en premier, le manque d’hygiène, la Sainte Inquisition ou la Peste Bubonique…

Mendoza sourit aux sarcasmes de l’Olmèque.

-Je te rappelle que tu serais mort de toute façon ! Sois positif !

Un long silence s’en suivit tandis que la côte devenait minuscule au loin.

-Je dois vous appelez « Maître » ? interrogea Calmèque d’un ton plus irrévérencieux qu’il ne l’aurait souhaité.

Mendoza lui répondit en s’éloignant.

-Oh… surtout pas ! Venant de toi, j’aurais l’impression d’être Ménator…

Calmèque se tourna et le regarda s’éloigner… la main appuyée sur le bastingage, une envie fugace de se jeter à l’eau le prit afin de rejoindre la côte avant qu’il ne soit trop tard mais… quelque chose l’en empêcha. S’il s’échappait, il serait rapidement repris, soit par un marchant d’esclaves, soit par une tribu d’indiens qui ne portait pas les Olmèque dans son cÅ“ur.
Et ni l’une ni l’autre de ces possibilités ne l’enchantait. Ce départ pour l’Espagne était peut-être une bonne chose après tout.
Le vent du large se levait à mesure qu’il quittait les eaux territoriales et que Lima disparaissait.
Calmèque emboîta machinalement le pas de Mendoza.

De par son statu de Navigateur, Mendoza avait sa propre cabine et mangeait à la table du Capitaine.
Il ne lui fut guère compliqué d’introduire son Olmèque au milieu de beau monde, ventant les mérites de son peuple au savoir impressionnant dont il était malheureusement le dernier représentant.
Au fil des conversations, Calmèque se mit à doucement comprendre la raison de sa présence. Mendoza allait se servir de lui et de ses connaissances pour tenter de se faire un nom auprès de la Cours D’Espagne.




Cela faisait près d’un mois que le bateau avait quitté le nouveau continent et jusque là, le temps et la navigation n’avaient pas trop été éprouvants.
Ce matin-là, les hommes du capitaine étaient sur le qui vive, le cuisinier avait remarqué la disparition répétée de nourriture, et les quantités étaient trop importantes que pour être imputées aux rats, aussi gros soient-ils.
Le bateau était donc systématiquement fouillé à la recherche du chapardeur, un passager clandestin…
Cette situation ne manqua pas de rappeler à Mendoza les débuts de son aventure avec les enfants… Il eut une pensée pour Esteban, il avait appris à aimer ce gosse au fil du temps et ne plus avoir de ses nouvelles depuis maintenant presque deux ans lui pesait.
Peut-être était-il retourné à Barcelone ?
Il en était là à ses réflexions quand des hommes du capitaine lui demandèrent la permission de fouiller sa cabine. Il obtempéra sans objection.

La fouille dura encore plusieurs heures mais les hommes firent choux blanc et ne trouvère personne.

Tout en regagnant sa cabine en compagnie de Calmèque, Mendoza fit remarquer avec ironie que le « bougre se cachait bien ».
L’Olmèque lui demanda ce qui le rendait si sûr qu’il y eut un intrus à bord.

-Je suis pour ainsi dire né sur un navire, Calmèque… lui dit-il avec le regard malicieux. Il y a des choses qu’un marin sent…



Un peu plus tard, Mendoza avait été appelé sur le pont, laissant l’Olmèque seul dans la cabine.

Calmèque s’était allongé sur sa couchette et regardait distraitement les poutres du plafond.
Il soupira.
Certains passagers, sans oser rien dire, l’observait parfois comme s’il était un animal de zoo. Le souvenir de quelques visages atterrés le fit grimacer. Et puis il y avait cette aristo un peu précieuse qui, dès qu’il arrivait dans son girond, partait se réfugier avec toutes ses courtisanes à l’autre extrémité du navire.

« N’importe quoi… »

Il en était là, à se remémorer son début de voyage quand son attention fut brusquement attirée par un bruit ténu venant d’en dessous de lui.
Il fronça les sourcils, arrêta instinctivement sa respiration et se concentra. Le bruit avait cessé presqu’aussitôt, mais il était sûre d’avoir entendu comme une sorte de frottement.
Il se redressa et descendit de sa couche. Puis il s’agenouilla sur le sol et tendis l’oreille en direction du plancher.
Le bruit se reproduisit et Calmèque crut reconnaître un reniflement cette fois.
Perplexe, il se pencha et colla son oreille sur le bois du plancher.
Puis il sourit.

-Je vous entends, lâcha-t-il doucement.

Il y avait là-dessous une respiration… qui s’accéléra…
Mendoza avait raison… « le bougre se cachait bien »…

Un instant Calmèque se demanda que faire. Il n’ignorait pas le sort réservé aux passagers clandestins. Il fut alors pris d’un élan de compassion. N’avait-il pas du, lui aussi, se terrer comme un rat durant des mois pour fuir la région du Bouclier Fumant sans tomber entre les mains de Viracocha ?
Il fit alors le tour de la pièce des yeux. Il se saisit de l’épée de Mendoza restée contre un mur et après bon nombre d’efforts, parvint à désolidariser un pan latéral du caisson de bois se trouvant sous sa couchette pour découvrir un emplacement exigüe entre le plancher des cabines et l’armature du navire qui semblait couvrir toute la surface de celui-ci.
Il passa sa tête dans l’antre étroit et sombre.
Ca sentait le bois humide et le rongeur.
Des centaines d’années terré sous la surface du sol pour se protéger des retombées nocives de la guerre entre Mû et Atlantide avait profondément fait muter les Olmèques.
Ils avaient lentement acquis toutes les prédispositions nécessaires à la vie sous terre. Et une excellente acuité auditive mais aussi visuelle en faisait partie.
Il inspecta donc l’endroit sans difficulté et constata sans étonnement que celui qui avait été là quelques instants plus tôt, avait détalé sans demander son reste.

« Il doit pas être bien épais pour se cloîtrer là-dedans » se dit-il.

Et il décida de refermer sommairement la cachette, il n’avait aucune envie de se faufiler dans ce cloaque pour satisfaire sa curiosité. Le temps viendrait lui donner des réponses.

Quand Mendoza revint, Calmèque se garda bien de lui parler de sa découverte et quand l’Espagnol s’attabla à son bureau, déplia ses cartes de navigation, sortit son compas et commença ses calculs de position, Calmèque vint s’intéresser à son travail par-dessus son épaule.

-On est où ?

Mendoza sourit.

-A ton avis ?...

Les sourcils du petit homme s’arquèrent dans une expression d’ignorance. Il n’entendait strictement rien à cette carte et toutes les inscriptions qui se trouvaient dessus n’étaient pour lui que du charabia dans une écriture inconnue.

Il prit une chaise et s’assit à la gauche de l’Espagnol.

-Je sais pas… quelque part là-dessus ? ironisa-t-il en désignant la carte.

-Exactement !

Calmèque laissa échapper un énorme soupir, l’inactivité sur ce bateau le pesait à mourir.
Et les rares dialogues avec Mendoza étaient réduits à leur strict minimum. A croire que ce type ne pouvait pas aligner plus de 5 phrases d’affilé,… enfin, en sa présence en tous cas… parce qu’il avait pu constater que l’homme se montrait soudainement très loquace en présence féminine.
On pouvait résumer l’attitude de Mendoza comme suit :
« Ta gueule Calmèque ! Bonjour mesdames… »

Il bascula un moment sa tête vers l’arrière, pensif, adossé à sa chaise. Puis demanda soudain, s’étant un instant replongé dans leur court passé commun.

-Pourquoi vous vous trimballez plus avec « Urlu et Berlu » au fait ? Vous les avez perdus en chemin ?

L’allusion à Sancho et Pedro dérida Mendoza quelques instants.

-Non, ils sont retournés en Espagne plus tôt il y 4 ans déjà. Ils voulaient dépenser leur or et mener la belle vie… moi j’avais encore des choses à voir… à faire…

Un nouveau silence.
Calmèque revit en flash quelques images oubliées.
La base, le vieux Ménator, Les deux attaques successives, les pertes massives au sein de son armé qui l’avait beaucoup inquiétées mais qui avait laissé Ménator de glace, poursuivant obstinément son projet sans se préoccuper de quoi que ce soit d’autre.
Il revit aussi le petite Maïna qui avait aidé à s’enfuir le gus à côté de lui.
Maïna… elle était une des personnes à laquelle il repensait le plus souvent. Il s’était attaché à cette gamine, allez savoir pourquoi. C’est qu’elle était quand-même restée près de 2 ans prisonnière à Apuchi… et elle avait fini par faire partie du paysage… Qu’était-elle devenue ?
Immanquablement il repensa alors à Esteban, Zia et Tao… le commando de sabotage…
Il prit une profonde inspiration.

-Et… les enfants ?

Mendoza s’interrompit un court instant pour détailler son interlocuteur.

-Ca t’intéresse vraiment ? s’étonna Mendoza.

Calmèque s’affala d’un coup sur la carte, empêchant ainsi le navigateur de travailler.

-Je m’emmerde tellement que même vous, vous m’intéressez… remarqua-t-il.

Et il se redressa, en ricanant et croisant ses bras fins sur sa poitrine.

-Tu veux que je demande au capitaine Diaz de te trouver quelques basses besognes à exécuter ? s’enquit le navigateur sans se départir de son calme.

Calmèque lui lança un regard peu avenant.

-Vous êtes très drôle…

Sans même regarder l’Olmèque et reprenant son travail, Mendoza poursuivit.

-Je suis sérieux, si y’a que ça pour te faire plaisir, je t’attache dans un coin de la pièce, je t’apporte quelques miettes de nourriture quand j’y pense, je passe mes nerfs sur toi une ou deux fois par jour… et tu finiras le voyage plus mort que vif…

« Tiens tiens… voilà LE sujet qui fâche… se dit Calmèque. Les enfants… »

Calmèque le dévisagea ensuite.
Impossible de savoir si l’Espagnol plaisantait ou non. Dans le doute, il valait mieux ne pas insister.
Cet Espagnol lui avait à mainte fois prouvé par le passé, qu’en certaines circonstances, il pouvait se montrer tout aussi peu scrupuleux et impitoyable qu’il ne l’était lui-même.
Après tout, il avait tendance à l’oublier, mais il n’évoluait pas vraiment sur ce bâtiment an qualité « d’homme libre ».
Il se tut donc… reportant son attention sur sa mémoire et les innombrables détails qu’elle recélait.

Il se hasarda quand-même ( c’était plus fort que lui ).

-Faudra bien à moment donné que vous m’appreniez à lire et écrire vos caractères latins. Sans quoi, j’ai bien peur de passer pour un abruti en Espagne et… ça risque de ne pas avoir l’effet escompté auprès de leurs Majestés Isabelle et Ferdinand d’Espagne…

Et il ajouta non sans une dose de sarcasme :

-Ce serait dommage de gâcher votre investissement…

Et il retourna s’allonger sous le regard indéchiffrable du bel Espagnol.




Le lendemain, Mendoza tenait la barre, la mer faisait un caprice. Le vent était assez violent, et l’océan faisait piquer le navire de plusieurs mètres entre chaque vague.
A part les marins, il n’y avait pas grand monde sur le pont. Toutes les personnes de « qualité » étaient calfeutrées dans leurs cabines.
Calmèque fut content que ce premier grain ne se soit pas manifesté plus tôt durant leur voyage, sans quoi, par manque d’habitude, il aurait sûrement vomi ses tripes. Mais là, ça allait.
Mendoza était sérieux et attentif. Le moindre changement de direction du vent lui faisait lancer une série d’ordres à l’encontre de l’équipage. Une grande partie de la voilure avait été affalée et quand la pluie se mit à tomber, le voilier prit des airs de chat mouillé.
Du coin de l’œil, Calmèque observait le manège de deux mousses, toujours flanqués ensemble qui essayaient perpétuellement de tirer au flanc. Et il sentit que ça l’énervait beaucoup, sans doute une « déformation professionnelle ». Si ça n’avait tenu qu’à lui… mais il suspendit sa pensée…
Il n’était plus général de rien du tout et les tire-aux-flancs n’étaient plus son affaire.
Il se contenta donc d’hausser les épaules, impuissant.
La pluie se fit de plus en plus battante et la totalité des voiles furent tirées en riz.

-Calmèque, cria Mendoza en fixant l’horizon des yeux. Va me chercher une corde solide ! Dépêche !

L’Olmèque, bien que ne comprenant pas l’objet de la manÅ“uvre estima qu’il n’était guère le moment de poser des questions idiotes et s’exécuta. Et c’est plus trempé qu’une soupe, les cheveux de son catogan collés à sa nuque et ses vêtements plaqués au corps qu’il retourna à l’intérieur à la recherche d’une corde. Il savait où en trouver, il en avait vu en masse dans les calles.
Quand il réapparût sur le pont, il lui sembla que la tempête s’était intensifiée.
Il rejoignit Mendoza en hâte et celui-ci lui intima de l’attacher solidement à la base de la barre afin qu’il ne passe pas par-dessus bord.
La tempête s’annonçait méchante et cette précaution n’était pas superflue.

Tandis que Calmèque obéissait, il ne manqua pas de lui faire remarquer qu’en définitive le premier attaché par l’autre n’était pas celui annoncé…

-Tu as de la chance que mes deux mains sont occupées, lui répondit l’espagnol d’un ton monocorde. Maintenant fous-moi le camp.

-Vous êtes sûre ?

-Dégage ! Tu n’y connais rien et la mer ne fait pas de cadeau aux amateurs !

A vrai dire, il se sentait mieux à l’intérieur qu’à l’extérieur et il trouva plus judicieux de ne pas ajouter quoi que ce soit, de peur qu’il change d’avis ! Il retourna donc au sec, sans demander son reste, laissant Mendoza et l’équipage de Diaz se dresser seuls contre les éléments.

« Mieux pour eux que pour moi… »

Les violents creux de vague, propulsait de babord à tribord tous ce qui se trouvait dans le bateau et revenir à la cabine fut plus compliqué que prévu, le ligotage de Mendoza prenait tout son sens.
Quand il entra, il ne remarqua pas de suite l’ombre qui se blottissait dans un coin de la cabine. Quand Calmèque la vit, il sursauta laissant échapper un petit cri de surprise, puis, une nouvelle facétie de l’océan le fit lourdement tomber de côté. Quand il réalisa qu’il devait s’agir du clandestin, il se mit en devoir de se relever et de s’en approcher pour mieux le détailler.
Toujours en boule, le visage caché, visiblement terrorisé, il s’agissait d’un homme de petite taille et d’allure assez frêle. Les cheveux noirs coupés courts, les vêtements déchirés et troués de partout, crasseux,…
Calmèque fit la grimace.
Profitant d’une brève accalmie, il eut la présence d’esprit de fermer la cabine à clef.

-Je n’ai pas l’intention de vous dénoncer, dit-il à l’encontre de la silhouette tremblante. Sans quoi, je l’aurais déjà fait vous ne croyez pas ?…

Parlait-il seulement la même langue ?
Il s’apprêtait à tenter une nouvelle approche quand un nouveau et terrible mouvement du navire le fit valser vers l’arrière, lui et le clandestin. L’instant d’après, ils étaient quasiment l’un sur l’autre, un peu sonnés. Mais dès que ce fut possible, le clandestin reprit ses distances.
Il reculait en rampant sous la lumière oscillante de la lampe à huile accrochée au plafond.

A présent Calmèque le voyait bien et… quelque chose l’intriguait.
L’autre aussi paraissait perplexe… il s’était figé et plissait les yeux en regardant l’Olmèque.
Maintenant que leur centre de gravité était plus bas, les remous du bateau les affectaient moins.
Un silence qui parût une éternité s’installa. Chacun comme essayant de percer le secret de l’autre.
Brusquement les yeux du clandestin s’écarquillèrent.

« Calmèque… » articula-t-il sur un ton abasourdi.

L’Olmèque plissa les yeux pour se concentrer sur ce visage qui lui était de tout évidence familier mais… qui ?
D’un coup, ça lui revint !
Et le mot « Marinchè »s’étrangla dans sa gorge…





La tempête battait toujours son plein et les deux protagonistes se toisaient à présent, aussi stupéfait l’un que l’autre.
Dans son souvenir elle était moins chétive… et surtout… plus « féminine ». Quel revirement. Plus rien à voir avec la Marinchè du passé. Il était réellement consterné.
De son côté, elle avait glissé jusqu’à atteindre le mur opposé et ils se faisaient à présent face, chacun assis et adossé à la paroi.

-J’te croyais mort, commença-t-elle, la voix éraillée.

-Idem, se contenta-t-il de répondre.

-J’ai bien failli, lui cracha-t-elle brusquement, le ton plein de ressentiment.

Il fit la moue…
Calmèque se souvenait que lorsque ces 3-là avaient fait irruption dans leur base, ils étaient assez mal tombés. Et la délicatesse niveau traitement n’avait pas vraiment été de mise, il fallait le reconnaître.
En même temps, à cette époque, les événements s’étaient enchaînés à la vitesse de l’éclair et il avait du prendre des décisions dans la hâte. L’incarcération de Marinchè, de celui qu’on appelait le Docteur et de Tétéola avait été dictée par les événements.
Et puis, ils avaient débarqué avec leurs grands airs en faisant les malins, le ton mielleux et le geste condescendant… et l’hypocrisie, Calmèque avait horreur de ça !
Il se souvenait que, ne voulant pas statuer sur leur sors sans avoir le temps d’y réfléchir, il avait préféré les faire emprisonner, le temps d’y voir clair. La suite, on la connait…
Mais qui aurait pu prédire que Marinchè s’en sortirait vivante… tout comme Calmèque d’ailleurs ?

Une fois les regards de reproche copieusement échangés, ils consentirent à désarmer un peu.

-Je ne savais pas que « ça » avait des cheveux un Olmèque, ironisa-t-elle.

-Je ne savais pas que « ça » se baladait en pantalon, une nana, rétorqua-il.

-Figure-toi qu’il ne fait pas spécialement bon être une femme quand on voyage seule… siffla-t-elle. Les hommes sont des bêtes… ajouta-t-elle avec une grimace de dégout en détournant la tête.

« Oupsss… inutile de s’étendre sur le sujet…»

-Ces dernières années n’ont été une partie de plaisir pour moi non plus, vous n’avez pas l’exclusivité des mauvais jours… se défendit-il d’un ton plus doux.

-C’est le cadet de mes soucis…

Les yeux de Calmèque s’étrécirent.

-Connasse…

-Enfoiré…

A cet instant, on frappa à la porte et Marinchè blêmit en une fraction de seconde. Elle lança alors un regard de supplique à celui qu’elle venait d’insulter et celui-ci fit mine d’hésiter.
Puis il sourit et articula tout doucement dans sa direction :

-On fait moins la maline, hein ?...

On refrappa, plus fort.

« Est-ce que tout va bien ? »

-Oui, oui, pas de soucis ! répondit-il.

« Il faut que vous éteigniez votre lampe à huile, pour éviter les incendies ! »

-D’accord, je le fais de suite…

Et il lança un nouveau regard amusé à une Marinchè qui n’en menait pas large tandis qu’il se levait pour éteindre la lumière.
Nico
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Nico »

Stupéfiant :shock:

Quel talent !

(j'ai tout lu, si, si ...)

Maintenant, j'ai une question ...

ET :?:

(bin oui, où kékélé la suite x-) )
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Routard
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Routard »

Bravo Fab et bravo Maël ... et merci d'être revenues dans le topic (d'ailleurs, le modo qui a fait "qques" HS, peux tu nous faire un peu de ménage ici, quitte à scinder le topic en 2 -> bienvenue et fanfict)
Sinon, pour Dutique, je crois malheureusement que c'est foutu : j'ai fait une sauvegarde hier à 14h30 et tout ce qui a été écrit entre cette heure et la soirée et perdu ; mais normalement, pendant une mise à jour, le forum est inaccessible !!! Tu t'es connectée à quelle heure ? :shock:
Au revoir, à bientôt
Routard,
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fab76
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par fab76 »

Nico a écrit :
(bin oui, où kékélé la suite x-) )
+1, elle est où????
bravo, c'est super!
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Maël
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Maël »

Bah heu... j'avais pas congé today et j'ai pas eu le temps de beaucoup avancer... :lol: ...
je me rattarperai ce week-end... promis...
Vous tiendrez bien jusque là ?
lol

Je vous fais des bisous et j'ai hâte de lire les idées des autres... ça permet de voir comment chacun appréhende les différentes facettes de la série et je trouve ça super intéressant ( en plus de trouver ça marrant à faire ! ).

bizzzzzzzzzzzzzzzzzz ( ceci n'est pas un insecte !!! )

A pluch'
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Maël
Enfant du Soleil
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Re: Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par Maël »

ha bah oui... ça pour des malades, je pouvias pas mieux tomber !
Au moins ici, je me sens normale !
;-)

Bon... courage courage... j'ai pris ma plume... donc :

Quand la lumière disparut, Marinchè se serra de plus belle contre le mur.
Et de son côté, Calmèque, toujours détrempé, du consentir à se rassoir par terre pour ne pas mouiller sa couchette.
Il ferma les yeux. Il n’avait plus envie de penser à rien.
Au bout d’un long, très long moment, la voix un peu calmée de la miss tinta de nouveau.

-C’est Mendoza qui est là-haut ?

Calmèque ré-ouvrit un Å“il et ne lui répondit qu’au bout d’une bonne minute.

-Oui…
Il lui aurait bien demandé si sa présence à elle avait un rapport avec celle du navigateur, mais se ravisa.

-J’ai reconnu sa voix, lâcha-t-elle comme pour couper court à tout ce qui pouvait bien passer par la tête de l’Olmèque. J’avais que ça à faire, écouter les gens parler.

-J’ai rien dit…

-Non mais j’entends ton petit cerveau tordu tirer des conclusions grotesques jusqu’ici… siffla-t-elle.

Il ne renchérit, pas. Ca ne servait à rien. Elle avait passé de mauvais moment durant ces dernières années, un mois pourri claquemurée comme dans un cercueil, à en juger par les petites blessures qu’elle avait sur le corps, elle avait du se faire attaquer plus d’une fois par les rats et si on la trouvait, elle serait balancée par dessus bord… on pouvait concevoir qu’elle soit de mauvaise humeur.

Il fut alors pris d’un frisson. Et décida d’ôter sa veste et sa chemise.

De suite, Marinchè ne discernant pas grand-chose dans le noir s’inquiéta.

-Qu’est-ce que tu fous ?

-Je suis détrempé et j’attrape froid… c’est un crime ?

-Si tu me touche, je te…
La voix se voulu très menaçante, mais elle se savait en position d’infériorité évidente et ne poursuivit pas. Que pourrait-elle faire au juste ? Il n’était pas bien grand et costaud, mais il avait quand-même sûrement plus de force qu’elle… surtout en ce moment, affaiblie qu’elle était par la faim, la peur et la fatigue cumulées…

L’Olmèque leva les yeux au ciel.

-J’ai des défauts, mais je ne les ai pas tous… soupira-t-il d’une voix désabusée.

Et comme pour achever de la rassurer, il ajouta :

-Et puis… sans vouloir vous vexer, dans votre état… vous ne donnez pas fort envie…

La fin de sa phrase se fondit dans un petit rire moqueur. Il s’en voulu presqu’aussitôt, ce n’était pas très sympa, mais elle l’avait bien cherché cette pimbêche…

Il frissonna encore une dizaine de minutes puis sentit que la fatigue le gagnait. De son côté, la passagère clandestine ne disait plus rien, renfrognée dans son coin, parfaitement silencieuse, on aurait presque pu oublier sa présence.




Il se réveilla en sursaut. La tempête semblait avoir laissé place au calme.
On frappait à la porte. Lourdement. Il fallut qu’il soit dans un profond sommeil pour ne se réveiller que maintenant.

-Calmèque bon dieu ! Ouvre cette porte ou je l’enfonce !

Mendoza n’avait pas l’air de bonne humeur… il se tourna et découvrit une masse figée sous les draps de sa couche…

« Elle manque pas d’air ! »

Il se releva, un peu raide et dégagea le loquet de la porte en se tenant la nuque.

Le regard courroucé de Mendoza l’accueilli.

-On peut savoir à quoi tu joues ?

Il lui tourna le dos, peu enclin à se faire engueuler une fois de plus et ralluma la lampe à huile. Sans un mot il récupéra ses effets restés à terre, parfaitement secs à présent, et se rhabilla sans hâte.
Mendoza était maintenant statufié devant la forme planquée sous les draps. Muet de stupeur.
Ensuite, les yeux de Mendoza convergèrent dans la direction de l’Olmèque.

Sentant le coup de semonce arriver, Calmèque, suivi du regard par le navigateur, referma la porte derrière lui.
Puis l’Espagnol parvint à articuler.

-Pendant que je risque ma vie, monsieur s’envoie en l’air ?

Calmèque affichait une expression étrange et ne répondit rien tandis que l’Espagnol en deux enjambées avait rejoint la couche et arraché le drap avec humeur.
Dès qu’il vit ce qui se cachait dessous, il détourna le regard et pris un air dégouté.

-Et avec un homme en plus, tu me répugnes…

Calmèque se contenta de sourire, goguenard, la situation avait quelque chose de cocasse, mais son intuition lui prédisait qu'elle risquait de devenir explosive d'ici peu, aussi jugea-t-il le moment opportun pour aller voir ailleurs.

-Je… j’ai besoins de prendre l’air… ça me fera du bien, assura-t-il en ré-ouvrant la porte.

-Toi, tu restes ici ! ordonna le navigateur.

Mendoza s’apprêtait à le rattraper quand la voix de Marinchè l’arrêta net dans son élan.
Il se retourna comme un automate, ayant reconnu cette voix qu’il connaissait trop bien.
On entendit les mouches voler.
Marinchè était misérable, les yeux implorants en direction de l’Espagnol. Elle avait l’air d’un chien battu. Les cheveux coupés trop courts, n’importe comment et de surcroit dégoutants. Couverte de plaies plus ou moins visibles sous ses guenilles crasseuses, elle était très amaigrie et avait le teint cireux. Elle tremblait, sans doute de peur, mais aussi peut-être de froid. On aurait dit qu’elle allait se mettre à pleurer.
Elle faisait vraiment pitié.

Et c’est, profitant de cette diversion, que Calmèque s’éclipsa en silence.




Mendoza le retrouva accoudé au bastingage sur le pont près de la proue, plus de deux heures plus tard. Le soleil crevait les nuages ici et là et il ferait sans doute beau d’ici peu.
Il s’accouda à côté de lui, la moue aux lèvres.
Un rayon se soleil plus hardi que les autres parvint à se frayer un chemin à travers la trame nuageuse et vint frapper leurs visages un instant, puis le reste du pont avant de disparaître, happé par le ciel.

-Tu sais que de dissimuler un clandestin est passible du même sort que celui de l’incriminé…

Sa voix était calme. Presque trop.

-Vous dites ça pour moi ou pour nous ?

L’Espagnol observa le silence encore un moment, comme cherchant lui-même la décision à adopter.

-Il reste encore deux bons mois de traversée, quelqu’un finira forcément par remarquer sa présence, déjà qu’il y a des soupçons…

-Oh Mendoza… je ne vous imaginais pas si poltron. Comme si ils allaient balancer leur navigateur à la flotte…

-Premièrement après avoir dépassé le Détroit de Magellan, n’importe quel marin expérimenté sera en mesure de mener ce navire à bon port. Et puis deuxièmement… il s’interrompit.

-Oui ? Et puis deuxièmement ?

-Laisse tomber…

Mais loin de laisser tomber, Calmèque vissa ses yeux dans ceux de l’Espagnol et attendit. Bien décidé à savoir.
Mendoza fit mine de ne rien remarquer mais savait qu’il en avait trop dit ou pas assez.
Agacé, il lâcha le morceau.

-Deuxièmement, cette femme n’en vaut pas la peine. C’est une vipère qui ne manquera pas de nous poignarder dans le dos dès que la direction du vent aura changé.

Calmèque eut un rire amusé.

-A vous entendre, vous la détestez encore plus que moi…

Mendoza serra le poing sur le bastingage comme pour appuyer ses dires.

-A côté d’elle, t’es un enfant de cÅ“ur. Marinchè est une salope qui n’a pas une once de principe ! Et il est hors de question que je risque ma peau pour elle !

Une sorte de colère excessivement bien contenue animait Mendoza et Calmèque se fit la réflexion que l’Espagnol ne l’avait pas habitué à un tel comportement. Il fallait que son ressentiment soit profond pour réagir de la sorte.
Il le dévisagea alors un long moment puis… une curieuse expression se dessina sur les lèvres de l’Olmèque.

-Meeerde… lâcha-t-il… décelant le fin mot de l’histoire derrière cet excès d’humeur. Vous avez eu une aventure…

-Quoi ? faillit s’étrangler Mendoza.

-Si si si… c’est ça ! Assura-t-il en croisant les bras, s’efforçant de ne pas parler trop fort mais quasi hilare. Vous la détestez beaucoup trop, c’est pas normal !

Mendoza serra les dents, se pencha vers lui et faillit lui balancer une salve d’insultes qui resta calée dans sa gorge.

-N’importe quoi ! réussi-t-il à éructer avant de faire voler sa cape dans un mouvement brusque et de s’en aller, vert de rage.




Mendoza parti se calmer à l’autre bout du pont, feignant de surveiller le cap.
Et le soleil sortit son nez pour de bon.
Calmèque en profita pour détacher ses cheveux, qui maintenus en catogan restaient humides depuis la veille.
Il les avait aussi lisses qu’un asiatique et de couleur à mi-chemin entre le châtain et l’auburn.
Il considéra les manches de sa chemise et les trouva un peu trop froissées à son goût. Il passa deux trois fois ses mains dessus en vain, le vêtement était sec, il aurait fallu le remouiller et…

« Il y avait plus grave... »

Il s’étira alors discrètement, il se sentait courbaturé de partout pour avoir dormi assis.
Sa nuque lui faisait mal et ne parlons pas de son dos…
Il se dit alors que l’espagnol avait vraisemblablement passé une nuit blanche et lui lança un regard. Il plissa les yeux, le soleil commençait à bien taper.
Mendoza n’était plus là.
Peut-être était-il parti rejoindre le quartier des officiers ou la cabine du capitaine afin de prendre son petit déjeuner…

Tandis qu’il laissait vagabonder ses pensées en scrutant le large, une voix le héla poliment.

-S’il vous plaît…

Il se retourna et découvrit une jeune femme cachée sous une ombrelle. Elle était vêtue de foncé et sa peau était diaphane. Elle avait le port altier et un petit accent indéfinissable.
Il lui sembla qu’elle souriait, mais il n’en était pas sûr.

Elle détourna lentement la tête, les yeux dans le vide.

« Mhm… » souffla-t-elle.

Puis elle le regarda à nouveau et lui tendit d’un mouvement délié, une lettre cachetée à la cire.

-Vous remettrez ça à votre maître, le Navigateur.

Un peu perplexe, Calmèque se saisit de la missive tandis que la jeune femme s’en retournait déjà vers les cabines.
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dutique
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Re: FANFIC Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par dutique »

voilà, j'ai tout lu la nouvelle de Maël. Très bien écrit, j'attend la suite. il y a qu'un truc, c'est que parfois je ne vois vraiment pas Calmèque parler très très familièrement, lol; mais après tout pourquoi pas.
Irène
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Re: FANFIC Pour ceux qui aiment écrire... un défit

Message par fab76 »

bravo, on est en haleine! bientot la suite j'espere (quel Dom Juan ce Mendoza x-) )
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