Dodie a écrit :D'accord, mais je vais peut-être aller plus loin dans mon orientation: linguistique.
Est-ce que tu penses qu'il pourrait y avoir une mauvaise interprétation en fonction de la langue. Ces langues-là sont extrêmement dures donc une mauvaise interprétation pourrait toujours être possible.
Je ne suis pas sûr de te suivre... la linguistique interviendrait sur quoi ? le nom des jours, le fonctionnement des calendriers ou bien les histoires religieuses ?
De plus, avec le calendrier maya, j'ai aussi vu qu'au niveau de 2012, fin du monde, il était incomplet au niveau des infos.
Je pense que c'était: Le calendrier maya annonce la fin de cycle, et on ne sait pas le cycle de quoi. Comme par hasard, j'ai envie de dire...
En fait, il n'y a rien.
On a deux stèles mentionnant 13 katun comme une date importante, comme un cycle majeur (à la façon dont les cycle de 20 ans, baktun, le sont). Un peu comme lorsque l'on dit de César que son nom portera sur un millier d'années...
Il y a aussi toute une discussion sur la suite temporelle, comment fonctionne le cycle après les 13 katun.
Idée 1) il y a un nouveau cycle (d'où les théories de fin du monde)
2) on passe au 14e baktun
3) en fait, on passe à l'unité supérieure. Ce qui serait étrange, vu que jusque là, le multiple est de 20 en 20. Pourquoi le baktun s'arrêterait à 13 ? Parce que d'autres stèles l'indiquent tel quel, et parce que le cycle mensuel (winal) fonctionne déjà sur une base 18 (puisque 18x20=360 auxquels on ajoute 5 jours sombres).
Mais là encore une fois, nous regardons avec nos yeux d'occidentaux scientifiques des notions religieuses américaines.
Un peu comme lorsque les théologiens cherche à tout prix à faire concorder les 4 évangiles, malgré des différences. Là, c'est pareil. On a un mythe qui engendre le calendrier, et qui engendre des variantes. Sans compter l'idée que chaque localité peut employer un calendrier différent, décalé d'un cycle quelconque (ce sera en particulier le cas chez les Aztèques - Cf: C. Duverger "L'origine des Aztèques") pour se différencier un peu plus, d'une communauté à l'autre.
Après, pour ce qui est de la fin de cycle, on n'a aucune information hormis ces deux stèles. Et je crois qu'il n'y en a qu'une pour évoquer une fin du monde. L'autre n'en fait qu'un point symbolique (comme l'an 2000 pour nous).
Et pour ensuite virer à la question de la fin du monde, on passe aux mythes (Pop Wuh, Chilam Balam, textes de Sahagun ou Motolinia...), tous écrits une fois les Européens arrivés. Donc potentiellement en partie re-écrit, surtout pour des questions de temporalité.
Je suis intimement persuadé que les mythes mexicains fonctionnent comme les mythes polythéistes classiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent parfaitement se contredire, varier dans l'espace-temps, un peu à la façon de l'Iliade qui rapporte des faits qu'Homère aurait évoqué, mais dont le texte ne garde pas trace. Pour des questions de variantes du texte, et de pertes de certaines variantes au fil du temps.
Le Pop Wuh qui fixe le mieux la question de la succession des cycles et de la destruction des hommes est d'une linéarité accablante. Comme par hasard, c'est un prêtre qui écrit ce que lui racontent des Indiens, et comme par hasard il y a des passages largement barrés. Comme Sahagun, qui opère un tri sélectif, préférant la plupart du temps garder la version d'un mythe qui lui paraît la plus complète alors qu'il a parfois plusieurs variantes loin d'être anodines de ce même mythe. Savoir dans quel ordre tel dieu accompli quoi, comment il meure, à quel moment a lieu tel ou tel évènement, etc.
Jamais le Pop Wuh ne donne une date.
On suppose, par amalgame, que le cycle des 13 baktun est la date la plus propice pour une fin de cycle, à défaut d'avoir, comme pour les Aztèques, la crainte récurrente d'une fin de cycle par phase de 52 ans. Ensuite, on se sert du Pop Wuh et des Chilam Balam (livres de prédictions) pour juxtaposer l'un à l'autre et dire "voilà ce qui se passera".
Dans les Chilam Balam, il est écrit :
"Alors le ciel est divisé / Alors la terre est élevée / Et alors commence / Le livre des 13 dieux / Alors survient / Le grand déluge sur la terre / Alors s’élève / Le grand Itzam Cab Ain / La fin du mot / La chute du katun / C’est un déluge / Qui sera la fin du / Mot du katun"
Bref, d'abord la fin du mot, ensuite la fin du monde... et ça reste pour le moins vague.
D'ailleurs tes 13 katun me font penser aux 13 crânes de cristal aussi en relation avec le 21 décembre. Il permettrait de l'éviter.
Si je ne me trompe pas, il y a un crâne qui est un vrai, le plus moche (et encore je n'en suis pas sûr). Tous les autres sont des faux, datant au minimum du XVIIIe, au mieux des années 1960/70 si je ne me plante pas.
Mais oui, le 13 est un chiffre important (selon le calendrier rituel, les semaines font 13 jours, appelées treizaine, étalées sur une année de 260 jours - 20 mois). Donc forcément, ça plaît à plein de théories fumeuses.
Le 13 se retrouve aussi dans les échelles du monde : il y a 9 niveaux à l'Inframonde et 4 niveaux célestes (en aucun cas connoté négativement ou positivement, sauf... dans le Pop Wuh - d'où trahison de celui qui l'a rédigé d'après les histoires indiennes).
Là où ça pose problème, c'est que ce 9 est la même division admise de façon classique en Europe pour subdiviser l'Enfer - Dante en particulier.
Ca, c'est un truc qu'à l'heure actuelle je ne comprends pas. Invention et manipulation européenne a posteriori (comme l'histoire de Cortès qui correspondrait à Quetzalcoatl qui est une invention datant d'après la Conquête) ? Pas sûr.
Il est possible qu'il y ait une réalité cyclique qui justifie cette division, de la même façon que la plupart des résurrections, toutes religions confondues, ont lieu au 3e jour, qui est la date à laquelle le corps se met à pourrir dans des conditions "normales" (humidité/exposition au soleil/...) et qui, par conséquent, empêche toute résurrection plus tardive au risque de se retrouver avec un corps pestiféré sur les bras. Les exemples symbolique/réalité foisonnent si on les cherche, et je pense que ce "9" des divisions souterraines/infernales a une explication logique quelque part, qui explique ce potentiel partage par une partie de l'humanité.